Le changement qui me donne de l'espoir - M.Miller

  • il y a 7 mois
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Lire le livre de Miller "La Révolte" https://www.seuil.com/ouvrage/la-revolte-marine-miller/9782021465631

Pour changer le système :
Réclamer le RIC constituant : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2082
Changer de banque: https://www.lanef.com/ https://change-de-banque.org/particulier/
Passer à l'action militante: https://extinctionrebellion.fr/ https://ripostealimentaire.fr/
Changer de travail : https://jobs.makesense.org/fr

Source
Intro Clément Choisne https://www.youtube.com/watch?v=3LvTgiWSAAE
Miller chez Mamère https://www.youtube.com/watch?v=v0-NdjW38x0
Musique https://www.youtube.com/watch?v=39PVEaSytpo

Réponses au quiz de fin :

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Quel est la proportion des enfants de cadres par rapport aux enfants d'ouvriers à polytechnique ?
50 fois plus d'enfants de cadres.

Quel est le nom de l’ingénieur qui désavoue son métier durant sa remise de diplôme?
Clément Choisne.

Quel est le but d'une grande école ?
Former des jeunes, employables avec un bon salaire et ainsi être reconnue internationalement.

#miller #écologie #mamère #lavisdemamère #lemonde #école #X #HEC #polytechnique #centrale #grandesécoles #ingénieur #commerce #environnement #capitalisme #interview #extrait #ilnousfautunplan #révolte #ethiqueettac
Transcription
00:00 Alors que la situation climatique et les inégalités de notre société ne cessent de s'aggraver,
00:05 que le GIEC pleure et que les êtres se meurent, je suis perdu.
00:09 Incapable de me reconnaître dans la promesse d'une vie de cadre supérieur,
00:13 enroige essentiel d'un système capitaliste de surconsommation.
00:25 Vous faites partie de cette génération que vous suivez depuis 2018
00:30 et a décidé de changer de vie, pas simplement pour le plaisir de changer de vie,
00:35 mais parce que cette génération a le sentiment de contribuer à un monde
00:42 qui sera invivable pour nos enfants.
00:44 Qu'est-ce qui vous a conduit à vous intéresser, d'abord vous êtes de la même génération,
00:49 vous avez 36 ans je crois, qu'est-ce qui vous a conduit à vous intéresser
00:53 d'une manière assez transfuge, assez réfusenique d'une certaine manière ?
00:57 Oui, alors moi je travaille sur les questions de jeunesse au journal Le Monde depuis 2016,
01:02 donc j'avais déjà, dès 2016, vous l'avez rappelé en introduction,
01:05 travaillé sur la question des gens qui se reconvertissaient dans les métiers
01:08 de l'artisanat et de l'agriculture.
01:10 Et à l'époque, les profils m'avaient intéressée, c'était que des gens
01:13 qui avaient des Bac +5, qui avaient fait des grandes écoles,
01:16 et qui avaient quelques années de vie professionnelle dans le monde de l'entreprise.
01:19 Et à l'époque, on avait un anthropologue qui s'appelle David Graber,
01:23 qui est décédé il y a un an, qui avait écrit un livre qui s'appelait "Les Bullshit Jobs".
01:26 Et ça m'avait énormément inspirée pour comprendre ces trajectoires.
01:30 Dans les médias, c'est vrai qu'on a tendance à vouloir les suivre individuellement,
01:34 parce que c'est toujours un petit peu spectaculaire,
01:36 quelqu'un qui a fait des études et qui décide de renoncer à la vie
01:40 un peu confortable que ces études lui préparaient.
01:44 Et du coup, j'avais commencé à travailler comme ça dès 2016 sur cette question-là.
01:48 Et puis en 2018, il y a quelque chose de nouveau, il y a l'urgence écologique.
01:51 C'est une année qui est une année de bascule, en tout cas, moi, c'est comme ça que je l'analyse.
01:56 Il y a plusieurs choses cette année-là.
01:58 Déjà, en termes de climat, c'est une année record, c'est une année qui bat tous les records.
02:02 En France, c'est l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis 100 ans.
02:05 Il y a des canicules, il y a des inondations, il y a des incendies,
02:08 il y a des images un peu spectaculaires, et les Français ressentent, cette fois-ci,
02:12 le réchauffement climatique quasiment dans leur chair.
02:16 En parallèle de tous ces événements climatiques, il y a aussi des événements politiques.
02:20 À la fin du mois d'août, sur France Inter, Nicolas Hulot, ministre de la Transition,
02:24 décide de démissionner.
02:26 - Contre la politique des petits pas. - Contre la politique des petits pas.
02:29 Et il fait un peu l'aveu de son impuissance au gouvernement.
02:31 Et à l'époque, on sort d'une séquence où le lobby de la chasse a un peu gagné un arbitrage.
02:36 Et il démissionne à la suite de cette séquence-là.
02:40 Au même moment, en Suède, une jeune fille de 15 ans se poste tous les vendredis
02:44 devant le Parlement suédois pour faire une grève pour le climat.
02:48 Quelques semaines plus tard, un texte qui s'appelle "Manifeste pour un réveil écologique"
02:52 est publié sur Internet et reçoit des milliers de signatures.
02:56 Quelques semaines plus tard, une vidéo entre dans ma bulle informationnelle à moi
03:00 de journaliste du Monde, spécialiste des questions d'éducation,
03:03 d'un jeune garçon diplômé de Centrale-Nantes qui fait un discours de cérémonie
03:07 de remise des diplômes et qui dit en substance
03:11 "Je ne souhaite pas devenir ingénieur car je ne veux pas contribuer à aggraver la crise écologique".
03:16 Alors ce jeune homme, il s'appelle Clément Chouane.
03:19 Il est un personnage que l'on retrouve à différents chapitres de votre livre.
03:24 Il est le symbole d'une certaine manière aujourd'hui de cette génération
03:30 qui ne veut pas poursuivre dans des métiers qui contribuent à notre effondrement.
03:37 - Oui, c'est ça. C'est exactement ça. Clément Chouane, c'est le symbole,
03:41 l'incarnation même de cette génération qui se révolte,
03:45 qui ne veut pas être ce qu'on lui demande d'être,
03:49 c'est-à-dire un rouage du système, un rouage du système capitaliste de surconsommation.
03:53 Ça, c'est vraiment ses mots à lui.
03:55 Et c'est quelqu'un qui ose dire ça dans un moment qui est très particulier,
03:59 qui est une cérémonie de remise des diplômes.
04:01 C'est un moment un peu formel, un peu convenu.
04:03 Il y a les familles, il y a les directeurs d'école, il y a les entreprises partenaires.
04:06 Donc, ce n'est clairement pas un moment approprié
04:08 pour faire ce genre de déclaration un peu politique.
04:10 Et c'est quelqu'un qui prend la lumière, qui prend la parole pour dire ce genre de choses.
04:14 Et effectivement, comme vous l'avez bien dit, c'est le fil rouge de mon récit.
04:18 J'avais lu beaucoup de sociologues. Beaucoup de sociologues m'ont inspirée.
04:20 Ils sont très présents d'ailleurs dans le livre.
04:23 Et effectivement, j'ai abordé cette enquête en sachant un petit peu là où je mettais les pieds.
04:28 Donc, je connaissais leur profil sociologique.
04:31 D'ailleurs, c'est le chapitre 2 de mon livre.
04:33 Et effectivement, j'essaye de faire un chapitre un peu théorique
04:36 pour rappeler qui sont ces jeunes-là, qui est cette fraction de la jeunesse.
04:39 C'est très, très particulier.
04:41 Alors, il faut le dire.
04:42 Voilà. Donc, ce sont des gens qui passent par les classes préparatoires.
04:47 Ils sont à peu près 85 000 chaque année.
04:50 Ils sont sélectionnés, ils vont dans les grandes écoles
04:53 et ils sont en majorité des enfants de CSP+.
04:56 Je vais prendre un exemple que j'ai en tête.
04:58 On le répète en permanence, vous êtes l'élite de la nation.
05:01 Exactement. Tout au long de leurs brillantes études,
05:03 on leur répète sans cesse, vous êtes l'élite de la nation.
05:05 Qu'ils soient à HEC, à Polytechnique, à Sciences Po Paris, à Normale Sup,
05:09 on leur répète ça.
05:11 En classe préparatoire, je me souviens d'une interview avec quelqu'un
05:14 qui était au lycée Louis Legrand.
05:16 Dès la première année de classe prépa, on leur dit,
05:18 vous êtes l'élite de la nation, vous avez une responsabilité.
05:21 - Un leurre pour le crâne. - Exactement.
05:23 Et donc, oui, j'étais bien préparée à les rencontrer.
05:28 Juste pour revenir sur ce que je voulais dire,
05:31 c'est des gens...
05:34 Définissez-vous, définissez-nous leur profil à chacun.
05:37 Leur profil.
05:38 Enfin, le profil type, disons, que vous avez pu déterminer
05:41 avec le très beau panel que vous avez maintenant.
05:44 Avec l'appui des sociologues, avec l'aide des sociologues.
05:47 L'étudiant en école d'ingénieur, c'est quelqu'un qui vient
05:51 d'une famille de cadres, soit ses parents sont profs,
05:54 soit ils sont eux-mêmes ingénieurs,
05:56 qui est un très bon élève, qui a souvent un an d'avance
05:59 et qui est souvent un garçon.
06:01 Donc ça, c'est le profil type de l'étudiant en école d'ingénieur.
06:04 Dans les écoles de commerce, c'est un peu plus équilibré
06:06 en termes de genre, il y a un peu plus de filles.
06:08 Mais c'est à peu près la même sociologie, c'est plutôt
06:10 des enfants de CSP+.
06:12 Là, j'ai un chiffre en tête qui me vient comme ça,
06:14 parce que je le connais un peu par cœur maintenant.
06:16 L'école polytechnique, qui est vraiment le fleuron
06:18 de nos écoles d'ingénieurs en France,
06:20 qui est l'école la plus sélective,
06:23 les enfants de cadres sont 50 fois plus nombreux
06:25 que les enfants d'ouvriers.
06:27 Voilà, donc ça, ça dit...
06:28 - C'est un chiffre qu'on parle tout seul.
06:30 - Voilà, c'est tout.
06:31 - Et d'ailleurs, vous dites, vous parlez beaucoup
06:33 de polytechnique dans vos reportages,
06:35 parce que beaucoup de ces réfusniks,
06:37 d'une certaine manière, appelons-les comme ça,
06:39 viennent de polytechnique.
06:41 On a l'impression que cette école de l'élite,
06:44 c'est elle aussi qui produit le plus
06:47 de jeunes gens et de jeunes femmes
06:49 qui disent "non, on ne veut plus continuer".
06:52 - Alors, je ne peux pas répondre à cette question,
06:54 parce que c'est une impression qui ne s'appuie pas
06:56 sur des choses documentées.
06:58 Moi, je n'ai pas de chiffre aujourd'hui pour vous dire
07:00 que les diplômés de polytechnique
07:02 vont être le plus en rupture.
07:03 Je ne peux pas affirmer quelque chose comme ça.
07:05 En revanche, ce que je peux vous dire,
07:06 c'est que j'ai rencontré un certain nombre
07:08 de ces élèves-là qui se posent énormément de questions.
07:10 Ça ne veut pas dire que tous vont être en rupture
07:12 et vont être des déserteurs.
07:14 Ça veut dire qu'ils se posent des questions
07:15 sur leur rôle et sur leur responsabilité.
07:17 Justement, comme on leur a bourré le crâne
07:19 toute leur scolarité en leur disant
07:20 "vous êtes l'élite de la nation",
07:22 ils savent qu'il y a une urgence écologique,
07:24 une crise très grave, et ils veulent la résoudre.
07:27 Ils veulent aider à la résoudre.
07:28 Et ils comprennent bien aujourd'hui
07:30 que les entreprises, les grands groupes
07:31 pour lesquels ils sont formés,
07:33 parce que la majorité des élèves de polytechnique
07:35 aujourd'hui vont s'insérer dans les entreprises,
07:38 ne sont pas nécessairement le bon échelon.
07:40 Donc, ils se posent des questions, en tout cas.
07:42 - Et parmi ceux que vous avez rencontrés,
07:45 il y en a sans doute...
07:46 Il y a ceux qui n'ont franchi le pas,
07:48 c'est ce que l'on voit dans votre livre.
07:50 Puis il y a ceux qui ont essayé,
07:51 puis qui n'ont pas eu le courage de le faire.
07:53 Vous en avez rencontré aussi des...
07:54 - Oui, tout à fait.
07:55 C'est intéressant parce qu'il y en a...
07:57 Alors, je ne dirais pas que c'est une question de courage.
08:00 On reviendra peut-être après là-dessus.
08:02 Il y en a beaucoup qui essayent
08:03 de changer les entreprises de l'intérieur.
08:05 Ça, c'est vraiment quelque chose,
08:07 dans mon enquête qui est ressortie très tôt,
08:09 dès l'année 2019,
08:11 une partie de cette jeunesse-là
08:12 a envie de changer les choses,
08:14 a envie d'arriver dans ces entreprises
08:15 et de dire au comité exécutif
08:17 "On n'a plus le temps,
08:18 il faut prendre des décisions radicales
08:20 et nous, on veut en être."
08:21 Ça, c'est une partie de cette fraction.
08:23 Et puis, l'autre partie de cette fraction
08:25 a, elle, au contraire,
08:26 renoncé à changer les choses de l'intérieur
08:28 parce qu'elle sait qu'elle n'a pas le temps.
08:30 Et que pour changer les choses de l'intérieur,
08:32 il faut avoir un peu de pouvoir.
08:33 Et quand on sort d'une école,
08:34 on n'a pas du pouvoir tout de suite.
08:36 Il faut attendre quelques années,
08:37 5, 6, 7, 10 ans.
08:39 Et c'est une génération aujourd'hui
08:40 qui est impatiente,
08:41 qui sait que la crise est tellement grave
08:43 qu'on ne peut pas se permettre d'attendre.
08:44 - Alors, ce que vous montrez d'ailleurs
08:46 dans votre récit,
08:47 c'est que les tentatives de changer de l'intérieur,
08:50 elles sont effectivement, le plus souvent,
08:52 vouées à l'échec.
08:54 Je repère cette expression
08:57 qui est utilisée par les étudiants,
08:59 "hypocrisie totale".
09:00 Comment les grandes écoles se,
09:02 j'allais dire,
09:03 se marient d'une certaine manière,
09:05 contre nature,
09:06 avec des grandes entreprises
09:07 et même, y compris,
09:08 une majeure du pétrole
09:09 et des énergies fossiles.
09:10 - C'est pour ça que je parle beaucoup
09:12 de l'école polytechnique
09:13 parce que, pour moi,
09:14 c'était vraiment très symbolique
09:16 que cette école-là,
09:17 les élèves de cette école-là,
09:18 se révoltent contre l'arrivée
09:20 du géant pétrolier,
09:22 Total, comme vous venez de le dire.
09:24 En fait, pour moi,
09:25 cet épisode-là,
09:26 il est très révélateur
09:27 de cette génération.
09:28 Il y a dix ans,
09:29 il n'y aurait pas eu de sujet.
09:31 Total serait venu,
09:32 ils auraient construit leur centre
09:33 à 100 mètres de l'école,
09:34 il n'y aurait eu aucun problème.
09:35 Aujourd'hui,
09:36 on a une génération de jeunes
09:38 qui se disent,
09:39 "Qu'est-ce que vient faire
09:40 cette entreprise
09:41 sur le campus de mon école ?
09:42 Quelle image ça donne ?
09:43 Quel rôle ils vont jouer
09:44 auprès de nous ?
09:45 Qu'est-ce qu'ils nous veulent à nous ?
09:47 Et quelle va être
09:48 notre indépendance
09:49 vis-à-vis de cette entreprise
09:50 qui va s'installer ?
09:51 Quels vont être les liens
09:52 entre notre formation et eux ?"
09:54 Et la plupart ont très rapidement compris,
09:56 ce sont des gens très bien formés,
09:57 qu'il y avait évidemment un enjeu
09:59 de la part de cette entreprise
10:00 de venir s'implanter.
10:01 Et c'est cette question du soft power
10:03 qui a été rapidement pensée
10:05 par les étudiants.
10:06 Et c'est comme ça
10:07 qu'ils ont "fomenté"
10:08 leur petite révolte.
10:10 Beaucoup de jeunes
10:11 de votre génération
10:12 et parmi ceux que vous avez rencontrés,
10:15 le phénomène a existé,
10:18 c'est la question de l'effondrement
10:20 et du ressenti que l'on a
10:21 par rapport à cette idée
10:22 que tout peut s'effondrer,
10:24 comme le dit Pablo Servigne
10:26 et Raphaël Stevens.
10:28 Est-ce que vous avez rencontré
10:32 de ces révoltés
10:36 qui ont vécu des sortes de dépressions
10:40 avec l'idée de l'effondrement ?
10:42 Presque tous.
10:43 Presque tous ?
10:44 Oui, presque tous.
10:45 En fait, tous les jeunes
10:46 dont je parle dans ce livre,
10:47 ils ont vécu ce moment
10:48 qu'on appelle aujourd'hui
10:49 "d'éco-anxiété".
10:50 Ils se rendent compte,
10:52 mais un petit peu par inadvertance,
10:53 d'ailleurs, parce qu'ils regardent les infos,
10:55 parce qu'ils voient
10:56 des images un peu spectaculaires,
10:57 parce qu'ils commencent à regarder
10:58 des documentaires sur YouTube,
10:59 qu'il y a une crise énorme
11:01 qui est en cours.
11:02 Une fois qu'ils ont compris ça,
11:04 ils commencent à se renseigner,
11:05 ils ont une sorte de boulimie
11:06 d'informations à ce moment-là.
11:07 Ils vont lire un maximum de livres,
11:09 ils vont regarder un maximum de vidéos
11:11 et ils vont se dire
11:12 "mais comment ça se fait que moi,
11:14 alors que j'ai bientôt 25 ans
11:16 et que je vais aller travailler,
11:17 je n'ai pas été formée à ces questions-là ?"
11:19 Alors que la crise est urgente
11:21 et qu'on est dans l'imminence d'agir,
11:23 on n'a plus le temps d'attendre.
11:24 C'est quelque chose
11:25 qui revient très très souvent.
11:26 Donc, ils ont presque tous eu
11:27 ce moment de dépression
11:28 dont vous parliez,
11:29 ce moment d'éco-anxiété.
11:31 Parfois, il se traduit par l'action
11:32 et parfois,
11:33 ils ont un petit peu du mal
11:34 à en sortir aussi.
11:35 Hier soir, j'étais avec Arthur Gosset,
11:36 qui est un jeune réalisateur
11:37 qui a fait un film
11:38 qui s'appelle "Rupture"
11:39 où il a filmé 5 de ses camarades étudiants
11:41 et ils passent tous
11:43 par ces moments de dépression.
11:45 Et parfois, ils font la combaraison
11:46 avec la courbe du deuil.
11:48 Et la courbe du deuil,
11:49 il y a 5 étapes
11:51 et pour arriver à la dernière,
11:52 l'acceptation,
11:53 il y a un peu de travail,
11:54 ça prend du temps.
11:55 - Alors, on va revenir à cela,
11:56 mais dans ce que vous venez de dire,
11:58 il faut revenir sur la formation
12:00 dans les grandes écoles
12:01 parce que là,
12:02 vous avez porté une analyse critique
12:04 qui est très importante.
12:05 Vous dites que ces jeunes
12:07 frappés par l'effondrement,
12:08 ils reconnaissent tous
12:09 qu'on ne leur a jamais parlé,
12:11 finalement,
12:12 de ces questions-là
12:13 dans l'enseignement
12:14 dont ils ont été bénéficiaires.
12:16 C'est quand même
12:17 une énorme faille,
12:19 un énorme trou noir
12:20 dans l'éducation française.
12:22 - Oui, tout à fait.
12:23 On forme une génération
12:24 qui va arriver dans les entreprises,
12:26 qui vont avoir des postes
12:27 de cadres dirigeants très souvent
12:29 et qui n'ont pas été formés
12:30 aux enjeux de la crise écologique
12:33 et sociale.
12:34 Je mets les deux volontairement
12:36 pour plein de raisons.
12:38 Et en fait,
12:39 ce qui m'intéressait
12:40 dans le début de l'enquête,
12:41 c'était de comprendre
12:42 pourquoi ces écoles-là
12:44 n'avaient pas vu la crise arriver
12:47 et pourquoi justement
12:48 elles ne se préoccupaient pas
12:49 de former cette jeunesse-là.
12:50 En fait,
12:51 ce n'est pas aussi simple que ça.
12:52 Ce sont des très grosses structures,
12:53 des très grosses organisations.
12:55 Le changement prend beaucoup de temps.
12:57 Et ces questions de crise écologique,
12:59 vous le savez mieux que moi,
13:00 elles existent depuis longtemps.
13:01 Ça fait longtemps qu'on parle de ça.
13:02 Le rapport Meadows, 1972,
13:05 les premières COP,
13:06 c'est les années 90.
13:07 Donc en fait,
13:08 ce n'est pas du jour au lendemain
13:09 qu'on découvre la situation gravissime.
13:11 Donc elles auraient pu avoir le temps aussi
13:13 de se dire "ben tiens,
13:14 il se passe quelque chose,
13:15 on va changer".
13:16 Mais là, en fait,
13:17 il y a une...
13:18 En 2015, il y a la COP21,
13:20 il y a aussi le livre
13:21 dont vous avez parlé
13:22 de Pablo Samin,
13:23 "Comment tout peut s'effondrer".
13:24 Donc ça se rapproche.
13:25 Là, il y a quelque chose
13:26 qui commence à se rapprocher.
13:27 Puis l'année 2018,
13:28 on en a parlé au début aussi.
13:29 Et en fait,
13:30 ces grandes écoles,
13:32 elles sont paralysées par la tradition.
13:36 Elles ont beaucoup de mal à changer
13:38 parce qu'elles ont organisé
13:39 leur formation
13:40 et le contenu de leur formation
13:41 selon un modèle précis.
13:42 Et c'est très compliqué pour elles
13:44 de se réformer de l'intérieur.
13:46 Donc elles voient cette génération
13:48 qui la remet un peu en question
13:49 et ils essayent de faire
13:50 des petits changements
13:51 par-ci par-là.
13:52 Il y a très peu d'écoles aujourd'hui
13:53 qui se sont vraiment lancées
13:55 dans un chantier
13:56 de refonte des maquettes.
13:57 - Mais comment vous expliquez
13:59 que ces grandes écoles
14:00 qui devraient être en prise
14:01 avec la réalité de notre temps
14:03 et être même à l'avant
14:07 de toutes les réflexions
14:09 sur les effets
14:10 du dérèglement climatique
14:11 et du modèle
14:12 dans lequel nous sommes,
14:13 en fait,
14:14 ils font du greenwashing
14:15 quand ils...
14:17 Ça apporte des modifications
14:18 dans leur enseignement.
14:20 - En fait, les écoles,
14:21 ce qu'elles veulent,
14:22 c'est former des gens employables.
14:23 Elles veulent coller
14:24 à la demande des entreprises.
14:26 Elles veulent coller,
14:27 ou du moins,
14:28 à ce qu'elles pensent
14:29 qu'est la demande des entreprises.
14:30 Elles veulent coller à ça
14:31 parce qu'elles ont
14:32 des enjeux de classement.
14:33 Ce sont des écoles
14:34 qui sont très, très, très, très
14:37 préoccupées par ces enjeux
14:38 de classement internationaux.
14:39 Donc, les écoles de commerce,
14:40 les écoles d'ingénieurs,
14:41 elles veulent avoir
14:42 des bons scores d'employabilité.
14:44 Elles font des études
14:45 tous les ans pour savoir
14:46 où vont leur diplômés,
14:47 combien ils gagnent,
14:48 et ça leur permet
14:49 de se situer, en fait,
14:50 les unes par rapport aux autres.
14:51 C'est une grande compétition nationale
14:52 et c'est une grande compétition mondiale aussi.
14:54 Toutes les écoles,
14:55 aujourd'hui, sont en compétition
14:56 les unes avec les autres.
14:57 Donc, il y a d'abord ça.
14:58 Je pense que ça,
14:59 c'est vraiment important de le souligner.
15:01 Le greenwashing,
15:02 c'est intéressant que vous disiez ce mot-là
15:05 parce que c'est un mot
15:06 que les étudiants répètent sans cesse.
15:07 Ils sont très attentifs à ça.
15:09 Donc, en fait,
15:10 si les écoles tentent
15:11 de faire du greenwashing,
15:12 et pour eux,
15:13 il faut savoir ce que ça veut dire,
15:14 le greenwashing.
15:15 Par exemple, les écogestes.
15:16 Maintenant, les écogestes,
15:17 c'est considéré pour eux
15:18 comme du greenwashing.
15:19 C'est-à-dire mettre
15:20 des gobelets en carton
15:21 à la place de gobelets en plastique.
15:23 Pour eux, ça ne veut rien dire.
15:24 Ils ont raison.
15:25 Ils ont raison.
15:26 Mais les écoles,
15:27 elles font beaucoup de communication là-dessus,
15:28 sur le verdissement des campus,
15:30 sur le tri des déchets,
15:31 sur tout ce genre de thématiques.
15:34 Et les élèves disent
15:35 "Mais ce n'est pas ça,
15:36 ce n'est pas ça l'écologie."
15:37 Revenons à ces grandes écoles.
15:39 En fait,
15:40 c'est quasiment impossible
15:42 d'introduire de manière significative
15:44 les questions écologiques dans l'enseignement
15:46 puisque ces écoles,
15:47 comme vous le dites,
15:48 elles sont là pour nourrir le système.
15:49 Donc, on ne peut pas casser un système
15:51 dont on vit.
15:52 C'est ça.
15:53 C'est compliqué.
15:54 C'est compliqué.
15:55 Elles ne vont pas s'auto-démanteler,
15:56 ces écoles.
15:57 C'est leur raison d'être.
15:58 Parfois, c'est leur modèle économique.
16:00 Je pense aux écoles de commerce
16:01 parce que les écoles de commerce,
16:02 elles ont des frais de scolarité
16:04 qui sont très élevés.
16:05 50 000 euros la scolarité, par exemple,
16:07 pour les trois grandes écoles de commerce parisiennes.
16:10 Donc, en fait,
16:11 elles ont leurs élèves,
16:13 c'est leurs clients.
16:15 Donc, elles sont prises un peu en tension.
16:17 Elles sont prises entre la demande des étudiants
16:19 qui sont leurs clients
16:20 et la demande des entreprises
16:21 d'avoir des cadres
16:22 qui vont être directement employables
16:24 et qui vont assurer la pérennité
16:26 du modèle d'affaires.
16:27 Autrement dit,
16:28 pour un jeune qui est intelligent,
16:31 qui fait des études supérieures,
16:35 les grandes écoles,
16:37 c'est particulièrement déconseillé
16:39 puisque ça va les formater
16:41 pour des métiers
16:43 dont ils ne vont pas vouloir
16:44 quelques années plus tard.
16:45 Oui, tout à fait.
16:46 Il y a une réflexion.
16:47 Il y a une réflexion qui est en cours.
16:49 Là, je travaille en ce moment
16:51 sur la question de l'éco-anxiété.
16:52 Je travaille avec des gens
16:53 beaucoup plus jeunes
16:54 qui ont entre 16 et 18 ans,
16:56 qui n'ont pas commencé leurs études
16:57 et qui se demandent
16:58 qu'est-ce qu'ils vont faire,
16:59 à quoi ils vont être le plus utiles
17:01 et quelle formation il faut faire
17:02 pour compter dans cette transition.
17:05 D'ailleurs, est-ce qu'il y aura une transition ?
17:06 C'est aussi une question.
17:07 Est-ce qu'on ne va pas directement arriver
17:09 dans un effondrement ?
17:10 C'est ça aussi la question
17:11 qu'ils se posent.
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