Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00 Il est quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe De Villiers.
00:05 Philippe De Villiers, bonsoir.
00:06 Bonsoir.
00:07 Mais où est passé Geoffroy Lejeune ?
00:09 On ne sait pas, mais…
00:11 Il nous refait le coup de la chasse vide ?
00:13 Oui, moi j'aurais voulu vous faire un coup, c'est…
00:16 Quelles sont vos résolutions ?
00:17 Ah, de 2024 ?
00:19 Oui.
00:20 Oui, parce que ce n'est pas les résolutions de 2025.
00:22 J'y réfléchis grandement.
00:23 J'y réfléchis grandement.
00:25 Pour l'instant, je n'ai pas eu le temps de les trouver.
00:29 Vous en avez quelques-unes, vous ?
00:30 Moi, j'en ai une.
00:31 Allez-y.
00:32 C'est que le filigrane de cette émission,
00:37 que ce soit l'aphorisme de Soji Etin,
00:42 "seul l'avant la vérité vous rendra libre".
00:45 Ah.
00:47 En fait, on est là pour ça, pour dire la vérité.
00:49 Pour dire la vérité, rien que la vérité.
00:51 Donc, il faut dire la vérité aux téléspectateurs.
00:52 On ne sait pas où est Geoffroy Lejeune,
00:55 mais il va arriver dans un instant.
00:56 Ça pourrait être ma résolution de 2024.
00:58 Ça peut être un "home check-in".
01:00 J'espère pas, parce que là, c'est très sérieux pour le coup.
01:02 Philippe Devilliers, on a énormément de choses à traiter ensemble.
01:06 Et on va rebalayer, comme on le fait chaque semaine,
01:09 toute l'actualité.
01:10 Et je voulais qu'on commence.
01:11 Normalement, on parle de la culture, de l'histoire,
01:13 un peu plus tard dans l'émission.
01:15 Mais c'est vrai que le thème Alain Delon s'est invité
01:19 dans l'actualité ces dernières 48 heures,
01:21 avec un bras de fer médiatico-judiciaire
01:25 entre les enfants d'Alain Delon.
01:27 Ce que je vous propose, c'est qu'on mette de côté
01:30 les polémiques et qu'on revienne sur l'icône Alain Delon.
01:33 Pour vous, c'est qui Alain Delon ?
01:35 Alain Delon, pour moi, c'est une incarnation mythique
01:48 du charisme français.
01:51 Et sur le plan personnel, puisque je le connais très bien,
01:56 c'est un ami, il est à la fois paroxystique
02:04 et ponctuel avec ses amis.
02:07 Et vous voyez, j'ai du mal à supporter
02:10 qu'on puisse abîmer son image.
02:13 Et moi, je ne participerai en aucun cas
02:17 à l'alalie médiatico-familiale
02:21 où le glauque et le morbide sont en compétition.
02:29 Vous avez dit "je le connais bien Alain Delon"
02:31 et d'ailleurs, on a retrouvé des images d'Alain Delon à vos côtés.
02:35 J'imagine que c'était dans les années 90.
02:37 Je crois, le jeûne est arrivé.
02:39 C'est bon, donc ma résolution 2024 est toute bonne.
02:43 On vous cherchait, on vous attendait.
02:44 Il mangeait sa galette.
02:47 Non, pas encore !
02:48 La vérité, je croise trop d'amis dans les couloirs ici, à CNews.
02:51 J'étais retardé en arrivant ici.
02:52 Vous savez qu'on peut être jaloux, Geoffroy Lejeune.
02:55 Si vous avez des amis dans le couloir,
02:57 mais que vos amis prioritaires qui sont sur le plateau...
03:01 Pardonnez-moi.
03:02 Il n'y a aucun problème, ne vous inquiétez pas.
03:04 Revenons sur Alain Delon parce que là, c'est important.
03:06 Vous avez dit "je le connais bien Alain Delon".
03:08 C'est-à-dire, quel lien aviez-vous avec lui
03:11 alors qu'on découvre des images au Puy du Fou, si je ne m'abuse ?
03:14 Je l'ai connu bien avant le Puy du Fou,
03:17 mais au Puy du Fou, il est venu très souvent.
03:21 Et je l'avais fait venir notamment pour le grand départ du Tour de France en 1993,
03:28 avec Jean-Marie Leblanc.
03:30 Il y avait une soirée inaugurale la veille du départ
03:35 et je lui avais demandé de lire un texte de blondin sur les forçats de la route.
03:41 Ça ne vous dit rien, mais c'est fausse copie,
03:44 qui s'envole dans les oares, etc.
03:46 Alors, il était magnifique.
03:48 Et puis après le spectacle, je lui ai dit "qu'est-ce que t'en as pensé ?
03:53 À toi, homme de spectacle de la Cinecini."
03:57 Et il me dit "ouais, ouais, ouais, ouais, ouais, ouais, ouais, ouais, bien, bien, ouais, ouais."
04:02 Mais enfin, il manque quelque chose.
04:04 Je dis "quoi ?"
04:06 "Il manque quelqu'un."
04:09 Je dis "qui ?"
04:11 "Delon."
04:13 Et là, je lui dis "ok."
04:15 Il dormait chez moi, donc je lui ai dit "bon, rendez-vous demain matin au petit déjeuner."
04:19 Je passe la nuit à faire un texte pour lui,
04:22 qui était le texte du rêve de Jacques Mopillier,
04:25 et qui commençait ainsi "Mon avenir, c'est mon enfance."
04:27 Je lui donne le texte et il me dit
04:29 "tu déconnes, pourquoi ? Je t'expliquerai."
04:36 Une seule prise, c'est bon.
04:38 Et après, on parle, on marche ensemble.
04:40 Et là, il me raconte son enfance blessée.
04:44 Et donc, son côté écorché vif.
04:50 Et en fait, je lui dis "tu me rappelles le mot de Malint de Stahl ?
04:53 La gloire et le deuil éclatant du bonheur."
04:56 Et c'est ça le problème d'Alain.
04:59 C'est qu'il a tellement croqué la vie que la vie s'est dérobée,
05:03 et qu'il était dans la souffrance parce que tout le dérangeait.
05:09 Parce qu'il aimait le drapeau français,
05:13 il aimait l'armée française,
05:15 il aimait la France d'avant.
05:20 Et aujourd'hui, en fait, je l'imagine à Douchy,
05:27 dans le regret, en se disant
05:32 "C'est plus les météo-anciennes que j'ai connues,
05:34 c'est plus Truffaut, c'est plus Melville."
05:36 - C'était mieux avant.
05:37 - Et il y a une phrase qu'on méditait toujours ensemble.
05:41 C'était la fameuse phrase du guépard,
05:44 "Pour que tout demeure, il faut que tout change."
05:47 Et ça, c'est la demeurance et l'appartence.
05:53 Et voilà, Alain Delon, ce n'est pas du tout l'homme qu'on croit,
05:59 il est très attachant, c'est un grand affectif.
06:03 Et moi, je vais vous dire, je suis gêné par toutes ces histoires.
06:11 Les gens qui mettent du sel sur la plaie.
06:15 Il faut laisser le samouraï sur le Val de Loire.
06:23 Et puis un jour, peut-être, le plus tard possible,
06:27 quand il s'éteindra, la petite Luciole de France,
06:33 sans rien dire, s'éteindra.
06:35 Et nous nous souviendrons tous que nous avons brillé de son éclat.
06:42 C'est lui qui nous a éblouis.
06:44 Et en fait, un jour, je me souviens,
06:51 je l'enregistre encore pour un autre spectacle,
06:53 et je lui dis, "Qu'est-ce que tu joues bien,
06:55 il n'y a qu'une prise avec toi."
06:57 Comme avec Noirée, Jean-Pierre, des gens comme ça.
07:01 Et il me dit, "Je ne joue pas."
07:06 J'avais dit un gros mot.
07:08 Et il me dit, "Les gens qui jouent, c'est les comédiens.
07:11 Tu ne comprends pas que moi, je ne suis pas un comédien.
07:15 Un comédien, tu comprends, c'est un métier,
07:17 c'est une formation, c'est une vocation.
07:20 Il y en a des comédiens.
07:22 Moi, je suis un acteur.
07:25 Un comédien, ça joue, un acteur, ça vit.
07:28 Et d'ailleurs, je te dis, je suis un acteur,
07:31 et puis il s'arrête, il me regarde et il me dit,
07:32 "Je ne suis pas un acteur, je suis un actant.
07:36 Et d'ailleurs, je ne suis pas un actant, je suis un accident.
07:40 En fait, ma carrière est un accident,
07:43 ma vie est un accident."
07:45 Magnifique.
07:47 - Eh bien, c'est un bien bel hommage que vous venez de rendre.
07:49 Un bel accident.
07:50 - C'est un accident que je souhaite à toute la France,
07:53 à la France des nouvelles générations,
07:55 avoir des accidents comme Alain Delon
07:57 pour le cinéma français, c'est pas mal.
07:59 - C'est une réflexion que pouvait régulièrement se faire.
08:02 Et c'est la remarque que peut faire également Pascal Praud.
08:04 Il dit, c'est un accident génétique, Alain Delon,
08:06 avec un physique extraordinaire.
08:08 Vous voyez, en quelques instants, on a balayé la polémique.
08:10 On l'a mise de côté et je pense que vous lui avez rendu
08:13 un bien bel hommage ce soir.
08:14 Ce vendredi, Philippe Devilliers aux Invalides,
08:17 Emmanuel Macron a présidé.
08:19 Un autre hommage, un hommage solennel à Jacques Delors,
08:22 décédé le 27 décembre dernier à l'âge de 98 ans.
08:24 Le penseur de l'Europe tel qu'on la connaît aujourd'hui.
08:27 Alors, il y a une image que je voulais vous montrer,
08:29 très forte, Emmanuel Macron,
08:31 aux côtés, entre autres, de Charles Michel, Ursula von der Leyen,
08:34 des présidents allemands et portugais.
08:37 Homme d'État, éclaireur, dit Emmanuel Macron de Jacques Delors,
08:41 qui a réconcilié l'Europe avec son avenir.
08:44 On écoute Emmanuel Macron.
08:47 - À son tour, il va devoir faire vivre le pardon et la promesse
08:52 que demandait Hannah Arendt.
08:54 Le pardon pour pouvoir reconnaître le passé,
08:57 la promesse pour pouvoir regarder l'avenir.
09:02 Réconcilier les peuples désormais,
09:06 pour qu'aucune vie ne soit plus jamais fauchée,
09:09 mutilée par l'aveuglement des hommes.
09:13 Et réconcilier l'Europe avec son avenir.
09:18 - Vous avez peut-être entendu parler de cette polémique depuis l'hommage.
09:21 On voit le drapeau européen qui est en l'air
09:23 et le drapeau français qui est sur le cercueil de Jacques Delors.
09:25 Et certains disent c'est l'Europe qui enterre la France.
09:28 Il y a peut-être une réflexion, ça a dû vous faire sourire,
09:30 d'entendre ce discours d'Emmanuel Macron.
09:33 De voir que Jacques Delors est aujourd'hui célébré pour une Europe
09:35 qu'il a appelée de ses voeux, qui est en fait aux antipodes
09:37 de ce que les Français souhaitent.
09:39 - Vous avez tout dit. Vous avez fait la question et la réponse.
09:46 Tout à l'heure, en venant, je me disais, en fait, Jacques Delors,
09:52 moi je l'ai bien connu, c'est un homme qui a été traumatisé
09:58 par la première, enfin les trois guerres mondiales.
10:03 On peut le comprendre, ça.
10:05 Et après il s'est dit, il nous a dit, voilà,
10:12 il y a l'impérialisme, le nationalisme, c'est la même chose.
10:19 Non, justement, c'est pas la même chose.
10:21 L'impérialisme est à la nation ce que le vol est à la propriété.
10:30 Voilà, ça c'est le fruit de mon expérience.
10:33 Et en fait, Jacques Delors, si vous voulez,
10:36 donc moi j'ai suivi sa vie publique.
10:39 Je l'ai souvent rencontré, je l'ai même combattu.
10:43 Il y a plusieurs jalons.
10:45 Premier jalon, moi je réponds par les faits.
10:49 Je pose pas de jugement de valeur.
10:54 Premier jalon, en 1983, il arrache à François Mitterrand,
10:59 dont il était le chien d'aveugle,
11:02 la décision d'arriver le franc au marque
11:07 dans le système monétaire européen qui préfigure la monnaie unique.
11:12 Conséquence, le franc fort suit le marque.
11:17 Ça déplaît fortement à Jean-Pierre Chevènement
11:20 et à d'autres, les socialistes traditionnels, souverainistes.
11:25 Et Otto Lanzborff, le ministre de l'économie allemand,
11:28 dira, grâce à ça, l'industrie allemande a été en quelque sorte
11:35 subventionnée par le système monétaire européen.
11:37 Et à cause de cela, l'industrie française,
11:42 en compétition avec l'industrie allemande, a été plombée.
11:45 C'est le début de la désindustrialisation.
11:48 Deuxième jalon, il libère la finance de toute tutelle nationale et étatique
11:57 au nom du refus de l'État keynésien et donc de l'État régalien.
12:01 Et en fait, lui, le démocrate chrétien, avec la gaillette,
12:06 avec tous les démocrates chrétiens, il explique que la frontière,
12:10 c'est le mal, le péché, il faut le libre-échange.
12:15 Et c'est lui qui prépare l'OMC.
12:18 Et c'est lui qui inspire la phrase de Mitterrand qu'on a oubliée.
12:22 "La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir."
12:26 C'est du Macron dans le texte.
12:28 C'est Mitterrand.
12:30 Et ensuite, le troisième jalon, le plus connu, c'est Lactunic et Maastricht.
12:36 – Et on y vient justement. Maastricht.
12:38 – Maastricht, il y a deux choses.
12:41 Un jour, j'étais avec Charles Pasquoie dans la cathédrale de Strasbourg
12:46 à écouter Delors, on s'est mis au fond pour écouter.
12:48 Et il a sorti un truc hallucinant.
12:51 Il a dit, il faut aller vers une époque nouvelle post-politique,
13:00 post-gouvernementale, post-historique.
13:07 C'est-à-dire un despotisme doué et éclairé.
13:11 Il y est allé carrément avec la Commission.
13:12 Et à Quimper, au mois d'août 1992, il nous prend à partie, il nous pointe du doigt.
13:21 On aurait dit, le maître des Templiers, Jacques de Molay,
13:26 qui menace Philippe Lebel et toutes les générations dans les siècles des siècles.
13:32 Et il nous dit, vous, vous devez changer d'attitude.
13:37 Ce moment de Maastricht, dans la campagne de Maastricht.
13:41 Parce que la démocratie ne peut pas accepter de tels propos, de telles attitudes.
13:49 Donc, soit vous restez, vous changez d'attitude, soit vous partez.
13:54 On est en août 92, vous dites.
13:56 Oui.
13:56 Eh bien, j'ai retrouvé une séquence datant du 20 septembre 1992.
14:01 Au moment du référendum, le soir du référendum,
14:04 le oui pour le traité de Maastricht l'emporte à 1% près.
14:09 C'est-à-dire que le soir, c'est 51-49.
14:12 On est vraiment à touche-touche.
14:14 Et vous êtes interrogé par France Télévisions.
14:17 C'est une grande soirée électorale.
14:19 Et donc, on a retrouvé cette séquence.
14:20 Alors, j'ai gardé la manière dont on vous lance, c'est-à-dire le journaliste.
14:27 Et d'ailleurs, je marque que France Télévisions n'a pas véritablement changé
14:30 dans la manière de lancer les intervenants qui peuvent faire polémique.
14:34 Et écoutez attentivement parce que vous lancez un appel à ceux
14:37 qui ont massivement voté contre.
14:39 Et puis vraiment, c'était une France divisée en deux à ce moment-là.
14:43 Vous allez être intéressé par les propos de quelqu'un qui s'est posé en croisé
14:47 du non tout au long de cette campagne, Philippe Devilliers.
14:49 Oui, bonsoir.
14:51 Alors, comment réagissez-vous ce soir à la victoire du oui,
14:55 vous qui avez milité tout au long de cette campagne pour le non ?
14:59 Vous voyez comme sont les médias, monsieur Amard.
15:01 Vous allez tout de suite utiliser un mot qui n'est pas un mot neutre, le croisé.
15:05 Et en écoutant les propos tenus au cours de cette campagne,
15:09 notamment de la campagne médiatique en tant que telle,
15:13 moi, j'étais très frappé de voir que cette campagne, elle était inégale,
15:16 très inégale entre les tenants du oui et les tenants du non.
15:20 Le oui apparaît ce soir, peinot, étriqué, essoufflé et même piégé par l'avenir.
15:26 Ceux qui ont voulu exprimer les partisans du non,
15:29 et je voudrais le redire ce soir,
15:30 ce n'est pas du tout un non à l'Europe, mais à une autre conception de l'Europe,
15:34 c'est-à-dire une Europe démocratique, une Europe confédérale
15:36 et une Europe qui soit faite avec les deux moités de l'Europe.
15:39 Et puis enfin, en m'adressant tout particulièrement au leader,
15:43 au grand leader de l'opposition,
15:45 si vous voulez me laisser poursuivre mon propos pour aller jusqu'au bout,
15:47 je pense que ça va vous intéresser.
15:48 Je voudrais leur dire ceci, vous avez accompagné le oui,
15:54 vous avez pris une part déterminante dans le succès du oui,
15:57 aux côtés de François Mitterrand.
16:00 Ça n'est pas indifférent par rapport à notre histoire,
16:03 par rapport à notre histoire politique, par rapport à notre avenir.
16:06 Il faudra qu'à l'avenir, chacun prenne ses responsabilités.
16:09 Et moi, je dis ceci aux partisans du oui, ce soir, regardez, écoutez,
16:16 observez à l'extérieur de nos frontières, là où est l'avenir de l'Europe,
16:21 et en particulier du traité de Maastricht,
16:23 et à l'intérieur de nos frontières, regardez nos hommes politiques.
16:27 Regardez-vous.
16:28 Et puis deuxièmement, aux partisans du non, j'en ai terminé,
16:30 je voudrais dire, ne désespérez pas, gardez votre conviction intime,
16:35 vous aviez raison de voter non, gardez votre conviction intime
16:40 et puis gardez l'espérance.
16:41 – Vous allez bien le croiser.
16:43 – Là, je peux vous dire, c'était l'atmosphère,
16:45 vous avez vu, il y a BHL, tout ça, ils ont tout ça.
16:48 C'était Sainte-Blondine dans la fosse au Lyon,
16:51 on m'avait attaché et les Lyons étaient là, les Lyons du service public.
16:55 – Le croiser, le croiser.
16:56 – En fait, vous voyez, le guépard, rien n'a changé,
16:59 rien ne change, ou plutôt tout change pour que tout demeure,
17:03 ils n'ont pas changé, voilà.
17:06 Et moi, je suis très fier, merci d'avoir ressorti cette séquence,
17:10 parce que, voilà, il y a une anecdote qui me revient,
17:16 c'est que quelques minutes après avoir quitté le plateau,
17:22 j'en reçois un coup de téléphone de Philippe Séguin,
17:26 qui me dit "qu'est-ce que tu fais, où tu es, rejoins-nous à notre QG".
17:33 Et je l'ai rejoint, et quand j'arrive,
17:36 ils me tendent un verre de champagne,
17:40 et on trinque, et je ne comprends pas pourquoi, on a perdu.
17:44 Et ils sont dans une espèce de jovialité assourdissante,
17:50 et il y en a un qui dit à l'autre "putain, tu te rends compte,
17:56 on est passé tout près, on a évité les gros emmerdements quand même".
18:04 Et moi, j'étais très choqué de ça, ça m'a marqué.
18:06 Et en fait, j'ai compris plus tard, Séguin, lui, s'est dit "bon, je me range",
18:12 il devient président de l'Assemblée Nationale quelques semaines après,
18:17 après avoir fait un discours à Aix-la-Chapelle,
18:19 où il vante les mérites de l'euro, donc ça va vite, d'avis politique.
18:24 Et Charles Pascua me dit avec sagesse,
18:27 "c'est pas avec trois personnes qu'on peut faire un gouvernement".
18:30 En fait, nous étions isolés, et c'est toujours la même histoire.
18:34 Le peuple était derrière nous, en tout cas presque à 50%,
18:38 le peuple, surtout le peuple les plus pauvres,
18:41 ceux qui avaient compris les premières victimes de Maastricht.
18:45 Mais les élites étaient toutes du côté de mes inquisiteurs de France 2.
18:54 – C'est vrai que sur cet archive, pour commencer un peu à vous connaître,
18:57 on vous voit comme on vous voit rarement, c'est-à-dire particulièrement abattu,
19:00 vous avez le regard triste, vous avez presque l'air découragé,
19:02 même si vous parlez d'espérance.
19:04 Est-ce que ce soir-là, vous vous dites, c'est un tournant,
19:07 et par rapport justement à Jacques Delors,
19:08 puisque on était parti de Jacques Delors,
19:10 vous vous dites "ils ont gagné, ils ont gagné pour très longtemps".
19:12 – Oui, et d'ailleurs plus tard, après il y aura Solzhenitsyn qui me dira
19:21 "vous savez, le mur de Berlin est tombé, le mur de Maastricht tombera".
19:25 Mais sur le coup, je vois bien les dégâts,
19:28 puisqu'en fait, on passe d'une Europe de la coopération
19:33 à une Europe de l'intégration, avec la puissance de la Commission,
19:37 et on passe d'une Europe de la préférence communautaire,
19:41 du marché commun, à une Europe du libre-échelongisme.
19:45 Mais vous savez, c'est simple en fait, à partir de Maastricht,
19:51 on a une Europe sans tête, pouvoir assez fâle,
19:55 une Commission américaine, plus élue,
20:00 la polyarchie des libératifs, ils appellent ça.
20:03 C'est à dire en fait, c'est le faux-nez de la gouvernance du peuple.
20:10 C'est une Europe sans corps, puisque là elle va s'agrandir,
20:14 à 40 pays, il n'y a pas de corps, il n'y a pas de géographie.
20:19 Une fois de plus, je l'ai dit la dernière fois,
20:20 elle a ébolé son enveloppe charnelle, cette Europe-là,
20:23 et enfin c'est une Europe sans âme,
20:25 c'est qu'en fait, elle a complètement oublié ses racines.
20:27 C'est drôle, je vous dis ça, pourquoi ?
20:29 Parce que je repense à Jacques Delors.
20:31 Et moi j'ai médité, comme lui, la phrase de Paul Valéry,
20:35 "J'appelle européenne toute terre qui a été successivement
20:39 romanisée, christianisée, soumise à l'esprit et à la discipline des Grecs".
20:43 Où en est-on aujourd'hui ?
20:44 C'est une Europe wokiste et qui, comme le dit très bien Florence Bergeau au Blackter,
20:49 est en train d'islamiser toutes les nations européennes.
20:52 - Alors sur la séquence qu'on a vue du 20 septembre 1992,
20:57 le journaliste vous répond, les partisans du non ont quand même eu la parole
21:03 à ce moment-là parce que vous étiez face à lui en disant,
21:06 c'est vrai que les partisans du non avaient moins de pignons sur rue
21:11 que les partisans du oui à l'époque.
21:13 Je préfère préciser parce que la séquence est extrêmement longue
21:15 et qu'on en a vu une minute trente.
21:16 Vous parlez de l'Europe justement, Emmanuel Macron, le 31 décembre au soir,
21:21 lors de ses voeux aux Français, a longuement parlé de l'Europe.
21:24 Et d'ailleurs, il appelle à une Europe plus forte et plus souveraine.
21:28 Écoutez.
21:29 - Nous aurons à faire le choix d'une Europe plus forte, plus souveraine,
21:34 à la lumière de l'héritage de Jacques Delors.
21:37 Une Europe qui œuvre à la paix au Proche-Orient et sur notre propre continent,
21:42 en continuant à soutenir le peuple ukrainien et avec lui notre sécurité,
21:46 notre liberté, nos valeurs.
21:49 - Philippe de Villiers, une Europe plus souveraine.
21:52 Est-ce que vous partagez ce vœu d'Emmanuel Macron ?
21:54 - Qu'est-ce que c'est la souveraineté européenne ?
22:00 Ça n'existe pas.
22:02 Et je vous explique pourquoi.
22:04 Tous les constitutionnalistes reconnaîtraient mon propos.
22:09 Tous ceux qui ont écrit sur la question de la souveraineté.
22:13 Je ne veux pas faire un cours, mais dire très simplement les choses.
22:16 Qu'est-ce que la souveraineté ?
22:18 Marie-François Garaud disait que la souveraineté, c'est comme une femme enceinte.
22:23 On est souverain ou on n'est pas souverain.
22:25 On n'est pas à demi souverain.
22:26 Une femme n'est pas à demi enceinte.
22:29 La souveraineté, c'est vis-à-vis de l'intérieur du pays,
22:34 le primat de l'État sur les féodalités,
22:42 et vis-à-vis de l'extérieur, le primat de la nation sur les hégémonies et les empires.
22:49 C'est ça la souveraineté.
22:51 Donc on le disait, pour qu'il y ait souveraineté, il faut qu'il y ait un peuple.
22:56 Pour qu'il y ait démocratie, il faut qu'il y ait la souveraineté nationale.
22:59 Et donc la souveraineté européenne, ça n'a aucun sens,
23:02 puisqu'il n'y a pas de peuple européen.
23:03 Il y a des peuples européens, mais il n'y a pas un peuple européen.
23:07 Et donc c'est le fauné d'une gouvernance sans les peuples.
23:13 Et ce qu'a voulu faire Jacques Delors, je l'ai compris plus tard,
23:19 et François Mitterrand, et tous les autres, et tous les européistes,
23:22 et ce que veut faire Madame van der Leyen,
23:26 c'est abolir les nations souveraines, mais ce n'est pas pour faire une nouvelle nation.
23:31 C'est pour faire un laboratoire mondialiste d'un pouvoir
23:39 où il n'y a plus de gouvernement, où il n'y a plus de frontières,
23:41 où il n'y a plus d'exécutifs, etc.
23:46 Et donc là, nous sommes à la croisée des chemins,
23:49 parce que pendant que nous on parle, ils avancent.
23:53 Et qu'est-ce qu'a voulu dire Emmanuel Macron,
23:55 le président discobole devant le Jeux olympiques ?
24:00 Il a voulu dire, sous-entendre, qu'il y a un projet de traité là.
24:05 Vous savez ça ? Vous êtes au courant ?
24:09 – Non, expliquez-nous.
24:10 – Alors, il y a deux changements majeurs.
24:13 Le premier, c'est un élargissement à 40 pays,
24:17 sous influence allemande, c'est-à-dire les Balkans.
24:23 Et deuxièmement, il y a un projet qui est passé déjà,
24:29 Verhoofstadt il s'appelle, il est passé au Parlement, là, il y a 15 jours.
24:36 Et ce projet, c'est la fin du vote à l'unanimité,
24:42 en matière de défense et de politique étrangère,
24:45 donc c'est la fédéralisation.
24:48 Et également, le président de la Commission devient le président de l'Union.
24:55 C'est la fédéralisation de l'Europe.
24:58 Donc c'est la grande question qui est devant nous.
25:00 Et donc, en fait, Emmanuel Macron se pense, se rêve,
25:06 Eliot, en président des États-Unis d'Europe.
25:11 – C'est une formule qui…
25:13 – Là, on l'a vu au vœu…
25:17 Jules Vénal disait "quand un empereur ne sait plus quoi faire pour tenir son peuple,
25:25 il fait Panem et Kirk Kenses".
25:26 Donc il nous a fait la préouverture des Jeux.
25:30 Mais derrière le décor,
25:32 parce qu'il n'y a que le décor qui comptait avec l'alignement des drapeaux,
25:35 des Jeux Olympiques,
25:38 il y avait cette idée de la souveraineté européenne.
25:40 Et la souveraineté européenne, ce n'est pas perdu pour tout le monde.
25:43 Il veut être président des États-Unis d'Europe.
25:46 Moi, je le sais de source sûre.
25:49 – En tous les cas, c'est une sensation que vous avez.
25:54 – Vous savez qui dit ça dans les couloirs de…
25:56 – Non, mais pour l'instant, ce n'a pas été…
25:58 – C'est sa copine, l'impératrice, Van der Leyen.
26:03 – Écoutez, c'est un peu surprenant, évidemment, comme analyse, mais…
26:09 – J'attends d'être démenti.
26:10 – Non, mais je… nous verrons, nous verrons.
26:13 La publicité, on revient dans un instant.
26:15 On a encore énormément de choses à traiter dans la deuxième partie.
26:18 La suite de Face à Philippe de Villiers, c'est dans une seconde.
26:21 Quasiment 19h30 sur CNews, la suite de Face à Philippe de Villiers.
26:29 Parlons de sécurité à présent.
26:31 Philippe de Villiers, lors du réveillon, plus de 740 voitures brûlées,
26:35 10% de moins que l'année dernière,
26:36 une quarantaine de policiers blessés et un peu moins de 300 interpellations.
26:40 Le ministre de l'Intérieur va prendre la parole au lendemain du 31 décembre
26:45 et va avoir une formulation peut-être malheureuse,
26:48 j'attends de voir ce que vous allez me dire là-dessus,
26:49 en parlant de "nuit plus calme que les réveillons précédents".
26:53 Écoutez Gérald Darmanin.
26:56 – C'est une nuit à Saint-Sylvestre qu'on pourrait qualifier de calme.
26:58 Il y a eu quelques incidents ici ou là,
27:00 mais la présence très forte des forces de l'ordre
27:02 ont pu très rapidement rétablir le calme partout sur le territoire national.
27:07 – Est-ce qu'elle vous choque, cette formule "nuit calme" ?
27:10 – Quand j'étais président du Conseil général, je visitais les EHPAD
27:14 et j'entendais souvent les directeurs en trucs qui disaient "la nuit était calme".
27:20 Voilà.
27:22 Et ça s'est bien passé, il n'y a eu que 745 voitures.
27:28 Alors d'abord il faut savoir pourquoi il y a eu 745 voitures,
27:31 vous le savez mais beaucoup de Français ne le savent pas,
27:33 c'est qu'on a mis 90 000 policiers, plus 5 000 soldats,
27:38 c'est la première fois de l'opération Sentinelle,
27:40 plus tous les pompiers qui étaient lances en main pour tout éteindre.
27:47 Et puis il y a eu des perquisitions avant sur les mortiers artifices
27:52 et puis toutes les manifestations étaient heureusement interdites.
27:56 Mais du coup ça a fait baisser la pression.
28:00 Alors il y a les victimes, c'est qui les victimes ?
28:04 Personne n'en parle.
28:06 Et les victimes ce n'est pas les Mercedes de la société du digicode et des sushis,
28:14 de la Macronie.
28:15 Les victimes c'est les petites voitures pour aller au boulot.
28:19 Il y a 745 Français qui pleurent, qui n'ont plus de voiture,
28:23 ils vont voir l'assureur.
28:27 Qui sont les auteurs ?
28:30 On ne sait pas, personne n'en parle.
28:31 Personne n'en parle, personne n'a posé la question.
28:34 C'est exactement Crépole.
28:37 Il n'y a pas de nom ou alors c'est Kevin, Matteo, les supporters britanniques,
28:45 c'est toujours la même histoire, le déni.
28:47 Mais ça va plus loin.
28:49 Le narratif officiel de Darmanin, ça fait quand même 25 ans que ça dure,
28:56 ce narratif officiel porte une leçon qui est la suivante.
29:02 Vous devez vous habituer à Orange Mécanique parce que ça fait partie des festivités.
29:09 Voilà, 1er janvier, on compte les voitures brûlées, il y a les feux d'artifice.
29:14 Dans le temps, il y avait les feux de joie, maintenant il y a les autos.
29:17 Daphé Automobile, c'est un sociologue qui a dit ça.
29:21 Et deuxièmement, vous devez donc accepter la société de vigilance.
29:28 La société de vigilance, c'est une société dans laquelle vous devez faire attention,
29:33 vous devez prendre vous-même en compte la responsabilité de votre sécurité.
29:39 C'est un transfert régalien comme on n'a jamais vu depuis Clovis.
29:45 Et par exemple à Strasbourg, il était interdit de stationner dans certaines rues
29:48 de peur que votre voiture soit brûlée, société de vigilance également.
29:54 La société de vigilance, ça veut dire pour les personnes âgées, pour les femmes seules,
29:59 pour les enfants, évitez de sortir seul s'il vous plaît.
30:03 On en est là en France aujourd'hui et petit à petit, c'est incroyable, on s'habitue.
30:09 Puisqu'on parle de sécurité, Philippe Devilliers, la sécurité de la mère de Roman Surizer
30:12 est une nouvelle fois en jeu.
30:14 Marie-Hélène Thauraval vient de recevoir de nouvelles menaces de mort cette semaine.
30:20 Après le drame de Crépole, elle avait fait de l'ensauvagement de la société,
30:24 l'un des majeurs et elle avait dit tout haut ce que pensait tout bas beaucoup de Français,
30:30 ce qui lui avait valu d'ailleurs nombreuses menaces de mort.
30:34 Écoutez Marie-Hélène Thauraval puisqu'elle a été interrogée cette semaine
30:38 par nos collègues de la matinale et elle explique qu'elle se sente ignorée.
30:45 C'est une menace de mort, une nouvelle menace de mort,
30:48 qui précise que je peux choisir ma mort,
30:52 finalement soit une rafale de Kalachnikov ou une décapitation.
30:56 Je n'ai reçu aucun coup de fil depuis ce matin.
31:01 Après ce que je souhaite ce n'est pas du soutien,
31:04 c'est que je souhaite qu'il y ait de l'action, une action qui vienne du gouvernement
31:08 parce que la balle est dans leur camp et le pouvoir revient au gouvernement.
31:14 Elle ne nous demande même pas finalement un soutien.
31:17 Elle rappelle quand même qu'elle se sent un peu seule, mais il voudrait que ça avance.
31:20 Voilà ce que dit, on a titré la mère courage qui est menacée.
31:23 La mère courage à la française.
31:26 Je l'ai appelée au téléphone pour lui offrir un méveu,
31:29 parce que je voulais lui dire combien nous les Français,
31:34 nous sommes solidaires de cette femme que je ne connais pas.
31:38 Elle m'a dit qu'il n'y a toujours pas de protection.
31:43 Et en fait, il y a deux questions.
31:47 Premièrement, première question, pourquoi elle est menacée ?
31:54 Je vais poser cette question.
31:55 Réponse, elle est menacée parce qu'elle dit des choses simples, considérées comme limites.
32:03 Elle dit, il faut que les parents s'occupent de leurs enfants
32:06 dans les quartiers difficiles comme la Monnaie.
32:10 Il faut faire quelque chose sur ce terrain là.
32:12 Je ne veux pas de la drogue.
32:14 Je ne veux pas des poubelles incendiées.
32:15 Ça a recommencé, les caillassages de la police, ça a recommencé.
32:19 Elle ne veut pas de ça.
32:20 Et du coup, comme elle fait preuve de fermeté et qu'elle recule devant rien
32:24 parce qu'elle est courageuse, alors elle est menacée.
32:27 Voilà pourquoi un mère est menacée en France aujourd'hui.
32:31 Deuxième question, pourquoi elle n'est pas protégée ?
32:36 Eh bien tout simplement parce qu'elle a franchi la ligne rouge, ou plutôt la ligne blanche.
32:43 Elle a parlé de racisme anti-blanc.
32:45 Et je pense que ça lui vaut au sommet de l'État, de la part de M. Darmanin,
32:51 une attitude d'extrême prudence sur le thème.
32:55 On ne dit pas des choses comme ça.
32:57 Et donc on la met dans la tente et elle est menacée, mais elle n'a pas de protection.
33:02 Voilà où on en est en France aujourd'hui.
33:04 Et moi je dis au ministre de l'Intérieur, c'est grave ce que vous faites.
33:09 Vous devriez symboliquement protéger une femme courageuse.
33:14 On avait parlé avec vous, Philippe de Villiers, il y a quelques semaines,
33:19 et on change complètement de thématique, des inondations.
33:22 Pour la seconde fois, le nord de la France a été frappé par d'importantes inondations.
33:27 Le ministre de la Transition écologique s'est d'ailleurs rendu sur place hier
33:31 et il a été interpellé par des habitants excédés.
33:33 Je vous propose de revoir cette séquence parce que peut-être que vous allez y voir
33:39 une colère sourde, silencieuse, peu entendue parfois, peu écoutée de Français
33:44 qui pourraient nous rappeler d'autres thématiques qu'on a pu traiter auparavant.
33:47 Regardez.
33:48 Je vais vous dire ce que je pense carrément.
33:51 Parce qu'ils sont bien gentils, tout est commun, mais on n'a rien à branler,
33:54 c'est nous qui en a la merde.
33:57 Vous avez mis des bottes aujourd'hui, mais nous ça fait deux mois qu'on est avec les bottes.
34:00 On vit comme des chiens dans les maisons, comme des merdes.
34:03 C'est à vous de forcer la main.
34:05 On a plus d'une centaine de maisons et une dix-centaine de maisons qui ont été éloignées.
34:10 Parce que pour envoyer de l'argent en Ukraine, vous savez le faire.
34:13 On a évacué...
34:15 On est capable d'aller sur la Lune, monsieur.
34:18 On est capable quand même, aujourd'hui, d'aller sur la Lune.
34:20 Mais on n'est pas capable de faire quelque chose sur Terre.
34:22 Vous savez, monsieur, je n'arriverai pas à faire semblant d'être en désaccord avec vous.
34:28 Parce que c'est très exactement ce qu'on est venu dire.
34:31 Et encore une fois, dès le début, dès la visite du président de la République le 14 novembre dernier,
34:36 le sujet qui a été mis sur la table, c'est de dire...
34:39 L'enjeu, c'est d'apprendre ce qui est en train de se passer.
34:42 C'est toujours de la valeur.
34:44 Le fait qu'on ne l'ait jamais connu, ça doit nous interroger sur pourquoi on l'a.
34:47 Et pourquoi on l'a maintenant avec cette intensité.
34:50 Et donc, ça, c'est les décisions qui ont été prises dès le mois de novembre.
34:53 La suite, c'est comment concrètement on regarde la situation sans tabou.
34:57 Il y a peut-être des endroits, aujourd'hui,
34:59 compte tenu du fait qu'on a trop bétonné, trop artificié...
35:02 — Ah non, mais c'est sûr qu'on a tous un peu ce responsable.
35:04 — ...qu'il y a sans doute des secteurs qui sont peut-être plus habitables.
35:07 C'est pas tabou de le dire comme ça en se disant qu'il doit recommencer.
35:11 Il y a des processus d'indemnisation à imaginer.
35:13 — Moi, franchement, vous m'offrez un peu d'argent pour ma maison et tout.
35:17 Là, alors, on va voir. Vous me donnez une somme. Même que je perds de l'argent un peu.
35:21 Vous la prenez, vous la rasez. Je vais construire plus haut, là.
35:23 — Vous en êtes dans cette... Vous êtes dans cet état-là ? — J'ai plus envie, moi. Non, j'ai plus envie.
35:26 — Oui, c'est vrai. — Là, je vous le dis franchement, j'ai plus envie.
35:30 — Quel regard vous portez sur cette séquence, Philippe Devillers ?
35:33 — Il faut comprendre la colère. En fait, cette colère, elle veut dire ceci. Il faut la décrypter.
35:44 Derrière les mots, vous ne nous avez pas secourus.
35:51 Vous préférez vos lointains à vos prochains. L'Ukraine.
35:56 — L'Ukraine. — Vous dépensez votre argent pour l'Ukraine.
35:59 Cet après-midi, on apprend qu'on a mis 150 milliards d'euros dans la politique de la ville.
36:04 Bon, eux, ils sont pas dans la politique de la ville. Ils pataugent avec des bottes.
36:09 Et donc vous, vous venez nous voir. Vous chaussez des bottes toutes neuves du ministère.
36:15 Mais nous, on vit en bottes, on dort en bottes. Les Français de souche, on est devenus les Français debout.
36:25 Et puis deuxièmement, ça va plus loin. Vous nous avez bétonnés. Vous nous avez enlaidés.
36:32 Vous nous avez artificialisés. Vous avez multiplié les cages à lapins, la mixité sociale, etc.
36:38 Vous avez voulu changer la population. Vous avez brisé nos voisinages.
36:43 Vous avez brisé notre mode de vie, notre art de vivre. Vous nous avez négligés.
36:48 Vous nous avez abandonnés au nom de la mondialisation heureuse.
36:52 Nous sommes des Français abandonnés. Voilà ce qu'il a dit, ce André du Pas-de-Calais.
36:58 — Comme vous dites André, c'est André dans la région de Crépole qui avait interpellé d'ailleurs, c'était Olivier Véran,
37:05 qui, contrairement au ministre de la Transition écologique, n'était pas venu à « portée de baffe ».
37:11 C'est-à-dire qu'il n'était pas venu échanger avec ces Français en colère. Donc c'est peut-être aussi ça qui fait la différence.
37:17 Dans l'actualité également, cette semaine, la Cour des comptes vient de publier un rapport sur la question migratoire
37:22 et notamment sur la lutte contre l'immigration irrégulière. Manque de cohérence, manque de moyens.
37:28 Voilà les deux clés qui sont présentées et qui représentent une vraie difficulté concernant les obligations de quitter le territoire français,
37:34 selon la Cour des comptes. On voit le sujet de ces news. Et on en parle juste après.
37:40 Les contrôles opérés aux frontières sont tout d'abord très restreints. Dans les faits, lorsqu'un individu est interpellé,
37:47 seule l'identité qu'il déclare compte, c'est-à-dire que ses empreintes ne sont pas prises faute de cadre légal,
37:53 ses papiers d'identité ne sont pas scannés. Conséquence, cette personne n'est pas répertoriée.
37:59 Cela aurait pourtant facilité son expulsion. Si cette personne passe la frontière, mais est sous le coup d'une OQTF,
38:06 c'est une obligation de quitter le territoire. Il existe également de très nombreux recours. Ils ont été quadruplés en 10 ans.
38:13 On apprend aussi que le ministère de l'Intérieur ne communique pas avec les autres ministères.
38:18 C'est-à-dire que si le ministère de la Santé n'est pas au courant de cette OQTF et que l'individu bénéficie de prestations sociales,
38:25 il continuera de les toucher. Enfin, si la France dispose de tous les papiers nécessaires pour permettre une expulsion,
38:32 même d'un laissé-passer consulaire envoyé par le pays d'origine, l'expulsion, qui se fait par vol commercial,
38:39 peut ne pas aboutir si la compagnie aérienne ou le commandant de bord s'y opposent. Cela arrive.
38:45 Dans un cas sur deux, en France, seuls 10% des OQTF prononcés sont exécutés.
38:52 On est à peine quelques semaines après le psychodrame de la loi immigration.
38:56 En réalité, ce rapport édifiant nous montre que cette loi était à des années-lumières de régler le problème.
39:00 Vous, qu'est-ce qui vous inspire ? Les chiffres qu'on a entendus à l'instant.
39:03 D'abord, je voudrais dire que je connais bien Pierre Mosco ici, puisqu'il était un membre éminent du Parti Socialiste
39:10 qui a contribué à l'immigration massive avec enthousiasme. J'ai le souvenir d'un débat rugueux.
39:18 On a rempu des lances, lui et moi, sur la question de l'immigration, arbitré par Arlette Chabot sur le service public.
39:24 Il était horrifié par mes propos, parce que je demandais qu'on modère un peu l'immigration.
39:30 C'est le même qui est président de la Cour des comptes et qui a fait en sorte que le rapport sorte trop tard,
39:37 quand on n'en a plus besoin. Donc ça, c'est ma première réflexion. Ma deuxième réflexion...
39:43 Précisons en effet que le rapport sort après les débats, parce qu'il ne fallait pas influencer les débats sur la loi immigration.
39:49 Oui, c'est-à-dire qu'on fait un rapport pour qu'il soit parfaitement inutile.
39:52 Et on pourrait même préciser qu'en 2021, décembre 2021, ce même Pierre Moscovici avait présenté un grand document
40:01 à quelques mois de l'élection présidentielle pour présenter aux Français les moments clés,
40:06 les éléments clés qui pourraient faire l'élection présidentielle.
40:12 Vous savez ce que disait Clémenceau ?
40:13 Non.
40:14 Quand je veux enterrer une question, je crée une commission.
40:17 Et moi, à l'ENA, on m'a enseigné, quand tu veux enterrer une question, tu le transmets à la Cour des comptes.
40:25 Et donc là, ils ont fait leur rapport, ils sont contents, c'est trop tard.
40:31 Mais allons plus loin. En fait, les deux leçons de ce rapport, outre le fait que la lutte contre l'immigration irrégulière,
40:39 tenez-vous bien, elle coûte 1,8 milliard avec 16 000 personnes.
40:44 Vous vous rendez compte le chiffre ? On parlait d'André Lupat-Calais, là, ben voilà l'argent pour tous les gens qui patauge.
40:50 Là, il y a de l'argent, là.
40:52 Mais ce qui me frappe, c'est deux choses.
40:56 Les deux filigranes du rapport, c'est un, nous ne sommes pas capables d'empêcher les gens qui veulent venir en France de venir en France.
41:06 Les frontières, la question des frontières, la question tabou.
41:09 Et deuxièmement, nous ne sommes pas capables de faire partir les gens qui n'ont rien à faire en France.
41:14 Voilà le résumé du rapport. Bon, formidable.
41:18 Alors, nous sommes quelques-uns, les vieux sages qui descendent sur le forum,
41:26 comme ça se faisait au temps des Romains lorsqu'on préparait la guerre, pour dire "on vous l'avait dit, mais vous ne nous avez pas écouté".
41:37 Cette loi immigration aura eu raison, alors aurait, on va dire, on va utiliser du constitutionnel,
41:44 eu raison de ce gouvernement, le gouvernement d'Elisabeth Borne.
41:47 Dans les prochains jours, Emmanuel Macron devrait opérer une refonte de cette équipe gouvernementale.
41:52 Les frondeurs s'accrochent. On pense par exemple à Clément Beaune, le ministre des Transports.
41:58 Voilà ce qu'il a dit cette semaine dans les colonnes du Parisien.
42:00 Pour être dans un gouvernement, il faut d'abord qu'on vous le propose.
42:04 Et puis il faut être utile. Tant que ces conditions sont réunies, je serais heureux de servir.
42:09 Il avait pensé à démissionner au moment de la loi immigration.
42:12 Est-ce que ça vous étonne, Philippe de Villiers, ces ministres frondeurs qui s'accrochent ?
42:19 Ça me rappelle, vous connaissez Ruy Blas ?
42:23 "Ôs ministres intègres, bon appétit messieurs. Soyez flétris devant notre pays qui tombe.
42:35 Fossoyeurs qui venaient le voler dans la tombe."
42:41 C'est vieux comme Ruy Blas.
42:44 Et ça me rappelle un jour Jacques Chirac, au moment où je voulais partir
42:49 parce que je devais remplacer un député qui était décédé en Vendée.
42:54 Et il me dit "c'est marrant parce que j'ai toujours eu le sentiment que tu ne voulais pas être ministre.
42:59 Et c'est pour ça que je t'aime bien."
43:02 Je lui dis "pourquoi vous dites ça ?"
43:04 Il me dit "parce que j'aime bien les gens qui ne veulent pas être ministre et qui sont ministres.
43:07 C'est reposant."
43:09 Justement, c'est quoi votre souvenir de votre passage au gouvernement qui a duré un an et demi ?
43:13 Qu'est-ce que vous en avez gardé ? Qu'est-ce que vous en avez retiré ?
43:17 Plein de choses. Mais je me souviens un jour, je vais inaugurer à Beaubourg
43:23 une exposition d'avant-garde et il n'y avait que des tableaux blancs.
43:30 Blancs, crèmes.
43:33 Et avec l'artiste, je ne vous dirai pas son nom, mais il est très connu et réputé.
43:39 Et tout le monde me regardait, le jeune secrétaire d'État, et je me disais
43:43 "qu'est-ce que je vais raconter ?"
43:46 Et là, il y a Nikit Sinfal et Tinguely, qui étaient des gens très sympathiques, qui m'aimaient bien.
43:56 Bon, ils m'appelaient le Huron au palais royal,
44:00 parce qu'ils trouvaient que j'étais un peu paumé dans ce monde.
44:03 Et Nikit Sinfal me glisse à l'oreille "Philippe, c'est simple, je vous vois dans l'embarras.
44:09 Quand c'est vraiment beau, vous dites 'ah, quelle oeuvre !' ça suffit.
44:15 Et quand c'est pas beau et que vous savez pas quoi dire, vous dites 'quel travail !'"
44:20 Alors là, j'ai dit "je n'ai qu'un mot à dire devant l'artiste et devant vous tous,
44:26 le milieu culturel qui pense, et qui pense les cultures françaises, quel travail !"
44:33 Et alors je n'y étais pas resté longtemps, et ça m'a valu un colibé de ma fille Marie,
44:40 qui avait à peine 8 ans.
44:42 Sur la plage à Lidieu, après l'été, elle prend une poignée de sable et me dit
44:47 "papa, t'es pas resté longtemps secrétaire d'État ?"
44:53 Je dis "non, pourquoi tu me dis ça ?"
44:56 Elle lâche sa poignée de sable, glisse et dit "on va t'appeler monsieur le secrétaire d'État de sable."
45:06 - 8 ans ! - Oui.
45:08 - Il faut une profondeur d'esprit pour essayer. - Famille de poète.
45:12 - A 8 ans, c'est pas mal. Il nous reste 2 minutes 45 très précisément, Philippe.
45:16 Et oui, ça va si vite. On va parler de l'épiphénie à présent,
45:20 qui est une très importante pour les chrétiens.
45:23 Est-ce qu'on a juste l'image d'Emmanuel Macron ?
45:26 Vous savez que depuis les années 75, Valéry Giscard d'Estaing,
45:30 il y a cette cérémonie à l'Elysée.
45:33 Il a coupé la galette. La galette frangipane.
45:39 Alors, il n'y a pas de fève dedans. Je pense qu'on a l'image, si on pourrait la voir, s'il vous plaît.
45:43 Donc, celle d'Emmanuel Macron, c'était cet après-midi.
45:46 Emmanuel Macron qui coupe la galette.
45:49 Et puis, on a retrouvé la première fois, je le disais, c'était en 1975, en janvier 1975,
45:56 où les boulangers, pâtissiers apportent la galette à l'Elysée avec Valéry Giscard d'Estaing.
46:02 En deux minutes, tradition culturelle à l'Elysée, qu'est-ce que c'est ?
46:08 C'est une tradition culturelle.
46:12 Je pense aux deux personnages les plus célèbres de notre histoire qui ont un lien avec l'Épiphanie.
46:19 Allez-y.
46:20 Le premier, c'est le 6 janvier 1649.
46:27 Anne d'Autriche fait venir ses petits rois mages.
46:31 Lui, le 14e, et son frère.
46:33 Et les dames de la cour apportent la paix à la gâteau.
46:36 On coupe le gâteau et c'est elle qui a la fève.
46:38 Elle se tourne vers le petit dauphin et lui dit "Vous serez mon roi".
46:43 Tout va bien, on va se coucher.
46:45 La nuit est calme, comme dirait Darmanin, sauf qu'on entend les lance-pierres et les barricades, c'est l'affronte.
46:52 Il se réveille en sursaut, les capitaines dégardent la bille, le mettent dans un carrosse.
46:56 Il se retrouve à dormir sur un affût de canon dans une écurie à Saint-Germain-en-Laye.
47:02 Et là, il est traumatisé.
47:04 Il revient à Paris plus tard, il n'oubliera jamais l'affronte.
47:08 Et un jour, il fera la galette des rois dans la galerie des glaces pour étonner le monde entier.
47:14 Ce sera l'Épiphanie du roi-soleil.
47:16 Puis il y a un deuxième cas, un deuxième lien entre un deuxième personnage et la galette des rois.
47:23 Ça se passe à un autre bout de la France, c'est entre Hameus et le Soleil,
47:30 dans la vallée des couleurs de vos couleurs, dans une petite ferme, une famille est attablée.
47:35 On mange, on tire les rois et on apprend que la mère, Isabelle Romée, vient d'accoucher d'une fille.
47:43 Elle s'appelle Jeanne.
47:45 Elle dira, on retrouve ça dans les minutes du procès, "je suis née pour les rois,
47:49 je suis née le 6 janvier 1412, aux fêtes de l'Épiphanie.
47:56 J'avais la fève à chaque fois quand j'étais petite."
48:00 Vous connaissez la suite, elle va devenir chef de guerre,
48:04 elle va dire à ses capitaines, "Messieurs les capitaines, vous me suivez,
48:09 vous êtes une armée, pas une crapaudaille."
48:11 Elle va être victorieuse, puis prisonnière, puis suppliciée, puis brûlée.
48:16 Il ne restera d'elle que son cœur intact, qui sera jeté dans la Seine,
48:22 et son anneau, qui sera ensuite envoyé en Angleterre.
48:25 Et que reste-t-il d'elle ?
48:28 Elle fut, Eliott, je crois,
48:35 elle fut et elle demeure le plus fascinant trait d'union
48:45 que l'histoire de France ait jamais inventé entre le ciel et la terre.
48:52 Et elle fut et elle demeure cette jeune fille de l'Épiphanie,
48:58 née au fait de l'Épiphanie, elle fut et elle demeure le plus pur chef d'œuvre
49:05 que le génie allégorique français ait jamais déposé dans notre littérature.
49:11 C'est la France, la France qu'on aime, la France de l'Épiphanie.
49:16 - Merci Philippe Defilier. On se retrouve vendredi prochain.
49:19 - Merci.
49:20 - J'espère que vous aurez la fève ce week-end, Geoffroy et Philippe.
49:23 On devrait peut-être demain soir, puisqu'on se retrouve nous demain soir,
49:26 Geoffroy Lejeune, couper la galette des rois.
49:29 - Je vous inviterai au JDD pour la galette.
49:31 - Ah, ça fait grand plaisir. Dans un instant, c'est l'heure des Pro 2.
49:35 Merci Philippe Defilier, merci Geoffroy.
49:37 [Musique]