Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00 Il est 19h, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers.
00:04 Cher Philippe, bonsoir.
00:06 Bonsoir, Eliott. Bonsoir, Geoffroy.
00:09 Philippe Devilliers, c'est une émission, et Geoffroy, je vous le dis, exceptionnelle,
00:13 puisque nous restons ensemble tous les trois.
00:16 Il y a beaucoup de téléspectateurs qui nous disent mais l'émission, chaque vendredi, elle est trop courte.
00:20 Écoutez, on a entendu l'appel des téléspectateurs et exceptionnellement,
00:25 nous restons ensemble jusqu'à 20h05, très précisément.
00:29 Bonne nouvelle. On a beaucoup de choses à se dire, Philippe.
00:32 Il va falloir tenir.
00:33 Vous êtes en forme ?
00:34 Il va falloir tenir.
00:35 Écoutez, serrez les dents.
00:38 Vous savez que depuis 3-4 semaines, on a créé quelque chose avec nos informateurs bien informés.
00:48 Et la semaine dernière, vous n'avez pas bien vu la photo.
00:51 Donc on va la remontrer, la photo de famille.
00:55 Et donc, visiblement, il y avait eu un petit oubli.
00:59 Oui, je me suis trompé.
01:00 En fait, là, je voyais les képis, mais je ne voyais pas le garçon qui est derrière
01:06 et qui s'appelle Emmanuel De Villiers, qui est mon frère.
01:09 Donc, je vous dis toute mon affection parce que j'ai confondu avec mon petit-fils.
01:17 Et mon épouse, quand je suis arrivé chez moi, m'a dit "Mais Biden ?"
01:22 Écoutez, c'est peut-être cette confirmation-là.
01:25 L'autre possibilité, ça s'appelle les lunettes, tout simplement.
01:27 On peut les utiliser.
01:28 Moi, ça m'arrive souvent de me tromper parce que je suis myope.
01:31 Non, mais c'est vrai qu'on ne voit rien de là où on est.
01:32 Mais oui, il faut le dire aux téléspectateurs.
01:34 C'est pas vraiment, c'est un tout petit.
01:35 Mon frère Emmanuel est né en 1966.
01:38 Donc, il y a un décalage.
01:41 Oui, de quelques mois.
01:42 Mais comment j'ai pu le dire à mon petit-fils ?
01:45 Par ailleurs, Emmanuel, c'est une personnalité très connue parce que sur Twitter,
01:48 il a un compte très actif où il a des commentaires sur l'actualité assez amusants.
01:52 Et il a dirigé, de main de maître, tous les débuts du Grand Parc depuis du fou.
01:57 Et on le salue chaleureusement.
01:59 Philippe Devilliers, les informateurs bien informés ne se sont pas arrêtés à cette photo.
02:05 Ah bah écoutez, on s'est posé la question avec Geoffroy.
02:10 Et moi, j'ai poussé pour continuer.
02:13 Geoffroy, alors on va regarder la nouvelle photo des informateurs bien informés.
02:18 Regardons la nouvelle photo, s'il vous plaît, que vous allez devoir commenter, Philippe Devilliers.
02:26 Comment vous avez pu avoir ça ?
02:28 Et c'est pas ce que je vous demande.
02:30 C'est mon père avec un bébé dans ses bras.
02:34 Mais moi, je ne veux pas dire le nom du bébé parce que je ne veux pas me tromper.
02:37 Alors, on peut vous aider, vous n'allez vexer personne.
02:41 Comment ? Vous n'allez vexer personne.
02:43 Bah, voilà, c'est soit ma soeur Bibiane, mon aîné.
02:48 Non, ce n'est pas elle.
02:49 Soit Bertrand.
02:50 Non plus.
02:52 Soit Pierre.
02:53 Non, ce n'est pas lui.
02:56 Donc, voilà, c'est pas grand monde.
02:58 Non, elle est magnifique, cette photo.
03:02 Il a des cheveux d'un blond.
03:05 Alors, même si c'est en noir et blanc, c'est quand même une belle image.
03:09 Votre papa.
03:10 Sur la face, je me console en vieillissant, en me disant que j'étais un bel enfant.
03:17 Un bon bébé.
03:19 Mais vous restez un grand enfant, Philippe Devilliers.
03:22 Je reste un grand enfant.
03:23 Vous savez que j'avais fait une formule, au début de "Depuis du fou",
03:27 j'avais dit "Quelle est la différence entre un enfant et un adulte ?"
03:31 Allez-y.
03:32 C'est le prix de ses jouets.
03:33 Philippe Devilliers, c'est toujours...
03:37 Moi, vraiment, je suis très attentif aux réactions des téléspectateurs.
03:42 Et c'est une parenthèse.
03:43 Non, je pense que les téléspectateurs, ils disent "Bon, il est là, il vient parler de lui, ça n'a aucun intérêt."
03:49 Bon...
03:49 Alors, parlons de la France.
03:51 Bon, écoutez, parlons de la France, parlons aussi du monde.
03:54 Et vous avez entièrement raison, puisque l'actualité internationale, cher Philippe Devilliers, est brûlante.
03:59 Aux portes de l'Europe, comme au Proche et au Moyen-Orient, ou encore en Asie.
04:04 On parlera dans un instant du feu vert accordé à l'Ukraine par les États-Unis.
04:08 La France et l'Allemagne a frappé la Russie.
04:10 Mais à l'échelle planétaire, le monde, Philippe Devilliers, est bloqué entre trois plaques tectoniques,
04:16 que ce soit, je le disais, l'Ukraine, Gaza ou Taïwan,
04:19 qui peuvent bouleverser le globe.
04:21 Pourquoi, Philippe Devilliers, l'Occident est pris au piège ?
04:24 Parce que...
04:31 nous avons changé de monde.
04:34 Et les gens ne le comprennent pas.
04:37 Et je vais vous expliquer en quoi nous avons changé de monde.
04:40 En fait,
04:42 j'ai vécu le 9 novembre 1989, je l'ai déjà dit, mais je le répète,
04:47 la chute du mur de Berlin.
04:49 Et là, j'ai vu les élites dirigeantes de tout l'Occident
04:53 qui ont pensé
04:57 qu'elles allaient pouvoir toucher ce que Laurent Fabius,
05:01 l'impayable Laurent Fabius,
05:05 allait appeler les dividendes de la paix.
05:09 C'est-à-dire que nos élites dirigeantes
05:11 se sont mises à lire et à relire Fukuyama, l'historien,
05:15 qui disait "l'histoire est finie,
05:18 c'est la paix perpétuelle par le doux commerce.
05:22 Les chaînes de valeur globale
05:26 vont rendre les relations entre les nations inextricables
05:30 et donc éloigner la guerre."
05:33 Et, selon un mot heureux de Hubert Védrine,
05:39 l'accélération des échanges de la mondialisation
05:44 va éliminer les identités récalcitrantes
05:48 en faisant sauter les frontières,
05:50 comme de vulgaires calculs rénaux.
05:54 Et ça s'est passé comme ça,
05:57 du moins à la crue.
05:59 Et puis, patatra,
06:01 depuis quelques années,
06:04 depuis quelques mois,
06:06 tout a basculé.
06:08 Parce qu'il y a eu des phénomènes nouveaux qui sont intervenus.
06:13 Le premier phénomène nouveau qui est intervenu,
06:16 c'est le retour des états-puissances,
06:18 le retour des logiques de puissance,
06:20 ce que Kissinger, à la fin de sa vie,
06:24 a appelé un monde néo-westphalien.
06:29 C'est-à-dire que les Turcs rêvent de l'Empire ottoman,
06:37 les Iraniens rêvent de l'Empire perse
06:41 et les Russes rêvent de l'accès aux mers chaudes.
06:45 Ça, c'est le premier phénomène,
06:46 les états-puissances,
06:49 logiques de puissance.
06:51 Deuxième phénomène,
06:53 le collapsus démographique,
06:55 le déséquilibre démographique entre le Nord et le Sud.
06:57 Le Nord qui se stérilise
07:00 sous l'effet de l'hédonisme et du nihilisme d'État,
07:05 qui va vers sa mort,
07:07 ça, c'est l'Occident.
07:09 Et le Sud qui se déverse dans le Nord
07:13 avec une pensée décoloniale,
07:17 c'est-à-dire l'idée de la revanche.
07:18 En fait, ce qui se passe sur le plan démographique,
07:21 c'est la revanche du traité de Tordesillas de 1494,
07:27 deux ans après la découverte de l'Amérique par Cristóbal Colón.
07:31 Tordesillas, le monde avait été partagé en deux,
07:36 les Portugais et les Espagnols à partir d'Améridiens.
07:39 Là, on vit la revanche,
07:40 la poussée décoloniale et recoloniale, si l'on peut dire.
07:45 Et le troisième phénomène,
07:48 qui est tout aussi important,
07:49 c'est l'effondrement du système institutionnel.
07:53 L'ONU, l'OMC, la CPI,
07:57 ce sont des institutions qui n'ont plus de dimensions prescriptives.
08:02 On ne les écoute plus,
08:04 on n'obéit plus à ces institutions.
08:07 Et la tectonique des plaques se déplace au profit du Sud global,
08:15 un phénomène essentiel à observer, les BRICS.
08:19 Qu'est-ce que c'est les BRICS ?
08:20 C'est l'idée d'un nouvel ordre mondial post-occidental
08:26 qui unit les pays du Sud
08:30 avec l'idée d'un nouvel ordre mondial post-occidental.
08:36 C'était, là encore, l'idée de la revanche.
08:40 Et qu'est-ce que ça donne ?
08:41 Ça donne trois pièges qui s'ouvrent
08:45 et qu'on appelle, dans la polémologie,
08:48 les spécialistes de la guerre, les pièges de Thucydide.
08:53 Souvent, on parle d'un piège de Thucydide,
08:55 mais il y en a trois en réalité.
08:58 Et je réponds au cœur de votre question.
09:01 Thucydide, c'est l'historien qui avait observé la guerre du Péloponnèse
09:06 et qui avait dit ceci,
09:08 il y a un chasse-écroisé entre puissances.
09:11 Et quand il y a un chasse-écroisé entre une puissance dominante,
09:14 mais déclinante, et une puissance montante et agressive,
09:20 les deux ont envie de se faire la guerre.
09:22 C'est ce qui s'est passé avec Sparte, les Acédemoniens, et Athènes.
09:28 Et si on applique cette loi,
09:31 elle colle parfaitement avec ce qui se passe aujourd'hui.
09:33 C'est pour ça qu'on est dans un monde très dangereux.
09:36 D'abord, il y a le piège de Thucydide entre l'Amérique et la Chine.
09:42 L'Amérique, puissance dominante, encore dominante, mais déclinante.
09:47 Et la Chine, puissance montante et agressive,
09:50 avec un régime, pour le moins, totalitaire.
09:56 Ensuite, il y a le deuxième piège de Thucydide,
10:00 qu'on ne voit pas, mais que je veux nommer.
10:03 C'est entre l'Europe et l'Eurasie.
10:05 L'Europe a réussi ce tour de force de créer l'Eurasie,
10:08 alors que l'Europe est l'isme de l'Eurasie, comme disait Paul Valéry.
10:12 L'Eurasie, c'est-à-dire la Russie et la Chine, qui sont ensemble.
10:19 Et dans ce piège de Thucydide,
10:21 les États européens sont les proxys de l'OTAN, de l'Amérique.
10:25 Proxy, c'est un mot inventé par Brzezinski,
10:30 qui est un grand spécialiste des questions internationales.
10:34 Et puis, le troisième piège, il est au Moyen-Orient.
10:36 Le troisième piège de Thucydide, c'est entre Israël et l'Iran.
10:40 Israël, puissance dominante, mais dont on s'est aperçu récemment
10:45 que son territoire n'était plus inviolable.
10:48 Et l'Iran, au régime millénariste et qui veut, selon ses propres termes,
10:55 supprimer l'entité sioniste.
10:58 Et donc là encore, on a un piège de Thucydide.
11:00 Et là, il y a le sablier qui coule, et dans le sablier, l'uranium enrichi.
11:10 Et donc, Israël peut être tenté de régler le problème de l'Iran
11:13 avant qu'il ne soit trop tard.
11:14 Parce que c'est ça à chaque fois, le piège de Thucydide.
11:17 C'est la puissance dominante qui se dit, avant qu'il ne soit trop tard,
11:20 il faut faire quelque chose.
11:22 Et c'est comme ça qu'arrivent les guerres.
11:25 La France, historiquement, depuis Louis XIV et bien avant,
11:30 la France est une puissance d'équilibre.
11:32 La France, il ne faut pas qu'elle tombe dans les trois pièges.
11:36 Or, c'est ce qu'elle est en train de faire.
11:41 Parce qu'elle choisit à chaque fois un camp.
11:43 Non, la France, elle n'a pas à choisir un camp.
11:45 Elle doit être au-dessus de ça, elle doit surplomber.
11:48 Et vous savez, vous étiez trop jeune, moi j'étais jeune aussi,
11:53 c'était en 1955, la conférence de Bandung.
11:57 Il y avait tous les pays qui se sont réunis, les pays neutralistes,
12:01 les pays en fait, il y avait beaucoup de pays socialistes,
12:03 mais qui ne voulaient pas choisir entre les deux blocs.
12:07 Le bloc atlantique avec les États-Unis et le bloc soviétique.
12:11 Et donc, qu'est-ce qu'ils faisaient ?
12:13 Ils venaient voir la France.
12:15 Parce que la France était une puissance indépendante,
12:18 une puissance d'équilibre.
12:19 Et c'est là le rôle que nous sommes en train de manquer.
12:22 La France doit redevenir une puissance d'équilibre.
12:26 - Mais que devrait dire la France du coup dans ces conflits ?
12:28 - Pardon ?
12:28 - Que devrait dire la France ?
12:31 - Aujourd'hui ?
12:31 - Oui.
12:34 - Elle devrait aujourd'hui favoriser,
12:40 comme autant de Richelieu et de Mazarin, l'ordre des nations.
12:47 Saint-Thomas d'Aquin disait "la paix c'est la tranquillité de l'ordre".
12:53 Et c'est devenu une maxime française de Richelieu.
12:56 La tranquillité de l'ordre.
12:57 Quand vous avez la tranquillité de l'ordre,
12:59 vous avez la tranquillité et vous avez l'ordre.
13:02 Mais l'ordre passe par le respect des nations.
13:04 C'est-à-dire le respect des peuples, de leurs inspirations, de leurs traditions.
13:09 Et ce n'est pas ce que dit la France.
13:10 - Je vous le disais justement, Philippe de Villiers,
13:12 en ouverture de l'émission, Washington, Berlin et Paris
13:15 autorisent donc Kiev à frapper la Russie sur son sol,
13:20 malgré les menaces de Vladimir Poutine.
13:25 C'était cette semaine, voilà ce que disait Vladimir Poutine.
13:27 En Europe en particulier, dans les petits pays,
13:29 ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent.
13:33 Ils doivent se souvenir qu'ils sont bien souvent des États
13:36 ayant un petit territoire et une population très dense.
13:40 Comment, Philippe de Villiers, qualifiez-vous ce nouveau pas dans la guerre ?
13:50 - Nous sommes près de la guerre mondiale.
14:02 C'est incroyable ce qui se passe.
14:05 Ça ne fait pas un sujet de la presse ce que je dis.
14:10 Il y a eu une interview, il y a deux jours, de Nicolas Sarkozy,
14:17 qui était remarquable, où il dit "attention aux conséquences".
14:24 Alors, j'explique ce que je veux dire.
14:34 Il y a deux verrous qui viennent de sauter.
14:38 Le premier verrou, c'est "no boots on the ground".
14:45 C'était la position des États-Unis qui commandent l'OTAN.
14:49 Pas de troupes au sol.
14:52 Pourquoi ?
14:53 Parce qu'on aide les Ukrainiens, mais on ne veut pas être partie prenante
15:00 de cette guerre qui n'est pas la nôtre.
15:02 Voilà la position de l'OTAN, la position des États-Unis.
15:07 Et voilà que le 27 février, vous vous en souvenez, on avait parlé ici,
15:12 Emmanuel Macron, lui, dit "on va envoyer les troupes au sol".
15:18 C'est un risque insensé.
15:20 D'ailleurs, il était seul à l'époque.
15:22 Sauf que depuis, il a gagné des parts de marché, si l'on peut dire,
15:29 et il a décidé d'envoyer des instructeurs.
15:34 Et c'est ça qui a déclenché Poutine.
15:36 Parce qu'à partir du moment où il envoie des instructeurs,
15:40 on change la qualification de la France, sans d'ailleurs aucun vote du Parlement.
15:48 Mais là, on entre en guerre avec les instructeurs.
15:53 Et deuxièmement, et c'est plus grave encore,
15:57 le deuxième verrou, c'était "ni l'OTAN, ni la Russie".
16:03 C'est-à-dire, on neutralise les deux territoires.
16:07 L'OTAN ne frappe pas la Russie, et la Russie ne frappe pas le territoire de l'OTAN.
16:14 Et voilà que Macron, une fois de plus, explique
16:20 qu'il faut autoriser l'Ukraine à utiliser les armes de l'OTAN,
16:27 les scalpes, les missiles, pour frapper la Russie.
16:31 D'où la phrase de Poutine.
16:35 Alors, comment qualifier cette nouvelle situation, maintenant que ces deux verrous ont sauté ?
16:40 Ça s'appelle la co-belligeance.
16:44 Et je pense que les téléspectateurs qui nous regardent doivent être attentifs.
16:48 Qu'est-ce que ça veut dire, la co-belligeance ?
16:49 Ça veut dire qu'on a quatre puissances nucléaires qui s'observent
16:56 et qui sont maintenant, ou qui vont être en guerre.
17:02 C'est-à-dire la Russie, l'Angleterre, la France et naturellement l'OTAN, les États-Unis.
17:09 Et comme l'a très bien dit Nicolas Sarkozy,
17:12 qui a une grande expérience internationale,
17:14 qui avait réglé le problème de la géologie en son temps,
17:19 on marche sur des allumettes.
17:24 Pourquoi ?
17:26 Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
17:28 D'une phrase.
17:30 Il y a une grande différence entre les démocraties occidentales,
17:35 et spécialement la démocratie macraonienne,
17:38 et Poutine qui est un chef d'État.
17:42 C'est que lui, il prend au pied de la lettre ce qu'on lui dit.
17:47 Il est dans l'action.
17:50 Et nous, on est dans les éléments de langage, comme disent les diplomates.
17:54 Donc on croit que le verbe se suffit à lui-même.
17:57 Mais lui, il prend le verbe au premier degré, j'allume Poutine.
18:02 Et donc c'est en cela que c'est extrêmement dangereux
18:05 de voir l'OTAN et la Russie se mettre de persil sous le nez.
18:14 L'erreur que nous commettons.
18:19 Vous savez, Nicolas Sarkozy a dit,
18:22 il serait désastreux de voir Tolstoy et Balzac se faire la guerre,
18:27 parce que la Russie ne va pas changer d'adresse.
18:30 Admirable propos.
18:36 En fait, ce qui risque de se passer,
18:41 c'est qu'on va passer au stade d'après.
18:47 Et la grande erreur de tous nos politiciens,
18:50 toutes catégories confondues,
18:54 c'est qu'ils ont peur d'être municois.
18:58 Mais là, on n'est pas à Munich, on est à Sarajevo.
19:02 Ce n'est pas pareil.
19:03 Il faut quand même savoir lire l'histoire avant de parler.
19:07 Et c'est l'engrenage de 14.
19:09 Et il faudrait que, et non pas de 40.
19:13 Ce n'est pas Munich, c'est Sarajevo.
19:16 Et on a vécu, quand moi j'étais petit,
19:23 l'affaire de Cuba, les missiles.
19:27 Ça a duré 12 jours.
19:29 Là, on est dans un équilibre instable avec maintenant l'idée
19:33 qu'on passe à la belligérance.
19:35 C'est extrêmement dangereux.
19:37 Cette inquiétude que nous avions traitée il y a un peu plus
19:41 d'un mois, puisque c'est cette déclaration d'Emmanuel Macron
19:43 le 29 avril dernier pour nos confrères de The Economist.
19:47 Si les Russes devaient aller percer les lignes de front,
19:49 s'il y avait une demande ukrainienne,
19:51 ce qui n'est pas aujourd'hui le cas,
19:53 on devrait légitimement se poser la question de l'envoi
19:55 des troupes au sol.
19:56 Quelques minutes avant la publicité,
19:59 Philippe Devilliers, et je rappelle aux téléspectateurs
20:01 qui nous rejoignent à l'instant que nous sommes ensemble
20:03 jusqu'à 20h05.
20:06 Parlons de l'actualité intérieure.
20:08 Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise.
20:10 Il y a dans les conflits internationaux,
20:12 certains qui viennent s'importer jusque dans l'hémicycle
20:15 de l'Assemblée nationale.
20:17 Le député de la France Insoumise, vous avez dû voir cette image.
20:19 Sébastien Delogu qui a brandi un drapeau palestinien
20:22 cette semaine, sanctionné immédiatement,
20:24 exclut 15 jours de l'Assemblée.
20:26 De nombreuses manifestations ont été organisées,
20:29 dont une jusqu'au pied de la tour TF1 à l'appel de Rima Hassan,
20:33 parce que nos confrères de TF1 ont interrogé
20:35 Benjamin Netanyahou.
20:36 Tout cela rejoint peut-être une idée mûrement pensée,
20:39 réfléchie par le grand chef de la France Insoumise,
20:42 Jean-Luc Mélenchon, qui appelait à tout conflictualiser.
20:46 C'était en 2012.
20:47 Écoutez.
20:48 La conquête de l'hégémonie politique a un préalable.
20:52 Il faut tout conflictualiser.
20:55 Tout conflictualiser.
20:57 Si vous laissez passer, les choses passent avec la grammaire
21:00 et la syntaxe, le consentement à l'ordre.
21:04 Tout doit être interpellé.
21:06 Tout doit être conflictualisé dans un premier temps.
21:08 C'est ça les leçons.
21:09 Comment croyez-vous qu'on transforme un peuple révolté
21:11 en peuple révolutionnaire ?
21:14 Comment sa conscience peut-elle s'éveiller ?
21:16 Par les discours, bien sûr,
21:18 mais par la pratique de la lutte,
21:21 par l'observation consciente des agressions de l'adversaire.
21:25 Voilà ce qui se passe.
21:26 Comme l'a dit Chavez, reprenons une phrase de Trotski.
21:31 La révolution avance sous le fouet de la contre-révolution.
21:35 Geoffroy Lejeune.
21:36 Cher Philippe, cet extrait est très éloquent.
21:38 Est-ce que vous pensez que Jean-Luc Mélenchon
21:40 est en train de gagner ce pari ?
21:43 Alors, il faut décrypter le pari.
21:47 Parce qu'il y a deux paris alternatifs.
21:50 C'est pour ça que sa stratégie, elle est redoutable.
21:56 Je pense que Jean-Luc Mélenchon promène, dans l'ère du temps,
22:00 deux projections imaginaires.
22:03 La première projection imaginaire,
22:06 c'est la créolisation des urnes.
22:10 C'est-à-dire qu'il mise sur le nouveau peuple,
22:12 les banlieues, le nouveau peuple élu,
22:15 le nouveau peuple créolisé,
22:16 auxquels s'adjoindront le jour venu
22:19 tous les Kerenskis du hoquisme
22:22 qui seront plus tard balayés,
22:24 c'est-à-dire la jeunesse, les banlieues, la jeunesse.
22:27 Il a compris que la démocratie, c'est le nombre.
22:32 Et donc, il faut être plus nombreux.
22:35 Et donc, il mise sur 2027, créolisation des urnes.
22:39 Et deuxième projection imaginaire,
22:42 c'est l'apocalypse insurrectionnel.
22:46 C'est-à-dire qu'il mise sur la victoire de Marine Le Pen
22:50 en disant qu'il y aura des troubles
22:52 et à ce moment-là, en prenant le pouvoir.
22:53 En fait, il a deux stratégies.
22:55 Une, 1958, l'autre, 1848.
23:00 1958, je serai, pense-t-il,
23:03 le fondateur de la Nouvelle République, comme de Gaulle.
23:07 Et 1848, je serai Lamartine sur les barricades.
23:10 La publicité, messieurs.
23:12 On revient dans un instant.
23:13 Je le dis aux téléspectateurs,
23:14 je pense qu'on a découvert une archive de Philippe Devilliers,
23:19 peut-être la plus étonnante, éloquente,
23:24 qui va nous rappeler une séquence
23:25 qui a été beaucoup commentée cette semaine.
23:28 Comme le temps passe vite.
23:29 Ou pas.
23:30 A plus.
23:31 19h30 sur CNews, la suite de Face à Philippe Devilliers.
23:37 Philippe Devilliers, c'est une étude passionnante,
23:39 relayée par nos confrères du Figaro Magazine
23:42 sur l'audiovisuel public.
23:43 Ça a été publié le week-end dernier.
23:45 Le rapport qui accuse, fruit d'une étude de l'Institut Thomas More,
23:51 qui a décortiqué fin février trois chaînes
23:54 et trois stations du service public,
23:56 passant au crible près de 600 intervenants.
23:59 Résultat des courses, la gauche est surreprésentée,
24:02 la droite est marginalisée.
24:04 Articles et dossiers contestés par Radio France.
24:08 Que vous a inspiré cette enquête Philippe Devilliers ?
24:10 Je le répète, sous-traitée médiatiquement,
24:13 politiquement et contestée par Radio France.
24:17 Quand une société s'éloigne de la vérité,
24:24 disait Orwell,
24:27 elle pourchasse tous ceux qui la disent.
24:31 Et donc en fait, pour le progressisme,
24:36 il n'y a qu'une sorte de pluralisme.
24:37 C'est le pluralisme interne au progressisme.
24:41 Donc entre l'extrême gauche et l'ultra gauche.
24:45 Et ça, ils font ça très bien.
24:47 Et pourquoi ?
24:49 Parce qu'en fait, il y a deux camps pour le progressisme.
24:51 Il y a le camp du bien et le camp du mal.
24:54 Alors le camp du bien, c'est le ministère de la vérité d'Orwell.
24:58 C'est le service public qui est doté quand même
25:02 de 4 milliards d'euros pris dans nos poches,
25:06 la poche du contribuable,
25:08 qui a donné, on pourrait le dire mieux que moi,
25:14 avec Europe 1, 4 000 répéteurs, émetteurs,
25:23 contre 700 pour Europe 1.
25:26 Et en fait, c'est l'Arkham qui distribue les fréquences,
25:30 confinément à la loi, avec un droit de préemption pour France Inter.
25:34 Donc ils sont tout puissants.
25:36 Et Delphine Arnot a défini le pluralisme et le progressisme.
25:41 Donc il ne faut pas être tout honnête, ce rapport, elle a dit,
25:43 nous ne cherchons pas à dire ce que la France est,
25:46 mais ce qu'elle doit être.
25:48 Elle a dit ça au Monde dans une interview récente,
25:52 il y a quelque temps.
25:54 Et alors le camp du mal, c'est simple,
25:56 c'est la bête immonde,
26:00 ce qui enfante la bête immonde,
26:01 le ventre fécond qui enfante la bête immonde.
26:05 Et cette semaine, Marion Maréchal était, par exemple,
26:08 l'invité de la matinale de France Inter,
26:11 interrogée par la journaliste Sonia Devilleur.
26:14 Et une question en a choqué plus d'un,
26:16 je vous permets de voir cet échange.
26:19 Et je vais vous le dire,
26:21 quelle différence y a-t-il entre la défense de la famille que vous proposez
26:24 et celle que proposait le Maréchal Pétain ?
26:26 Voilà la question de Sonia Devilleur.
26:28 Réponse de Maréchal, quand j'entends cette question,
26:30 je me rappelle pourquoi j'ai envie de privatiser le service audiovisuel public
26:34 et faire 4 milliards d'économies.
26:36 L'attaque de Sonia Devilleur ne vient-elle pas confirmer
26:39 ce qui est présenté dans cette étude Thomas More,
26:42 à savoir, en quelque sorte, un biais idéologique,
26:45 diraient certains à France Inter ?
26:47 - Imaginons ensemble qu'à la place de Marion Maréchal,
26:51 il y ait Jean-Luc Mélenchon, puisqu'on parlait de lui.
26:55 Et imaginons que Sonia Devilleur, et non pas Devilleur,
27:00 lui dise "Monsieur Mélenchon,
27:03 soyez le bienvenu, je vais vous poser une question simple.
27:08 Quelle est la différence entre vous et les terroristes du Hamas du 7 octobre ?"
27:15 Et là, Mélenchon dit "euh, quand même".
27:16 Et j'ai une autre question,
27:18 "Quelle est la différence entre vous et Robespierre ?"
27:21 Et j'ai une autre question,
27:23 "Quelle est la différence entre vous, Staline, Lénine et Trotsky,
27:27 dont vous vous réclamez, qui ont fait 100 millions de morts ?
27:30 Vous voulez faire le même bilan ?"
27:32 Et à mon avis, ils quittent le studio, vous voyez ?
27:35 - Voilà ce qui s'est passé.
27:36 - Ça s'appelle l'académisme des fausses fenêtres.
27:39 - Et je le disais avant la publicité,
27:42 il y a 32 ans, Philippe, il y a quasiment 32 ans, jour pour jour,
27:46 puisque c'était le 24 mai 1992,
27:51 vous êtes l'invité de l'émission "L'heure de vérité".
27:54 Et en face de vous, il y a un journaliste...
27:56 - Ma première heure de vérité.
27:59 - 92.
28:01 - Qui à l'époque, a l'émission "Politique phare".
28:04 - Il s'avère que le 24 mai, donc il est l'invité,
28:07 il est interrogé par Yvan Levaille,
28:08 qui était à l'époque directeur de la rédaction de Radio France.
28:14 Et écoutez cet échange.
28:16 - Pourquoi vous distinguez-vous du maréchal ?
28:18 - Alors, nous y sommes.
28:19 - Et de ses valeurs ?
28:21 - Et de ses valeurs ?
28:22 - C'est extraordinaire.
28:22 - Et de ses valeurs ?
28:23 - Voilà. Alors, monsieur Levaille, regardez-moi bien.
28:27 Comme ça, ce sera la dernière fois que vous me posez la question.
28:31 Combat pour les valeurs.
28:33 Combat pour les valeurs.
28:36 Puise à la double source de la résistance française
28:40 et de la résistance spirituelle de l'Est,
28:43 des pays qui se sont libérés du communisme.
28:45 C'est-à-dire que si un jeune,
28:48 qui me posait la question encore tout à l'heure,
28:50 me demandait qu'est-ce qu'il faut lire,
28:52 je dirais Tocqueville pour avoir le sens de l'épaisseur historique,
28:55 Hayek pour avoir le sens de la propriété du marché,
28:59 Solzhenitsyn pour avoir le sens de la vérité,
29:02 Eva Klavavel pour avoir le sens de la conscience
29:05 et de la liberté politique.
29:08 Quant à la résistance, à l'esprit de résistance,
29:13 mes références familiales
29:16 s'accordent avec mes références intellectuelles
29:18 et celles de tous mes amis.
29:20 Pour rejeter tout ce qui peut de loin ou de près
29:24 ressembler à l'antisémitisme, au racisme, à l'intolérance,
29:29 à toutes les formes d'exclusion,
29:32 moi je vais vous dire mes deux grands-pères,
29:33 ils sont morts enveloppés dans le drapeau tricolore
29:35 en chantant la Marseillaise.
29:36 Pardon de vous dire ça,
29:38 il y a un homme qui s'appelle Jean-Marie Le Pen
29:40 et qui exploite un fonds de commerce politique
29:42 qui est basé sur la peur, l'inquiétude, la fermeture.
29:47 Et le maréchal Pétain a exploité aussi ce type de valeur.
29:50 Qu'est-ce que vous faites pour ne pas vous sombrer
29:54 dans ces dérives-là ?
29:56 Qu'est-ce que vous allez faire ?
29:57 Moi je vais dire aux Français qui nous regardent en ce moment,
29:59 nous sommes devant un cas d'école
30:01 où certains mots nous sont interdits.
30:05 Et je vais dire aux Français qui nous regardent
30:08 ce que m'a dit un jour Vito Tass Lansbergis.
30:12 Il m'a dit que pendant 70 ans, le communisme s'est maintenu
30:16 parce qu'on nous a interdit certains mots.
30:19 On n'osait plus les prononcer.
30:20 Le mot famille, le mot charité, le mot nation,
30:25 le mot morale, le mot racine, le mot foi.
30:30 Et il ajoutait ceci, Monsieur Levaille,
30:33 à chaque fois qu'il prononçait un mot comme celui-là,
30:36 il était très vite soupçonné, puis accusé, puis condamné.
30:42 Et on disait c'est un anticommuniste primaire,
30:45 c'est un fasciste.
30:47 Alors moi je voudrais qu'on en sorte.
30:51 Je comprends votre question quand vous parlez des dérives.
30:56 Il faut toujours faire attention à prononcer les mots les uns avec les autres.
30:59 Quand un mot est tout seul, il devient un slogan.
31:02 Geoffroy Lejeune.
31:04 Alors déjà je salue la mémoire de Patrick Buisson
31:07 qu'on a vu dans cet extrait, qui était un des penseurs de la droite
31:10 qui est décédé récemment.
31:11 Il y avait Marie-France Garot, il y avait Jimmy Goss Smith,
31:14 il y avait Alain Delon qui était là.
31:17 - Et on pense à ceux qui nous ont quittés.
31:20 - Oui.
31:21 - Ça c'est la première chose.
31:22 La deuxième chose, j'avais une question, mais avant tout,
31:25 est-ce que vous improvisez cette réponse ou est-ce qu'elle est préparée ?
31:28 Et la deuxième question, c'est en fait, c'est vrai que Eliott a raison,
31:31 bravo Eliott, d'ailleurs l'archive est exceptionnelle,
31:33 c'est la même question que cette semaine avec Marion Maréchal.
31:37 Pourquoi est-ce qu'on vous pose cette question ?
31:40 - Alors justement, je réponds en improvisant.
31:44 C'est ma première horreur de vérité, je suis désemparé.
31:46 Et en fait, après coup, maintenant, je me dis,
31:49 j'aurais pas dû faire comme ça, j'aurais dû quitter le plateau,
31:52 comme vous savez Maurice Clavel qui avait dit "bonsoir les censeurs".
31:58 Et en fait, c'est le même procédé, c'est d'une actualité brûlante.
32:04 C'est-à-dire en fait, c'est le journalisme insinuateur.
32:12 J'ai créé moi une école de communication à Nantes à l'époque.
32:16 Et je me souviens qu'à l'époque, j'avais dit,
32:18 il faut qu'on fasse des cours de l'écologie de l'image,
32:23 comme il y a l'écologie de la nature.
32:24 L'écologie de la nature, on étudie les écosystèmes,
32:27 on voit la pollinisation des plantes, etc.
32:30 Mais il n'y a pas d'écologie de l'image dans les écoles de journalisme.
32:33 L'écologie de l'image permettrait à tous les Français qui nous regardent
32:36 de détecter et de foudroyer ce genre de procédé.
32:43 Parce que c'est quoi ce genre de procédé ?
32:45 Les journalistes, ils ont compris qu'il y a un point commun
32:49 entre la première question, la question qu'ils posent, et l'atome.
32:53 C'est la première frappe en fait, qui vous salit.
32:57 Vous avez beau avoir une deuxième frappe, c'est fini.
32:59 Parce qu'à la sortie, le gars se dit "ouais mais quand même, c'est pas net".
33:03 Parce que le journaliste lui a quand même dit "néofasciste, nazi, pétainiste, etc."
33:08 C'est comme ça qu'il procède, le journalisme insinuateur.
33:12 Et deuxième point, qu'est-ce qu'il fait le Vaille ?
33:16 Il fait ce qu'ont fait les Orangers de 68, c'est-à-dire "d'où parles-tu camarade ?"
33:23 Donc le Vendéen, le Vicomte, etc.
33:26 Il est de droite, donc il ne peut pas être progressiste,
33:29 donc il ne peut pas être pour la générosité, pour le peuple, etc.
33:33 Et je voudrais simplement dire qu'à la fin de cette émission,
33:38 François-Henri de Verrieux, qui était le rédacteur en chef,
33:41 m'indique un livre d'or dont je dois m'approcher.
33:47 Il me donne un stylo et en direct, j'écris une phrase.
33:52 Et j'ai écrit une dédicace à Yvan Le Vaille.
33:58 "Ne mentez plus sur le génocide."
34:02 C'était il y a 30 ans, quasiment jour pour jour, le 24 mai 1970.
34:07 Mais ça vous marque encore quand vous en parlez.
34:09 Non, je vais vous dire, ce qui m'émeut, c'est que je pensais mourir comme ça,
34:16 comme un paria, parce que j'étais un paria après.
34:20 Et grâce à vous, ça me touche profondément.
34:26 En montrant ces séquences, beaucoup de gens se disent
34:29 finalement, Philippe de Villiers, c'était pas le paria qu'on a cru.
34:34 Et toute la semaine, j'ai des gens qui viennent me voir qui disent
34:37 "non, on savait pas ça."
34:40 Donc je me suis fait massacrer.
34:44 Et c'est pour ça que quand je vois Marion Maréchal,
34:47 qui est une fille de conviction, qui ne triche pas,
34:53 qui est un vase de cristal, je me dis, c'est scandaleux de procéder comme ça.
34:57 Vous vous rendez compte ? Elle arrive dans le studio, on lui dit "pétain".
35:01 C'est vraiment horrible.
35:02 J'espère que les gens vont s'en souvenir le 9 juin.
35:08 - Est-ce qu'on avance ? - Oui.
35:10 - On continue justement. - Là, on a reculé.
35:13 - Et encore, c'est pas fini parce que j'ai une seconde archive.
35:15 - Ah d'accord. - Attention à vous, Philippe de Villiers.
35:18 Dans l'actualité, cette semaine, il y avait également le projet de loi sur la fin de vie,
35:22 qui est examiné à l'Assemblée nationale.
35:24 Et dans ce projet de loi, après la réunion des parlementaires en commission,
35:33 il y a eu plusieurs garde-fous qui ont sauté.
35:36 On écoute Catherine Vautrin, c'était cette semaine la ministre de la Santé et des Solidarités.
35:41 - On ne peut légiférer sur de tels sujets qu'avec une main tremblante,
35:44 comme nous y invitait Montesquieu,
35:46 équilibre entre la solidarité que nous devons apporter aux personnes les plus vulnérables
35:51 par le développement des soins d'accompagnement,
35:53 le respect de l'autonomie individuelle en ouvrant l'accès à une aide à mourir,
35:58 équilibre entre l'ouverture d'une aide à mourir et des conditions strictes et claires d'accès
36:02 que nous y fixons.
36:03 Trouver ce juste équilibre est un impératif éthique et sociétal pour ce texte sensible.
36:09 Notre responsabilité est grande.
36:11 Répondre aux souffrances sans brusquer les consciences.
36:15 Entre le choix de ne rien faire et la tentation de trop en faire,
36:19 il existe un chemin pour bien faire.
36:22 - Voilà, Geoffroy Lejeune.
36:24 - On a beaucoup entendu le mot "équilibre" dans le propos de la ministre de la Santé.
36:29 C'était la promesse d'Emmanuel Macron.
36:31 Au vu de tout ce qui s'est passé ces derniers jours, ces dernières semaines,
36:35 qu'est-ce que vous espérez de ce qui va se passer dans les semaines qui viennent ?
36:39 - La prise de conscience des Français de ce qui est en train de se passer.
36:47 Parce que c'est un moment historique sur le plan de la rupture anthropologique.
36:54 Alors, Emmanuel Macron, je reprends votre mot, avait promis une loi d'équilibre.
37:01 Comme si la mort administrée et le suicide étaient les deux plateaux de la balance pour faire l'équilibre.
37:13 Et qu'est-ce qu'on a eu avec la commission spéciale, la fameuse commission spéciale ?
37:19 Tous les verrous ont sauté, là aussi.
37:22 Le premier verrou, c'était le pronostic vital à moyen ou court terme, il a sauté.
37:27 Le deuxième verrou, c'était le délai de réflexion avant la piqûre létale, il a sauté.
37:38 Et le troisième verrou, c'était la collégialité de la décision, verrou, qui a sauté.
37:45 Mais ça va plus loin.
37:46 On a instauré, là je demande l'attention des téléspectateurs et des auditeurs d'Europe qui nous regardent et qui nous écoutent.
37:56 On a instauré un délit d'entrave à l'aide à mourir.
38:04 C'est-à-dire que quelqu'un qui fera demain la promotion des soins palliatifs,
38:14 quelqu'un qui dit du mal de la mort administrée, quelqu'un qui dit "je suis contre le suicide",
38:20 il risque 15 000 euros d'amende, le délit est prévu, et un an de prison.
38:30 Jusqu'à présent, le suicide n'est pas recommandé, demain, quelqu'un qui dira du mal du suicide ira en prison.
38:38 Est-ce que vous imaginez ce qui est en train de se passer ?
38:42 Donc en réalité, il faudrait requalifier cette loi.
38:47 Premièrement, c'est la fin des soins palliatifs, parce qu'à partir du moment où on explique que les soins palliatifs et l'aide à mourir, c'est la même chose,
38:54 c'est simplement une question de nuance sur le cheminement,
38:58 les gens qui vont aller en soins palliatifs vont avoir peur.
39:03 Deuxièmement, c'est le suicide légal, c'est la première fois dans l'histoire de l'humanité.
39:11 Et troisièmement, pire encore, c'est le meurtre légal sur ordonnance.
39:17 On pourra tuer.
39:19 Et donc, conclusion, on va passer à une société de la suspicion,
39:26 la triple suspicion.
39:29 La suspicion du patient avec le soignant,
39:34 qu'est-ce qu'il a dans la main ?
39:36 C'est quoi la piqûre ?
39:38 Vitamine ou piqûre létale ?
39:41 Qu'est-ce qu'il est en train de me dire ?
39:42 Je vais vous aider à vivre ou à mourir.
39:45 Deuxièmement, c'est le lien, la relation entre le pensionnaire et l'EHPAD.
39:54 Véronique Besse, qui est une députée brillante,
39:57 spécialiste du grand âge, me disait récemment
40:01 qu'elle rencontre beaucoup de médecins dans les EHPAD qui lui disent
40:05 "Bon, ils sont en train de régler le problème des EHPAD."
40:07 Donc les personnes âgées qui nous regardent dans les EHPAD,
40:11 vous comprenez ce que je suis en train de vous dire.
40:15 C'est horrible.
40:16 Ils vont régler le problème économique de cette manière
40:19 et ils le savent très bien et les Français ne l'ont pas compris.
40:23 Et enfin, la troisième relation, c'est le pire,
40:26 c'est entre les parents et les enfants.
40:29 Il y a intérêt à être bien avec ses enfants,
40:31 il y a intérêt à être bien avec ses parents, etc.
40:34 Et quand j'entendais M. Falorni chez Laurence Ferrari hier,
40:40 il expliquait tout doux, tout doux,
40:42 "Oui mais non, c'est l'aide, en fait c'est l'aide à vivre, c'est l'aide à mourir."
40:46 Et je me disais, c'était un démocrate chrétien, c'est le modem,
40:50 vous voyez, c'est typiquement la démocratie chrétienne.
40:54 Et qui me fait penser aux mots de Nicolas Gomez d'Avila,
40:59 "Le diable ne pourrait rien réussir
41:06 sans la collaboration étourdie des vertus."
41:11 Voilà pour le projet de loi sur la fin de vie
41:15 qui est discuté dans l'hémicycle,
41:18 avec de nombreuses alertes du côté des médecins, des soignants.
41:21 Et donc la position, votre position, Philippe Devilliers,
41:25 que vous avez longuement expliquée dans cette émission.
41:30 Parlons d'Emmanuel Macron, toujours, si vous le voulez bien, Philippe Devilliers,
41:34 cela faisait 24 ans que ça n'était plus arrivé,
41:37 une visite d'État d'un président français en Allemagne.
41:41 Peu en ont parlé cette semaine et pourtant,
41:43 c'est une tradition qui avait été perdue au moment de la présidence de Jacques Chirac.
41:47 Et lors de ce séjour-là, Emmanuel Macron a plusieurs fois,
41:51 pendant ce séjour, fait référence aux élections européennes.
41:55 Alertant selon lui sur la montée de l'extrême droite en France,
41:59 mais également en Europe.
42:00 Je vous propose de découvrir ces quelques déclarations d'Emmanuel Macron.
42:06 Donc depuis Dresde ou encore Berlin, voilà ce qu'il disait.
42:10 Cette tendance n'est pas une tendance, c'est une réalité en Hongrie.
42:13 En Hongrie, cela a été une réalité jusqu'à l'élection formidable en Pologne
42:17 et partout dans nos démocraties, ces idées prospèrent,
42:20 poussées par les extrêmes et en particulier l'extrême droite.
42:24 Ce vent mauvais souffle en Europe, c'est une réalité.
42:27 Alors réveillons-nous.
42:29 Emmanuel Macron a-t-il, Philippe Devilliers, rompu avec une règle diplomatique ancienne
42:33 en faisant en quelque sorte campagne pour sa majorité dans un pays étranger ?
42:37 Oui, moi j'ai été très choqué en tant qu'ancien serviteur de l'État.
42:44 Je vais vous expliquer pourquoi.
42:46 D'abord, c'est un voyage raté.
42:49 Pourquoi ?
42:50 Il y a un très bon papy dans le monde de monsieur Goujon,
42:54 qui était un spécialiste et qui dit,
42:57 les Allemands se sont agacés de voir Emmanuel Macron jouer les chefs de l'Europe.
43:05 Il faut dire que les Allemands sont dans une situation dramatique,
43:09 un hiver démographique comme jamais,
43:14 et une crise économique qui est due aux trois dépendances qui ont fait leur prospérité.
43:19 La dépendance aux gaz russes, c'est fini.
43:22 La dépendance à la main d'œuvre pas chère de l'Europe orientale, c'est fini.
43:27 C'est pour ça qu'ils veulent l'élargissement aux Balkans.
43:30 Et puis troisièmement, la dépendance à la Chine pour les exportations.
43:36 J'ajoute un point capital, c'est quand on parle d'Europe de la défense,
43:40 ils ont annoncé récemment un bouclier antimissile avec 17 pays,
43:44 sans la France, avec les États-Unis.
43:46 Donc pour eux, depuis 45, les Allemands, leur défense et leur sécurité,
43:52 et je dirais leur géopolitique, c'est la 51ème étoile du trapeau américain.
43:59 Et quand Emmanuel Macron leur fait la leçon, ça ne leur plaît pas.
44:02 Donc en fait, le moteur franco-allemand, je cite M. Goujon, dans Le Monde, tourne à vide.
44:10 Deuxièmement, il a fracturé l'Europe dans un discours insensé
44:15 où il parle du moment illibéral.
44:17 En fait, il vise Orban évidemment, mais aussi la Pologne,
44:20 enfin les pays de l'Europe orientale qui veulent garder leur tradition,
44:26 qui ne veulent pas être islamisés et qui veulent garder le goût des valeurs,
44:31 la famille, etc.
44:33 Il faut se souvenir de la phrase de Milan Kundera, qui disait,
44:38 en fait, il y a deux sortes de jeunesse en Europe,
44:40 il y a la jeunesse de l'Est qui veut préserver son patrimoine,
44:47 qui veut préserver son histoire et sa filiation,
44:50 et la jeunesse de l'Ouest qui veut en finir avec les anciennes filiations.
44:56 Nous en sommes là.
44:57 Et alors, le troisième discours, il s'adresse aux citoyens français.
45:02 C'est-à-dire qu'en fait, il choisit d'aller en Allemagne pour conjurer le mal français.
45:08 C'est un drôme de Rio-la-Rochelle.
45:10 Il est fasciné par l'Allemagne et il est allé à l'endroit où a professé
45:16 le fameux Einstein dont j'ai parlé ici, qui était un nazi,
45:19 professeur nazi et qui a été le premier président de la Commission européenne.
45:24 Et il nous fait la leçon là-bas en expliquant, attention, le fascisme revient,
45:28 les bruits de bottes, etc.
45:30 Mais, et je reviens à votre question, c'est très grave.
45:36 Pourquoi ? Parce qu'il y a une tradition ancienne diplomatique française,
45:42 c'est quand on va à l'étranger, quand on est ministre,
45:45 premier ministre ou président de la République,
45:47 on ne traite pas les affaires domestiques.
45:50 Voilà. Et je me souviens un jour, Jacques Chirac m'avait enguire demandé,
45:55 en Espagne, parce que j'avais parlé d'un projet sur Beaubourg, etc.
46:00 Et il m'avait pris à part, il m'a dit non, on ne traite pas ces questions à l'étranger, Philippe.
46:04 Il avait raison.
46:06 Geoffroy, vous avez une question pour Philippe de Villiers.
46:07 Je pense aux téléspectateurs qui nous regardent.
46:09 Souvent, ils sont déçus parce qu'à partir de 19h50, l'émission s'arrête.
46:13 Je leur dis qu'on est ensemble jusqu'à 20h05.
46:15 Et ensuite, bien évidemment, c'est l'heure des pro 2.
46:18 Geoffroy Lejeune.
46:19 Vous savez comment ça s'appelle ?
46:20 Non.
46:20 Le Money Time.
46:22 Le Money Time.
46:23 Vous savez que, je fais une parenthèse sportive,
46:27 le meilleur dans le Money Time, c'était Alex Ferguson.
46:30 Oui, c'est ça, c'est lui.
46:31 Le manager, bien sûr, le manager de Manchester United.
46:33 Vous gagnez dans cette période.
46:36 Moi, j'ai une question, Philippe.
46:36 Je me souviens d'avoir lu dans un de vos livres que vous avez rencontré
46:39 Viktor Orban, le chef du gouvernement hongrois,
46:42 et que vous avez eu une très longue discussion, justement,
46:44 sur sa vision de l'Occident, de l'Europe et de nos sociétés,
46:50 de leurs dérives, etc.
46:51 Quand vous entendez parler de "vent mauvais", de "peste brune",
46:54 de la dramatisation permanente d'Emmanuel Macron,
46:58 et en nous racontant cette conversation avec lui,
47:01 qu'est-ce que vous en pensez ?
47:03 Cette conversation me revient, évidemment, en mémoire,
47:08 puisque Viktor Orban avait insisté sur deux points.
47:12 Il m'avait dit "vous, vous allez vous faire islamiser,
47:15 vous êtes en train de vous faire islamiser,
47:18 vous allez devenir un califat islamique.
47:22 Il faut être très naïf pour ne pas le voir.
47:24 C'est une question démographique, le grand remplacement.
47:28 Nous, on ne veut pas être islamisé,
47:30 parce qu'on a connu Moax 1625.
47:33 On les a eus, les Ottomans, et on n'en veut plus.
47:37 Et deuxièmement, il a dit "nous, on a eu les commissaires de l'Est,
47:41 on n'a pas envie d'avoir les commissaires de l'Ouest",
47:43 en reprenant le mot "Tatscher".
47:46 C'est-à-dire qu'on a cru, en revenant,
47:48 en se libérant du joug soviétique,
47:52 qu'on allait retrouver la liberté de l'Europe,
47:55 dont on est le cœur, Saint-Etienne, ça vous dit quelque chose ?
47:58 Et puis on s'aperçoit qu'en réalité,
48:01 après les commissaires, on a les commissionnaires.
48:04 On n'en veut pas.
48:06 Viktor Orban était un homme remarquable.
48:09 J'ai pour lui une profonde estime.
48:12 Allez-y Geoffroy, mais vraiment rapidement,
48:14 parce que sinon on ne va pas faire tous les thèmes.
48:16 Je vais vous dire, les élections du 9 juin,
48:18 c'est Orban ou Ornot Orban,
48:21 c'est-à-dire que ce sont des élections
48:25 qui reposent sur la question suivante,
48:28 est-ce que vous voulez une Europe fédérale, un État fédéral,
48:31 ou une Europe des souverainetés nationales ?
48:34 Mais je peux passer mon tour ?
48:36 Non, allez-y, allez-y Geoffroy,
48:37 c'est simplement parce que sur l'Apollog,
48:40 Philippe a demandé encore plus de temps.
48:44 J'ai compris, on a un problème de temps,
48:45 je suis désolé, je suis un mauvais élève.
48:47 Vous connaissez en fait aussi bien Emmanuel Macron que Viktor Orban.
48:51 Comment vous expliquez ce personnage que vous connaissez,
48:54 dont vous avez en fait même participé, malgré vous,
48:57 à l'ascension politique parce qu'il s'est servi de vous
48:59 pour devenir président de la République, Emmanuel Macron,
49:02 comment vous expliquez qu'il puisse utiliser ces termes-là
49:05 aujourd'hui sur la question de l'Europe ?
49:08 Il s'est servi de moi, il ne faut pas exagérer.
49:10 Vous êtes en train d'expliquer que pour être élu,
49:13 il faut passer par le puits du fou, c'est ça ?
49:14 Pour lui, c'est vrai, dans son cas, c'est vrai.
49:16 Oui, c'est pas mal.
49:17 Dans le temps, c'était le Mont-Saint-Michel et le Don Rémi.
49:20 Ce sera peut-être vrai pour les prochains d'ailleurs, Philippe.
49:23 Bon, quelle est votre question ?
49:24 Non, mais comment vous expliquez, vous le connaissez,
49:26 vous avez eu des discussions avec lui sur l'Europe,
49:28 comment vous expliquez qu'il utilise ces termes justement
49:30 de vent mauvais, de peste brune, cette dramatisation permanente ?
49:34 Je pense qu'il est convaincu que l'avenir du monde,
49:41 c'est la globalisation sur le plan économique
49:44 et c'est le multiculturalisme sur le plan culturel,
49:49 sur le plan de la civilisation.
49:51 Il ne croit plus à la civilisation occidentale.
49:54 Il y a-t-il jamais cru ?
49:57 Et donc, il a une vision économétrique.
50:01 En fait, c'est un young global leader de Davos.
50:05 Et donc, ces gens-là qui croient à la globalisation
50:09 comme destin de l'humanité,
50:10 ne croient pas à l'Europe en tant qu'institution.
50:13 Ils croient à une Europe apolitique.
50:18 Ils ne croient plus à la politique au sens de la cité.
50:22 Ils ne croient plus aux racines, la preuve, ils ne croient plus à la famille.
50:24 Ils ne croient plus à ce qui fonde l'État et la nation,
50:31 c'est-à-dire la famille, la cellule de protection et de transmission.
50:38 Ils ne croient plus à la nation, la communauté du souvenir commun.
50:43 Et ils ne croient plus à notre art de vivre.
50:45 Voilà. Et donc, en réalité,
50:48 ils fonctionnent comme une libellule sur un abat-jour.
50:53 Dès qu'il y a de la lumière dans le monde, il y va.
50:55 Et il est aussi heureux à New York qu'à Paris,
51:01 mais il n'aime pas la creuse.
51:04 - Philippe de Villiers, l'archive qu'on devait passer,
51:07 on la passera la semaine prochaine.
51:09 Le Money Time, on manque de temps dans ce Money Time.
51:12 En revanche, on va revenir sur une date
51:15 qui a marqué l'histoire de France.
51:16 Le 1er juin 1885, le peuple français se retrouve à Paris
51:21 pour rendre un dernier hommage à celui qui apportait la culture populaire
51:25 à la française.
51:26 Philippe de Villiers, racontez-nous,
51:28 peut-être que les téléspectateurs ont déjà compris,
51:32 les funérailles de Victor Hugo.
51:34 - Alors, je vais vous emmener avec moi à l'Arc de Triomphe.
51:40 L'Arc de Triomphe, depuis quelques instants,
51:45 abrite une sorte de chapelle ardente.
51:51 Le corps est exposé toute une journée,
51:56 toute une nuit pour permettre au peuple de Paris
51:59 de venir s'y recueillir.
52:04 La décoration de l'Arc de Triomphe a été confiée
52:11 à l'architecte de l'opéra, Charles Garnier.
52:14 Décoration de l'Arc, de l'intérieur de l'Arc,
52:21 et décoration autour de l'immense catafalque.
52:24 Un vélum a été posé sur l'Arc de Triomphe
52:29 et tous les candélabres de la place
52:33 soutiennent des petits drapeaux
52:41 qui portent le nom des œuvres du défunt.
52:47 Et le défunt est un auteur
52:51 qui depuis son enfance s'en a l'air répétant,
52:55 "Je veux être Châteaubriand ou rien".
52:59 Est-il encore besoin, pour lui,
53:05 de s'identifier à un autre écrivain ?
53:08 Bien sûr que non, puisqu'il va entrer dans la postérité
53:12 dans quelques instants avec son nom et son prénom,
53:16 Victor Hugo.
53:17 Toute la France pleure, l'affluence est immense.
53:23 La cérémonie commence avec les 21 salves
53:29 tirées depuis l'hôtel des Invalides.
53:32 La foule suit, on se presse, on se bouscule.
53:43 Le cortège avance vers le Panthéon.
53:52 Demain matin, la presse racontera
53:59 que le passage du cercueil
54:08 au milieu des flots de l'océan humain
54:14 rappelle le miracle de la traversée de la mer Rouge
54:21 par Moïse et son peuple.
54:24 On se presse, on se bouscule.
54:25 Il y a 2 millions de Français qui sont venus
54:33 s'agglutiner pour l'hommage à l'écrivain.
54:37 Nous sommes le 1er juin 1885.
54:41 2 millions de Français pour un poète.
54:45 Comment est-ce possible ?
54:47 Un poète qui a parlé d'eux, un poète qui leur a parlé,
54:51 un poète qui a su accorder l'âme d'un peuple
54:55 et l'imaginaire d'un vieux pays.
55:03 Ce poète-là, disait Charles Péguy, savait son métier.
55:10 Il savait faire un toxin avec des mots,
55:13 faire une fanfare avec des rimes.
55:17 Il savait faire un bourdon avec des rythmes,
55:23 avec des mots, avec des rimes, avec des rythmes.
55:27 Il faisait des chevauchées, de l'épopée,
55:31 la légende des siècles.
55:33 En fait, les gens qui sont là pour le dernier adieu,
55:41 ce sont ces personnages.
55:45 Il les avait choisis dans la rue,
55:49 il les rend à la rue.
55:51 Ah, on aperçoit Jean Valjean au 1er rang.
55:56 Il course avec Javert, ils font la paix, la paix des cimetières.
56:02 Et juste derrière, accroché à un réverbère,
56:04 il y a Quasimodo qui fait la grimace, c'est sa manière d'hommage.
56:11 Et dans la rue Soufflot se pressent les ténardiers.
56:13 Et au bout de la rue, Hernani, qu'est-ce qu'il fait là ?
56:20 Et on entend qu'il m'achaune et qu'il m'asserre.
56:23 Je suis une force qui va, je porte malheur à tous ceux qui m'entourent.
56:28 Et puis, sur les marches du Panthéon,
56:32 pensant d'un pied sur l'autre, il y a Gavroche.
56:38 Il se redonne.
56:40 Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire.
56:44 Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.
56:47 En fait, ce sont les obsèques d'un monde, d'un monde révolu,
56:54 d'un temps, d'une époque où la littérature française entre dans toutes les chaumières
56:59 et jusque dans le cœur du petit peuple.
57:04 Les funérailles de Victor Hugo, Sonne-Logar, de la France de la culture populaire,
57:13 de la France où la culture est populaire, quand les fracs de Saint-Germain
57:18 voisinaient avec les haillons de Montmartre et reprenaient en chœur sur le pont Mérabeau.
57:27 C'est l'heure tranquille où les lions vont boire
57:32 et à l'heure tranquille où les lions viennent boire,
57:38 le cercueil entre au Panthéon et là, sur le côté,
57:45 humblement, deux jeunes femmes s'agenouillent,
57:50 Esmeralda et Cosette, et elles récitent ensemble.
57:54 Je viens à vous, Seigneur, Père auquel il faut croire.
57:58 Je vous porte apaisés.
57:59 Les morceaux de ce cœur tout plein d'autres gloires que vous avez brisés.
58:05 Victor Hugo.
58:07 – Philippe Devilliers, merci beaucoup.
58:09 Dans un instant, c'est l'heure des pro 2,
58:12 c'était un plaisir de revivre ce 1er juin 1885.
58:17 Je le dis aux téléspectateurs, il n'y a pas de publicité,
58:19 juste un petit jingle.
58:22 Merci encore Philippe.
58:23 Vous restez avec moi Geoffroy parce qu'il y a une information
58:27 qui a été dévoilée pour la première fois en exclusivité
58:29 par le journal du dimanche, qui était très peu relayée.
58:33 Mais étonne. – Étonnamment.
58:34 – Donc on va en parler dans un instant, on va parler d'un acteur,
58:38 et là aussi d'un monstre de la culture.
58:40 – Gérard Depardieu, votre ami.
58:43 – A tout de suite pour l'heure des pro 2, c'est vraiment dans 10 secondes.
58:45 Merci Philippe Devilliers. – Merci.
58:46 ...