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Écoutez "On refait le monde" avec Jean-Paul Jeandon, maire socialiste de Cergy et président de l'agglomération de Cergy-Pontoise, Dominique Reynié, professeur à Sciences Po, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), et Luc Chatel, auteur de "Qui veut la peau des maires de France ?" aux éditions Le Cherche midi.
Au programme :
- Les maires en colère, nouveaux gilets jaunes ?
- Budget 2025 : l'étranglement financier des maires de France
- Maire : un élu "à portée de baffe" ?
- Qui veut encore être maire aujourd'hui ?
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 20 novembre 2024.

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Transcription
00:00On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:03Il est 19h15, bienvenue à vous tous qui nous rejoignez.
00:06Il n'y a pas que les agriculteurs qui sont en colère,
00:09il y a aussi les maires.
00:10Ils sont actuellement réunis en congrès à Paris
00:12et le malaise est visiblement profond.
00:13J'ai dit récemment qu'il fallait faire attention
00:15à ce que les prochains gilets jaunes
00:16ne soient pas en écharpe tricolore,
00:17pour une raison toute simple.
00:18Il y a un millefeuille indigeste,
00:20ce n'est pas nous qui l'avons voulu,
00:21ce sont des lois, les mêmes technos
00:22qui nous font la leçon aujourd'hui,
00:23qui nous ont imposé toutes ces contraintes,
00:25ces imbrications de compétences,
00:27ce maelstrom juridico-administratif.
00:30Nos maires pourraient-ils devenir
00:31les prochains gilets jaunes,
00:32comme l'affirme le maire de Cannes,
00:33David Lysnard,
00:34par ailleurs président
00:35de l'Association des maires de France ?
00:37Pourquoi cette colère,
00:38voire ce désespoir parfois ?
00:39Et d'ailleurs,
00:40qui veut encore être maire aujourd'hui ?
00:42Ce soir dans On refait le monde,
00:43on va se poser toutes ces questions avec vous,
00:45Jean-Paul Jeandon,
00:46maire socialiste de Cergy
00:48et président de l'agglomération
00:49de Cergy-Pontoise.
00:50Près de 70 000 habitants,
00:51je le précise.
00:52Luc Châtel,
00:53élu enseignant à Sciences Po Lyon.
00:55Vous avez travaillé à la mairie
00:56de la Talaudière,
00:57dans la Loire.
00:58Et votre livre
00:59Qui veut la peau des maires ?
01:00est paru aux éditions du Cherche-Midi.
01:01Soyez le bienvenu.
01:02Et puis nous sommes rejoints aussi
01:03par Dominique Reynier,
01:04professeur à Sciences Po,
01:05directeur général de la fondation
01:06pour l'innovation politique
01:07La Fonde à Pôle.
01:08Bienvenue, Dominique Reynier.
01:10Nos maires coincés
01:11entre le marteau budgétaire
01:12et l'enclume administrative.
01:14Est-ce qu'il ne faudrait pas
01:15oublier les exigences
01:16toujours plus grandes
01:17des administrés,
01:18les insultes
01:19et les agressions,
01:20des incivilités
01:21qui vont avec ?
01:22Jean-Paul Jeandon,
01:23vous êtes donc maire de Cergy.
01:24Cette violence
01:25qui monte contre les élus,
01:26est-ce que vous la subissez
01:27vous aussi ?
01:28Ou est-ce que vous y êtes
01:29confronté de temps à autre ?
01:31Alors la violence,
01:32elle existe.
01:33Elle a progressé énormément
01:34et on en parlait tout à l'heure
01:36après le Covid.
01:38C'est un vrai sujet.
01:40Et globalement,
01:41cette violence,
01:42elle prend plusieurs formes.
01:43Agression physique,
01:45agression contre la famille.
01:48Sur les réseaux sociaux,
01:49je ne parle pas
01:50de toutes les insultes
01:51que les maires peuvent recevoir.
01:52Et donc,
01:53on est dans une tension
01:54qui est de plus en plus forte.
01:55Et c'est vrai
01:56que la question qui va se poser
01:57très vite,
01:58c'est que les maires se disent
01:59mais pourquoi
02:00être en 2026 candidat ?
02:03Parce que le bilan
02:04que je tire de ce mandat
02:06de 2020,
02:07c'est le mandat le plus dur
02:08que nous avons connu.
02:09C'est-à-dire qu'on a eu
02:10le Covid,
02:11on a eu après l'inflation,
02:13la crise énergétique.
02:15Et là aujourd'hui,
02:16on nous explique
02:17qu'on va nous supprimer
02:185 milliards.
02:19Nous, on a calculé
02:20pas 5 milliards,
02:21c'est entre 9 et 11 milliards.
02:22Je vais revenir sur ces 5 milliards,
02:23c'est promis,
02:24soyez tranquilles.
02:25Vous nous dites en fait
02:26que ça n'a...
02:27En tout cas,
02:28de votre point de vue,
02:29ça n'a jamais été aussi difficile.
02:30Ça n'a jamais été aussi difficile.
02:31Luc Châtel,
02:32vous avez enquêté
02:33pendant plus d'un an
02:34sur le quotidien
02:35de nos élus.
02:36Cette dégradation
02:37des relations entre le maire
02:38et le citoyen,
02:39vous l'avez observée
02:40dans toute la France ?
02:41Oui, oui, oui,
02:42elle s'observe partout.
02:43Le constat qui vient d'être fait
02:44est vraiment celui
02:45que font tous les maires.
02:46Et c'est vrai
02:47que ce qui est particulièrement
02:49difficile,
02:50c'est pour les maires
02:51des petites communes.
02:52D'ailleurs,
02:53si on peut redonner
02:54un peu des chiffres,
02:5597% des communes françaises
02:57sont des villes
02:58de moins de 10 000 habitants.
02:59C'est-à-dire que sur
03:0035 000 communes,
03:01vous en avez 34 000
03:02qui sont des villes
03:03de moins de 10 000 habitants.
03:04Et la moitié des communes françaises
03:05sont des communes
03:06de moins de 500 habitants.
03:07Donc c'est vrai
03:08que quand on parle
03:09des villes françaises...
03:10Oui,
03:11ça inclut évidemment
03:12et surtout
03:13des communes rurales ?
03:14C'est quasiment essentiellement
03:15des petites communes.
03:16Alors rurales ou périodiques...
03:17Pas forcément rurales.
03:19Dans une petite commune,
03:20est connue
03:21de tous les habitants.
03:22Il est apporté de baffes.
03:23C'est l'expression
03:24qui revient très souvent.
03:25Et c'est vrai que
03:26ce qui monte,
03:27c'est à la fois
03:28des agressions physiques
03:29violentes.
03:30J'en répertorie beaucoup
03:31dans mon livre
03:32qui sont vraiment très impressionnantes
03:33avec des tentatives de meurtre,
03:34des voitures trafiquées...
03:35D'écrivez-nous
03:36parce que je pense que
03:37nos auditeurs sont très loin
03:38d'imaginer ça.
03:39Des voitures,
03:40on coupe les freins...
03:41Donc c'est des tentatives de meurtre
03:42quand on coupe les freins
03:43d'une voiture.
03:44On sait très clairement
03:45ce qui va se passer.
03:47Et ça,
03:48beaucoup
03:49dans des petites communes...
03:51C'est quoi ?
03:52Ce sont des règlements de compte ?
03:53C'est une remise en cause
03:54de l'autorité ?
03:55C'est une aigreur générale ?
03:57C'est un peu toutes les causes.
03:59Mais en fait,
04:00ce qui revient très souvent,
04:01c'est...
04:02Donc moi,
04:03j'ai appelé ça
04:04des citoyens consommateurs.
04:05C'est des gens
04:06qui sont frustrés
04:07de ne pas avoir
04:08de réponse tout de suite
04:09à leur demande.
04:10C'est tout tout de suite.
04:11Et tout pour moi.
04:12Un des maires m'a dit ça.
04:13Tout tout de suite
04:14et tout pour moi.
04:15Et donc,
04:16ce qui revient souvent,
04:17c'est des feux sauvages.
04:18On fait un feu sauvage
04:19pour faire disparaître
04:20ses affaires.
04:21On veut agrandir
04:22un peu sa maison,
04:23faire un cabanon
04:24dans le jardin.
04:25Donc le maire
04:26ou le médecin explique
04:27que ce n'est pas possible.
04:28Et tout à coup,
04:29la voiture,
04:30beaucoup...
04:31Quelqu'un qui fonce
04:32au milieu d'une place
04:33d'un village,
04:34le maire l'arrête,
04:35lui dit attention,
04:36il y a des enfants.
04:37Et là, ça dégénère
04:38et c'est l'agression physique.
04:39Il y en a un,
04:40il y a quelques semaines,
04:41qui s'est fait rouler dessus
04:42dans le Nord.
04:43Il a tenté de l'étrangler
04:44plutôt que de comprendre
04:45quel pouvait être le danger.
04:46Donc,
04:47c'est beaucoup ça
04:48qui revient.
04:49C'est-à-dire,
04:50beaucoup de réclamations
04:51qui concernent
04:52son propre intérêt particulier
04:53et très souvent utilitariste.
04:54C'est vraiment
04:55sur des questions matérielles.
04:56Si vous voulez,
04:57on n'est pas sur
04:58des grands débats
04:59idéologiques,
05:00politiques
05:01ou même sur des débats
05:02autour de projets.
05:03Ça arrive
05:04qu'autour de projets municipaux
05:05il y ait ensuite
05:06des agressions.
05:07Mais dans l'essentiel,
05:08on n'est pas là-dessus.
05:09On est vraiment sur
05:10de l'individualisme
05:11pur et dur
05:12et avec
05:13une incapacité
05:14à être insatisfait.
05:15Si le maire dit non,
05:16on n'attend pas l'explication.
05:17Tout de suite,
05:18on frappe en agresse.
05:19Je vous voyais sourire
05:20monsieur le maire.
05:21Je vais vous donner
05:22juste un chiffre.
05:232 400 maires
05:24ont démissionné
05:25depuis 2020.
05:26C'est-à-dire,
05:27en forte augmentation.
05:28Et on a 57 000
05:29conseillers municipaux
05:30qui ont démissionné
05:31depuis 2020.
05:32Donc,
05:33c'est la traduction
05:34concrète
05:35de ce qui vient d'être dit.
05:36C'est-à-dire,
05:37une exaspération.
05:38Vous n'avez jamais connu
05:39ces chiffres-là ?
05:40Non.
05:41Donc,
05:42la vraie question,
05:43c'est la démocratie
05:44qui quelque part
05:45peut être en danger.
05:46Démocratie locale.
05:47Si globalement,
05:48il n'y a plus de candidats
05:49en 2026.
05:50Moi,
05:51quand les maires
05:52me racontent ça,
05:53je leur dis
05:54vous n'avez pas envie
05:55de démissionner.
05:56Ils me disent si,
05:57mais pas pour ces raisons.
05:58Ce qui est étonnant,
05:59c'est que les agressions
06:00physiques,
06:01d'ailleurs,
06:02beaucoup les intègrent
06:03et beaucoup ne déposent
06:04pas plainte.
06:05Ce qui revient le plus souvent,
06:06c'est l'attitude de l'État
06:07qui le plus souvent
06:08pousse les maires
06:09parce qu'ils se sentent
06:10obligatifs pour affronter
06:11ces violences physiques,
06:12mais quand ils ont besoin
06:13d'aide,
06:14ils se sentent abandonnés.
06:15Oui, il n'y a personne
06:16d'une certaine façon.
06:17En tout cas,
06:18ils le perçoivent comme tel.
06:19Dominique Reynier,
06:20depuis des années,
06:21on avait cette idée
06:22un peu peut-être idéalisée
06:23que le maire était
06:24l'élu
06:25que tous les Français
06:26préfèrent.
06:27C'est fini ?
06:28Il a perdu son capital
06:29de sympathie ?
06:30Comment l'expliquez-vous ?
06:31Ce n'est pas fini.
06:32Le maire reste l'élu
06:34que les Français préfèrent.
06:36Ça se dégrade,
06:37mais ça demeure.
06:40Ce que nous disent
06:42vos invités, Yves Calvi,
06:44c'est qu'on est maintenant
06:46en train de voir
06:47se déliter,
06:48se défaire
06:49ce qui constitue
06:51la base,
06:52l'unité
06:53la plus fondamentale,
06:56non seulement
06:57de la République,
06:58mais aussi de la France,
06:59du pays.
07:00Nous avons
07:01une République
07:02qui est communale.
07:03La cellule de base,
07:05c'est la commune.
07:06C'est quasiment
07:07de la démocratie directe,
07:08de la civilité.
07:09Parce qu'on connaît le maire,
07:10on peut lui parler
07:11et quand on va voter,
07:12dans la plupart des mairies,
07:13ça se passe.
07:14Il y a la famille,
07:15puis la mairie.
07:16C'est fondamental.
07:17Moi, c'est ce que j'appelle
07:18la politique à l'œil nu.
07:21Tout ça, tout se voit,
07:22on sait tout.
07:23Et c'est très bien
07:24parce que c'est civique.
07:25Si tout ça s'effondre,
07:28ce qui est quand même
07:29parfois redouté,
07:31nous perdrons presque tout.
07:33On ne peut pas imaginer,
07:35sans être plus loin Yves Calvi,
07:36mais on ne peut pas imaginer
07:37ce qu'appelleraient,
07:39par hypothèse,
07:40le remplacement
07:41de tous ces maires,
07:42par quoi ?
07:43Par rien,
07:44c'est un désastre.
07:45Par de la fonction publique,
07:47c'est une ruine.
07:48Parce que les maires sont très,
07:50c'est terrible à dire,
07:51mais sont très très mal indemnisés.
07:53Et du coup,
07:54il faut un boulot énorme
07:55qu'on ne mesure pas.
07:56Par exemple,
07:57ils peuvent aller chercher
07:58une dame qui est perdue
07:59parce qu'elle a Alzheimer,
08:00ce cas m'a été raconté,
08:01dans les champs.
08:02Et la famille
08:03qui n'habite pas dans la commune
08:04l'appelle en lui disant
08:05« Est-ce que vous pouvez
08:06aller la chercher ? »
08:07Et le maire dit
08:08« Je vais envoyer ma femme,
08:09c'est une histoire vraie,
08:10mais est-ce que vous pouvez
08:11venir la chercher vous ?
08:12C'est quand même votre maman.
08:13Je suis au travail,
08:14je viendrai plus tard. »
08:15Et on trouve la dame
08:16qui est perdue,
08:17en effet.
08:18On la ramène au domicile
08:19du maire
08:20et sa femme s'occupera
08:21de cette dame
08:22jusqu'à ce qu'arrive
08:23la fille qui est plus loin.
08:24C'est ça aussi.
08:25C'est précieux,
08:26c'est inouï,
08:27cet espèce de service
08:28disproportionné
08:29qui nous scandalise.
08:30Excusez-moi,
08:31mais on est au-delà
08:33de la dimension affective
08:34et de proximité
08:35que vous voulez décrire.
08:36En tout cas,
08:37beaucoup de maires,
08:38c'est ça.
08:39Et puis,
08:40j'en profite pour dire,
08:41Yves Calvi,
08:42parce que vous avez commencé
08:43par là,
08:44vous avez parlé de la crise
08:45du monde agricole.
08:46Oui.
08:47Dans la mesure où
08:48Luchette le disait,
08:49ce n'est pas que de la France rurale,
08:50mais c'est beaucoup
08:51la France rurale
08:52et les mers.
08:53La crise agricole
08:54va recouper
08:55la crise des mers.
08:56C'est un phénomène
08:57qui se renforce.
08:58Vous voyez ce que je veux dire ?
08:59Parce que les difficultés
09:00que vont rencontrer
09:01vont percuter sur les mers
09:02qui cherchent à les aider,
09:03qui ne pourront pas vraiment,
09:04qui font ce qu'ils peuvent.
09:05Et tout ça fait
09:06tout un monde
09:07qui est la matrice de ce pays
09:08en train d'être fragilisé.
09:09Nos mers sont-ils devenus
09:10les catalyseurs
09:11de la colère des Français ?
09:12On va continuer
09:13d'en débattre dans un instant.
09:32Hautes Vernatures.
09:33Cinq ans de prison,
09:34dont deux faits,
09:35un me requis contre Pierre Palmade.
09:36Il en en courait 14.
09:37Le comédien est jugé
09:38pour le grave accident de la route
09:39qu'il a provoqué en Seine-et-Marne
09:41sous l'emprise de la cocaïne
09:43en février 2023.
09:44Accident qui a grièvement
09:45blessé trois personnes,
09:46dont une femme enceinte
09:47qui avait perdu son bébé.
09:48L'avocate de Pierre Palmade
09:50demande que les cinq ans de prison
09:52soient assortis
09:53de quatre ans avec sursis.
09:55Blocage levé dans le Tarn-et-Garonne.
09:57La coordination rurale
09:58empêchait les camions
09:59de marchandises
10:00de sortir d'une plateforme logistique
10:02d'intermarché.
10:03Mais l'action continue ce soir
10:05sur la plateforme Leclerc
10:06à Mont-de-Marsan.
10:07La FNSEA,
10:08le syndicat majoritaire,
10:09appelle à reprendre les actions
10:11dès la semaine prochaine
10:12de mardi à jeudi
10:13pour protester contre
10:14le traité de libre-échange
10:16entre l'Union Européenne
10:17et le Mercosur.
10:18Et puis au conseil
10:19de sécurité de l'ONU,
10:20les Etats-Unis opposent
10:21leurs droits de veto.
10:22Un appel au cessez-le-feu immédiat,
10:24inconditionnel et permanent
10:25à Gaza.
10:26Veto qui encourage Israël
10:28à poursuivre
10:29ses crimes
10:30selon l'autorité palestinienne.
10:32Merci Aude Vernuccio,
10:33on vous retrouve
10:34pour d'autres informations.
10:35Il sera 20h
10:36et je vous donne un autre rendez-vous
10:37sur l'antenne d'RTL
10:38demain matin à 7h40.
10:39C'est Jean-Pierre Farandou,
10:40le président de la SNCF
10:41qui sera notre invité.
10:48Et on va aborder maintenant
10:49les questions
10:50à caractère financier.
10:51Des efforts,
10:52tous les maires doivent les faire
10:53tous les jours
10:54dans toutes les communes
10:55petites et grandes.
10:56Écoutez, Marie-Jo Doucet,
10:57c'est la maire d'un village
10:58en Berak,
10:59188 habitants.
11:00Aujourd'hui, je me dis,
11:01soit on coupe la lumière
11:02tout le temps,
11:03soit on arrête l'école.
11:04Et puis pour tout ce qui est
11:05du fonctionnement,
11:06c'est le bénévolat
11:07dans la commune.
11:08C'est-à-dire un adjoint
11:09qui passe la tondeuse,
11:10un citoyen qui lui,
11:11va s'occuper
11:12des parterres,
11:13des espaces publics.
11:14Et on nous demande
11:15de faire encore avec moins.
11:16Dominique Crénier,
11:17on se demande
11:18si on ne demande pas trop
11:19à nos maires
11:20et surtout,
11:21de faire toujours plus
11:22avec toujours moins.
11:23Si, c'est exactement
11:24le processus
11:25qui est en route
11:26et qui contraste,
11:27franchement,
11:28je n'aime pas, moi,
11:29avoir de propos vindicatifs
11:30qui apparaîtraient
11:31comme de la polémique gratuite,
11:32mais qui contraste,
11:33franchement,
11:34avec le comportement
11:35de l'État
11:36qui, lui-même,
11:37ne cesse d'expliquer
11:38qu'il ne peut pas
11:39s'occuper
11:40de telle ou telle fonction
11:41et qu'il en charge,
11:42d'ailleurs,
11:43en partie,
11:44les collectivités locales
11:45et puis, de l'autre côté,
11:46ne cesse d'accroître
11:47les moyens
11:48dont il a besoin.
11:49Donc, il y a quand même,
11:50là, un problème
11:51qui devient extrêmement politique
11:52et fondamental.
11:53Vous nous dites quoi,
11:54qu'il y a une sorte
11:55de déséquilibre absolument
11:56ahurissant,
11:57non seulement
11:58dans la perception,
11:59dans la responsabilité,
12:00mais aussi
12:01dans la façon
12:02dont on gère,
12:03tout simplement,
12:04l'argent des Français,
12:05que ce soit à la tête
12:06de l'État
12:07ou dans nos mairies ?
12:08À la tête de l'État,
12:09moi, j'insisterais là-dessus.
12:10Enfin, un exemple,
12:11je cite un fait majeur
12:12qui est la suppression
12:13de la taxe d'habitation
12:14qui consiste à priver
12:15les maires
12:16d'une ressource fondamentale
12:17alors même
12:18qu'on leur demande
12:19d'accomplir
12:20les missions habituelles.
12:21Et je signale,
12:22d'ailleurs,
12:23Yves Calvi, à ce sujet,
12:24que supprimer la taxe d'habitation
12:25est une idée
12:26particulièrement cruelle
12:27parce que c'est,
12:28à mon avis,
12:29peut-être,
12:30tuer le maire
12:31dans sa capacité à agir
12:32avec l'assentiment
12:33des électeurs
12:34qui sont ravis
12:35de ne pas payer
12:36la taxe d'habitation.
12:37Ils ont tort,
12:38ils le verront,
12:39mais ils ne le savent pas maintenant.
12:40Ils se réjouissent
12:41de payer une taxe d'habitation,
12:42une taxe en moins
12:43et, bien sûr,
12:44personne ne manifestera
12:45pour la restaurer.
12:46D'ailleurs, il faut se souvenir
12:47de ce qui s'est passé
12:48quand même
12:49quand la suppression
12:50de la taxe d'habitation
12:51a été annoncée
12:52du ministre des Comptes publics
12:53à l'époque
12:54et c'était une liste
12:55des maires
12:56qu'il avait livré
12:57à la vindicte publique.
12:58C'était la liste
12:59des maires
13:00qui augmentaient
13:01leur taxe d'habitation
13:02mais qui expliquaient aussi
13:03les raisons pour lesquelles
13:04ils le faisaient
13:05et pas juste pour...
13:06Et avec
13:07cet hashtag
13:08« Balance ton maire »
13:09qui avait été lancé
13:10par des militants
13:11du parti présidentiel.
13:12Donc,
13:13si vous voulez,
13:14on est quand même...
13:15C'était tout à fait déplaisant
13:16pour dire les choses.
13:17Ah oui, oui.
13:18Non, mais si vous voulez,
13:19on est...
13:20Les maires se retrouvent
13:21alors à gérer
13:22des communes
13:23Je connais une commune
13:24où on coupe
13:25le chauffage
13:26parce qu'on n'a pas assez
13:27de...
13:28Oui.
13:29Voilà.
13:30Parce qu'on n'a pas assez
13:31de ressources,
13:32de moyens.
13:33Donc, vous avez aussi
13:34une attitude...
13:35C'est ce que disait
13:36un peu Dominique Reynier.
13:37C'est que dans le comportement,
13:38dans l'attitude,
13:39on a quand même
13:40à répétition
13:41et là, les coupes budgétaires
13:42en sont
13:43des preuves de mépris
13:44de l'État
13:45vis-à-vis des maires
13:46et c'est vrai qu'au bout
13:47d'un moment,
13:48c'est vraiment pour ça
13:49qu'ils n'en peuvent plus
13:50en fait.
13:51Concrètement,
13:52l'État a supprimé
13:53la taxe d'habitation
13:54mais il a supprimé aussi
13:55la CVAE.
13:56Donc, c'est ce qu'on avait
13:57au niveau des entreprises.
13:58CVAE ?
13:59La contribution à la valeur
14:00ajoutée des entreprises.
14:01D'accord.
14:02C'est-à-dire que c'était
14:03un impôt de production
14:04dans le débat
14:05qu'on a aujourd'hui
14:06les impôts de production.
14:07Ce qui veut dire
14:08qu'aujourd'hui,
14:09un maire
14:10qui n'a de moins en moins
14:11d'argent,
14:12quel est l'intérêt
14:13à construire des logements
14:14parce que derrière,
14:15il ne peut pas construire
14:16l'école,
14:17il ne peut pas avoir
14:18les crèches ?
14:19Quel est l'intérêt
14:20à réduire les logements
14:21pour pouvoir construire
14:22des logements ?
14:23C'est ce qui veut dire
14:24la distribution
14:25de l'école
14:26dans les quartiers
14:27et l'adaptation
14:28des logements
14:29parce que ça va
14:30durer plus longtemps
14:31que ça au final.
14:32Voilà.
14:33Il faut respecter
14:34les implications
14:35de cette intervention
14:36que vous avez posée
14:37sur le sujet
14:38de la société
14:39que vous avez mentionné.
14:40C'est justement
14:41le cas
14:42pour la société
14:43littéraire.
14:44Il y a une autre question
14:45qui me rend très intéressant
14:46sur le sujet
14:47de la société.
14:48Dans la société,
14:49Ce qui veut dire que ça touche concrètement la vie, la vie des Sergipontins,
14:54des habitants de Sergi, mais quand je discute avec toutes les maires,
14:58toutes les maires en sont là, et c'est assez dramatique,
15:01et ça va toucher toutes les communes, parce que ça ne touche pas uniquement
15:04que les villes qui sont impactées aujourd'hui,
15:08mais le département est impacté, la région est impactée,
15:10le département, il contribue beaucoup, notamment aux communes rurales,
15:15la région également, ce qui veut dire que toutes les villes vont être impactées,
15:18je rappelle juste un chiffre qui est extrêmement important,
15:2070% des investissements publics sont faits par les collectivités locales,
15:25c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est en train de tuer des entreprises
15:29et des emplois à cause des décisions qui sont prises par le gouvernement.
15:33Et monsieur le maire, les mesures que vous évoquiez,
15:35elles sont éventuelles ou vous les avez déjà votées, vous, en Conseil municipal ?
15:38Non, alors on ne peut pas…
15:39Les mesures d'économie ?
15:40Avant, dans une bonne gestion, je votais mon budget en décembre.
15:44Oui.
15:45Maintenant…
15:46Comme un grand garçon.
15:46Comme un grand garçon, comme vous dites.
15:48Maintenant, j'attends la loi de finances parce que personne n'est capable
15:51de me dire aujourd'hui les impacts pour les collectivités locales,
15:54et donc on va voter au mois de mars.
15:56Par contre, on est en train de travailler avec les associations,
15:59on voit les présidents et les présidentes d'associations,
16:01en leur expliquant, attendez votre programmation l'année prochaine, attention…
16:04Et donc vous n'avez plus aucune visibilité ?
16:07Aujourd'hui, aucune visibilité.
16:08Sur l'avenir de votre commune, enfin je suis désolé de le dire aussi brutalement.
16:11On n'a aucune visibilité aujourd'hui.
16:12Si, la visibilité qu'on a prise, elle est simple,
16:14c'est qu'on applique la PLF actuelle, qui n'a pas été votée,
16:17et si on l'applique, c'est les conséquences que je viens de vous donner.
16:20Sur ma ville, j'ai moins de problèmes, mais je discute avec d'autres maires.
16:23La question qu'ils ont, c'est, est-ce qu'on doit faire des crèches ?
16:25Est-ce qu'on ne va pas fermer des crèches ?
16:29Est-ce qu'on ne va pas augmenter la cantine ?
16:31Certains disent, mais dans ces cas-là, la sécurité, on revient au sujet d'avant,
16:35mais finalement, pourquoi on est en train de payer une police municipale,
16:38alors que c'est du domaine de l'État ?
16:40Donc, je pense qu'il va y avoir des remises en cause profondes de politiques publiques
16:47qui étaient aujourd'hui développées par les collectivités locales.
16:50Dans un instant, pardonnez-moi, après la pause, nous entendrons un autre maire.
16:55Yves Calvi, on refait le monde sur RTL.
16:59RTL soir, on refait le monde avec Yves Calvi.
17:03Et nous débattons autour de l'activité de nos maires ce soir sur RTL, il est 19h39.
17:09On va parler finances maintenant.
17:11Nous sommes en ligne avec le maire de Varennes-Jarcy dans l'Essonne, Bruno Bézot.
17:14Bonsoir M. Bézot, merci beaucoup de nous rejoindre.
17:17Vous avez un exemple très précis de ces réglementations,
17:19parfois délirantes, qui rendent la vie des maires si difficile.
17:22Et ensuite, je vous poserai des questions justement sur la question des finances.
17:27– Déjà, merci M. Calvi, parce qu'on se sent moins seul
17:31quand on écoute tous les avis des différents maires.
17:34Et en fait, on s'aperçoit qu'on a tous les mêmes problématiques.
17:36– Oui, ça ne m'étonne pas.
17:38Je vais vous prendre simplement l'exemple, une petite commune de 2 500 habitants,
17:43on paye un fonds de solidarité de 200 000 euros pour aider les autres communes.
17:49On nous demande de faire des logements sociaux, ce qui est très bien.
17:54Si là, nous n'arrivons pas encore à la totalité de nos logements,
17:57nous avons 80 000 euros à payer d'amende,
18:01parce que nous ne sommes pas arrivés au quota imposé.
18:04Mais en même temps, nous n'avons pas les finances pour pouvoir agrandir nos écoles.
18:09Donc en fait, l'État nous disait,
18:13les maires, on va vous laisser beaucoup plus de liberté sur la gestion.
18:16– Ce n'est pas le cas du tout.
18:17– Et en fait, ce n'est pas ça du tout.
18:19En fait, ils gèrent carrément notre politique de la ville.
18:26– Et expliquez-nous ces réglementations parfois, qu'on dit délirantes,
18:29qui rendent la vie de nos maires si difficile.
18:32Alors au-delà de la question de l'argent qu'on abordait il y a quelques instants avec vous.
18:35– Simplement, on va prendre par exemple sur l'urbanisme.
18:40On a demandé aux communes de gérer l'urbanisme de la commune.
18:44Et en fait, on s'aperçoit que l'État crée des services
18:47pour contrôler notre urbanisme.
18:51Et ça découle qu'on se retrouve avec bloquer des constructions sur du privé,
18:59par contre de nous imposer ces parties de logement social.
19:02Et nous demander en même temps des études d'impact
19:06pour voir comment ça se gère au niveau de la commune
19:11et qui nous coûtent des études entre 15 et 25 000 euros,
19:15aussi bien pour une commune comme les nôtres.
19:17– Mais par exemple, pour un ralentisseur dans votre commune,
19:20vous êtes obligé d'aller voir le responsable de l'État ?
19:25– C'est presque ça, pour simplement, je vous dis, une route de 400 mètres de long,
19:31ça va faire plus d'un an qu'on est avec les services de l'État
19:33et qu'ils nous demandent différentes études alors que ça a été voté au PLU
19:38et soumis à l'État, où on avait eu les accords.
19:42– Mais pardonnez-moi, pour installer un ralentisseur,
19:44ce que vous venez de nous décrire peut être mis en place ?
19:47– Tout à fait, en fait, on pourrait très bien voir l'État qui vient nous voir
19:53en nous disant, attendez, le ralentisseur ici n'est pas bien placé,
19:56il peut être dangereux, en fait, c'est vrai que sur pas mal de choses,
20:01en fait, ils ont le contrôle, enfin, à chaque fois,
20:03on nous demande des impacts que ça peut avoir au niveau de nos communes, donc d'écho.
20:08– Merci beaucoup d'avoir pris la parole Bruno Bézot,
20:10moi, excusez-moi, mais depuis le début de cette émission, Dominique Rényi,
20:12j'ai l'impression que l'État traite le maire comme un élu,
20:15qui ne serait pas un élu adulte, ou alors comme une sorte de technicien ?
20:21– Non, absolument, c'est frappant, l'évolution de la fonction de maire
20:26vue par les exigences croissantes de l'État,
20:28et très contradictoire, comme on l'a entendu à votre micro Yves Calvi,
20:32donne ce résultat, c'est-à-dire que les maires sont de plus en plus tenus
20:37à exécuter des fonctions décidées par l'État,
20:41qui surveillent la bonne exécution des fonctions décidées par l'État,
20:45et si on imagine ce processus qui est réel, ça veut dire que les électeurs
20:51sont de moins en moins les initiateurs de la vie politique locale, municipale,
20:57c'est de plus en plus les directives de l'État qui viennent s'imposer
21:01comme activité à un élu qui n'a rien demandé,
21:05et il y a des citoyens qui n'ont rien demandé également,
21:08et du coup qui vont avoir le sentiment que leur maire s'occupe de sujets
21:11qui ne les concernent pas, ne les préoccupent pas ou ne sont pas prioritaires,
21:14tandis que les sujets qui les avancent ne sont pas pris en compte
21:17parce que le maire ne veut pas, en fait il ne peut pas, et donc…
21:20– Là c'est une double punition. – C'est une double punition, absolument.
21:23Et voilà, c'est donc cette espèce de surcharge, je dirais,
21:27mais qui fait, cette formule est importante,
21:29qui fait des élus maintenant comme une espèce de nouvelle fonction publique.
21:34C'est un phénomène qui va nécroser en réalité la…
21:38– Jean-Paul Jeandon.
21:39– Moi c'est ce que j'appelle la théorie du ruissellement administratif et financier,
21:43c'est-à-dire que tout vient d'en haut et on a moins en moins de marge de manœuvre,
21:49et nous ce que nous demandons en tant que maire, c'est une vraie décentralisation,
21:54une autonomie fiscale, une autonomie financière,
21:56et après nous, tous les six ans, nous avons les électeurs qui sont là
22:00et qui sont là pour nous juger.
22:02Nous n'obtenons pas ça, ça fait des années que nous demandons cette décentralisation,
22:05nous ne l'avons pas.
22:06Laissez, on comprend qu'il y a des cadres réglementaires,
22:10je n'ai aucun débat là-dessus,
22:11mais à partir de là, laissez les maires piloter leur communique,
22:15ils sont élus sur un programme,
22:17et c'est nos électeurs qui ont dit, voilà, nous choisissons ce programme-là,
22:21laissons les maires avancer sur leur programme.
22:23Il faut vraiment aller vers cette vision
22:26où la décentralisation, c'est au niveau local que se passe à mon avis
22:30le mieux la réponse aux besoins de nos concitoyens.
22:35Juste là-dessus Yves Calvi, l'avantage qu'il y aurait à décentraliser,
22:39c'est que les maires ne mèneraient pas tous la même politique partout,
22:43dans un cadre bien sûr qui serait le même pour tous,
22:46et on pourrait donc voir ce qui est le plus performant,
22:48et limiter, le reprendre.
22:49Alors qu'aujourd'hui, on uniformise, parce que ça vient en gros de Paris quand même tout ça,
22:53et ça va rigidifier tout ce qui était vivant et qui respirait.
22:57– Luc Châtel, alors justement, est-ce qu'aujourd'hui,
22:59l'État empêche, on va dire, les maires de respirer ?
23:01– Oui, bien sûr, alors moi je détaille deux exemples précis,
23:07la loi Handicap et la loi ZAN.
23:09Il faut bien rappeler quand même qu'on a besoin d'un cadre national et de lois qui soient...
23:12– Oui, oui, personne ne le conteste.
23:14– Vous savez, ce qu'il y a derrière, quand on analyse notamment ces deux lois,
23:17mais ça arrive très souvent, parce qu'il y a aussi beaucoup de lois d'arrêtés de règlements,
23:22ce qui pose problème, c'est la fabrique de la loi, la fabrication de la loi.
23:25C'est-à-dire que, quand vous rencontrez des maires, sur la loi Handicap comme sur la loi ZAN,
23:28ils vous disent, mais nous sur le principe, on est évidemment absolument d'accord,
23:31loi Handicap, rendre accessibles tous les bâtiments publics aux personnes handicapées,
23:35et loi ZAN, protection de l'environnement, bon.
23:39Mais c'est la façon dont c'est fait, la loi Handicap 2005,
23:42on est 20 ans après, il y a à peine la moitié des bâtiments publics qui sont accessibles,
23:47alors qu'ils devaient tous l'être 10 ans après, c'est-à-dire en 2015.
23:51Et tout ça parce que, quand vous avez une mairie par exemple,
23:54et deux petites communes, qu'on oblige à adapter son bâtiment,
24:01par exemple, ils n'ont pas les moyens techniques,
24:02donc ils vont se retourner vers qui ?
24:04Vers souvent les services préfectoraux, qui vont leur dire,
24:06mais nous, on n'est pas là pour vous aider.
24:08– Ce n'est pas notre boulot.
24:09– Et donc parfois, vous avez des mairies qui sont même obligées
24:11de faire appel à des cabinets extérieurs pour mettre en œuvre des lois,
24:15et donc le problème, c'est qu'ils n'ont pas du tout été sollicités
24:19dans la fabrication de cette loi.
24:21Donc ce que disait Dominique Régnier,
24:22c'est que quand il dit que ce sont des lois qui sont faites à Paris,
24:25c'est-à-dire qu'elles sont faites à Paris,
24:26sans avoir pris en compte, écouté, les contraintes et la diversité des contraintes
24:31des élus qui se retrouvent aux premières loges pour les appliquer quand même ces lois.
24:35– J'ai une minute à vous donner avant qu'on marque une nouvelle pause, M. le maire.
24:37– Chaque mairie, je dirais, chaque maire a globalement une politique publique
24:41à mettre en place, et après, il y a un cadre de loi,
24:44et laissons les maires adapter cette politique publique.
24:47On parlait de la loi handicap, moi globalement, je ne peux pas la respecter,
24:49je n'ai pas l'argent pour le faire, mais par contre, on a mis un programme
24:53et que chaque année, on a pris un engagement pour dire que ce bâtiment-là,
24:57on va le rendre accessible.
24:58– Mais attendez-moi, vous manquez d'argent à Cergy, 70 000 habitants,
25:01ville moderne, enfin, où il se passe des tas de choses.
25:03– Regardez combien, j'ai calculé, j'ai perdu depuis 2014, 30 millions d'euros.
25:10Vous voyez ce que ça veut dire, en cumulé, 30 millions d'euros ?
25:13– Ils sont partis où les 30 millions d'euros, d'après vous ?
25:15– Ils sont partis dans les caisses de l'État.
25:16– Et le coût de l'énergie, très important.
25:18– Et après, on a eu le choc énergétique, où là, je peux vous le dire,
25:21aujourd'hui, il fait 18 degrés dans les bureaux de la ville de Cergy,
25:26on n'a pas plus que 18 degrés.
25:27– On marque une nouvelle pause, je cite ce maire qui avait cette remarque,
25:31c'est effrayant de constater qu'on a cassé en moins de 20 ans
25:34ce qu'on avait construit en deux siècles.
25:36Que veut-il dire ?
25:36Bon, on va y revenir gentiment dans quelques instants, c'est pas faux.
25:39Et qui veut être maire, c'est l'autre question.
25:42RTL, on refait le monde.
25:45Avec Yves Calvi.
25:47Yves Calvi.
25:48On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
25:51On refait le monde, une émission consacrée ce soir à la colère de nos maires,
25:55qui sont de plus en plus nombreux à démissionner, tout simplement.
25:58Nous sommes toujours avec Jean-Paul Jeandon, maire socialiste de Cergy,
26:01Luc Châtel, auteur d'une livre-enquête
26:03« Qui veut la peau des maires ? » aux éditions du Cherchemidi,
26:05et Dominique Reynier, qui est directeur général de la Fondation pour l'innovation politique.
26:09Je vous propose d'écouter ce constat dressé par madame la maire de Courset,
26:12c'est en Indre-et-Loire, Anne Boyon de Noyer, au micro de Christian Penvert.
26:16– Dans mon intercommunalité, plusieurs maires qui ont fait plusieurs mandats
26:19ne se représenteront pas, parce que je pense qu'ils sont usés.
26:21Et je pense qu'il faut qu'aujourd'hui, l'État comprenne à quel point il a besoin des maires
26:25et à quel point ils ne les ont peut-être pas suffisamment considérés.
26:29Des maires qui ne se représentent pas, qui ne trouvent personne pour les remplacer,
26:32je trouve que c'est très inquiétant.
26:34Il faut vraiment se poser la question de savoir pourquoi.
26:36– Est-ce qu'on se pose vraiment la question de savoir pourquoi, Dominique Reynier ?
26:40Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a une curiosité politique
26:42aujourd'hui autour de ces questions ?
26:44– En tout cas, pas de la part des pouvoirs publics.
26:46Je ne parle pas de ce gouvernement ou de ce Président de la République,
26:49mais ça fait très longtemps, ça fait des années et des années maintenant
26:52que les pouvoirs publics, en réalité, ne se soucient pas des élus locaux.
26:57C'est-à-dire, au fond, pour s'en soucier, aller dans le sens de ce que disait M. Jendon,
27:02il faut leur faire confiance, montrer qu'ils sont en charge,
27:06leur demander d'être responsables devant les électeurs,
27:09et donc mener des politiques qu'ils croient utiles
27:11avec une population qui est quand même toujours particulière,
27:14avec un territoire qui est toujours particulier.
27:15C'est ça la France, justement, ce n'est pas un vaste territoire uniformisé.
27:20Et comme il n'y a jamais… Il y a le contraire qui se passe.
27:23Quand on dit la taxe d'habitation est supprimée,
27:25comme d'ailleurs sous Nicolas Sarkozy,
27:26il y avait des processus de recentralisation.
27:29Si vous enlevez la taxe d'habitation, vous dites « je vous donnerai une subvention ».
27:33Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous mettez la commune sous la dépendance de l'État,
27:37on recentralise, et Nicolas Sarkozy a fait la même chose en 2010.
27:42Donc c'est vraiment une espèce de mouvement inverse.
27:44Et moins l'État est pertinent, moins l'État y arrive,
27:47parce qu'on voit bien qu'il n'y arrive plus du tout,
27:49plus il essaie d'avoir la main sur tout ce qui se passe.
27:52Au lieu de faire confiance, de partager avec les élus locaux,
27:56ça n'est pas tenté.
27:58Il y a une obstination à ne pas le faire qui est saisissante.
28:01S'ils avaient de très bons succès, on dirait « ça veut faire, laissons les faire ».
28:05C'est le contraire, on le voit aujourd'hui.
28:07Et donc partager avec des élus, en plus on ne partage pas avec n'importe qui, des élus.
28:12Donc voilà, c'est cette espèce de pas qui n'a jamais été franchi vraiment.
28:15Il y avait eu un mouvement…
28:16– Il est le seul élu qu'on croise dans la rue.
28:17– Absolument.
28:18Il y avait eu un mouvement en 1982-83 en faveur des collectivités locales.
28:24Il y avait eu un mouvement en faveur des régions en 1986.
28:26Le Premier ministre Jean-Pierre Raffaret a lancé les assises des libertés locales en 2003.
28:31À ce moment-là, Nicolas Sarkozy était à la place de Beauvau.
28:34Et on avait le sentiment qu'il se passait quelque chose.
28:36Et puis en fait, tout ça est retombé et c'est même inversé
28:39dans une étatisation des pouvoirs locaux.
28:42– En écoutant mon émission, c'est étrange ce que j'allais vous dire.
28:45J'ai l'impression qu'il y a une infantilisation des mères.
28:48En fait, ils ne vous prennent pas…
28:48D'une certaine façon, le pouvoir ne vous prend pas au sérieux
28:53ou ne vous fait pas confiance.
28:54– Si je devais traduire, Bercy ne croit pas que les mères sont de bons financiers.
28:59C'est ça le vrai sujet.
29:00Et ça, c'est historique.
29:02– C'est aux gens qui votent dans la mairie de le choisir, non ?
29:04D'une certaine façon, monsieur le maire.
29:05– Alors qu'à Bercy… – Ils ne sont pas le gendon.
29:07– Alors, on a bien remarqué que cette année,
29:10il y a eu un petit problème de 50 milliards.
29:12– Voilà, écoutez…
29:14– C'est vraiment un petit problème.
29:15– Je pense, mais c'est dans la conception même de l'administration centrale.
29:20C'est ça qui est grave.
29:22Il y a plein de codes qui nous sont imposés,
29:26mais on se dit à un moment donné…
29:28Je tente de réfléchir, mais finalement, on est des enfants,
29:31alors que nous sommes des adultes qui sont désignés par le peuple.
29:36– Quand j'ai voulu enquêter, justement, pour essayer de comprendre
29:40d'où venait ce malaise et les sources du malaise,
29:42c'est vrai que je suis remonté il y a une vingtaine d'années.
29:44Je date un peu le début du gel des dotations des maires.
29:47Et ce qui est assez étonnant, c'est que le ministre de l'économie,
29:50à cette époque, qui a acté ce gel des dotations, c'était François Barabas,
29:53qui est ensuite devenu président de l'Association des maires de France.
29:55Mais c'est vrai que depuis une vingtaine d'années,
29:58on a une série de décisions, gel des dotations, baisse des dotations.
30:01La loi NOTRe, quand même, qui a été un sacré,
30:03qui a posé beaucoup de problèmes avec cette décentralisation forcée,
30:06les regroupements de communes, suppression de la taxe d'habitation.
30:09Maintenant, on leur fait faire des réductions,
30:13alors qu'ils sont déjà dans un contexte de budget contraint.
30:17Donc, vous avez une vingtaine d'années.
30:18Moi, le mot que je retiendrais en réfléchissant à tout ça,
30:21c'est que je pense que les maires sont face à une double ingratitude.
30:24L'ingratitude de l'État, parce qu'ils remplissent des fonctions
30:31sur lesquelles parfois l'État se défonce et qui sont fondamentales.
30:34En réponse, ils se prennent ces décisions et se méprisent.
30:37Donc, l'État est ingrat vis-à-vis d'eux et les administrés,
30:40qui sont totalement ingrats quand ils agressent leurs maires.
30:43Donc, il y a ce sentiment d'ingratitude.
30:46Et quand même, il faudrait dire par rapport à la question que vous posiez
30:48au début sur comment faire pour avoir à nouveau des maires,
30:52il y a des chiffres là aussi.
30:53Le pourcentage de maires de moins de 40 ans,
30:572,8% des maires de France ont moins de 40 ans.
31:00Et premiers adjoints qui ont moins de 40 ans, 4,7%.
31:04Donc, vous n'avez personne qui est là pour se présenter.
31:06C'est un des éléments qui peut faire dire qu'à terme, les mairies sont menacées.
31:10– J'ai une minute à vous donner, Monsieur le maire, pour terminer cette émission.
31:13– Très clairement, vous avez oublié quelque chose qui est important vu des maires,
31:16c'est les transferts d'activité de l'administration centrale
31:19vers les collectivités locales.
31:21On prend l'exemple des passeports, des cartes d'identité.
31:26Et progressivement, le Allemand, les préfectures ont de moins en moins,
31:29les préfectures qui étaient normalement en charge de tous ces papiers-là,
31:33elles sont quasiment vides et que le Allemand…
31:35– C'est plus sympa d'aller à la mairie, je vous le dis.
31:38– Oui, mais d'accord, sauf que…
31:39– Pour les agents municipaux, c'est parfois moins sympa.
31:41– Pour les agents municipaux, c'est une charge de travail.
31:44Mais surtout, ce n'est pas compensé financièrement.
31:47– Une raison d'espérer avant de nous séparer.
31:51– Je pense que vous avez des maires qui sont engagés,
31:54engagés pour améliorer la vie quotidienne de leurs concitoyens.
31:58Et c'est ça qu'il faut retenir et laissons les maires respirer.
32:03– Merci infiniment les uns et les autres d'avoir participé à cette émission.
32:07Dans un instant, toute l'actualité à 20h, bien entendu, avec Audrey Arnault Tchot.
32:10Et puis vous retrouverez ensuite Faustine Bollard pour son émission Héros.
32:13Bonsoir Faustine, qui est votre invitée ce soir ?
32:16– Bonsoir Yves, c'est une rencontre extraordinaire
32:18que je vous propose de faire avec notre héroïne ce soir.
32:20Elle s'appelle Lucie, il y a à peine un an et demi,
32:22elle a été amputée des mains et des pieds.
32:25Pourtant, c'est vraiment la joie que je vais recevoir.
32:28La joie, la résilience, la positivité et l'humour.
32:32À tout de suite avec Lucie.
32:33– À tout de suite avec votre invitée Faustine.

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