Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00 On est avec Philippe Devilliers ce soir.
00:02 Cher Philippe, bonsoir.
00:03 Merci d'être avec nous comme chaque vendredi soir.
00:05 Serge Ofroa, bonsoir.
00:07 Merci également d'être présent.
00:10 Depuis 15 heures ce vendredi,
00:12 le monde a les yeux rivés sur la bande de Gaza
00:15 et la libération des otages.
00:17 Que sait-on à 19h, heure française ?
00:20 Eh bien que 13 otages israéliens ont été libérés
00:24 après 49 jours de captivité aux mains de terroristes du Hamas
00:28 et aux mains de ces terroristes depuis le 7 octobre dernier.
00:31 Parmi ces 13 israéliens, otages israéliens,
00:36 quatre enfants et six femmes âgés.
00:39 Il y a également dix Philippines et dix Thaïlandais
00:43 qui ont été libérés.
00:45 Cette première étape de libération d'otages se fait en échange de prisonniers
00:49 dans un contexte de trêve de quatre jours où 50 otages doivent être libérés.
00:54 On découvre les images, les visages de ces otages
00:59 qui ont été libérés.
01:01 C'est un premier pas pour ces familles qui vivent un enfer
01:05 depuis maintenant le 7 octobre.
01:07 Mais c'est aussi cette difficulté de traiter avec un groupe terroriste.
01:10 Philippe Devilliers.
01:12 Oui, d'abord, c'est une bonne nouvelle.
01:15 Réjouissons-nous.
01:19 Il y a des vies humaines en jeu.
01:23 Il y a des familles ce soir en Israël
01:28 qui retrouvent un peu de bonheur,
01:31 qui étaient jusqu'à présent sous pression.
01:34 C'était horrible, c'était intenable.
01:37 Il faut penser aussi aux autres familles qui sont dans l'attente
01:40 des quatre jours à venir,
01:43 puisque c'est une libération aux comptes-gouttes.
01:46 Tout est mené par le Hamas.
01:49 Et moi, en cet instant, je pense qu'on est devant une situation
01:55 qui est d'une complexité que moi, je n'ai jamais vue de ma vie.
02:00 Quand j'étais au gouvernement, j'ai vécu avec Jean-Charles Marcani,
02:05 Charles Pascua, Jacques Chirac, François Mitterrand,
02:07 la libération des otages français au Liban.
02:11 Les choses étaient d'une certaine manière,
02:14 c'était le Hezbollah, c'était beaucoup plus simple.
02:17 Là, en fait, si on résume la situation,
02:23 on a un groupe terroriste
02:25 qui, dans sa charte, a prévu l'éradication
02:30 d'un État qui s'appelle Israël.
02:33 C'est ça le but, l'objet social du groupe terroriste.
02:39 En face, après avoir été victime d'un pogrom de ce groupe terroriste,
02:46 on a un État, Israël, qui fait jouer le principe
02:51 admis par le droit des gens depuis le plus haut Moyen-Âge
02:55 de la légitime défense.
02:56 Donc, on a un groupe terroriste qui veut éradiquer un État,
03:00 on a un État qui, faisant jouer la légitime défense,
03:04 veut éradiquer le groupe terroriste.
03:06 Et c'est la guerre.
03:09 Et à la guerre, rien n'est propre.
03:11 Donc, c'est une guerre d'élimination, c'est une guerre d'éradication.
03:16 Et voilà qu'au milieu de la guerre, on fait quelque chose de tout à fait particulier.
03:21 Ce n'est pas un armistice, ce n'est pas une trêve, c'est une pause.
03:24 C'est-à-dire qu'on dépose les armes quelques instants,
03:27 le temps de libérer au compte-goutte quelques
03:32 otages triés sur le volet
03:36 et dans une asymétrie qui est frappante.
03:43 C'est-à-dire qu'il y a d'un côté
03:47 150 prisonniers contre 40 otages.
03:51 Donc, on a des innocents qui reviennent chez eux
03:55 et on a des coupables, des criminels, des terroristes
04:00 qui sortent de prison après avoir purgé un début de peine
04:05 pour avoir commis des crimes terroristes.
04:10 Voilà. Mais pour moi, le plus difficile, c'est maintenant. Pourquoi ?
04:16 Parce qu'il y a un État qui va peser tout son poids.
04:20 C'est l'oncle Sam.
04:23 C'est l'oncle Sam qui est revenu, en fait.
04:26 L'oncle Sam qui va dire aux Israéliens
04:30 non, ce n'est pas quatre jours la pause.
04:33 Tant qu'on n'a pas récupéré tous les otages, on poursuit la pause.
04:36 Et puis, n'oublions pas que
04:40 pour...
04:43 Je souris, mais c'est terrible.
04:45 Vous vous rendez compte qu'on est rendu au Qatar, maintenant.
04:48 Il n'y a pas que la Coupe du monde au Qatar.
04:50 Pour aller libérer les otages, c'est le Qatar qui mène la danse.
04:54 Et donc, dans l'échelle de la confiance,
04:58 l'échelle de perroquet de la confiance,
05:00 comme on n'a pas confiance dans le groupe terroriste,
05:04 on dit qu'on aura plus confiance dans le Qatar,
05:07 parce que le Qatar est le parrain du groupe terroriste.
05:11 Bon, et puis il y a l'Egypte qui joue son rôle de son côté.
05:14 Donc, moi, je dis que les diplomates de part et d'autre
05:19 de tous ces pays qui sont aux prises avec le Hamas
05:23 et qui font revenir les otages ont du mérite
05:27 parce qu'il faut beaucoup de sang froid et il faut la tête froide.
05:30 C'est intéressant, dans votre premier décryptage,
05:32 vous avez parlé du Qatar, vous avez parlé du Hamas,
05:35 vous avez parlé de l'Egypte, vous avez parlé des Etats-Unis
05:38 et pas une seule fois, vous avez parlé de la France.
05:40 Non.
05:41 Pourquoi ?
05:42 Parce que Emmanuel Macron, ça rime avec Cooper de Citron.
05:48 C'est-à-dire ?
05:50 Il est en train de planter le chêne de Saint-Louis, dans le Jura, aujourd'hui.
05:57 Remarquez, c'est bien de planter des herbes.
06:01 Moi, je l'ai fait dans mon département tous les ans à la Sainte-Catherine,
06:04 avec les enfants des écoles.
06:07 Mais il y a quelque chose de surréaliste.
06:10 Je dis le chêne de Saint-Louis parce que du temps de Saint-Louis
06:15 et du temps de Louis XIV et du temps de Clemenceau
06:17 et du temps de De Gaulle et du temps de Pompidou
06:19 et du temps de Giscard et même du temps de Sarkozy,
06:23 on serait là-bas, on mènerait le jeu.
06:26 Il ne faut jamais oublier que le Liban, c'est une création française,
06:31 la Syrie, c'est une création française, on avait des mandats,
06:33 on était omniprésents et on avait les chrétiens d'Orient partout,
06:38 qui étaient nos relais, qui étaient nos têtes de pont.
06:42 Aujourd'hui, on n'a plus rien, on n'est plus rien.
06:45 Et c'est pire que ça, c'est même pas volontaire de la part des autres États,
06:51 des autres puissances, c'est qu'on ne fait même plus attention à nous.
06:56 – Quand vous dites "coupure de citron", j'imagine que c'est une comparaison
07:01 avec le surnom des remplaçants sur le banc des remplaçants
07:04 dans les matchs de football, c'est ça ?
07:06 Est-ce que ça veut dire que la visite d'Emmanuel Macron,
07:08 qui quand même est allé en Égypte, est allé dans tous les pays
07:12 qui entourent Israël, tout comme son ministre de la Défense d'ailleurs,
07:15 la semaine dernière, il y a une semaine, jour pour jour,
07:17 il était sur place aussi, il est allé au Qatar, il est allé en Égypte,
07:20 il est allé en Israël, que tout ça n'a servi à rien ?
07:23 Ou alors, si ça avait servi à quelque chose,
07:25 est-ce que vous pensez qu'il y aurait des Français qui auraient été libérés ?
07:28 – Oui, je pense que oui, je pense qu'il n'y a aucun Français à être libéré
07:32 dans la première… – Dans la première étape ?
07:35 – Dans la première étape.
07:36 – Prenons énormément de précautions sur la libération des otages,
07:39 puisqu'il paraîtrait que sur les 50 otages qui doivent être libérés
07:44 sur les 4 prochains jours, il y aurait 3 otages français,
07:49 et je le rappelle, on est à 8 otages ou portés disparus du côté des Français.
07:55 Je préfèrerais recontextualiser, analyser Philippe.
07:57 – D'accord, mais ce que je veux dire, c'est qu'on a un président affaibli
08:02 dans son propre pays, qui a sa rue arabe, donc en fait les pays arabes,
08:08 ils nous regardent avec ironie.
08:10 Pourquoi ? Parce que beaucoup d'entre eux sont solidaires du peuple palestinien,
08:16 beaucoup d'entre eux regardent avec attention ce qui est en train de se passer
08:26 entre Israël et le Hamas, beaucoup ne sont pas pour le Hamas,
08:30 beaucoup espèrent qu'Israël va régler le problème,
08:33 mais nous on est nulle part, pourquoi ?
08:36 Parce qu'on a l'épée dans les reins, on a l'épée des banlieues dans les reins,
08:40 et tout ce que fait Emmanuel Macron, et tout ce que fait le gouvernement,
08:44 son absence totale à Crépole, totale, c'est pourquoi ?
08:49 Tout simplement parce qu'on a peur, on a le gouvernement de la peur,
08:55 comme jamais on a eu le gouvernement de la peur, la peur de Nahel à l'endroit,
09:04 Nahel à l'envers, Nahel à l'endroit c'est ce qu'on a vécu, les émeutes,
09:09 et Nahel à l'envers c'est ce qui pouvait arriver avec, tout à coup,
09:16 une réplique des Gaulois réfractaires, qui dirait on en a ras le bol.
09:21 – Pour rester sur la question des otages, Philippe,
09:23 vous avez évoqué tout à l'heure dans votre propos,
09:25 l'affaire des otages du Liban, des Français otages au Liban,
09:29 entre 1985 je crois et 88. – 82.
09:32 – 82 le début en effet, et vous les connaissiez,
09:36 et vous avez suivi cette histoire quand vous étiez aux Affaires,
09:38 est-ce que vous pouvez nous raconter, l'histoire a été un peu oubliée,
09:41 même si à l'époque en effet ils étaient tous les jours mentionnés
09:43 sur les journaux télévisés, ça avait mobilisé l'opinion,
09:46 ce qui du point de vue de l'homme de pouvoir que vous étiez à l'époque,
09:49 s'est passé, comment ça s'est passé sur le plan diplomatique,
09:51 l'investissement notamment de François Mitterrand, de Jacques Chirac,
09:54 des ministres à l'époque, quel a été le rôle de la France dans cette libération ?
09:59 – Alors c'est tout à fait surprenant parce que vous aviez trois pôles,
10:06 vous aviez Jacques Chirac, qui était très mobilisé sur le sujet,
10:11 vous aviez Charles Pasquoie, qui était considéré comme un spécialiste
10:14 avec un homme tout à fait remarquable qui se comportait comme un héros,
10:20 Jean-Charles Marquagny, parce qu'il est allé là-bas,
10:22 – Qui était préfet.
10:23 – Il a pris des risques personnels, et c'est l'occasion pour moi de lui rendre hommage.
10:30 Et puis il y avait le président de la République, François Mitterrand,
10:34 donc on était en pleine période de cohabitation,
10:40 et donc moi j'ai assisté à des conversations où Jacques Chirac disait à Charles Pasquoie
10:44 "il faut qu'on consulte l'Élysée", etc. C'était un jeu à trois en fait.
10:48 Mais les trois se sont entendus et on a fait libérer les otages,
10:55 il y en a un qui est mort, c'est Michel Sorat, mais sinon les autres sont tous revenus.
11:00 Je ne rentrerai pas dans le secret de la négociation,
11:03 je vous dirai simplement que j'ai vu à l'œuvre des grands professionnels.
11:10 – Je voudrais qu'on revienne également parce qu'il l'a dit Geoffroy,
11:14 à cette époque-là, le nom des otages français, le visage des otages français
11:20 était diffusé chaque soir dans les médias, et que depuis le 7 octobre,
11:26 il y a eu une petite bascule depuis maintenant une semaine,
11:28 mais qu'entre le 7 octobre et disons le 20 novembre,
11:33 rarement on a entendu parler de ces otages français.
11:36 Comment vous l'expliquez ?
11:38 – Alors d'abord il faut rendre hommage à CNews,
11:41 puisque c'est la chaîne qui parle des otages français tous les jours
11:46 et qui montre les visages, sauf à un de ma part.
11:51 Alors la question qui se pose, elle est simple,
11:58 pourquoi on n'en parle pas sur les chaînes de service public,
12:03 les radios de service public, télévision de service public,
12:06 et pourquoi le président de la République est si discret ?
12:09 Tout simplement, j'y reviens, parce qu'on a installé chez nous
12:15 une contre société qui menace à tout moment,
12:21 c'est la jurisprudence des émeutes de juin,
12:23 qui a énormément marqué le gouvernement,
12:27 qui menace à tout moment de descendre dans la rue.
12:31 Donc quand vous avez une rue qui s'appelle,
12:35 que les gouvernants eux-mêmes appellent la rue arabe,
12:39 et que vous avez un conflit à l'autre bout du monde
12:43 et que vous mettez en jeu ce qui est dans le tréfonds de la culture
12:47 de cette contre société, face à notre société,
12:50 vous avez les mains liées, vous ne pouvez plus rien faire,
12:53 vous faites de la communication.
12:56 À l'instant, la diplomatie française et Paris,
13:02 qui salue la libération des otages, des 13 otages israéliens,
13:08 je rappelle également que parmi les otages,
13:10 il y a 10 Thaïlandais et 1 Philippin,
13:13 donc on est ce soir à 24 otages,
13:16 mais concernant les 10 otages Thaïlandais et Philippins,
13:20 on sort de ce cadre et de cette décision,
13:23 ce commun accord qui avait été pris entre Israël et le Hamas,
13:27 c'est-à-dire qu'en 4 jours, il doit y avoir 50 otages libérés
13:31 et 150 prisonniers qui doivent être rendus,
13:35 si vous me permettez l'expression, au Hamas.
13:40 Une toute dernière question sur ce sujet-là,
13:43 dans un instant, on va parler en longueur de Crépol.
13:46 On reviendra tout au long de l'émission
13:49 et peut-être en fin d'émission évidemment sur les otages,
13:51 mais vous avez dit quelque chose qui m'a marqué,
13:53 vous avez dit "j'ai jamais vu une telle situation,
13:56 un tel rapport de force".
13:57 Est-ce qu'il faut comprendre aujourd'hui que depuis le 7 octobre,
14:01 c'est le Hamas qui mène la cadence, qui mène la danse
14:05 et c'est le Hamas aujourd'hui qui est en train de gagner ce bras de fer
14:09 avec l'Occident, Israël et derrière les États-Unis ?
14:13 Alors, c'est la vraie question.
14:19 D'un côté, Israël a sa culture de la vie à tout prix qu'on sauve.
14:31 Une vie d'Israélien, on la sauve.
14:34 On va chercher le gars dans les barbelés, quoi qu'il arrive.
14:38 Ça, c'est un principe d'Israël.
14:41 Et de l'autre côté, on a le Hamas qui en fait,
14:45 est une bande professionnelle de la communication, géostratégique.
14:51 Parce qu'on parle de la rue Arabe en France,
14:54 mais la rue Arabe, elle est partout.
14:56 Et donc en fait, vous avez des gens qui sont au balcon, partout,
15:00 et qui regardent ce qui se passe.
15:03 Et qui disent "chapeau le Hamas".
15:06 Parce que là, le système du compte-gouttes,
15:09 c'est le Hamas qui distribue les gouttes à son rythme.
15:16 Et je reviens sur l'affaire des 4 jours, parce que là,
15:19 ce qui va se passer, c'est qu'il est possible que les États-Unis,
15:23 eux-mêmes, sous la pression de la communauté internationale,
15:28 disent à Israël "bon..."
15:31 - "On n'a pas eu les 50 otages, donc on continue."
15:33 - "Donc on continue la pause, jusqu'au moment où il sera plus possible
15:38 de reprendre la guerre."
15:40 Vous savez, au Moyen-Âge, dans la scolastique,
15:45 dans les universités, il y avait ce qu'on appelait
15:47 le principe de non-contradiction, qui fonde la philosophie, finalement.
15:51 C'est-à-dire "est, est, non, non".
15:53 Le cheval d'Henri IV est blanc, il ne peut pas être blanc et noir à la fois.
15:58 Or là, on est dans une situation de guerre, non-guerre,
16:02 post-guerre, pré-guerre.
16:04 Ce n'est pas un armistice, c'est une pause.
16:07 Donc c'est une situation extraordinairement complexe,
16:12 parce qu'elle est foncièrement contradictoire.
16:15 - En fait, c'est un piège.
16:16 Depuis le 7 octobre, c'est un piège qui est tendu à Israël
16:19 et globalement à tout l'Occident.
16:21 - Alors, je n'oserais pas le dire comme ça, mais...
16:23 - En tout cas, ma question, c'est, voyez-vous un moyen
16:27 de sortir de cette situation dans laquelle le monde entier
16:31 condamnerait une riposte jugée disproportionnée,
16:34 et en même temps, il y a des otages à sauver
16:36 qui sont libérés, comme vous l'avez dit, au compte-gouttes,
16:38 avec une sorte de supplice, et au fur et à mesure
16:44 que les jours passent, l'opinion mondiale,
16:47 qui est beaucoup plus clivée qu'en Occident,
16:50 considère que finalement, Israël est de moins en moins fondée
16:54 à se défendre.
16:55 Comment vous pensez que l'Israël...
16:56 - Non, je ne raisonne pas comme ça.
16:58 Moi, je raisonne avec mon expérience,
17:00 quand j'étais petit secrétaire d'État,
17:02 que je voyais les responsables d'un gouvernement,
17:07 on avait des otages français au Liban,
17:10 et des familles qui venaient nous voir,
17:13 qui nous suppliaient en larmes.
17:15 Donc, un pays, c'est ça la grandeur d'une nation.
17:20 Une nation, elle veille sur ses petits,
17:25 elle veille sur ses nationaux.
17:27 Donc, moi, je ne fais pas de procès,
17:29 d'autant plus que nous, on a des otages,
17:32 donc il faut faire attention à ce que nous disons, ensemble,
17:36 et ces otages, il faut qu'ils reviennent.
17:38 On a déjà 40 morts, auxquels j'espère
17:41 on rendra un jour hommage.
17:43 On a 8 otages qui sont là-bas,
17:45 il faut aller les chercher.
17:47 Et donc, pas de jugement brutal.
17:52 - Une toute dernière question, Philippe Devilliers,
17:54 et je le dis, on reviendra très certainement
17:57 en fin d'émission, si des nouvelles informations tombent,
18:01 parce qu'il faut prendre toutes les précautions, ce soir,
18:04 et toute la prudence, et vous l'apprenez, évidemment,
18:07 Philippe Devilliers, mais on pense évidemment
18:10 à ces familles qui sont dans l'angoisse,
18:13 qui vivent un enfer depuis le 7 octobre.
18:16 Lorsque je vous écoute et que je vois défiler ces visages,
18:20 par exemple, de Margalit Moses, 78 ans,
18:24 on a vu également cette jeune fille de 6 ans, Emilia,
18:29 de sa maman, Daniela Loni,
18:31 est-ce que, alors que depuis le 7 octobre,
18:35 il y a comme un doute qui plane autour du Hamas,
18:38 idéologiquement, politiquement, même chez nous,
18:41 c'est-à-dire que certains, chez nous,
18:43 refusent de parler du Hamas comme d'un groupe terroriste,
18:46 quel sens humain il y a à prendre en otage,
18:51 pendant 49 jours, des enfants, des femmes,
18:55 Yafah Hadar, 85 ans ?
18:58 Quelle est la limite lorsqu'on est finalement,
19:02 allez, je vais prononcer ce mot que certains emploient,
19:06 c'est-à-dire que ce serait un groupe armé, le Hamas, pour certains ?
19:11 Ce sont des islamistes, terroristes,
19:16 pour eux, la vie n'a pas la même valeur que pour nous,
19:21 il y a une vraie différence de civilisation.
19:24 Pour eux, la guerre est au-dessus de tout,
19:27 ça s'appelle le djihad,
19:29 le djihad c'est la conquête, la conquête du monde,
19:32 la conquête islamique,
19:35 et tant que le monde ne sera pas soumis à l'islam,
19:38 l'islam ça veut dire soumis,
19:40 eh bien on a le droit de tuer,
19:42 on a même parfois le devoir de tuer.
19:46 Dans l'actualité également,
19:50 aujourd'hui, je le disais,
19:52 si le monde allait les yeux rivés sur Israël depuis maintenant 15 heures,
19:57 la France, elle, avait les yeux rivés sur Thomas et sa famille,
20:03 ses proches, ses amis, Thomas, 16 ans,
20:06 qui devait souffler sa 17ème bougie le 6 décembre prochain,
20:10 apprécié de tous, capitaine de son équipe de rugby,
20:13 Thomas n'est plus, tué en marge d'une fête,
20:16 une fête de village, cet acte barbare,
20:18 et a provoqué une onde de choc dans le pays.
20:21 Avec vous, on va tenter de comprendre
20:24 de quel mal est frappée notre société,
20:26 et comment y répondre.
20:28 Vous découvrez ces images bouleversantes
20:30 que vous avez pu suivre sur l'antenne de CNews ce matin.
20:33 Ça s'est passé ce vendredi avec 2000 personnes
20:36 qui se sont réunies lors de la cérémonie de funérailles
20:39 à la Collégiale de Saint-Donnas-sur-l'Herbes.
20:42 Un silence déchirant, une dignité des personnes présentes,
20:45 de la famille, de ses proches, qu'on va entendre dans un instant.
20:48 Ma première question, Philippe Devilliers,
20:51 elle est simple, mais évidemment lourde de sens.
20:54 Que diriez-vous ce soir à la maman de Thomas,
20:57 à ses grands-parents qui ont pris la parole,
21:00 ses amis, qui pour certains ont porté son cercueil
21:03 alors qu'ils sont à peine majeurs ?
21:06 Les grandes douleurs sont muettes.
21:13 Et je pense que dans les premiers instants, je leur dirai rien.
21:19 Parce que les mots,
21:25 si chargés d'affections justiles,
21:28 dans une circonstance aussi tragique,
21:32 ne sont pas à la bonne altitude.
21:36 Je les serrai sur mon cœur,
21:42 comme un père qui devine le vertige,
21:52 comme l'abéance au-dessus de l'abîme,
21:55 au-dessus du manque.
21:59 Je les serrai
22:03 comme un Français, contre mon cœur,
22:07 avec un cœur qui souffre comme le leur,
22:11 qui souffre avec eux.
22:15 Et puis un peu plus tard, peut-être je risquerai
22:21 une parole,
22:24 regardez autour de vous,
22:29 et à tout un pays qui est là,
22:33 dans la détresse, dans le désarroi,
22:36 dans la colère.
22:41 Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant,
22:46 ce sont vos larmes,
22:49 et ce sont les larmes d'un peuple entier,
22:52 qui entre en résistance,
22:57 pour reprendre le mot du prêtre,
23:00 les larmes de la résistance.
23:04 Et peut-être qu'un peu plus tard,
23:08 je me risquerai alors glisser la prière
23:11 d'un grand poète
23:15 qui a perdu sa fille, qui avait 16 ans,
23:18 un jeune joueur de rugby, Thomas,
23:21 et qui s'appelait Léopoldine.
23:24 Quand il a appris la mort de sa fille,
23:27 il a hurlé "je fus comme un fou" dans le premier moment,
23:30 puis ensuite il est allé au cimetière à Vélquier,
23:33 comme les parents de Thomas iront au cimetière de Crépol,
23:37 un peu plus tard, pour se recueillir.
23:41 Et il dit ceci,
23:46 le grand poète terrassé par la douleur,
23:49 "je viens à vous Seigneur, Père auquel il faut croire,
23:52 je vous porte apaisés les morceaux de ce cœur
23:55 tout plein de votre gloire que vous avez brisé".
23:58 - Ce n'est pas la première fois, malheureusement,
24:05 qu'on doit commenter une actualité dramatique,
24:08 Philippe Devillers, depuis septembre,
24:11 et ses émissions le vendredi, où on tente de prendre de la hauteur
24:14 et de comprendre quels sont les maux de notre société,
24:17 et aussi parfois de sourire et d'avoir des actualités joyeuses.
24:20 Lorsque j'ai vu ces images à Crépol,
24:23 et autour de Thomas, de sa famille,
24:26 j'ai repensé à notre émission,
24:29 le jour de l'attentat d'Arras.
24:32 Est-ce que vous avez peur pour la France,
24:35 Philippe Devillers, et pour les Français ?
24:38 - Oui.
24:41 Et non.
24:44 Quand on voit les images de la semaine sur Crépol,
24:50 quand on voit les images du massacre,
24:53 les images de ce que le grand-père a appelé
24:56 "des sauvages",
24:59 on a peur.
25:05 On ne peut pas ne pas avoir peur.
25:08 Parce que ces images viennent après le 7 octobre,
25:11 elles viennent après les émeutes de juin,
25:14 et elles viennent après l'assassinat des professeurs,
25:20 Pati, puis Dominique Bernard.
25:23 Ça s'accélère.
25:26 Et je dis oui et non,
25:29 parce que quand on voit la foule,
25:32 qui n'est pas une foule, qui est un peuple,
25:35 je dirais même plus qu'un peuple,
25:38 une civilisation en marche, en résistance,
25:41 on se dit "la France est grande,
25:44 il y a une dignité,
25:50 une élégance de l'âme
25:53 qui affleure,
25:56 ils sont magnifiques,
25:59 seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse".
26:02 Et je me dis "cette France-là,
26:05 elle va bouger,
26:10 cette France-là,
26:13 elle subit un nouveau choc traumatique,
26:16 mais Cribolle,
26:20 c'est peut-être
26:23 un point de bascule".
26:26 Vous avez parlé du grand-père de Thomas,
26:29 écoutez ces mots d'une profonde tendresse,
26:32 bien évidemment pour son petit-fils,
26:35 mais également un message adressé aux bourreaux
26:38 et un appel à ce que justice soit rendue.
26:41 Écoutez.
26:44 "Je voudrais féliciter l'efficacité
26:47 de notre police,
26:50 qui a retrouvé très rapidement ces acteurs de barbarie
26:53 et j'atteins avec impatience le verdict de la justice
26:56 qui a dit par l'intermédiaire de son ministre
26:59 que les acteurs seraient châtiés.
27:02 Ces gens-là,
27:05 des sauvages,
27:08 doivent être mis très rapidement
27:11 à l'écart de notre société.
27:14 Néanmoins, et en tout état de cause,
27:17 ça ne me rendra jamais,
27:20 non Thomas,
27:23 non ma vie,
27:26 non Thomas."
27:29 C'est très compliqué de rebondir sur ces images
27:39 et sur ces mots, mais vous avez dit juste avant
27:42 qu'on les écoute, Philippe, que cet événement,
27:45 ce drame à Crépeau, était une bascule.
27:48 Et moi j'aimerais vous demander, des attaques au couteau,
27:51 des gens qui meurent assassinés avec un couteau,
27:54 il y en a fréquemment, trop fréquemment,
27:57 et pourtant cette fois-ci, on sent tous, confusément,
28:00 que c'est différent de d'habitude. Et j'aimerais vous demander pourquoi.
28:03 "Parce que
28:08 il faut qualifier ce qui s'est passé
28:14 pour vous répondre.
28:17 Et ce qui s'est passé, c'est quelque chose
28:20 que vous ne connaissez pas, qu'on ne voyait pas,
28:23 que seuls les spécialistes
28:26 suborderaient ou connaissaient.
28:29 Je vais reprendre les mots
28:32 du procureur, le fameux procureur
28:35 qui, pour l'instant,
28:38 a calfautré
28:41 les noms des auteurs.
28:44 C'est la première fois dans l'histoire, j'ai jamais vu ça.
28:47 - On en parlera un peu plus tard.
28:50 - Je me souviens, quand j'étais sous-préfet,
28:53 qu'il m'arrivait de dire
28:56 au patron de la police ou de l'agent Ramory,
28:59 "Bon, vous ne donnez pas les noms, donc on connaît."
29:02 S'il n'y avait pas de gêne à donner les noms,
29:05 on les donnerait, les noms. Bon. Je reviens à mon sujet.
29:08 De quoi s'agit-il ?
29:11 Il s'agit d'une
29:14 expédition programmée,
29:17 je cite le procureur,
29:20 expédition programmée
29:23 depuis une cité,
29:26 à Romand, jusqu'à un village,
29:29 à Crépole,
29:32 pour quel mobile
29:35 planté du blanc
29:38 est au final libéré ?
29:41 Si ce mobile n'était pas le vrai,
29:44 il y a longtemps qu'il aurait été démenti.
29:47 En d'autres termes,
29:50 ce qu'a très bien
29:53 ressenti le grand-père,
29:56 quand il parle de sauvage,
29:59 on a affaire à des barbares
30:02 en sauvager
30:05 qui quittent la ville
30:08 pour venir à la campagne.
30:11 Donc là, il y a deux phénomènes nouveaux,
30:14 je crois, pour vous répondre.
30:17 Le premier, c'est que le trouble
30:20 se déplace de la cité
30:23 où on a l'habitude de le trouver,
30:26 là où les pompiers, la police et les médecins peuvent plus rentrer,
30:29 à la campagne, qui était pourtant
30:32 un oasis de tranquillité jusqu'à présent.
30:35 Et le deuxième phénomène, c'est que là,
30:38 on passe d'une sauvagerie
30:41 qu'on connaît
30:44 sur les questions de drogue à Marseille,
30:47 à quelque chose de beaucoup plus gratuit
30:50 et de beaucoup plus grave, c'est la haine
30:53 de la francité, la haine de la France.
30:56 Donc ça, c'est très nouveau.
30:59 Et c'est ça qui peut faire peur.
31:02 Et je pense que c'est
31:05 cette vision des choses, cette nouveauté,
31:08 c'est-à-dire la cité qui se déplace à la campagne,
31:11 pour faire son marché d'horreur
31:14 est largement contrebalancée
31:17 par la dignité de la foule,
31:20 du peuple français qui est là comme un roc
31:23 et qui semble dire
31:26 "Vous ne passerez pas".
31:29 Et en même temps,
31:32 certaines personnes, pas très nombreuses,
31:35 je vous l'accorde, disent qu'il y a une forme
31:38 de passivité aussi dans cette réaction.
31:41 Sur la dignité, il n'y a aucun problème,
31:44 mais à force d'avoir intégré la notion de résilience,
31:47 il n'y a jamais de riposte.
31:50 On peut s'en féliciter à beaucoup d'égards,
31:53 mais on voit par exemple depuis 24 heures
31:56 que le peuple est en révolte.
31:59 Comment vous expliquez ce qui se passe en France,
32:02 cette capacité à ne pas réagir ?
32:05 - Moi j'ai une explication
32:08 qui vient du tréfonds de ce vieux peuple
32:11 auquel nous avons l'honneur d'appartenir.
32:14 C'est un peuple qui est né avec un État,
32:17 un État-nation.
32:20 La France,
32:23 c'est un des rares pays qui a été fait par un État
32:26 au temps de Clovis.
32:29 Et l'État et les citoyens,
32:32 c'est un échange.
32:35 Je t'apporte la protection
32:38 et tu m'apportes l'obéissance.
32:41 Et donc les Français sont tellement rompus
32:44 à l'idée de la protection régalienne
32:47 depuis un millénaire
32:50 que pour eux,
32:53 il y a toujours l'espoir que l'État se reprenne
32:56 et que l'État redevienne régalien.
32:59 Et en fait, l'appel du grand-père,
33:02 c'est ça que ça signifie.
33:05 En fait, on est dans une société sans père.
33:08 Donc il n'y a plus d'identification pour ces jeunes.
33:11 On est dans une société
33:14 où il n'y a plus de magistère.
33:17 Et on est dans une société
33:20 où il n'y a plus de coupable.
33:23 Il n'y a plus de magistère, donc il n'y a plus de repère.
33:26 Il n'y a plus de magistère au sens spirituel et culturel du terme.
33:29 On ne fait plus que de l'économétrie.
33:32 Et il n'y a plus de coupable.
33:35 C'est la culture de l'excuse.
33:38 La preuve,
33:41 c'est que le présumé coupable
33:44 du coup de couteau,
33:47 on apprend qu'il a déjà été condamné.
33:50 Et il a été condamné à quoi ?
33:53 À ne pas avoir de couteau,
33:56 de long couteau.
33:59 Mais en fait, tous ces gens-là,
34:02 tous ces sauvages,
34:05 pour reprendre l'expression du grand-père,
34:08 tous ces barbares,
34:11 vous savez ce qu'ils disent ?
34:14 On s'en fout de la justice,
34:17 on s'en fout de votre État,
34:20 on s'en fout de vos hommes politiques,
34:23 on s'en fout de votre police.
34:26 On n'a peur de rien, puisque de toute façon,
34:29 on ressortira aussi vite qu'on sera rentrés,
34:32 si on est condamné.
34:35 Ils ont fait l'expérience.
34:38 La faillite de l'État,
34:41 qui n'a plus d'autorité,
34:44 la faillite de l'école,
34:47 qui ne lutte plus contre l'ensauvagement,
34:50 parce qu'elle n'a rien à dire,
34:53 elle ne peut rien transmettre.
34:56 Si vous ne transmettez pas la France,
34:59 vous transmettez quoi ?
35:02 Si vous ne transmettez pas notre langue
35:05 vous ne faites plus rien.
35:08 Et la troisième faillite,
35:11 c'est la justice,
35:14 la justice qui considère
35:17 qu'en fait ce sont des victimes,
35:20 d'ailleurs il y a des gens qui parlent déjà comme ça,
35:23 ce sont des victimes, des victimes de la société.
35:26 Donc il y a un retournement de la justice,
35:29 le syndicat de la magistrature.
35:32 Et puis il y a un retournement,
35:35 mais je vais dire quelque chose de grave,
35:38 la faillite des élites,
35:41 qui ont cru, et j'en ai été le témoin,
35:44 qui ont cru pouvoir expérimenter
35:47 une nouvelle manière de faire la France
35:50 en la défaisant.
35:53 C'est-à-dire,
35:56 ils ont cru qu'ils pourraient
35:59 changer la France
36:02 avec un nouveau peuplement
36:05 et changer de France.
36:08 Est-ce que lorsque vous dites ça,
36:14 vous pensez à la politique européenne,
36:17 l'ouverture des frontières et une politique immigrationniste également ?
36:20 Je pense que...
36:23 C'est ce à quoi vous faites référence ?
36:26 - La démocrate Vanderleyen
36:29 et le gouverneur de la province de France,
36:32 Emmanuel Macron, qui sont obligés,
36:35 il y a au moins un point commun
36:38 que les Hollandais viennent de découvrir,
36:41 et les Irlandais aussi,
36:44 et les Italiens aussi.
36:47 Le point commun, c'est qu'ils sont migrationnistes.
36:50 Et qu'est-ce qu'on voit à Crépol ?
36:53 On voit les résultats
36:56 de ce que Emmanuel Macron appelle de ses voeux
36:59 la société multiculturelle.
37:02 La société multiculturelle, je l'ai déjà dit, je le répète,
37:05 je ne sais pas si je l'ai dit ici,
37:08 mais c'est quelque chose que je pense profondément,
37:11 la société multiculturelle conduit à la société
37:14 multidéculturelle,
37:17 sauvage,
37:20 et la société multiculturelle est multiconflictuelle.
37:23 Et donc au niveau européen
37:26 comme au niveau français,
37:29 on s'apprête à mettre en œuvre le fameux pacte
37:32 de la migration et de l'asile, au terme duquel
37:35 tous les pays européens vont devoir se refiler
37:38 les migrants,
37:41 à charge pour ceux qui ne veulent pas
37:44 accueillir de migrants, de payer une amende
37:47 de 20 000 euros par migrant.
37:50 Et à Crépol qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
37:53 Et à Romand, moi j'ai connu la ville de Romand,
37:56 il y a 30 ans c'était l'industrie de la chaussure,
37:59 c'était une ville paisible.
38:02 Qu'est-ce qui s'est passé dans nos campagnes ?
38:05 Qu'est-ce qui se passe dans nos campagnes ? Et les maires disent rien
38:08 parce qu'ils sont titanisés les pauvres.
38:11 Premièrement, on a fait la loi SRU,
38:14 la mixité sociale, etc. pour mettre partout
38:17 des HLM pour faire rentrer une population immigrée,
38:20 c'est comme ça que s'est passé à Romand.
38:23 Et puis deuxièmement,
38:26 aujourd'hui on a un guide pratique
38:29 dont les maires ont pu discuter au congrès des maires,
38:32 un guide pratique pour la migration à la campagne.
38:35 Pourquoi je vous ai interpellé
38:38 sur cette question migratoire
38:41 et vous avez cité Ursula von der Leyen
38:44 et la politique européenne actuelle,
38:47 et je le dis en régie, on devait le voir un peu plus tard avec Benjamin Nau,
38:50 mais on va le voir maintenant.
38:53 C'est un débat et c'est la défense des territoires,
38:56 la défense des frontières, la protection
38:59 ou en tous les cas la volonté d'avoir une politique migratoire
39:02 contrôlée, ce sont des combats que vous avez menés
39:05 dans votre carrière politique.
39:08 On ressort quelques séquences marquantes.
39:11 Je suis tombé sur une séquence, un échange que vous avez eu,
39:14 on est en 2005 avec Dominique de Villepin.
39:17 C'est très intéressant parce que Dominique de Villepin
39:20 aujourd'hui fait la tournée des médias,
39:23 c'est l'homme qu'il faut entendre
39:26 pour la question au Proche-Orient,
39:29 l'homme qui a la bonne parole.
39:32 Réécoutons ce qu'il disait en 2005,
39:35 ce qui est intéressant également c'est le climat,
39:38 politique mais également médiatique.
39:41 Tout ce que vous allez dire n'est pas pris au sérieux
39:44 et aujourd'hui on en voit peut-être, je dis bien peut-être,
39:47 les conséquences.
39:50 C'est le 10e anniversaire du traité de Schengen.
39:53 Par application de ce traité, la France a donc supprimé
39:56 ses contrôles fixes avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne.
39:59 Et pourtant j'étais à Modane hier
40:02 avec mon collègue italien où nous avons multiplié
40:05 les patrouilles communes, les contrôles communs,
40:08 pour vous dire que nous continuons à travailler et à contrôler nos frontières.
40:11 – Les contrôles mobiles, les contrôles fixes de toute façon.
40:14 – Les contrôles mobiles, les contrôles sur les autoroutes, les contrôles dans les trains.
40:17 – Vous avez porté tous les dictionnaires ce soir.
40:20 – C'est la constitution.
40:23 – Il n'y a plus de son coeur. – Il y a un dictionnaire par nom.
40:26 Non à l'Europe, non à la Turquie, non au référendum.
40:29 – Non au référendum, oui à une Europe qui nous protège.
40:32 – Je le maintiens totalement. – Qu'elle peut faire aujourd'hui ?
40:35 Moi j'en fais trois. – Oh là là !
40:38 – S'il vous plaît, on va être obligés d'arrêter là.
40:41 – D'abord, une hausse fulgurante de l'immigration.
40:44 300 000 entrées, ce ne sont pas mes statistiques,
40:47 ce sont celles de l'Observatoire de la Statistique de l'Immigration.
40:50 300 000 entrées en 2003. Deuxièmement, les frontières abolies à l'extérieur
40:55 ont été reconstituées à l'intérieur
40:58 avec les cités ghettos, les cités interdites
41:01 qui n'obéissent plus à l'état de droit
41:04 mais qui obéissent à la loi des bandes violentes.
41:07 Il y a quand même 20 000 véhicules brûlés chaque année.
41:10 – La délinquance des bandes en France a diminué de 20% en 2004.
41:14 Je ne peux pas vous laisser caricaturer l'action.
41:16 – C'est vrai que dans les journaux, on voit il y a 20 000 véhicules brûlés,
41:18 c'est un petit peu moins, etc.
41:20 – Il y a une diminution sérieuse de l'action des bandes dans notre pays.
41:24 – N'utilisons pas des épouvantables pour faire peur, Philippe de Villiers.
41:28 Les Français sont assez grands pour juger.
41:30 – Il y avait 130 cités interdites il y a 10 ans,
41:33 il y en a 630 aujourd'hui.
41:35 Ce sont les chiffres du ministère de l'Intérieur.
41:38 Et donc, je voudrais vous poser une question.
41:41 Justement, je vous ai raconté quelque chose.
41:43 – Oui, s'il vous plaît, parce que là...
41:45 – C'est le livre vert de la Commission de Bruxelles
41:49 qui dit "il n'y a pas assez d'immigration économique"
41:53 et qui demande, je cite,
41:55 "des flux d'immigration plus soutenus pourraient être de plus en plus nécessaires
41:59 pour couvrir les besoins du marché européen du travail".
42:02 Dans un pays qui a 2 500 000 chômeurs
42:05 et qui reçoit 300 000 migrants chaque année,
42:11 est-ce que vous jugez ce livre vert raisonnable ?
42:14 – Moi, j'ai répondu tout à l'heure.
42:15 Je considère qu'avec 500 000 emplois vacants en France
42:18 et 2 500 000 chômeurs,
42:20 la priorité c'est de répondre aux demandes d'emploi
42:24 de ceux qui vivent sur notre territoire.
42:26 Voilà un point d'accord entre vous et moi.
42:28 – Je voulais vraiment vous montrer cette séquence
42:30 parce que ça dit tout de ce qui peut se passer aujourd'hui.
42:34 En tous les cas, on comprend ce qui est en train de se passer aujourd'hui
42:37 sur la question migratoire et cette bascule d'ailleurs
42:39 de plusieurs pays européens qui se présentent différemment,
42:44 soit par les urnes avec les Pays-Bas, soit par la violence,
42:48 et d'ailleurs il faut la condamner en Irlande.
42:50 Philippe.
42:51 – Là en fait, Dominique de Villepin, il est dans le déni, comme tous les autres.
42:59 En fait, ça fait 40 ans qu'on est dans le déni,
43:02 c'est-à-dire 40 ans qu'on a des hommes politiques,
43:05 toutes tendances confondues ou presque,
43:07 qui disent "mais non, mais c'est pas vrai,
43:10 il n'y a pas d'augmentation de l'immigration"
43:12 ou alors "oui mais c'est nécessaire,
43:14 parce qu'il y a des emplois que les Français ne veulent pas prendre".
43:17 Et pendant qu'ils sont dans le déni,
43:20 ils font des lois, comme la prochaine sur l'immigration,
43:23 pour la régularisation des sans-papiers.
43:26 Et quand ils sont contre la régularisation des sans-papiers,
43:31 qu'est-ce qu'ils font ?
43:32 Ils veulent faire des quotas migratoires.
43:34 Et les quotas migratoires, ça consiste à aller piller l'Afrique,
43:38 prendre les meilleurs, dans le temps c'était la dentition,
43:41 la musculature, maintenant c'est les diplômes,
43:45 on prend les meilleurs médecins, les meilleurs ingénieurs,
43:47 on les pique à l'Afrique qui les a formés,
43:50 et on n'a pas de scrupules.
43:52 Ça s'appelle du néocolonialisme.
43:55 Et donc tous ces gens, en fait,
44:00 la question qui se pose est la suivante.
44:02 Pourquoi ils ont fait ça ? Pourquoi ils font ça ?
44:05 Moi, maintenant je suis arrivé à une réponse.
44:10 Ils ont la haine de l'ancienne France.
44:14 La France de notre enfance.
44:16 La France d'avant, comme dirait Pascal Praud.
44:19 Ils ont la haine de la France d'avant.
44:22 De la France tranquille, de la France de nos traditions,
44:26 de nos coutumes, de notre patrimoine,
44:28 de ce qui nous rendait heureux,
44:30 de ce qui a fait la grandeur de la France.
44:33 Et donc, à vouloir fabriquer, avec l'immigration,
44:38 un nouveau peuplement,
44:39 ils sont en train de détruire, pied à pied,
44:43 ce qu'a été la France.
44:45 Qu'est-ce qu'a fait Macron ?
44:47 Premièrement, il défait l'État,
44:50 supprime le corps préfectoral, le corps diplomatique.
44:53 Deuxièmement, il défait la nation avec sa souveraineté européenne.
44:58 C'est-à-dire qu'en fait, il abdique la souveraineté nationale.
45:01 Et troisièmement, avec l'avortement constitutionnel
45:04 et la loi sur l'euthanasie,
45:05 il trouble le principe de la filiation avec la PMA.
45:09 Et avec l'avortement constitutionnel et l'euthanasie,
45:12 il raccourcit la vie au début et raccourcit la vie à la fin.
45:17 Revenons à Crépol, si vous me le permettez, Philippe,
45:21 mais tout est lié.
45:22 Des milliers de personnes étaient présentes devant l'Église,
45:24 parfois des Français qui ne connaissaient pas Thomas.
45:26 Et vous allez entendre cette femme.
45:28 Elle s'appelle Annick.
45:29 Elle vit dans cette commune.
45:31 Ce qu'elle dit, c'est la parole de milliers de Français
45:34 dans les zones rurales,
45:35 de milliers de Français qui ne sont jamais entendus,
45:38 qui sont souvent caricaturés
45:40 et qui, aujourd'hui, vivent dans cette insécurité.
45:45 Si jeune de partir comme ça, non, non.
45:49 Ça ne devrait pas exister.
45:51 Voilà.
45:52 On était à côté de vous pendant cette cérémonie
45:55 et on vous a vu émue aux larmes.
45:57 Beaucoup de tristesse également avec cette colère.
46:00 Ah oui, énormément de tristesse, oui.
46:03 Mais c'est surtout la colère qui monte.
46:05 Pourquoi la colère ?
46:07 La vie de Thomas, elle valait la vie des autres aussi.
46:11 On n'est pas rien.
46:14 On vit.
46:16 On n'a pas le droit de prendre la vie de quelqu'un d'autre comme ça.
46:19 Non.
46:21 Je pense que nos politiciens feront quelque chose.
46:26 Il ne faut plus que ça dure.
46:28 La semaine dernière, on avait le débat sur "y a-t-il deux peuples ?"
46:32 Ce débat ne sera pas tranché aujourd'hui.
46:34 En revanche, cette affaire nous a montré,
46:36 avec les images de Crépole, qu'il y a bien deux Frances.
46:38 Cette France rurale, on la voit assez souvent.
46:40 Finalement, on la voit assez peu.
46:42 Elle est ignorée.
46:43 Elle est ignorée des pouvoirs publics qui sont à Paris.
46:46 Vous, vous la connaissez un peu parce que vous y vivez.
46:48 Comment vous pourriez la décrire ?
46:50 Essentiellement par l'idée de voisinage.
46:58 C'est-à-dire qu'en fait, une vraie société,
47:04 ce que vous décrivez, c'est la dissociété,
47:06 quand les liens sont distendus.
47:08 On n'est plus en société.
47:10 D'ailleurs, on ne se salue plus.
47:12 Dans les villages, à la campagne, on se salue.
47:16 Même quand on ne se connaît pas.
47:18 On est en société.
47:19 Qu'est-ce que c'est qu'une société ?
47:21 C'est un tissu conjonctif de voisinage.
47:25 Moi, quand j'étais petit, j'allais veiller les morts, mes voisins.
47:30 À chaque naissance, on faisait sonner les cloches.
47:37 Mon enfance s'est écoulée au fil de ruisseaux à cresson
47:43 qui chantaient entre les ordres des mimosas.
47:45 C'était une fête.
47:48 Tout était une fête.
47:50 Tout était une liturgie, même.
47:53 Il y avait la carnesse, il y avait le prélève,
47:58 il y avait le mois de mari.
48:02 Je me souviens, quand j'étais petit,
48:06 le matin, tôt,
48:08 j'ouvrais mes volets,
48:13 je tendais l'oreille
48:16 et je captais les trois bruits qui réveillent la campagne.
48:20 D'abord, la cloche, l'angélus,
48:26 qui donne le signal de la prière.
48:29 Ensuite, le coq,
48:34 qui donne le signal du lever du soleil,
48:37 le lever du jour.
48:40 Et le troisième bruit, c'était l'enclume,
48:44 l'appel au travail.
48:46 Et ces trois bruits étaient comme trois mélodies
48:49 qui se fondaient dans une symphonie.
48:52 Je dois tout, tout,
48:55 à cette symphonie.
49:00 Je voudrais qu'on revienne à présent, Philippe Devilliers,
49:03 aux responsables politiques qui, cette semaine,
49:06 et on l'a déjà vécu, que ce soit pour l'affaire Lola,
49:09 que ce soit pour cet été Enzo,
49:12 pour Arras,
49:14 ou encore cette semaine pour Thomas.
49:17 La sémantique de l'exécutif est toujours la même.
49:21 C'est-à-dire qu'ils vont nous expliquer
49:24 qu'il y a un appel à la retenue,
49:26 à la décence,
49:28 à la dignité,
49:30 et que toute responsabilité politique posée
49:34 serait indigne, finalement,
49:38 de la peine des familles.
49:40 C'est-à-dire qu'il est interdit, pendant cette période,
49:43 de se poser les bonnes questions.
49:45 Ou même les mauvaises.
49:47 Mais on n'a pas le droit de se poser des questions.
49:49 Et j'ai récolté quelques témoignages, du moins,
49:52 des membres du gouvernement, cette semaine.
49:54 Ils vont dire tous, peu ou prou, la même chose.
49:58 On pense évidemment tous à sa famille.
50:01 Et je ne doute pas que dans quelques instants,
50:03 certains tenteront d'exploiter de façon politicienne
50:06 ce drame absolu.
50:07 Évitez, madame, de rajouter de l'indignité
50:10 à un drame qui touche toute la nation.
50:12 Exploiter, avant d'avoir les réponses
50:14 aux questions qui sont posées,
50:16 les choses de manière à essayer
50:18 d'instrumentaliser un procès politique,
50:20 c'est anormal.
50:21 Je suis convaincue que ce moment appelle
50:23 à la retenue et à la décence.
50:25 Utiliser ce drame pour jouer sur les peurs,
50:28 c'est manquer de dignité et de respect pour les victimes.
50:31 Vous avez fait depuis le début de l'émission
50:33 de la récupération politique, Philippe Devilliers.
50:35 Vous vous souvenez de Naël ?
50:39 Oui, très bien.
50:40 Minute de silence.
50:41 À l'Assemblée nationale.
50:43 Et la phrase "parti très vite" d'Emmanuel Macron.
50:47 Non, c'est Mbappé, parti trop vite.
50:49 Et lui, il a dit...
50:50 Non, non.
50:51 Emmanuel Macron a dit "c'est inexcusable".
50:53 Oui. Ah, "parti très vite", pardon.
50:55 Je n'avais pas compris.
50:56 Voilà.
50:57 Et Mbappé, c'est le petit ange.
50:59 Parti trop vite.
51:01 Là, pour Thomas, il n'y a pas de petit ange,
51:04 il n'y a pas de faute inexcusable,
51:07 il n'y a...
51:08 Ce n'est pas le même tarif.
51:10 Voilà.
51:11 En d'autres termes,
51:15 c'est un sujet que je connais bien depuis longtemps,
51:18 c'est la différence entre un fait divers
51:20 et un fait de société,
51:23 qu'on devrait appeler un fait politique.
51:27 Si vous me permettez une métaphore,
51:29 un fait divers, c'est quand il y a quelqu'un
51:33 qui met le bazar dans la maison.
51:38 Un fait de société,
51:41 c'est quand les murs porteurs de la maison
51:44 tremblent, se lézardent et s'écroulent.
51:48 Parce que c'est la maison toute entière qui est touchée.
51:51 Donc dans un premier cas, c'est un comportement individuel,
51:55 ça s'appelle un fait divers.
51:58 Dans l'autre cas, un fait de société,
52:01 ça touche à l'étymologie du mot cité,
52:07 la police politique.
52:09 Un fait de société, il est politique
52:12 parce qu'il a une projection politique,
52:16 il a une portée politique ou une origine politique.
52:20 Or là, nous sommes devant un fait politique.
52:24 Et si les hommes politiques n'ont plus le droit
52:27 de porter un jugement sur les faits politiques,
52:31 alors il faut qu'ils soient animateurs au Club Méditerranée.
52:35 On va revenir sur la loi du silence,
52:38 parce que pour la première fois,
52:40 l'identité, vous l'avez dit, des auteurs présumés,
52:43 arrêtés pour certains par le GIGN,
52:47 n'a pas été dévoilée.
52:50 - D'ailleurs, petite parenthèse, Eliott.
52:52 Vous parlez du GIGN,
52:55 vous croyez que pour un fait divers, on envoie le GIGN ?
52:58 - C'est une question qu'on peut se poser.
53:01 Voilà ce que Le Figaro a présenté cette semaine.
53:03 Gérald Darmanin montre à l'un de ses collègues
53:06 les noms des suspects placés en garde à vue la veille.
53:08 Ils sont français, mais pas un seul nom
53:11 n'a un nom à consonance française.
53:13 Vous verrez ce que ça suscitera dans le pays.
53:15 Cette affaire traumatise légitimement nos compatriotes.
53:18 Il faut remettre des règles et de l'ordre,
53:20 sinon le pays partira à volo.
53:22 Voilà ce qu'aurait dit un ministre à Gérald Darmanin.
53:25 - Moi, ma question, elle est très simple.
53:27 On a vu en début de semaine, pour qualifier cette horreur,
53:31 l'agence France Presse, qui est l'agence officielle,
53:33 nous expliquait dans une dépêche que c'était une rixe,
53:36 comme si ça opposait deux bandes rivales,
53:39 avec des troubles faits.
53:41 Ma question, c'est simple.
53:43 Est-ce que, globalement, nos élites politico-médiatiques,
53:45 et je mets les médias dedans volontairement,
53:47 est-ce qu'elles sont coupables de déni,
53:49 ou est-ce que c'est une falsification délibérée ?
53:51 - Les deux, mon capitaine.
53:53 Il y a Eugénie Bastiais, ce matin, sur Europe 1,
53:57 qui a forgé un nouveau mot.
53:59 - Oui, j'ai écouté.
54:01 - Si elle veut des droits d'auteur, je lui donnerai.
54:05 Les déniologues du mot déni,
54:08 ce sont des déniologues, nos hommes politiques,
54:12 et en même temps, ce sont des falsificateurs.
54:15 En fait, ils ont peur de deux choses.
54:21 Ils ont peur que ça bouge dans les banlieues.
54:25 C'est leur balise, comme on dit dans le Vendée Globe.
54:29 C'est la balise de détresse.
54:31 On regarde la balise de détresse en permanence,
54:35 qu'il s'allume ou pas.
54:37 Pour savoir s'il y a un noyé.
54:39 Donc, leur seule balise, c'est qu'il ne faut pas que ça bouge.
54:43 Parce qu'il y a tous ces maires,
54:45 ils ont 10% de leurs électeurs.
54:47 C'est très intéressant à observer, en fait.
54:51 Ils sont tous complètement ligotés,
54:54 gulliver empêtrés.
54:56 Et puis, d'un autre côté,
55:00 maintenant, ils ont peur d'autre chose.
55:02 Ils ont peur que ça bouge dans l'autre sens.
55:05 Parce que là, à Crépole,
55:09 c'est la tradition de la marche blanche.
55:12 On envoie des ballons.
55:14 C'est une catharsis comme une autre.
55:17 À un côté, nos ours.
55:20 Je n'ai rien contre,
55:21 parce qu'il y a eu une messe d'enterrement,
55:23 il y a eu une veillée, etc.
55:25 Mais si on croit qu'on va arrêter ces sauvages
55:28 avec des ballons,
55:30 des ballons qui pètent,
55:32 ou avec des bougies,
55:34 ou avec ce fameux slogan
55:36 "tu n'auras pas ma haine",
55:38 comme après le Bataclan,
55:40 ou avec des fleurs,
55:42 non.
55:43 Et donc, il faut que se lève
55:46 une génération politique
55:48 qui ose pratiquer ce que Péguy demandait de pratiquer.
55:53 Je dis ce que je vois,
55:56 et je vois ce que je vois.
55:58 Une dernière question, Philippe Devilliers,
56:01 puisque l'émission s'achève.
56:05 Aux obsèques de Thomas, cet après-midi,
56:08 il n'y avait pas de représentant de l'État.
56:10 Et quand je dis "pas de représentant de l'État",
56:13 je peux me tromper, il y avait peut-être le maire,
56:15 donc c'est quand même un représentant.
56:17 Mais il n'y avait pas de membre du gouvernement.
56:20 Selon nos informations, il n'y avait même pas le préfet.
56:24 Cette cérémonie se voulait à politique.
56:27 Je sais que le porte-parole du gouvernement
56:29 sera à Crépeau le lundi,
56:31 mais à cette cérémonie,
56:33 il n'y avait pas de responsable du gouvernement.
56:36 Est-ce que vous trouvez que c'est une faute ?
56:39 Oui, c'est plus qu'une faute,
56:43 comme dirait Talleyrand, c'est une erreur.
56:46 Une erreur politique majeure,
56:48 qui va compter,
56:51 parce que, en fait, ce qui me frappe,
56:55 c'est que tous les Français que je rencontre,
56:58 je rencontre beaucoup en ce moment,
57:02 ils sont exaspérés.
57:06 Avant, on comptait les Français qui étaient conscients et lucides,
57:10 la lucidité, cette blessure la plus proche du soleil,
57:12 disait René Char, on les comptait ensemble.
57:16 Il y en avait 10%.
57:20 C'était les derniers Mohicans.
57:24 On leur demandait de se balader avec une plume
57:26 pour qu'ils soient reconnaissables.
57:29 Maintenant, c'est 80%.
57:32 80% des Français sont conscients du fait que
57:36 notre classe politique les entraîne à l'abîme.
57:39 Et il va se passer en France, bientôt,
57:41 ce qui s'est passé aux Pays-Bas.
57:45 Un chambardement bénéfique pour le pays.
57:50 La France va retrouver la France.
57:53 Merci Philippe Devilliers, merci également Geoffroy Lejeune.
57:57 Dans un instant, c'est la suite avec l'heure des pros.