Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00La starification de chefs en France aujourd'hui, je suis d'accord avec vous, ça a pris une
00:09dimension exceptionnelle, mais ça ne date pas d'hier, vous avez raison.
00:11Est-ce que vous vous souvenez de Raymond Oliver à l'époque et de son accent rocailleux,
00:16il y a eu Maïténa ? Maïté ? Maïté, son acolyte, comment elle s'appelle son acolyte ?
00:22On va en parler.
00:23Bon, c'est vrai que ce n'est pas nouveau ça, d'accord ?
00:26Non, ce n'est pas nouveau.
00:27Alors Olivier, ce qu'il faut quand même reconnaître, ce n'est pas à vous que je vais raconter ça,
00:30c'est la télé qui a popularisé et rendu célèbres ces grands chefs.
00:35Alors les émissions, c'est Masterchef, Top Chef, bien sûr, Le Meilleur Pâtissier,
00:39qui ont permis de faire connaître, et qui ont même Télématin, parce qu'il y avait
00:43à l'époque aussi des chefs qui intervenaient.
00:45Il y en avait.
00:46Il y avait Vincent Fergniaud qui était là presque tous les jours.
00:50Exactement, et donc du coup, la télé a fortement aidé à transformer ces grands
00:55chefs en cuisine à des stars de la casserole et ça marche assez bien.
00:58Alors ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au départ, les chefs, c'était finalement une
01:03entité assez discrète dans le restaurant.
01:06Ils étaient plutôt en retrait.
01:07On les voyait rarement.
01:08Ils étaient souvent dans une zone un peu sombre.
01:10Et je vais vous raconter un petit peu d'histoire parce que vous savez que le chef des chefs,
01:14le plus grand chef qui a été le premier grand chef français, il s'appelle Antonin Carême.
01:19Au début du 19e siècle, c'est Antonin Carême qu'on appelait le chef des rois,
01:25parce qu'en fait, il était chef.
01:26Et le roi des chefs.
01:27Et le roi des chefs, exactement, disait, eh bien, c'est le charbon qui nous tue parce
01:30que les cuisines étaient tellement mal aérées, tellement difficiles, qu'il considérait
01:34que ça les a tuées.
01:35Et finalement, il faut attendre le début du 20e siècle pour voir commencer à apparaître
01:40une reconnaissance du métier de chef.
01:42D'abord, en 1924, lorsqu'on a créé la catégorie Meilleur Ouvrier de France au niveau
01:47des chefs cuisiniers.
01:48Donc, ça, c'était le début.
01:49Et puis, enfin, dans l'apparition extrêmement célèbre en 1930 du premier guide Michelin
01:55qui a fabriqué et distribué ces fameuses étoiles tant attendues.
01:59Souvenez-vous aussi, on parlait du CAP de cuisine qui, finalement, n'était pas forcément
02:05très valorisé, alors qu'aujourd'hui, c'est quelque chose qui est bien plus valorisé.
02:10On dit, eh bien, là, voilà une filière.
02:12Il aura au moins un beau métier.
02:13À déboucher.
02:14Voilà, exactement.
02:15Et c'est dans les années 50, roulement de tambour, qu'arrive la télé.
02:18D'accord.
02:19Alors là, les programmes de télé, c'est très lié à la réussite de ces chefs.
02:24À la réussite, à la réussite.
02:25Alors, vous en avez tous un peu.
02:26Franchement, je les ai vus arriver dans les années 70, moi.
02:28Exactement.
02:29Alors, ça commence en 1954 avec une émission extraordinaire qui s'appelle Art et Magie
02:33de la Cuisine.
02:34Ah oui.
02:35Catherine Langeais.
02:36Avec Raymond Oliver.
02:37Raymond Oliver.
02:38Et puis, la speaking des speaking.
02:39Catherine Langeais.
02:40Catherine Langeais.
02:41Parfait.
02:42Absolument.
02:43C'est absolument génial.
02:45C'est clair.
02:46Vous allez voir.
02:47Alors, je vous propose un petit extrait suranné et savoureux.
02:52On écoute cette émission.
02:53Art et Magie de la Cuisine.
02:55On n'a pas.
02:56On m'explique qu'on ne l'a pas.
02:57Je ne vais pas vous mimer.
02:58Mais en tous les cas.
02:59Je peux faire maïté si vous voulez.
03:00Un peu de ciboulette.
03:01Justement, on y vient.
03:02Alors, ça, c'est maïté.
03:03Mais sinon, Catherine.
03:04Avec Catherine Langeais.
03:05C'est le cousin de Jean Lassalle.
03:06Autre élément.
03:07Autre élément, bien sûr.
03:08Autre programme.
03:09La cuisine.
03:10La cuisine.
03:11C'était génial.
03:12C'est absolument incroyable.
03:13On se souvient.
03:14Quand elle cuisinait les hortelans.
03:15On se souvient.
03:16Les anguilles.
03:17Les anguilles.
03:18Exactement.
03:19Et puis, enfin.
03:20On a vu arriver une autre émission.
03:21Qui s'appelait.
03:22Cuisiner comme un chef.
03:23Et bon appétit.
03:24Bien sûr.
03:25Là.
03:26Avec le très grand.
03:27Le très grand.
03:28Le très grand.
03:29Le très grand.
03:30C'est ça.
03:31C'est ça.
03:32C'est ça.
03:33C'est ça.
03:34C'est ça.
03:35C'est ça.
03:36C'est ça.
03:37C'est ça.
03:38C'est ça.
03:39C'est ça.
03:40C'est ça.
03:41C'est ça.
03:42Et bien là.
03:43Avec ça.
03:44Avec le très grand.
03:45Je vois que vous l'avez Rockuneo.
03:46rébouchant je vois que vous l'avez Rocuneo.
03:47Mais c'était véritablement.
03:48Mais c'était véritablement.
03:49dans les années 2000.
03:50Dans les années 2000.
03:51qu'on voit explorer la popularisation.
03:52qu'on voit explorer la popularisation.
03:53Explosées oui.
03:54Vraiment.
03:55vraiment exploser.
03:56Explosées oui.
03:57CaWe la télé réalité.
03:58Et ça, c'est ça.
03:59A vraiment très très bien marché.
04:00Ça a vraiment très bien marché.
04:01Avec.
04:02Et avec.
04:03Finalement on a commencé.
04:04C'est Top Chef qui, depuis 15 ans, quand même,
04:06c'est 15 saisons successives de Top Chef
04:08qui rassemblent des millions de téléspectateurs
04:12autour de ces chefs et puis qui deviennent des véritables vedettes de la télé.
04:16– Oui, mais alors, quand on est chef, maintenant,
04:18ils ont des attachés de presse, c'est-à-dire qu'il faut qu'ils soient,
04:21comme on dit en bon français, « bankables »,
04:23c'est-à-dire qu'il faut qu'ils rapportent un peu.
04:26Et donc, il y a des industriels qui misent sur eux,
04:28mais ils produisent des marques.
04:29– Alors, il y a des industriels, exactement, vous avez raison,
04:31il ne suffit pas d'être créatif pour percer,
04:34il faut aussi être très connecté avec les réseaux sociaux.
04:37Et c'est vrai qu'un seul passage à l'émission Top Chef,
04:39si vous arrivez à vraiment flirter sur le sujet,
04:42eh bien, vous allez avoir, créer votre audience,
04:44pouvoir ouvrir 1, 2, 3 restaurants, parfois même dans le monde entier.
04:48Figurez-vous qu'il y a une agence qui est spécialisée là-dedans,
04:51qui a classé quels sont les chefs les plus bankables.
04:54Alors, le premier des premiers...
04:55– Jay West ? – Non.
04:57– Cyril ? – Oui, le premier, c'est Cyril Lignac.
05:00Figurez-vous que derrière, on va trouver Paul Bocuse et Joël Robuchon,
05:04qui sont décédés, mais qui sont encore fortement bankables.
05:07Leur nom, et ce qu'ils évoquent, bien sûr, est bankable.
05:10Et puis après, on va trouver dans l'ordre Alain Ducasse,
05:12Philippe Echebes, Thierry Marx, Jean-François Piège, Hélène Darrose.
05:16La moitié des chefs que je viens de vous citer
05:18sont passés dans l'émission culte d'M6.
05:22Suite logique, c'est ce que vous évoquiez, William,
05:25eh bien, quand vous avez cette aura, ce public, cette valeur,
05:28eh bien, les marques, elles ont envie de s'associer.
05:30– Quand vous faites vendre.
05:31– Exactement, parce que ça fait vendre.
05:33Et c'est à ce jour, il y a un certain nombre de collaborations incroyables
05:36avec Picard, Carrefour, Findus, Lidl,
05:40toutes des marques qui ont voulu associer leur nom à ces grands chefs,
05:43parce que ça a énormément de valeur.
05:46Et ça peut rapporter gros.
05:47Souvenez-vous, l'année dernière, je ne sais pas si vous vous en souvenez,
05:50c'est Michel Saran, qui s'était associé avec une fameuse chaîne de fast-food
05:56qui est Burger King, et là, qui a fait quand même grand tabac
06:00et même fortement polémique.
06:02Donc, quand on regarde ce sujet-là, nous sommes allés, oui, enquêter,
06:07demander conseil pour venir décrypter avec nous ce business des chefs.
06:11Je vous demande d'écouter l'interview d'Emmanuel Rubin,
06:14chroniqueur culinaire, qui va nous éclairer sur les dessous de ce business.
06:20– Le monde de l'agroalimentaire et des grands chefs
06:24apparaît à partir du moment où les grands chefs deviennent des stars.
06:27C'est l'époque de Bocuse, qui, lui, ne se commettra pas trop dans l'affaire.
06:31Mais certains chefs vont y aller dans les années 70,
06:34notamment un qui s'appelle Michel Guérard, qui disparu récemment.
06:37Alors, lui, à l'époque, je crois, je pense qu'il est sincère.
06:40Alors, souvent, pour nous vendre cette collaboration
06:44entre grands chefs de la gastronomie et grandes marques
06:47de l'industrie agroalimentaire, on nous dit qu'ils travaillent
06:50de manière très consciencieuse.
06:51Le problème, c'est qu'en 2024, il n'y a aucune transparence,
06:54ce qui est quand même un problème.
06:55Il y a un double discours, il y a quelque chose qui ne va pas.
06:58On ne peut pas remettre mille fois sur le métier son ouvrage
07:02dans des restaurants très étoilés, très chers,
07:05mais certainement très justifiés, et le lendemain, nous dire tout l'inverse
07:09et nous vendre leurs talents en barquettes sous vide et précongelés.
07:14C'est du prêt-à-mâcher et ce n'est pas glorieux.
07:17Je ne crois pas à cette histoire-là.
07:19Je trouve que ça fait un petit moment que ça dure.
07:21J'espère que le public ne sera pas dupe,
07:23que chacun reste à sa place, il sera bien mieux.
07:27Burkus a été, de cette époque-là, le plus connu, mais dans le monde entier.
07:32Monsieur Paul, on l'appelle.
07:33Oui, Monsieur Paul, toujours.
07:34Certains chefs, ils font que ça, quasiment.
07:37Il y a des grands businessmen qui arrivent à faire beaucoup d'apparitions.
07:42Je ne cite qu'un seul parce que je le trouve extraordinaire,
07:45c'est Thierry Marx, parce que lui, je vais vous citer
07:48quelques-unes de ses collaborations.
07:50Barilla, Badoit, 3 Suisses, Samsung, Habita, Lidl, Uber Eats, Picard, SNCF.
07:55Oui, mais lui, il explique pourquoi il fait ça.
07:57Exactement, William, vous avez raison.
07:59Thierry Marx, quand on lui pose la question
08:00« Pourquoi autant de collaborations ? », il dit « Ecoutez,
08:03cet argent me sert à financer d'autres choses.
08:06Je ne vis pas d'amont et d'eau fraîche. »
08:07Il a bien raison.
08:08Et vous savez que Thierry Marx investit énormément dans la cuisine pour tous
08:12et surtout la cuisine en insertion sociale.
08:14Donc, merci Thierry Marx qui aide finalement...
08:17Il aide beaucoup de petits gars qui n'ont pas de métier à les former.
08:22Mais le business va même plus loin,
08:23parce que maintenant, il y a les maisons de luxe qui s'arrachent.
08:25Alors exactement, il y a de plus en plus.
08:27On arrive à associer à la fois Carrefour à la Maison Dior.
08:31On se dit « Mais comment c'est possible ? ».
08:32Eh bien, il y a un grand écart que les chefs arrivent à réaliser.
08:36Si vous prenez par exemple Jean Imbert, qui aujourd'hui est photographié.
08:39J'ai retrouvé ça à côté de Beyoncé, Marron Cotillard,
08:42Kylian Mbappé ou Robert De Niro.
08:44Vous voyez que c'est vraiment, vraiment une super star ce Jean Imbert.
08:48Eh bien, ils veulent être avec lui et les marques veulent s'associer avec lui.
08:52Autre exemple, le pâtissier Cédric Grolet.
08:54– Oui, bien sûr.
08:55– Vous savez, au Meurice, qui fait ses pâtisseries
08:57qui sont en trompe-l'œil absolument incroyables.
08:59Et j'ai trouvé cette pâtisserie,
09:00je ne sais pas si on va pouvoir l'avoir à l'antenne.
09:02C'est une pâtisserie qui est autour du pop-corn.
09:04C'est incroyable.
09:05Alors cette pâtisserie, elle est géniale
09:07parce qu'il va faire un trompe-l'œil de pop-corn.
09:09Ce n'est pas gratuit, c'est quand même 60 euros le pop-corn,
09:12mais au global de ça, oui, c'est pour 6.
09:15C'est pour 6, mais ça fait que le pop-corn est un peu cher.
09:17Mais vous allez voir, comme c'est absolument délicieux,
09:21le travail est énorme et j'ai hâte de le goûter.
09:24– Non, mais je vous signale que c'est à l'Opéra qu'il a son…
09:28– Oui, il y a un mur.
09:29– Dans la rue ?
09:30– Ah oui.
09:30– Ah, mais c'est 300 mètres de queue, là.
09:32– C'est incroyable, oui, c'est incroyable.
09:33Et voilà, et après il fait ça, c'est absolument magnifique.
09:37Et ensuite, après, je voulais vous dire,
09:39il y a une autre collaboration qu'on a parfois,
09:41c'est, vous savez qu'aujourd'hui, on ne dit plus
09:43« je vais dîner au Plaza Etene », mais on dit « on va chez Jean Imbert ».
09:47Ça veut dire que finalement, le chef a pris le pas
09:50sur les grands hôtels parisiens, le chef est devenu l'emblème de la marque
09:55et c'est la raison pour laquelle vous avez de plus en plus de collaborations.
09:57Pourquoi ? Parce que ces chefs ont une image, ici, d'excellence,
10:02de savoir-faire à la française, de don de soi,
10:06qui finalement, dans lesquelles les marques ont envie de s'associer avec eux,
10:10pour arriver à fabriquer une alchimie.
10:12– Alors, je me suis demandé s'il y avait, dans d'autres pays, un tel phénomène.
10:16– Non, alors…
10:16– En Italie ou…
10:17– Aux Etats-Unis, non ?
10:18– Alors, non, alors, ces émissions existent,
10:21mais pas à ce point-là de starification, parce qu'au global, aussi, nos chefs…
10:25– Non, mais par contre, nos chefs sont des stars aux Etats-Unis.
10:27– Exactement, c'est ça que je voulais expliquer.
10:29Alain Ducasse a été un des premiers à s'internationaliser,
10:33Joël Robuchon, M. Paul, que j'ai eu la chance de croiser une fois dans ma vie,
10:38Paul Bocuse, et je dois vous avouer que c'était assez émouvant.
10:41– Nous, on inventait n'importe quoi pour aller faire des reportages.
10:44– Ah, bien sûr !
10:45– À Colonge, on m'entendait dire, il faut aller voir M. Paul,
10:48parce qu'il y a des choses nouvelles.
10:49Pas du tout.
10:50– Tellement gentil, tellement généreux.
10:52– Et nous faisions visiter tout son truc, sa voiture par laquelle il allait à la chasse,
10:56c'était une Toyota, si je me souviens bien,
10:59et un jour, dans la salle, il y avait M. Toyota.
11:02– Qui était là.
11:03– Et il paraît que le type sort, il dit, mais vous avez un vieux modèle,
11:06il dit, c'est de votre faute, elles sont vraiment tellement costaudes,
11:09que je les ai gardées.
11:10Et il avait mille anecdotes comme ça.
11:13Bon, c'est fini ? On s'en va ?
11:14– Oui, je crois.
11:14– On pourrait rester, on a plein de choses à vous raconter encore.
11:17– Ça me fait plaisir, pareil.
11:18– Alors du coup, on revient demain.