Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 [Musique]
00:03 Alors l'ameublement, c'est un contestablement, c'est un secteur qui est en difficulté, pourquoi ?
00:08 Eh bien figurez-vous William, c'est assez difficile.
00:11 Le dernier en date, vous savez en décembre, la fameuse enseigne iconique Habitat a malheureusement fermé ses portes.
00:17 C'est une enseigne qui avait été créée dans les années 60
00:20 et qui finalement a été connue pour essayer de donner accès à des meubles design, finalement pas très très chers.
00:28 Eh bien cette enseigne a mis la clé sous la porte.
00:31 Alors on imagine ici que c'est plutôt des problèmes de gestion,
00:34 les dirigeants qui ont fermé l'enseigne ont dit que depuis qu'ils l'avaient racheté,
00:38 elle n'avait jamais gagné d'argent, mais néanmoins cette enseigne a fermé,
00:42 elle avait une part de cœur importante, elle a fini par fermer.
00:45 Avec plus de 300 salariés et 25 magasins qui ont fini par fermer.
00:50 Et je veux aussi préciser un autre point aussi parce que c'est assez terrible pour un certain nombre de consommateurs,
00:54 c'est qu'il y a plus de 9 millions d'euros de commandes de fin d'année qui n'ont pas pu être honorées.
00:58 Ça veut dire que les clients ont commandé des produits, c'est fini.
01:03 Alors là c'est fini.
01:04 - Ils ont commandé.
01:05 - Alors il faut savoir William que malheureusement dans le secteur de labellement,
01:09 il y a d'autres enseignes qui sont en difficulté.
01:12 En 2022, MAD, je ne sais pas si vous connaissez cette enseigne, MADE, en tous les cas a mis la clé sous la porte.
01:18 Ensuite Maison du Monde, aujourd'hui, ne va pas très bien.
01:21 - On voit les céser prix, Maison du Monde, les plus puissants.
01:23 - Mais c'est la fameuse, c'est vrai que c'est un peu difficile.
01:26 - Il faut s'adapter au marché, il faut baisser les prix.
01:28 - Alors baisser les prix, mais après c'est toujours, non seulement ce que ça coûte,
01:32 et puis si vous vendez moins, vous êtes obligés d'augmenter les prix.
01:34 Moins vous vendez, plus vous vendez cher, c'est toujours ça.
01:37 Et puis enfin Alinea, aussi Alinea qui a racheté une enseigne qui s'appelle Zodio,
01:41 mais aussi qui a du mal à trouver son positionnement.
01:43 - Mais à l'origine quand vous parliez d'habitat, ça me fait penser, c'est cet anglais Conrad, Lord Conrad.
01:49 - Exactement, vous avez Terence Conrad qui avait lancé ce...
01:52 - Terence Conrad c'est un génie ce type.
01:53 - C'était absolument un génie.
01:54 - Il a monté Conrad Champ après.
01:55 - Exactement, il a d'abord vendu Habitat, et puis avec l'argent de la vente, il a monté Conrad Champ.
02:00 Lui en revanche, il a monté au bon moment, vendu au bon moment, et remonté une enseigne au bon moment.
02:04 - Et là ça s'est écroulé aussi, Conrad Champ.
02:06 - Ah bah oui, pareil, il a vendu aussi, pareil, on a tendance à dire.
02:10 Là pareil, pour d'autres raisons, mais vous savez souvent ces enseignes-là,
02:13 elles naissent avec des visionnaires qui voient les tendances, qui voient les marchés,
02:19 qui comprennent les attentes, aussi bien en termes de prix qu'en créativité.
02:22 Et parfois pour prendre le relais derrière, c'est parfois difficile.
02:25 - Bon, mauvaise gestion donc, mais il n'y a pas d'autres raisons ?
02:29 - Alors si, il y en a certaines.
02:31 Il faut savoir que le secteur d'amoblement, il a été confronté à une logique de très forte croissance,
02:36 puis après ça s'est fortement ralenti.
02:38 Premier point, c'est le Covid, on s'en souvient.
02:41 - Oui, tout le monde achetait des trucs démodables.
02:43 - Tout le monde restait chez soi, il y a passé des journées chez soi,
02:46 on disait "je commence à en avoir marre de voir ce canapé, il me fatigue".
02:49 Donc on a été très nombreux à renouveler ces modèles.
02:53 Puis après en 2022, la crise est arrivée, ça a été un peu plus compliqué.
02:56 - Tu ne changes pas de table, après 5 minutes, tu es avec ce que tu as.
02:59 - Alors ça c'est un autre point, et tu as raison de le souligner,
03:01 c'est-à-dire qu'en effet c'est un secteur où quand on a fait ses achats,
03:04 on va mettre du temps à les renouveler,
03:06 ou encore, lorsqu'on est en tension sur le pouvoir d'achat, ce qui est le cas,
03:10 53% des Français déclarent que finalement c'est quelque chose sur lequel ils vont rogner,
03:16 et bien on dit "bon attend, le canapé, je vais le garder un an de plus,
03:19 ou 6 mois de plus", et bien ça, ça ralentit le système.
03:23 Et puis donc en effet, j'allais dire, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel.
03:27 Et dernier élément qu'il faut souligner, c'est important,
03:30 c'est qu'en France, vous avez vu, nous traversons aussi une crise immobilière,
03:34 c'est-à-dire qu'il y a de moins en moins de programmes immobiliers,
03:37 et finalement souvent on achète des meubles quand on déménage,
03:40 alors quand on déménage moins et qu'il y a un ralentissement du marché immobilier,
03:43 et bien là aussi, encore une bonne raison pour faire ralentir tout ça.
03:46 Donc nous, quand on voit des situations aussi catastrophiques que ça,
03:49 qu'est-ce qu'on fait ? On enquête !
03:52 Exactement, on est allé sur le terrain, Anthony, bravo !
03:55 On est allé poser la question à un des leaders de l'ameublement,
03:58 regardez ce reportage, on se retrouve tout de suite après.
04:01 Je ne vais pas tourner. Ils sont forts à la télé.
04:08 Pour diverses raisons, un, le contexte économique anxiogène post-Covid, on va dire.
04:14 Deux, l'inflation. Les prix, sans exception, ont augmenté,
04:18 donc le coût du transport, le coût de l'énergie, le coût des matières premières.
04:21 Nous ne sommes pas un produit de consommation d'urgence.
04:24 Le canapé, voire saliterie ou un meuble, c'est une notion de confort,
04:29 et effectivement, ce n'est pas un choix numéro un,
04:31 et l'arbitrage ne fait pas forcément nos faveurs toujours.
04:34 La crise immobilière, il est annoncé un recul de 20% des mises en chantier en 2023,
04:44 donc ça veut dire 20% de transactions en moins,
04:47 ça veut dire 20% de déménagement en moins, ça veut dire 20% d'équipement en moins,
04:52 et donc ça impacte directement les activités qui sont les nôtres.
04:54 Il faut aller chercher le consommateur au plus près,
05:01 et au plus près c'est chez lui, au travers des outils digitaux,
05:04 en l'occurrence Internet, mais aussi les réseaux sociaux.
05:07 On peut tout acheter sur le net, sauf qu'à un moment donné, il faut se rassurer.
05:11 Et quoi de mieux que de se rassurer en touchant le produit, en l'essayant,
05:14 et donc nous réfléchissons à aller plus proche du centre-ville, avec des surfaces plus petites.
05:19 La baisse de fréquentation, ça s'explique aussi par le prix des meubles.
05:28 Eh oui, le prix des meubles a augmenté, d'abord parce que souvent ces meubles sont faits en…
05:33 - Bois. - En bois, bravo William, merci !
05:37 - Et moi, ne me laissez pas finir les phrases, parce que je dis de la pitié à chaque fois.
05:41 - Ils sont faits en bois, alors ce qu'il faut comprendre, c'est que le prix du bois a malheureusement augmenté.
05:46 Et puis un élément aussi qu'on a tendance à mettre de côté,
05:48 c'est que le coût des transports impacte particulièrement le marché du meuble,
05:51 pour une raison très simple, c'est que c'est très volumineux.
05:54 Lorsque vous vendez des clous ou des vis, le coût du transport n'est pas énorme,
05:58 puisque vous pouvez mettre des milliards de vis dans un camion.
06:01 Là, en revanche, les meubles, le coût du transport s'impacte tout de suite,
06:03 et souvent ces meubles viennent de loin, et donc en effet, le transport ayant cet élément-là.
06:08 C'est ce qui s'est passé d'ailleurs, on a vu sur des grandes enseignes comme Ikea,
06:12 qui est un des leaders dans ce marché-là, finalement ces prix ont augmenté.
06:16 Là, ils annoncent qu'ils seraient en mesure de pouvoir baisser certains prix,
06:19 ce qui serait quand même une bonne nouvelle pour nous au niveau de notre porte-monnaie.
06:23 – Vous avez raison de parler de la crise économique,
06:25 celle-là, elle touche tout le monde, mais il y a aussi des changements d'habitude.
06:28 Chez nous, là, les consommateurs, avant et tout.
06:30 – Oui, pour une raison très simple, c'est qu'auparavant, dans ce marché du meuble,
06:35 et un des professionnels de ce marché me le disait,
06:38 il y a 10 ou 15 ans, acheter des meubles, ça voulait d'abord dire visiter des magasins de meubles.
06:43 Donc il y avait beaucoup de fréquentations, on allait pour essayer de…
06:46 Aujourd'hui, bien sûr, avec Internet et le digital,
06:49 on a la possibilité finalement de faire tout ça à distance,
06:52 donc du coup, on va un peu moins dans les magasins,
06:55 donc on est un peu moins tenté d'acheter peut-être des produits de décoration
06:58 ou d'ameublement qu'on n'avait pas forcément prévu d'acheter,
07:01 et bien là encore, on a une baisse, entre guillemets, de fréquentation.
07:05 Et puis, un autre élément aussi qui est très important,
07:08 c'est que c'est un marché qui est aussi particulièrement percuté par le second de main,
07:12 ce qu'on appelle les achats d'occasion.
07:14 Ben oui, il y a de plus en plus de Français qui, pour des raisons à la fois économiques
07:18 et puis aussi environnementales, ont tendance à se tourner vers ce nouveau marché.
07:22 Et bien, figurez-vous que c'est la Fédération, l'Institut de la prospective des études de l'ameublement
07:27 qui nous éclaire que déjà 10% de ce marché seraient des achats des meubles d'occasion.
07:32 C'est pour ça que des sites comme Le Bon Coin, par exemple,
07:35 ou encore Célensi se développent énormément, où on n'achète que des produits d'occasion.
07:40 Mais les magasins n'ont pas dit leur dernier mot, puisque IKEA, on en parlait tout à l'heure,
07:44 a monté des petits corners, vous savez, dans lesquels...
07:47 – Dans les villes. – Voilà, exactement.
07:49 – Mais je pense que désormais, mais ça vous le savez mieux que moi,
07:51 il y aura des grandes enseignes où il n'y aura que de la seconde main.
07:54 – Alors exactement, ça ne sera que de la seconde main, ça commence à exister.
07:57 Maisons du monde, dont on parlait, ils ont commencé à fabriquer ce système-là.
08:02 Mais si tenter qu'on fabrique des meubles qui sont capables de se revendre.
08:06 – Ah !
08:07 – Ça c'est un point aussi important.
08:09 – Bon. – Et voilà.
08:10 [Musique]