• il y a 7 mois
Quelle réponse politique apporter aux faits divers qui font la Une de l'actualité depuis plusieurs jours ? Les agressions de Samara à Montpellier, de Shemseddine à Viry-Chatillon, la mort de Philippe à Grande-Synthe... Et si c'était le couvre-feu ? C'est en tout cas la proposition de plusieurs maires. Après Robert Ménard à Béziers, Christian Estrosi annonce vouloir réinstaurer lui aussi un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans sa ville de Nice. Pour en parler dans RTL Midi, David Lisnard, maire Les Républicains de Cannes et le président de l'AMF, l'Association des maires de France.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 23 avril 2024

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Transcription
00:00 Céline Landreau, Eric Brunet, RTL Midi.
00:04 Mesdames, Messieurs, quelle réponse politique apporter à ces faits divers qui font la une de l'actualité depuis plusieurs jours ?
00:11 Je parle des agressions de Samara à Montpellier, de Shem Sedin à Virichatillon, la mort de Philippe par exemple à Grande-Synthe.
00:19 Et si la réponse à tout cela était le couvre-feu ?
00:23 C'est en tout cas la proposition de plusieurs maires. Après Robert Ménard à Béziers, Christian Estrosi annonce vouloir lui aussi réinstaurer un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans sa ville de Nice.
00:34 Bonjour David Lissnard.
00:35 Bonjour.
00:36 Vous êtes le maire les Républicains de Cannes et président de l'AMF, l'Association des maires de France. Ils ont trouvé la bonne réponse vos collègues ?
00:44 Alors ces couvre-feux si vous voulez sont pris régulièrement dans beaucoup de communes en France, notamment en période estivale.
00:50 Et ça peut être une partie de la réponse. C'est une réponse pragmatique à des situations circonstanciées.
00:57 C'est-à-dire que ces arrêtés doivent correspondre à des réalités locales. Ils sont de la libre appréciation du maire et ils doivent répondre à un certain nombre de conditions.
01:06 Il faut que ce soit proportionné. Il ne peut pas y avoir de mesures générales et absolues. C'est le principe du droit.
01:12 Mais le problème de cette violence des mineurs que pour ma part je dénonce depuis très longtemps, j'ai fait des tribunes pour alerter il y a déjà 4 ou 5 ans,
01:20 que l'on retrouve partout maintenant dans les grandes villes mais aussi dans la ruralité, tant qu'on n'aura pas un réseau concret d'établissements spécialisés
01:30 qui soient vraiment fermés, c'est-à-dire des maisons d'endressement pour ces mineurs délinquants, parce qu'on est bien au-delà des faits divers, pour reprendre votre terme,
01:38 il y a une intensification de la violence prodiguée par les mineurs, il y a la présence de mineurs systématiques sur les points de deal, moi je le vois dans ma commune.
01:48 Donc c'est une somme de mesures à la fois économiques sur les parents, sur les familles, mais aussi comme le propose le Dr Berger et comme on le propose à Nouvelle Énergie depuis longtemps,
01:59 d'avoir des mesures de privation de liberté immédiate, c'est pas la prison, c'est autre chose, c'est pour des mineurs, ça permettra de protéger la société,
02:08 mais ça permettra aussi de sauver des gamins qui ont besoin de discipline.
02:12 Mais alors leur interdire d'être dans la rue à partir de 23h, c'est un début de solution pour lutter contre l'insécurité selon vous ?
02:19 C'est une partie d'une solution dans des circonstances locales, évidemment, mais encore ensuite, faut-il avoir les moyens de faire exécuter les décisions.
02:29 Donc les maires qui prennent ces mesures, ils estiment qu'ils ont les moyens de les faire respecter, et puis ils adressent aussi un signal aux parents.
02:36 Donc c'est pertinent dans un certain cas de figure, mais le problème de la délinquance des mineurs, il nécessitera une mobilisation beaucoup plus forte de la part de l'État,
02:48 et en particulier au-delà des postures et des effets d'annonce, que dans les moyens d'exécution des choses.
02:55 Alors les moyens justement ?
02:57 C'est très important, pardonnez-moi, mais on est dans un pays qui a le record du monde de la dépense publique, et pourtant on a une pénurie de ce qui est essentiel.
03:05 Et en particulier, la doctrine pénale, notamment sur les mineurs, elle s'adapte à la pénurie d'établissements pour les enfermer,
03:13 et des maisons de redressement comme on disait à l'époque.
03:17 Et 58% des mesures de privation de liberté ne sont pas appliquées pour les mineurs.
03:22 Donc il y a un problème majeur d'exécution des peines.
03:25 Alors David Lysnard, justement maire de Cannes, je le rappelle, est président de l'association des maires de France.
03:30 Vous parlez des moyens pour faire respecter ces couvre-feu 23h pour les mineurs.
03:34 Très bien, mais j'ai le sentiment que finalement ces couvre-feu, il ne serait possible que dans les villes qui ont des polices municipales.
03:42 Parce que qui va contrôler que ces mineurs, que ces gamins de moins de 13 ans, ne traînent pas dans les rues après 23h ?
03:50 Lorsqu'un arrêté est pris par le maire de couvre-feu, à condition qu'il ne soit pas annulé par le tribunal administratif,
03:56 puisqu'il y a des associations qui sont spécialisées pour empêcher l'ordre de revenir, je pense à la Ligue des droits de l'homme notamment ou à d'autres,
04:03 ces arrêtés sont transmis pour exécution à la police nationale et à la police municipale.
04:08 Donc la police nationale ou la gendarmerie nationale, si on est en zone rurale, doit être en mesure de faire appliquer des arrêtés.
04:14 Mais ça c'est la théorie. Pour que la pratique soit appliquée, encore faut-il qu'il y ait des patrouilles de police.
04:20 Or, en zone police, j'en sais quelque chose dans ma commune, on a quasiment plus de, la nuit notamment les week-ends, de patrouilles de police nationale.
04:29 On en a plus assez. C'est tout le paradoxe, je le répète, de ce pays qui n'a jamais autant dépensé d'argent et qui est défaillant sur ses fonctions régaliennes.
04:36 Mais c'est lié à d'autres sujets.
04:37 C'est quoi le risque si on ne respecte pas ce couvre-feu ? C'est l'amende que les parents doivent payer ? C'est pour ça aussi que c'est dissuasif pour les parents ?
04:43 Oui, c'est une amende, c'est le fait que le mineur peut être amené chez lui.
04:49 C'est un outil qui peut être intéressant mais qui ne réglera pas structurellement le problème.
04:55 Mais moi je comprends complètement les mères qui en ont assez de voir des gamins faire du deal ou agresser d'autres gamins à minuit.
05:03 Et donc si c'était le cas dans ma commune, je prendrais un tel arrêté aussi pour stimuler l'action publique.
05:09 Vous y pensez ?
05:10 Oui, mais on a déjà pris des mesures similaires dans le passé.
05:13 Elles doivent être circonstanciées, justifiées et éphémères. Autrement elles sont entachées d'illégalité.
05:20 Revenons sur l'efficacité supposée de ces mesures.
05:23 Parce que dans les affaires dont on a parlé, chez Paris HMC, Dines, Samara, Philippe à Grande-Synthe, la plupart du temps les mises en cause ont plus de 13 ans.
05:32 Alors est-ce que ces couvre-feu, qui visent le plus souvent les moins de 13 ans,
05:36 constituerait vraiment la réponse politique à ce sujet de grande délinquance ou de violence ?
05:44 Si vous voulez, il n'y a pas que les faits que vous évoquiez tout à l'heure qui ont été médiatisés.
05:49 Il y a quand même un quotidien de mineurs qui tiennent des points de deal.
05:55 C'est vrai partout maintenant.
05:57 Et c'est quand même un sujet de société majeure.
06:00 Avec des rémunérations mensuelles qui vont à 4000 euros par mois.
06:05 Et avec la complicité parfois des parents.
06:07 Donc le sujet il est vaste.
06:10 Mais ce sont aux maires de gérer ça aujourd'hui ?
06:12 Mais il y a aussi des conflits entre bandes.
06:15 Il y a eu des bagarres, la dernière dans ma commune, entre bandes qui essayaient de s'installer pour tenir les points de deal.
06:20 Mais ce sont aux maires aujourd'hui de gérer ça.
06:22 On voit qu'à pointe à pitre c'est l'État qui a pris la décision d'instaurer le couvre-feu.
06:26 Si vous voulez c'est une très bonne question.
06:28 L'État a été inventé pour protéger la nation.
06:31 C'est ce qu'on appelle les fonctions régaliennes.
06:33 Sauf qu'un maire c'est un praticien, c'est un pragmatique.
06:36 C'est un habitant qui est mandaté par les habitants pour essayer de régler les problèmes.
06:39 Et comme on voit la carence de l'ordre régalien partout aujourd'hui, y compris dans la ruralité.
06:45 Et bien de façon pragmatique, on essaie dans la mesure des moyens qui sont les nôtres en tant que maire.
06:51 On a très peu de moyens, on n'a pas l'autorité judiciaire.
06:53 On n'a pas le pouvoir d'enquête.
06:55 Mais de prendre des mesures qui vont stimuler l'action publique, stimuler aussi la tension médiatique.
07:01 La preuve, on fait cette interview par les initiatives des maires.
07:04 Donc c'est une façon aussi d'alerter et de provoquer une réaction contre ce fléau de la délinquance des mineurs.
07:12 Merci beaucoup David Lissnard, maire de Cannes, maire les Républicains on le rappelle, et président également de l'AMF, l'Association des maires de France.
07:20 Merci d'avoir réagi dans RTL Midi.
07:22 Nous en viendrons d'ailleurs dans ce sujet, les auditeurs ont la parole.
07:25 Après votre interview, l'interview "Que vous ferez-vous ?" de Mathieu Vallée, candidat de la liste de Jordane Bardella, RN,
07:32 vers 13h40 nous parlerons de ce sujet "Faut-il un couvre-feu ?"
07:36 Une extension de ce principe du couvre-feu pour les mineurs dans toutes les grandes villes, ou dans toutes les villes où il y a des problèmes.
07:41 30/20, on en parle dans un instant.
07:43 Il faut que je vous dise que dans un instant justement, on va parler des vieilles charrues.
07:47 Ce festival mythique dans le Finistère Sud qui est menacé.
07:50 Il y a une guerre ouverte à Carré entre les organisateurs du festival des vieilles charrues et la mairie de Carré.
07:55 A tout de suite.
07:56 RTL midi, Céline Landreau

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