Les Vraies Voix qui font rouler la France avec Xavier Horent, Délégué Général de Mobilians
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00:00 [Musique]
00:01 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France.
00:03 19h20, les vraies voies qui font rouler la France.
00:07 Et les vraies voies qui font rouler la France, on est ensemble avec Philippe David, Patrick Roger et Jean-Marie Bordry pour cette belle émission.
00:15 Au sommaire de cette émission, ce dimanche, les Parisiens sont appelés à voter sur la surtaxation du stationnement SUV à Paris.
00:24 Les chiffres du marché de janvier ont été dévoilés ce matin, ils sont positifs tant pour les véhicules particuliers que pour les véhicules utilitaires.
00:30 On les dévoilera et les analysera en votre compagnie.
00:33 Et on reviendra sur le coup de frein sur le marché de la voiture électrique.
00:36 Le PDG du groupe Renault, nos voisins allemands, et tels cela, s'inquiètent de la transition douloureuse et d'un marché qui n'est pas porteur en ce moment.
00:43 Enfin, depuis le 1er janvier 2024, il y a pile un mois, les restrictions Léo ZFE se sont intensifiées dans certaines agglomérations de France,
00:50 mais pas partout, puisque c'est un peu compliqué et ce n'est jamais la même chose.
00:54 On en parlera à la fin de cette émission.
00:57 Et notre invité pour commenter tous ces projets, Xavier Horan, délégué général de Mobiliance.
01:01 Bonjour, merci d'être avec nous. Bienvenue dans "Les vraies voies qu'il faut rouler, la France".
01:05 Les SUV, c'est la dernière mode des constructeurs automobiles pour nous faire acheter des véhicules toujours plus gros, plus lourds, plus polluants.
01:17 Pourquoi posent-ils problème ? Parce qu'ils prennent trop de place dans nos rues déjà étroites, parce qu'ils polluent beaucoup trop et menacent notre santé et notre planète.
01:27 Et parce qu'ils mettent en danger, oui, les piétons, les enfants, les personnes âgées.
01:32 Ils provoquent plus d'accidents qu'une voiture normale. Et les chiffres sont là.
01:37 Il est temps de rompre avec cette tendance des voitures toujours plus grosses, toujours plus hautes, toujours plus larges.
01:43 Alors, le 4 février, votez !
01:46 Dimanche 4 février, Xavier Horan, les parisiens sont appelés à une "votation", comme on dit en Suisse, sur la surtaxe pour le stationnement des SUV à Paris.
01:54 Une votation pour laquelle Mobiliance a fait un recours en justice.
01:57 Oui, absolument, parce que je pense que dans ce type de débat, ce débat est peut-être extrêmement utile pour notre démocratie,
02:08 et puis pour la manière dont la filière automobile doit évoluer et doit continuer à innover.
02:13 Mais je mets un "mais" immédiatement dans ma phrase, à condition, bien entendu, de poser correctement la question,
02:19 et puis d'utiliser les procédures démocratiques qui sont adéquates et qui sont prévues en ce sens-là.
02:27 Et puis enfin, en écoutant Mme la maire de Paris encore à l'instant, dans votre extrait, ce qui est quand même assez frappant,
02:33 c'est que tout est présenté à sens unique, en réalité.
02:37 Alors que moi, de manière assez simple, un débat il est fait pour que des parties puissent apporter des éléments contradictoires,
02:46 puissent enrichir le débat, prendre de la hauteur, prendre du recul,
02:49 et je trouve, de manière assez singulière, que la mairie de Paris manque tout à fait de recul, voire de hauteur,
02:58 et c'est bien dommage, parce que ce sont des questions qui sont essentielles, qui sont quotidiennes,
03:03 qui sont tout sauf neutres dans le budget des ménages, et qui posent en réalité de très nombreuses questions,
03:09 à la fois sur notre choix de société, sur notre modèle économique, et sur la liberté de déplacement.
03:14 Et par conséquent, effectivement, en estimant que le stationnement est en fait quelque chose de parfaitement constitutif
03:24 de la liberté d'aller et de venir, avec la Ligue des conducteurs, Mobiliens, a en effet déposé,
03:30 il y a déjà maintenant plusieurs jours, un référé suspension devant le tribunal administratif de Paris,
03:35 et donc nous en sommes là, mais j'y reviendrai probablement dans un instant.
03:40 - Absolument. - Et pour l'instant, c'est pas encore suspendu, mais vous parliez de la manière de poser la question,
03:44 c'est ce qui fait notamment polémique, je vais vous lire la question telle qu'elle est posée,
03:48 aux parisiens qui sont appelés à y répondre. - Oui, c'est instructif, vous avez bien raison.
03:51 - Je cite "Pour ou contre la création d'un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles,
03:57 lourdes, encombrantes et polluantes". Alors on a posé la question avec notre reporter sud-radio,
04:03 Quentin Gérard, aux parisiens, ce qu'ils en pensaient, vous allez voir, réaction contrastée.
04:07 - La question posée est absolument honteuse. C'est comme si vous demandiez aux gens
04:11 "Est-ce que vous voulez être plus empoisonnés ou moins empoisonnés ?" C'est manipuler les gens.
04:14 - C'est pas prioritaire, et puis je trouve qu'il y a un côté très stigmatisant des gens qui ont des SUV.
04:19 - En tant que grand piéton devant l'éternel, je suis pour une fiscalité accrue pour les SUV.
04:22 On devrait faire un maximum pour favoriser les transports en commun, donc limiter les voies
04:26 de véhicules lourds, encombrants et généralement conduits par une ou deux personnes.
04:29 En fait, c'est pas très efficace comme mode de transport.
04:31 - Moi, j'ai une voiture hybride et je vais payer plus parce que j'ai soi-disant un SUV,
04:35 alors que je consomme beaucoup moins qu'une voiture non-hybride.
04:38 - Alors, ceci dit, Xavier Oran, est-ce qu'un SUV pollue plus qu'une petite voiture ?
04:43 Malgré tout, la réponse est oui.
04:45 - Alors, je ne veux pas esquiver cette question, évidemment.
04:49 Une voiture censée être plus lourde va consommer davantage d'énergie.
04:53 Mais quand on rentre dans le détail, et Dieu sait si la filière automobile
04:58 est une filière économique, industrielle, technologique extraordinairement complexe,
05:04 et que les usages en termes de mobilité sont profondément différents.
05:08 Et j'ajouterais que sur un plan mondial, les marchés européens, quand on parle de SUV,
05:12 ou le marché américain, le marché asiatique, n'ont rien à voir.
05:16 Ce que je veux dire par là, c'est qu'on ne peut pas simplifier les choses
05:20 d'une manière aussi outrancière que la question dont vous avez rappelé,
05:25 à juste titre, le libellé. Parce que la question est tellement présentée
05:29 de manière simplificatrice, orientée, qu'effectivement, la réponse est dans la question.
05:36 De bonne foi, nous tous autour de la table, si la même question nous était posée,
05:41 la réponse serait "bah oui, évidemment, il faut interdire l'accès à ces véhicules".
05:46 - De la même manière, quand je vous repose cette question, sans l'esquiver,
05:49 quand je vous demande si les SUV, ça pollue plus, vous répondez "oui", vous-même.
05:53 - Alors, après, dans les SUV, il faut, si vous voulez rentrer un peu dans le détail,
05:58 la tendance est à la décarbonation. C'est une tendance qui a été imposée,
06:03 en particulier par Bruxelles, dans le cadre d'une stratégie,
06:06 qui est la stratégie du Grain Deal. Et donc l'important, c'est de décarboner nos usages
06:12 et les véhicules électriques répondent à cette difficulté.
06:16 - Parce que les véhicules électriques sont concernés, avec les véhicules hybrides,
06:20 parce qu'ils sont plus lourds, donc ils rentrent dans cette catégorie.
06:23 - Bien sûr, ils sont forcément plus lourds, et la part des SUV,
06:27 qui ne sont en fait qu'un élément de carrosserie, est prédominante dans les véhicules électriques.
06:32 Retenez simplement que, dans le poids de ces véhicules électriques,
06:36 ils sont effectivement nécessairement plus lourds, pour plusieurs raisons, j'y reviendrai,
06:40 et l'une d'entre elles, c'est la recherche de l'autonomie en termes de batterie.
06:44 - Mais pour poursuivre ce que disait Jean-Marie Vendry, un SUV, qu'est-ce que c'est d'ailleurs ?
06:49 Comment on définit ? Est-ce que c'est forcément une grosse voiture ?
06:53 - Luc Châtel disait la semaine dernière qu'il ne savait pas ce que c'était.
06:55 - Non mais c'est quoi un SUV ? Pourquoi on a créé des SUV d'ailleurs ?
06:58 - C'est un peu embêtant, parce que si le président de la plateforme automobile, Luc Châtel,
07:06 dit lui-même qu'il ne sait pas répondre à cette question,
07:10 et que votre humble serviteur ne sait pas davantage répondre à cette question,
07:16 c'est assez étrange.
07:18 - Si on résume, c'est une voiture plus grosse, plus lourde et surélevée.
07:22 En gros, c'est ça un SUV.
07:23 - C'est une voiture qui est plus "hautes-sur-patte" comme on dit,
07:26 qui est recherchée avant tout pour son confort, pour sa visibilité, pour le sentiment de sécurité.
07:33 - Sentiment ou pas de sécurité ?
07:35 - C'est un sentiment de sécurité, d'autant plus lourd d'ailleurs, sans jeu de mots,
07:38 que ce sont des véhicules qui embarquent beaucoup de technologies en matière de sécurité
07:43 et de protection de l'environnement, à la demande d'ailleurs des autorités nationales et européennes.
07:49 - Sur la sécurité, parce qu'Anne Hidalgo dit qu'il y a plus d'accidents avec les SUV,
07:53 grosso modo c'est plus dangereux.
07:55 Est-ce qu'il y a des statistiques réelles qui existent ?
07:58 - Oui, j'ai regardé ces statistiques, et là encore, je suis extrêmement surpris,
08:03 parce qu'en regardant les communications de la mairie de Paris elle-même,
08:08 s'appuyant sur des sources tout à fait officielles,
08:11 l'accidentologie dans Paris au cours de ces dernières années a baissé,
08:15 et elle a réaugmenté assez légèrement depuis quelques années,
08:19 du simple fait, d'ailleurs qu'on observe tous les jours quand on circule dans Paris,
08:24 que la cohabitation entre plusieurs modes de transport est aléatoire.
08:27 - Avec les vélos, notamment, avec les vélos, bien sûr, même les bus, etc.
08:31 - Non mais il faut dire les choses !
08:33 - Il faut dire les choses, c'est tout à fait normal,
08:36 il y a un partage de l'espace public qui doit être prévu, qui doit être organisé,
08:40 et c'est la raison pour laquelle les plans de déplacement sont des éléments de politique publique extrêmement importants,
08:46 mais on ne résout pas des questions aussi complexes avec des votations de cette nature,
08:51 qui simplifient les débats, qui consistent au final à diviser un peu plus les usagers de la route,
08:57 soit automobilistes, cyclistes, ou à pied, ou en deux roues motorisées.
09:02 Je pense que cette politique qui consiste systématiquement à, comme le disait l'un de vos auditeurs,
09:08 à stigmatiser une catégorie de français n'est pas la bonne,
09:13 c'est une vision finalement très approximative des choses...
09:18 - Mais c'est Paris, et demain ce seront les autres villes en fait aussi !
09:22 Non mais il y a valeur d'exemple, c'est pour ça qu'en tant que patron de la grande filière automobile de Mobilian,
09:26 vous vous défendez, vous dites "demain ça va être Lyon, ça va être Bordeaux, ça va être Clermont-Ferrand, Tottéville, Lille..."
09:32 - Ce que je crains c'est un grand cafard na-homme, et une sorte de concours lépine,
09:38 sur des bases qui sont contestables, parce que tous les chiffres qui ont été cités très abondamment,
09:45 avec un renfort de sondage qui donne d'ailleurs le résultat de la votation avant même qu'elle soit faite,
09:50 parce que si je prends les différents relais, notamment dans les réseaux sociaux,
09:57 finalement à quoi bon voter dimanche ?
10:00 - Ça dépend, si vous mobilisez de votre côté...
10:02 - Les résultats si j'en entends, la mairie de Paris sont déjà acquis,
10:05 puisqu'une majorité de parisiens seraient déjà acquis à cause.
10:08 - Mais excusez-moi, parlons vrai, Xavier Horan, on parle beaucoup des voitures,
10:13 on dit qu'elles sont dangereuses, mais les vélos sont très dangereux aussi,
10:16 est-ce qu'il ne faut pas encadrer et mettre en place une pédagogie,
10:20 pour éviter d'avoir des vélos qui roulent à sens inverse ?
10:24 Il y a aussi une pédagogie à faire, ce n'est pas que des voitures.
10:28 - C'est une question d'éducation routière, et l'éducation routière est un vrai sujet,
10:32 cette éducation à la route concerne tous les modes de transport, d'ailleurs à tous les âges,
10:37 avec des technologies qui ont fondamentalement changé, des pratiques, des usages qui se sont diversifiés,
10:43 et puis un partage de l'espace public qui est devenu extraordinairement complexe.
10:47 Quand on circule dans Paris aujourd'hui, c'est devenu infernal en termes de circulation,
10:52 et il faut être humain, une très grande vigilance dans toutes les villes,
10:56 pour à la fois bien domestiquer les produits dont on a la responsabilité,
11:01 et puis tout un environnement autour de soi qui est devenu objectivement compliqué,
11:05 qu'on soit en voiture ou pas en voiture derrière, mais encore une fois,
11:09 opposer les modes de transport entre eux, alors que l'un des sujets...
11:13 - Les Parisiens font ça très bien sur la route, il n'y a qu'à voir comment ils se parlent et comment ils se klaxonnent,
11:18 donc ils sont déjà opposés entre eux, le partage de la route, ce n'est pas bien.
11:21 - Ça a toujours été un sujet de discorde. - Est-ce que vous êtes parisiens ? Parce qu'il n'est pas clair non plus ?
11:24 - Vous êtes marseillais ? - Je pense que jeter toujours la discorde sur nos pratiques de mobilité n'est pas la bonne approche.
11:32 Les mobilités, elles sont aussi diverses que peuvent l'être les Français, tous.
11:37 Et la question, pour être un peu plus complet par rapport à vos auditeurs que j'écoutais tout à l'heure avec intérêt,
11:44 c'est qu'on enferme le débat comme s'il devait être enclavé à Paris.
11:50 Ce n'est pas un débat de Paris entre Parisiens, sauf que l'un des problèmes,
11:55 c'est que seuls les Parisiens inscrits sur les listes électorales pourront voter pour donner leur avis.
12:01 - C'est différent, vous n'êtes pas en train de regretter qu'il n'y ait pas la même votation à Grenoble, à Lyon ou à Marseille,
12:05 le résultat serait peut-être le même. Pour l'instant, les SUV ne sont menacés qu'à Paris.
12:08 - Je pense que quand on parle de grandes métropoles comme celles que vous citez,
12:12 elles sont forcément reliées à un écosystème territorial qui est tout autour, qu'on appelle la périphérie tout simplement.
12:17 Paris est dans une région qui est un des poumons économiques de la France.
12:22 Le parc francilien est extrêmement important.
12:26 Et le nombre de personnes, entreprises ou particuliers qui ont besoin de venir à Paris tous les jours,
12:31 dans une très grande majorité des cas, ils n'ont pas la possibilité de faire autre chose que de prendre leur véhicule,
12:38 parfois des véhicules qui sont des SUV, parfois ce ne sont pas des SUV,
12:42 parce que là encore, il y a une très grande simplification du débat par rapport à la question de Cécile de tout à l'heure,
12:47 qui était finalement "qu'est-ce qu'un SUV ?".
12:50 - Vous avez deux heures.
12:52 - C'est une silhouette qu'on cherche à faire rentrer dans un texte.
12:56 Quand on regarde en réalité la définition réelle, ou en tout cas par défaut, que la mairie de Paris propose,
13:03 c'est une définition qui commence à 1 tonne 6.
13:08 Donc on a regardé tout simplement le nombre de véhicules en Ile-de-France qui font plus d'une tonne 6.
13:13 Ça fait 900 000 voitures.
13:15 - Ah oui, ces véhicules, c'est très beaucoup.
13:17 - Et sur ces 900 000 voitures, combien d'entre elles sont des SUV ?
13:21 Que la moitié, à peine.
13:23 Vous voyez, les choses sont beaucoup plus complexes que la manière dont les choses sont présentées,
13:29 et la manière dont la question, celle que vous rappeliez tout à l'heure, dont sont libellées officielles,
13:36 puisque c'est sur cette base que les Parisiens et les Parisiennes devront se prononcer dimanche prochain,
13:42 eh bien nous avons voulu apporter une contribution, une contradiction la plus constructive possible,
13:48 à un débat qui mérite de l'être, parce que les questions de mobilité sont au moins aussi importantes
13:53 que celles du bâtiment ou de l'agriculture, pour prendre deux exemples qui sont malheureusement dans l'actualité.
13:58 - Allez Xavier Horan, vous restez avec nous, on revient dans quelques instants.
14:01 On parlera du marché de l'automobile.
14:04 Les chiffres de janvier sont tombés, ont été dévoilés,
14:07 et puis on reviendra aussi sur l'électrique.
14:09 Est-ce que finalement, bon plan ou pas bon plan pour les constructeurs, si vous voulez réagir ?
14:14 0 800 26 300 300, Haute vous attend.
14:16 On est ensemble jusqu'à 20h, les vraies voix qui font rouler la France avec Xavier Horan.
14:20 - Retour des vraies voix qui font rouler la France,
14:24 notre invité ce soir, Xavier Horan, délégué général de Mobilian.
14:28 Sans parler des SUV, on va continuer, on va se faire un peu la moquette,
14:31 lui diable, quand on lit un peu la presse, les concessionnaires n'ont pas l'air inquiets d'un impact sur les ventes de SUV.
14:36 Si jamais les Parisiens votaient pour la surtaxe de stationnement des SUV, est-ce que vous partagez leur optimisme ?
14:43 - Moi je préfère toujours lorsqu'un chef d'entreprise est optimiste, c'est d'ailleurs son ADN.
14:48 En particulier en ce moment, on parle beaucoup de l'agriculture et d'une forme de harcèlement sur le plan réglementaire,
14:54 qu'il soit national ou européen d'ailleurs.
14:56 Je peux témoigner que dans le domaine automobile,
14:59 on pourrait faire une compétition dont je me passerais bien,
15:03 sur la complexité réglementaire et sur l'empilement des normes au cours de ces dernières années,
15:09 et qui ont d'ailleurs au passage alourdi le poids des véhicules dont on parlait tout à l'heure.
15:15 - Agri-bashing, car-bashing, alors même combat finalement pour vous ?
15:19 - Oui, il y a des points de convergence qui seraient assez intéressants de creuser,
15:24 et d'ailleurs je note un peu avec une forme de désabusement de ma part,
15:30 qu'à quelques heures du discours de politique générale du Premier ministre,
15:34 les questions d'automobile et de mobilité n'ont pas été évoquées.
15:38 Alors que c'est une part du PIB qui est extrêmement importante,
15:43 au niveau européen quand on prend un peu plus de recul,
15:47 c'est 8% du PIB européen, ce sont 13 millions d'emplois,
15:51 c'est un peu plus d'un tiers de la R&D au niveau européen,
15:55 et quand on parle de planification écologique et de transition écologique,
15:59 qui sont une ligne directrice absolument fondamentale pour la filière automobile,
16:03 nous sommes en première ligne, puisque les transports représentent quasiment un tiers des émissions de CO2,
16:08 voilà bien une industrie qui est vraiment à la croisée des chemins,
16:12 et qui doit impérativement réussir, faute de quoi les conséquences économiques et sociales pourraient être...
16:18 - Effondrement en Europe, emploi...
16:21 - Ça peut être un sabordage historique, donc il faut tout faire,
16:27 pouvoir public et acteur privé, pour démentir ce scénario,
16:32 et nous emparer de l'avenir, c'est quelque chose de fondamental.
16:35 - Vous aviez dit, Xavier Huron, tout à l'heure, que vous aviez engagé un référé,
16:38 contre le vote qui va avoir lieu ce week-end à Paris,
16:42 qu'est-ce que ça donne ce référé alors ?
16:44 Vous vouliez interdire le vote ?
16:46 - Non, non, surtout pas, c'est excellent qu'il y ait un débat,
16:50 tout débat est bon à prendre, et comme je le disais tout à l'heure,
16:53 sous une condition très simple, un débat, il doit être contradictoire,
16:59 il doit être éclairé, et il ne doit pas être issu d'une source exclusive d'informations,
17:05 puisqu'en réalité, toute la communication de la mairie de Paris
17:08 est basée sur des données qui sont issues d'une ONG,
17:12 qui est parfaitement honorable, qui est tout à fait connue,
17:14 qui est le WWF, très bien, mais est-il possible simplement
17:20 d'apporter une autre lecture, d'apporter d'autres data ?
17:23 - C'est ce que vous faites, vous.
17:24 - Et c'est ce que nous faisons...
17:25 - David Benyard était venu te parler ici, d'ailleurs sur une radio aussi.
17:27 - Éclairer les débats sur un sujet très complexe.
17:30 - Et alors votre référé ?
17:31 - Alors le référé...
17:32 - Ça peut invalider la procédure ou pas ?
17:34 - Écoutez, moi, première chose, on a déposé un référé suspension
17:39 avec la Ligue des conducteurs...
17:40 - Pour suspendre le vote.
17:42 - Pour suspendre le vote, pourquoi ?
17:44 Pas pour le plaisir de suspendre le vote, de chercher le buzz,
17:47 et puis de créer une énième polémique ?
17:49 Personne n'en a besoin dans le pays.
17:51 En revanche, ce dont on a besoin, c'est un vrai débat démocratique,
17:54 encore une fois.
17:55 Et nous estimons qu'il y a de nombreuses irrégularités
18:00 dans la procédure qui a été choisie,
18:02 et qu'elle était susceptible, effectivement,
18:04 soit bien de suspendre cette votation,
18:07 soit, si cette votation se tient comme ça semble être le cas dimanche prochain,
18:12 qu'elle puisse faire l'objet d'un recours en annulation.
18:14 Et donc, on examinera à ce moment-là les possibilités de recours au fond.
18:18 - Donc, dans un premier temps, vous n'avez pas réussi à suspendre,
18:20 mais vous allez voir la suite.
18:21 - Dans un premier temps, le juge des référés,
18:24 qui était d'ailleurs la présidente de la deuxième section
18:27 du tribunal administratif de Paris, ce qui n'est pas neutre,
18:30 a réfuté le fait que la Ligue des conducteurs et immobiliens
18:34 avait qualité pour agir, ce qui est assez curieux,
18:38 mais ce qui permet au juge de référé, finalement,
18:41 de balayer les arguments de fond et de les renvoyer à plus tard.
18:44 Dont acte, d'après mes informations, d'autres procédures sont en cours.
18:49 J'attends le résultat des ordonnances.
18:51 Nous sommes aujourd'hui jeudi.
18:53 Assez curieusement, je n'ai pas de résultat.
18:56 Donc, nous verrons bien.
18:58 - Mais d'autres recours ?
19:00 Grosso modo, on vous reproche de ne pas être des parisiens
19:02 qui déposaient un recours contre cette votation.
19:05 - Je ne suis pas effectivement parisien.
19:06 - Donc, il faut que ce soit des électeurs parisiens.
19:08 - Donc, je pense que des électeurs parisiens et des propriétaires de SUV,
19:11 ou en tout cas, de voitures d'un poids supérieur à 1,6 tonnes,
19:16 ont dû se manifester auprès du tribunal administratif.
19:20 Et c'est ce résultat qu'à ce soir, je n'en dispose pas.
19:25 - D'accord.
19:26 - Ça veut dire qu'il aurait fallu quoi ? Un vrai référendum local ?
19:29 - Alors, Cécile, c'est tout à fait la bonne question.
19:31 C'est l'un des arguments que nous avons cherché à faire valoir.
19:36 C'est qu'en réalité, la manière dont cette procédure de votation a été organisée
19:42 devrait être, selon nous, être qualifiée en référendum local.
19:46 - D'accord. Ça changerait quoi ?
19:48 - En réalité, juste une minute, qu'est-ce que ça change ?
19:51 Je vais répondre à cette question.
19:53 Il y a deux codes qui structurent la manière dont les procédures
19:57 de consultation des électeurs sont encadrées.
20:01 Le code des collectivités territoriales,
20:03 et puis le code des relations de l'administration avec le public.
20:06 La combinaison de ces deux codes a fait que la maire de Paris
20:10 a choisi une consultation très précise qui s'appelle
20:13 la consultation facultative des électeurs.
20:17 Cette consultation dite facultative est beaucoup moins contraignante
20:22 à plusieurs égards, sans rentrer dans le détail,
20:25 mais ce qu'il faut retenir, c'est qu'elle n'a pas de portée décisionnelle.
20:29 Or, quand on regarde la communication de la mairie de Paris
20:32 depuis le 17 novembre, c'est l'extrait de la maire que vous avez passé tout à l'heure,
20:36 jusqu'à aujourd'hui, il s'avère que la mairie s'est engagée à suivre
20:41 par avance le résultat de cette votation du 4 février prochain,
20:45 de dimanche prochain, et que la portée de cette votation
20:50 est une portée beaucoup plus large que ce qui est présenté.
20:53 Autrement dit, selon nos analyses, il conviendrait en droit
20:57 que ces procédures de consultation facultative sont en réalité
21:01 requalifiées en référendum local.
21:04 Un référendum local, évidemment, est beaucoup plus contraignant.
21:07 - Il faut 50% de votants. - Alors, d'abord, il faut 50% de votants,
21:12 donc on comprend mieux pourquoi cette procédure de consultation facultative
21:17 a été utilisée, je vais y revenir.
21:20 Donc, première condition cumulative, c'est qu'il y ait 50% de votants,
21:24 et la deuxième condition, dans toute démocratie, c'est qu'il y ait
21:27 une majorité, évidemment, qui adopte l'acte référendaire.
21:31 Donc, on comprend bien que la mairie de Paris ait choisi,
21:35 finalement, la procédure la plus commode à tout point de vue,
21:38 qui est celle de la consultation facultative.
21:41 Or, encore une fois, nous considérons qu'il faudrait la requalifier
21:46 en référendum local. C'est toute autre chose,
21:49 et c'est un tout autre fondement juridique.
21:52 - Xavier, vous restez avec nous, parce que malheureusement,
21:55 on a des contraintes. Délégué général de Mobilian,
21:59 on revient dans un instant. Plein de choses encore à vous dire
22:01 sur ce marché de l'automobile, avec Patrick Roger,
22:05 qui est avec nous, Jean-Marie Bordry, et bien sûr, Philippe David.
22:08 Allez, si vous avez des questions 0826 300 300,
22:11 Haute vous attend. On revient dans un instant.
22:13 - Et les vraies voix qui font rouler la France, avec notre invité du soir,
22:23 Xavier Horand, délégué général de Mobilian.
22:25 Une dernière question très courte sur la votation à Paris,
22:27 ensuite on va parler des véhicules électriques.
22:29 Vous voulez réagir d'ailleurs, le 0826 300 300.
22:32 Il y a un détournement de procédure sur cette votation,
22:35 Xavier Horand ?
22:37 - En tout cas, c'est notre analyse.
22:39 En fait, la maire de Paris, comme je l'expliquais tout à l'heure,
22:44 choisit cette procédure de consultation fécultative.
22:47 Bon, ton tac, le tribunal administratif tranchera.
22:50 Ce n'est pas à moi de le faire, évidemment, ce soir.
22:54 En revanche, de manière très explicite,
22:57 dans toutes leurs communications,
22:59 sur le mois de novembre et sur le mois de décembre,
23:01 l'objectif affiché, en fait, est très clair.
23:04 Je les cite, c'est dissuader,
23:07 dissuader, les utilisateurs de véhicules de circuler dans Paris.
23:12 Donc en fait, c'est une campagne, grossièrement, anti-voiture,
23:15 et les familles, d'ailleurs, l'ont parfaitement bien compris.
23:18 Mais en termes de procédure pure,
23:21 dans le domaine environnemental et dans le domaine de la sécurité,
23:24 de la circulation routière,
23:26 la compétence en revient au préfet de police.
23:28 Et donc, en fait, la mairie de Paris
23:31 utilise cette consultation dite "fécultative"
23:33 liée à cette votation citoyenne du 4 février
23:36 pour une compétence qu'elle n'a pas,
23:39 et en l'occurrence, dissuader, en réalité, les automobilistes.
23:43 Sauf Xavier Horan, que personne n'a élu par prince,
23:45 c'est normal, le préfet de Paris.
23:47 Alors qu'Anne Hidalgo, quelles que soient ses compétences,
23:49 elle a été élue clairement en assumant un programme anti-voiture.
23:51 Ça a toujours été sa politique ?
23:53 - Oui, c'est son programme, elle a été élue là-dessus.
23:56 Maintenant, nous verrons dimanche la tenue de ce scrutin,
23:59 et puis nous verrons, Cécile en parlait tout à l'heure,
24:01 le taux de participation.
24:03 Il faut que les Parisiens, bien sûr, aillent voter.
24:07 Quand il y a un vote qui est ouvert,
24:10 je ne suis pas du tout de ceux qui disent qu'il ne faut pas aller voter.
24:13 Il faut se déplacer pour aller voter,
24:15 quel que soit votre mode de transport.
24:17 - Même en SUV ?
24:18 - Même en SUV, bien entendu.
24:20 Ou en vélo.
24:23 Les trottinettes, maintenant, ce n'est plus possible,
24:25 puisqu'il y a quelques mois, une votation,
24:27 justement, avec un taux de participation de 8%,
24:30 avait fait en sorte que l'Amérique de Paris
24:35 adopte la fin de ses trottinettes en libre-service.
24:38 - Précisons, en libre-service, les trottinettes.
24:41 Parce que les trottinettes qui appartiennent à monsieur et madame Tout-le-Monde,
24:43 elles peuvent toujours s'insulter.
24:44 - Il faut se déplacer, il ne faut pas laisser d'autres décider à votre place.
24:47 Le problème, c'est que, hélas, les franciliens, eux,
24:51 alors que ce sont eux les premiers impactés, finalement, par cette mesure,
24:55 en fait, n'ont pas le droit au chapitre,
24:57 et ne pourront évidemment pas voter,
24:59 puisqu'il faut être inscrit sur les listes électorales pour pouvoir le faire.
25:01 - Et les voitures électriques, Jean-Marie Bordeuil ?
25:03 - Oui, est-ce qu'on a trop misé sur l'électrique ?
25:06 Et est-ce que le marché électrique est en train de se dégonfler ?
25:08 C'est la question qu'on peut se poser,
25:09 après plusieurs informations qui n'ont pas revenu dans les dernières semaines.
25:13 D'abord, la plus récente, Renault, qui relance In Extremis
25:16 à introduire en bourse sa filiale électrique Ampère,
25:19 au dernier moment, en parlant d'un marché pas porteur.
25:22 C'est ce qu'a dit Lucas Déméau, le PDG de la marque.
25:24 D'autres informations nous sont parvenues,
25:26 des mauvaises perspectives pour Tesla, à qui tout semblait pourtant réussir.
25:30 Et puis, on a enfin ces mauvais chiffres
25:32 de l'effondrement de la demande de voitures électriques outre-Rhin, en Allemagne,
25:36 après l'abandon par le gouvernement des aides à l'achat de ces voitures électriques.
25:41 Question Xavier Horan, tous les métiers de mobiliance ou presse
25:44 sont engagés eux-mêmes dans l'électrification de leurs compétences
25:47 ou alors de leur production.
25:49 Est-ce que vous ne regrettez pas, vous aussi, de vous être lancé dans l'électrification ?
25:53 Ce n'est pas en réalité un choix, cette électrification.
25:59 Je vous rappelle simplement que tout cela est lié aux décisions qui ont été prises
26:05 et définitivement enterrinées par la Commission européenne et le Parlement européen,
26:09 d'ailleurs l'été dernier, avec une échéance qui a été fixée en 2035,
26:13 donc dans quasiment une décennie, à cette date-là,
26:18 la commercialisation des véhicules thermiques en Europe est tout bonnement interdite.
26:24 Il y a tout de même une clause de revoyure qui a été prévue pour 2026,
26:28 ce qui permet peut-être de prendre du recul par rapport à la première partie de votre question,
26:33 c'est-à-dire on verra comment le marché évolue sur l'année 2024 et 2025,
26:38 et donc d'utiliser ces données à ce moment-là, en 2026,
26:43 pour voir s'il convient ou pas de changer de braquet, d'amender un certain nombre de points ou pas.
26:49 Pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour.
26:52 Les industriels n'ont pas d'autre choix, au niveau européen et au niveau français,
26:56 que d'accélérer pour être au rendez-vous de l'échéance de 2035.
27:00 Et donc, vos garagistes, de s'adapter ?
27:02 C'est à l'ensemble d'une filière de s'adapter, sans jamais oublier le consommateur.
27:07 Le consommateur commande la filière.
27:09 Les industriels conçoivent et produisent des objets de mobilité
27:15 qui sont conformes à la réglementation, mais qui sont aussi achetés par des clients.
27:20 Ça, il ne faut jamais l'oublier.
27:22 Et il se trouve que par rapport aux objectifs qui ont été fixés en termes de réduction de CO2 à l'horizon 2035,
27:29 et plus à long terme à l'horizon 2050, pour être neutraux au niveau carbone,
27:36 la seule technologie disponible à grande échelle aujourd'hui,
27:40 et relativement accessible, on peut y revenir, c'est de fait l'électrique.
27:44 Donc tous nos œufs ont été mis aujourd'hui, j'allais dire, dans un même panier.
27:48 Il y a une compétition mondiale extraordinairement intense qui s'opère maintenant depuis des années.
27:55 Et je constate simplement, et ça c'est mon regret,
27:57 que l'Europe a pris le risque historique d'abandonner une technologie, en l'occurrence le thermique,
28:03 qu'on maîtrisait absolument parfaitement, qui avait fait notre puissance et notre rayonnement,
28:08 au profit de la technologie sur laquelle les Chinois se sont spécialisés depuis même pas une trentaine d'années,
28:14 ont une avance considérable sur nous, avec une capacité d'amortissement sur leur marché intérieur
28:20 qui n'a absolument aucun égal par rapport à ce que l'Europe et le marché français peuvent proposer.
28:27 Donc on joue complètement dans un jeu déséquilibré.
28:31 Et avec la transformation du contexte que je résumerai avec trois objectifs pour vos auditeurs.
28:40 Quand on parle de transformation au niveau de l'automobile,
28:43 il faut bien comprendre qu'elle est d'une intensité, d'une vitesse et d'une amplitude,
28:49 sans aucune comparaison dans toute l'histoire automobile.
28:52 Donc au milieu de tout ça, le marché évidemment est incertain.
28:57 Pour les acteurs économiques, c'est une pression absolument considérable qu'il faut réussir.
29:02 Et accessoirement, n'hésitez pas à s'accessoire, il faut des marges pour pouvoir financer des investissements eux-mêmes colossaux.
29:09 Quand je parle d'investissement au niveau européen, c'est de l'ordre de 300 milliards d'euros.
29:15 Et pendant ce temps-là, la Chine, elle, a commencé son offensive sur les marchés européens depuis maintenant quelques mois,
29:23 avec des chiffres qui sont assez significatifs sur le marché européen et sur le marché français.
29:29 Bien entendu, on pourra y revenir avec le bonus et un certain nombre de choses qui ont changé ces derniers mois.
29:33 Mais n'oublions jamais que celui qui est le plus perdu, c'est le client.
29:37 Ce marché automobile, vous savez, comme d'autres marchés naturellement,
29:43 il y a plusieurs choses qui ne supportent pas.
29:45 L'instabilité, l'imprévisibilité et l'illisibilité des différentes mesures.
29:51 Le débat qu'on avait précédemment sur la question des SUV fait partie d'un brouillard,
29:57 d'une réelle difficulté objective à bien apprécier ce qui est en train de se faire dans la filière automobile.
30:03 D'un mot, par rapport à l'Amérique de Paris, ce qui est dommage, c'est que la pédagogie que j'essaie de faire avec vous ce soir
30:09 aurait dû peser beaucoup plus lourd que la démagogie, que ce soit à Paris ou à Bruxelles.
30:15 - C'est 0826-300-300 Florian qui nous appelle. Vous voulez réagir sur ces voitures électriques.
30:21 - Oui, bonsoir. Je vous écoute et je voulais quand même avoir quelques éléments sur la voiture électrique,
30:29 en tout cas partager mon sentiment. Je trouve que déjà la voiture électrique, c'est une solution,
30:35 pas qu'une seule solution parce qu'on a toujours tendance à dire est-ce que la voiture électrique c'est bien ou pas bien.
30:41 En tout cas, je pense que ça peut être bien mais ce n'est pas peut-être la seule solution.
30:45 C'est peut-être dommage, effectivement, je rejoins un peu l'avis de mettre tous les autres dans le même panier.
30:49 Il y a peut-être un risque à ce niveau-là. Je voudrais aussi réagir par rapport à certains arguments
30:53 qui sont donnés par les constructeurs sur l'idée que la voiture électrique, ça peut être une solution.
30:59 Notamment quand j'entends dire qu'il y a quand même une majorité des Français qui font moins de 50 km par jour,
31:05 ou du moins que 80% de leur temps c'est moins de 50 km par jour, moi j'achète aussi une voiture pour ces 20% restants.
31:13 Moi j'ai besoin d'avoir une voiture quand j'ai envie de partir en week-end, etc. Donc là, l'électrique pourrait avoir un peu ses limites.
31:19 Et puis aussi, je voudrais faire part de mon sentiment sur l'inégalité qui existe.
31:24 Parce que c'est pareil, quand on entend les fabricants des bandes de recharge qui disent
31:29 "bah oui les bandes de recharge c'est cher de charger sa voiture mais c'est pas si cher de recharger ses soins".
31:33 Donc du coup on a une vraie inégalité entre ceux qui ont la possibilité de recharger ses soins,
31:37 notamment qui disposent de pavillons, de maisons, et ces gens qui habitent en immeuble et qui n'ont pas de parking,
31:42 qui ne peuvent pas du coup recharger chez soi.
31:44 Et enfin je voudrais quand même savoir un peu quelle est la part de l'électrique entre les entreprises qui achètent et les particuliers.
31:51 Ce sont tous ces éléments-là qui me posent la question.
31:54 Vous ne bougez pas Florian, parce qu'on est obligé de faire une petite pause.
31:57 On va répondre à toutes ces questions dans un instant, 0826 303 ans, vous les partagez bien entendu.
32:02 Ce débat avec nous, notre invité Xavier Horan, délégué général de Mobilians, on revient dans un instant.
32:08 Tellement de choses à dire sur ce secteur de l'automobile avec Xavier Horan, délégué général de Mobilians.
32:13 Jean-Marie Bordry, sur la question forcément qu'on évoquait tout à l'heure avec Florian sur ce marché de la voiture électrique,
32:22 on renvoie forcément vers Xavier Horan.
32:25 Difficile de dire "oui, effectivement la voiture électrique c'est bien et c'est pas bien", mais ça veut tout et rien dire.
32:31 Mais est-ce qu'aujourd'hui il faut quand même s'échapper et se dire qu'il faut quand même préserver des alternatives au cas où ?
32:38 Moi je pense que c'est le bon sens paysan qui parle.
32:44 C'est bien ces actualités.
32:46 Mais bien sûr qu'il faut préserver des alternatives.
32:49 Le dilemme, comme je l'évoquais tout à l'heure pour les constructeurs, c'est que la compétition est mondiale et qu'il y a une course de vitesse qui est engagée.
32:57 Avec une réglementation qui est telle qu'elle est, telle que je l'ai décrite tout à l'heure.
33:04 Donc le chrono est en marche, il faut aller très vite et puis l'objectif, il ne faut pas l'oublier,
33:10 c'est d'embarquer toute une filière sur la voie de la décarbonation pour participer très clairement à la défense de l'environnement, à la protection du climat.
33:18 Mais il y a une transition quand même entre avant et après ?
33:21 Ce qu'on oublie c'est que quand on parle de transition écologique, il y a le mot "transition".
33:24 Il faut pas l'oublier, c'est pour ça que la clause de revoyure que j'évoquais tout à l'heure est une étape importante.
33:30 Et puis je ferai une observation qui est, je trouve, assez intéressante.
33:34 Je l'ai repérée dans les communications du gouvernement chinois il y a quelques semaines.
33:39 Le ministre de l'économie chinois, en présentant le plan, la vision de Pékin à l'horizon tout de même 2060,
33:50 déclare que les carburants synthétiques font partie de la solution et que les véhicules par conséquent à explosion,
34:00 classiques, conventionnels, celles qui roulent sur nos routes, de manière ultra majoritaire dans les parcs français et européens,
34:05 resteront très longtemps une solution qu'il faut continuer à exploiter.
34:11 Et là, je trouve que vraiment on accumule les erreurs stratégiques.
34:16 D'un côté, on abandonne une technologie thermique en Europe, où on était les meilleurs en profil électrique, très bien.
34:22 Et de l'autre, nos compétiteurs, qui sont des compétiteurs de grande qualité, qu'il ne faut surtout pas sous-estimer,
34:28 eux, non seulement se servent de l'électrique pour gagner des parts de marché et bousculer les hiérarchies mondiales,
34:37 mais n'ont pas oublié la technologie du thermique et en particulier des carburants de synthèse,
34:43 alors que ces carburants de synthèse avaient fait justement un débat et polémique l'été dernier au niveau des autorités européennes.
34:49 Et la porte avait été fermée à des propositions émanant notamment des Allemands sur le sujet.
34:54 Je trouve que la stratégie n'est pas très brillante et qu'il vaudrait mieux, comme le bon sens paysan le recommanderait,
34:59 ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier.
35:01 Et c'est ce qu'on appelle en langage industriel "préserver la neutralité technologique".
35:06 Autrement dit, le législateur pose un cap, un objectif, c'est aux industriels de trouver les meilleures technologies pour pouvoir y répondre.
35:12 Parlons d'un point important. Vous dites que les Chinois ont une grande avance sur l'électrique,
35:16 mais on se pose une question parce que les véhicules européens qui rentrent en Chine ont à peu près 30% de droits de douane,
35:20 les Chinois qui rentrent en Europe ont 10% de droits de douane, alors qu'ils en ont 27,5% quand ils rentrent aux Etats-Unis.
35:26 Est-ce qu'on n'est pas vraiment naïfs ?
35:28 Je pense que l'Europe est complètement naïve, c'en est même désarmant,
35:35 alors que nous avons dans notre classe politique, tous bords confondus,
35:41 beaucoup d'élus qui n'ont jamais autant parlé de souveraineté et d'indépendance, à juste titre,
35:47 et en particulier sur une filière aussi structurante, c'est une des poutres économiques de notre continent.
35:54 Donc restaurer les conditions de notre réindustrialisation et de notre souveraineté,
35:59 ce ne sont pas des mots, ce sont des impératifs.
36:02 Ce qui se joue en fait, c'est une Europe naïve et désarmée qui est coincée entre deux continents,
36:07 automobiles, les Etats-Unis et son impérialisme,
36:12 parce que les Etats-Unis se réindustrialisent à une vitesse absolument stupéfiante,
36:17 et ont pris une compétence en particulier dans le domaine du software, qui domine à 80%,
36:23 et de l'autre il y a cette Asie, cette Chine, cet empire du milieu, bien nommé,
36:29 qui elle-même domine plus de deux tiers de la chaîne des valeurs qui sont liées aux batteries,
36:35 du raffinage jusqu'à la production.
36:38 Donc l'Europe est au milieu, cherche sa voie, une troisième voie,
36:42 en est-elle en réalité les moyens, lorsque je vois grosso modo que 80% des technologies
36:47 est dominée par les Etats-Unis, et qu'en gros 70 à 80% de la batterie, de la chaîne de valeur,
36:53 est dominée par la Chine.
36:55 Et tant que l'Europe se ressaisisse, et un vrai sursaut,
36:58 arrête avec des discours un peu romantiques,
37:01 quand on a une volonté de puissance, il faut pouvoir l'exercer,
37:05 et donc rentrer dans des relations avec nos différents partenaires commerciaux,
37:09 qui soient d'égal à égal, mais en tout cas d'ouvrir les yeux,
37:12 et ne pas continuer avec une forme d'angélisme BA,
37:15 et de constater les dégâts dans les dix ans qui viennent,
37:19 sur le plan industriel ou sur le plan de la filière des équipementiers, par exemple.
37:23 - En restant sur les pertes de compétences, je vous propose de conclure sur une note un peu plus romantique,
37:27 pour les amoureux de la voiture.
37:29 On parle auto avec Jean-Luc Moreau et Laurence Perrault,
37:31 ils seront en direct du salon Retromobile, qui est lié en ce moment à Paris,
37:34 c'est le salon qui expose toutes les voitures de collection, des voitures de James Bond,
37:38 comme votre vieille Doge, c'est absolument magnifique.
37:41 - Pourquoi me regarder quand vous dites "c'est la vieille Doge" ?
37:43 - Alors non, je vous regardais quand je parlais de la voiture de collection, ceci.
37:46 Quoi qu'il en soit, cette semaine le Premier ministre Gabriel Attal a parlé des difficultés de recrutement
37:50 dans les très petites entreprises, ce sont aussi vos adhérents.
37:53 Lorsqu'on demande aux spécialistes, aux amoureux des voitures de collection,
37:57 Dieu sait si il y en a en France, il vous explique qu'on trouve de moins en moins d'ébénistes,
38:01 par exemple de carrossiers au sens noble du terme,
38:05 celui qui, à partir d'une tôle, vous refait une aile d'une vieille traction, par exemple.
38:10 Est-ce que vos métiers ont du mal à recruter ces artisans, voire ces artistes ?
38:16 - Artistes, oui.
38:18 Je vais prendre deux chiffres.
38:21 Les métiers que Mobilance représente ont progressé en termes d'emploi de l'ordre de 3% par an depuis 10 ans,
38:30 pendant que notre industrie automobile, hélas, décroissait en termes d'emploi de 3% par an depuis ces 10 dernières années.
38:37 Donc il est temps de se ressaisir, parce que c'est toute une filière qui doit incarner un nouveau récit,
38:41 et qui doit montrer qu'elle est positive, qu'elle est capable de relever un challenge
38:45 qui est aussi intense que celui que j'expliquais tout à l'heure.
38:48 Alors des salons comme celui de Rétromobile, ils sont exceptionnels.
38:51 Moi je conseille à vos auditeurs d'y aller.
38:53 - Je ne sais pas aller à des merveilles dans le nord de Versailles.
38:56 - Ils vont voir une chose très simple.
38:58 L'automobile fait partie de notre patrimoine.
39:00 Ça fait partie de nos gènes, de nos savoir-faire,
39:03 et de ce goût de transmettre ce savoir-faire dans plus de 170 000 entreprises que Mobilance représente.
39:09 C'est quelque chose d'absolument exceptionnel.
39:11 En revanche, moi je ne me résous pas à ce que l'automobile, ça soit un sujet pour les musées.
39:18 Notre patrimoine c'est bien, le défi c'est de se projeter dans l'avenir.
39:22 - Et qu'il soit vivant.
39:23 - Et qu'il soit vivant. C'est ça aussi qui se joue.
39:26 Et moi je pense à cette France, celle qui va visiter Rétromobile,
39:31 et qui est très présente dans tous les salons régionaux en France tous les week-ends.
39:36 C'est une France, vous savez, elle a besoin, elle aime bien la liberté de se déplacer.
39:42 Elle aime bien ces objets technologiques qui ont évolué de manière absolument considérable
39:48 sur ces 50 ou ce dernier siècle.
39:51 Et elle est très attentive à ce qui est en train de se passer.
39:54 Et cette France-là, elle est discrète, elle ne milite pas beaucoup,
39:58 mais elle fait très attention à ses questions de mobilité, et elle a raison.
40:01 Parce que l'automobile et la mobilité, ce sont des vecteurs de stabilité de notre société.
40:05 Et ça je pense que nos élus, qu'ils soient à Paris ou ailleurs,
40:09 ils ne devraient pas l'oublier, ils devraient y réfléchir.
40:12 Je les invite à visiter Rétromobile.
40:14 - Voilà, ce sera le mot de la fin. Merci mille fois Xavier Roland d'avoir été avec nous.
40:17 - Merci à vous.
40:18 - Délégué général de Mobilien, on se remercie aussi à Patrick Roger d'avoir été là.
40:22 Merci beaucoup Jean-Marie Bordré.
40:24 - Merci Jean-Marie, plaisir.
40:25 - Merci à vous trois.
40:26 - Merci à votre équipe, à notre équipe formidable des vrais voix.
40:30 Philippe David, on se retrouve demain.
40:32 - Demain à 17h, tout de suite Sud Radio à votre service.
40:35 Et juste après le flash, vous retrouverez l'essentiel de Sud Radio en 60 minutes.
40:40 A demain 17h.
40:41 - Passez une bonne soirée, salut, à demain.