JO 2024 - Paul Alauzy, porte-parole du collectif "Le Revers de la médaille", est l'invité de RTL Midi

  • il y a 3 mois
Regardez L'invité de RTL Midi avec Vincent Parizot du 25 juillet 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Vincent Parizeau, RTL Midi.
00:03Les Jeux Olympiques, oui, mais qu'y a-t-il de l'autre côté du miroir ?
00:08On peut en parler parce que c'est un sujet depuis quelques semaines,
00:12l'expulsion des populations précaires de la capitale,
00:16les migrants, les sans-abri.
00:18Certains parlent de nettoyage social.
00:21Bonjour Paul Halosi.
00:23Bonjour.
00:23Vous êtes porte-parole du collectif, le revers de la médaille,
00:26et je précise également coordinateur à Médecins du Monde.
00:29Vous allez tenir une conférence de presse tout à l'heure
00:33et faire la lumière sur ce que vous appelez nettoyage social.
00:38Vous avez aussi organisé un rassemblement, je crois, Place de la République.
00:42Juste une question sur ce rassemblement.
00:44Dans le contexte sécuritaire à Paris, à la veille de l'ouverture des Jeux,
00:49la manifestation a été autorisée.
00:51Vous n'avez pas peur d'être, j'allais dire, renvoyé par les forces de l'ordre ?
00:57Écoutez, on n'a eu aucun problème.
00:59On a été accompagné par des avocats pour déclarer le rassemblement.
01:02C'est un rassemblement statique.
01:04Je crois qu'il y a le dispositif sécuritaire largement nécessaire
01:07pour qu'il y ait peut-être quelques milliers de personnes qui se réunissent.
01:10Donc s'il y a des gens qui sont indignés par cette situation du nettoyage social,
01:13on les invite à nous rejoindre à 18h, Place de la République, ce soir.
01:16Parce que c'est l'occasion pour vous de mettre la lumière
01:20sur ce phénomène qui concerne combien de migrants ou de sans-abri
01:25ont été déplacés et depuis quand et vers où ?
01:29Écoutez, il faut comprendre qu'en un an avant les Jeux,
01:32nous, de mai 2023 à mai 2024, on a dénombré 12 500 personnes
01:36qui ont été expulsées de leurs lieux de vie précaires,
01:38donc des campements de tentes, des squats, des bidonvilles.
01:40Et parmi elles, il y avait 5 200 personnes qui ont été envoyées vers les SASS.
01:44Ça a été tellement intense, les évacuations de ces dernières semaines,
01:47qu'on n'a pas pu vous donner encore le total en plus de ces 12 500.
01:50Mais rien que la semaine dernière, il y a eu 10 lieux de vie en 4 jours
01:53qui ont été expulsés et ça représente 500 personnes.
01:56Vous dites vers les SASS, c'est-à-dire plus précisément.
01:59De quoi s'agit-il ?
02:01Alors, la France se sera illustrée dans l'histoire olympique
02:04parce qu'en fait, chaque capitale olympique a un système
02:06pour dégager la misère et la cacher sous le papier.
02:08Ça se fait à chaque fois, c'est pour ça.
02:10Chaque ville qui accueille les Jeux olympiques pratique ce nettoyage social.
02:14C'est dans l'ADN des Jeux, il y a le nettoyage social.
02:16On prend les pauvres et on les envoie plus loin.
02:18Alors, il y a des villes qui font plus ou moins bien.
02:20Mais là, Paris, on se sera illustré par ce système.
02:22On prend les populations migrantes sans-abri dans les rues de Paris
02:25et on leur propose d'aller dans des SASS.
02:27Donc, c'est des lieux où ils sont pris en charge 3 semaines.
02:29C'est dans 10 villes de France, près de Strasbourg, de Toulouse, de Bordeaux, de Marseille.
02:33Après 3 semaines, il y en a 40% qui sont pris en charge
02:35et les autres, ils finissent à la rue ou au 115.
02:37Et donc, ils deviennent SDF dans des plus petites villes
02:39où ils ont beaucoup moins de supports communautaires
02:41et d'associations pour les aider.
02:43Alors, vous dites qu'on leur propose.
02:45Ça veut dire, un, qu'il n'y a pas d'obligation.
02:47Deux, qu'on leur propose quand même un relogement.
02:49Et que trois, ça se fait dans un cadre légal.
02:53Alors, bon, ça se fait dans un cadre légal
02:55mais il y a des évictions où on ne leur propose rien
02:57et où les gens sont réveillés la nuit, parfois avec des violences
02:59et ils doivent juste partir et disparaître.
03:01Et après, on leur propose.
03:03Mais en fait, ce qu'on dit aux gens, il y a des gens, ils avaient trouvé des bâtiments abandonnés
03:05qui, aujourd'hui, sont gardés par des compagnies de sécurité entourées de barbelés.
03:09Et on leur dit, soit tu montes dans ce bus
03:11vers une solution de 3 semaines et tu perds ton travail,
03:13la scolarisation de tes enfants en Ile-de-France
03:15et ton suivi médical.
03:17Soit tu vas à la rue.
03:19Donc, c'est une proposition, mais c'est un volontariat un peu orienté,
03:21si vous voyez ce que je veux dire.
03:23Et on ne leur fait pas d'autres propositions
03:25ensuite de relogement
03:27pour la suite de logements sociaux
03:29ou autres ?
03:31Il y en a pour qui c'est le cas.
03:33C'est 40% des gens.
03:35Mais tous les autres, ils sont envoyés vers l'hébergement d'urgence.
03:37Et donc, après, vous avez des maires
03:39qui disent, mais attendez, c'est dingue.
03:41Moi, maintenant, j'ai un afflux de personnes sans-abri
03:43qui appellent le 115 dans ma ville
03:45qui n'ont pas un sentiment plus pour s'occuper de ces personnes.
03:47Et donc, elles se retrouvent dans nos rues.
03:49Et c'est en effet complètement indigne de la France de traiter les personnes de cette manière.
03:51Je comprends.
03:53Mais je vais peut-être me faire l'avocat du diable.
03:55Si 40% bénéficient à ce moment-là
03:57d'un relogement
03:59dans le cadre d'un logement social,
04:01c'est mieux que rien.
04:03C'est-à-dire que c'est mieux que si on n'avait rien fait, non ?
04:05Bien sûr, c'est mieux que rien.
04:07Mais ces 40%, déjà, ils ne finissent pas dans des logements sociaux.
04:09Ils finissent dans des centres d'accueil des demandeurs d'asile.
04:11Donc, ça reste des solutions temporaires
04:13de quelques mois à le temps de leur demande.
04:15Ce n'est pas du tout des solutions pérennes sur plusieurs années.
04:17Et c'est des périodes où, en fait,
04:19ils ne sont pas forcément très accompagnés.
04:21On ne leur donne pas le droit de travailler.
04:23Moi, j'ai rencontré quelqu'un sous le pont d'Eustin il y a deux semaines.
04:25Il avait été envoyé dans un tout petit village près de Bordeaux.
04:27Personne ne parlait sa langue. Il ne pouvait rien faire.
04:29Et donc, il a décompensé psychiquement
04:31parce qu'il était complètement isolé.
04:33Et donc, il est revenu à Paris pour survivre avec sa communauté.
04:35Quand vous dites qu'il a décompensé psychiquement,
04:37c'est-à-dire qu'il a perdu ses moyens psychologiques ?
04:39Il a perdu ses repères.
04:41En fait, nous, on voit beaucoup de personnes en consultation
04:43qui tiennent parce qu'il y a la violence du départ.
04:45Par exemple, la guerre civile au Soudan.
04:47Il y a la violence de la traversée de la Libye, de la Méditerranée.
04:49Quand ils arrivent ici, il y a la violence de la rue.
04:51Et en fait, des fois, quand ils obtiennent soit leur papier
04:53ou une solution d'hébergement,
04:55ils déposent leur valise physique mais aussi psychique
04:57et des fois, ils pètent les plombs.
04:59Donc, nous, on pense qu'on aurait pu faire beaucoup mieux.
05:01Là, Paris 2024, ça a quand même été une grosse machine
05:03à exclure majoritairement.
05:05Exclusion temporaire,
05:07c'est-à-dire que
05:09qu'est-ce qui va se passer à la fin des Jeux ?
05:11Ce qu'il faut comprendre,
05:13et c'est ce qu'on va montrer à 13h au pont de Stein,
05:15c'est qu'il y a plein de ces endroits qui, maintenant,
05:17sont en fait organisés
05:19pour que les personnes ne puissent plus jamais revenir.
05:21Il y a des endroits où, sous des arches, on a bâti un mur de ciment.
05:23Il y a des endroits quai de Gemap
05:25où on a mis des tables de pique-nique pour les touristes.
05:27Moi, là, je suis Galerie de Lourdes qui vont mettre une station de Vélib
05:29et il y a déjà des grilles et des barbelés
05:31pour empêcher les gens de revenir.
05:33Et au pont de Stein, c'est d'énormes blocs de ciment.
05:35C'est le véritable héritage antisocial de ces Jeux.
05:37Nous, il faut bien comprendre, on ne souhaite pas que les gens soient dehors.
05:39Personne ne souhaite ça.
05:41Mais quand ils sont dehors, dans Paris, ils sont plus proches
05:43de services sociaux et de pouvoir se faire soigner
05:45et de se réinsérer. Mais là, après les Jeux,
05:47ces gens, s'ils veulent revenir dans les endroits
05:49où ils survivaient avant, faute de mieux,
05:51ce ne sera pas possible. Ils seront renvoyés toujours plus loin,
05:53plus loin, plus loin.
05:55Ça veut dire que c'est déjà trop tard,
05:57d'autant que les Jeux ont déjà commencé.
05:59J'ai envie de dire,
06:01est-ce qu'il n'aurait pas fallu
06:03se mobiliser plus tôt ? J'imagine que vous allez me dire
06:05qu'on l'a fait.
06:07Non, en fait, vous avez raison.
06:09Nous, on a commencé à se mobiliser en octobre et c'était bien
06:11trop tard. Et notre message
06:13à tous les gens qui vont suivre les Jeux
06:15dans d'autres pays, ce sera de se mobiliser vraiment
06:17des années en avance, au moins deux ans, trois ans en avance,
06:19parce que là, c'est trop tard. Ils ont vraiment fait
06:21un nettoyage social en deux temps. Pendant
06:23une année, on envoie vers les SASS, on envoie
06:25en région et on disperse loin. Et là, depuis
06:27dix jours, ils ont ouvert des places temporaires
06:29de 30 jours en Ile-de-France. Et moi, à ce jour,
06:31avec mon équipe de maraude, on ne sait pas où marauder
06:33parce qu'on ne trouve plus les personnes. Donc, bravo,
06:35les autorités ont réussi leur coup.
06:37Et on a commencé comme ça. Ça se fait
06:39dans toutes les villes qui accueillent les Jeux.
06:41Il y a une part de logique
06:43puisque c'est aussi la volonté de montrer au monde
06:45son meilleur visage.
06:47C'est ça. Mais en fait, ce qui est regrettable, c'est
06:49que nous, on est quand même la France. On est quand même
06:51le pays des droits de l'homme. Et qu'on a prévenu
06:53quand même, et on aurait aimé montrer notre
06:55meilleur visage, que ce soit celui de la solidarité.
06:57On a mis 1,4 milliard pour
06:59dépolluer la Seine. On aurait pu mettre quelques
07:01millions pour quand même mieux prendre en charge les personnes.
07:03Ou alors que les autorités soient
07:05honnêtes et qu'elles disent, oui, oui, on va nettoyer
07:07les rues et on va dégager les gens. Mais là,
07:09il y a toute une communication sur l'héritage social
07:11et sur une société plus inclusive grâce
07:13aux Jeux qui est complètement hypocrite.
07:15Merci d'avoir été sur RTL
07:17pour mettre la lumière
07:19sur ce nettoyage social
07:21qui a concerné plus de
07:2312 000 personnes, vous nous l'avez dit,
07:25en tout cas, selon vos calculs,
07:27du collectif
07:29le revers de la médaille dont vous êtes
07:31le porte-parole. Merci beaucoup, Paul
07:33Allosy. Mais évidemment, les Jeux, c'est
07:35aussi la fête, c'est aussi la
07:37cérémonie d'ouverture qui s'annonce
07:39absolument grandiose,
07:41exceptionnelle, du jamais vu.
07:43Ce sera absolument historique
07:45le long de la Seine.
07:47Et chaque heure qui passe, on en sait plus.
07:49Alors, on va vous donner nos
07:51toutes dernières infos. Tout d'abord,
07:53sur le terrain, parce qu'on y est, sur les quais de Seine.
07:55Et je peux vous dire que ça bouge.
07:57Et ensuite, avec Stephen Bellery, qui sait tout,
07:59presque. A tout de suite.

Recommandations