ÉVASION MOHAMED AMRA - Wilfried Fonck, le secrétaire national UFAP est l'invité de RTL Midi

  • il y a 2 semaines
Il y a trois mois, Mohamed Amra s'est évadé de prison lors d'un transfert pénitentiaire. La police est toujours à sa recherche. Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa-Justice, est l'invité de RTL Midi.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Agnès Bonfillon du 14 août 2024.
Transcript
00:00RTL midi, Agnès Bonfillon. Cela fait trois mois que Mohamed Amra s'est évadé lors d'un transfert pénitentiaire.
00:07Souvenez-vous, ses complices ont donné l'assaut sur le fourgon dans lequel il se trouvait au péage d'un Carville.
00:13Deux surveillants ont été tués dans cette attaque, trois autres blessés. Bonjour Thomas Proutot.
00:18Bonjour. Quant à celui que l'on surnomme la mouche, fiché au grand banditisme, toujours aucune nouvelle.
00:23Eh bien oui, malgré la mobilisation d'une centaine d'enquêteurs tout l'été qui travaillent d'arrache-pied
00:28pour trouver le fil qui les conduira à Mohamed Amra et ses complices, un appel à témoins a été lancé mi-juillet.
00:34Vous le savez, notamment au sujet de la BMW noire et de l'Audi blanche utilisée par le commando pour s'enfuir avant d'être brûlée.
00:41Une notice rouge Interpol a également été diffusée partout dans le monde.
00:46Amra, la mouche, comme il est surnommé, vous le disiez, dans le milieu, reste pourtant insaisissable.
00:51Ainsi que ceux qui ont participé à l'évasion et tirés pour certains sur l'escorte, faisant deux morts et trois blessés.
00:58Quatre complices directs, au moins, sont recherchés, sans succès à ce stade.
01:03Et ce, malgré les nombreuses surveillances de proches, l'analyse poussée de la téléphonie, les auditions et les perquisitions.
01:09Mais la police judiciaire l'assure, ce n'est qu'une question de temps.
01:13Merci Thomas, restez avec nous, nous accueillons Wilfried Fong, bonjour.
01:17Bonjour.
01:18Vous êtes le secrétaire national du syndicat pénitentiaire UFAP Une Sage Justice.
01:23Deux collègues tués, mais aussi trois blessés, on s'en souvient, au péage d'un Carville.
01:28D'abord, concernant ces blessés, avez-vous de leurs nouvelles ?
01:32Oui, alors pour l'un d'entre eux, il va pouvoir commencer dans quelques temps les séances de rééducation.
01:42Nous en avons un autre qui, lui, continue à bénéficier d'un suivi et d'un accompagnement médical.
01:49Et pour le dernier qui avait été le plus gravement blessé des trois,
01:54il devra sûrement devoir subir une nouvelle opération médicale dans un hôpital spécialisé
02:01pour justement pouvoir essayer de récupérer l'usage de son bras.
02:05Alors il y a les blessures physiques, mais aussi le traumatisme subi par l'ensemble de la profession, de votre profession.
02:13Il est toujours d'actualité ce traumatisme ?
02:17Oui, parce qu'il est certain que même si on avait de toute façon quelque part dans un coin de la tête
02:25l'idée que ce genre d'événement pouvait malheureusement arriver,
02:29tant que ça n'arrive pas, voilà, ça reste un peu du domaine entre guillemets de l'angoisse.
02:35Là aujourd'hui, on sait que ce risque est réel, qu'il peut effectivement arriver,
02:40qu'on peut attaquer un convoi pénitentiaire quand on extrait un détenu d'un établissement.
02:44Et les personnels, et surtout ceux qui sont en charge de ces émissions-là,
02:48l'ont dans un coin de la tête systématiquement le matin quand ils se lèvent et quand ils vont prendre leur poste.
02:52Et le fait que Mohamed Hamra et ses complices soient toujours en fuite,
02:56ça rajoute aussi à cette pression, à cette anxiété ?
03:02Alors ça rajoute de l'anxiété, oui, parce qu'il est évident que quand on sait
03:07qu'il y a des individus de ce calibre-là qui sont toujours en liberté,
03:11on s'interroge effectivement sur la sécurité, sur la sécurité publique au sens large.
03:16Après, pour les personnels, c'est vrai que c'est toujours la question de se dire,
03:20est-ce que, ben oui, on ne va pas se faire attaquer par un commando
03:24au moment où on va se retrouver soit au tribunal, soit dans un hôpital ou soit sur la route.
03:29Bon, on espère, nous en tout cas, que l'enquête va avancer rapidement
03:34et qu'on pourra effectivement apprendre la bonne nouvelle de l'arrestation
03:38de l'ensemble du commando et du détenu qui s'est évadé.
03:42Wilfried Fonck, j'aimerais que nous revenions sur le rapport rendu public
03:45par le ministère de la Justice il y a 15 jours concernant les manquements
03:48dans la surveillance de Mohamed Hamra.
03:50Je vais vous donner la parole sur le sujet, bien sûr, mais avant cela,
03:53Planar Adenovic, rappelez-nous justement ces failles mises en exergue dans le document.
03:58Alors, dans ce rapport de l'Inspection générale de la Justice,
04:02il est décrit un cloisonnement entre les différents services, les juges,
04:05les membres de l'administration pénitentiaire,
04:07notamment ceux qui sont en charge du renseignement, et les enquêteurs d'autre part.
04:11Il apparaît que toutes ces personnes ne se parlent pas.
04:14Résultat, la dangerosité de Mohamed Hamra a été sous-estimée,
04:17il n'a pas été classé détenu particulièrement signalé.
04:20Quand la direction de la prison d'Evreux demande l'aide de la police alors
04:23pour sécuriser son extraction le 14 mai dernier, le jour de l'attaque du fourgon,
04:27on lui dit non, justement pour ça, parce qu'il n'est pas DPS.
04:30Le rapport pointe le fait que les prisons ne savent pas gérer les détenus
04:34issus de la criminalité organisée.
04:36Parmi les 17 recommandations, la création d'un procureur national
04:39dédié spécifiquement à ce sujet-là.
04:42Mais pour ça, il faudra attendre le prochain gouvernement.
04:44Alors, avec un tel rapport, Wilfried Funk, de la part des services quand même,
04:49du ministère de la Justice, on se dit qu'on colmate immédiatement les brèches,
04:52qu'on ne peut pas laisser un tel manque de communication
04:57pour aboutir à de tels événements.
05:00C'est le cas ou pas ?
05:02Disons que ce manque de communication, il était connu de toutes et de tous
05:07au sein du ministère et surtout de l'administration pénitentiaire.
05:10Pour nous, ça n'a pas été quelque part une nouveauté ou un scoop
05:14d'apprendre que les services avaient du mal à communiquer entre eux
05:18ou que les différentes directions du ministère
05:21avaient du mal également à communiquer entre elles.
05:23Aujourd'hui, effectivement, il faut corriger le tir,
05:27mais ce rapport, quelque part, il nous laisse un petit bout d'inachevé
05:34parce qu'il ne prend pas en compte, par exemple,
05:37la situation des extractions judiciaires sur les parcours,
05:41la sécurisation des parcours.
05:42Un exemple tout bête, un passage de péage,
05:44aujourd'hui, on est obligé de s'arrêter à la barrière.
05:47Voilà, donc effectivement, on met en danger l'escorte
05:50parce qu'elle est obligée de s'arrêter même l'espace d'une minute,
05:53le temps de prendre un ticket ou de payer le péage.
05:56Donc, à un moment donné, il faut aussi aller là-dessus
05:59et malheureusement, ce rapport n'y est pas allé.
06:02On pointe finalement des responsabilités ou en tout cas des manquements,
06:07mais pour nous, ces choses-là existent depuis trop longtemps.
06:13Et effectivement, il va falloir aujourd'hui qu'au niveau du ministère,
06:15les directions se mettent d'accord, mais tout en ayant à l'esprit
06:18qu'on a besoin d'humains dans tout ça,
06:22c'est-à-dire que si on veut que les gens puissent communiquer ensemble,
06:26il va falloir aussi qu'ils puissent se rencontrer, qu'ils puissent se connaître
06:29et qu'ils puissent partager des choses
06:30et qu'il y ait une sorte de climat de confiance qui s'installe.
06:33Ce n'est pas en bâtissant une note de service purement administrative
06:37qu'on va fluidifier les choses, bien au contraire.
06:39Moi, ce que je crains là-dessus, c'est que finalement,
06:41on va rajouter de la lourdeur administrative et de la bureaucratie
06:44là où on a déjà des difficultés à agir.
06:46Plana, est-ce que ce rapport, selon vous,
06:49montre la responsabilité de l'État dans ce drame ?
06:55La responsabilité de l'État, elle est engagée, à notre sens,
06:59dans la mesure où l'État doit s'assurer de garantir
07:03la sécurité des personnels qu'il emploie.
07:06Là, dans le cas d'espèces, ça n'a pas été le cas,
07:08puisque le risque, même si on ne peut pas le supprimer,
07:12il doit au moins, en tout cas, être minimisé.
07:14Là, le défaut de circulation d'informations
07:16n'a pas du tout permis de minimiser ce risque.
07:20Et effectivement, aujourd'hui, les familles auraient sûrement
07:26tout intérêt à engager une procédure en responsabilité contre l'État,
07:31parce que là, l'État était défaillant, oui, clairement.
07:33Elles y réfléchissent très sérieusement ?
07:36Alors, moi, je n'ai pas du tout d'informations sur ce sujet-là.
07:40Nous, en tout cas, au niveau UFAP, on suit la chose
07:43au travers des commissions relatives aux accidents de service,
07:47parce que là, c'est un accident de service.
07:49Et effectivement, nous, en tout cas, on n'hésitera pas à remettre en avant
07:53l'obligation qu'a l'État employeur d'assurer la sécurité de ses personnels.
07:58Merci beaucoup, Wilfried Funk, d'avoir été avec nous.
08:01Je rappelle que vous êtes le secrétaire national
08:03du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA Justice.
08:06Merci également à Thomas Proutot et Plana Radenovic
08:09du service Police Justice de RTL.
08:12Dans un instant, on parle des vols qui sont commis spécifiquement
08:16en été, sur les plages, en terrasse,
08:18avec notamment la police municipale de Nice en pointe.

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