Quand Aurélien Barrau prend la défense des politiques, dont Macron !

Éthique et tac

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Transcript

00:00 [Musique]

00:08 Alors pourtant nous ne manquons pas d'intellectuels qui historiquement ont balisé le terrain d'une meilleure connaissance des mondes, des autres modes d'existence,

00:17 comme le disait Bruno Latour, je pense à Claude Lévi-Strauss, je pense à Philippe Descola, je pense avant ça à Franz Boas qui est peut-être à la source de cette généalogie.

00:27 Pourtant les politiques n'en ont pas tenu compte, ils ne les ont pas vraiment écoutés, ne se sont pas nourris de leur vision et de leur constat.

00:37 Est-ce que vous pensez qu'un jour, peut-être j'espère pas si lointain, le politique peut redevenir compatible avec une vraie forme de dignité ?

00:47 Regardons la loi immigration et nous voyons que tout est possible. Non plus sérieusement, tous les politiques ne sont pas à mettre dans le même panier.

01:01 Moi je suis pas de ce monde et je n'irai pas dans ce monde, mais je crois connaître des gens qui sont pas des intimes, mais qui sont quand même des relations,

01:09 qui sont honnêtes, qui sont désireux de changer le monde et qui ont une certaine forme d'idéalisme, c'est-à-dire finalement de courage.

01:20 Mais ils peuvent pas faire grand-chose les politiques. On a tellement bien verrouillé le système que c'est très difficile de le changer.

01:29 Je fais une petite parenthèse. Ça c'est le génie du capitalisme contemporain.

01:33 Imaginez que vous deveniez, je vous le conseille pas, nous ne m'éprenons pas, que vous deveniez un éco-terroriste.

01:40 Vous faites sauter une bombe. C'est mal, on est d'accord, mais c'est une expérience de pensée.

01:46 Vous faites exploser une bombe dans un centre commercial, vide quand même, parce que sinon c'est vide.

01:52 Vous créez de la croissance. Vous créez énormément de croissance.

01:55 Le lendemain matin, il y aura un pic de vente des journaux, multiplié par 5.

01:59 Il y aura un pic d'audience dans les médias. Il y aura un pic d'activité sur les réseaux sociaux.

02:04 Il y aura un pic d'activité des appels d'offres de tous les maçons et de toutes les autres communautés de personnes,

02:10 des menuisiers, qui vont devoir venir et reconstruire.

02:14 Et puis on va reconstruire en plus beau, en plus luxueux, en plus cher, en plus neuf, ces locaux qui étaient devenus un peu vétustes.

02:20 Imaginez, et je ne l'espère pas, qu'il y ait eu des blessés. Il va y avoir un pic d'activité, peut-être même dans les cliniques privées,

02:25 si les hôpitaux ne peuvent pas accueillir, etc.

02:27 Et donc en fait, vous vous rendez compte que vous avez créé de la croissance.

02:30 Ça, c'est le génie de ce système.

02:32 Pratiquement quoi que vous fassiez, vous créez de la croissance.

02:35 Moi, j'ai vécu personnellement une scène à la Don't Look Up.

02:38 Vous savez, une scène où vous êtes sur un plateau télé. J'ai arrêté ça depuis longtemps, mais il fut un temps où j'en ai fait quelques-uns.

02:44 Vous dites que c'est une émission pourrie qui contribue au désastre.

02:48 Donc vous roulez un peu des mécaniques, vous dites "ouais, j'ai fait le voyou".

02:51 Et puis à la coupure pub, il y a le producteur qui vient vous dire "c'était génial quand t'as dit ça, il y a eu un pic d'audience".

02:56 Et là, vous dites "effectivement, en fait, on ne peut pas gagner".

03:00 Et les politiques sont aussi pris dans ce jeu-là.

03:04 Et enfin, il faut quand même avouer que nous avons les politiques que nous méritons.

03:08 Que je sache, les bulletins n'ont pas été truqués en France.

03:12 Donc notre président fait quand même à peu près ce qu'il avait dit, et nous l'avons choisi.

03:19 Donc c'est un peu facile de faire porter la responsabilité aux politiques.

03:23 Il y a des gens dans le paysage qui proposent une révolution poétique.

03:28 Mais vous croyez qu'on va les élire ?

03:32 Regardez l'image du monde, même désoumons.

03:36 Le monde entier aujourd'hui est au courant que nous courons à la catastrophe.

03:41 Et donc, comme vous l'avez remarqué, on voit émerger des présidents et présidentes écolos un peu partout.

03:46 Ah bah non, zut, c'est l'extrême droite qui est en train de prendre les rênes de la planète.

03:51 Donc on ne peut pas non plus uniquement faire porter la responsabilité à ceux et celles qui globalement font quand même,

04:00 c'est peut-être le seul crédit que je vais leur donner, ce qu'ils avaient dit.

04:03 Je crois que moi je voyais très bien où on allait aller avec notre président.

04:07 Donc nous allons là où il avait dit que nous irions.

04:10 Cet homme est honnête, là je le dis sans ironie, je le crois sincèrement.

04:14 Donc il faut quand même qu'on soit aussi un peu cohérent avec nous-mêmes.

04:18 C'est pas uniquement leur faute quand ils font ce qu'ils ont dit et ce pourquoi nous les avons élus.

04:23 Et en plus, il y a un problème de représentativité.

04:26 Alors là encore, je vais taper une seconde sur l'Occident.

04:28 Parce qu'on a du mal à dépasser notre mode de représentativité et à comprendre que ce n'est pas le seul possible.

04:37 Vous savez, si vous critiquez la démocratie occidentale, on vous répond généralement

04:40 "Tu crois que c'est mieux en Arabie Saoudite ou en Corée du Nord ?"

04:44 Non, je crois pas que c'est mieux en Corée du Nord, je vous le dis tout de suite.

04:48 Mais enfin, d'un point de vue logique, c'est tout à fait stupide comme argument.

04:51 Vous pouvez pas dire "Ce criminel n'est pas problématique parce qu'un nazi a fait pire."

04:56 Ça n'a absolument aucun sens.

04:58 Ça n'a aucun sens.

04:59 Donc il ne faut même pas répondre à ces critiques-là.

05:01 Mais si on ne considère pas que la Corée du Nord, on se rend compte qu'énormément d'ethnies humaines

05:07 ont généré, ont proposé des modes de représentation qui n'avaient rien à voir avec le nôtre

05:11 et qui marchaient plutôt très bien.

05:13 Or aujourd'hui, ce qui est tout à fait certain, c'est que les modes de représentation,

05:18 les modes d'élection et les calendriers électoraux ne sont pas compatibles

05:23 avec les échelles de temps des problèmes auxquels on fait face.

05:26 Donc si on était un peu raisonnable, la première chose que l'on ferait,

05:30 c'est de revoir la manière dont nous sommes représentés.

05:33 Mais on le fait pas.

05:34 Dans le meilleur des cas, si un jour on avait une 6ème république,

05:38 ça serait sans aucun doute un ajustement à la marge.

05:41 Alors qu'il y a des solutions intéressantes.

05:43 Par exemple, les assemblées citoyennes, c'est assez intéressant.

05:46 Je fais la version courte.

05:48 Pourquoi c'est intéressant ? Parce que d'abord, ce sont des gens tirés au sort

05:53 qui ne sont pas des professionnels de la politique, donc qui n'ont pas l'ambition d'être réélus.

05:58 Qui par conséquent peuvent se permettre de prendre des mesures impopulaires.

06:02 Ce qu'ils ne cherchent pas à plaire.

06:04 Mais qui habitent dans le pays en question, ainsi que leurs enfants, leurs amis, leurs familles,

06:09 et qui par conséquent vont quand même subir les conséquences de ce qu'ils décident.

06:13 Donc ils ne peuvent pas non plus faire n'importe quoi.

06:15 Ils le paieraient de leur personne, puisqu'ils seront soumis aux lois qu'ils vont choisir.

06:19 Et alors, c'est pas non plus comme un référendum.

06:21 Moi je suis pas très intéressé par le référendum.

06:24 C'est un peu la dictature de l'opinion, là, où tout le monde se prononce sur des trucs auxquels on connaît rien.

06:28 Moi j'aurais honte de voter sur la plupart des questions d'orientation,

06:32 pour lesquelles j'ai aucune compétence.

06:34 Parce que dans les assemblées citoyennes, les gens sont formés.

06:37 Ils ont du temps, ils interagissent avec des experts, ils lisent.

06:40 Et donc c'est assez intéressant.

06:42 Avec un nombre de l'ordre d'une centaine, qui fait que...

06:44 Parce qu'il y aura toujours deux, trois fous fous.

06:46 Les deux, trois fous fous seront lissés par la centaine.

06:48 Mais 100 c'est suffisant pour que les gens se connaissent et se parlent.

06:51 C'est pas 10 000.

06:52 Donc il y a vraiment quelque chose d'intéressant à regarder ici.

06:55 Mais évidemment pour que ça marche, il faudrait que ces assemblées soient légitimées

07:00 par un véritable pouvoir décisionnel en termes de loi.

07:04 Ce qui bien sûr nécessiterait une refonte constitutionnelle radicale.

07:08 Je ne suis pas absolument certain qu'elle serait viable.

07:11 Mais ce qui est très étonnant, c'est que la question ne soit même pas sur la table.

07:14 Elle n'est même pas sur la table.

07:16 Et dès lors que vous voyez des personnages politiques

07:19 qui s'extraient un peu de cette posture, là vous savez, là encore, très virile quand même,

07:24 de leader qu'on adore,

07:26 ils sont immédiatement disqualifiés comme étant non présidentiables.

07:31 Alors que l'humilité, c'est quand même la première chose dont on aurait besoin.

07:36 On est en train de se planter.

07:38 Donc faire preuve de modestie, ça serait la moindre des choses.

07:41 Mais on n'aime pas les modestes.

07:43 On n'aime pas les modestes.

07:44 On veut des mâles aux torses bombés.

07:46 C'est curieux.

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