Le nouveau ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, est l'invité du Grand Entretien de ce lundi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-06-janvier-2025-5743104
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin un homme nouveau en politique, mais qui sera
00:04clé dans les semaines et les mois à venir, le ministre de l'Économie, des Finances,
00:10de la Souveraineté Industrielle et Numérique.
00:12Vos questions, 0145 24 7000 et application de Radio France.
00:18Eric Lombard, bonjour.
00:20Bonjour Léa Salamé, bonjour Nicolas Demorand.
00:22Soyez le bienvenu sur Inter.
00:24Ce n'est pas vous faire injure que de dire que le grand public ne vous connaît pas.
00:29Vous avez dirigé la Caisse des dépôts pendant sept ans.
00:32Auparavant, vous avez travaillé dans la finance, patron de BNP Paris Bassurance, puis de Général
00:38Y-France.
00:39A 66 ans, votre seul mandat électoral se résume à un siège de conseiller municipal à Fontenay-sous-Bois
00:46dans le Val-de-Marne.
00:47C'était dans les années 90.
00:49Vous êtes passé par le cabinet de Michel Sapin, 92-93.
00:54Mais contrairement à nombre de vos prédécesseurs à Bercy, vous n'êtes pas énarque.
00:59Est-ce une qualité ? Un défaut ? Vous nous le direz.
01:02Mais plus sérieusement, qu'est-ce qui vous a poussé à accepter ce poste dans une situation
01:09aussi compliquée et alors que le gouvernement Bayrou n'a peut-être que quelques semaines
01:14ou quelques mois d'espérance de vie ? Vous aimez le risque, Eric Lombard ?
01:19En fait, c'est parce que c'est difficile que j'ai accepté le défi.
01:23Avant d'accepter, j'ai eu trois entretiens avec le Premier ministre, avec François Bayrou,
01:29pour parler de la ligne politique qu'il allait suivre, pour parler des défis et de la façon
01:34de travailler.
01:35Et pourquoi est-ce que j'ai accepté ? Aujourd'hui, la France n'a pas de budget.
01:40On est le 6 janvier.
01:42Je peux déjà vous dire que c'est une situation inconfortable.
01:46Le 31 décembre, avec la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, on a signé
01:51une communication permettant de lancer un certain nombre de sujets, de maintenir un
01:55certain nombre de situations en place, notamment, par exemple, je pense aux agriculteurs qui
01:59défilent aujourd'hui et pour lesquels, dans ce budget, dans ce projet de budget, il y
02:03a des mesures qui sont prévues, mais pour qu'elles s'appliquent, il faut bien que
02:05le budget soit voté.
02:06Donc c'est important que ce budget soit voté.
02:09Pour ça, il faut dialoguer.
02:12Et ce que j'ai enrichi dans mon parcours à la Caisse des dépôts, c'est des liens
02:16avec l'ensemble des partis politiques, avec l'ensemble des acteurs politiques, une capacité
02:21de dialogue que je veux mettre au service des Françaises et des Français pour parvenir
02:25à un accord, ou à minima, un accord de non-censure, pour que dans les meilleurs délais, notre
02:31pays ait un budget.
02:32Et il y a des situations, quand on vous demande de vous engager, eh bien, la responsabilité
02:38commande de dire oui, c'est ce que j'ai fait.
02:40Vous allez nous dire comment vous allez faire pour essayer d'avoir cet accord de non-censure
02:43à minima, comme vous dites.
02:45Comment vous allez réussir là où le gouvernement Barnier n'a pas pu, n'a pas affailli.
02:50Mais encore un mot sur vous, parce que au journal Le Point, vous avez cité une influence
02:53étonnante qui nous a un peu intrigués.
02:55Vous avez dit « je me sens comme Spider-Man, comme l'homme-araignée ». Alors pourquoi ?
03:00Parce que vous avez le sentiment d'être pris dans une toile ou parce que la toile
03:03vous permet de vous déplacer ?
03:05Je savais que cette référence, mais que j'aime bien, me poursuivrait.
03:08En fait, je pensais surtout à ce qu'a dit l'oncle Ben avant de mourir.
03:12Il a dit à Spider-Man « tu as de grands pouvoirs, ça implique de grandes responsabilités ».
03:17C'est exactement ça, quand on est nommé ministre de l'économie et des finances.
03:20On a des pouvoirs importants que j'aborde avec humilité, c'est au service des Françaises
03:24et des Français.
03:25Et ça donne des grandes responsabilités.
03:27La responsabilité, là, avec Amélie de Montchalin, c'est que le budget soit voté pour que
03:31les Françaises et les Français bénéficient de services publics qui ne soient pas en service
03:34minimum, ce qui va être un petit peu le cas dans les semaines qui viennent.
03:36Ça veut dire quoi ?
03:38Parce que c'est vrai qu'on avait entendu au moment du gouvernement Barnier des phrases
03:41un peu catastrophistes.
03:43Elisabeth Borne avait dit « si on n'a pas de budget le 1er janvier, il n'y a plus
03:46de carte vitale ».
03:47Bon, la carte vitale marche toujours, on est le 6 janvier et elle marche.
03:50Parce que le gouvernement a fait passer une loi spéciale qui permet d'être sous le
03:54régime des services votés et donc les budgets qui avaient été votés pour 2024 peuvent
03:59continuer à s'appliquer.
04:00Donc évidemment, l'administration fonctionne, la Sécurité sociale fait ses remboursements,
04:05les fonctionnaires de la République, que je remercie de leur engagement, sont évidemment
04:08rémunérés.
04:09Mais on ne peut pas n'engager de nouveaux projets, de nouvelles politiques, ce qui est
04:13quand même très embêtant quand on est dans un gouvernement.
04:15Un mot encore.
04:16L'ancien Premier ministre Michel Barnier avait déclaré en découvrant l'état des
04:18comptes publics « je découvre une situation budgétaire très très grave ».
04:21Est-ce que vous dites la même chose ?
04:23La situation budgétaire est très très grave ?
04:25Mais bien sûr, bien sûr elle est grave.
04:28Pourquoi elle est grave ?
04:29Nous avons accumulé au cours des dernières années plus de 3000 milliards d'euros de
04:33dettes.
04:35Ça va nous coûter plus de 50 milliards d'euros par an.
04:38Le service de la dette, les intérêts que nous versons à nos créanciers, c'est le
04:41deuxième budget de l'État.
04:42C'est quoi cette dette ?
04:44C'est quelque chose que nous allons léguer à nos enfants.
04:46Quand on est à une famille, on ne veut pas léguer des dettes à ses enfants, on veut
04:50leur léguer un petit peu de biens, un petit peu de patrimoine quand on en a.
04:53Et nous, on va léguer 3000 milliards de dettes à nos enfants.
04:56C'est insupportable, c'est grave.
04:58Donc il est impératif de modifier notre trajectoire.
05:02La dette, elle vient du déficit, des déficits.
05:04Parce que nos trois fonctions publiques sont en déficit, la sécurité sociale, les collectivités
05:08locales et l'État.
05:09Elles sont toutes en déficit et donc il faut traiter sérieusement ce sujet pour inverser
05:13l'évolution de nos finances publiques, que le déficit décroisse progressivement de
05:18façon à ce qu'en 2029, et nous nous y sommes engagés, on atteigne les 3%.
05:23Et les 3% ce n'est pas une règle européenne, c'est une règle de bonne gestion des finances
05:26publiques de notre pays.
05:27Et en 2025, le déficit, puisque objectif Barnier c'était 5%.
05:33Vous, quel est l'objectif que vous fixez, Eric Lombard, est-ce que vous pouvez nous
05:37le dire ce matin ?
05:38Alors, c'est très technique, je ne veux pas perdre les Françaises et les Français
05:40qui nous écoutent.
05:41En 2024, le déficit sera probablement autour de 6,1% de la richesse nationale.
05:47Un ajustement, il se mesure en écarts.
05:50Si on vise 5%, c'est un écart de plus de 1%, c'est considérable.
05:54Je pense que c'est trop.
05:55Parce qu'il faut aussi soutenir l'économie, moi je pense à nos entreprises qui sont
05:59dans l'éducation.
06:00Il ne faut pas casser la croissance.
06:01Il faut protéger la croissance.
06:02C'est les entreprises qui créent la richesse, qui créent l'emploi.
06:05Et donc, on vise un déficit, avec le Premier ministre, le chiffre n'est pas encore complètement
06:10calé, qui se situerait entre 5 et 5,5%.
06:14C'est ça dans cette fourchette, donc avec un petit peu plus de souplesse que ce que
06:18le gouvernement de Michel Barnier avait prévu.
06:20Donc on retient 5,5% pour être… 5,4, 5,5.
06:24Ça sera moins de 5,5 et plus de 5.
06:26On est en train de faire le calage.
06:28D'accord.
06:29Comment comptez-vous ?
06:30Alors, on rentre dans les détails, comment comptez-vous faire pour présenter votre budget
06:33sans être censuré, comme l'a été le gouvernement Barnier ?
06:37Vous dites que vous allez recevoir à Bercy tous les partis politiques, les groupes parlementaires
06:41à partir de ce matin.
06:42Déjà, une question sur le « tous ». « Tous », ça veut dire même la France Insoumise
06:47et le Rassemblement National.
06:49On se rappelle que votre prédécesseur Antoine Armand, à ce micro, avait exclu l'URN estimant
06:55qu'il ne faisait pas partie de l'arc républicain.
07:00Alors, je vais vous livrer mes secrets de fabrication.
07:03Entre Noël et le jour de l'an, j'ai écrit, par texto, par SMS, à tous les responsables
07:10de partis et de groupes à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
07:14Tous.
07:15Et je leur ai proposé de les appeler afin de convenir des modalités d'un échange.
07:19Tous ont répondu favorablement, à l'exception de la France Insoumise, qui ne m'a pas répondu,
07:28ce qui est leur droit, bien sûr, et qui, par une dépêche AFP, a dit qu'ils ne viendraient
07:33pas à ces entretiens.
07:34Cependant, Éric Coquerel, qui est un représentant de la France Insoumise et qui est président
07:40de la commission des finances de l'Assemblée Nationale, en tant que président de cette
07:43commission et dans son rôle institutionnel, parce que j'ai aussi invité évidemment
07:46les présidents de commission, nous allons recevoir tout le monde avec Amélie de Montchalin,
07:49ministre des Comptes Publics, je le rappelle, viendra à ce titre jeudi.
07:54On a finalisé le rendez-vous hier soir.
07:56Donc aujourd'hui, c'est le PS, c'est ça ?
07:58Aujourd'hui, c'est le MoDem, puis le Parti Socialiste à midi, et puis on est en train
08:03de caler les rendez-vous.
08:04Et le Rassemblement National ?
08:05Le Rassemblement National s'est organisé pour vendredi, le rendez-vous avec les écologistes
08:10et le Parti Communiste est calé pour mercredi, voilà, enfin le calendrier est en train de
08:15se mettre en place.
08:16Mais je recevrai tout le monde avec Amélie de Montchalin, et aussi avec Patrick Mignola,
08:24le ministre des Relations avec le Parlement.
08:26On se rappelle que le RN avait fixé ces lignes rouges sur le budget, accusé Michel Barnier
08:29de ne pas les avoir acceptées.
08:30Marine Le Pen avait obtenu des reculs sur la hausse des taxes sur l'électricité, sur
08:33le déremboursement des médicaments, mais pas sur le renoncement à la désintoxication
08:37partielle des retraites sur l'inflation.
08:39Pour éviter la censure, vous vous alignerez sur ces trois lignes rouges de Marine Le Pen ?
08:45Non, pas nécessairement.
08:48En fait, je pense que la démarche par lignes rouges est une démarche qui coince tout le
08:54monde, parce que les lignes rouges définissent un triangle d'incompatibilité, si je puis
08:59dire.
09:00C'est-à-dire qu'il n'y a pas de solution avec les lignes rouges.
09:02Mais elle, elle les a fixées.
09:03Eh bien, je vais écouter l'ensemble des partis, l'ensemble des responsables.
09:08Nous allons, avec le Premier ministre, avec les autres membres du gouvernement, concernés
09:12notamment Catherine Vautrin qui gère les questions de retraite, regarder à qui nous
09:20pouvons, non pas donner de satisfaction, mais plutôt quelle politique qui nous paraît
09:23conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés et qui répond à leurs demandes aussi.
09:28Et on pourra vérifier à la fin de la semaine si cela nous permet d'obtenir des uns et
09:33des autres.
09:34Mais nous prendrons nos responsabilités, c'est-à-dire que ce n'est pas une négociation
09:38parce que si on négocie avec tout le monde, on finit par arriver à une situation, encore
09:42une fois, où il n'y a plus de possible.
09:44On va écouter, on va intégrer, on va faire une synthèse et on la proposera aux partis.
09:49Et puis ils se détermineront.
09:50Ils se détermineront.
09:51D'accord, mais si elle dit « moi je voterai la censure » s'il n'y a pas un renoncement
09:55à la désintoxication ?
09:56Eh bien, si les conditions qu'elle fixe ne sont pas acceptables, elle votera la censure.
10:00Et voilà.
10:01Même question pour les socialistes, qu'avez-vous prévu de leur dire ? Vous les recevez donc
10:07aujourd'hui leur dire pour qu'ils ne votent pas la censure.
10:09On rappelle que vous vous dites de gauche qu'Olivier Faure, le patron du PS, dit que
10:14vous êtes un ami sur le plan personnel.
10:16François Hollande vous demande des gestes forts.
10:19Lesquels êtes-vous prêt à accorder ?
10:21Je pense, alors que la semaine commence, qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue
10:27fécond, je dirais, avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement National.
10:32Mais encore une fois, moi je suis ouvert et on verra ce que donnera le dialogue.
10:35Vous nous dites ce matin au micro ce qu'on veut éviter, en gros, c'est que le PS vote
10:41la censure puisque mathématiquement, s'il ne votait pas la censure, vous passez.
10:44Le budget passe.
10:45Parce que maintenant, c'est bis répétita, on a déjà vécu l'histoire avec le gouvernement
10:52Barnier, c'est ça l'idée.
10:53Vous avez raison Léa Salamé, je pense qu'il y a des convergences possibles avec le PS,
10:57mais aussi avec le Parti Communiste et avec les Verts.
10:59Pourquoi ? Moi je suis pour la justice fiscale.
11:01Il y a dans ce pays des mécanismes, par exemple d'optimisation fiscale, qui font que des
11:09personnes qui ont des revenus importants ne payent pas leur part d'impôt.
11:13Il ne s'agit pas de proposer des impôts nouveaux, il y a déjà vraiment toute la
11:17panoplie qui convient, il s'agit de vérifier que chacun paye sa juste part de l'impôt
11:22et contribue à l'action de l'État, à l'action de la sécurité sociale.
11:27Et ça c'est un point, par exemple, sur lequel nous pouvons trouver des convergences.
11:30Donc taxer davantage les très très riches qui optimisent l'impôt.
11:33Pas les taxer davantage, veiller à ce que le niveau d'impôt qu'ils payent soit homogène
11:39à celui que payent les autres Français.
11:40Qu'en est-il de la taxe sur les profits des grandes entreprises qui était prévue
11:44dans le gouvernement Barnier, qui était censée rapporter 8 milliards d'euros ?
11:48Bon là c'est foutu, puisque quoi qu'il arrive, le prochain budget entrera en vigueur
11:53plus tard, donc il n'y aura pas 8 milliards, mais est-ce que vous la gardez cette année ?
11:56Non ce n'est pas foutu Léa Salamé, nous travaillons avec les équipes du ministère
12:00des Finances qui ont aussi passé de très très courtes vacances et que je remercie
12:04à nouveau à des mécanismes.
12:06Ce mécanisme de surtaxe pour les grandes entreprises a été discuté avec les entreprises,
12:12avec notamment le MEDEF, il a été accepté comme un geste de solidarité.
12:15Cet accord, j'ai eu le président du MEDEF entre Noël et le Jour de l'An, beaucoup
12:20de gens étaient près de leur téléphone, cet accord il reste, il demeure, donc nous
12:24allons travailler sur un mécanisme qui s'appliquerait et qui permettrait d'avoir les revenus de
12:29l'ordre de 8 milliards d'euros en 2025.
12:31Donc c'est la même chose que ce qui était prévu dans le gouvernement Barnier, que les
12:34grandes entreprises qui font des profits devront payer ?
12:36Oui c'est la même idée, ça ne peut pas être la même chose parce qu'il y a un principe
12:39qu'on appelle la rétroactivité, donc ce sera un principe qui doit nous permettre d'avoir
12:47à peu près la même contribution des grandes entreprises, autour de 8 milliards d'euros,
12:51basé sur une base fiscale différente, encore une fois ne vous inquiétez pas, on trouvera
12:56la solution et peu importe, le principe demeure.
12:59On a beaucoup de questions encore Eric Lombard, François Bayrou a dit vouloir engager des
13:03discussions pour amender la réforme des retraites, les 64 ans sont-ils toujours un marqueur,
13:09une ligne rouge, non négociable, je réemploie l'expression, ou cet âge pivot est amendable
13:15désormais ?
13:16Le premier ministre a dit que dans la discussion qui allait se dérouler sous l'autorité
13:21de Catherine Vautrin et d'Astrid Panossian-Bouvel, ministre du travail de la santé, c'est
13:26Panossian, ministre du travail, tout était sur la table.
13:32J'ai ajouté une contrainte dans ma responsabilité de ministre des finances, en réalité nos
13:36systèmes de retraite sont déjà très déficitaires, donc je souhaite que cette réforme s'applique
13:44en n'aggravant pas ce déficit, et même si possible en le redivisant, mais on dépense
13:5014% de la richesse nationale pour payer les retraites, à l'intérieur de ces 14% on
13:56peut changer beaucoup de curseurs, comme disait un grand syndicaliste, il y a du grain à
14:00moudre, et donc nous allons regarder quels sont les curseurs que nous pouvons bouger,
14:06quels sont les principes intangibles.
14:07La réforme qu'Elisabeth Borne a apportée augmentait les retraites les plus basses,
14:13il faut évidemment maintenir cela, il y avait déjà des actes qui étaient posés pour
14:19les carrières longues, pour les carrières hachées, notamment beaucoup de femmes qui
14:23pour des raisons de parcours de vie ont des carrières hachées, donc il faut continuer
14:26à protéger ces Françaises et ces Français qui sont défavorisés devant les régimes
14:31de retraite, ça peut se financer par d'autres mesures, il y a des choses à faire.
14:35Mais les 64 ans, les 64 ans qui ont suscité la plus grande grève et les plus grandes
14:41manifestations depuis 68, ces 64 ans on ne les touche pas ?
14:44On n'a pas dit qu'on n'y touchait pas, on a dit qu'on mettait tout sur la table
14:48et qu'à l'intérieur de l'équilibre financier actuel, on pouvait faire bouger
14:54des choses.
14:55Donc je n'ai pas dit, le Premier ministre n'a pas dit que nous allons revenir sur
14:59les 64 ans, si un accord global qui est riche, qui est équilibré et qui apporte beaucoup
15:04et sur lequel il y aurait des amédiations, je pense qu'on peut tout à fait le regarder.
15:10Et effectivement, c'est un des points qui est porté par le Parti Socialiste avec beaucoup
15:13de force et sur lequel nous allons dialoguer.
15:16Mais j'ai parlé aussi des verts, quand j'étais patron de la Caisse des dépôts,
15:20j'avais placé la transformation écologique en première priorité.
15:24Et en vrai, je dirais la bifurcation écologique.
15:26En tant que ministre des Finances, je garde cette priorité, c'est une priorité absolue
15:29pour notre pays.
15:30Donc il y a aussi de quoi dialoguer et j'ai eu Marine Tondelier au téléphone, on a eu
15:34un entretien extrêmement riche par téléphone, on va se voir mercredi avec ses collègues.
15:41Il y a beaucoup de choses à faire sur la transformation écologique, il faut qu'on
15:44fasse plus, il faut qu'on fasse plus avec les collectivités locales d'ailleurs qui
15:48sont des agents de transformation absolument essentiels.
15:50Donc il y a beaucoup de sujets sur lesquels moi je suis absolument convaincu que le dialogue
15:55nous permettra de trouver des convergences et ces convergences vont permettre peut-être
15:59qu'une partie de la gauche ne nous censure pas tout de suite et nous laisse notre chance
16:03pour continuer à travailler sur un budget 2025 et ensuite pour préparer un budget 2026
16:08parce que moi je ne sais pas exercer une responsabilité publique sans nous projeter dans le moyen
16:13terme.
16:14Donc vous vous voyez à l'automne prochain, le budget 2026 il faut le préparer à l'automne
16:17prochain.
16:18Vous y êtes.
16:19Il y a un gouvernement national qui en décidera et j'ai un respect infini pour la démocratie.
16:22Mais dès lors qu'on est dans une responsabilité, il faut se projeter parce qu'on est responsable
16:27de l'avenir du pays, même si on reste trois jours.
16:29Eric Lombard, qu'en est-il de la fameuse flat tax ? La taxation des revenus du capital
16:34instaurée par Emmanuel Macron, elle est à 30%.
16:37Allez-vous ajuster le curseur ? Est-ce que ce taux de prélèvement va augmenter ?
16:44La flat tax, le prélèvement fiscal unique par son technique est à 30%, sauf pour les
16:52personnes qui ont des revenus importants, elle est à 34%.
16:54Ça fait partie des sujets qui sont sur la table, aucune décision n'est prise ni dans
16:59un sens ni dans l'autre.
17:00D'ailleurs je vous rappelle…
17:01Mais vous nous dites ce matin, la flat tax c'est peut-être là qu'il faut aller regarder.
17:05On aborde cette discussion de façon ouverte.
17:09Pour le coup, c'est un des marqueurs, la flat tax, de l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir.
17:15C'était un des marqueurs, en tout état de cause, si ça devait bouger, ça ne peut
17:20être qu'une évolution modérée, parce que ça fait partie des sujets qui nous positionnent
17:24dans la compétition internationale.
17:25Moi je souhaite que la France reste un pays attractif pour les investisseurs internationaux.
17:29Et vous craignez pas que les grands patrons vous disent, si vous augmentez la flat tax,
17:33nous on part ? On part aux Etats-Unis où Donald Trump veut tout libéraliser, tout déréguler ?
17:37Il y a beaucoup de pays où la flat tax, dans les pays développés, se situe entre 30 et 35%.
17:46Donc vous voyez qu'on aurait un peu de marge si on décidait.
17:49Ce qui n'est pas fait, aujourd'hui elle est à 30%, il n'y a aucun texte.
17:53Mais vous pourriez aller vers 35 ?
17:55C'est quelque chose qui n'est pas décidé.
17:59Tout est sur la table jusqu'au moment où le Premier ministre tranchera et annoncera
18:03ses décisions dans son discours de politique générale le 14 janvier.
18:06Hier, sur BFM, la nouvelle ministre de l'éducation, Elisabeth Borne, a affirmé se battre pour
18:10empêcher les 4000 suppressions de postes prévues dans le budget de Michel Barnier.
18:14A l'Assemblée à l'éducation nationale, principalement dans les écoles maternelles
18:18et élémentaires, elle a raison de se battre ? Ou vous lui dites, non, il y aura ces suppressions
18:21de postes, ces 4000 suppressions de postes, et c'est ainsi, tout le monde doit faire
18:25des efforts, même l'école ?
18:26C'est effectivement aussi une demande forte du parti socialiste, du président Hollande,
18:31qui l'a relayée.
18:32J'en ai parlé d'ailleurs avec Elisabeth Borne ces jours derniers.
18:35Ça fait partie des sujets qui sont en réflexion et qui seront également tranchés les jours
18:43qui viennent.
18:44Et je n'ai pas d'annonce particulière à faire ce matin, sauf que nous allons écouter
18:48et nous allons faire une proposition qui va répondre à certaines demandes des partis,
18:55et puis certaines demandes nous considérons dans notre responsabilité que nous ne pouvons
19:00pas y répondre, et nous espérons que ce dosage permettra à la fois de répondre aux
19:04difficultés du pays, parce que c'est de ça dont nous sommes garants, mais aussi, encore
19:08une fois, de faire évoluer un certain nombre de partis.
19:10Mais vous êtes sur le même objectif que Michel Barnier, c'est de retrouver 60 milliards
19:14d'économies ?
19:15Alors, dès lors qu'on a un peu assoupli le sujet, on est plutôt autour de 50 milliards
19:22d'euros.
19:23Et comme la ministre...
19:24Combien en économies et combien en hausses d'impôts ?
19:27Ça sera essentiellement des économies.
19:29Les hausses d'impôts, il n'y aura pas de nouvelles hausses d'impôts par rapport à celles qui
19:33ont déjà été annoncées.
19:34D'abord parce que la pratique budgétaire à l'Assemblée nationale et au Sénat ne nous
19:39le permet pas.
19:40En fait, on va repartir pour des raisons pratiques, et je crois que c'est important que les auditrices
19:46et les auditeurs le savent, du texte, parce que le budget est toujours à l'examen devant
19:51le Sénat.
19:52Et j'ai vu le président Larcher vendredi dernier, l'examen du texte va se poursuivre au Sénat.
19:57C'est-à-dire qu'on ne peut pas ajouter de mesures nouvelles, on peut modifier des mesures
20:03qui sont en débat, mais donc ça réduit un peu nos marges de manœuvre.
20:07Le budget sera profondément transformé.
20:09Donc aucune nouvelle hausse d'impôts que celles qui ont été annoncées ?
20:13Il n'y aura pas d'autres hausses d'impôts que celles qui ont été annoncées.
20:15Il y a des impôts qui tombent du fait du passage de l'année, qu'on ne peut pas faire en 2025
20:20ce qu'on aurait pu faire en 2024, que nous souhaitons remplacer.
20:23Je veux parler aussi de la contribution des hauts revenus, qui était prévue pour 2 milliards
20:27d'euros, qui est une mesure de justice fiscale à laquelle je suis attaché.
20:31Elle ne peut pas se faire suivant les modalités qui étaient prévues en 2024.
20:36En revanche, on peut trouver des mécanismes, comme je le disais tout à l'heure, qui visent
20:40à ce que les personnes qui ont des revenus importants participent simplement à l'effort
20:45fiscal que tous les citoyens mènent.
20:48Parce que quand on est salarié, on ne peut pas faire d'optimisation fiscale.
20:51Il faut limiter les effets de l'optimisation fiscale.
20:54Vous continuez à dire que la croissance sera de 1,1%, parce que ce n'est pas ce que dit
20:59la Banque de France, qui table plutôt sur 0,9%.
21:03D'autres projections parlent de 0,8%, voire 0,7%.
21:08Est-ce que vous n'êtes pas un peu trop optimiste ?
21:10La Banque de France est à 0,9%, le budget a été présenté sur une base de 1,1%.
21:16Il faut convener qu'on est quand même un peu dans l'épaisseur du trait, même si
21:19il faut se battre pour chaque demi-point ou quart de point de croissance.
21:23Ma conviction est la suivante, aujourd'hui, les entrepreneurs que je rencontre, que je
21:28vois, ils sont inquiets, parce que nous n'avons pas de budget, ils ne savent pas
21:32ce qui va se passer.
21:33Mais malgré cela, l'économie tient, l'économie tient, les entreprises tiennent.
21:37Il y a quand même de plus en plus, il y a une remontée du chômage, il y a des faillances
21:41d'entreprises qu'on n'avait pas vues depuis longtemps.
21:43Alors, il y a ce qui se passe en conséquence du Covid, on avait beaucoup protégé les
21:47entreprises, il y a une sorte de retour à la normale.
21:49Mais malgré tout, l'économie tient, l'emploi tient et notre situation relative en Europe
21:54est malvaise.
21:55Ma conviction avec le Premier ministre, c'est que quand il y aura un budget, et que ce budget
21:59aura été établi dans le cadre que je vous indique, avec non pas un soutien mais une
22:04absence de censure, ça va rassurer les entrepreneurs, ça va aussi rassurer les Françaises et les
22:09Français.
22:10Donc, ça va avoir un effet positif sur les perspectives budgétaires.
22:13Et donc sur la croissance, vous restez sur 1.1 ?
22:15Ça fait partie des sujets qui seront présentés lors du discours de politique générale.
22:20Encore une fois, on est dans une phase d'élaboration.
22:22Je rappelle qu'on est le 6 janvier, que le gouvernement a été nommé le 23 décembre.
22:25Ça fait 15 jours, on n'a pas pris de vacances, mais ça fait quand même que 15 jours.
22:2915 jours et 15 nuits, on va dire, parce que c'est vrai que c'est un travail à plein temps.
22:32Donc, laissez-nous encore quelques jours pour caler les curseurs.
22:35C'est au Premier ministre de prendre toutes ces décisions.
22:37Comme patron de la Caisse des dépôts, vous aviez en charge le taux du livret A, une question
22:41qui intéresse beaucoup les Français.
22:42Aujourd'hui, il est à 3%.
22:44En octobre dernier, quand vous n'étiez pas ministre, vous disiez que ce taux pourrait
22:47céder de 0,5 point en début d'année pour revenir à 2,5%.
22:51Qu'en est-il ? La décision va être prise et là, elle est attendue.
22:54Il se trouve qu'effectivement, je connais bien la procédure et le gouverneur de la
22:59Banque de France, François Villerot de Gallaud, fera une proposition au ministre des Finances,
23:04très certainement de baisse, puisque la base de la réflexion, c'est une formule,
23:09on ne va pas rentrer dans le détail, qui nous amènerait autour de 2,5%.
23:14Autour de 2,5%, c'est autour de ce chiffre que la décision sera prise, mais je n'ai
23:20pas encore reçu la proposition.
23:21Donc il faut préparer les Français, le taux du livret A va baisser, quoi qu'il arrive,
23:25autour de 2,5%.
23:26Non, le taux du livret A va baisser, elle est assalamé, mais l'inflation a fortement
23:30baissé, puisqu'elle est autour de 1%, donc l'épargne est non seulement protégée,
23:35mais elle permet au patrimoine réel d'augmenter.
23:38Allez, dernière question rapide, Éric Lombard, vous n'êtes donc pas Ennard, qualité ou
23:42défaut pour diriger Bercy ?
23:44J'ai beaucoup de respect pour les personnes qui ont fait l'ENA, qui est une très grande
23:47école de la République.
23:49J'ai un autre parcours.
23:50Oui, qui est aussi une très bonne école.
23:54D'abord, nous sommes 6 ministres à Bercy, nous sommes une équipe en charge des finances
24:01et de l'économie du pays.
24:02Et je permets d'attirer votre attention sur le fait que c'est 6 ministres, il y a 4 femmes
24:06et 2 hommes.
24:07C'est quelque chose de nouveau.
24:08Oui, mais c'est vous le boss.
24:09Oui, il se trouve que c'est moi le boss, ce sont des choses qui arrivent, mais comme
24:14c'est une équipe, et que c'est une équipe très partenariale, je peux vous dire que
24:17chaque voix compte.
24:18D'ailleurs, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, vous avez noté, est
24:22une femme qui a beaucoup d'autorité et d'engagement, et c'est un plaisir de travailler avec elle.
24:27Et on la recevra prochainement.
24:29Merci.
24:30Merci infiniment Eric Lombard d'avoir été au micro d'Inter ce matin.