LÉON MARCHAND - Amandine Aftalion, chercheuse au CNRS, est l'invitée de RTL Midi

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Il a déjà renagé : 12 heures après son double titre olympiques, Léon Marchand était de nouveau dans l'eau un peu avant midi, dans les séries du 200 m 4 nages. Le Français de 22 ans a montré et continue de montrer, de prouver, qu'il a quelque chose en plus. Alors, on va essayer de comprendre ce que c'est et où ça se trouve, dans son corps ou dans sa tête, avec Amandine Aftalion, chercheuse au CNRS auteur de "Pourquoi est-on penché dans les virages ?"
Regardez L'invité de RTL Midi avec Vincent Parizot du 01 août 2024.

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00:00RTL midi avec Vincent Parizeau.
00:03Ce n'est même pas exceptionnel, c'est grandiose, c'est du Johnny Hallyday,
00:07c'est du Johnny Hallyday au Parc des Princes, au Stade de France.
00:10Voilà, vous avez reconnu sans doute l'entraîneur Philippe Lucas Marchand,
00:15c'est du Johnny Hallyday au Stade de France.
00:18C'est vrai qu'il a épaté la France entière et le plus fort, on en parlait,
00:22c'est qu'il a déjà renagé un peu plus de 12 heures après ce double titre olympique.
00:26Il était de nouveau dans l'eau un peu avant midi
00:28et il s'est qualifié dans les séries du 200 mètres catenage,
00:31on en parlait avec Isabelle Lange.
00:33Incroyable Léon Marchand, il l'a montré hier et il continue de montrer,
00:37de prouver qu'il a quelque chose en plus.
00:39Alors on va essayer de comprendre ce que c'est,
00:41où ça se trouve ce petit plus, dans son corps ou dans sa tête.
00:44Bonjour Amandine Aftalion.
00:46Bonjour.
00:47Vous êtes chercheuse au CNRS, auteure de Pourquoi on est penché dans les virages,
00:51aux éditions CNRS.
00:53Alors là on se demande pourquoi il est si fort.
00:56Je vous pose la question, est-ce qu'il est plus fort,
00:59plus technique, plus doué, plus motivé ?
01:02C'est le physique ou le mental qui fait la différence ?
01:05Je crois qu'il y a tout.
01:07Il a le mental de champion, la technique de nage parfaite,
01:10en particulier dans la coulée,
01:12et des capacités énergétiques visiblement au top.
01:15Il a tout du grand champion
01:17et c'est ça qui lui permet de finir premier dans autant de compétitions.
01:22Vous parlez du mental,
01:24comment vous l'expliquez ?
01:26Est-ce que vous l'avez d'une certaine manière mesuré,
01:30à travers par exemple sa capacité de concentration ?
01:34Il y a aujourd'hui une possibilité de mettre le mental en équation.
01:40Ce sont des choses qui ont été développées à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
01:44Ce sont des modèles un peu économiques
01:47entre le coût et le bénéfice d'une action.
01:52La motivation, c'est ce qu'on s'est expliqué,
01:57ça permet d'aller plus loin dans l'effort.
02:00Un nageur, ce n'est pas un robot sur lequel on met un bouton on-off,
02:05c'est quelqu'un qui a un cerveau.
02:08Le cerveau va transmettre une information au muscle.
02:11Cette information est plus ou moins rapide selon les gens et selon les sports.
02:15Mais surtout, la motivation va agir sur la pénibilité ressentie de l'effort.
02:21Plus on est motivé, plus on a décidé qu'on allait y arriver,
02:26plus on a le public avec soi qui encourage.
02:29Je crois qu'hier à la piscine de la Défense Arena, c'était exceptionnel.
02:34Plus on va supporter la douleur,
02:37et on va être capable de produire un effort
02:40qui est plus important que ce qu'on peut faire habituellement.
02:43Et notamment en fin d'épreuve.
02:46Sur le plan de la nage, Amandine Aftalion,
02:49on a tous été soufflé hier soir dans le 200 mètres papillon,
02:53de voir comment au 150 mètres, alors qu'il avait une longueur et demie de retard,
02:58et qu'on pensait que ça risquait de ne pas le faire,
03:01il est revenu sur le Hongrois Christophe Milak,
03:04grâce à sa coulée.
03:06En sortant de l'eau, il avait quasiment refait une grande partie de son retard.
03:10Tout à fait.
03:11Donc la coulée, c'est la partie de 15 mètres maximum
03:15qu'ils ont le droit de faire sous l'eau.
03:17En fait, la nage sous l'eau est plus rapide que la nage à la surface.
03:21Si on autorisait les nageurs à faire 50 mètres sous l'eau,
03:24ils iraient plus vite qu'à la surface.
03:27Mais évidemment, la Fédération Internationale de Natation
03:30a limité la distance autorisée, qui est donc à 15 mètres.
03:33Et Léon Marchand est capable d'utiliser ces 15 mètres de manière optimale.
03:38Donc la nage sous l'eau, ce n'est pas la même que la nage hors de l'eau.
03:42C'est une nage d'ondulation.
03:44Et l'ondulation, elle se fait à partir de la tête du corps.
03:48Le corps se replie, ondule comme un dauphin.
03:51On appelle ça aussi l'ondulation du dauphin.
03:53On entendait tout à l'heure un jeune admirateur qui avait vu la course
03:58et qui disait « il me fait penser à un dauphin ».
04:01C'est tout à fait ça.
04:02Oui, parce qu'il y a beaucoup de nageurs qui font l'ondulation seulement à partir de la hanche.
04:06Donc ils ondulent des jambes.
04:09Léon Marchand, lui, ondule à partir de la tête.
04:12Et ça se voit très bien sur la nage sous l'eau.
04:14Il a tout son corps qui est d'une souplesse extraordinaire.
04:18Et donc ça lui permet, quand ses jambes ondulent et s'arrondissent,
04:23d'utiliser la vague qu'il produit, parce que tout nageur produit une vague derrière lui,
04:28de l'utiliser pour se la renvoyer sur lui-même et donc se propulser un peu plus.
04:33C'est comme un moteur turbo en fait.
04:35Voilà, c'est la forme de son corps et sa souplesse qui permet de réutiliser sa vague
04:40pour se propulser un peu plus et qui fait qu'il sort de la coulée devant les autres.
04:44Et ça, ce sont des qualités naturelles ou qu'il faut travailler ?
04:47Je pense que Léon Marchand a dû travailler la coulée très jeune.
04:53Et donc, si vous voulez, il a une facilité naturelle,
04:57mais le fait de l'avoir travaillé très jeune, il a dû garder et acquérir cette souplesse.
05:02Et cette capacité à le faire.
05:04Vous savez, quand on décrit scientifiquement le sport,
05:07il y a beaucoup de choses qu'on comprend une fois que des sportifs l'ont produit.
05:12Et c'est vraiment le cas de Léon Marchand.
05:14Personne n'aurait pu dire, voilà, la forme de la coulée idéale, c'est ça.
05:17Quand on voit Léon Marchand, on comprend comment il fait et on comprend qu'il fait au mieux.
05:23C'était limpide et on va regarder les courses de Léon Marchand avec un autre œil, le vôtre.
05:28Merci beaucoup, Amandine Aftalion, chercheuse au CNRS.
05:32Votre livre « Pourquoi est-on penchée dans les virages ? » aux éditions du CNRS.
05:37Une courte pause. Ensuite, on va nettoyer la piste avec un reporter d'RTL à Manicourt.
05:44Et puis, on vous parle du syndrome du paradis.
05:46Si vous pensez déjà à vos vacances, ça sera peut-être en fin de semaine.
05:50Attention, attention, la maladie vous guette.
05:52A tout de suite.

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