Au Parlement européen, "nous n'avons pas l'écologie honteuse", assure Pascal Canfin

  • il y a 4 mois
À 8h20, Pascal Canfin, eurodéputé Renew est l'invité du Grand Entretien, à moins d'un mois des élections européennes. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-13-mai-2024-6722780

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00:00 Il est 8h24.
00:02 France Inter.
00:04 Nicolas Demorand.
00:06 Le 7-10.
00:08 Et avec Yael Ghosn, nous recevons ce matin l'eurodéputé Rignoud, président de la commission environnement, santé publique, sécurité alimentaire, au Parlement européen.
00:19 Question réaction 0145 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:25 Pascal Canfin, bonjour.
00:27 Bonjour.
00:28 Bienvenue à ce micro. Beaucoup de questions à vous poser à moins d'un mois désormais des élections européennes.
00:34 Question sur la campagne difficile de Valéry Heillier.
00:38 Question sur le pacte vert et les critiques qu'il suscite.
00:42 Mais pour commencer, un mot sur vous.
00:44 Il y a cinq ans, vous étiez numéro deux de la liste de Nathalie Loiseau.
00:49 Vous, l'ancien ministre de Jean-Marc Ayrault, vous incarniez l'écologie conquérante, l'écologie de gouvernement.
00:56 Cinq ans plus tard, changement d'ambiance, vous êtes quatrième sur la liste.
01:01 Vous avez dû batailler durement pour rester en haut de liste, précisément.
01:07 Cacher ces écologistes qu'on ne saurait voir, c'est ça le mot d'ordre aujourd'hui en 2024 ?
01:14 Justement, on vous reconnaîtrait que quatrième sur une liste aux européennes, ce n'est pas vraiment être caché ni se cacher.
01:20 Au contraire, nous n'avons pas le pacte vert et l'écologie honteuse.
01:24 On revendique le bilan de transformation climatique du continent.
01:29 On est ceux qui avons été, et je l'ai été de par les fonctions que vous venez de rappeler de président de la commission environnement au Parlement européen.
01:36 On a été à la manœuvre depuis cinq ans pour faire avancer comme jamais, comme jamais l'action pour le climat.
01:44 Résultat des courses, aujourd'hui, l'année dernière en France, les émissions de CO2,
01:48 elles ont baissé pour la première fois dans toute notre histoire, à part le Covid bien évidemment, de 5% en une année.
01:55 C'est-à-dire que pour la première fois l'année dernière, et c'est l'action cumulée du gouvernement en France et de notre action en Europe,
02:02 on est au rendez-vous de l'histoire et de l'accord de Paris.
02:06 Quand on a dit que c'était l'inaction climatique, j'ai entendu ces procès, ces faux procès.
02:10 Les résultats, ils sont là. Les résultats, ils sont là.
02:12 Mais pour continuer, pour continuer, on a besoin d'être fort.
02:15 On a besoin d'être à la manœuvre et donc on a besoin de faire un bon score aux élections européennes.
02:19 - Pascal, comment vous expliquez que vous soyez devenu dans cette campagne le visage de l'écologie punitive, la tête de thure ?
02:25 Comment vous expliquez que vous ayez dû mettre en jeu votre départ du groupe Renew, votre démission en jeu, pour rester en haut de liste ?
02:31 Qu'est-ce que ça dit ?
02:32 - Il y a une caricature que vous venez de faire, d'accord, de l'écologie punitive.
02:36 Moi, je n'adhère absolument pas à ce slogan.
02:38 - C'est un français qui vous a fait.
02:40 - C'est Golen Royal, comme quoi parfois, il peut donner des surprises.
02:44 L'écologie, elle n'est pas punitive, c'est une règle du jeu.
02:48 À ce moment-là, le code de la route, il est punitif.
02:49 Les impôts, c'est punitif.
02:50 Mais c'est ça qui finance les services publics et c'est ça qui organise la vie en société.
02:54 L'écologie, c'est pareil.
02:55 Ça implique de changer les règles du jeu de la façon dont on s'organise en société.
02:59 Et c'est exactement ce qu'on a fait depuis 5 ans au Parlement européen, dans toute l'Europe.
03:04 On est les premiers au monde, les premiers au monde à avoir mis en place la taxe carbone aux frontières
03:09 pour payer les importations chinoises, turques ou brésiliennes.
03:13 C'est à la fois bon pour le climat et c'est bon pour notre industrie.
03:17 On est les premiers au monde à avoir pris une loi pour mettre fin à la déforestation de l'Amazonie
03:21 quand on consomme chez nous du soja, du café, du chocolat.
03:25 Les consommateurs européens, que nous sommes tous, que vous êtes, que je suis,
03:28 ont consommé de la déforestation importée.
03:30 - Mais vous êtes bien conscient, Pascal Canfin, vous êtes bien conscient qu'il se passe quelque chose.
03:37 Quand on voit Marie Toussaint donner entre 5,5 et 8,5% d'intention de vote dans les sondages
03:45 quand Yannick Jadot faisait presque le double il y a 5 ans.
03:50 L'écologie politique est en crise.
03:52 On l'entendait aussi dans le journal de 8 heures concernant l'Allemagne.
03:56 Et ça, vous le voyez aussi.
03:58 - Ah mais moi, j'ai quitté les verts.
04:01 - Les verts, précisément parce que réduire l'impact, la transformation historique
04:08 que l'on doit réaliser pour être à la hauteur des enjeux climatiques
04:11 au score électoral des verts, ce que vous venez de faire dans votre introduction,
04:15 c'est, je pense, passer complètement à côté de l'essentiel.
04:18 Prenez une image historique, l'État-providence.
04:22 Quand on a fait l'État-providence à la fin de la Deuxième Guerre mondiale dans les années 50,
04:27 il appartient à qui l'État-providence ?
04:29 Au gaulliste, au communiste, au travailliste, au sociodémocrate.
04:33 Tout le monde s'y est mis, chacun avec son identité politique.
04:36 Mais tout le monde s'y est mis.
04:37 La transformation écologique de notre économie, de notre industrie, c'est exactement la même chose.
04:42 - Mais qui s'y met aujourd'hui ?
04:43 - Nous, on s'y met. Nous, on n'a pas le Green Deal, on te le dit.
04:47 Je viens de vous donner deux exemples concrets. Je vais vous en donner un troisième.
04:49 Aujourd'hui, Choose France, 15 milliards d'investissements en France.
04:53 La France est le premier destination en Europe pour les investissements étrangers.
04:58 Cocorico, un tiers de la totalité de ces investissements relève de la décarbonation de notre industrie.
05:05 Donc, ça veut dire quoi ?
05:06 Ça veut dire que opposer économie, emploi industriel, souveraineté industrielle et alimentaire d'un côté,
05:12 et climat et environnement de l'autre, c'est la recette de l'échec.
05:15 Et c'est exactement l'inverse de ce que l'on a fait, nous.
05:18 Et ça, c'est la recette du succès.
05:19 La preuve, encore une fois, je reviens au fait, au résultat, -5% d'émissions de CO2 l'année dernière.
05:24 Un mot encore sur les mouvements populistes en Europe, Pascal Canfin,
05:29 aux Pays-Bas par exemple, mais pas seulement,
05:31 qui récusent désormais ce que le professeur de sciences politiques, Jean-Yves Dormagin,
05:36 appelle le consensus mou qui régnait, selon lui, autour de l'écologie.
05:40 Dormagin disait la semaine dernière à ce micro,
05:43 « On observe la progression d'une opposition aux politiques de transition,
05:47 la progression de plusieurs formes de climato-scepticisme et de climato-relativisme,
05:52 à la fois du côté des citoyens et des forces politiques. »
05:55 Et selon lui, il ajoute, « Le clivage sur les enjeux climatiques est aligné
06:00 avec le clivage sur les enjeux identitaires et les questions sociétales. »
06:04 Alors, est-ce que vous partagez cette analyse, au moins une partie ?
06:08 Et est-ce que vous redoutez le backlash auquel elle peut conduire ?
06:12 - Je partage 100% de cette analyse, et je la vois tous les jours depuis le Parlement européen.
06:18 C'est le backlash, le retour en arrière, la campagne agressive anti-écologique,
06:24 anti-pacte vert de la droite des républicains et de l'extrême droite.
06:28 C'est l'arrêté. Et d'ailleurs, vous faisiez référence à Yelgauze il y a quelques minutes,
06:32 j'en ai été la cible personnelle pendant la crise agricole,
06:35 et j'ai été harcelé sur les réseaux sociaux avec des menaces de mort,
06:38 suite à une intervention de Pascal Perrault.
06:40 - Marine Le Pen dit que votre quatrième position est un bras d'honneur fait aux agriculteurs français.
06:44 - Et donc, quand on est attaqué par Marine Le Pen, on a au moins une certitude,
06:46 c'est qu'on va dans la bonne direction.
06:47 Donc franchement, moi, ce backlash, j'en suis le témoin et j'en suis même la cible.
06:53 Est-ce que ça doit nous faire reculer ?
06:55 Est-ce qu'on doit dire "ah bah le climat, désolé, mais moi je ne suis pas là pour prendre des coups,
06:58 je ne suis pas là pour faire ce qui est utile, je suis là pour plaire".
07:00 Non, on est là pour faire ce qui est utile.
07:02 Qui peut croire que lutter contre les dérèglements climatiques n'est pas une priorité
07:05 de l'action aujourd'hui européenne, et pour le siècle qui vient.
07:08 Et d'ailleurs, si vous parliez des agriculteurs, les agriculteurs,
07:11 les premières victimes, les premières victimes du changement climatique,
07:14 des gels tardifs, des sécheresses, etc.
07:17 C'est les agriculteurs, et ce n'est pas moi qui le dis.
07:19 Ce sont eux, les agriculteurs, qui le disent dans les enquêtes d'opinion.
07:22 Donc là encore, opposer, comme le fait Bardella, comme le font les Républicains,
07:26 l'environnement, le climat et la production agricole de l'autre, c'est absurde.
07:31 Ça ne correspond plus du tout au monde dans lequel on vit.
07:33 Et c'est le combat que je mets.
07:34 Donc si on vous suit, Pascal Canfin, dans la prochaine mandature, si vous êtes réélu,
07:38 est-ce que vous allez vous battre pour un Green Deal, un pacte vert européen,
07:41 deux, malgré la crise agricole, malgré la pression populiste,
07:45 est-ce que vous allez... est-ce que la France soutiendra ce Green Deal ?
07:49 Oui, oui, oui, je peux le dire dix fois sur tous les tons.
07:52 À la place d'Emmanuel Macron, vous confirmez qu'il soutiendra ce Green Deal ?
07:54 Comment pouvez-vous imaginer que nous aurions, que nous renoncerions,
07:57 parce que Jordan Bardella veut surfer sur un baclâche anti-écolo,
08:01 à notre action pour le climat, dont on est précisément les architectes depuis cinq ans
08:05 et qui doivent ces résultats ?
08:06 Parce qu'Emmanuel Macron lui-même a revu à la baisse beaucoup de choses.
08:09 Regardez le plan éco-phyto sur les pesticides, il est revu à la baisse, Pascal Canfin.
08:13 Prenons le plan éco-phyto, Yael Ghosn.
08:15 D'abord, c'est un sujet français, ce n'est pas un sujet européen,
08:17 mais je vais faire le lien avec l'Europe.
08:19 Le plan éco-phyto, beaucoup d'auditeurs qui nous écoutent,
08:21 beaucoup de Français ont pu avoir le sentiment,
08:24 parce que c'est parti comme ça en termes de surinterprétation,
08:27 que tout d'un coup c'était fini.
08:28 On arrêterait de lutter contre les pesticides
08:31 et on arrêterait de mettre en place des politiques pour les réduire.
08:33 On change le thermomètre.
08:34 Et donc, d'abord, ce n'est pas vrai.
08:36 On reste trois pays en Europe, 3 sur 27.
08:40 Ceux qui nous donnent des leçons à gauche, par exemple,
08:42 les socialistes, ils sont au pouvoir depuis 10 ans en Espagne.
08:45 Il n'y a toujours pas d'objectif de réduction des pesticides en Espagne.
08:48 Ça fait 10 ans qu'ils dirigent l'Espagne.
08:49 Pour en avoir, ils ont eu le temps de le faire.
08:51 Donc, nous, on est fait parti des trois pays,
08:53 des trois pays européens qui ont un objectif chiffré de réduction des pesticides.
08:58 Ensuite, on s'est mis d'accord sur un nouvel indicateur.
09:00 Pourquoi Yael Ghosn ?
09:01 Parce qu'on a pris l'indicateur européen.
09:04 Parce que les agriculteurs disaient, à juste titre,
09:07 et là, je joins ma voix à la leur,
09:09 on ne peut pas avoir un indicateur français qui diffère de l'indicateur des autres pays, etc.
09:14 Parce qu'à la fin, on n'y comprend plus rien, on ne sait plus de quoi on parle.
09:16 Donc, on a pris l'indicateur qui est reconnu partout en Europe,
09:19 même si, encore une fois, aucun indicateur n'est parfait.
09:23 C'est comme la météo, le nodule, ce n'est pas le meilleur.
09:27 D'ailleurs, moi-même, j'ai déposé des amendements au Parlement européen
09:30 pour aller plus loin que cet indicateur.
09:32 Néanmoins, quand nous avions dû négocier ce texte européen sur les pesticides,
09:36 qui d'ailleurs est tombé à cause de l'alliance entre la droite et l'extrême droite,
09:39 il se trouve que la responsable de la négociation, c'était une verte.
09:42 Une verte autrichienne.
09:43 Et qu'est-ce qu'elle défendait comme indicateur, cette verte autrichienne, M. Ghosn ?
09:46 Eh bien, exactement, ça s'appelle le H1, en termes techniques,
09:49 exactement celui que nous venons de prendre pour harmoniser et de rendre les choses plus comparables.
09:54 Donc, ce n'est pas un recul.
09:55 Aucun indicateur n'est parfait.
09:56 Mais ça n'est pas un recul.
09:58 Et vous savez peut-être ce chiffre.
09:59 Depuis qu'Emmanuel Macron a été élu président de la République,
10:02 quel est le pourcentage de réduction de l'utilisation des pesticides les plus dangereux ?
10:06 Parce que dans les pesticides, il y en a qui sont très dangereux, d'autres qui le sont moins.
10:09 La priorité, c'est évidemment de lutter contre ceux qui sont les plus dangereux
10:12 pour la biodiversité et pour la santé.
10:14 Vous allez me dire, Yalgos, quel est ce chiffre ?
10:16 Je ne l'ai pas en tête.
10:17 -90%.
10:19 -90%.
10:21 Donc, c'est facile de faire des procès, de dire "ah, tout ça, c'est nul".
10:24 Les résultats sont là.
10:25 -5% sur les émissions de gaz à effet de serre, record historique.
10:29 -90% sur les pesticides les plus dangereux.
10:31 Et on est les seuls en Europe à le faire.
10:33 Arrêtons de nous flageller, soyons positifs, allons de l'avant.
10:36 Et continuons, on va la gagner cette bataille pour le climat.
10:39 Angelo est au Standard Inter.
10:41 Bonjour et bienvenue.
10:43 Oui, bonjour.
10:44 Est-ce que Pascal Canfin vous a convaincu ?
10:46 Mais non, absolument pas.
10:48 Expliquez-nous.
10:49 Le problème, c'est qu'il y a au minimum un déficit de communication chez Rignoud.
10:53 Puisque quand même, moi c'est bien Gabriel Attal que j'ai vu, en gros, dénoncer,
11:00 quand il y avait la crise agricole, une espèce d'écologie punitive, etc.,
11:05 qui ferait obstacle à une vie décente pour les agriculteurs.
11:10 Le recul sur les pesticides, reculer la date, c'est bien le gouvernement qui a pris ces...
11:18 qui en a parlé, enfin je ne sais pas.
11:20 Puis il y a plein de choses au niveau social que je ne peux pas suivre.
11:23 Les attaques sur les chômeurs, etc.
11:25 Ce n'est pas possible.
11:26 Il y a un moment où les discours, ils rentrent en contradiction avec les actes.
11:31 On a passé des coloterrorismes pour les écologistes.
11:35 Ce n'est pas entendable.
11:37 Et je voudrais dire à M. Canfin que réduire les élections européennes
11:42 à quelque chose qui se jouerait entre le RN et Rignoud,
11:46 c'est se mettre le doigt dans l'œil.
11:48 C'est des élections à un tour et on vote pour qui on veut.
11:51 Et je ne suis pas privé pour ni voter Rignoud et surtout pas le RN.
11:56 Merci Angelo pour votre intervention.
11:59 Angelo qui pointe donc des contradictions entre ce qui est dit, promis,
12:03 et ce qui est fait en réalité, notamment sur les questions écologiques.
12:08 Continuez à lui répondre, Pascal Canfin.
12:10 Angelo, je suis très sensible à votre approche.
12:16 Parce que là, ce sont des élections européennes.
12:20 Ça veut dire quoi ?
12:21 Ça veut dire qu'on peut être en désaccord avec certaines parties de l'action du gouvernement.
12:27 Et je vais même vous dire, moi-même, je suis sur la liste du président de la République,
12:32 je suis sur la liste de Valérie Ayé,
12:34 au moment du vote sur la loi immigration en France,
12:37 j'ai tweeté le fait que si j'avais été député national,
12:40 je n'aurais pas voté cette loi immigration.
12:42 J'étais en désaccord sur ce sujet.
12:45 Est-ce que c'est l'objet de la campagne ?
12:47 Non, l'objet de la campagne, ce n'est pas de faire le bilan de l'action d'Emmanuel Macron.
12:51 L'objet de la campagne, c'est de construire une Europe puissance,
12:55 face à la Russie, et Pierre Aschi rappelait encore une fois les enjeux de la guerre en Ukraine il y a quelques minutes,
13:00 face à la Chine et aux Etats-Unis, du point de vue de la compétitivité industrielle notamment dans les technologies.
13:06 Je me permets de rappeler, parce qu'on a très peu parlé d'Europe finalement,
13:10 je me permets de rappeler quel est l'enjeu de cette élection européenne.
13:13 Mais ce que dit Angelo, il dit que pourquoi vous créez des duels télé,
13:17 Jordan Bardella contre Gabriel Attal le 23 mai sur France 2,
13:21 est-ce que ça, ce n'est pas vouloir polariser la campagne entre vos deux blocs ?
13:25 Rejouez 2019, eux contre nous.
13:27 Vous êtes extraordinaire.
13:29 Si Gabriel Attal disait non, je ne veux pas débattre avec Jordan Bardella,
13:32 on dirait, ah, il se défausse, ah bah évidemment, il a peur, ah bah évidemment.
13:36 Et si, et ben non, il le fait, il assume.
13:39 Et maintenant le président qui veut débattre avec Marine Le Pen, vous jouez pas ce...
13:42 Pourquoi il y a un duel ?
13:44 Parce qu'à l'échelle européenne, cette montée des extrêmes droites,
13:48 c'est vrai pour le RN en France, mais c'est vrai pour l'AFD en Allemagne,
13:51 c'est vrai pour Vox en Espagne et pour d'autres,
13:53 elles risquent de tuer l'Europe.
13:57 C'est pour ça que le président de la République a raison de poser l'enjeu clé de cette élection.
14:01 Est-ce que l'Europe peut mourir ?
14:03 Oui. L'Europe, elle peut mourir de la conjonction de deux menaces.
14:07 Les menaces extérieures, la Russie, Poutine,
14:11 le retour de Trump, peut-être, à la Maison Blanche,
14:14 et la suppression de l'alliance militaire que nous avons avec lui,
14:17 et évidemment la concurrence chinoise sur des technologies clés.
14:20 On a compris, mais êtes-vous les seuls pro-européens dans cette campagne ?
14:22 Et les menaces intérieures.
14:24 Et les menaces intérieures, c'est qui ?
14:26 C'est le RN et ses alliés d'extrême droite.
14:29 Maintenant, vous voulez me faire dire quelque chose sur Rafael Glucksmann, je le sens.
14:32 Non, non, non, c'est le fait de créer le duel permanent.
14:35 Je vais vous le dire.
14:37 Moi, quand j'entends Rafael Glucksmann, il y a beaucoup de choses avec lesquelles je suis d'accord.
14:40 Mais je regarde les actes, et les actes en politique, c'est quoi ?
14:44 C'est les votes.
14:46 C'est les votes.
14:47 Valéry Hayé dit qu'il vote 90% comme vous.
14:50 En chiffres, oui. Maintenant, les votes historiques.
14:52 Est-ce qu'il a voté le pacte Asile-Migration,
14:56 qui reconnaît la souveraineté européenne sur nos frontières,
14:59 voté par la majorité du groupe socialiste au Parlement européen ?
15:03 Non, il ne l'a pas voté.
15:04 Est-ce qu'il a voté la loi Climat, qui est l'acte fondateur du Green Deal ?
15:08 Eh bien non, il ne l'a pas voté.
15:09 Est-ce qu'il a voté le plan de relance, 800 milliards d'euros,
15:12 pour sauver des millions d'entreprises, des petits artisans, des commerçants en Europe ?
15:16 Eh bien non, il ne l'a pas voté.
15:18 Et donc, la réalité des votes de Rafael Glucksmann,
15:22 c'est que c'est l'impuissance européenne.
15:24 Ce n'est pas la puissance européenne, c'est l'impuissance européenne.
15:27 Puisque les trois rendez-vous de l'histoire,
15:29 le Green Deal, la loi Climat, le plan de relance et le pacte Asile-Migration,
15:35 il n'en a voté aucun.
15:37 A aucun moment, il n'a pris ses responsabilités.
15:40 Et vous imaginez Jacques Delors, parce qu'il parle beaucoup de Jacques Delors, Rafael Glucksmann,
15:43 vous imaginez Jacques Delors ne pas voter le plan de relance de 800 milliards d'euros,
15:48 historique, première fois qu'on investit ensemble, en commun, dans nos priorités communes ?
15:53 Eh bien évidemment, il l'aurait voté.
15:55 Vous imaginez Jacques Delors ne pas voter la loi Climat,
15:57 parce qu'elle est trop ceci ou pas, c'est cela ?
15:59 Non, évidemment, il aurait pris ses responsabilités et il l'aurait voté.
16:02 Et bien nous, c'est ce qu'on a fait.
16:03 Comment expliquez-vous alors qu'il soit si haut dans les intentions de vote ?
16:06 Comment l'expliquez-vous ?
16:08 Parce qu'il y a une partie de l'électorat de la gauche, de la Macronie, du centre-gauche,
16:13 qui a été déçue par un certain nombre de textes, et notamment par la loi Migration.
16:18 Comme vous, Pascal Canfin ?
16:19 Ça ne sert à rien.
16:20 Comme vous, Pascal Canfin ?
16:21 Il y a Helghoz, c'est la réalité.
16:23 Et qu'est-ce que je dis à cet électorat ?
16:25 Encore une fois, j'ai dit publiquement au moment du vote sur la loi Migration
16:29 que personnellement, je ne l'aurais pas voté.
16:31 C'est que ne vous trompez pas de sujet.
16:34 Le sujet maintenant, là, c'est est-ce qu'on construit pour de vrai,
16:39 pas dans des propos d'Estrade, mais pour de vrai l'Europe puissance ?
16:43 Et l'Europe puissance, ça passe par l'influence française.
16:45 Et je voudrais vous dire juste un mot sur l'influence française.
16:48 La seule tête de liste qui est dans les 100 députés européens les plus influents,
16:54 sur 705, la seule, c'est Valéry Heyer.
16:57 Tous les autres.
16:58 Comment expliquez-vous les difficultés ?
17:00 Raphaël Luxman y compris ne figure même pas.
17:02 Excusez-moi, je peux terminer ma phrase ?
17:04 Si je peux terminer ma phrase ?
17:06 Ne figure même pas dans les 100 députés les plus influents.
17:13 Ça veut dire au fond qu'ils ne pèsent rien.
17:15 Si on veut de l'influence française, il faut voter.
17:18 Comment expliquez-vous les difficultés de votre propre liste ?
17:21 C'est extrêmement simple.
17:23 Le Rassemblement National fait deux fois plus en intention de vote.
17:26 Il y en a deux.
17:27 Un sujet, d'abord, là ce sont deux choses différentes.
17:30 Sur notre propre liste, moi j'ai confiance parce que notre électorat,
17:35 le cœur de l'électorat de Valéry Heyer, n'est pas totalement encore mobilisé.
17:40 Et c'est normal, on est à un mois de l'élection.
17:43 Vous le répétez depuis deux mois maintenant, seulement mobilisation.
17:46 C'est vrai, c'est pour ça que vous avez raison, c'est pour ça qu'on monte en puissance,
17:49 c'est pour ça qu'on fait les débats, c'est pour ça qu'on est présent sur tous les territoires
17:53 pour montrer quel est l'enjeu de cette élection.
17:55 Je le rappelle encore une fois,
17:57 est-ce qu'on continue à construire l'Europe puissance face à la Chine, face à Poutine, face à Trump ?
18:01 Ou est-ce qu'on se désagrège de l'intérieur ?
18:03 C'est le seul enjeu historique et il est majeur.
18:06 C'est pour ça que l'on dit que ce sont les élections européennes les plus importantes depuis 1979,
18:12 au moment où le Parlement a été élu pour la première fois au suffrage universel.
18:16 Martine, au Standard Inter, bonjour et bienvenue.
18:19 Oui, bonjour, bonjour à tous.
18:21 Bonjour.
18:22 Bon, donc je vais avancer un petit peu mon argument, mais vous en avez déjà parlé.
18:26 Donc l'Europe est en gage de paix.
18:29 Nous avons plus que jamais besoin d'une Europe forte face aux risques de guerre.
18:34 Et donc est-ce que les candidats profondément pro-européens comme vous
18:39 exploitaient suffisamment cet argument pour récupérer des électeurs ?
18:43 Et j'ajouterai quand je vois que le Front National Caracol est en tête,
18:46 j'ai carrément honte d'être française.
18:49 Martine, vous pensez à l'Europe de la défense ?
18:52 Pourquoi pas, oui. Non mais je veux dire, on a quand même un risque de guerre qui est très important
18:58 et il faut une Europe forte, c'est une évidence.
19:02 Merci, merci pour votre intervention. Pascal Canfin vous répond.
19:05 Merci Martine, je partage tout à fait ce que vous venez de dire.
19:08 On a besoin d'une Europe forte, d'une souveraineté européenne, d'une Europe puissance.
19:12 Appelez-la comme vous voulez, c'est la même réalité.
19:15 C'est l'Europe qui est autonome dans sa capacité à se défendre.
19:19 Cette idée, elle est portée par la France depuis des années,
19:22 par Emmanuel Macron depuis qu'il est à l'Elysée.
19:25 On est en train progressivement, j'allais dire malheureusement,
19:28 vu les circonstances historiques en Ukraine, de gagner cette bataille.
19:32 Et un des enjeux majeurs, juste après l'élection européenne,
19:35 ce sera de constituer un fonds européen de défense de 100 milliards d'euros
19:40 pour ensemble acheter du matériel européen de défense, d'armement,
19:45 harmoniser nos procédures.
19:47 Le président de la République le rappelait, on a parfois des absurdités sur le terrain
19:51 entre des normes, des canons, des largeurs, des profondeurs d'équipements matériels
19:56 qui diffèrent selon les pays.
19:58 Du coup, on n'est pas capable d'agir ensemble.
20:00 Il faut mettre fin à tout ça.
20:01 Il faut créer cette Europe de la défense.
20:03 Si on est, je vais vous le dire très clairement,
20:05 les autres chefs d'État qui sont peut-être un peu plus sceptiques,
20:08 parce qu'ils croient plus aux parapluies aux Américains,
20:10 parce qu'ils trouvent que la souveraineté européenne, c'est pas trop leur truc.
20:13 Qu'est-ce qu'ils vont regarder le 9 juin ou le 10 juin ?
20:16 Qu'est-ce qu'ils vont regarder ?
20:17 Ils vont regarder le score d'Emmanuel Macron.
20:19 C'est ça la réalité.
20:20 Si on est fort, si les Français soutiennent cette liste, cette ambition européenne,
20:24 comme ils l'ont fait en 2019,
20:26 on pourra continuer à transformer l'Europe de l'intérieur.
20:29 Si ce n'est pas le cas, on sera affaibli et on sera moins fort,
20:32 on aura moins de rampes de lancement pour continuer cette action extraordinaire
20:36 qu'on a faite avec le début de l'Europe de la défense,
20:38 avec le plan de relance, avec le Green Deal.
20:40 On a besoin de la force des électeurs.
20:42 Si on vous suit, ça fait de vous un fédéraliste ?
20:44 Ça ne veut rien dire, le fédéralisme.
20:47 Parce que l'euro, c'est un projet fédéral.
20:50 Et l'Europe de la défense, c'est quoi ?
20:52 L'Europe de la défense, ce n'est pas un projet fédéral.
20:55 Il n'y aura pas une armée unique européenne
20:58 intégrée avec un commandement unique européen.
21:00 Personne n'y croit.
21:02 Le concept vous décrit politiquement ?
21:06 C'est ce que je vous dis.
21:07 Pourquoi ça ne veut rien dire ?
21:08 Parce que dans certains domaines, comme l'euro,
21:10 comme la souveraineté monétaire, oui, on assume.
21:12 Et d'ailleurs, je trouve qu'on n'utilise pas assez
21:14 la puissance de l'euro, alors que les Américains
21:16 ne se gênent pas pour utiliser la puissance du dollar.
21:18 Donc dans certains cas, oui, bien sûr,
21:20 on assume le côté fédéral type monétaire.
21:22 Dans d'autres cas, parler d'Europe fédérale
21:24 pour la défense n'a aucun sens,
21:26 puisque, comme je viens de vous le dire,
21:27 personne, même les plus pro-européens,
21:29 n'imagine un commandement intégré,
21:31 une force de dissuasion européenne, etc.
21:34 Donc là, ça n'aura aucun sens.
21:36 C'est pour ça que je vous dis,
21:37 il ne faut pas se perdre dans des débats théoriques.
21:39 Il faut regarder les enjeux historiques
21:40 auxquels on est confrontés et y répondre.
21:42 Il y a eu une photo surprenante ce week-end,
21:43 publiée sur un compte Instagram
21:45 par des militants néofascistes.
21:47 Ce sont des suprémacistes blancs,
21:48 baptisés "Ouest Cajoual",
21:50 où on voit Valérie Ayé au milieu d'eux.
21:52 Vous a-t-elle expliqué ce qu'elle faisait
21:53 sur ce cliché, Valérie Ayé ?
21:55 Je l'ai eu hier soir.
21:56 Elle est évidemment écoeurée d'avoir été piégée
21:59 par des gens qui sont venus autour d'elle,
22:01 qui ont dit "on fait une photo, on fait un selfie".
22:04 Elle a fait la photo comme elle le fait
22:05 avec des dizaines et des centaines de Français
22:07 tous les jours.
22:08 Et il se trouve que sur les t-shirts,
22:09 il y a des propos suprémacistes blancs et néonazis.
22:11 Manque de vigilance à ce niveau de responsabilité ?
22:13 Si vous devez commencer, il y a une gauze.
22:15 A chaque fois qu'un Français vient vous voir,
22:17 quand vous êtes en campagne,
22:18 à regarder ce qui est écrit dans le détail,
22:19 devant, derrière le t-shirt,
22:21 vous ne faites pas campagne.
22:22 Donc elle a eu raison, évidemment, de faire confiance.
22:24 Si on ne fait pas confiance aux Français,
22:25 si on ne fait pas confiance entre nous,
22:26 où est-ce qu'on va ?
22:27 Par contre, ça veut dire quoi ?
22:29 Ça veut dire que les néonazis,
22:30 l'extrême droite, ils sont là.
22:32 Ils ne sont même plus cachés, ils sont là.
22:33 Regardez en Allemagne le retour de la violence politique.
22:36 Donc on ne peut pas laisser cette extrême droite gagner.
22:38 On ne peut pas laisser.
22:39 C'est le cœur de notre combat.
22:40 Et c'est pour ça aussi que, oui,
22:41 on est dans un face-à-face avec Gabriel,
22:43 avec, pardon, avec Bardella,
22:45 avec Marine Le Pen.
22:48 Parce qu'on assume cette confrontation d'idées
22:50 qui est fondamentale pour notre histoire
22:51 et pour notre avenir.
22:52 Pascal Canfin, merci, eurodéputé Rignoud,
22:56 président de la commission Environnement,
22:58 Santé publique, Sécurité alimentaire
22:59 au Parlement européen.
23:00 Merci à vous.
23:01 Merci d'avoir été au micro d'Inter.

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