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Dispose-t-on de tous les médicaments nécessaires en France en 2023 ? La réponse est non si l'on en croit certains pharmaciens comme Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Regardez L'invité de RTL Midi du 14 décembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:06 Globalement, on a du stock au niveau national.
00:09 Et c'est vrai que, un peu comme quand s'annonce une grève des stations de service,
00:14 quand on a peur qu'il y ait une pénurie de médicaments,
00:16 on achète des médicaments un peu en avance.
00:20 Il y a certaines très grosses pharmacies qui commandent direct aux industriels
00:24 et qui font du surstock, et donc des petites pharmacies qui, elles, n'arrivent pas à avoir.
00:28 C'était le 31 octobre dernier sur RTL.
00:31 Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a assuré à notre micro
00:34 qu'il n'y avait pas de problème de stock de médicaments,
00:37 mais pointé, vous l'avez entendu, certaines mauvaises pratiques des patients,
00:41 certains pharmaciens également.
00:43 Alors, dispose-t-on de tous les médicaments nécessaires en France en 2023 ?
00:48 La réponse, et si l'on en croit certains pharmaciens comme vous, non.
00:52 Bonjour Philippe Bessé.
00:54 Bonjour.
00:55 Vous êtes président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
00:59 Vous avez posté un message assez inquiétant ce week-end,
01:02 alors que vous étiez de garde, contrairement à ce qu'affirme l'Agence nationale du médicament,
01:08 notamment, qui dit « il y a trois mois de stock suffisant dans les laboratoires ».
01:12 Vous dites que ce n'est absolument pas le cas dans vos officines.
01:17 Alors, il faut être précis, ça concernait des antibiotiques pédiatriques,
01:21 la moxiciline, le médicament phare de l'hiver pour les enfants,
01:27 et effectivement, non, dans les pharmacies de l'Eau, de mon coin de France, de sud de France,
01:33 non, il n'y avait aucune possibilité d'avoir cette antibiotique disponible
01:38 dans aucune des pharmacies de garde du département.
01:41 Alors, effectivement, on nous dit qu'il y a trois mois de stock,
01:43 mais il faut nous les donner, s'il y a trois mois de stock,
01:47 il faut vraiment nous les faire parvenir.
01:50 - Il y aurait combien de médicaments, vous avez un peu travaillé le sujet,
01:53 qui seraient en situation de pénurie ou de risque de pénurie en France ?
01:59 - Alors, il y a beaucoup de médicaments en risque de pénurie sur des sujets très différents.
02:04 Donc, on va rapidement être complexe pour nos auditeurs, malheureusement,
02:08 on a des antidiabétiques qui manquent actuellement,
02:12 parce qu'on a une demande mondiale qui explose,
02:18 parce qu'on a plein de sujets autour du médicament
02:22 qui font exploser le nombre de ruptures.
02:24 Là, on a un sujet précis qui sont les antibiotiques pédiatriques,
02:28 pour lequel, là, pour le coup, on aurait des solutions disponibles
02:33 qu'on n'utilise pas, qui est de libérer des stocks réserves.
02:37 Qui est de libérer les stocks réserves des laboratoires.
02:39 Moi, je crois le ministre, ou alors les laboratoires nous ont menti,
02:42 mais sinon, s'ils ont dit au ministre qu'ils avaient trois mois de stock,
02:46 on ne comprend pas pourquoi il ne les libère pas,
02:48 pourquoi il ne les donne pas aux grossistes répartiteurs
02:50 pour pouvoir les acheminer auprès des patients.
02:53 Ça, c'est un sujet, mais il y en a plein.
02:56 - Il y a un grand fantasme qui a un peu émergé après le Covid,
02:58 c'est "il faut tout réinternaliser, il faut tout relocaliser".
03:02 Des médicaments fabriqués en France pour les Français,
03:04 comme ça, il n'y aura plus de pénurie,
03:06 c'est juste une chimère et quelque chose d'absurde, non ?
03:09 Vous êtes d'accord avec ça ?
03:11 - Disons qu'en tout cas, ça ne va pas être immédiat.
03:15 Je suis assez favorable à ce qu'on réindustrialise
03:20 le vieux continent européen en chimie,
03:24 mais d'abord, ça va se faire sur des dizaines d'années,
03:27 et ensuite, il faut bien voir que ce sont des usines polluantes,
03:32 donc il va falloir quand même être précautionneux.
03:34 - Si ces usines sont parties, c'est aussi parce qu'on ne les voulait pas en Europe,
03:39 car elles polluent fabriquer des médicaments,
03:41 c'est de la chimie, de la chimie lourde, et ça pollue.
03:44 C'est pour ça qu'aujourd'hui, elles sont en Inde,
03:45 et les Européens en étaient bien satisfaits il y a encore quelques mois.
03:50 - Oui, mais c'est assez moche quand même de dire ça.
03:52 - Non, non, mais je sais bien,
03:53 mais c'est ce que les politiques européens ont souhaité pendant des années,
03:57 et maintenant, ils se retrouvent le bec dans l'eau.
04:00 - Philippe Besset, vous qui étiez derrière votre comptoir ce dimanche,
04:04 comment font les patients lorsque vous leur dites
04:06 "désolé, je n'ai pas d'amoxycyline, je n'ai pas tel médicament",
04:10 est-ce qu'on peut les tourner vers des médicaments de substitution ?
04:14 J'imagine que ce n'est pas possible dans tous les cas.
04:16 - Évidemment, on ne les laisse pas tomber.
04:19 Déjà, on s'appelle entre nous,
04:21 donc là, il me restait quelques boîtes d'antibiotiques de notre antibiotique,
04:27 donc j'ai pu dépanner une consoeur de Carcassonne par exemple,
04:30 avec un patient qui a fait 30 km pour venir, par exemple,
04:34 mais sinon, on appelle le médecin,
04:37 et on s'accorde avec lui pour trouver une thérapeutique de substitution
04:40 avec les molécules qu'on a à notre disposition.
04:44 Jusqu'à aujourd'hui, on a toujours réussi à trouver,
04:49 ça prend du temps, ça prend un peu de temps,
04:51 parce qu'il faut réussir à trouver le Toubib,
04:53 mais ils sont là aussi,
04:55 et donc on arrive à jongler et à trouver une solution pour les patients.
04:59 - Pourquoi les grands laboratoires pharmaceutiques du monde
05:02 qui fabriquent ces molécules qui sont indispensables aux patients français,
05:06 pourquoi est-ce qu'ils livrent prioritairement,
05:08 si j'ai bien compris, d'autres pays que la France ?
05:11 - Alors, il y a aussi une autre...
05:13 Comme je vous dis, il y a un panel d'explications.
05:15 En effet, il y a également une guerre des prix sur les médicaments,
05:19 puisqu'en fait, comme vous avez compris, on les achète les médicaments,
05:21 on ne les fabrique pas, on les achète.
05:23 Et à partir du moment où on les achète,
05:27 les pays asiatiques qui les fabriquent, ils les vendent au plus offrant.
05:30 Si c'est les Australiens qui offrent le prix le plus cher,
05:33 s'il n'y en a pas assez, ils vont partir en Australie.
05:35 Sinon, aux États-Unis, ou bien en Allemagne.
05:39 Et donc forcément, nous n'avons plus la maîtrise du tarif.
05:44 Nous devons prendre le tarif que nous imposent les pays vendeurs.
05:49 Et malheureusement, les importateurs français,
05:53 eux, ils sont contraints par le prix de remboursement de la Sécurité sociale.
05:57 Si le prix qu'on leur propose est supérieur au prix de remboursement,
06:01 ils ne peuvent pas prendre.
06:02 - Merci beaucoup, c'est passionnant.
06:03 - Merci beaucoup, Philippe Besset.
06:05 Je rappelle que vous êtes le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
06:09 Dans un instant, RTL Midi, votre vie,
06:11 vous connaissez le calendrier de l'avant, Eric.
06:14 Et on va vous présenter le calendrier de l'après.
06:16 Ce n'est pas une blague.
06:16 - Qu'est-ce que c'est que ça ?
06:17 - A tout de suite.
06:18 - A tout de suite.
06:19 Jusqu'à 13h, RTL Midi.
06:21 Agnès Bonfillon, Eric Brunet.
06:22 [SILENCE]

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