Dans la poursuite de la mobilisation des agriculteurs partout en France, la FNSEA premier syndicat agricole français communiquera ce soir une quarantaine de "revendications claires", certaines ayant besoin d'une réponse imminente. Le mot d'ordre : trop de normes, nationales, européennes, commerciales et environnementales. Pour en parler, Pascal Canfin, député européen Renew Europe, président de la Commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire au Parlement européen.
Regardez L'invité de RTL Midi du 24 janvier 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Regardez L'invité de RTL Midi du 24 janvier 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi.
00:04 Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:06 Alors la FNSEA, qui est le premier syndicat agricole français,
00:10 communiquera ce soir une quarantaine de revendications claires, Agnès.
00:15 Unes revendications pour lesquelles les réponses doivent être immédiates.
00:18 La première fédération le précise.
00:22 Bonjour Pascal Canfin.
00:23 Bonjour.
00:24 Vous êtes député européen au sein du groupe Renaissance,
00:27 président de la commission environnementale du Parlement.
00:30 Et c'est à ce titre d'ailleurs qu'on vous présente comme l'artisan du Green Deal,
00:35 ce pacte vert qui regroupe depuis 2020 toute une série de législations environnementales.
00:41 Autrement dit, ce contre quoi les agriculteurs protestent aujourd'hui en très grande partie.
00:47 Trop de normes, nationales, européennes, commerciales, environnementales.
00:50 Comprenez-vous d'abord, Pascal Canfin, la colère des paysans ?
00:54 Bien sûr, je comprends leur colère qui a des raisons très très différentes.
01:01 Quand les agriculteurs disent que c'est inacceptable que les aides de la PAC,
01:05 de la politique agricole commune, soient versées par les régions françaises,
01:09 puisque ce sont les régions qui les versent systématiquement en retard,
01:13 ils ont raison, mais ça n'a rien à voir avec les normes environnementales.
01:16 Quand ils disent un dossier PAC, dossier politique agricole commune,
01:20 à remplir, c'est l'horreur. Ils ont raison, il suffit de passer 10 minutes devant un dossier PAC, c'est l'enfer.
01:26 Mais ce n'est pas la norme elle-même, c'est l'administration de la norme.
01:30 C'est la façon dont on la met en œuvre dans les dossiers administratifs.
01:35 Et donc il y a des choses très très très différentes dans la colère des agriculteurs.
01:39 Il ne faut pas la caricaturer, il ne faut pas l'instrumentaliser, comme certains le font,
01:45 à six mois des élections européennes, pour se centrer uniquement sur une cause
01:49 qui serait la cause unique, qui serait les normes environnementales européennes,
01:52 dont je rappelle qu'aucune d'entre elles, aucune, n'est entrée en vigueur au moment où on parle.
01:58 C'est là que vous parlez d'instrumentalisation ?
02:01 C'est là où je parle d'instrumentalisation.
02:03 On voit Jordan Bardella qui a acheté des bottes toutes neuves et qui va à la ferme,
02:07 et qui dit que c'est scandaleux.
02:09 Mais je rappelle que les seules normes qui sont entrées en vigueur aujourd'hui,
02:13 au moment où on parle dans le cadre du pacte vert, c'est la réforme de la politique agricole commune,
02:17 ce qu'on appelle le verdissement de la PAC.
02:20 Eh bien, il se trouve que les Républicains et le Rassemblement National ont voté ces normes à Bruxelles,
02:27 et aujourd'hui, de manière totalement hypocrite, ils les dénoncent dans les cours de ferme.
02:32 Alors on a un petit peu de mal à suivre, nous comme les auditeurs, la Pascale Confin,
02:36 parce qu'on se dit que les syndicats agricoles nous racontent n'importe quoi ?
02:40 Non, ils ne racontent pas n'importe quoi.
02:42 Simplement, la colère est multiple.
02:45 Elle est par exemple liée au sujet que je viens d'évoquer,
02:49 le paiement systématiquement ou quasiment systématiquement en retard des aides.
02:53 Ça n'a rien à voir avec l'Europe, mais je peux vous dire que c'est particulièrement énervant,
02:57 et personne, ni vous ni moi, n'aimeriez voir son salaire versé avec trois mois de retard.
03:03 C'est ce qui se passe aux agriculteurs pour les aides de la PAC.
03:05 Mais il y a aussi des sujets géopolitiques, l'Ukraine.
03:08 Ça a totalement déstabilisé certaines filières agricoles.
03:12 Par exemple, la filière volaille.
03:14 Aujourd'hui, 50% des poulets sont importés d'Ukraine.
03:17 Avant, ce n'était pas le cas.
03:19 Pourquoi ? Parce qu'on a, en solidarité avec les Ukrainiens, et c'est normal,
03:23 baissé les droits de douane pour que leur économie puisse survivre dans un contexte de guerre
03:28 au nom de nos valeurs et au nom de l'esprit européen.
03:31 C'est normal de l'avoir fait.
03:33 Mais objectivement, ça déstabilise la filière poulet-volaille française.
03:38 Et donc, il faut qu'on arrive à trouver le bon compromis,
03:41 et on est précisément en train d'y travailler avec la Commission européenne,
03:44 entre la nécessaire solidarité avec l'Ukraine
03:47 et le fait de mettre des garde-fous pour éviter la déstabilisation de cette filière.
03:52 Alors, quand vous nous parlez de ces produits importés,
03:55 notamment d'Ukraine, vous citiez cet exemple dans la filière volaille,
03:58 ces produits importés moins chers, qui ne sont pas soumis aux mêmes normes,
04:02 on peut en parler.
04:04 Comment fait-on ? Parce qu'on a l'impression qu'on dit aux consommateurs,
04:06 c'est à vous de prendre vos responsabilités,
04:08 de défendre finalement les agriculteurs français.
04:11 En période d'inflation, on sait que ce n'est pas toujours évident.
04:15 Absolument. Donc chacun doit prendre sa part de l'effort.
04:18 Nous, nous nous battons, la France et nous au Parlement européen,
04:23 pour obtenir ce qu'on appelle les clauses miroirs.
04:26 Les clauses miroirs, c'est simple, c'est si un produit, par exemple un pesticide,
04:30 est interdit en Europe, alors ceux qui sont fabriqués en dehors d'Europe,
04:35 avec ce même pesticide qui reste autorisé ailleurs,
04:38 par exemple au Brésil ou en Thaïlande, ne doivent pas pouvoir entrer en Europe.
04:42 Ces clauses miroirs, on se bat et on est en train, progressivement,
04:46 secteur après secteur, culture après culture, de les gagner.
04:49 Je donne un exemple, les néonicotinoïdes,
04:52 ces pesticides qui ont été utilisés, qui le sont encore un peu sur les betteraves,
04:56 ont continué à importer des produits faits avec les mêmes néonicotinoïdes,
05:01 interdits en Europe. Depuis le 1er janvier 2023, c'est fini.
05:05 Mais pourquoi ça prend tant de temps ? Parce qu'à l'enfin, ça semble si logique.
05:09 Je suis d'accord, ça prend du temps. Pourquoi ?
05:11 Exactement pour la raison que vous avez dite vous-même au départ.
05:14 C'est-à-dire que si demain, on ferme à toutes nos importations brésiliennes,
05:18 thaïlandaises, ukrainiennes, argentines, etc.,
05:21 parce qu'elles ne respectent pas les mêmes normes,
05:23 et qu'on aurait une mesure, une sorte de mesure coup-près,
05:26 on a un réel problème d'approvisionnement.
05:28 Et je pense que les mêmes Français qui disent "c'est pas normal",
05:31 et ils ont raison, si demain, il y avait la moitié de viande en moins dans les étals,
05:35 ils ne trouveraient pas ça normal non plus.
05:37 Et donc, on est obligés de naviguer dans ce champ de contraintes.
05:40 C'est ça la beauté, la complexité de la politique.
05:42 C'est d'être capable d'aller progressivement, secteur après secteur,
05:46 vers des clauses miroirs extrêmement clairs.
05:48 Et en même temps, il faut le faire dans des conditions économiques
05:50 qui font que pour les consommateurs, que nous sommes tous,
05:52 ça ne veut pas dire des pénuries, des quotas, etc.
05:55 Et donc, on est en train d'avancer dans cette direction.
05:58 Je suis d'accord avec vous, ça prend trop de temps, on aimerait aller plus vite.
06:02 Mais je peux vous dire qu'il y a cinq ans, on était nulle part.
06:04 Et aujourd'hui, clairement, on avance dans la bonne direction,
06:06 et les agriculteurs le savent, et ils mènent ce combat avec nous.
06:09 Merci infiniment, Pascal Confin, d'avoir été l'invité de RTL midi.
06:12 Je rappelle que vous êtes député européen au sein du groupe Renaissance.
06:15 Merci.
06:16 Merci.
06:17 J'ai toujours rêvé de dire ça, Eric.
06:20 Dans un instant, c'est la fête du slip sur RTL.
06:23 Allons bon.
06:24 À tout de suite.
06:25 Eric Brunet et Agnès Bonfillon.
06:27 ♪ ♪ ♪ RTL.
06:29 Merci à tous !