• il y a 10 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00 Un peu plus de 19 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers.
00:05 Philippe Devilliers, bonsoir.
00:06 Bonsoir Eliott, bonsoir Geoffroy.
00:07 Geoffroy Lejeune est présent bien sûr, directeur de la rédaction du journal du dimanche.
00:11 On reste sur cette mobilisation agricole et c'est pour ça, pour la première fois depuis le début de la saison,
00:19 on a proposé à Paul Mongenot, qui est agriculteur de la coordination rurale, d'être présent pour les premières minutes de l'émission.
00:29 Merci d'être avec nous Paul.
00:32 Restons sur cette mobilisation, je le disais, agricole avec un enjeu majeur.
00:37 Gabriel Attal qui a donc pris la parole en haute garonne.
00:42 Je vous propose de l'écouter et je vais vous demander très rapidement, est-ce que vous l'avez trouvé convaincant ou non ?
00:48 On écoute Gabriel Attal.
00:50 Il faut savoir se parler.
00:52 Je le dis, il y a des colères saines, mais il n'y a aucune violence justifiée.
00:59 Moi ce que je veux c'est déverrouiller, libérer, simplifier et laisser nos agriculteurs respirer.
01:05 Au fond ce qu'on va faire ensemble c'est produire et protéger.
01:09 Produire, j'assume aussi ce mot, parce que tous ceux qui expliquent aux français qu'on peut être une nation, un pays plus fort en produisant moins,
01:17 ils mentent aux français.
01:19 On va lancer ces trois prochaines semaines ici au salon un mois de la simplification.
01:24 Et donc partout en France, il va se passer ce qui s'est passé dans ce département.
01:28 Les préfets vont réunir nos agriculteurs, leurs représentants pour regarder,
01:32 arrêté préfectoral après arrêté préfectoral, norme après norme, ce qu'on peut simplifier.
01:36 Il y a des agriculteurs, des éleveurs qui attendent ce que je vais vous dire aujourd'hui,
01:41 parce que tout le monde, je crois, a envie de pouvoir avancer aujourd'hui.
01:44 Et continuer à se parler, savoir mettre l'agriculture au-dessus de tout, au-dessus de tout le reste.
01:51 Voilà ce que notre présence veut dire aujourd'hui avec mes deux ministres, Marc Fesneau et Christophe Béchut.
01:58 – Philippe Devilliers, est-ce que Gabriel Aétal a été convaincant ?
02:02 – Quand j'étais jeune secrétaire d'État, je me souviens de certains hommes politiques,
02:12 comme Charles Pascua et Jacques Chirac, qui nous disaient
02:16 "quand vous ne pouvez pas mettre la chose, prononcez les mots".
02:20 Prononcez les mots, faute de mettre la chose.
02:24 Et donc j'ai trouvé admirable le discours sur la botte de paille.
02:32 Tous les mots sont là.
02:34 C'est un professionnel de la communication comme on en a peu vu sous la Vème République.
02:41 Indépendance, souveraineté, il y va.
02:45 On a l'impression que le pauvre commissaire Canfin,
02:49 celui qui est en train de voir éradiquer l'agriculture européenne, est ex-communié.
02:58 En fait, si vous voulez, je peux résumer les choses de la manière suivante.
03:04 Vous avez un blessé au bord de la route qui souffre d'une hémorragie, qui perd son sang.
03:10 Et Gabriel Aétal apporte des cachets d'aspirine.
03:14 En d'autres termes, il a annoncé des mesures préfectorales et sous-préfectorales
03:23 pour accélérer les dossiers.
03:25 Il répond à une partie, ce faisant, de la surtransposition,
03:31 des problèmes posés par la surtransposition.
03:34 Mais il ne peut pas aller plus loin parce que la surtransposition,
03:37 c'est la transposition de règles européennes et il ne touche pas au cadre.
03:44 Et quand je dis il ne touche pas au cadre,
03:46 ça veut dire qu'il ne touche pas aux deux questions fondamentales.
03:48 C'est comment on protège l'agriculture française
03:52 et comment on la met à l'abri des Khmers Verts,
03:58 qui veulent la détruire avec des mesures écologiques insensées.
04:03 Par exemple, on va être très concret,
04:06 il n'a pas parlé de l'accord avec la Nouvelle-Zélande sur l'agneau,
04:09 il n'a pas parlé de l'accord avec l'Ukraine.
04:14 Et il nous a dit, il n'est pas question que la France signe le traité du Mercosur,
04:20 mais il feint d'ignorer ce que sur ce plateau Pierre Lelouch,
04:26 qui est un homme avisé, a dit récemment,
04:29 et que les gens qui connaissent ne peuvent pas ignorer,
04:34 c'est qu'on a donné tous les pouvoirs à la Commission de Bruxelles,
04:38 et notamment celui-là, la compétence en matière de négociation internationale,
04:42 elle est fédéralisée, et donc on n'y peut plus rien, c'est fini,
04:47 on n'a plus les manettes.
04:48 En d'autres termes, la politique agricole de la France,
04:53 elle est décidée à Bruxelles.
04:55 Donc on ne peut qu'arrêter des petites mesurettes
04:59 que Bruxelles veut nous imposer,
05:01 mais on ne peut pas aller au-delà,
05:03 c'est-à-dire revoir le cadre.
05:05 Qu'est-ce qu'il faudrait faire en fait ?
05:07 Il faudrait faire ce qui a été proposé aux États-Unis,
05:14 plus aucune norme,
05:15 on laisse les entrepreneurs comme n'importe quelle autre entreprise,
05:19 voilà pour la surtransposition,
05:21 on arrête d'emmerder les Français comme disait Pompidou.
05:24 Ça c'est le premier point.
05:24 Le deuxième point, il faut faire le Bruxitte.
05:29 Le Bruxitte.
05:30 - Qu'est-ce que c'est ?
05:31 - Ah, c'est un néologisme.
05:32 - Mais je...
05:33 - De ma composition.
05:34 - J'imagine bien.
05:34 - Ça veut dire qu'il faut dire au commissaire de Bruxelles,
05:39 vous n'avez plus le pouvoir,
05:40 vous êtes des exécutants,
05:42 vous n'êtes pas l'exécutif.
05:43 Et comme ça on met au pas le commissaire...
05:46 - Canfin.
05:47 - Canfin.
05:48 Le fameux commissaire Canfin.
05:49 - Pascal Canfin.
05:50 - Oui.
05:51 Et troisièmement,
05:53 il faut oser affirmer pour l'agriculture ce qu'on a fait pour la culture.
05:59 Pour la culture, on a fait l'éclipsion culturelle,
06:01 qui sauve le cinéma français.
06:03 Il faut faire l'exception agriculturelle,
06:05 c'est-à-dire considérer notre agriculture
06:08 comme une spécificité nationale,
06:11 sanctuariser notre agriculture.
06:15 - Philippe Devilliers,
06:16 vous avez en face de vous un agriculteur,
06:19 membre de la coordination rurale.
06:20 - Ça m'intéresse de savoir comment il réagit.
06:22 - Eh bien justement,
06:23 quel regard vous portez ?
06:24 - Et d'ailleurs moi j'ai une question à lui poser.
06:26 - Ah bah alors allez-y, allez-y.
06:27 - Il y a...
06:28 J'ai pas tout compris sur le botte de paille.
06:33 Euh...
06:35 Et notamment le GNR, là j'ai rien compris.
06:40 Peut-être que vous allez pouvoir nous expliquer ce que vous avez compris.
06:43 - Bah si vous qui étiez narque n'avez pas compris,
06:46 moi je n'ai pas plus compris que vous.
06:49 Et je ne peux que le regretter.
06:50 Parce que si vous voulez pour nous,
06:52 3% d'augmentation par...
06:53 - C'est ce que Coluche disait dans les narques.
06:55 - Quand vous lui avez répondu,
06:59 vous avez oublié sa question.
07:00 - Absolument.
07:01 - Lui-même a oublié sa question.
07:03 - Vous avez été secrétaire d'État à la Culture.
07:05 - Oui.
07:05 - La Culture c'est quelque chose de très important pour notre pays.
07:08 - Voilà.
07:08 - Et on les défend.
07:10 Et c'est normal de les défendre.
07:11 Et nous à la coordination rurale,
07:13 avec notre présidente Béronique Lefloch,
07:15 c'est un combat que nous menons depuis toujours.
07:17 Une constance.
07:18 C'est la question de...
07:20 de l'exception agriculturelle française.
07:25 Parce que...
07:26 Il faut dire que l'agriculture,
07:28 c'est quelque chose de très spécifique à la France.
07:31 Et en début de semaine,
07:32 quand M. le Premier ministre nous a reçus,
07:34 c'est ce que nous lui avons dit.
07:35 Qu'à un moment donné,
07:37 il faut valoriser nos producteurs locaux,
07:39 qui se lèvent et qui se battent tous les jours
07:41 pour faire des produits exceptionnels.
07:43 Et là, je vous avoue que...
07:46 Vous avez écrit, dans mon souvenir,
07:48 j'avais lu ça quand j'étais plus jeune,
07:50 un livre sur les abeilles.
07:51 Vous savez, quand on est paysan,
07:53 on aime les animaux.
07:54 On aime ses bêtes.
07:56 Notre présidente, elle est très fatiguée,
07:58 elle fait des allers-retours dans le Finistère.
08:00 Et on n'est pas des professionnels.
08:01 J'ai payé mon billet de train pour venir ici,
08:03 vous voir, et je rentre chez moi ce soir.
08:05 Mais à un moment donné,
08:06 il faut dire les choses.
08:08 La bientraitance animale,
08:09 la question européenne,
08:11 vous avez parlé des Khmer Verts.
08:12 Mais à un moment donné, ces gens-là,
08:14 ils font...
08:15 Ils acceptent qu'on fasse
08:17 des poulaillers de 72 hectares
08:19 dans les pays de l'Est,
08:20 en Ukraine, en Pologne.
08:22 Et nous, on vient nous emmerder tous les jours.
08:24 Avec des normes administratives.
08:26 Avec des normes sanitaires.
08:28 Et M. le Premier ministre l'a évoqué,
08:30 mais c'est la question de se dire que demain,
08:32 on peut avoir les gars de l'OFB avec un flingue à la hanche
08:34 dans la ferme, qui débarque à 7.
08:36 Comme ça a pu arriver à côté de chez moi, dans l'Aisne.
08:38 Voilà, c'est ça aussi la réalité
08:40 du monde agricole d'aujourd'hui.
08:42 C'est de se dire qu'on est surveillé par des satellites
08:45 pour savoir si on a bien fait nos SMI,
08:48 bien respecté notre PAC.
08:50 Voilà, c'est aussi cette forme de mépris.
08:53 Ce sentiment d'abandon de nos campagnes.
08:56 Parce que nos campagnes, elles sont silencieuses et vertueuses.
08:59 Mais c'est un peu fini ça.
09:01 Philippe de Villiers, que répondez-vous à Paul Mougenot aujourd'hui ?
09:05 Hier, j'ai rencontré, par le plus grand des hasards,
09:10 on s'est retrouvé pour l'apéro,
09:13 chez mon voisin, mon cher voisin Jean-Yves Merlet,
09:17 avec Véronique Besque, une députée remarquable,
09:20 indépendante d'esprit.
09:22 On s'est retrouvé avec des agriculteurs, des jeunes,
09:28 tous à la tête d'une exploitation dans le coin,
09:32 juste à côté de chez moi.
09:34 Et en fait, j'y repensais en écoutant tout à l'heure
09:38 Gabriel Attal,
09:40 donc je repensais à ce qu'ils m'ont dit.
09:43 Premièrement, je leur ai dit le temps de travail.
09:46 Le temps de travail, 10 heures par jour,
09:49 pendant 7 jours, pas de dimanche, pas de vacances.
09:55 Deuxièmement, qu'est-ce qui leur reste à la fin du mois ?
09:59 Ils parlent comme ça, ils ne parlent pas de salaire.
10:02 700 euros, 750 euros, il y en a un qui a 400 hectares,
10:06 il dit "moi 1000 euros", il a presque honte.
10:11 Ensuite, ils ont arrêté au péage des herbiers,
10:15 des camions frigorifiques, ils les ont ouverts.
10:19 Et ils ont découvert, tenez-vous bien,
10:21 aux herbiers dans l'ouest, près de l'océan Atlantique,
10:26 ils ont découvert des cargaisons de poulet ukrainien.
10:35 J'attendais qu'il en parle, M. Attal, pas un mot.
10:40 Ensuite, ils ont découvert des cerises turques
10:45 et du coulis de tomates chinois aux herbiers.
10:51 C'est un petit échantillon, un exemple vécu sur le vif.
10:55 Ensuite, ils m'ont dit, pour la surtransposition,
11:01 tu connais le petit lait, Philippe ?
11:04 Le petit lait, c'est un petit ruisseau qui coule un peu plus bas.
11:07 Il y avait un tronc d'arbre.
11:10 Pour enlever le tronc d'arbre, on a fait un formulaire,
11:14 c'est parti à la préfecture, ça fait trois mois, on attend.
11:18 Le tronc d'arbre est toujours dans l'eau.
11:21 Ça, il y a répondu, Gabriel Attal.
11:24 C'est un grand progrès, on va pouvoir ôter le tronc d'arbre
11:27 dans le petit lait aux herbiers.
11:29 Et vraiment, je le remercie, le Premier ministre,
11:31 c'est un grand progrès, je vais pouvoir dire ça à mes amis.
11:35 Ensuite, Maxime, mon voisin, il veut planter une chaîne,
11:40 avec dix chaînes.
11:42 Il y a 14 formulaires à remplir.
11:45 Donc, je pense que là, M. Attal va répondre,
11:49 il va dire que pour les recours, il va dire,
11:52 au lieu d'avoir 14 formulaires, il n'y en aura plus que 6.
11:56 Et enfin, ils m'ont dit, on nous prend pour des pollueurs
12:01 et non pas des producteurs.
12:03 Là aussi, M. Attal a répondu.
12:05 Mais ce sur quoi ils ont insisté, c'est la différence
12:10 entre les ministres franciliens urbains,
12:15 qui ne connaissent pas la terre, et eux, ce qu'est la terre pour eux.
12:20 Et ça me rappelle un mot d'un écrivain, Jean Yol,
12:24 un écrivain vernien, qui disait,
12:26 la terre, c'est quand on la travaille,
12:28 la campagne, c'est quand on regarde travailler les autres.
12:32 On va revenir évidemment, et on va continuer de décrypter
12:35 la prise de parole de Gabriel Attal,
12:38 mais dans cette émission, face à Philippe Devilliers,
12:42 vous vouliez rendre hommage à Alexandre Rassonnac et sa fille Camille.
12:46 Je rappelle les faits, mardi dernier, l'agricultrice et éleveuse bovine
12:50 de 35 ans décède sur un barrage routier dans l'Ariège,
12:53 fauchée par un véhicule.
12:55 La petite de 12 ans décèdera quelques heures plus tard
12:58 des suites de ces blessures.
13:00 A la colère des agriculteurs, Philippe Devilliers s'ajoute
13:03 un drame absolu.
13:05 Cette mobilisation a pris un tournant dramatique
13:08 après la mort de cette jeune agricultrice,
13:10 Alexandra Rassonnac et sa petite fille Camille.
13:14 C'est une tragédie.
13:19 Il faut imaginer cette famille décimée.
13:24 Le papa a perdu sa fille, sa femme.
13:29 Tous les amis et toute une profession qui était là, avec les tracteurs.
13:34 Et moi ce que je voudrais dire, c'est la chose suivante.
13:38 Cette jeune paysanne passionnée n'aurait jamais dû quitter sa ferme
13:46 pour se retrouver sur un bout d'autoroute.
13:50 Elle n'aurait jamais dû mourir.
13:53 Si elle est morte, c'est de la faute de la puissance publique,
14:00 sourde depuis trop longtemps aux appels de détresse d'une profession
14:06 qui crie son désarroi sur un bout d'autoroute.
14:11 Elle n'aurait jamais dû mourir.
14:15 Elle est victime de l'impuissance publique
14:18 qui n'a pas tenu sa promesse, celle de M. Macron,
14:23 qui avait dit à plusieurs reprises, bientôt, l'année prochaine,
14:28 100% des EQTF seront appliqués.
14:32 Obligation de quitter le territoire,
14:34 qui sont devenus aujourd'hui, il faut bien le dire,
14:36 les obligations, les autorisations de rester sur le territoire.
14:41 S'il n'y avait pas eu ces deux choses-là, elle serait encore en vie.
14:47 La détresse sacrificielle de cette famille,
14:53 a une signification symbolique.
15:00 Elle sonne le glas de tout un monde,
15:06 d'une civilisation millénaire constitutive d'elle-même.
15:13 En fait, qu'est-ce qu'on a fait depuis 50 ans ?
15:20 Depuis 50 ans, on a massacré la France rurale.
15:25 On a oublié, tous, ou presque tous,
15:31 que nous sommes entre ciel et terre, comme les plantes.
15:37 Nous avons besoin d'humus et de lumière.
15:41 On a tué les métiers indépendants.
15:45 Vous, Paul, vous le savez, vous l'avez vu, même si vous êtes jeune.
15:50 Le paysan, avec la mondialisation.
15:54 Le marin-pêcheur, avec l'écologie carcérale.
15:58 L'artisan, avec les délocalisations, et le petit patron.
16:04 Et puis, le commerçant, avec la grande distribution.
16:07 Et qu'est-ce qu'on a tué ? Qu'est-ce qu'on a voulu tuer ?
16:10 L'indépendance d'esprit.
16:13 Et je vais vous faire une confidence.
16:17 J'avais 12 ans et demi, quand j'ai conçu l'idée
16:24 d'écrire un jour un hymne à la paysannerie française.
16:29 C'est "Hymne, je l'ai écrit".
16:32 Ça s'appelle "Le Puy du Fou".
16:36 Parce que ce jour-là, j'ai entendu mon voisin,
16:41 dont j'ai déjà parlé, Samuel Gilbert, il variolait avec ses bœufs.
16:45 Tout à coup, il s'est arrêté dans le sillon, je le suais.
16:48 Il a pris une poignée de terre grasse.
16:51 Il s'est approché de moi et il m'a pris par l'épaule.
16:53 Il a dit "Mon petit Philippe, viens là".
16:55 Il était ému aux larmes.
16:58 Je ne comprenais pas pourquoi.
17:01 Il a pris sa poignée de terre grasse, il l'a embrassée amoureusement
17:04 et il ne l'a pas laissée à personne.
17:07 Il m'a dit "Tu vois, cette terre, elle est vivante.
17:15 Elle vaut moins que la terre du voisin.
17:18 Elle est moins offrante.
17:22 Mais des fois, elle se refuse, elle a ses humeurs.
17:28 Mais tu vois mon petit gars, c'est ma terre".
17:33 J'ai compris pourquoi la France, au XVème siècle,
17:36 était représentée dans une enluminure et qui s'appelait le jardin de paradis.
17:43 Je me retourne vers vous une nouvelle fois, Paul Mongenot.
17:47 Je rappelle que vous êtes agriculteur, membre de la coordination rurale
17:51 avec la disparition d'Alexandra et de Camille Sonnac.
17:56 Cette mobilisation prend, je le disais tout à l'heure,
17:59 un autre tournant, bien évidemment.
18:03 - Vous trouvez ça normal qu'en 2024, une agricultrice et sa fille meurent
18:10 pour défendre leur entreprise familiale, leur exploitation ?
18:15 Vous l'avez dit, on ne gagne pas forcément notre vie avec notre ferme.
18:23 On a souvent une double activité.
18:26 Et si on conserve ça, c'est aussi parce que c'est notre patrimoine,
18:31 c'est notre pays et qu'à la fin du compte, Barès disait "la terre, elle est morte".
18:39 - C'est beaucoup plus qu'un métier.
18:42 - C'est difficile d'avancer, évidemment, lorsqu'on rend ces hommages-là
18:51 et pensons évidemment à la famille d'Alexandra et de Camille.
18:54 - On va maintenant à ce discours et ces mesures de Gabriel Attal.
19:00 Je me retourne vers vous, Geoffroy Lejeune.
19:02 Vous avez écouté attentivement, je vous sens très ému également.
19:05 Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez été convaincu,
19:09 est-ce que vous pensez qu'après 30 ans d'une France qui a peut-être dévoyé son agriculture,
19:16 oublié ses paysans, est-ce qu'aujourd'hui, on a pris la mesure du problème ?
19:21 - Moi, j'ai été convaincu par la formule de Philippe, c'est-à-dire le blessé qui se vide de son sang au bord de la route
19:27 et qu'on vient soigner à coups d'aspirine.
19:29 Vous avez souligné le talent de Gabriel Attal en matière de communication qu'on ne découvre pas.
19:34 Et en même temps, vous avez dit qu'il ne sortait pas du cadre,
19:37 le cadre étant les problèmes rencontrés par les agriculteurs.
19:41 Ma question, c'est quels sont-ils ?
19:42 Est-ce que c'est le libre-échange, l'écologie, l'Europe, l'Union européenne, l'Ukraine, tout ça à la fois ?
19:49 Qu'est-ce que c'est le cadre dont il faudrait sortir ?
19:52 - Alors en fait, je profite de la présence de Paul pour vous répondre d'ailleurs, en parlant sous son contrôle.
20:00 Vous êtes né en quelle année ?
20:01 - 88.
20:02 - D'accord.
20:03 Donc, vous n'avez vu qu'une partie de ce que je vais vous dire.
20:08 Alors, moi je voudrais expliquer aux Français qui nous regardent,
20:14 et en particulier aux jeunes agriculteurs qui nous regardent et qui n'ont pas connu ce que je vais vous raconter.
20:20 Je voudrais expliquer ce qui s'est passé.
20:23 En quelques mots.
20:26 Mais en pesant mes mots, et hot.
20:30 Voilà.
20:32 L'Union européenne, puisque tel est son nom, avec ses commissaires à la mondialisation,
20:40 n'est pas sans rappeler l'Union soviétique avec ses commissaires à la collectivisation.
20:51 Il y avait dans les années 30, sous Staline, des paysans qu'on appelait les Koulaks,
20:58 qui avaient un petit lot plein de terre, ils n'ont pas eu le choix, ils ont été expropriés, chassés,
21:03 obligés de rejoindre au nom du réalisme socialiste, les Sovkos et les Kolkos.
21:08 On a appelé ça la découlakisation.
21:12 C'est à ça que je pense.
21:15 Ce qui s'est passé en France, il y a eu une découlakisation.
21:19 Une double découlakisation.
21:22 C'est-à-dire qu'il y a eu deux temps, deux étapes, qu'il faut bien distinguer, mais qui s'emboîtent.
21:29 La première, c'est en 1992, et la deuxième, c'est en 2020.
21:34 En 1992, qu'est-ce qui se passe ? C'est la fin du marché commun.
21:40 C'est quoi le marché commun ? Le marché commun européen.
21:43 Vous entendez les mots, la puissance des mots.
21:45 Marché commun européen.
21:47 Ça veut dire une communauté de producteurs et de consommateurs reposant sur le principe suivant,
21:54 on commence par consommer ce qui est produit en Europe, avant d'exporter et avant d'importer.
22:03 Donc si je veux consommer du poulet, je consomme le poulet breton avant d'aller chercher le poulet au clore américain.
22:13 Si je veux manger du miel, je consomme d'abord le miel de Franck Alétrui, mon ami,
22:20 grand apiculteur sous le soleil, plutôt que d'aller chercher le miel d'Afrique du Sud.
22:26 C'est ça le principe.
22:28 Il y a ce qu'on appelle à l'époque "all of the villamo".
22:32 La préférence communautaire au nom de laquelle le général de Gaulle a fait la chaise vide.
22:36 La préférence communautaire, ça veut dire qu'il y a un tarif extérieur commun,
22:41 c'est-à-dire un tamis douanier qui permet de se protéger, de protéger l'agriculture européenne.
22:50 C'était le prix à payer pour que le général de Gaulle, en 1958,
22:55 accepte d'aller au-delà de la chaise vide pour l'autosuffisance agricole française,
23:01 considéré comme un intérêt vital.
23:05 Et quelle était l'idée sous-jacente ?
23:09 Elle était double, c'était un modèle de société et d'exploitation familiale agricole.
23:18 Et la deuxième idée clé, Eliot, c'était le primat de la production sur la consommation.
23:25 Ce modèle est mort en 1992. Pourquoi ?
23:29 Parce qu'en 1992, la préférence communautaire est morte, le marché commun est mort
23:33 et le paysan s'est trouvé en concurrence directe avec le latifundiaire australien
23:43 et le poulet au clore canadien, c'est-à-dire que c'était fini,
23:49 on était sur un marché planétaire de masse, c'était le libre-échange intégral.
23:55 Conséquence, le paysan n'a plus le choix, il est obligé de se convertir à une agriculture agrochimique,
24:05 au productivisme agrochimique, sinon il meurt.
24:08 Et il y a deux paysans sur trois qui meurent à ce moment-là.
24:11 Et la deuxième découlacisation qui vient derrière, c'est 2020,
24:17 les Khmers Verts débarquent à Bruxelles et le commissaire Canfin opère de la ferme à la fourchette
24:28 avec l'idée d'une restriction complète de la production sur les terres en génére, sur les surfaces agricoles.
24:43 C'est la décroissance, c'est-à-dire que la fin du marché commun d'abord, la décroissance ensuite.
24:48 Conséquence, c'est ça qui est derrière l'idée sous-jacente,
24:52 c'est qu'on ira se fournir sur le marché mondial, donc en Ukraine, donc en Nouvelle-Zélande,
24:59 donc au Chili, en ce moment c'est en discussion,
25:02 donc petit à petit les produits extérieurs seront moins chers,
25:06 même s'ils n'ont pas les normes en termes de pesticides qu'on impose à nos agriculteurs.
25:11 Et enfin et surtout, M. Canfin a osé dire, M. Canfin, l'ami de M. Macron, l'ami de M. Attal,
25:18 qui n'a pas été désavoué par M. Attal, il a dit, il y a peu de temps,
25:22 ça a été répété par Bruno Le Maire, qui a dit "j'aime la viande de synthèse".
25:26 Il a comparé les d'Austec bovins et synthèse.
25:29 Et M. Canfin a dit "on travaille sur le lait en laboratoire".
25:34 En d'autres termes, les productions qui sont les vôtres,
25:38 qui sont celles des agriculteurs français, vont être remplacées par des productions mondiales
25:43 ou par des productions de synthèse.
25:46 Eh bien, moi je vous dis, oui, on marche sur la tête.
25:49 On y vient. On y vient parce que je vais vous proposer une séquence exceptionnelle.
25:56 Vous allez donner quelques dates, mais vous en avez oublié une.
25:59 On est en 1995, campagne présidentielle, vous êtes candidat.
26:04 Aujourd'hui la politique est derrière vous, bien évidemment.
26:07 Et ce que l'on va entendre dans un instant est le symbole que les politiques de gauche comme de droite
26:16 ont dévoyé l'agriculture française.
26:19 Vous avez dit quoi ? On ? Philippe Devilliers ?
26:22 Vous avez dit "on marche sur la tête" ?
26:24 Oui.
26:25 Il y a 27 ans, Philippe Devilliers.
26:28 Françaises, Français, si je suis élu président de la République, j'oserais faire ce que personne n'a osé faire.
26:38 Je mettrais au pas les technocrates de Bruxelles.
26:42 Je leur expliquerais que la France entend faire respecter la liberté du peuple français
26:47 pour protéger nos emplois et pour garantir notre liberté de décision dans notre vie quotidienne.
26:53 Je suis agriculteur depuis 31 ans.
26:55 Il y a 3 ans, la communauté européenne nous donnait des subventions pour planter des pommiers.
26:59 Aujourd'hui, on nous donne des subventions pour les arracher.
27:02 Tout cela n'est que le résultat des accords du GATT.
27:05 Ainsi, quand 20 000 hectares sont arrachés, c'est 20 000 emplois supprimés.
27:10 En contrepartie, nous recevons 600 000 tonnes de pommes en provenance du Chili, d'Argentine et d'Afrique du Sud.
27:15 Il y a quelques jours, dans le Tarn-et-Garonne, un spectacle de désolation.
27:20 Regardez cette pomme. Elle provient d'un pommier du Tarn-et-Garonne
27:27 qui a été arraché sur ordre des technocrates de Bruxelles, comme 25 000 hectares en Europe,
27:33 alors que le même pommier avait été planté avec des subventions sur ordre de Bruxelles.
27:39 Je suis allé à la grande surface, à 4 km de l'endroit où ce pommier avait été arraché.
27:46 Je m'attendais à trouver des pommes du Tarn-et-Garonne.
27:50 Et qu'est-ce que j'ai trouvé ? 7 pommes sur les étagères, c'est-à-dire une pomme en provenance du Chili.
27:56 En d'autres termes, nous arrachons en Europe nos pommiers
28:01 et nous importons nos pommes depuis le Chili, l'Afrique du Sud ou l'Argentine.
28:05 C'est-à-dire que nous marchons sur la tête.
28:07 Nous marchons sur la tête, Philippe de Villiers.
28:10 Alors c'était il y a un peu plus, plus que 95, si on fait le calcul.
28:14 Je n'avais pas le souvenir d'avoir croqué la pomme.
28:19 – Quand on entend cela, et je le répète, la question de la politique est derrière vous
28:25 et on n'a bien vu qu'entre 95 et aujourd'hui.
28:27 – En fait, ce qui me frappe, c'est que la politique c'est terrible.
28:33 C'est un jeu de poker menteur.
28:37 Quand vous dites la vérité, vous allez vous dire qu'il faut la patience,
28:47 il faut la persévérance, parce que c'est comme l'hystérésis en agriculture.
28:53 Est-ce que c'est que l'hystérésis ?
28:54 C'est la goutte d'eau qui tombe sur la terre battue
28:59 et puis qui pénètre petit à petit pour qu'il y ait la germination.
29:03 L'hystérésis, ça prend du temps.
29:06 En politique, je pensais que l'hystérésis, ça prendrait du temps, mais que ça viendrait.
29:10 Et en fait, pas du tout.
29:12 Vous êtes récompensé de vos formules du moment.
29:16 Vous êtes jugé dans l'instant par le peuple français, qui trop souvent est amnésique.
29:22 – L'ironie absolue, c'est que le vainqueur de cette élection, c'est Jacques Chirac
29:25 qui dit manger des pommes et qui parle de fractures sociales,
29:27 mais qui aura un programme qui sera très loin de ce que vous disiez dans cet extrait.
29:30 – Mais par exemple, vous voyez, Gabriel Attal, tout à l'heure en le regardant,
29:34 moi, rien ne m'échappe évidemment, parce que j'ai vécu quand même…
29:40 je connais la politique, vous aussi, vous êtes des gens là, il s'avertit.
29:46 Il a mis ses feuilles sur une botte de paille, tout était là,
29:50 il était entouré par des agriculteurs, etc.
29:54 Et en fait, tout le monde se fait avoir, je suis sûr.
29:58 Il s'est mis d'accord, en fait, vous savez comment c'est passé.
30:02 Le président de la FNSEA, qui est un grand céréalier, un PDG d'une multinationale,
30:07 lui, il n'est pas concerné par tous les problèmes.
30:10 Et c'est un avis de M. Macron, ils se sont entendus.
30:14 Et là, en fait, le but de M. Attal, c'était de décrocher la FNSEA,
30:18 ce qu'il a probablement réussi à faire.
30:20 Donc, on connaît la musique, vous voyez.
30:23 Et moi, mon rôle ici, dans cette émission, c'est de donner les dessous de la table.
30:28 On va remercier Paul Mougenot d'avoir été avec nous.
30:33 C'était la première fois, et ce n'était absolument pas prévu,
30:36 c'était juste en transition entre la précédente émission et la nôtre,
30:40 qu'on a invité Paul Mougenot à nous rejoindre, agriculteurs.
30:45 Une toute dernière question, M. Mougenot.
30:48 Est-ce que la mobilisation se poursuit ?
30:50 Est-ce qu'après ces annonces-là, vous mettez un terme à cette mobilisation agricole,
30:55 et vous dites "non, on continue parce qu'on n'a pas été entendu" ?
30:58 Vous savez, avant de rentrer sur votre plateau, j'ai reçu des dizaines et des dizaines de textos
31:03 pour assurer et nous rassurer sur la détermination de tout le monde.
31:07 Mais, c'est la coordination rurale.
31:10 On a une présidente qui va se concerter avec les responsables.
31:15 Et soyez assurés d'une chose, c'est que le monde agricole n'est pas mort,
31:19 et qu'on est là pour se battre.
31:21 Merci à vous.
31:22 Ce que je vous propose, c'est d'aller sur le terrain
31:25 et entendre ces échanges entre des agriculteurs,
31:28 Gabriel Attal, et à ses côtés, M. Béchu, le ministre de la Transition écologique.
31:34 Chaque fois que vous voyez des contrôleurs arriver, vous dites "qu'est-ce qui va m'arriver ?"
31:38 Je vous dis la situation en France, elle est explosive au niveau agricole.
31:42 Et ça, je considère que ce ne sont que des mesures.
31:44 Je suis indépendant.
31:46 Je n'ai aucun syndicat.
31:49 Je suis totalement indépendant.
31:50 Vous me laissez vous répondre ?
31:52 Oui, bien sûr.
31:53 Beaucoup l'ont dit, et Jérôme Bell l'a dit aussi.
31:55 On ne peut pas tout changer en deux ou trois jours.
31:57 Par contre, ce qu'on peut faire, c'est prendre une direction.
32:00 Ce que j'ai annoncé là, c'est déjà dix premières mesures de simplification pour là tout de suite.
32:04 Justement sur ce que vous évoquez, sur les délais, sur les recours,
32:07 pour que vous ne soyez plus entravés quand vous avez un projet d'extension ou autre,
32:10 et qu'on vous fait des recours dans tous les sens.
32:12 J'ai annoncé que je réduisais tous les délais.
32:14 Maintenant, ça ne fera pas excéder dix mois, alors qu'aujourd'hui, c'est deux ans.
32:17 Attendez, je réduis les délais, même pour les gens qui déposent des recours.
32:22 Jusqu'à maintenant, c'était quatre mois après la déclaration.
32:25 Maintenant, c'est deux mois.
32:26 Sur les curages, surtout, on casse tous les délais pour pouvoir aller plus vite.
32:29 Première chose.
32:30 Alors, sur les contrôles, j'ai justement annoncé qu'on allait mettre en place maintenant le contrôle unique.
32:34 Donc vous n'ayez pas, quatre fois comme vous, cinq fois, le même contrôle.
32:37 Ça, c'est ce que vous attendez. C'est ce qu'on va faire.
32:39 Non, mais si vous voulez, monsieur le ministre, ce que j'attendais de plus,
32:43 c'est une volonté de dire que ce métier doit être revalorisé.
32:47 Nous sommes actuellement...
32:48 Tout ce que j'ai dit ?
32:49 Non, mais tout ce qu'on a d'administratif, on a l'impression qu'on est à l'époque des Russes.
32:56 C'est-à-dire que nous, nous ne disons plus rien sur nos comportements.
33:00 En fait, nous sommes toujours dans l'adaptation. Nous nous sommes mis libres.
33:03 Moi, si j'avais ce métier, quand je me suis engagé très jeune,
33:06 j'ai fait les deux premiers blocus de Paris, j'y croyais énormément, de ce métier.
33:10 Et je vous assure que moi, ma descendance, mes enfants,
33:13 je vous garantis que je les pousse à faire les choses que j'ai faites.
33:18 J'adore mon métier, j'aime mon métier, mais je vous avoue qu'il est très compliqué.
33:21 Je ne m'y nie pas. Je n'y nie pas ce que vous avez essayé de faire aujourd'hui,
33:25 mais je vous le dis de vous à moi, je pense que c'est insuffisant.
33:29 Je peux vous re-répondre.
33:30 Ne le prenez surtout pas mal.
33:31 Je ne le prends pas mal.
33:32 Moi, je suis là pour échanger, pour aller au contact et répondre à tout le monde.
33:36 Première chose, c'est des mesures, comme nous l'on dit,
33:40 ça fait longtemps qu'ils les attendaient, on les prend.
33:42 Deuxième chose, c'est une nouvelle méthode et un nouvel état d'esprit.
33:45 C'est précisément ce que j'ai dit tout à l'heure.
33:46 Les agriculteurs, ils en ont marre d'avoir des normes,
33:48 des normes en permanence, des nouvelles normes, etc.,
33:50 qui les empêchent de faire leur travail, qui les empêchent d'entreprendre,
33:52 qui les empêchent de s'étendre et d'avoir le sentiment, effectivement,
33:55 qu'ils sont entravés dans tout ce qu'ils veulent faire.
33:57 Maintenant, ça ne se change pas du jour au lendemain.
33:58 Ce que j'ai annoncé, c'est des premières mesures et c'est une méthode.
34:01 Ça veut dire là, pendant trois semaines, on va faire que ça.
34:04 Les services des ministères, Christophe Echu, Le Marthé,
34:07 ils vont passer leur temps avec les syndicats agricoles.
34:10 Au niveau départemental, regardez ce qui a été fait en trois jours.
34:12 Il y a eu deux réunions chez le préfet avec les représentants des agriculteurs.
34:15 Il y a quatre arrêtés préfectoraux déjà qui ont été abrogés.
34:17 Donc, vous voyez, c'est en train d'entendre.
34:18 Je n'ai pas le travail qui a été fait,
34:20 mais je vous garantis que pour moi, c'était suffisant.
34:24 Vous le verrez par la suite.
34:25 Mais pour nous aussi, c'est le début.
34:27 Mais parce que c'est le début de quelque chose.
34:28 Je vais vous dire un truc, c'est le début de quelque chose
34:30 et ce que vous me dites au fond, c'est que c'est des bonnes premières mesures.
34:34 Mais il faut aller plus loin et moi, j'attends de voir qu'on aille plus loin.
34:37 On va aller plus loin et on va vous montrer qu'on va plus loin.
34:39 Et ensuite, j'entends votre désarroi. Je sais que c'est dur.
34:42 Je vais vous dire, si vous êtes là, si vous êtes battus,
34:45 si vous êtes ici pour vous battre, c'est qu'au fond de vous,
34:47 vous y croyez encore, sinon vous seriez parti, vous feriez autre chose.
34:50 C'est que vous aimez votre métier et que vous y croyez.
34:52 Mais c'est la raison pour laquelle j'espère et m'entretiendrai au bout.
34:56 Je suis là pour ça et on va avancer.
34:59 Quand on voit, quand on écoute Gabriel Attal au plus près des agriculteurs en colère,
35:06 peut-être sur la forme, avant de revenir sur le fond, sur la forme,
35:09 il est allé sur cet A64 qui est l'épicentre de la mobilisation.
35:15 C'est l'épicentre de la colère des agriculteurs qui est bloquée depuis samedi dernier.
35:22 Est-ce que vous relevez là une forme de courage d'être allé au contact des agriculteurs ?
35:28 Il aurait pu rester dans cette petite ferme dans l'après-midi du vendredi
35:36 et ne pas aller au contact des agriculteurs.
35:39 Est-ce que vous vous appelez courage la rencontre avec le peuple ?
35:45 C'est une vraie question.
35:47 Parce qu'effectivement, on ne les voit pas beaucoup avec le peuple.
35:51 Parce que le peuple, il est avec ses paysans, là, aujourd'hui.
35:56 Et le peuple, il est de bonne foi.
35:59 Il est sensible à la présence, à l'omniprésence du Premier ministre.
36:06 Donc du point de vue de la forme, c'est remarquable.
36:10 Mais derrière, il faut agir.
36:11 Sinon, la déception va être terrible.
36:14 Et je vous donne un exemple.
36:17 Je pensais à une chose.
36:19 Depuis plusieurs jours, dans toute la presse, je lis la même chose.
36:23 Sans aucune exception.
36:24 À savoir, il l'a dit tout à l'heure.
36:27 Vous vous rendez compte, on ne peut pas sortir de la PAC
36:31 parce que c'est 9 milliards d'euros pour l'agriculture française.
36:36 Mais moi, ma réponse est la suivante.
36:39 Je suis allé regarder les chiffres.
36:41 Et puis j'ai quelques amis là-bas, parmi les commissionnaires,
36:46 qui sont des agents d'influence du bon sens français.
36:51 Qu'est-ce qu'ils m'ont dit ?
36:53 Ils m'ont dit que la contribution de la France,
36:57 elle est de 21 milliards, et la contribution nette de 11 milliards.
37:01 En d'autres termes, ces 11 milliards, on pourrait peut-être se les récupérer, non ?
37:06 Et avec ces 11 milliards, on pourrait vraiment faire quelque chose
37:09 pour le GNR et pour les agriculteurs français.
37:12 C'est-à-dire que c'est de l'argent qu'on donne.
37:15 Et tenez-vous bien, ce qu'il n'a pas dit.
37:19 Mais c'est que si l'Ukraine rentre dans l'Union européenne,
37:23 vous savez ce que ça coûte ?
37:25 D'après Pierre Lelouch, le jour, il a dit entre 400 et 700 milliards.
37:29 Et sur la PAC, le poids que va peser l'Ukraine sera énorme.
37:36 Et donc en réalité, moi je pensais qu'il allait nous dire,
37:43 voilà, j'ai décidé de mettre des droits de douane sur l'Ukraine.
37:46 On ne peut pas continuer à laisser rentrer chez nous les céréales et le poulet ukrainien.
37:51 Ça, c'était un geste fort, ça.
37:54 Et on arrête sur l'agneau néo-zélandais.
37:57 Et tant pis si Bruxelles n'est pas contente.
37:59 Parce qu'en fait, ce qui se passe, comme d'autres vont le dire en réfléchissant,
38:04 en fait, on a l'impression d'une rupture quand on l'écoute, ça c'est fort.
38:10 Mais en fait, il assume la politique de son patron.
38:14 Depuis 2017, on a une politique européiste d'un président de la République
38:19 qui a une obsession, c'est la souveraineté européenne.
38:23 Et la souveraineté européenne, ça consiste à donner le pouvoir à Bruxelles
38:27 et de prévoir un traité qui est devant nous,
38:29 avec la fédéralisation définitive de toutes les politiques.
38:33 Donc comment on peut avoir un président qui nous dit,
38:38 l'avenir, c'est l'Europe et un premier ministre qui nous dit,
38:44 non, la souveraineté, l'indépendance nationale, la souveraineté alimentaire.
38:48 Il y a un truc qui est marrant, que personne n'a vu,
38:52 c'est le nouveau ministre, si, c'est Catherine Ney ce matin, sur Europe.
38:57 Magnifique, toujours très avisée.
39:00 Et qui dit, avant il y avait un ministre de l'agriculture, Elliot.
39:07 Maintenant il y a un ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
39:12 Ah ben elle est belle la souveraineté alimentaire.
39:14 Quand on voit ce qui se passe, vous vous rendez compte, 71% des fruits,
39:18 on parlait des pommes tout à l'heure, ils arrivent de l'extérieur.
39:21 La souveraineté alimentaire.
39:22 Moi je veux la souveraineté agricole, plus que ça.
39:26 Geoffroy Lejeune.
39:28 Moi j'ai une question à vous poser Philippe, vous êtes Vendéen,
39:30 donc vous vous y connaissez en soulèvement populaire.
39:33 Les révoltes paysannes je connais.
39:36 Ma question est la suivante, j'ai le sentiment qu'on revit un peu quelque chose qu'on connaît,
39:42 la hausse des prix du carburant, les gilets jaunes,
39:45 cette hausse a été annulée pendant le mouvement des gilets jaunes,
39:47 et le mouvement des gilets jaunes ne s'est pas arrêté.
39:49 Parce qu'au moment où ça a été annoncé, les revendications s'étaient élargies,
39:52 la prise de conscience des gilets jaunes, le fait qu'ils se rendent compte,
39:54 qu'ils se parlent sur les ronds-points, un peu comme aujourd'hui sur l'autoroute,
39:57 avait été tel que ce mouvement a été finalement lancé et presque impossible à arrêter.
40:02 Comment voyez-vous la suite de cette mobilisation ?
40:05 Est-ce que vous pensez, parce que Gabriel Attal, vous avez beau être énarqué
40:08 et ne pas avoir compris, a malgré tout aujourd'hui annoncé
40:10 qu'il renonçait à l'augmentation sur le GNR prévue jusqu'à 2030.
40:15 Est-ce que vous pensez que malgré ça la mobilisation va continuer ?
40:18 Quelle forme selon vous peut-elle prendre ?
40:21 Et pendant combien de temps peut-elle continuer à être soutenue de la sorte
40:24 comme aujourd'hui par le peuple français dont vous parliez à l'instant ?
40:27 Qu'est-ce que vous voyez dans les semaines qui viennent ?
40:31 Je ne suis pas capable de vous répondre parce que je ne suis pas assez au fait
40:37 de ce qui se passe derrière les tracteurs.
40:40 Mais ce que je sais, c'est qu'après peut-être un moment d'euphorie,
40:50 en disant qu'est-ce qu'il parle bien, il est jeune, il est beau,
40:54 il donne des preuves d'amour, etc. On est dans l'émotion.
41:00 Il a été aussi un peu sifflé aujourd'hui, il n'y a pas que des contents sur le terrain.
41:04 Alors la question c'est qu'est-ce que ça va donner ?
41:08 Les paysans ne sont pas tous savants, ils ne connaissent pas tous les arcanes
41:18 et les dédales de la PAC, mais ils sentent, ils perçoivent que c'est là-bas que ça se passe,
41:23 que c'est à Bruxelles que ça se passe.
41:25 Quand ils vont voir que de toute façon on va recevoir des ordres des oucas de Bruxelles
41:29 et que rien ne va changer fondamentalement en dehors de la surtransposition,
41:33 qui va certainement connaître quelques progrès pour le tronc d'arbre dont je vous parlais tout à l'heure,
41:38 je pense que la révolte recommencera.
41:43 La question c'est de savoir si les 400 000 agriculteurs qui demeurent,
41:46 est-ce qu'ils vont reprendre espoir ?
41:48 Ce n'est pas ce discours qui va leur rendre l'espoir.
41:51 Ce qui leur rendrait l'espoir, c'est si le président de la République,
41:55 je termine, si le président de la République vient à la télévision et dit "bon j'ai compris,
42:01 on rétablit la souveraineté nationale".
42:05 Et si les européens et les européistes ne sont pas contents ?
42:08 Philippe de Villiers, Geoffroy Lejeune, écoutons Jérôme Bail,
42:11 l'un des fondateurs de ce mouvement, prendre la parole.
42:14 Huit jours qu'on a oeuvrés pour montrer une belle image de l'agriculture
42:18 et montrer qu'on était des agriculteurs avec des valeurs.
42:21 Et j'avais titillé M. le Premier ministre et M. le ministre de l'Agriculture.
42:29 Je pense que je n'ai pas été trop tendre avec eux.
42:32 Mais bon, on est du Sud, on est à Père-Amand et on parle des fois un peu fort.
42:39 En tout cas, je voulais vraiment vous remercier,
42:42 et remercier de nous avoir respectés.
42:44 Parce qu'à mon âge, vous rencontrez, c'est...
42:47 vous montrez une preuve de respect.
42:50 Il y avait un jour à la télévisée, je ne sais pas si vous l'avez vu,
42:53 il y avait la photo de mon tête de l'un côté et la photo de la tête de l'autre.
42:58 Et il y avait écrit "Le match est vu par le chef du gouvernement, Gabriel Attal,
43:04 et le leader de l'arrivée de l'agriculture, Jérôme Bail."
43:09 Donc, le lendemain, il y avait un grand membre de la classe 17 au front de moi,
43:13 j'ai dit "Vous pouvez lui faire passer avec ça, ce que je n'aime pas faire."
43:18 Donc, il y a un bonheur ici, il y a un bonheur dans l'ordre de la gare.
43:25 C'était déjà une petite victoire.
43:29 Mais il y en a une autre derrière, et surtout celle que je vais retenir.
43:34 Bien sûr, il y a celle des amants, mais il y a celle pour la gagner ensemble,
43:40 c'est la victoire du maire.
43:42 Parce que je pense que ce 16 janvier 2024,
43:47 et ce qu'on nous donne au super-capitole,
43:50 je pense qu'il restera pour un moment, ancré dans nos mémoires.
43:54 En tout cas, je ne vais pas reprendre la parole ce soir,
43:57 parce qu'on chante sûrement, mais je pense que vous pouvez être fiers de vous.
44:04 Moi, je n'ai fait que le porte-parole, je n'ai fait que passer à la télé,
44:09 parce que bien fait, et franchement, si je n'ai pas craqué,
44:15 c'est parce que dans vos regards, dans votre détermination,
44:18 je savais que vous ne me lâcherez pas.
44:20 En tout cas, merci à vous, et vous pouvez être vraiment fiers de vous.
44:24 [Applaudissements]
44:34 En entendant les mots de Jérôme Bail, Geoffroy Lejeune,
44:40 ce que je vous propose, c'est d'écouter également la réponse de Gabriel Attal,
44:43 et ensuite, on reprend le débat.
44:46 C'est pour vous dire que je sais que si vous êtes ici depuis plusieurs jours et plusieurs nuits,
44:51 vous n'y avez pas de guillotine de cœur.
44:54 Aucun d'entre vous n'a passé ses jours et ses nuits ici par plaisir,
44:59 bloqué une autoroute par plaisir, à s'éloigner de son exploitation par plaisir.
45:04 Moi, quand j'ai été Premier ministre, j'ai dit que je voulais me battre pour tous ces Français
45:09 qui se lèvent tous les matins pour bosser, qui ne font pas leurs heures,
45:12 qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités.
45:15 S'il y a des Français parmi les Français qui sont le symbole de cette France-là,
45:19 c'est les agricultrices, les agriculteurs, les éleveurs, les éleveuses,
45:23 c'est aussi nos pêcheurs, c'est vous toutes et vous tous
45:26 qui êtes toujours au rendez-vous de vos responsabilités pour le pays.
45:29 [Applaudissements]
45:36 Je sais que c'était long, je sais que c'était difficile.
45:39 J'ai vu qu'il y a des familles ici.
45:42 Et je sais que si vous étiez ici, encore une fois, ce n'était pas par plaisir.
45:46 C'était pour défendre votre métier, défendre votre passion, défendre votre vocation,
45:50 mais aussi pour défendre notre pays.
45:52 Parce que j'ai eu l'occasion de le dire tout à l'heure,
45:55 sans paysans, il n'y a pas de pays.
45:57 Sans nos agriculteurs, on n'est plus la France.
46:00 Et je sais bien que le malaise qui vous a conduit ici vient de loin.
46:05 Évidemment, à mesure sur le GNR, je vais vous revenir.
46:09 Je sais que c'est beaucoup plus que ça.
46:12 C'est l'empilement des normes, c'est la succession des recours,
46:16 c'est le sentiment au fond que vous avez envie de faire une chose simple, votre métier,
46:21 et qu'en fait, on ne vous met pas trop dans les roues,
46:23 et que vous avez le sentiment de passer quasiment plus de temps à remplir des formulaires
46:27 et à faire de l'administratif qu'à pouvoir faire votre métier et votre passion.
46:32 Et je sais que ça vient de loin.
46:36 Je sais que pour vous montrer que ça change, il va falloir des actes.
46:40 Ce sont des paroles que vous en avez déjà entendues.
46:44 Jérôme Ben a dit...
46:45 - "Meine, meine, steh klein"
46:46 - "Meine, steh klein", j'ai entendu ce matin.
46:49 Jérôme Ben, le sénateur, a dit, j'ai entendu,
46:52 il a dit "on ne change pas tout ça en deux ou trois jours, c'est une évidence,
46:55 on peut prendre une direction".
46:57 Et moi, ce que je suis venu vous dire, c'est que là, on change d'état d'esprit,
47:00 et on prend une nouvelle direction.
47:02 J'ai annoncé là, dix premières mesures de simplification,
47:04 pour certaines, ça faisait des années qu'on les réclamait,
47:07 qu'elles avaient été réclamées par des éleveurs, par des agriculteurs,
47:10 pour réduire tous les délais, pour réduire aussi tous les recours
47:15 qui peuvent vous empêcher de faire votre travail et de développer votre projet,
47:18 pour développer vos exploitations.
47:19 Ça fait des années qu'on en parlait, pour certaines.
47:21 Je les ai annoncées, et là, il y a des crédits sorts, maintenant.
47:25 Et ensuite, c'est un changement d'état d'esprit...
47:28 - On vient d'entendre cet échange entre Jérôme Bayle,
47:31 l'une des grandes figures de cette mobilisation en Haute-Garonne,
47:35 et Gabriel Attal, où là, on n'est plus finalement dans l'information,
47:44 les mesures à prendre, mais là, on est dans une véritable communication.
47:48 Disons le... Philippe Devilliers.
47:51 - Oui, c'est une pièce de composition, où chacun joue son rôle.
47:56 - Voilà, on va les boire un coup, après.
47:59 Mais, hélas, je peux paraître dur pour les téléspectateurs,
48:06 mais je leur dis ceci.
48:09 Ça fait 40 ans que je connais la musique.
48:12 J'en ai vu des gens talentueux défiler,
48:16 et qui, le lundi, étaient à Bruxelles en douce,
48:20 pour abdiquer la souveraineté.
48:23 Et le mardi, ils venaient à l'Assemblée pour dire
48:26 "Jamais nous n'abdiquerons la souveraineté !"
48:28 Et là, bon, je connais par cœur.
48:30 Alors, il est jeune, il y croit peut-être,
48:33 il croit peut-être qu'il va au retour d'Inde,
48:36 parce que vous savez que le président est en Inde.
48:39 Mes amis, vous savez, mes voisins, ils m'ont dit "On est les derniers indiens".
48:43 Ça tombe bien, le président est en Inde, oui.
48:45 Pour aider les paysans indiens.
48:47 Là, il faut qu'il revienne pour aider les paysans français.
48:50 Comment voulez-vous que son discours, fut-il sincère,
48:55 puisse être compatible avec la volonté d'Emmanuel Macron
49:01 qui est d'emmener la France dans l'Europe jusqu'au bout
49:06 et d'abdiquer notre souveraineté sans le dire ?
49:09 J'ai une autre question, Philippe Devilliers.
49:11 Parce que, vous l'avez dit, il y croit peut-être, Gabriel Attal.
49:16 Et sans doute, et d'ailleurs, espérons que ce soit le cas,
49:19 qu'il ne soit pas en train de nous mener en bateau
49:22 ou de mener les agriculteurs en bateau.
49:24 Non mais attention, il faut quand même être clair.
49:26 Il n'est pas fou.
49:28 Quand moi j'étais sous-préfet, qu'il fallait calmer des gens,
49:31 je prenais des mesurettes et je dis "Regardez, j'ai un catalogue, c'est impressionnant".
49:37 Et à la sortie, j'étais applaudi.
49:39 J'entends, Philippe Devilliers.
49:40 C'est un métier.
49:41 J'entends, Philippe.
49:42 Mais il ne faut pas être dupe.
49:43 Derrière les mesurettes de simplification, le vrai problème n'est pas traité.
49:48 Et c'est mon devoir de le dire.
49:50 Il faut qu'il y ait des gens qui se lèvent et qui disent "Non, on n'a pas dit la vérité".
49:53 Justement, Philippe.
49:54 La vérité, c'est que nous sommes Gulliver empêtrés.
49:56 Vous savez ce que c'est, Gulliver empêtrés ?
49:58 Empêtrés à Bruxelles.
50:00 On y vient.
50:02 Gabriel Attal prend un risque immense, là.
50:04 Oui.
50:05 En allant au plus près des agriculteurs.
50:07 Jérôme Bail a pu dire, vous l'avez entendu,
50:10 il devient le leader de la révolte agricole.
50:13 Oui.
50:14 Donc s'il ne répond pas aux attentes des agriculteurs à court, à moyen et à long terme,
50:20 plus dur sera encore la crise.
50:22 On a un Premier ministre qui a une double casquette.
50:26 À la ville, il s'appelle Attal.
50:28 Et à la campagne, Jacques-Houlecroc.
50:30 Une toute dernière question.
50:35 Parce qu'on vient de vivre une semaine assez particulière, quand même.
50:39 Il y a la révolte agricole.
50:41 Il y a également la décision du Conseil constitutionnel.
50:45 Parce qu'avant la crise agricole, on a eu la crise migratoire.
50:48 On n'en est pas non plus sortis.
50:50 Est-ce que vous avez peut-être une réflexion sur cette décision du Conseil constitutionnel
50:57 qui a retoqué 40% de ce texte et de cette loi immigration ?
51:03 Ma réflexion est la suivante.
51:07 La République des juges se met en place.
51:10 Je voudrais évoquer un souvenir personnel, confidentiel.
51:17 Michel Debray était un ami, mon ami.
51:22 Il m'a soutenu en 1995.
51:24 Et j'avais de longues conversations avec lui.
51:28 Il m'a expliqué un jour ce qu'était le Conseil constitutionnel dans son esprit.
51:32 Puisque c'est lui l'inventeur de la Vème République.
51:36 Il m'a dit que pour nous, c'était simplement une instance de vérification et de contrôle
51:41 du fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
51:44 Loin de lui l'idée, qu'on constate aujourd'hui, que cette fonction a changé.
51:50 C'est maintenant une fonction réformatrice au nom d'une idéologie
51:54 que Mathieu Bocote appelle avec son génie sémantique le paradis diversitaire.
51:59 Le laboratoire du paradis diversitaire, ce sont nos prétoires.
52:05 Donc en fait le pouvoir s'est échappé.
52:08 Eliott, pour vous répondre, le pouvoir il est parti à Bruxelles.
52:15 Et le reste du pouvoir il est parti chez les juges, dans les prétoires.
52:18 Entre Bruxelles et les prétoires.
52:21 Vous savez, Saint-Ignion disait "le pouvoir c'est quand on l'a".
52:26 Il faisait écho à Saint-Simon qui disait "quand le pouvoir n'a plus le pouvoir,
52:31 il ne peut plus rien pour vous".
52:33 Et donc la seule solution au fait, vous avez les juges, vous avez Bruxelles,
52:38 qui nous empêchent de faire ce qu'on veut faire,
52:41 pour répondre aux urgences et aux soucis des français.
52:46 Vous avez les médias, la société de connivence, le cercle de la raison.
52:53 On ne pourra pas les contourner avec des assemblées.
52:57 En plus les assemblées sont, enfin le parlement, la chambre des députés,
53:03 une chambre hors sol.
53:04 Il n'y a pas de député maire, etc.
53:06 Donc ils ne sont pas au fait des choses.
53:08 Ce n'est pas des capteurs pour le pouvoir en place.
53:10 La seule solution c'est de contourner la société de connivence par le peuple.
53:16 Si on veut retrouver le pouvoir et le redonner au peuple,
53:20 il faut tout faire avec le peuple.
53:22 Si on veut réformer l'école, le peuple.
53:25 Si on veut réformer la justice pour qu'elle ne soit plus laxiste, le peuple.
53:29 Si on veut résoudre le problème de l'immigration, le peuple.
53:31 Si on veut demain assurer le primat de la loi française sur les directives européennes, le peuple.
53:38 Le retour au peuple par le référendum.
53:41 Geoffroy Lejeune, une dernière question.
53:43 À propos de la décision du Conseil constitutionnel,
53:45 Éric Zemmour est venu hier soir sur ce plateau pour accuser les républicains
53:49 d'avoir été naïfs au moment où ils ont cru réécrire cette loi
53:53 et Marine Le Pen d'avoir été naïve ou cynique au moment où elle a permis son adoption
53:58 et la crise politique qu'on a connue.
54:00 Je sais que vous avez des amis partout dans ces parties d'opposition
54:05 et même aussi au sein de la majorité.
54:07 Qu'est-ce que vous dites à ceux qui aimeraient agir sur la question de l'immigration ?
54:12 Qu'est-ce qu'il est possible de faire aujourd'hui politiquement
54:14 à tous les gens qui représentent les 80% de Français qui aimeraient agir sur l'immigration ?
54:20 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
54:21 Alors la réponse est simple, il faut réclamer, je pense qu'ils le font tous d'ailleurs plus ou moins,
54:28 réclamer un référendum.
54:29 C'est-à-dire qu'en fait maintenant on sait que toutes les tentatives du législateur sont vouées à l'échec.
54:40 Vous savez, puisque l'on est aujourd'hui en pleine paysannerie, dans la révolte paysanne,
54:48 en pensant à ces gens qui ont cru bien faire en votant cette loi,
54:53 je pensais à la fable reprise par Luke Henney magnifiquement,
54:58 "Le renard et les poulets d'Inde".
55:00 Vous la connaissez ?
55:01 Les poulets d'Inde qui sont au creux d'un chêne
55:06 et qui sont complètement hypnotisés par le renard,
55:09 qu'ils craignent parce qu'il va les manger.
55:11 Et ils sont tellement hypnotisés que le renard les mange.
55:13 Le renard s'appelle Macron.
55:15 Et il y a un renardeau,
55:19 le fameux jeune Premier ministre que Mitterrand avait donné à la France,
55:23 qui s'appelle Fabius.
55:25 Et le renardeau et le renard se sont entendus entre la bûche et le sympa de Noël.
55:31 Philippe Devilliers, j'ai encore une toute dernière question.
55:35 Il y a cet échange et ces échanges que peuvent avoir les membres du gouvernement
55:41 avec le chef du gouvernement en tête, Gabriel Attal,
55:43 et ces agriculteurs qui sont bloqués sur cet A64.
55:47 On a vécu également, et c'est pour ça qu'on parlait de la question migratoire,
55:51 cette décision du Conseil constitutionnel.
55:55 Aujourd'hui, s'il y a un cap à choisir, une vision à avoir,
56:02 c'est de tendre la main, d'écouter, mais pas seulement d'écouter,
56:06 de comprendre la colère des Français,
56:08 quelles que soient les crises, crise agricole ou crise migratoire.
56:12 C'est simple, le peuple français n'a plus les manettes.
56:18 Quand vous êtes au volant de votre voiture,
56:21 et que vous ne pouvez plus freiner, et que vous ne pouvez plus accélérer,
56:26 vous êtes en danger.
56:28 Le peuple français doit savoir qu'il n'a plus les manettes,
56:31 c'est-à-dire qu'il n'est plus souverain.
56:34 De Gaulle disait "Il n'y a pas de démocratie sans la souveraineté nationale".
56:41 Nous sommes gouvernés par une oligarchie mondialiste.
56:46 Le président voyage, il était à Davos, chez les mondialistes,
56:52 il est en Inde.
56:54 Et en Inde, quand on lui a dit "Mais comment vous faites pour être aussi en forme ?"
56:57 il a dit "Les difficultés".
56:59 Ça l'amuse.
57:01 J'en profite pour une toute dernière question.
57:04 Tout au long de l'émission, vous n'avez pas parlé une seule fois des agriculteurs,
57:07 vous avez dit "paysans".
57:09 Oui.
57:11 Pourquoi ?
57:13 Parce que c'est l'étymologie qui compte, et que de toute façon,
57:15 ils tiennent la terre, et qui tient la terre, tient le fond,
57:18 comme derrière la fontaine.
57:20 Qui tient le fond, tient le pays, tient les paysages.
57:23 Pas de pays sans paysans.
57:28 Un grand merci Philippe Devilliers, merci à vous Geoffroy Lejeune.
57:32 Le terrain, encore et toujours, alors que Gabriel Attal a poursuivi ce vendredi
57:37 ses échanges avec les agriculteurs, rejoignons Agin à présent,
57:42 parce que là aussi les agriculteurs sont mobilisés.
57:45 Antoine Estève, il y a eu finalement un échange avec le préfet,
57:51 qui était sollicité par ces agriculteurs en colère.
57:54 Oui, effectivement, un échange assez long.
57:59 Pendant 50 minutes, la coordination rurale a été reçue par le préfet du Lot-et-Garonne.
58:05 En ce moment, ils sont en train de débriefer entre eux,
58:07 vous entendez ces cris là-bas, au milieu de la place, en face de la préfecture.
58:10 Ils sont en train de débriefer entre eux cette réunion avec le préfet.
58:13 Alors, les premiers mots que j'ai entendus au début de ce débrief,
58:16 c'est "nous avons été entendus", "il y a eu des progrès".
58:20 En revanche, là, c'est vrai qu'on est en train d'expliquer,
58:23 notamment les responsables de la coordination rurale,
58:26 que toutes les revendications n'ont pas été entendues,
58:29 notamment sur des revenus financiers minimums pour les agriculteurs.
58:33 Et c'est vrai qu'ici, il y a beaucoup de questions qui se posent.
58:35 Alors, le mouvement, effectivement, ne s'est pas durci, il ne faut pas dire ça ce soir.
58:39 En revanche, il risque de continuer encore quelques heures, voire le week-end.
58:43 Ils vont se réunir ce soir sur leur point de blocage sur l'autoroute A65,
58:47 qui se trouve à une dizaine de kilomètres d'ici, pour décider de la suite du mouvement.
58:51 Mais, au vu des observations sur place, on peut imaginer qu'il y aura encore suffisamment de monde,
58:58 ce soir, dans ce mouvement, pour entretenir ce barrage sur l'autoroute A65.
59:02 Et pour continuer, au moins ce week-end, une lutte, comme ils l'appellent ici,
59:07 une lutte sur place, avec des actions peut-être prévues aussi encore,
59:11 comme cette semaine, dans des grandes surfaces, ou encore contre des bâtiments publics.
59:16 Bref, vous voyez des agriculteurs encore motivés, en tout cas, dans ce mouvement de grogne actuel
59:22 que nous avons vécu toute la semaine.
59:24 Des centaines de tonnes de lisiers et de déchets agricoles ont été déposés sur les murs,
59:29 en face de la préfecture, ce soir.
59:32 Et là, les agriculteurs commencent à repartir en direction de leur campement.
59:36 Ce qu'ils appellent leur campement, c'est cette grande esplanade,
59:40 derrière le péage de l'autoroute A65 d'Agin, où ils sont réunis maintenant depuis une semaine.

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