• il y a 3 semaines
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00Il est 19h, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers.
00:04Cher Philippe, bonsoir.
00:05Bonsoir, Eliott.
00:06Bonsoir, Geoffroy.
00:07Geoffroy Lejeune est là, comme chaque vendredi soir.
00:09Cher Geoffroy, bonsoir.
00:10Bonsoir à tous les deux.
00:11Philippe Devilliers, dans cette émission, on va revenir un peu plus tard sur une idée
00:16folle que vous avez eue, qui est le Vendée Globe, qui va partir dimanche prochain.
00:20Extraordinaire.
00:21Donc, on prendra le temps dans cette émission de revenir sur cette actualité majeure, puisque
00:27le monde aura les yeux rivés sur le départ du Vendée Globe dimanche matin.
00:32Mais avant cela, l'actualité de la semaine nous emmène aux Etats-Unis et la victoire
00:36de Donald Trump à la présidentielle.
00:37Jamais depuis George Bush, un président républicain n'avait réussi à obtenir le vote populaire.
00:435 millions de voix séparent Donald Trump de Kamala Harris.
00:48Geoffroy Lejeune.
00:49Philippe, j'imagine que vous avez suivi attentivement ce qui s'est passé.
00:52Selon vous, de quoi l'élection de Donald Trump est-elle le nom ?
00:55Je dirais que c'est le nom du grand retournement qui vaut pour tout l'Occident, étant donné
01:06que nous sommes les cousins, ou plutôt les neveux de l'oncle Sam, et que ce qui se
01:18passe aux Etats-Unis se passe ensuite chez nous.
01:21Et moi, j'y ai vu plusieurs dimensions symboliques dans cette victoire de Trump.
01:30Par-delà tout ce qu'on peut dire sur l'homme, en général, pour s'abstenir de porter
01:41un jugement d'ensemble en faisant une analyse froide, je pense que cette victoire, c'est
01:49la victoire de la politique, et je vais essayer de l'expliquer pendant cette émission.
01:54Et donc, c'est réconfortant pour tous ceux qui ne croient plus à la politique, qui ne
02:00croient plus qu'on puisse changer les choses.
02:04Et en même temps, il y a un côté de mondantesse qui est extraordinaire, qui fait que le gars
02:15il a 78 ans, et il revient de tout, il a échappé à tout.
02:25C'est le comte de Montecristo des Grands Lacs, et je pense que ça a contribué à
02:32son élection.
02:33Mais allons au fond des choses, pour répondre à votre question sur la signification de
02:40l'élection.
02:42Premièrement, c'est la déroute du wauquisme, et ça ne sera pas sans conséquence pour
02:51nous.
02:52Le wauquisme, c'est quoi ? Le wauquisme, c'est une explication donnée au problème
03:00de la discrimination.
03:02Pour le wauquisme, le responsable de la discrimination, c'est l'homme blanc, occidental, hétérosexuel,
03:13sexiste, raciste, esclavagiste et colonialiste.
03:19C'est une idéologie simpliste, redoutable, il n'y a pas de grand soir, puisque de toute
03:26façon l'humanité ne survivra pas.
03:29Une fois qu'on aura viré la masculinité toxique.
03:35Mais cette idéologie, elle est née aux Etats-Unis, dans les universités, elle a fait des ravages
03:48dans la société américaine, et elle est arrivée chez nous.
03:53Et pourquoi je vous dis ça ? Pourquoi j'en parle pour commencer ? Parce que Kamala a
03:59Harris incarnait l'idéologie du wauquisme, puisqu'elle vient de San Francisco, qui
04:05est la vitrine des idées libérales de la bourgeoisie wauquiste de la côte ouest.
04:13Et en fait, le parti démocrate s'est laissé piéger, s'est laissé gangrené par le wauquisme,
04:22avec trois étapes successives.
04:25La première, c'est George Floyd, avec des manifestations monstres.
04:30Et à partir de cet instant, 2020, le parti démocrate s'est focalisé sur les minorités
04:41raciales et sexuelles.
04:42Deuxième étape, les programmes scolaires, qui ont intégré les questions LGBT, transidentité.
04:51Puis, troisième étape, la construction d'un discours sur le privilège blanc, avec
05:04la dénonciation des violences policières et du passé raciste de l'Amérique.
05:09En face des démocrates, il y a les républicains, les républicains de tradition, qui disent
05:19qu'ils sont en train d'atteindre les valeurs fondatrices du melting pot qu'a fait l'Amérique
05:25multi-ethnique, mais fondée sur l'éthique protestante.
05:29Et la surprise, c'est que les latinos et les arabos musulmans, eux, disent, on ne veut
05:37pas que dans les classes, nos enfants nous racontent le soir qu'ils ont vu arriver les
05:42drag queens.
05:43Et donc, voilà, le wokeisme est défait.
05:49Ensuite, il y a une deuxième leçon, c'est la revanche des ordures, pour parler comme
06:03Biden.
06:04C'est la benne à ordures qui a gagné.
06:07Nous, nous sommes aussi des ordures, puisque Mme Hidalgo nous réserve comme sort les
06:16rats.
06:17Là-bas, aux Etats-Unis, les ordures, c'est comme les déplorables d'Hillary Clinton.
06:22C'est une métaphore qui veut dire, le petit peuple des déclassés, ce sont des ordures.
06:29C'est-à-dire, on ne tient pas compte de ces gens-là qui ne sont plus dans l'histoire,
06:34qui ne feront plus jamais l'histoire.
06:36Et pourquoi ? Parce qu'en fait, l'Amérique, à un moment donné, il y a 30 ans, et moi
06:43j'ai vécu ça, avec Jimmy Goldsmith, il m'a dit, vous verrez Philippe, ça va basculer
06:49un jour.
06:50L'Amérique, elle invente la globalisation.
06:52Elle veut la globalisation, le GATT, l'OMC, 1994.
06:57Et donc, en fait, elle se transforme en une pièvre avec des tentacules, les chaînes
07:02de valeurs globales dans le monde entier.
07:04Et donc, toute la ceinture de rouille, comme on dit aux États-Unis, autour des grands
07:12lacs, elle est sacrifiée.
07:15Et vous avez en fait les élites côtières, Californie, New York, qui tiennent le pays,
07:26et qui en viennent à oublier qu'il y a toute une Amérique du milieu, qui est une Amérique
07:35déclassée, une Amérique dépossédée, et une Amérique qui souffre de l'inflation et
07:42de la globalisation, puisque cette Amérique est frappée par la désindustrialisation
07:48depuis 30 ans.
07:49Et donc, c'est la revanche de tous ces déclassés qui regardent Trump comme un héros populaire,
08:03un héros populaire qui affronte et toise la technocratie, la haute finance, lui le
08:13milliardaire.
08:14Et cette Amérique déclassée, quand il fait son pas de danse, elle adhère, pour ce cas
08:21parce qu'il n'est pas comme les autres, il est moins guindé, et en plus de ça, comme
08:27je le disais à l'instant, il triomphe de tout.
08:29Donc s'il triomphe de tout, y compris des juges, peut-être qu'il va enfin pouvoir
08:34gouverner contre l'État profond.
08:36Et la troisième signification, c'est la victoire de la personnalité américaine profonde.
08:51C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on voit sur les images ? On voit des drapeaux, alors
08:58on se moque des casquettes, parce que les couleurs américaines… Les Américains sont
09:03des grands enfants, me disait toujours mon père, il avait raison, mais ils portent sur
09:08eux les couleurs, donc ils sont fiers, le drapeau américain, l'hymne, et la frontière.
09:14Chez nous, la frontière, c'est un tabou.
09:19Vous avez remarqué, il y a des conférences de presse sur la drogue, etc., la frontière,
09:23on ne peut pas en parler, c'est un tabou, il n'y a plus de frontière.
09:27Et donc, je reprends ce que je disais il y a une semaine, un pays qui perd ses contours
09:34et qui perd ses compteurs meurt.
09:37Eh bien, je pense que, contrairement à ce qu'on a pu dire, le nouveau président des
09:47Etats-Unis est un homme intelligent, fantasque, mais qui a su parler à tout ce petit peuple
10:00des dépossédés, des expatriés de l'intérieur, qu'ils l'ont porté au pouvoir.
10:06On va écouter justement le 47e président des Etats-Unis qui parle d'une victoire
10:12historique.
10:14Et je pense qu'on peut dire que c'est le plus grand mouvement politique qui n'ait
10:16jamais existé dans notre pays, et même au-delà.
10:25Nous arrivons à un nouveau niveau de notre mouvement politique, car nous allons aider
10:31notre pays, car il a besoin d'aide.
10:39Nous allons nous occuper de la frontière.
10:43Nous avons écrit l'histoire cette nuit.
10:49Nous avons écrit l'histoire.
10:51Faut-il comprendre, Philippe de Villiers, que Donald Trump, le candidat de toutes les
10:54caricatures, aurait fait le bon diagnostic de son pays et du peuple américain ?
10:59Je pense que oui, et c'est plus subtil qu'il n'y paraît.
11:06En fait, Trump a compris que l'Amérique ne ressemblait plus à l'Amérique, que l'Amérique
11:18était en train de devenir un pays post-occidental, post-national au bord de la sécession.
11:22Et il a compris aussi, si vous me laissez un petit peu de temps pour expliquer, pour
11:33une fois, il a compris aussi qu'il allait clore un cycle de deux siècles, en finir
11:46avec une mythologie biséculaire, une mythologie américaine.
11:51Je m'explique.
11:53Il y a trois mythes fondateurs qui viennent de s'effondrer, et on va avoir une nouvelle
12:00Amérique.
12:02Le premier mythe fondateur qui s'est effondré, c'est le mythe de la nation migrante.
12:07La nation migrante, c'est l'idée exprimée par exemple par John Kennedy, je me souviens,
12:16j'avais neuf ans, j'avais dit à mon père ce qu'il a voulu dire.
12:19Il a dit, au monde entier, sous la forme d'une sorte d'appel, vous pouvez venir chez nous,
12:27vous serez tous reçus.
12:29Il a dit, les Etats-Unis sont une nation d'immigrants, et c'est quelque chose de constitutif.
12:38Et en 1965, il y a eu une loi qui a ouvert les vannes, et donc a battu toutes les digues.
12:45Ça, c'est fini.
12:46Et en même temps, ce qui est fini, avec Donald Trump, qui a dit on va mettre fin à l'immigration.
12:52Qu'est-ce qui est fini ?
12:55C'est le fameux mythe fondateur des WASPs, c'est-à-dire les White Anglo-Saxon Protestants,
13:08dont les descendants des colons d'origine est-européenne et nord-européenne prétendaient,
13:16encore récemment, par leur mode de pensée et leur mode de vie,
13:24composer la nation américaine d'aujourd'hui comme au temps de la fondation des 13 colonies du 17e siècle.
13:37Cette Amérique-là, elle est morte.
13:41Ce mythe fondateur est mort.
13:42Le deuxième mythe fondateur, c'est encore plus spectaculaire, je trouve,
13:47avec des conséquences dont on va parler ensuite, j'imagine, pour la guerre et pour la paix.
13:55C'est l'idée de la nation messianique, donc la nation migrante, la nation messianique.
14:00La nation messianique, c'est quoi ?
14:02Chez les pèlerins, les pères fondateurs, les premiers prédicateurs,
14:12les premiers puritains qui sont arrivés sur le maïs floraire,
14:18il y avait cette croyance messianique en l'élection divine, la prédestination de l'Amérique.
14:27Et cette prédestination de l'Amérique, elle avait un nom, la destinée manifeste.
14:38Et au nom de la destinée manifeste, la vocation messianique de l'Amérique était
14:47de civiliser l'Ouest de l'Amérique et ensuite le monde.
14:55Suivez-moi bien, on y arrive.
14:58Et au nom de la croyance messianique en l'élection divine de l'Amérique pour civiliser le monde,
15:04on a eu la puissance américaine, l'hégémonie américaine et finalement l'impérialisme américain,
15:11qui trouve là sa source.
15:13Quand vous reprenez, ça m'avait beaucoup frappé à l'époque,
15:19quand j'avais étudié la période de l'après-guerre, l'après-Première Guerre mondiale, sur l'ASDN,
15:24il y a un discours de Woodrow Wilson où il parle de la destinée manifeste,
15:28où il dit « Dieu nous a choisis pour donner au peuple du monde entier
15:37la recette de la voie à suivre sur le sentier de la liberté ».
15:43Et George Bush en fait, il reprend aussi cette idée de la destinée manifeste
15:48et les néoconservateurs ont mis le feu à la planète,
15:52depuis l'Irak, l'Afghanistan jusqu'à l'Ukraine,
15:56au nom de la destinée manifeste, c'est-à-dire que l'Amérique a pour vocation
16:01de démocratiser le monde à la manière américaine.
16:06C'est l'hégémonie, c'est l'imperium.
16:09Eh bien ça, c'est fini.
16:12Trump est jacksonien, comme on dit aux États-Unis, il est isolationniste.
16:17En fait, il veut la paix et ça m'a beaucoup frappé
16:20parce qu'il parle de Dieu dans son discours.
16:23Et en fait, il ne dit plus « l'Amérique cherchera avec moi
16:31à civiliser ou à reciviliser le monde », non.
16:34Il dit « avec moi, l'Amérique cherchera à reciviliser l'Amérique ».
16:41C'est très différent.
16:42On va parler des conséquences à présent pour la France,
16:45mais avant de parler de la France, parlons de l'Europe.
16:48Et qui parle le mieux de l'Europe en ce moment ?
16:51Peut-être Emmanuel Macron.
16:52Écoutez sa réaction, c'était depuis la Hongrie ce jeudi après-midi.
16:59Au fond, moi, je trouve que notre rôle ici, au sein de l'Union européenne,
17:02ce n'est pas de commenter l'élection de Donald Trump,
17:04savoir si c'est bon ou pas bon.
17:05Il a été élu par le peuple américain et il va défendre l'intérêt des Américains.
17:09Et c'est légitime et c'est une bonne chose.
17:11La question, c'est est-ce que nous, on est prêts à défendre l'intérêt des Européens ?
17:15C'est la seule question qui nous est posée.
17:16Geoffroy Lejeune.
17:17C'est probablement la question la plus importante.
17:20Quelles vont être les répercussions pour nous,
17:22Français et Européens, de l'élection de Donald Trump ?
17:27Alors, vous avez vu les images, il dit
17:30« Les Américains défendent les Américains, nous, les Européens, on défend l'Europe ».
17:36Et ça me fait penser à deux moments importants de la campagne de Trump.
17:43Qui sont deux réponses.
17:46Vous savez, Kissinger a dit, il me semble, une phrase qui est à peu près celle-ci.
17:55« Une nation qui fait de la perfection morale sa pierre de touche diplomatique
18:05n'atteint ni la perfection ni la sécurité ».
18:08Donc là, on est dans la moraline avec Macron.
18:13Et il dit « Europe d'abord ».
18:15Et pendant ce temps-là, Trump, qu'est-ce qu'il a dit ?
18:17« América first ».
18:20On n'oserait plus dire aujourd'hui « France d'abord ».
18:26Donc on a le droit de dire « Europe d'abord »,
18:28comme Mme Hayé pendant la campagne européenne et comme maintenant Macron.
18:32On va faire l'Europe, là, avec l'alarme.
18:36Plus on la fait, plus elle se défait, plus elle défait les nations.
18:38Mais on continue.
18:40Et deuxième slogan qui explique la victoire de Trump, en grande partie.
18:47Il a l'oreille déchirée, il tombe, il se relève, la tête ensanglantée,
18:53et il crie trois fois « Fight ! Fight ! Fight ! ».
18:58Qu'est-ce que ça veut dire ?
19:00C'est subliminal.
19:01Ça veut dire « Vous pouvez compter sur moi jusqu'à ma mort
19:06pour défendre quelque chose qui est plus grand que moi, qui est l'Amérique.
19:10Vous pouvez compter sur moi pour vaincre, fight !
19:13Et vous pouvez compter sur moi pour me battre,
19:15et ce que je vous demande, c'est de vous battre avec moi ».
19:18Et ils se sont battus avec lui.
19:22Et donc quel contraste avec cet arrêt au page de leaders décadents,
19:29ou acquisés de l'intérieur,
19:32et qui ne savent plus où est le destin de leur peuple,
19:35parce qu'ils ont quitté leur peuple, ils ont fait sécession.
19:40Quel contraste ?
19:41Et qu'est-ce qui va se passer ? Je réponds à votre question.
19:43Il va se passer trois choses.
19:46Premièrement, l'Amérique va nous surtaxer.
19:55Pourquoi ? Parce que, comme l'a dit l'économiste Christian de Boissieux,
19:59très intelligemment,
20:02Trump va se servir des droits de douane
20:05pour faire entrer de l'argent pour pouvoir baisser les impôts.
20:09Et comme, par ailleurs, il va multiplier les recherches dans le schiste,
20:15il va faire baisser le prix de l'énergie,
20:17et donc rendre les produits américains plus compétitifs.
20:20Voilà pour l'économie.
20:21Ça, c'est la première fessée à Madame von der Leyen, l'impératrice.
20:26Deuxième fessée, l'Amérique, à mon avis, elle va cesser de nous défendre.
20:32Je pense que l'article 5 de la charte atlantique,
20:38qui suppose la solidarité en cas d'attaque,
20:42a de mauvais jours à passer.
20:44C'est peut-être la fin.
20:46Je pense qu'il y aura moins d'Amérique en Europe,
20:48il y aura moins d'OTAN en Europe,
20:49il y aura moins d'atlantisme en Europe.
20:52Et pourquoi ?
20:57Parce que l'obsession de Trump, c'est la Chine,
21:01c'est le Pacifique, c'est l'Asie.
21:02Ça aurait été pareil, d'ailleurs, avec sa concurrente.
21:06C'était pareil déjà avec Biden.
21:10L'obsession de l'Amérique, ce n'est plus l'Europe, c'est la Chine.
21:15C'est le fameux piège de Thucydide.
21:17L'Amérique est prise dans le piège de Thucydide
21:19et elle est en train de perdre son impérium.
21:22Et troisièmement, il va nous laisser seul.
21:30Il va laisser l'Europe seule avec l'Ukraine.
21:33Mais il se pourrait que l'oncle Sam
21:37s'entende directement sur notre dos avec le Cosaque.
21:42C'est peut-être ce qui est en train de se produire.
21:44Et nous, on sera gros gens comme devant.
21:48Vous imaginez Macron qui voulait envoyer des troupes,
21:51Macron qui parlait de guerre nucléaire.
21:56Qu'est-ce qui va leur rester ?
21:58Il va leur rester la Réunionnite
22:02et leurs yeux pour pleurer.
22:04En fait, l'Europe est seule aujourd'hui.
22:08Voilà le résultat de l'Union européenne.
22:11Elle est seule.
22:12Elle est fâchée avec la Russie,
22:13elle est fâchée avec les BRICS,
22:14avec le Sud global.
22:16La Chine la regarde comme une proie à conquérir.
22:19La Chine, la proie, c'est l'Europe.
22:22Et maintenant, le lien privilégié avec l'Amérique va être distendu.
22:28En d'autres termes, et pour résumer,
22:33l'Europe est orpheline de la mer nourricière, l'Amérique.
22:38Elle est orpheline de ses racines
22:40qu'elle n'a pas voulu reconnaître,
22:42qu'elle ne veut plus reconnaître.
22:43Elle est orpheline des nations qu'elle ne cesse de brimer.
22:46Et elle est orpheline de son destin.
22:49Je relisais hier soir la conclusion des mémoires de Monet
22:53et je me disais,
22:56Monet, il a expliqué
23:00qu'il n'y avait pas d'autre destin pour les Européens
23:02que la communauté transatlantique.
23:04En fait, il voulait faire un seul pays avec deux pôles.
23:09Les États-Unis d'Amérique, les États-Unis d'Europe.
23:12C'était ça l'idée.
23:13Deux nations fédérales.
23:15C'était ça l'idée.
23:16C'est encore ça l'idée sous-jacente.
23:18Mais c'est fini.
23:20Désormais, la relation transatlantique
23:24ne sera plus maîtresse des relations internationales.
23:29J'ai dit un jour,
23:32le mur de Maastricht tombera comme le mur de Berlin est tombé.
23:36Je le redis ce soir,
23:38ce jour est proche.
23:41La publicité, on revient dans un instant.
23:43A tout de suite pour la suite de Face à Philippe Devilliers.
23:4819h30 sur CNews pour la suite de Face à Philippe Devilliers.
23:52Toute la première partie, vous avez décrypté, Philippe Devilliers,
23:55les élections américaines
23:58et le résultat de ces élections avec ce raz-de-marée républicain,
24:02la victoire de Donald Trump, 47e président des États-Unis.
24:07Je voudrais qu'on s'arrête un instant,
24:08puisqu'on n'a pas abordé cette question,
24:11sur les leçons pour la France.
24:13Parce que moi, j'ai écouté les trois dernières semaines
24:15tous les médias et ça avait l'air d'être simple comme bonjour.
24:21Le résultat a été fait, c'était quasiment acquis.
24:24Kamala Harris, au moment où on annonce
24:26que c'est Kamala Harris la candidate,
24:27Kamala Harris est la candidate la plus rude pour Donald Trump.
24:31C'est pas moi qui le dis, c'est un grand spécialiste,
24:33invité régulier de France Inter,
24:36petit archive sur France Inter,
24:38Monsieur Thomas Négaroff.
24:41Oui, moi je pense que c'est la pire des candidats pour Donald Trump.
24:44Autant Joe Biden était le meilleur des candidats,
24:45parce que, et rappelez-le il y a un instant,
24:48le duel présidentiel c'est toujours un corps-à-corps.
24:50Et dans ce corps-à-corps, vous aviez la virilité de Donald Trump
24:54et l'empathie fragile et la faiblesse de Joe Biden.
24:57Là, le corps-à-corps change de forme.
24:59Et vous avez tout à coup un Donald Trump
25:01qui non seulement apparaît comme vieilli,
25:03mais aussi un vieux mâle blanc face à une jeune femme métisse,
25:07très dynamique et compétente sur les dossiers.
25:10Ça, c'est très important.
25:12Geoffroy Lejeune.
25:13Déjà, on peut savourer le spécialiste.
25:15Et ensuite, la question que je veux vous poser porte sur la France.
25:18Quelles sont les leçons pour nous ?
25:19Sachant que les critiques en France,
25:23notamment sur le populisme de Donald Trump,
25:24dont vous avez parlé d'ailleurs dans le mémoricide,
25:26dans votre nouveau livre qui, on va le dire, est numéro un des ventes.
25:30Ces critiques aujourd'hui, est-ce que selon vous,
25:31elles sont complètement disqualifiées, balayées ?
25:35C'est-à-dire que les Français doivent se dire,
25:42ils nous ont tous raconté des bobards,
25:46puisque le résultat n'est pas du tout celui qui était annoncé.
25:50Donc c'est bien, c'est de la bonne pédagogie,
25:54sans qu'on n'ait rien à dire.
25:57Et je vais vous répondre en vous disant ceci.
26:00En fait, l'américanisation de nos élites,
26:05l'américanisation jusqu'à l'os,
26:09et de notre écosystème médiatique,
26:12est parvenue à tel degré d'imprégnation
26:17que nous adoptons les mêmes codes,
26:21nous répliquons, nous reproduisons,
26:24c'est un copier-coller, les mêmes codes, les mêmes messages,
26:27comme vous diriez vous les journalistes, le même narratif,
26:32jusqu'aux erreurs et contre-sens de l'oligarchie américaine.
26:37C'est-à-dire que quand l'Amérique médiatique
26:41ou politico-médiatique fait une embardée,
26:43on fait une embardée, la même.
26:46Si on va à Tribord, c'est parce qu'ils sont allés à Tribord,
26:51si on va à Babord, c'est parce qu'ils sont allés à Babord.
26:54Bon, c'est un citacisme intégral et remarquable.
26:59C'est-à-dire, le coq chante à San Francisco
27:05la poule-pond à France Inter.
27:08En gros, si vous me passez la métaphore.
27:12Mais ça a toujours été comme ça, en fait, depuis longtemps.
27:14Quand j'étais à Sciences Po, c'était déjà comme ça.
27:17Du temps de Servan-Schreiber, le défi américain.
27:20Et je vais vous donner un exemple que j'ai vécu,
27:22qui m'a beaucoup marqué.
27:24En fait, mai 68 n'a pas commencé à Nanterre,
27:27mai 68 a commencé à Berkeley.
27:30C'est-à-dire que si vous voulez savoir
27:33ce qui va se passer en France dans dix ans,
27:36chers amis, je vous donne un truc de vieux sage.
27:42Vous regardez ce qui se passe aujourd'hui aux Etats-Unis.
27:45Alors, je vais vous donner quelques exemples.
27:47En fait, et c'est pour ça qu'ils ont la gueule de bois.
27:54D'abord parce que le wokisme est arrivé chez nous depuis l'Amérique.
28:02Et si jamais la petite lumière de l'astre noir,
28:13de la cancelliculture vacille à Harvard,
28:19la lumière va s'éteindre à Sciences Po.
28:22C'est aussi simple que ça.
28:24On copie l'Amérique avec un temps de retard.
28:29L'État profond, dénoncé par Trump, il est chez nous.
28:32C'est lui qui commande.
28:33Ce n'est pas Macron, il ne peut plus commander.
28:38Et ce n'est pas Barnier, il ne commande pas.
28:42Après, l'État profond veut faire l'euthanasie, il fait l'euthanasie.
28:47L'État profond, c'est les dysfonctionnaires
28:49qui dysfonctionnent et qui sont au pouvoir.
28:54Donc ça aussi, ça va changer parce qu'il va s'y attaquer, Trump.
28:59Ensuite, la société médiatique, c'est la même chape de plomb chez nous, chez eux.
29:06Et vous avez parlé du populisme.
29:07C'est la même populophobie des élites.
29:13Les élites détestent le peuple et toutes les élites crient au populisme.
29:20Qu'est-ce que c'est le populisme ?
29:21J'ai déjà dit, je le répète et je l'explique dans un chapitre important de mon livre sur la populophobie.
29:27Le populisme, c'est le cri des peuples qui ne veulent pas mourir.
29:30C'est le cri des déclassés qui se sentent dépossédés, qui se sentent expropriés,
29:35qui ont tout perdu de ce qu'ils sont, de ce qu'ils avaient.
29:40Et en fait, nos élites, aux États-Unis comme en France,
29:46elles ont deux réflexes qui n'ont rien à voir avec le petit peuple.
29:51Le premier réflexe, c'est un réflexe censitaire.
29:56Toute la caste élitaire est anationale, anationale, aprivatif.
30:02C'est-à-dire qu'elle ne regarde plus vers le peuple ou vers la nation,
30:05elle regarde vers le monde et le monde de ses intérêts.
30:08Et deuxièmement, la caste élitaire, aux États-Unis comme en France,
30:15et c'est ça le plus important de ce que je veux dire,
30:18elle veut changer de peuple.
30:23Et là, c'est le coup d'arrêt avec Trump, parce qu'il a vu ça.
30:27Et les Américains ont voté pour lui parce qu'ils ne veulent pas
30:30que le peuple américain disparaisse au profit d'un nouveau peuple.
30:35Et c'est ça qui va se passer chez nous dans les années qui viennent.
30:40Autre sujet à présent, Philippe Devilliers,
30:42j'ai souvenir qu'au moment de la nomination de Michel Barnier,
30:45à Matignon, vous aviez dit avec Michel Barnier,
30:47faites une croix sur l'euthanasie.
30:50Je rappelle que la Dissolution avait rendu le projet sur la fin de vie,
30:53puisque dans ce projet, il ne parle pas nommément d'euthanasie,
30:56projet de loi sur la fin de vie.
30:58Et Caduc, la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet,
31:01vient d'annoncer qu'elle avait obtenu du gouvernement l'engagement
31:05d'inscrire le texte, pardonnez-moi, sur la fin de vie à l'ordre du jour
31:09au début de l'année prochaine.
31:11Michel Barnier promettait une politique de rupture.
31:15Est-ce que vous y voyez le signe d'un gouvernement de continuité finalement ?
31:20J'y vois le signe de la macronisation du gouvernement actuel,
31:26puisqu'on va reprendre la loi là où elle était.
31:31Et pour moi, on est dans le symbole fort.
31:35J'avais dit, c'est le test au carbone 14, comme le soeur de Turin.
31:40Le test au carbone 14, on va voir.
31:43Alors, il y avait en fait deux tests au carbone 14.
31:46Il y avait l'impôt.
31:47Est-ce qu'ils vont avoir le culot d'augmenter les impôts ?
31:51Oui, ils l'ont fait.
31:52Et maintenant, est-ce qu'ils vont avoir le culot de faire la loi sur l'euthanasie ?
31:56Oui, ils vont le faire, 26 janvier prochain.
32:00Et ce n'est même pas Barnier qui l'a annoncé,
32:02c'est la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet.
32:09En fait, voilà, on est à la case départ.
32:12Et je redis ce que j'ai dit ici.
32:17Premièrement, c'est une rupture anthropologique inouïe.
32:23En fait, le serment d'Hippocrate aura duré 25 siècles.
32:27C'est fini.
32:29Une rupture anthropologique inouïe,
32:30parce qu'on va confier aux médecins et aux soignants le soin d'administrer la mort.
32:35C'est un changement des repères complet.
32:39Et avec une indécence, une manœuvre indécente qui consiste à nous dire
32:45non, non, ne vous inquiétez pas, il y aura des garde-fous, etc.
32:47Comme on a fait pour la loi Veil.
32:48On a vu que les garde-fous avec la loi Veil, ils avaient tous sauté.
32:52Et on sait que les pays qui ont légalisé l'euthanasie
32:59connaissent maintenant des dérives insupportables
33:02pour les enfants et les handicapés qui, comme dit le film, ont un petit truc en plus.
33:07Les enfants et les handicapés.
33:10On démarre sur les vieux et après ça dérive.
33:14C'est un changement de civilisation complet.
33:18Je parlais avec un médecin hier à La Roche-sur-Yon et il me disait
33:26les gens ne se rendent pas compte.
33:28Ils ne se rendent pas compte que la relation de soins répond à un lien asymétrique
33:40entre celui qui est soigné et celui qui soigne.
33:44Asymétrique parce qu'il y en a un qui est dominant et l'autre dominé.
33:48Et donc ça suppose un acte de confiance ineffable.
33:52C'est fini.
33:54Les familles auront la possibilité de donner la piqûre létale.
33:58Pour moi ça va, je suis bien entouré, mais on a beau avoir confiance, on se dit, voilà.
34:06Et donc les familles, les soignants, les familles, une société de suspicion.
34:13Et l'institution.
34:15L'ange de la mort rôdera dans les couloirs de tous les EHPAD.
34:20Et comme il faudra faire des économies, le président Sauvé l'a très bien dit,
34:24c'est une manière pour le libéralisme économique de faire des économies.
34:28On fera des économies dans les EHPAD.
34:30Vous voyez ce que je veux dire ?
34:32Ce sera simple.
34:34Voilà.
34:34Et enfin, je vais dire l'essentiel.
34:38Un jour, il y a un député non des moindres et le président de la République lui-même
34:47qui m'ont dit, dans deux endroits différents, dans deux périodes différentes,
34:54on n'appellera jamais ça l'euthanasie.
34:58Il dit pourquoi ?
34:59Parce que l'euthanasie, ça rappelle l'eugénisme,
35:03et l'eugénisme, ça rappelle des périodes auxquelles on ne veut pas faire allusion.
35:08Je dis, ah bon ?
35:09Ah oui.
35:11Et je me suis penché sur la loi du 14 juillet 1933,
35:17reçue en Allemagne comme un progrès.
35:20L'Allemagne nazie.
35:22Ils ont fait l'euthanasie et l'eugénisme.
35:25Et eux, ils n'ont pas contourné les mots.
35:27Ça ne s'appelle pas activité, je ne sais pas quoi, de mourir, hein ?
35:32– Edactive à mourir.
35:32– Oui, voilà.
35:33Donc, suicide, ainsi, hop, on ne sait pas.
35:35Et donc, le contournement sémantique qu'ils ont demandé à l'académicien,
35:41trouver des mots pour qu'on n'évoque pas l'eugénisme.
35:44Le modèle de l'eugénisme qu'ils ont sous les yeux et qu'ils vont appliquer,
35:48c'est l'animal nazi.
35:50Voilà.
35:51Et donc, je dis que la sélection eugéniste d'une population
35:59pour avoir le vieillard parfait et l'enfant parfait
36:02est une honte pour notre civilisation.
36:06– Des propos, Philippe Devilliers, qui sont extrêmement forts,
36:08mais c'est là aussi, qui vous appartiennent, bien sûr,
36:12et c'est la liberté d'expression et c'est important d'entendre
36:14tous les avis sur cette question-là.
36:18Autre sujet.
36:20– Je pense que c'est une question de réflexe intime, ultime.
36:31On est en train de couler à pic.
36:33– Autre.
36:34– Voilà, on coule à pic parce qu'on est en train de perdre
36:36tous les repères de la civilisation.
36:37Est-ce que je reproche à Emmanuel Macron,
36:39puisque en tant que modérateur, vous avez raison de…
36:42– Vous avez…
36:45– …avoir de l'emmerde avec l'ARCOM qui, d'ailleurs, m'a jugé cette semaine.
36:49– C'est pas vrai.
36:50– Oui, oui, j'ai été jugé, je vais avoir une amende à cause de ce que j'ai dit
36:55sur l'avortement constitutionnel.
36:56– Ah ben, écoutez, vous me l'apprenez en direct, Philippe Devilliers.
36:59Donc, je dis à mes juges…
37:04– Bonsoir.
37:05– Vas-y, bourreau, fais ton travail.
37:07Mais moi, j'irai jusqu'au bout.
37:09À mon âge, c'est pas grave de finir en prison.
37:12– Mais je tiens à vous remercier de souligner le fait que, naturellement,
37:16il y avait ce rôle de modérateur, je ne sais pas trop bien ce que ça veut dire.
37:19– Mais vous savez qu'il y a énormément de gens.
37:20Tout à l'heure, je me suis arrêté dans une boulangerie pour acheter une petite salade.
37:26Et les boulangers sont sortis, ils étaient en grand tablier, enfarinés,
37:31et ils m'ont dit, on n'est pas d'accord forcément avec tout ce que vous dites,
37:34mais qu'est-ce que ça fait du bien ?
37:35Et c'est pour eux que je parle, les fariniers d'Angers.
37:38– Mais sachez, Philippe Devilliers, que nombreux sont ceux qui m'interpellent
37:41en disant, je regarde cette émission…
37:42– Parce que je ne veux pas qu'on nous roule dans la farine.
37:44– Voilà, mais nombreux sont ceux qui nous interpellent pour dire,
37:46je ne suis pas forcément d'accord avec ce qu'il dit,
37:48mais c'est toujours intéressant d'avoir une analyse.
37:50C'est ça aussi la liberté d'expression.
37:52– Et ce n'est pas un hasard si mon livre part comme deux petits pains,
37:56c'est un hasard, c'est un hasard, c'est un hasard.
37:58– C'est un hasard, c'est un hasard, c'est un hasard, c'est un hasard.
38:00– Il nous reste encore un bon quart d'heure, mais je sais et j'ai vraiment hâte
38:05qu'on parle dans un instant du Vendée Globe.
38:07Mais tiens, puisque vous parlez de votre livre, tiens, voilà,
38:10je voulais qu'on revienne sur un autre sujet,
38:13mais Mauricide, ça s'appelait à nos amis, excellents amis du Canard enchaînés,
38:19c'est Gabriel Cluzel qui nous a alertés sur les réseaux sociaux,
38:22pour être très honnête, je n'avais pas vu le petit article.
38:27Alors le Canard enchaînés vous a raillé, Philippe Devilliers.
38:30Dans cet article, ils expliquent, allez, un dernier cri, je cite,
38:35« Être vendéen, c'est affronter les colonnes infernales d'hier et d'aujourd'hui.
38:40Face au Wauquistan et à l'islamistan, comment réagit la France ?
38:45Elle est en dormition. »
38:47Ça, c'est ce que vous écrivez dans Mauricide.
38:49Et les journalistes du Canard enchaînés expliquent,
38:52« Bonne lecturation. »
38:55Vous leur répondez quoi, mon cher Philippe Devilliers ?
38:58– Je vais d'abord leur répondre et ensuite je vais solliciter nos téléspectateurs.
39:06Alors je leur réponds, voilà, vous vous caractérisez par ce propos
39:15et vous soulignez ce que je n'arrête pas de dire depuis un an et demi dans cette émission
39:20et de dénoncer, c'est la baisse du niveau.
39:24La baisse du niveau intellectuel des journaleux et des hommes politiques.
39:30Alors les hommes politiques, il y en a beaucoup qui me disent,
39:33« Ah, j'ai commencé ton livre mais c'est difficile, je prends souvent un dictionnaire. »
39:38Moi, je trouve ça plutôt sympathique.
39:42Et les journaleux, eux, ils ne disent pas ça, ils disent, qu'est-ce que c'est que ce mot ?
39:48Et comme ils se souviennent du mot prononcé sur le mur de Chine par…
39:53– Ségolène Royal.
39:54– Ségolène Royal, la bravitude, ils disent, ça doit être pareil.
39:58Qu'est-ce qu'il est allé chercher ce mot de dormition ?
40:01Et donc ils disent, « Bonne lecturation, ils se foutent de ma gueule. »
40:04Et donc maintenant, je sollicite les téléspectateurs.
40:08On va faire un concours entre le Canard Enchaîné et Philippe Devilliers
40:12et c'est vous qui allez arbitrer.
40:14Vous allez chercher votre dictionnaire.
40:17Vous avez tous un dictionnaire chez vous et vous regardez le mot « dormition »
40:22et vous allez voir plusieurs définitions du mot « dormition ».
40:25C'est le sommeil de la Vierge, un sommeil temporaire,
40:29c'est le sommeil tout court selon les définitions du dictionnaire.
40:33Mais dans tous les cas, il y a le mot « dormition » dans tous les dictionnaires français
40:37et donc j'ai utilisé un mot français.
40:39Et je vais vous dire quelque chose pour conclure sur ce sujet.
40:44J'essaye de parler la langue française.
40:48Et si mon livre a autant de succès, c'est sans doute parce que les gens se disent,
40:52« C'est agréable, c'est fluide, il parle français. »
40:56Pauvre Canard Enchaîné, le Canard Enchaîné.
41:00Vous savez, Robert Lamoureux disait, « Le canard est toujours vivant. »
41:04Mais là, le canard, il court, mais il est sans tête.
41:09– Voilà ce qu'on salue les journalistes du Canard Enchaîné.
41:12– Quand vous avez parlé des journaleuses, vous me regardiez un peu, Philippe.
41:15Je m'inquiétais.
41:17Mais je plaisante, bien sûr.
41:20– Vous êtes dans la même corporation.
41:22– C'est la même famille.
41:24Je ne sais pas s'il m'accepterait pour Noël.
41:27– Nous, on a une différence avec les gens du Canard Enchaîné,
41:29c'est que depuis maintenant un an et demi, on parle de Philippe Devilliers couramment.
41:32– Oui, alors je confesse, quand vous avez dit que certains politiques
41:35ont eu besoin d'un dictionnaire, parce que c'est vrai que c'est un livre
41:41avec des mots soutenus, etc.
41:43C'est vraiment une lecture profonde.
41:45Peut-être, je confesse avoir moi aussi un dictionnaire, non loin.
41:48– Ah ben oui, enfin, ça vaut.
41:50– Voilà.
41:52Allez, le Vendée Globe, j'ai hâte.
41:54Ce dimanche, la faute du Vendée Globe s'ébranlera depuis les Sables d'Olonne.
41:58Et je me suis laissé dire que vous seriez d'ailleurs
42:01dans le bateau amiral Philippe Devilliers,
42:04aux côtés du président du département, Geoffroy Lejeune.
42:09Vous avez une question pour Philippe Devilliers ?
42:11– Comme vous le savez, comme le savent les gens qui nous regardent,
42:14à chaque fois qu'on évoque un événement historique
42:16ou qu'on évoque un personnage connu de l'histoire récente,
42:19Philippe le connaît, ou était là, ou a participé d'une manière ou d'une autre.
42:23Les gens ne savent pas forcément,
42:24mais en fait c'est vous qui avez créé le Vendée Globe.
42:26Donc la seule question que je vais vous poser, c'est comment ça s'est passé ?
42:28– Je croyais que vous alliez me dire que vous ne connaissez pas Trump.
42:31– Ah oui, hors antenne, parce qu'il faut savoir aussi,
42:33les gens ne savent pas, mais il dit beaucoup de blagues hors antenne.
42:37Et tout à l'heure je me suis moqué de lui, parce que parfois je lui réponds en disant
42:39« Trump, tiens, c'est le seul personnage dont on va parler que vous ne connaissez pas ».
42:42– Oui, en fait je ne connais pas les très vieux.
42:47– Allez, le Vendée Globe, racontez-nous la naissance de cette course mythique.
42:52– Alors je vais être très factuel, voilà comment ça s'est passé,
42:56de manière absolument incroyable.
42:58Je reçois un coup de téléphone du directeur général du Crédit Agricole,
43:01qui s'appelle Michel Bon à l'époque, qui était un garçon brillant,
43:06qui me dit « voilà, la caisse du Crédit Agricole de la Vendée
43:10a décidé de sponsoriser le bateau d'un jeune breton
43:15qui est champion du monde de la plongée, de la Comex,
43:23et on voudrait faire un film sur lui, et on vous a désigné ».
43:28Je dis « mais attendez, je ne suis pas cinéaste ».
43:31« Oui, mais c'est le Puy du Fou, c'est l'esprit du Puy du Fou,
43:34Philippe Janteau, le garçon dont il est question,
43:36il est tout à fait dans cet esprit-là,
43:38et il est en train de gagner la course du Bok Challenge,
43:41organisée par les Américains.
43:43On en est à la dernière étape, il sera arrivé dans quelques heures
43:46à Rio de Janeiro, et donc vous partez,
43:49vous choisissez une équipe de tournage, et vous partez à Rio.
43:56Je pars à Rio, j'arrive à Copacabana,
43:58et je fais la connaissance de ce Philippe Janteau.
44:02Et je lui dis « voilà, on va faire un film,
44:04on a choisi de faire un film sur vous,
44:06pour l'ultime étape du Bok Challenge
44:09que vous êtes en train de gagner ».
44:11Et je lui dis « voilà, j'ai une idée,
44:13la première image, on va la mettre,
44:15on va vous emmener au stade de Maracana ».
44:17Voilà les images en direct.
44:18Et en fait, le stade de Maracana, c'est le stade de Pelé.
44:21Et pourquoi le stade de Maracana ?
44:23Je lui dis « tu vas t'asseoir en tailleur,
44:26et on va zoomer,
44:29et on va mettre comme sous-titre
44:32la phrase d'Alain Collat « la mer, le plus grand stade du monde ».
44:38Et donc le plus grand stade du monde,
44:40c'est Maracana, après la mer.
44:42Et on va au Cris Corcovado,
44:45et puis on descend dans un bistrot,
44:48et là, sur une nappe blanche,
44:50il commence à crayonner, une nappe en papier,
44:53et il me dit « moi j'ai une idée,
44:54j'ai une idée avec des copains,
44:55avec Bernardin, machin, etc.
44:58J'ai une idée, c'est le boxe à l'ange,
45:00mais sans escale, et sans assistance ».
45:04Et je lui dis « moi, le marin d'eau douce,
45:06ça ne me parle pas, mais... ».
45:09Et il dit « oui, personne ne veut faire cette course,
45:11parce que c'est une course à l'extrême,
45:13mais ça serait fantastique ».
45:15Je dis « écoute, quand est-ce que tu vas...
45:19après, qu'est-ce que tu feras après ta course,
45:21quand tu vas arriver à Newport,
45:23la dernière étape, Rio-Newport ? ».
45:26Il me dit « je ne sais pas ».
45:27Je dis « ben, tu rentres en France,
45:29et tu viens au Sable d'Olonne ».
45:30Et moi, j'organise cette avenue.
45:32Dans le grand chenal du Sable d'Olonne,
45:34on t'accueille, ça sera triomphal,
45:36tous les sablés seront là,
45:37et le soir, on fait la projection
45:39du film qu'on est en train de tourner.
45:41Le film est sorti, il s'appelle « Le Grand Sillon ».
45:44Il est à l'INA,
45:46il n'a pas eu un succès fou,
45:48parce que je n'avais pas le bras assez long
45:50avec les diffuseurs.
45:52Mais le film est sorti,
45:54il a été diffusé pour la première fois
45:56au Sable d'Olonne,
45:58et je suis monté sur un podium,
46:00j'ai pris Philippe Janteau,
46:01et je lui ai dit « maintenant,
46:02tu t'installes en Vendée,
46:03tu ne pars pas en Bretagne,
46:04et tu vas acheter un moulin à 13 vents ».
46:06Je me souviens de ces expressions,
46:08je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.
46:09Et il s'est installé à gros bras,
46:10et ensuite, il a créé son entreprise,
46:12et puis, il avait cette idée,
46:14le temps a passé,
46:16et au lendemain de mon élection
46:19comme président du conseil général de la Vendée,
46:21cinq ans après,
46:22septembre 1988,
46:24je l'appelle,
46:26je lui dis « dis-donc,
46:27on a un projet de course Vendée-Berguen,
46:29mais ça ne me plaît pas trop,
46:31ton idée de course,
46:33il vient me voir,
46:35puis il me dit « voilà,
46:37je suis prêt,
46:38le Globe Challenge, ça s'appellera ».
46:40Je lui dis « mais tu as des moyens ? »
46:42Il me dit « non, pour l'instant,
46:43alors fais le tour ».
46:44Il fait le tour,
46:45et huit jours après,
46:46il revient me voir,
46:47il me dit « je n'ai pas trouvé de sponsor ».
46:49Et donc, à ce moment-là,
46:50je lui dis « le sponsor,
46:51c'est moi,
46:52le département ».
46:53Et c'est parti.
46:54Et en fait,
46:55on devient co-organisateur,
46:56voilà.
46:57Et puis,
46:58le temps a passé,
46:59ça a mal tourné
47:00parce qu'il ne payait pas ses impôts,
47:02enfin,
47:03il a été condamné pour fraude fiscale,
47:06puis condamné de manière plus grave ensuite,
47:09il est parti,
47:10il a quitté la France,
47:11et le département n'avait pas le choix,
47:13après le dépôt de bilan du Vendée Globe,
47:15soit on rachetait le Vendée Globe
47:17au tribunal de commerce,
47:19soit le Vendée Globe partait à Newport
47:21ou à Plymouth,
47:22ou une entreprise française
47:23qui était prête à racheter le Vendée Globe
47:25mais qui aurait fait partir le Vendée Globe
47:27d'une autre ville que les Sables d'Olonne.
47:29Donc,
47:30j'ai sauvé deux fois le Vendée Globe,
47:32j'en suis fier,
47:33et je suis en même temps reconnaissant
47:35à Philippe Chantot,
47:36quels que soient les événements
47:38qui ont suivi,
47:39parce que,
47:40moi,
47:41le marin d'eau douce,
47:42je ne savais pas
47:43qu'on pouvait faire une course
47:45sans escale,
47:46sans assistance,
47:47mais c'est moi qui ai dit
47:48ça s'appellera le Vendée Globe
47:50et le Vendée Globe,
47:51aujourd'hui,
47:52est devenu une course mythique
47:54dans le monde entier.
47:55On en parlera dans un instant,
47:56mais c'est justement,
47:57vous l'avez dit,
47:58une course mythique
47:59des aventuriers des mers.
48:00Je voudrais qu'on revienne
48:01sur la sixième édition
48:02qui est marquée
48:03par le naufrage
48:04de Jean Le Cam.
48:05Il chavire au large
48:06du Cap Horn,
48:07il est sauvé
48:08par Vincent Rioux,
48:09ce même Vincent Rioux
48:10qui l'avait battu
48:11quatre ans plus tôt.
48:12C'est une histoire légendaire
48:14et vous prenez à l'époque
48:16la parole,
48:17on vous découvre,
48:18et vraiment je pense
48:19aux téléspectateurs
48:20qui vont vous voir
48:21sur la séquence
48:22qu'on va découvrir,
48:23les traits tirés,
48:24on vous sent préoccupés
48:25bien évidemment,
48:26et vous donnez
48:27pour la première fois
48:28des nouvelles
48:29de Jean Le Cam.
48:30Regardons.
48:32Le signe de vie
48:34que nous attendions,
48:37nous venons de le recevoir
48:39de la part de Jean.
48:40Vincent est arrivé
48:43près du bateau de Jean,
48:45il s'est approché
48:47une première fois
48:48du bateau
48:49et il a vu
48:51à l'avant du bateau
48:55sortir un pavillon
48:57avec une antenne.
48:59Ensuite,
49:00il est repassé
49:03et il a lancé un cri
49:05à Jean,
49:08on peut supposer
49:09qu'il l'a appelé,
49:10et Jean lui a répondu.
49:12Sur l'état du bateau,
49:15décrit par Vincent,
49:17le bateau est immergé
49:19par l'arrière,
49:20ce qui explique
49:22naturellement
49:23que Jean ne puisse pas
49:24sortir ou faire un signe
49:25par l'arrière,
49:27et ce qui explique aussi
49:29la difficulté
49:31pour Jean à communiquer
49:33avec le cargo ce matin.
49:35Incroyable séquence,
49:36Geoffroy Lejeune.
49:37Comment expliquez-vous Philippe,
49:38du coup,
49:39toutes ces années après
49:40que cet événement mondial
49:41soit devenu
49:42et connu un si grand succès ?
49:44Sans doute parce que
49:45le Vendée Globe
49:46vient combler
49:48nos manques.
49:51Au cœur même
49:52du mystère
49:53de nos civilités,
49:56le Vendée Globe
49:57dessine,
49:58sur le sillon d'écume,
50:00une allégorie
50:01de nos rêves intimes.
50:03Oh, que ma quille éclate
50:04et que j'aille à la mer !
50:06En fait,
50:07nos rêves intimes,
50:08le premier des rêves,
50:09c'est
50:11le rêve
50:12du grand large.
50:14Des mers,
50:15des montées,
50:16le tour du monde
50:17de Jules Verne,
50:18la course à l'extrême,
50:1940e,
50:20Rougissant,
50:2150e,
50:22Roland.
50:23Et puis derrière ce rêve-là,
50:24il y en a un autre,
50:25c'est le rêve
50:26de la vraie vie.
50:27Une vie
50:28vraiment vécue.
50:29Et la vie
50:30vraiment vécue,
50:31elle est au-dessus
50:32des nécessités de nature.
50:33C'est
50:34les enchantements
50:35de l'âme,
50:36l'oblation du regard,
50:37loin des
50:38nonchalances
50:39digitalisées
50:41de la salle d'eau
50:42et
50:43des poissons rouges
50:44du salon
50:45où on
50:46promène
50:47des pensées
50:48vides.
50:49Et puis derrière
50:50ce
50:51rêve,
50:52il y en a un autre
50:53encore,
50:54c'est le rêve
50:55de l'entraide,
50:56le baiser du lépreux.
50:57Quand,
50:58en fait,
50:59on décide
51:00d'arrêter la course,
51:01de tout sacrifier
51:02pour aller sauver
51:03le voisin
51:04qui est un lointain.
51:06Et puis,
51:07enfin,
51:08il y a le rêve
51:09du panache,
51:10de ces hommes
51:11qui sont rudes,
51:12qui ont l'humeur
51:13rogneuse,
51:14qui vivent avec
51:15les albatros
51:16et le soleil levant
51:17et qui,
51:18en fait,
51:19nous rappellent
51:20le tangénis
51:21des marins
51:22qui excrimaient
51:23en mer
51:24au nom de l'honneur
51:25et de l'encre
51:26de Miséricorde.
51:27Et moi,
51:28pour terminer,
51:29je voudrais vous dire
51:30mon rêve.
51:31Le rêve
51:32que j'ai fait
51:33à l'époque
51:34en 1989,
51:35c'était
51:36de donner
51:37au double
51:38cœur
51:39de la Vendée
51:40des lettres
51:41de course
51:43pour
51:44le faire claquer
51:45au vent
51:47pour que
51:49flotte
51:50sur toutes les mers
51:51du monde
51:52le mythe
51:53de la conscience
51:54dressée
51:55sur le toit
51:56tranquille
51:58où dorment
51:59les colombes.
52:03Merci beaucoup
52:04Philippe Devilliers.
52:05Dimanche,
52:06vous serez
52:07donc au départ
52:08du Vendée Globe.
52:09Je passerai avec
52:10M. Alain Leboeuf,
52:11le président
52:12du Conseil Général.
52:13Tous mes successeurs
52:14ont été admirables,
52:15je voudrais
52:16les citer.
52:17Allez-y.
52:18M. Ovinet,
52:19Bruno Retailleau,
52:20Bruno Retailleau d'abord,
52:21M. Ovinet ensuite
52:22et puis Alain Leboeuf.
52:23Et donc,
52:24je leur rends hommage
52:25parce qu'ils ont
52:26maintenu la course
52:27et ils l'ont maintenue
52:28dans son esprit.
52:29La course
52:30est un bien public.
52:31C'est pas une opération
52:32sandwich.
52:33C'est pas pour
52:34gagner de l'argent.
52:35Il y a une société
52:36d'économie mixte
52:37en Vendée
52:38et un entrepreneur
52:39vendéen.
52:40Mais c'est
52:41une oblation.
52:42Une faveur
52:43pour la semaine prochaine.
52:44Je souhaiterais
52:45qu'on commence
52:46l'émission
52:47avec une photo
52:48de vous
52:49sur le bateau
52:50Amiral
52:51au moment du départ.
52:52D'accord ?
52:53On demandera ça
52:54aux informateurs
52:55bien informés.
52:56Oh, peut-être
52:57qu'on demandera ça,
52:58il a raison.
52:59Aux informateurs
53:00bien informés.
53:01Un grand merci
53:02Philippe Devilliers,
53:03merci à vous
53:04et également
53:05Geoffroy Lejeune.
53:06On se retrouve

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