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Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, est l'invité du Grand entretien de France Inter. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-06-fevrier-2023-6890412

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00:00 Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le ministre de l'Economie et des Finances.
00:04 Question, réaction, amis auditeurs, amis auditrices au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:11 Bonjour Bruno Le Maire.
00:12 Bonjour Nicolas Demorand, bonjour Léa Salamé.
00:14 Bienvenue sur Inter, on va évidemment parler ensemble de la réforme des retraites,
00:18 mais commençons par le violent séisme qui a frappé cette nuit le sud de la Turquie et la Syrie.
00:23 Le bilan pour l'instant est de plus de 500 morts, les dégâts sont considérables.
00:28 C'est le plus important tremblement de terre dans cette région depuis celui de 1999
00:34 qui avait causé la mort de 17000 personnes.
00:37 Quels sont vos mots ce matin Bruno Le Maire pour la Turquie, la Syrie ?
00:42 Quel message avez-vous envie de passer aux populations frappées par cette catastrophe ?
00:47 Un message de soutien, un message d'amitié pour toutes les populations qui sont touchées,
00:53 pour tous les pays qui sont touchés.
00:55 Et puis un message pour dire qu'évidemment le Président de la République suit la situation
01:00 minute par minute, heure par heure, et qu'il prendra les décisions nécessaires
01:04 si les pays le réclament pour apporter du soutien à la France.
01:08 Je peux vous assurer que le Président de la République suit le sujet minute par minute.
01:14 Venons-en aux retraites si vous le voulez bien.
01:16 Après deux journées de mobilisation record contre la réforme des retraites
01:20 et avant une troisième journée demain, une quatrième samedi.
01:23 Le texte arrive donc à l'Assemblée Nationale aujourd'hui pour un débat qui va durer deux semaines.
01:27 Bruno Le Maire, vous nous dites ce matin que c'est une bonne réforme,
01:30 que c'est une grande réforme, que c'est une réforme dont vous êtes fier,
01:34 même si 70% des Français sont contre.
01:37 Oui.
01:39 Oui, je vous dis que c'est une bonne réforme.
01:41 Je vous dis que c'est une réforme nécessaire.
01:44 Et je vous dis que c'est une réforme responsable.
01:46 Et que quand on exerce des fonctions en responsabilité,
01:52 il faut savoir regarder les réalités en face.
01:55 Moi, ce qui me frappe dans ce débat, c'est que par moment, la réalité ne compte plus.
01:59 La dette ne compte plus, les déficits ne comptent plus.
02:01 Le fait qu'il y ait des milliards d'euros de déficit sur les régimes de retraite ne compte plus.
02:05 On peut aligner des propositions qui coûtent des dizaines de milliards d'euros, ça n'a pas d'importance.
02:10 Nous, nous avons la responsabilité de la réalité de la vie des Français.
02:13 Nous avons la responsabilité du régime de retraite par répartition.
02:17 Nous prenons nos responsabilités avec le Président de la République,
02:20 avec la Première Ministre et nous pouvons dire à nos compatriotes
02:24 « votre régime de retraite par répartition sera sauvé,
02:28 il sera préservé dans les années qui viennent.
02:30 Et en plus, nous allons l'améliorer puisqu'il y a dans cette proposition,
02:33 et ça je pense que c'est un motif de fierté,
02:36 des vraies améliorations pour les carrières longues,
02:38 des améliorations pour ceux qui ont des pensions de retraite qui sont très faibles,
02:42 des améliorations pour les aidants.
02:44 Tout ça fait une bonne réforme.
02:46 François Ruffin reproche dans Libération à Emmanuel Macron de faire sécession avec la nation.
02:51 Le gouvernement ne compte plus convaincre, mais juste vaincre par la lassitude.
02:55 Si le texte passe, ça va se régler soit par une révolte, soit par un dégoût durable.
03:00 Que lui répondez-vous sur ces mots ?
03:02 Je lui réponds que les grands mots ne font pas la vérité.
03:05 Nous n'essayons pas de vaincre, nous essayons de convaincre nos compatriotes
03:10 que cette réforme est responsable,
03:12 que nous avons entendu avec la Première Ministre un certain nombre de demandes.
03:15 Comment vous expliquez que plus vous parlez,
03:18 et la Première Ministre a parlé encore 45 minutes jeudi soir à la télé,
03:22 moins vous convainquez ?
03:24 Mais nous verrons ce que donnera le débat parlementaire,
03:26 nous verrons ce que donneront les jours qui viennent.
03:28 Moi, je ne me lasserai pas d'aller expliquer
03:31 que nous avons la responsabilité de la réalité financière
03:35 de ce régime de retraite par répartition,
03:37 que je préfère la solidarité au chacun pour soi,
03:40 mais que la solidarité a un coût
03:42 et que la responsabilité du ministre de l'Economie et des Finances,
03:45 du gouvernement, de l'ensemble de ceux qui aujourd'hui dirigent le pays,
03:49 c'est de garantir la pérennité de ce régime de retraite par répartition.
03:53 Et je conteste tous ceux qui nous accusent de brutalité, de violence,
03:57 de vouloir passer en force, comme dit M. Ruffin.
03:59 Il y a un débat parlementaire, il va avoir lieu.
04:01 Nous allons construire une majorité,
04:03 nous ferons tout ce qui est nécessaire pour construire cette majorité à l'Assemblée Nationale.
04:08 Mais nous le ferons par la conviction et par la responsabilité,
04:12 certainement pas par la votre.
04:13 Pour s'assurer du vote des députés LR,
04:14 Elisabeth Borne a accordé à Éric Ciotti une concession importante pour son camp à lui.
04:19 Les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans
04:22 pourront partir à la retraite à 63 ans et non 64.
04:26 Première question, pensez-vous que ça va vous assurer les voix suffisantes
04:32 de députés LR pour éviter de faire passer cette réforme par le 49-3 ?
04:36 Quelle raison aurait désormais les députés LR
04:40 de ne pas voter cette réforme des retraites ?
04:41 Ils disent que ça ne concerne que les 20 ans, par exemple Aurélien Pradié,
04:45 et qu'il faut que ça concerne aussi ceux qui ont commencé à travailler à 19 ans, pas à 18.
04:48 Aurélien Pradié est un cas isolé dans cette majorité.
04:52 Ce que je constate, c'est que les LR ont fait un certain nombre de demandes.
04:56 Et nous avons dit depuis le début, en jouant carte sur table avec la Première Ministre,
05:00 que nous souhaitions qu'on soit cette majorité avec les Républicains.
05:03 Ils ont dit 65 ans c'est trop, passons à 64.
05:07 C'est plus raisonnable, nous avons retenu cette proposition.
05:10 Ils nous avaient dit que la retraite minimum à 1200 euros,
05:14 c'était très bien pour les personnes qui rentraient en retraite,
05:16 mais que ce serait encore mieux si on tenait compte de la situation
05:19 de ceux qui étaient déjà à la retraite.
05:21 Nous l'avons fait, les 1200 euros de pension minimale
05:23 toucheront aussi ceux qui sont à la retraite.
05:25 Nous avons entendu maintenant, c'est l'ouverture qu'a faite la Première Ministre hier,
05:30 la remarque sur les carrières longues, ceux qui démarrent à 20 ans.
05:33 Je ne vois donc plus aucune raison, si on est honnête,
05:37 si on est cohérent par rapport à ces convictions,
05:40 pour les députés et les Républicains, de ne pas voter cette réforme.
05:43 Et j'en appelle à tous ceux qui aujourd'hui peuvent avoir encore des doutes,
05:46 des hésitations, soyez fidèles à ce que vous avez toujours défendu
05:52 devant vos électeurs depuis des années.
05:54 Soyez fidèles à vos convictions,
05:56 soyez fidèles à ce qui est l'intérêt de la nation française,
05:59 avoir une réforme des retraites qui garantit la pérennité de ce régime.
06:03 Vous ne cessez de dire et de répéter que chaque euro d'argent public compte,
06:07 M. le ministre de l'Économie.
06:08 Or cette concession, comme vous dites,
06:10 coûtera entre 600 millions et 1 milliard d'euros par an.
06:14 Ça fait cher le prix du vote d'un député LR, non ?
06:17 Ce n'est pas le prix du vote, c'est le prix de l'amélioration de la loi.
06:21 Et s'il n'y a pas d'amélioration de la loi,
06:23 ce n'est pas la peine d'avoir de débats démocratiques à l'Assemblée.
06:25 C'est à ça que sert le débat démocratique.
06:27 Mais je vous confirme qu'il faudra financer toutes les ouvertures qui peuvent être faites,
06:32 toutes les améliorations qui peuvent être faites.
06:33 Mais cette réforme, elle va rapporter combien à la fin ?
06:35 Parce qu'avec toutes les concessions que vous faites,
06:38 ça va rapporter combien ? 1 milliard par an ?
06:40 Tout ça pour ça ?
06:41 Il ne s'agit pas que ça rapporte quelque chose à l'Assemblée.
06:42 Bah si, c'est pour les déficits.
06:43 Si j'ai bien compris l'élément de langage numéro 2,
06:45 il s'agit de garantir...
06:46 Mais ça n'est pas des éléments de langage,
06:48 c'est des convictions que je défends depuis des années.
06:50 Je crois que vous m'avez entendu,
06:51 contrairement à certains, les Assemblées, depuis des années,
06:54 dire qu'il fallait reculer l'âge légal de départ à la retraite.
06:57 Je suis cohérent par rapport à mes convictions depuis des années.
07:01 Je les ai défendues quand j'étais candidat à la primaire,
07:03 je les défends depuis le début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron,
07:07 je les ai défendues pendant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron.
07:09 Et je reviens à votre micro,
07:11 j'espère que ça ne provoquera pas de lassitude chez vos auditeurs,
07:14 défendent les mêmes idées et les mêmes convictions,
07:16 le report de l'âge légal de départ à la retraite.
07:18 Mais je vous confirme que toutes les ouvertures devront être financées.
07:22 Là, il y a une première proposition de financement,
07:24 c'est l'alignement du régime des indemnités,
07:26 licenciement sur le régime des indemnités de rupture conventionnelle.
07:30 C'est-à-dire que toutes ces indemnités seront le forfait social à 30%,
07:34 ça rapportera 200 millions d'euros.
07:36 C'est une des propositions.
07:37 - Ça ne fait pas 600 milliards.
07:38 - Non, vous avez tout à fait raison.
07:39 - 600 millions, excusez-moi.
07:40 - 600 millions, Dieu soit loué.
07:41 600 millions, mais il faudra trouver des mesures de financement,
07:44 ce sera au parlementaire de trouver des mesures de financement.
07:47 - Elisabeth Borne se dit favorable à ce que l'index senior
07:50 soit étendu progressivement aux entreprises de plus de 50 salariés
07:54 contre 300 dans le texte actuel,
07:57 avec éventuellement des sanctions financières.
07:59 Le Medef, la CPME sont archi-contre.
08:01 Et vous Bruno Le Maire ?
08:03 - Eh bien moi je suis pour.
08:05 Quand on demande des efforts aux Français,
08:07 et on demande des efforts aux Français, je ne vais pas vous dire le contraire,
08:10 travailler jusqu'à 64 ans c'est un effort.
08:13 Il faut que les entreprises fassent des efforts aussi.
08:15 - Alors, c'est pendant quelle forme là, ces sanctions financières ?
08:18 - Les sanctions financières, c'est très précisément un pourcent de la masse salariale.
08:23 Si jamais vous ne publiez pas cet index senior,
08:26 donc c'est une sanction qui est très claire,
08:28 il y a une obligation de faire de la transparence sur le recrutement des seniors.
08:32 Je pense que c'est un combat essentiel pour la nation française.
08:35 On ne peut pas nous dire qu'on vieillit plus longtemps,
08:38 donc on peut travailler plus longtemps,
08:40 et dans le même temps ne pas faire de place à ceux qui sont plus âgés dans leur vie professionnelle.
08:45 Donc les Français font un effort, il faut que les entreprises fassent un effort également.
08:50 - Concernant les femmes Bruno Le Maire,
08:52 est-ce normal à vos yeux qu'une femme née en 1975 par exemple,
08:55 travaille avec votre réforme en moyenne 9 mois de plus,
08:58 alors qu'un homme travaillera 5 mois de plus ?
09:01 Est-ce que c'est juste ?
09:02 - Ce que je trouve injuste, Léa Salamé, je vais vous dire ce qu'on est en train de déplacer le débat,
09:06 c'est qu'il n'y a pas encore l'égalité parfaite entre les femmes et les hommes dans le déroulement des carrières.
09:11 - Oui mais votre réforme, elle ne va pas corriger ça.
09:13 - Mais votre réforme n'est pas là pour corriger cela.
09:15 Ce qui doit corriger cela, c'est les efforts qui vont être faits sur la parité entre les femmes et les hommes.
09:20 Je me suis battu comme ministre de l'économie pour qu'on garantisse la parité entre les femmes et les hommes
09:24 dans les comités de direction de toutes les entreprises françaises.
09:27 C'est comme ça qu'on progresse.
09:29 Je suis prêt à aller plus loin sur l'égalité salariale entre les femmes et les hommes.
09:33 C'est comme ça qu'on garantira les droits des femmes.
09:35 Je me suis battu pour qu'on nomme à la tête des plus grandes entreprises de France, du CAC 40, des femmes.
09:39 Croyez-moi, ça n'a pas été un combat facile.
09:41 - Il n'y en a pas beaucoup.
09:42 - Mais ne confondons pas, il n'y en a pas suffisamment bien entendu.
09:45 Ce que je veux dire, c'est que notre débat sera utile s'il se fait dans la clarté et pas dans la confusion.
09:50 L'égalité au travail entre les femmes et les hommes est un grand combat.
09:55 Il doit continuer à être livré, mais ce n'est pas le combat de la réforme des retraites
10:01 qui, elle, doit nous amener tous à travailler plus longtemps pour garantir l'équilibre financier de notre régime.
10:06 - Allez, on passe au Standard Inter. Gérard, bonjour.
10:09 - Bonjour.
10:10 - On vous écoute.
10:11 - Oui, alors moi je voudrais poser une question à M. Le Maire.
10:14 Et puis son propos récent vient d'alimenter mon propos.
10:19 Moi je ne comprends pas qu'un gouvernement qui se dit à l'écoute des personnes et des citoyens français,
10:28 alors que 70 ou plus des actifs dénoncent la retraite,
10:34 je vous dis que moi je suis retraité, mais je trouve que votre retraite sur le retard de l'âge de départ en retraite est complètement stupide,
10:40 d'autant que, contrairement à ce que vous laissez entendre, il y a des moyens de financer le déficit que vous mettez en avant,
10:50 à savoir l'égalité hommes-femmes dans les salaires, ça ne rapporterait pas de l'argent, ça ne ferait pas rentrer des cotisations sociales ?
10:56 - C'est votre question, Gérard ?
10:59 - Oui.
11:00 - Je suis content que vous posiez...
11:02 - Pourquoi le gouvernement ne revient pas sur le départ de l'âge de retraite à 64 ans ?
11:09 - Merci Gérard pour cette question, Bruno Le Maire vous répond.
11:13 - Je suis content que vous posiez cette question, parce que ce que le débat a montré depuis des jours,
11:18 à fur et à mesure que tombaient tous les amendements, notamment de la NUPES, sur ce projet de loi,
11:24 c'est qu'il n'y a pas d'alternative crédible au financement du régime des retraites que celle que nous avons proposée.
11:30 Moi j'ai regardé attentivement les amendements des NUPES, je vous fais un petit résumé, parce qu'il y en a 20 000, c'est un petit peu long.
11:36 C'est plus d'impôts, plus de taxes, 110 milliards d'euros d'impôts et de taxes supplémentaires.
11:41 - Jérôme Guedj vous conteste totalement.
11:43 Jérôme Guedj à ce micro-là tout à l'heure à 7h50, il dit pas du tout...
11:47 Ils sont en train de nous répondre ça en pensant ce que coûterait éventuellement une réforme à 60 ans, un retour de la retraite à 60 ans,
11:55 mais c'est pas du tout ce qu'on propose, il n'y a pas un amendement qui parle de la retraite à 60 ans, dans les 18 000 qui sont déposés, c'est ce que dit Jérôme Guedj.
12:02 - Il n'y a pas besoin de parler du retour à la retraite à 60 ans, il suffit de regarder dans ces 110 milliards d'euros de taxes et d'impôts supplémentaires,
12:09 les 85 milliards d'euros qui portent uniquement sur le travail, votre travail, ceux de nos auditeurs.
12:15 Tout ce que propose la NUPES est mauvais pour le salarié, mauvais pour l'employeur et au bout du compte, mauvais pour la France.
12:21 Je vais être très concret, aujourd'hui il y a une défiscalisation des heures supplémentaires.
12:26 La NUPES propose la suppression, la défiscalisation des heures supplémentaires.
12:31 Pour financer le régime de retraite.
12:34 Pour un ouvrier qui travaille une heure par semaine, c'est 150 euros de moins par an.
12:40 150 euros de moins par an.
12:42 Il propose la suppression de l'allègement de cotisations patronales sur les bas salaires.
12:46 Ça provoquera un chômage de masse, on le sait tous, parce que s'il n'y a pas d'allègement de cotisations, il n'y a pas d'embauche, et s'il n'y a pas d'embauche, il y a du chômage.
12:53 Ça coûtera à un commerçant qui embauche quelqu'un au SMIC, 700 euros par mois.
12:57 C'est la même vieille politique, c'est un retour en arrière de 20 ans, qui a mené la France au chômage de masse et à l'appauvrissement généralisé de ceux qui travaillent, en particulier les plus modestes et j'ouvrirai…
13:07 - Marisol Tourel… - Pardon, je voudrais juste terminer…
13:10 - Non, mais quand même, si on peut vous poser une question…
13:12 - Oui, mais quand je parle de la NUPES et que j'attaque la gauche, j'aimerais pouvoir m'exprimer clairement.
13:18 Je voudrais que chacun comprenne à quel point les propositions alternatives de la NUPES et de ses alliés conduisent le pays droit dans le mur et ne permettent pas de financer les régimes de retraite, chaud sur le dos des salariés et sur le dos des commerçants, des artisans et des entrepreneurs.
13:35 - Oui, sauf qu'il n'y a pas que la NUPES qui est contre votre réforme.
13:37 - La NUPE, qui est contre la réforme des retraites sous le quinquennat Hollande, qui a appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour, souligne que c'est la première fois qu'une réforme des retraites ne met pas à contribution les entreprises, ni ceux qui sont les plus aisés en France.
13:51 Que répondez-vous à cette remarque ? C'est une remarque, ce n'est pas 10 000 amendements, c'est une analyse.
13:58 - Je vais vous répondre par une question qui a allongé la durée du nombre de retraites, du nombre de trimestres nécessaires pour avoir sa retraite à taux plein.
14:06 Je pose juste la question, ce n'est pas nous.
14:10 - François Hollande, donc Emmanuel Macron qui était dans son gouvernement.
14:14 - Je pense que c'était une décision responsable, donc on ne peut pas nous reprocher de nous inscrire aussi dans le prolongement de cette réforme.
14:19 - Elle, elle dit que les 64 ans c'est extrêmement juste, c'est la réforme la plus injuste. Elle dit ça, Marisol Touraine, ce n'est pas la NUPES.
14:25 - On pourrait contester ce qui a été fait précédemment dans le quinquennat précédent avec ces 43 trimestres que Marisol Touraine a mis en place.
14:34 Moi, je ne conteste pas l'efficacité de ces mesures. Je dis simplement que le financement que nous apportons a un mérite.
14:41 Il garantit à nos compatriotes qu'en 2030, les retraites seront à l'équilibre.
14:47 - On passe au standard, on nous attend Henri. Henri, vous nous appelez de Toulouse.
14:52 - Oui, bonjour Monsieur le ministre. Je suis clairement un électeur de Monsieur Macron puisqu'il était candidat.
14:59 Aujourd'hui, il est totalement impossible de travailler encore plus longtemps.
15:04 En 2019, Monsieur Macron exprimait que reporter l'âge de la retraite était une aberration.
15:10 Moi, aujourd'hui, très clairement, je suis prêt à cotiser plus pour assurer une retraite à un âge décent.
15:16 Je vais déjà devoir travailler jusqu'à 66 ou 67 ans personnellement. Merci.
15:21 - Donc, cotiser plus, ça vous irait, mais vous trouvez que le report de l'âge, c'est inacceptable pour reprendre vos mots ?
15:26 - Tout à fait. - Merci Henri pour cette question. Bruno Le Maire vous répond.
15:30 - J'entends la remarque d'Henri. Je dis simplement qu'on ne peut pas regretter d'un côté la perte de pouvoir d'achat,
15:37 des salaires qui ne sont pas suffisants pour beaucoup de nos compatriotes.
15:41 Et qui explique aussi largement, je pense, une partie de la mobilisation.
15:45 Et de l'autre, nous dire qu'on va augmenter les cotisations salariales, c'est-à-dire faire baisser le pouvoir d'achat de nos compatriotes.
15:52 Nous, nous faisons un choix différent. Celui du travail. Celui du travail pour tous, puisque nous approchons du plein emploi.
15:58 Et celui du partage de la valeur, puisque nous voulons des salaires qui augmentent.
16:02 Et nous voulons une meilleure répartition de la valeur entre le capital et le travail.
16:06 Ce sera un des débats que nous aurons dans les jours qui viennent. Nous préférons cette voie-là.
16:10 Sur la question du travail, Bruno Le Maire, pensez-vous, comme Gérald Darmanin, que ceux qui s'opposent à votre réforme sont des gauchistes bobos
16:16 qui veulent une société sans travail, sans effort, bref, une société de la paresse ? Est-ce que vous employez les mêmes mots ?
16:20 Je suis convaincu que la France est un pays de gens qui aiment le travail, qui travaillent bien, qui travaillent avec efficacité.
16:32 La preuve en est les résultats économiques extrêmement solides de la France depuis maintenant des années.
16:38 Et encore, l'année passée, on nous disait qu'on allait entrer en récession, qu'en 2023, ça allait être terrible.
16:43 Je vois des très bons résultats économiques. 2,6% de croissance en 2022, une croissance positive en 2027, un investissement des entreprises.
16:50 Ceux qui s'opposent à votre réforme sont-ils des feignasses ? Gogo, gauchistes, feignasses, est-ce que vous pensez ça ?
16:56 Oui, je respecte ceux qui soutiennent notre réforme comme ceux qui s'y opposent. Ça s'appelle la démocratie.
17:01 Je ne crois absolument pas aux discours comme quoi les gens ne voudraient plus travailler, ils veulent travailler différemment.
17:08 Je ne crois absolument pas aux discours comme quoi les jeunes désormais, ils ne veulent plus bosser, c'est plus comme avant.
17:14 Ça, c'est des discours conservateurs qui ne mènent absolument nulle part.
17:18 Nos compatriotes, en particulier les plus jeunes d'entre eux, veulent travailler différemment, veulent que leur emploi ait un sens,
17:24 veulent pouvoir organiser différemment leur travail. Ils ont raison.
17:27 Nous, nous leur garantissons le plein emploi et nous nous battons pour que leur rémunération soit la meilleure possible.
17:32 Allez, on est en ligne maintenant au Standard Inter avec Faisal. Vous nous appelez, bonjour, d'Avignon.
17:38 Bonjour, France Inter, bonjour, Monsieur le Ministre. Ma question est la suivante.
17:44 Le groupe Total Energy s'apprête à annoncer pour 2022 des profits records.
17:49 Pouvez-vous assurer à l'antenne, Monsieur le Ministre, que cette entreprise paiera enfin des impôts en France puisqu'elle n'en a pas payé en 2020 et pas payé en 2021 ?
18:00 Cette attitude est pour moi, je suis un ancien chef d'entreprise à la retraite,
18:06 est pour moi rien moins qu'une trahison envers le pacte social et économique qui relie les Français entre eux.
18:14 Et j'estime que l'aveuglement dogmatique dont vous faites preuve, vous et le Président de la République,
18:20 ne vous permet plus de voir la colère sourde qui monte dans le pays.
18:25 Même si la réforme des retraites passe, même si un jour ou l'autre les manifestations s'arrêtent, la colère sourde va rester.
18:34 Et ce jour-là, vous serez responsable, Monsieur le Ministre et Monsieur le Président de la République, de l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
18:42 Merci Faisal pour cette intervention, votre question sur Total.
18:47 Et ce constat d'une colère sourde dans le pays, Bruno Le Maire ?
18:52 Je vais commencer par la colère sourde, que c'est peut-être le plus important.
18:56 Mais vous la ressentez ?
18:57 Je sens de la colère, je sens de l'inquiétude surtout, je sens de l'angoisse par rapport à ce qui va venir, je sens la crainte du déclassement bien entendu.
19:04 Mais les réponses que nous apportons donneront des résultats et en donnent déjà.
19:10 La colère, elle est liée à la crainte de l'emploi. L'emploi, nous garantissons le plein emploi d'ici 2027.
19:17 Elle est liée au problème de rémunération.
19:20 Aux inégalités aussi, aux inégalités aussi. Vous avez entendu Faisal, il vous parle du CAC 40, il vous parle des dividendes.
19:27 Tous les trois mois, on apprend qu'il y a des dividendes records. Vous entendez ça ?
19:31 Je veux juste dire à la Salamé que nous sommes...
19:33 L'acceptabilité de vos réformes.
19:34 Je vais y répondre sur Total, mais ne mélangeons pas tout. Nous sommes un des pays qui garde justement un partage de la valeur entre le capital et le travail le plus stable depuis des années.
19:43 C'est une des seules nations développées qui le fait.
19:45 Et nous avons développé l'intéressement, la participation, développé les primes défiscalisées, mis en place un actionnariat salarié.
19:53 Nous sommes le pays en Europe qui a le plus d'actionnaires salariés.
19:56 Et nous avons engagé avec la majorité le grand débat sur le partage de la valeur.
20:00 Pour aller encore plus loin, je veux que la France soit en pointe sur la question du partage de la valeur au bénéfice des salariés.
20:07 C'est la réponse que nous voulons apporter à ces inquiétudes, cette colère que nous sentons effectivement dans le pays et que nous n'ignorons absolument pas.
20:15 Sur Total, Total paye ses impôts sur ce qu'il produise en France.
20:19 Mais il se trouve que l'immense majorité de la production de Total, extraction de gaz ou extraction de pétrole, se fait en dehors de France,
20:25 puisque en France, on n'exploite plus ni gaz ni pétrole.
20:29 Mais en revanche, sur les activités de raffinerie, ils payent leurs impôts comme n'importe quelle autre entreprise.
20:35 La deuxième chose que je veux vraiment souligner, c'est que toutes les entreprises qui font des profits exceptionnels liés à l'augmentation des prix du gaz ou de l'électricité,
20:46 payent ce qu'on appelle la rente inframarginale, qui nous rapporte 26 milliards d'euros, qui nous permet de financer le bouclier tarifaire.
20:53 Donc vous voyez que les grandes entreprises sont bien mises à contribution.
20:57 Le parquet national financier a retenu l'infraction de favoritisme contre le ministre du Travail Olivier Dussopt
21:03 dans l'affaire de deux œuvres d'art reçues en cadeau en 2017, quand il était maire d'Anneau-Nez, député de l'Ardèche.
21:08 Est-il fragilisé au moment où il doit défendre une réforme aussi difficile ?
21:13 La Première ministre a rappelé hier son soutien Total à Olivier Dussopt.
21:18 Moi je peux vous dire que c'est un excellent ministre du Travail, un excellent collègue, et pour ce qui me concerne et ce qui concerne, je pense, tous les autres membres du gouvernement, nous sommes avec lui.
21:27 Très rapidement, vous partez dans deux heures aux États-Unis avec votre homologue allemand, le ministre de l'Économie Robert Abeck.
21:32 Le déplacement a pour objet principal le fameux Aira, ce plan de Joe Biden pour subventionner massivement l'industrie américaine,
21:41 un plan jugé très agressif par Emmanuel Macron il y a quelques semaines.
21:44 Vous souhaitiez, vous l'aviez dit à ce micro, un véritable Aira européen, sauf que l'Allemagne bloque.
21:51 Moi je pense que nous sommes sur le point d'avoir cet Aira européen.
21:54 Ça va se jouer au Conseil européen dans les prochains jours.
21:57 Et l'Europe aura enfin engagé ce virage stratégique vers une intervention plus forte des pouvoirs publics pour défendre nos industries,
22:08 défendre nos productions et financer le développement de l'industrie verte, celle de l'hydrogène, celle des éoliennes, celle des panneaux solaires qui va se développer demain.
22:16 Elle dit clairement qu'on ne veut pas de plan d'investissement en commun.
22:19 Je constate que la Commission européenne, qui est celle qui fait la proposition, a mis sur la table tout ce qu'avec le président de la République nous réclamions depuis des mois.
22:27 C'est une vraie victoire de la vision française.
22:30 Possibilité de crédit d'impôt, possibilité de subvention pour les industries vertes qui démarrent, possibilité de se mettre au même niveau d'aide financière que les Américains,
22:41 protection de nos frontières avec la mise en place de la taxe carbone aux frontières.
22:45 Tout cela, c'est la réalisation de la vision de la souveraineté européenne que défendait Emmanuel Macron en 2017 dans son discours de la Sorbonne.
22:54 Merci Bruno Le Maire. Merci d'avoir été à notre micro ce matin.

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