Le nouveau ministre de l'Économie Antoine Armand revient sur la hausse des impôts évoquée par le Premier ministre. Il rappelle également que la France a "un des pires déficits de (son) Histoire". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-24-septembre-2024-4932880
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le nouveau ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.
00:05Dialoguer avec lui, question-réaction au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:13Antoine Armand, bonjour !
00:15Bonjour, merci pour votre invitation.
00:17Oui, soyez le bienvenu sur Inter et le bienvenu à ce micro.
00:21A seulement 33 ans, vous héritez donc du ministère stratégique de l'Économie dans un contexte budgétaire extrêmement tendu
00:31et un contexte politique extrêmement instable avec un gouvernement qui n'a pas de majorité à l'Assemblée Nationale.
00:38Il vous faudra être inventif, diplomate, habile pour gouverner et répondre aux grands enjeux qui attendent le pays.
00:48Antoine Armand, ce n'est pas vous faire injure que de dire que les Français ne vous connaissent pas bien.
00:54Vous êtes député Renaissance depuis deux ans, vous avez été élu président de la Commission des Affaires Économiques à l'Assemblée Nationale en juillet dernier.
01:04Auparavant, vous avez fait NormalSup et l'ENA.
01:07Question, malgré ce brillant CV, est-ce que vous avez été vous-même surpris, comme beaucoup,
01:15quand on vous a proposé ce ministère-clé n'ayant jamais eu jusque-là d'expérience gouvernementale ?
01:23Écoutez, vous savez, quand on a eu une expérience gouvernementale, on a un certain nombre d'habitudes.
01:31Quand on n'en a pas eu, oui, c'est nouveau, oui, c'est impressionnant, mais je pense que c'est important que ça le reste impressionnant.
01:36Parce que servir la France, c'est toujours immense et donc ça doit rester impressionnant.
01:41Mais la légitimité, je la tire des électrices et des électeurs de Haute-Savoie qui m'ont élu.
01:46Bien sûr, du parcours, bien sûr, de l'expérience, bien sûr, des travaux que j'ai menés.
01:50Mais d'abord et avant tout, en démocratie, des électrices et des électeurs.
01:54Alors certes, comme vous l'a rappelé Bruno Le Maire hier lors de la passation de pouvoir, la valeur n'attend pas le nombre des années.
01:59Certes, la jeunesse est un atout, mais il y a urgence, il y a urgence, les hôpitaux sont en crise, le monde agricole aussi.
02:04Ils attendent des réponses et évidemment, il y a la situation des finances publiques.
02:07Il y a un vent force neuf et l'équipage est fait de matelots juniors, a résumé un conseiller dans les Echos.
02:14Comment vous rassurer ce matin quand on dit ils sont jeunes ou manque d'expérience dans une situation politique et budgétaire explosive ?
02:22Je comprends cette question, je pense qu'il faut l'aborder de front.
02:26Mais il faut aussi dire aux gens que je n'ai jamais demandé à personne de chèque en blanc.
02:31Je ne demande aucune forme d'indulgence, je ne demande aucune forme de tolérance.
02:35Je suis là pour être jugé sur mes résultats, comme dans toute démocratie.
02:39Vous avez cité un certain nombre de défis.
02:41Les services publics, notre capacité à avoir de la croissance écologique, sociale et puis notre capacité à dire à nos partenaires européens et internationaux.
02:49La signature de la France est crédible.
02:51La souveraineté de la France est intacte.
02:53Antoine Armand, vous aurez à manœuvrer face à une assemblée nationale divisée, sans majorité.
02:59Craignez-vous la motion de censure très rapidement ou espérez-vous pouvoir travailler avec les autres groupes politiques ?
03:06Et si c'est le cas, c'est tous les groupes politiques de la France insoumise au Rassemblement National ?
03:12Alors d'abord, quand je me lève le matin, je ne pense pas à la motion de censure.
03:16Je pense aux décisions, vous en avez cité quelques-unes, qui sont urgentes et qui sont indispensables.
03:21Ensuite, nous avons été élus, nous sommes nombreux à avoir été élus dans le cadre du Front républicain.
03:27Et ce Front républicain, j'aime dire que c'est notre histoire, c'est notre héritage.
03:31C'est-à-dire que nous l'avons avec nous, dans nos ministères, nous l'avons avec nous dans nos convictions et donc le trahir...
03:38C'est un Front républicain qui est sous surveillance du Rassemblement National.
03:42Là, il n'y a plus beaucoup de Fronts républicains dans la nouvelle configuration politique.
03:47Pardon, il est sous surveillance du Rassemblement National et du nouveau Front populaire.
03:51Vous parlez de motion de censure. Une motion de censure, ce ne serait pas une motion de censure qui passerait si elle n'était votée que par le Rassemblement National.
03:57Il faut le rappeler, ce serait une motion de censure de l'extrême-gauche ou de la gauche avec le Rassemblement National.
04:04Et ce serait aussi une trahison du Front républicain de la part de la gauche, de sa société ORN.
04:09Donc oui, nous avons à construire un socle.
04:11Et pour finir sur votre question, je l'ai dit pendant la passation de pouvoir, ma porte, elle restera toujours ouverte.
04:17Avec le parti socialiste, avec les écologistes, avec les communistes, avec...
04:22Avec les insoumis ?
04:23Mais si un député a été élu par les électeurs, et si on ne respecte pas la fonction, on n'a pas compris ce que c'est que la démocratie.
04:32Donc je crois qu'il ne faut pas commencer par dire avec qui on ne va jamais travailler, pour peu qu'il soit dans l'arc républicain.
04:38Il faut commencer par se poser les questions de l'agriculture, de l'industrie, de l'hôpital.
04:42Pour peu qu'il soit dans l'arc républicain, pardonnez-moi, ça veut dire quoi ?
04:45Ça veut dire que le Rassemblement National, contre lequel nous avons été élus, face auquel nous avons fait un front républicain, n'y appartient pas.
04:53Il faut être très clair dessus, même si on respecte...
04:55Pour vous, le Rassemblement National n'appartient pas à l'arc républicain, les insoumis si ?
04:58Même si certains insoumis ont malheureusement dépassé les bornes de la République très souvent.
05:03Alors, on va aller au fond de vos sujets.
05:05Lors de votre passation de pouvoir hier, vous avez affirmé que chaque minute passée à Bercy doit être consacrée aux Français.
05:11Et aussi, notre travail à nous, dans ce monde, c'est de faciliter la tâche des entreprises, de celles et ceux qui travaillent.
05:16Votre objectif numéro un est de faciliter la tâche des entreprises.
05:19C'est ainsi que vous entendez la mission d'un ministre de l'économie.
05:22C'est défendre l'intérêt des entreprises ou l'intérêt général ?
05:24Alors, dans le discours juste avant, il y avait deux objectifs principaux, la souveraineté et l'écologie.
05:29Et ce sont ces deux combats-là qui doivent être menés.
05:33Maintenant, vous parlez de la tâche des entreprises.
05:35Moi, je vous donne un indicateur.
05:38Il y a aujourd'hui plus de 40 millions de mots, de normes, de lois et de décrets.
05:42Il y en avait 20 millions il y a 15-20 ans.
05:44Ça protège les Français, l'environnement, c'est important.
05:48Mais si on n'est pas capable, à un moment, de s'interroger sur la question de la complexité,
05:52qui nous touche tous au quotidien, dans nos démarches administratives, pour une entreprise, pour un particulier,
05:57alors on a du mal à regarder la réalité en face.
05:59Et moi, mon travail, c'est d'être lucide.
06:01Antoine Armand, vous avez salué le bilan de Bruno Le Maire et des gouvernements précédents lors de votre prise de fonction.
06:06Vous avez mis en mesure la chance d'hériter d'un tel bilan, avez-vous dit.
06:09Ce qui vous a valu un tweet ironique de Marine Le Pen.
06:11Au moins, ils ont le sens de l'humour, a-t-elle écrit.
06:13Quand vous saluez le bilan dont vous héritez, vous parlez des 3000 milliards d'euros de dettes,
06:17du déficit qui se creuse, qui pourrait atteindre les 6%.
06:20C'est ça aussi le bilan dont vous héritez ?
06:22Je crois que, face à la déferlante populiste à laquelle on assiste, faire la part des choses est très important.
06:28La France est devenue le pays le plus attractif d'Europe.
06:30Notre croissance est supérieure à celle de l'Allemagne, alors qu'avant, on la prenait comme exemple.
06:34Et puis, le taux de chômage est au plus bas depuis 40 ans.
06:36Maintenant, vous soulignez un point crucial.
06:38À part une ou deux années de crise exceptionnelle, ces 50 dernières années, on a un des pires déficits de notre histoire.
06:44Donc, sur ce plan-là, la situation est grave.
06:47Le Premier ministre l'a rappelé.
06:49Il l'a dit dans ses mots.
06:50Il l'a rappelé.
06:51Et ce sont les vôtres, ce matin.
06:52Et ce sont les miens.
06:53Et je le dis, sous l'autorité du Premier ministre, nous allons travailler à la hauteur de la gravité de cette situation.
06:59Alors, dans ce contexte, M. le ministre Antoine Armand, il faut trouver 20 milliards de plus dans le prochain budget.
07:06Michel Barnier n'exclut pas des hausses temporaires d'impôts.
07:09Non pas sur les classes moyennes et les plus modestes, mais sur les personnes les plus fortunées via des prélèvements ciblés
07:17qui toucheraient aussi certaines grandes entreprises.
07:20Ce sont les mots du Premier ministre.
07:22On s'achemine vers cela.
07:24Vous allez demander un effort de solidarité nationale aux plus aisés, aux grandes entreprises.
07:30C'est ça la feuille de route.
07:31Le Premier ministre aura l'occasion de l'exprimer la semaine prochaine avec mon collègue qui s'occupe du budget, Laurent Saint-Martin.
07:37La question que nous devons nous poser, c'est face à la gravité de la situation budgétaire, comment est-ce que chacun peut contribuer intelligemment ?
07:45Mon travail, c'est que les prélèvements éventuels qui existeront n'entravent pas notre croissance, n'entravent pas la création d'emplois.
07:52Et quand je vois le patron du Medef qui donne certaines pistes...
07:56Ce matin dans le Parisien, il se dit prêt à discuter d'une hausse des impôts des entreprises, mais sous condition.
08:01Exactement. Et nous allons y travailler avec lui, avec l'ensemble des entreprises de toutes les tailles, avec évidemment les partenaires sociaux.
08:08Et je veux le dire ici avec un peu d'humilité, je crois que le dialogue avec les partenaires sociaux, il doit être repris,
08:15il doit être remis en musique et retrouver une forme d'équilibre et de respect du paritarisme auquel je tiens énormément.
08:24Il doit être repris, dites-vous, ça veut dire qu'il a été un peu abandonné ces dernières années, le dialogue avec les partenaires sociaux ?
08:29On a vécu des réformes qui étaient nécessaires, mais qui étaient très difficiles et qui ont abîmé, je crois, ce dialogue à nous de nous reprendre.
08:36Quand Michel Barnier dit ça ne se fera pas, il n'y aura pas de hausse d'impôts sur les classes moyennes, mais sur les plus fortunées,
08:42à partir de combien on est dans la classe moyenne et à partir de combien on est dans les plus fortunées ?
08:47C'est toute la question et c'est une question qui anime, je crois, vos matinales depuis longtemps maintenant en la matière, il ne faut pas faire d'idéologie.
08:55Mais ce que dit aussi le Premier ministre ici, c'est que l'action que nous menons depuis plusieurs années avant Michel Barnier,
09:02notamment sous l'impulsion du Président de la République, c'est que le travail paye.
09:05Et donc celles et ceux qui, pour vivre, n'ont que leur revenu, n'ont que leur salaire et qui ont des difficultés à se loger, à se nourrir,
09:12ne peuvent pas être, dans la période, pénalisés.
09:14Moi, je défends, par exemple, un travail sur le salaire décent pour que chacun puisse se loger, se nourrir, se déplacer.
09:20Maintenant, les gens qui ont des patrimoines très importants, qui parfois, d'ailleurs, ne payent pas beaucoup d'impôts,
09:27peut-être cela, on va le regarder dans les prochaines semaines, le Premier ministre décidera, peuvent-ils contribuer davantage dans la situation que nous connaissons ?
09:34Donc c'est le patrimoine plus que le salaire ?
09:37Il faut regarder la question, on ne va pas trancher cette question.
09:40Un Français qui gagne, mettons, 3 000, 4 000, 5 000, 6 000 euros, vous les classez où, ces Français-là ?
09:46Classe moyenne, les plus fortunés, qu'on ait une idée ?
09:50Je vais vous dire ma conviction. Je pense qu'on a, en France, un rapport très particulier à l'argent.
09:55Et qu'on a besoin de classer, très vite, en riches, en pauvres, en classe moyenne.
10:01Quand vous demandez aux Français où ils se situent, ils se situent très largement dans la classe moyenne, eux-mêmes.
10:06Donc, ce travail, c'est un travail de fiscalité, c'est un travail budgétaire, pour savoir aussi quels peuvent être les rendements.
10:13Et puis, c'est un travail, et ça, je le dis, c'est très important, c'est un travail global.
10:17C'est-à-dire que, si vous augmentez plusieurs impôts, en même temps, sur les mêmes personnes,
10:22là, vous avez un impact très négatif sur l'activité, sur la croissance, sur la consommation.
10:26Mon travail, c'est de préserver l'activité, l'emploi, la croissance dans le pays.
10:29On ne va pas vous refaire, parce que c'est votre première interview, et donc, on ne va pas vous refaire la question à François Hollande,
10:34on est riche à combien ? Est-ce qu'à 4000 euros, on est riche, selon vous ?
10:37Mais, c'est vrai que, ce n'est pas qu'une question de rapport à l'argent, c'est une question de rapport aux impôts.
10:41Il y a des gens qui nous écoutent ce matin, et qui se disent, est-ce que je vais rentrer dans la tranche,
10:46qui va voir ses impôts augmenter ou pas ? Est-ce que si je gagne 5000 euros, je vais voir mes impôts augmenter l'année prochaine ?
10:52C'est ça qui se pose.
10:53Et c'est une question extrêmement légitime, à laquelle nous apporterons une réponse très vite.
10:57Vous ne l'avez pas pour l'instant.
10:58On y travaille. Le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, y reviendra sans aucun doute.
11:03Selon la Tribune et les échos, le gouvernement envisagerait un gel des barèmes de l'impôt sur le revenu,
11:08mécanisme qui aboutirait à une hausse des impôts pour tout le monde, et pas seulement les plus fortunés, je simplifie à l'extrême.
11:15Ce projet est-il sur la table ?
11:17Le Premier ministre a dit très clairement que nous n'allons pas alourdir la fiscalité de celles et ceux qui travaillent,
11:23qui appartiennent à la classe moyenne au sens large.
11:26C'est mon travail, c'est ma mission, et j'y tiens énormément parce que c'est au fond la base du contrat social.
11:32Celles et ceux qui s'investissent au quotidien, parfois dans des conditions de travail difficiles, dégradées,
11:37on ne peut pas leur dire « vous, vous serez davantage pénalisés, vous, vous allez contribuer davantage ».
11:42L'augmentation du taux de la flat tax, il est sur la table ?
11:45On regarde globalement la question.
11:47Je vous le disais, on instruit à la demande du Premier ministre, avec mon collègue Laurent Saint-Martin, ces questions.
11:52Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on a fait un certain nombre de réformes depuis dix ans qui vont, dans un sens,
11:57favoriser l'attractivité du pays et permettre aux gens d'investir,
12:01non pas dans des fonds d'investissement chinois à l'autre bout de la planète, mais dans nos PME, dans nos TPE.
12:06Et si on veut que demain nos entreprises continuent à croître, continuent à avoir de l'activité sur notre territoire,
12:11on a besoin aussi qu'elles soient financées et on a besoin d'aider les Françaises à investir.
12:15D'accord, mais dans ces réformes-là, il y a eu la flat tax, il y a eu la baisse de l'impôt sur les sociétés,
12:20qui a été très sensible ces sept dernières années, où Emmanuel Macron est président de la République.
12:26Est-ce que vous allez arrêter ça ? Est-ce que vous allez remonter l'impôt sur les sociétés ?
12:29Est-ce que vous allez remonter le taux de la flat tax ? C'est ça, c'est les questions très précises.
12:33Alors je comprends que vous n'avez pas la réponse à tout, mais est-ce qu'on va vers ça ? Est-ce que c'est en tout cas sur la table ?
12:38Ce que je vous dis, c'est qu'on va se poser la question dans la globalité et on va y répondre dans la globalité.
12:43C'est-à-dire que réfléchir impôt par impôt, ce n'est pas la méthode.
12:46La méthode, c'est préserver l'emploi, préserver aussi le pouvoir d'achat de l'ensemble des Français,
12:50et puis s'assurer que l'effort est réparti, ménage et entreprises. J'entends que les entreprises y sont prêtes, nous y travaillerons ensemble.
12:56Antoine Armand, l'ISF, c'est un mot tabou ?
13:00Ce qu'il faut rappeler, c'est pourquoi on a réformé et transformé l'ISF en IFI.
13:06Pour que les personnes qui aient des revenus ou qui aient du patrimoine mobilier, en l'occurrence,
13:11puissent l'investir dans l'économie réelle de notre pays.
13:15Ça c'est très important et c'est ce qui a contribué aussi à la croissance en France.
13:19Donc, des prélèvements ciblés sur les ménages les plus aisés, comme l'a dit le Premier ministre, c'est à l'étude.
13:25Des prélèvements ciblés sur les entreprises en lien avec elles, pour que ce soit le plus efficace possible
13:30et le moins affectant sur la croissance, c'est en réflexion.
13:34Mais il faut regarder la question dans la globalité.
13:36La réforme des retraites, elle va être aménagée ?
13:39Le Premier ministre l'a dit et je crois qu'on peut dire que Michel Barnier,
13:44c'est un homme d'expérience, de dialogue et de résultats.
13:49Quand le Premier ministre dit « je veux améliorer la réforme des retraites »,
13:53en fait, ce qu'il nous dit, et il l'a d'ailleurs exprimé comme ça, c'est « je vais demander aux partenaires sociaux
13:57quelles sont les pistes d'amélioration de la réforme des retraites ».
14:00Il a par exemple cité la pénibilité.
14:03Je crois que ce qu'on peut faire mieux que les dernières années, c'est prendre en compte le quotidien des gens.
14:09C'est-à-dire que, bien sûr qu'on nous parle de salaire, et moi je veux qu'on travaille à un salaire plus décent,
14:13mais les gens, les femmes, les hommes qui travaillent,
14:15elles nous parlent aussi de la manière dont elles ont mal au dos au travail,
14:19de la manière dont elles ont mal au poignet quand elles sont dans un supermarché, les soignants aussi.
14:24Cette question des conditions de travail, elle est centrale.
14:27La pénibilité, il l'a cité.
14:28Le travail des femmes et la prise en compte de leur travail également,
14:31dans une idée d'aménagement de cette réforme des retraites qui a été adoptée par 49.3, on se rappelle, il y a deux ans.
14:37Les 64 ans restent un marqueur ?
14:39On ne va pas bouger l'âge pivot aux 64 ans ?
14:42Ça dépend de la pénibilité, ça dépend d'un certain nombre de critères.
14:46Au fond, il ne faut pas forcément se focaliser sur un âge.
14:49En revanche, ce n'est pas parce qu'on a changé de gouvernement
14:51que les lois de l'économie et de la finance ont changé,
14:54et que les équilibres budgétaires et le besoin de rééquilibrer notre régime restent les mêmes.
14:58On passe au Standard Inter.
15:00Elisa nous appelle. Bonjour, bienvenue.
15:03Bonjour à tous, merci.
15:04La France est un paradis fiscal où les ultra-riches ne payent que 2% d'impôts.
15:09Il n'y a plus d'ISF.
15:11L'impôt sur les sociétés a été réduit de 8%.
15:14Cet argent manque pour financer la santé, les écoles.
15:18Un autre exemple, il y a 160 milliards par an d'aides publiques pour les entreprises,
15:23sans contrepartie.
15:25Sanofi a licencié 3000 chercheurs productifs, Auchan 800 salariés, etc.
15:31Et en 8 ans, la fortune des 500 Français les plus riches est passée de 460 milliards à 1230 milliards,
15:38soit une hausse de 170%.
15:40Alors, quand allons-nous réguler les marchés financiers, les firmes et instituer de la justice fiscale ?
15:46Merci Elisa pour cette question.
15:49La France, un paradis fiscal.
15:51Monsieur le ministre, Antoine Armand.
15:53D'abord, je me permets de rappeler que la France est quasiment le pays au monde qui taxe le plus.
15:58Et donc, il est important de partir de ce constat.
16:02Elle parlait des ultra-riches.
16:03Et j'entends la question de la répartition à l'intérieur.
16:07Mais commencer par dire que la France serait un paradis fiscal alors que c'est le pays qui taxe le plus au monde,
16:12je pense que c'est important de le rappeler.
16:14Ensuite, il y a quelque chose d'important.
16:15L'ISF n'a pas disparu.
16:17C'est un impôt sur la fortune immobilière qui existe et qui est toujours important.
16:22Mais au fond, la question qu'on se pose ici, c'est comment est-ce qu'on s'assure que ceux qui ont un revenu important
16:27ou un patrimoine important payent un minimum d'impôt.
16:30Je trouve que c'est une piste extrêmement intéressante.
16:33Ensuite, sur le soutien aux entreprises.
16:35Je prends l'exemple du crédit impôt recherche.
16:37Vous savez, ce crédit qui permet aux entreprises d'embaucher des chercheurs.
16:40Mais si elles n'embauchent plus de chercheurs, elles ne l'ont plus.
16:43Donc, il ne faut pas croire que les entreprises auraient des cadeaux.
16:46En fait, elles s'en servent immédiatement pour embaucher.
16:49Et c'est ce qui nous a permis d'avancer.
16:51Donc, je crois qu'il faut quand même avoir cet élément en tête.
16:54Et il faut aussi se dire peut-être qu'on n'est pas obligé d'opposer.
16:59On n'est pas obligé de se dire que si les riches, avec tout ce qu'on s'est dit tout à l'heure
17:04sur le fait que c'est difficile à définir, payent plus, nous irons mieux.
17:08Ce n'est pas les mêmes ordres de grandeur.
17:10Ce n'est pas aussi simple que ça.
17:11Et c'est mon devoir comme responsable politique modéré de le dire et de rappeler les ordres de grandeur.
17:16Le déficit de la France, c'est des dizaines, des centaines de milliards d'euros.
17:20La dette, c'est des milliers de milliards d'euros.
17:22L'impôt sur la fortune telle qu'il existait avant, c'était 4 à 5 milliards d'euros.
17:27Les déficits, Bruno Le Maire a estimé début septembre que nous pouvons, je le cite,
17:31nous pouvons et nous devons tenir nos 5,1% de déficit en 2024.
17:35C'est à notre portée et nous pouvons et nous devons tenir nos 3% en 2027.
17:395,1% de déficit en 2024, c'est impossible, nous a dit Pierre Moscovici,
17:44le premier président de la Cour des comptes, la semaine dernière à ce micro.
17:47Vous dites quoi ?
17:49Je dis que nous sommes avec mon collègue Laurent Saint-Martin en train de travailler à cette question.
17:53Laurent Saint-Martin, je précise, pour ceux qui vous écoutent les citer, c'est le ministre du budget,
17:56puisque le budget, désormais, est chez lui.
17:58Et nous travaillons main dans la main, vous savez, avec Laurent Saint-Martin,
18:02notre coopération, elle est et elle sera, je pense, exemplaire,
18:05parce qu'on a le même intérêt, c'est-à-dire rétablir les finances publiques
18:08sans entraver la croissance.
18:10C'est très difficile.
18:12Oui, mais je vais vous dire, le premier ministre l'a dit,
18:15et je crois que c'est une conviction majeure,
18:17la dette écologique compte tout autant que la dette financière.
18:21Et lâcher la dette écologique pour la dette financière,
18:24ce serait lâcher la proie pour l'ombre.
18:26Oui, mais ce n'est pas ma question, le message est clair ce matin,
18:29mais ma question c'est, est-ce que vous pensez que vous tiendrez 5,1% de déficit en 2024,
18:33ou ça vous semble compliqué ?
18:35Le nouveau ministre des Comptes publics qui a été nommé samedi et travaille,
18:38je suis à ses côtés avec le premier ministre
18:41pour que nous ayons ensemble quelque chose de crédible à présenter.
18:44On va passer au standard où nous attend Martine.
18:47Bonjour, vous nous appelez d'Aix-en-Provence.
18:50Oui, bonjour.
18:51Bienvenue.
18:52Bonjour à tous, merci.
18:53Voilà, j'ai une question précise à poser.
18:56Après les fonctionnaires, est-ce que les retraités,
19:00je suis retraitée depuis un an, vont devenir les nouveaux boucs émissaires ?
19:04On sera là pour, en quelque sorte, après l'augmentation des cotisations sociales,
19:09on sera là encore pour, disons, combler les déficits.
19:16Une fois de plus, on ne se rend pas compte du fait que les retraités aident énormément leurs enfants,
19:23leurs enfants qui ont à leur tour des difficultés.
19:26On est solidaires d'eux parce qu'ils ont des difficultés pour trouver un emploi,
19:30pour acheter une voiture bêtement, etc.
19:34Et donc, je sens arriver encore une fois le fait que les retraités vont être le bouc émissaire
19:43et vont payer la note, une bonne partie de la note,
19:46parce qu'on est vécu comme des gens, entre guillemets, ensuite un peu inutiles finalement.
19:51On n'est plus des gens actifs.
19:55Alors que vous êtes très active Martine, auprès de vos enfants, vous l'avez dit, Antoine Armand vous répond.
20:04Oui, je voudrais d'abord dire à Madame, très simplement,
20:07je rencontre beaucoup de retraités dans ma circonscription, des bénévoles, des aidants familiaux,
20:11et je voudrais vraiment qu'on dise à quel point ces gens sont utiles au quotidien et vous rendre hommage pour ça.
20:16Dire aussi qu'on a indexé les pensions de retraite pour que les retraités ne soient pas victimes de l'inflation,
20:23ça a été un geste très fort, vous savez, certains nous ont même dit, vous privilégiez les retraités.
20:27Non, c'est un combat pour que les retraités ne tombent pas dans une forme de précarité.
20:32Vous ne revenez pas sur l'indexation des retraites sur l'inflation ?
20:34Ça a été fait, on verra pour les prochaines années, dans l'équilibre global des choses.
20:38Mais je pense que c'est vraiment important de dire qu'on a préservé ce pouvoir d'achat-là
20:42et de dire à quel point le service social, si vous me permettez l'expression,
20:46que rendent les retraités, les retraités de France, est important à mes yeux.
20:49Alors, vous le savez, le programme du NFP, c'était d'augmenter aussi le SMIC à 1600 euros.
20:55Plusieurs patrons réclament une revalorisation du SMIC, comme Thierry Cotillard,
21:00à la tête des mousquetaires, qui était notre invité il y a quelques jours.
21:04Vous dites non ?
21:06Je dis qu'il ne faut pas se laisser enfermer dans la polémique.
21:09Chaque année, on augmente le SMIC. Chaque année, il y a une revalorisation du SMIC.
21:13Alors, où on peut le prendre ? Sur un mode politique-politicienne.
21:17C'est-à-dire qu'on peut sortir le chiffon rouge, dire ce que le NFP propose est abominable.
21:22Nous nous sommes très responsables.
21:24Ayons un tout petit peu le courage de regarder précisément de combien on peut augmenter le SMIC,
21:28de combien les entreprises sont capables de le faire.
21:31Je le disais, mais c'est la discussion qu'on va avoir dans les prochaines semaines, comme chaque année.
21:36Mais je ne veux pas qu'on soit des ministres qui augmentent des salaires par décret,
21:40qui sont payés par des entreprises par ailleurs.
21:43Et donc ça doit se faire évidemment en co-construction, en dialogue avec les partenaires.
21:46Bruno Le Maire vous a offert un maquillage hier, lors de la passation de pouvoir.
21:51C'est un bâton basque qui sert à la fois à marcher et à se défendre, vous a-t-il expliqué.
21:55Une baguette magique n'aurait-elle pas été plus efficace ?
21:58Justement non. Comme l'a dit le Premier ministre, il n'y a pas de miracle.
22:02En politique, en politique économique, les miracles ça n'existe pas.
22:05Mon travail c'est de dire la vérité telle qu'elle est et de faire des propositions par rapport à cette vérité-là.
22:10Et je le ferai avec mon maquillage.
22:12Merci Antoine Armand d'avoir été au micro d'Inter ce matin.
22:16Je rappelle que vous êtes ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
22:20Il est 8h47.