Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Elisabeth Lévy, Tom Connan, Violaine de Filippis-Abate, porte-parole d’Osez le féminisme, avocate et auteure de “Classées sans suite” chez Payot
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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2024-01-22##
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00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 Le sexisme en France en 2024, ce n'est malheureusement pas de l'histoire ancienne, au contraire,
00:09 il s'enracine.
00:10 37% des hommes estiment que le féminisme menace leur place.
00:13 Une hausse de 3% en un an.
00:15 Le sexisme reste très puissant et en particulier, paradoxalement, dans la tranche d'âge des
00:20 jeunes adultes de 25-34 ans.
00:22 J'ai 29 ans et dans mon cercle les gens ont à peu près le même âge et c'est pas du
00:25 tout le ressenti que j'ai, alors ça dépend peut-être des groupes.
00:29 Mais soyons dans une époque où les jeunes prônent l'égalité des sexes, bah d'ailleurs
00:33 ils s'investissent, ils s'engagent pour ces causes-là.
00:35 Et donc selon ce rapport de 2023 publié ce lundi, du Haut Conseil à l'égalité, la
00:40 situation de sexisme ordinaire a toujours d'importantes conséquences sur le parcours
00:45 professionnel des femmes.
00:46 Philippe.
00:47 Oui, alors parlons vrai.
00:48 Est-ce que vous avez été victime de comportements sexistes dans votre vie ? Est-ce que vous
00:52 n'avez pas été victime mais témoins ? Est-ce que ça s'arrange ou pas avec le temps ? Selon
00:56 vous la société française est-elle sexiste ? Vous de non à 82%.
01:00 On va en parler avec Violenne de Philippe Issabat qui est avec nous, porte-parole d'Oselle
01:04 Féminisme et avocate et auteur de Classé sans suite chez Payot.
01:08 Bonsoir, merci d'être avec nous.
01:09 On démarre toujours par nos vraies voix.
01:11 Philippe, Bilger, cette société serait donc sexiste aujourd'hui ?
01:15 Alors, puis-je dire que dans ma sphère personnelle c'est un sujet qui ne m'intéresserait pas
01:20 du tout.
01:21 C'est-à-dire, je constate ce qui se passe, la réalité, je tente de respecter de mon
01:27 point de vue certaines règles, certains principes, mais en tant que citoyen, parce que je me
01:33 rends compte que c'est une problématique qu'on est obligé d'aborder, et bien je me pose,
01:40 je pourrais être trop long là-dessus, mais j'aimerais m'interroger sur le fait que plus
01:47 on parle du sexisme, plus on le dénonce à juste titre, je le caractériserais par une
01:55 inégalité ostentatoire entre les hommes et les femmes dans beaucoup de comportements
02:00 et d'attitudes vitales.
02:02 Eh bien, j'ai l'impression que les dénonciations qu'on opère sur le plan moral ou sur le plan
02:10 sociétal pour parler comme la gauche, eh bien en réalité ne servent à rien, puisqu'apparemment
02:16 les sondages, les enquêtes démontrent que le sexisme ne diminue en rien.
02:22 C'est ce qui me perturbe.
02:24 Est-ce qu'on adapte le bon angle d'attaque ?
02:27 - On en parlera dans un instant.
02:28 - Alors d'abord, moi je ne vois pas en quoi le sexisme est un problème, parce que pour
02:32 moi le sexisme n'est pas une matière d'inégalité, c'est une matière de différence.
02:35 Et pour ma part, et je le dis en rigolant, mais pas que, ce que je vois c'est des hommes
02:41 terrifiés qui n'osent pas dire ce qu'ils pensent sur tous ces sujets, ils font des
02:46 réflexions, "mitou c'est génial", "le sexisme c'est très mal", maintenant on nous parle
02:50 de blague sexiste.
02:51 Donc on est tellement stupides nous les filles, on est tellement cruches, tellement molles
02:56 du genou et tellement éparées, qu'on nous fait une blague, un peu laisse et hop on s'évanouit.
03:02 Genéralement, moi je ne veux pas vivre dans un monde comme ça, je ne veux pas vivre dans
03:06 un monde où on ne peut plus faire de blagues, et au contraire, moi je trouve, si vous voulez
03:10 que globalement, évidemment après il y a toutes sortes de cas, moi je m'inquiéterais
03:14 évidemment aux violences, aux véritables violences, pas la blague sexiste, l'extension
03:20 permanente du domaine du sexisme, si vous voulez, finie par faire de tous les hommes
03:24 des coupables, et par ailleurs il y a beaucoup de filles qui aiment ça, qui aiment jouer
03:29 avec des rôles sexués, qui en ont marre, si vous voulez, qu'on essaye de nous balancer
03:33 la différence des sexes avec les inégalités.
03:36 On a gagné en droit et en normes, personne n'oserait dire aujourd'hui "les femmes
03:42 ne sont pas les égales des hommes".
03:44 Alors, si vous voulez, les féministes, comme dit Alain Finkielkraut, sont des mauvaises
03:48 gagnantes.
03:49 - Bon, moi je pense que le sexisme et l'homophobie, qu'on ait une forme de corollaire, mais ce
03:56 serait un autre débat, sont encore très ancrés dans la société française, et effectivement
03:59 c'est un gros problème, mais c'est dans l'inconscient collectif, et ce n'est pas
04:02 parce que le combat, entre guillemets, des droits a été gagné en grande partie, et
04:06 je trouve ça très bien qu'on criminalise aujourd'hui les injures sexistes ou les injures
04:09 homophobes par exemple, je trouve ça vraiment tout à fait souhaitable, en effet, de faire
04:15 en sorte que quand je me fais traiter de pédé dans la rue, que potentiellement je puisse
04:18 aller voir la personne et m'en plaindre, je trouve ça normal, parce que c'est insupportable,
04:23 et pour une femme, si j'en étais une, effectivement, ça serait la même chose.
04:26 Donc oui, il y a encore des combats à mener de ce point de vue, et aujourd'hui effectivement
04:30 c'est un combat qui est de l'ordre de l'inconscient collectif.
04:32 Il y a dans l'imaginaire culturel des clichés sur les femmes, sur les gens en général,
04:39 des clichés racistes, des clichés homophobes, etc.
04:41 Il s'agit de déconstruire ces clichés, c'est en train d'être fait, et d'ailleurs
04:44 je pense que ça avance beaucoup dans un pays comme la France, j'ai l'impression quand
04:47 même dans les gens qui sont dans les cercles de sociabilité immédiate que ça avance
04:51 même beaucoup, et c'est très bien, mais après, il y a d'autres régions de France,
04:57 tout le monde n'habite pas à Paris, tout le monde n'habite pas dans des endroits,
05:00 dans des cercles qui sont plutôt favorisés intellectuellement, favorisés socialement,
05:04 etc.
05:05 C'est peut-être ça que ces chiffres aussi mettent en avant, il ne faut pas non plus
05:08 centrer le débat sur un entre-soi d'élite ou de CSP+ qui ne voit qu'une partie du problème,
05:16 y compris dans un pays comme la France.
05:17 - Dans les élites, excusez-moi, les hommes sont tout le temps accusés, il faut quand
05:20 même arrêter avec cette histoire d'élite.
05:22 Dans les élites, vous avez des tas d'hommes, je sors de chez un d'ailleurs parce que j'ai
05:26 créé un livre sur les mangeuses d'hommes, j'en ai ras-le-bol moi de vivre dans cette
05:30 espèce d'étouffoir, au contraire, moi je trouve que les hommes, la plupart des hommes
05:35 aujourd'hui s'empêchent.
05:37 Il y a eu énormément de progrès faits et pas à cause de MeToo, bien avant MeToo.
05:42 - Allez, Violaine de Philippis, Abbat, porte-parole d'Oseille, le féminisme, merci d'être avec
05:47 nous.
05:48 - Beaucoup de choses qu'on édite.
05:49 - Voilà, vous avez un petit peu de tout.
05:50 - Merci.
05:51 Alors, pour répondre, en réalité, déjà, on va peut-être reposer quelques bases, on
05:56 est souvent caricaturés, donc non, je ne déteste pas les hommes, les féministes en
06:00 général ne prônent pas l'élimination de la moitié du genre humain.
06:03 Si on s'interroge aujourd'hui sur pourquoi on arrive à des féminicides, pourquoi on
06:08 arrive à ce que des femmes soient tuées sous les coups de leurs conjoints, c'est parce
06:12 que, déjà, dans 9 cas sur 10, c'est la femme qui meurt sous les coups du conjoint.
06:15 Donc, c'est qu'il y a un problème au niveau du système.
06:18 Qu'est-ce qui amène à ça ? Ce qui amène à ça, ce n'est pas la nature.
06:23 Un garçon qui n'a petit garçon, il n'est pas agresseur, heureusement, sinon on aurait
06:27 un gros problème.
06:28 Donc, c'est qu'il va être finalement amené à devenir plus violent.
06:32 Et pourquoi il est amené à devenir plus violent ? Eh bien, ça prend racine dans le sexisme
06:37 ordinaire, ce qui est dénoncé dans le rapport du Haut Conseil à l'égalité.
06:40 Donc, bien loin de nous l'idée de dire que, par définition...
06:43 Avec des cas particuliers, vous êtes d'accord ?
06:46 Des cas particuliers comme ?
06:47 Parce qu'il y a des petits garçons ou des petites filles qui sont parfois plus agressives,
06:52 alors que les parents sont plutôt cools.
06:54 Donc, on ne peut pas non plus faire des généralités.
06:56 Oui, mais justement, c'est ce que je voulais dire, c'est qu'il y a du cas par cas aussi.
06:59 Mais qu'on note que, voilà, il y a quand même, sur tous les meurtres par conjoint,
07:04 dans 9 cas sur 10, c'est l'homme qui tue la femme.
07:06 Et évidemment, un petit garçon ne n'est pas un tueur.
07:08 Donc, il faut s'interroger sur ce qui va l'amener à devenir violent.
07:11 Et le sexisme ordinaire, peut-être que ça n'a l'air de rien, mais en fait, sous la
07:14 figure de protecteur, c'est-à-dire, j'ai lu dans le rapport du HCE que 7 hommes sur
07:19 10 considèrent que ce serait à eux de protéger la femme.
07:23 Derrière, finalement, cette couverture de protecteur, il y a aussi la possession.
07:26 Et donc, finalement, l'idée que comme on protège, il y a une contrepartie.
07:30 Et ça, c'était très ancré dans notre droit, notre droit français, l'histoire de notre droit.
07:34 Il faut quand même savoir que jusqu'en 1975, il y avait un vieil article dans le Code pénal,
07:39 qui était une résurgence du Code Napoléon, donc du Code pénal qu'il avait institué
07:43 après le Code civil, qui disait quoi ?
07:45 Eh bien, en cas de flagrant délit d'adultère, un homme qui surprend sa conjointe à le droit,
07:51 peut être excusé de l'avoir tué.
07:53 Oui, mais ça fait 50 ans.
07:54 Mais en fait, 50 ans, c'est pas si loin.
07:56 Et ça veut dire que les mentalités sur la possession du corps des femmes,
07:58 elles ont du mal à changer.
08:00 Et c'est pour ça qu'il y a cette idée que l'homme doit protéger la femme.
08:02 La contrepartie, eh bien, en fait, petit à petit, ça va être la violence.
08:05 Ça ne veut pas dire que tous les hommes vont arriver à ce stade de violence, bien sûr.
08:10 Oui, mais pour revenir sur ce que dit Elisabeth Lévy...
08:13 Je voudrais quand même dire un truc sur les féminicides.
08:16 Alors, chaque cas est une tragédie.
08:19 Mais il n'empêche que de nous dire que c'est un phénomène systémique aujourd'hui.
08:24 J'ai fait le calcul.
08:25 Comment vous étudiez les stats ?
08:26 J'ai fait le calcul.
08:27 Ça veut dire que 0,00% et heureusement,
08:31 heureusement, des femmes en H2, si vous voulez, pour aller à la louche,
08:35 j'ai fait un calcul, si vous voulez, c'est très infime, sont tuées.
08:38 Ça veut dire quoi ?
08:39 Ça veut dire que ce sont des cas évidemment atroces.
08:43 D'accord ?
08:44 Je veux dire, je ne suis pas du tout en train de les minimiser.
08:48 D'accord ?
08:48 D'abord, on ne les tue pas parce qu'elles sont des femmes.
08:50 Ces hommes les tuent parce qu'elles sont leurs femmes.
08:53 C'est tout à fait...
08:53 Ils ne les tuent pas parce qu'ils n'adressent pas l'homme en général.
08:56 C'est ce que je viens de dire, leurs femmes, le crime de possession.
08:57 D'accord.
08:58 Et, si vous voulez, au contraire, si on voit que statistiquement,
09:02 heureusement, ça reste quand même, malgré tout, des événements exceptionnels.
09:08 Parce que si vous me disiez, il y a 4000 personnes qui meurent chaque année d'accidents de la route,
09:12 ça c'est un phénomène.
09:13 Heureusement, si vous voulez, nous avons aujourd'hui des cas,
09:16 nous avons des poches dans la société aussi, si vous voulez.
09:19 Et par ailleurs, votre continuum entre, si vous voulez, le petit garçon qui entend des blagues
09:26 et celui qui va tuer sa femme, là franchement, c'est pas possible.
09:29 Mais la continuité dans les violences, elle n'est pas que là.
09:31 Et heureusement, comme je le disais, ça ne veut pas dire qu'il va y avoir cette gradation de manière automatique.
09:35 Mais je pense que tout le monde peut comprendre que quand on lit des choses...
09:39 Attention, je ne suis pas pour la censure, je suis pour l'explication, pour en discuter avec les enfants.
09:43 Je ne suis pas pour censurer les livres.
09:45 À l'inverse de certaines mouvances du féminisme,
09:50 je pense juste que quand on lit un petit garçon, par exemple, "La belle au voie dormant",
09:54 et qu'il comprend que cette femme qui dort, il peut la toucher comme il veut,
09:57 s'il n'y a pas un accompagnement en disant...
10:00 Non mais si, c'est ça.
10:01 D'ailleurs, dans la première version du conte, il couche avec elle quand elle dort.
10:05 C'est ça, la première version du conte.
10:06 - Mais enfin, on a appris surtout la deuxième, c'est oui ou non ?
10:08 - Mais attendez, ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas pour la censure de ça.
10:12 Je dis qu'il faut expliquer en disant, voilà, en tout cas,
10:15 on ne touche pas le corps de quelqu'un quand il est endormi.
10:18 Non, on ne me l'a pas expliqué.
10:20 - Pour autant, ça vous a pas compris.
10:22 - Je vais vous dire, ça m'a posé un gros souci, comme à beaucoup d'autres,
10:24 parce qu'il y a des hommes qui considèrent que quand vous êtes ivre morte
10:27 ou que vous êtes en train de dormir, ils peuvent coucher avec vous.
10:29 Et je connais énormément...
10:31 Non mais je vous explique que s'ils ne conscientisent pas ça comme une agression,
10:35 c'est parce qu'en fait, dans leur tête, ce n'est pas si grave.
10:37 Alors qu'en fait, en termes de répercussions psychologiques pour la femme,
10:40 ça peut être vraiment très lourd.
10:42 - Surtout que je voudrais quand même juste ajouter,
10:44 par rapport à ce qu'il disait Elisabeth tout à l'heure,
10:46 le problème ne se réduit pas, évidemment pas, aux féminicides.
10:50 Par exemple, il y a toute la question des violences conjugales.
10:52 Moi, par exemple, dans ma famille, je sais que la quasi-totalité des femmes,
10:56 des tantes que j'ai eues, j'ai eu pas mal de temps dans ma famille, etc.,
10:58 ont été victimes de violences conjugales.
11:00 Alors parfois à des petits degrés, parfois à des degrés extrêmement graves,
11:03 des gens balancés à travers des portes-fenêtres,
11:06 balancés dans l'escalier, balancés d'une voiture en marche.
11:09 C'est des choses qui existent dans la vie réelle.
11:11 Et je ne vous parle pas de milieux sociaux extrêmement pauvres,
11:15 de qui rappelleraient l'Élisabeth, pas du tout.
11:17 Ça n'a rien à voir avec ça.
11:18 Je vous parle de franges de la société tout à fait intégrées,
11:21 des gens qui ont un boulot, etc.
11:22 Et quand on rencontrait les hommes en question,
11:24 on n'aurait absolument pas soupçonné ça.
11:26 Et je ne vous parle pas ça non plus il y a 200 ans,
11:28 mais plutôt il y a 20 ou 30 ans.
11:29 Donc, moi-même, si je n'ai pas été confronté directement à cela,
11:34 je pense qu'on a tous des exemples de ce type-là.
11:36 Il ne faut pas se concentrer uniquement, encore une fois,
11:38 sur le petit bout de la dornière, il y a tout un continuum.
11:41 Et ça ne concerne pas uniquement les femmes d'ailleurs,
11:43 même si les femmes sont en première ligne sur ce sujet.
11:45 Ma question, c'est juste de dire comment,
11:47 en essayant de faire bouger les choses,
11:50 on n'efface pas tout l'un ou tout l'autre.
11:51 Et c'est ça le problème.
11:53 Toutes les violences, vous voulez dire ?
11:54 Non, non.
11:55 Tous les problèmes qui sont liés au sexisme,
11:57 que vous déclinez très bien,
11:59 ça n'efface pas finalement l'homme.
12:03 Et finalement, aujourd'hui, on le regarde un petit peu
12:05 comme un coupable, quoi qu'il arrive.
12:06 Et c'est ça qui est dommage.
12:08 On est passé d'un côté à l'autre.
12:10 C'est ça qui est dommage.
12:11 Justement, je pense que c'est expliquer
12:13 qu'on ne n'est pas agresseur qui est intéressant.
12:15 C'est-à-dire qu'aucun individu, parce qu'il n'est,
12:17 va devenir un agresseur.
12:18 Vous le dites, sauf qu'il y a plein de gens
12:19 qui ne disent pas ça.
12:20 En fait, c'est la société.
12:21 Donc, ce qu'on va lui expliquer,
12:23 ce qu'il va avoir autour de lui,
12:24 qui va finalement, du coup, le faire grandir
12:27 dans cette idée qu'il doit être le protecteur, le possesseur.
12:30 Et ça, c'est un problème, puisque aujourd'hui,
12:32 comme on le voit dans le rapport du HSE,
12:33 il y a encore beaucoup d'hommes
12:35 qui pensent qu'ils doivent avoir ce rôle-là.
12:37 Et j'ai envie de dire, c'est presque aussi triste pour eux,
12:39 parce que ne jamais devoir pleurer,
12:41 devoir être celui qui gagne de l'argent,
12:43 enfin, je veux dire, c'est chiant.
12:44 Mais il faudra changer les religions aussi,
12:46 parce que ça aussi, c'est un sujet religieux.
12:48 Alors, en termes religieux,
12:50 toutes les religions, en tout cas,
12:52 pour leur interprétation,
12:55 ont s'en est servi pour oppresser les femmes.
12:57 Je ne suis pas théologienne,
12:58 donc je me garderais bien d'interpréter les textes moi-même.
13:00 Je constate juste, notamment dans notre culture judiciaire,
13:02 que c'est ce qui avait été fait.
13:03 Voilà.
13:05 Donc, après, oui, c'est un devoir de l'école aussi d'expliquer.
13:08 - Est-ce qu'une certaine faiblesse de votre position,
13:13 mais je le dis avec doute, incertitude,
13:16 notamment pour les féminicides,
13:18 elle ne vient pas du fait que
13:21 vous considérez que ce qui est à la base
13:24 des tragédies singulières,
13:27 c'est le fait que ce soit une femme
13:30 et que de l'autre côté, il y a un homme.
13:33 Et souvent, on ne supporte pas de la perdre.
13:35 C'est ça, c'est la rupture.
13:36 - Est-ce que vous ne croyez pas,
13:37 et là, je me permets de questionner l'avocate profondément,
13:41 qu'en réalité, même ce que vous appelez féminicide,
13:45 c'est une problématique infiniment plus complexe
13:48 qui renvoie à des relations très difficiles,
13:52 parfois même insupportables,
13:54 entre un homme et une femme,
13:56 sans que le pouvoir de l'homme sur la femme
13:59 soit la cause déterminante de crime atroce ?
14:03 - Si c'était le cas,
14:04 on ne constaterait pas que les tentatives de féminicide
14:07 ont lieu au moment où l'homme considère
14:10 qu'il perd le contrôle et que la femme veut partir.
14:12 C'est là qu'en fait se cristallisent les tensions
14:15 et qu'il va y avoir une tentative de féminicide.
14:17 Donc, on voit qu'il y a un système.
14:19 Parce que les femmes, si vous voulez,
14:21 elles ne sont pas dans cette violence qu'on leur a inculquée
14:23 et donc, elles n'essaient pas de tuer leur conjoint quand il part.
14:25 - Ça, je pense que c'est le point central.
14:27 Je pense qu'on parle des féminicides aussi.
14:29 On insiste autant là-dessus
14:30 parce que de l'autre côté, ça n'arrive jamais.
14:32 Il y a peut-être quelques cas qui arrivent,
14:34 par contre, malheureusement,
14:36 mais les hommes ne sont pas victimes de l'écart en arrière.
14:39 - Oui, bien sûr, mais ce n'est pas un phénomène systémique.
14:42 - Elle n'a pas hésité à tirer sur son mari à une certaine époque.
14:46 - Mais ce n'est pas un phénomène systémique.
14:48 C'est quelque chose qui se répète régulièrement
14:50 selon une même logique.
14:52 - Allez, malheureusement, on n'a plus de temps.
14:54 Merci beaucoup, en tout cas, Violette de Philippis,
14:57 d'avoir été avec nous, porte-parole d'Oseilleux Féminisme,
14:59 avocate et auteur de Classé sans suite chez Payot.
15:02 Merci de votre ouverture d'esprit.
15:04 Merci beaucoup, Elisabeth Lévy.
15:06 - Merci et merci à vous, chère...
15:08 C'est violenne.
15:09 - Violenne.
15:10 - Merci à vous.
15:11 - Merci beaucoup, Elisabeth Lévy.
15:12 Merci, Philippe Biger.