"Nous sommes l'un des tout derniers pays d'Europe à ne pas prendre une trajectoire de redressement des comptes publics", ajoute le ministre chargé du Budget et des Comptes publics, invité du Grand entretien de la matinale, ce mercredi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-27-novembre-2024-8702800
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons donc ce matin le ministre du Budget et des Comptes Publics dans le grand entretien du 7-10.
00:07Vos questions au 01-45-24-7000 et sur l'application Radio France.
00:13Laurent Saint-Martin, bonjour.
00:15Bonjour, merci de votre invitation.
00:16Oui, bienvenue sur Inter.
00:18On n'est qu'au milieu d'une semaine politique dense et tendue.
00:23Avec la grande question, arriverez-vous à faire passer le budget sans faire tomber le gouvernement immédiatement après ?
00:31Hier soir, aux 20h de TF1, Michel Barnier a eu des mots très clairs.
00:35Il a dit « si je tombe, ce sera la tempête », c'est-à-dire pas de budget et des turbulences graves sur les marchés financiers.
00:44Est-ce que le Premier ministre n'est pas trop alarmiste ? C'est vraiment lui ou le chaos, Laurent Saint-Martin ?
00:51Écoutez, ce gouvernement a été nommé avec une première mission, celle de redresser les comptes publics,
00:56puisque le budget est le premier texte qui est adopté avec une majorité qui est relative.
01:01Et ça, tout le monde le sait, et nous les premiers.
01:04Ce que nous disons depuis le début, c'est que si notre pays ne redresse pas ses comptes,
01:08nous sommes l'un des tout derniers pays d'Europe à ne pas prendre une trajectoire de redressement de nos comptes publics pour les prochaines années.
01:13Il nous faut le faire, c'est extrêmement important pour notre propre souveraineté.
01:17Si nous ne faisons pas ça, dit autrement, si le gouvernement venait à être censuré sans budget pour l'année prochaine,
01:23alors cette mission ne serait pas remplie.
01:25Et effectivement, le Premier ministre a raison de dire que s'il y avait tempête,
01:30ce ne serait pas tant une tempête pour les membres de ce gouvernement, c'est pas ça le sujet, c'est une tempête pour le pays.
01:35Au-delà d'une crise politique que chacun comprendrait très bien, il y aurait une crise économique et financière.
01:40C'est-à-dire tout simplement, le financement de notre endettement prendrait des taux d'intérêt en hausse,
01:45et ça, ça a un coût direct pour le quotidien de nos concitoyens.
01:48Mais c'est cette petite musique-là que conteste l'opposition, et même des gens dans votre groupe,
01:54puisque même Yael Broun-Pivet disait « Non, arrêtons les discours alarmistes,
01:58il n'y aura pas de catastrophe si le gouvernement tombe, il n'y aura pas de shutdown en France,
02:02c'est-à-dire que les fonctionnaires seront payés, la carte vitale sera financée, donc arrêtons avec les discours qui font peur. »
02:09Léa Salamé, je ne parle pas de shutdown.
02:11Il n'y a pas besoin d'un shutdown pour être en crise économique et financière.
02:14S'il n'y a pas de budget, ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des moyens d'urgence de financer nos fonctionnaires.
02:19Ça veut tout simplement dire qu'il n'y aura pas la capacité de mettre en place les mesures pour redresser nos comptes.
02:25Tout simplement.
02:26Ça veut dire que le déficit public de notre pays continuerait à se creuser.
02:30Ça veut dire que les taux d'intérêt de notre dette continueraient à augmenter.
02:33On va arriver déjà à 60 milliards d'euros par an, rien que pour les taux d'intérêt de notre dette.
02:37Est-ce qu'on veut que ça atteigne 70, 80 milliards ? Non.
02:40Pour cela, il faut se doter d'un budget responsable, sérieux, qui permette de freiner la dépense publique,
02:46qui permette de mettre à contribution certains grandes entreprises,
02:50certains ménages les plus fortunés pour permettre de redresser nos comptes publics.
02:55C'est une priorité absolue.
02:56Parce que ce serait quoi ? Expliquez concrètement aux gens qui se demandent ce matin.
02:59Parce que c'est vrai que l'élément de langage, il y a quelques jours, du gouvernement et des membres de la majorité,
03:03c'était de dire « attention, attention, les fonctionnaires ne seront pas payés, la carte vitale, la carte vitale ».
03:08Là, vous nous dites clairement que même si, pour qu'on parle sérieusement,
03:12parce qu'il y a beaucoup de rumeurs, de contre-rumeurs, et c'est normal en période d'instabilité politique,
03:16mais là on voudrait comprendre clairement, les fonctionnaires seraient payés si jamais votre gouvernement venait à tomber
03:21et qu'il n'y avait pas de budget, puisqu'il y aurait le budget l'année dernière qui s'appliquera,
03:26il y aura une loi d'habilitation et Marine Le Pen a déjà dit qu'elle la votera.
03:29Donc de ce point de vue-là, on est d'accord.
03:31On est d'accord, avec des conséquences, si vous me permettez, qui sont très concrètes aussi pour le quotidien des Français.
03:36Il n'y aurait pas la possibilité, comme je l'ai dit, d'avoir les mesures fiscales nouvelles.
03:40Ce budget a commencé par exemple par l'indexation du barème de l'impôt sur les revenus.
03:45Ça veut dire que tous les Français paieraient plus d'impôts directement.
03:48Tous les Français, pas seulement certains contribuables ciblés qui pourraient contribuer plus que les autres.
03:53C'est-à-dire qu'il n'y a pas de budget, on paiera plus d'impôts.
03:55Il faut un budget voté annuellement pour indexer le barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation.
04:01Si ce n'était pas le cas, s'il n'y avait pas de budget, il n'y aurait pas cette indexation.
04:05Et donc, les Français verraient leurs impôts mécaniquement augmenter chaque année.
04:09C'est un exemple.
04:10Toutes les mesures de hausse...
04:11La hausse de l'inflation, elle baisse.
04:12Non, il y a une inflation qui est au-dessus de zéro.
04:15Elle diminue, mais elle reste au-dessus de zéro.
04:17Donc ce serait une perte de pouvoir d'achat.
04:18A peu près 3 milliards d'euros en 2025 pour nos concitoyens.
04:21Il faut que ce soit su.
04:22Par exemple, des crédits budgétaires en hausse pour les missions prioritaires que le gouvernement considère prioritaire pour nos concitoyens.
04:29La justice, la sécurité, nos armées, la recherche, par exemple, qui sont des ministères sous loi de programmation.
04:36S'il n'y avait pas de budget, il n'y aurait pas la possibilité de continuer à investir dans ces hommes et ces femmes qui font le service public du quotidien tous les jours.
04:43Donc on ne pourrait pas augmenter les moyens de ces ministères-là.
04:46Nous sommes, autre exemple, aujourd'hui en train de répondre à des sollicitations qui datent du début d'année à nos agriculteurs.
04:53C'est dans le texte de loi, la mise en application des promesses qui ont été faites, notamment par l'ancien gouvernement.
04:58Pas de budget, pas de mesure.
05:00On peut imaginer qu'un nouveau Premier ministre soit nommé.
05:03Qui pourrait d'ailleurs être Michel Barnier à nouveau.
05:05Qu'Emmanuel Macron renommerait et qui ait le temps pour faire un nouveau budget.
05:09Ça c'est possible aussi.
05:10Donc je vous renvoie la question.
05:12N'est-il pas, à l'heure où nous nous parlons, responsable collectivement de nous doter d'un budget pour le pays ?
05:20Pas pour ce gouvernement, pas pour telle formation politique pour ce pays.
05:24Dotons la France d'un budget pour 2025 ?
05:27Pour pouvoir financer nos priorités ?
05:29Pour protéger le pouvoir d'achat de nos concitoyens ?
05:32Et surtout pour ne pas provoquer, en plus d'une crise politique, une crise financière ?
05:37Voilà, ça c'est l'autre aspect.
05:39L'écart entre les taux demandés à la France et l'Allemagne pour un prêt à 10 ans est monté en séance à 0,83%.
05:47Ils ne sont plus au niveau depuis la mi-juin.
05:50Il n'était que de 0,05% avant la dissolution de l'Assemblée.
05:54La France doit désormais payer plus cher que le Portugal ou l'Espagne pour obtenir des fonds.
05:58Elle se rapproche du taux imposé à la Grèce et à l'Italie.
06:02Est-ce qu'il y a là un sérieux motif d'inquiétude ?
06:06Non, l'économie française est reconnue comme robuste.
06:09D'ailleurs, vous avez remarqué que la Commission européenne avait validé notre plan à moyen terme
06:15qui permettait justement ce redressement des comptes.
06:17Mais l'Union européenne fait confiance à la France, notamment avec le budget de 2025.
06:23Ceux qui refinancent notre dette, ce sont des financeurs internationaux.
06:27Ils ne sanctionnent pas la signature française.
06:29Vous avez raison d'évoquer l'augmentation de ce qu'on appelle le spread,
06:32c'est-à-dire notamment les taux d'intérêt entre la France et l'Allemagne.
06:35Donc oui, il doit y avoir cette alerte-là qui doit être entendue.
06:38Raison de plus pour ne pas ajouter à cette situation-là une nouvelle crise politique
06:43qui ne serait perçue que comme une instabilité complémentaire.
06:46Et moi, je pose la question.
06:48Si le gouvernement venait à être censuré, quelle est la contre-proposition politique ?
06:52Quel est le contre-budget ?
06:54Qui propose aujourd'hui de redresser les comptes publics de notre pays de cette façon-là ?
06:57Pardon, mais le gouvernement de Michel Barnier a le courage depuis le premier jour,
07:02dans un délai extrêmement contraint, de dire que la priorité de notre pays,
07:05c'est d'abord de se doter d'un budget qui nous permet d'assainir nos comptes publics.
07:09Vous savez, Pierre Mendès France disait, il y a une maxime que j'aime beaucoup,
07:12un pays qui ne sait pas redresser ses comptes publics est un pays qui s'abandonne.
07:15Je crois que nous sommes dans un moment extrêmement crucial.
07:18On entend votre principe de responsabilité.
07:20Si on ne se dote pas de ce budget-là pour redresser nos comptes publics,
07:23pardon, mais c'est extrêmement important.
07:25Nous mettons l'ensemble de notre pays en difficulté pour les prochains mois,
07:28mais je le crois profondément pour les prochaines années.
07:30Mais Laurence Amartin, on pourrait vous rétorquer qu'on en est là parce que vous avez mal géré.
07:34Il y a aussi, pardon, de revenir.
07:36C'est-à-dire que ça fait sept ans que vous, qui êtes un macroniste historique, vous êtes au pouvoir.
07:42Je rappelle les conclusions du rapport du Sénat sur le dérapage des finances publiques il y a quelques jours.
07:47Irresponsabilité budgétaire, double discours, attentisme et inaction dommageable, mystification,
07:51sentiment général d'irresponsabilité et de déni collectif.
07:54Pour en arriver là, vous voyez ce que je veux dire ?
07:56D'abord, Léa Salamé, si vous me le permettez, ce sont des rapports de parlementaires d'opposition,
08:00et c'est tout à fait leur droit en tant que parlementaires d'opposition,
08:03et je ne partage absolument pas cette lecture-là.
08:05Rien !
08:06Non, je crois qu'il serait bon aussi que nous nous rappelions collectivement ce qui s'est passé ces quatre dernières années.
08:11Notre pays a davantage protégé que nos voisins européens, par exemple sa population,
08:15nos entreprises, qui n'ont pas fait faillite pendant la crise Covid, pendant la crise de l'énergie.
08:19Nous avons mis en place un bouclier tarifaire.
08:21Ça avait coûté plus de 50 milliards d'euros pour que votre facture d'électricité,
08:25celle de vos auditeurs, n'augmente pas, et augmente beaucoup moins que nos voisins européens.
08:29Tout ça n'avait probablement pas de prix, puisque nous sommes un pays qui protège largement et plus que les autres,
08:34mais cela avait un coût extrêmement important.
08:37Vous avez sous-estimé le coût ? Pourquoi ?
08:39Pourquoi le dérapage a ainsi filé par rapport aux prévisions que vous assumiez ?
08:44Que Bruno Le Maire, à ce micro, il y a un an, disait, il parlait d'un déficit qui n'allait pas être aussi élevé.
08:50Pourquoi ?
08:51Il y a eu moins de rentrées fiscales sur ces deux dernières années que les estimations l'avaient prévu.
08:56Et donc, effectivement, le déficit a été plus important.
08:59Mais ce déficit-là, qu'il soit de 6,1% à la fin de l'année 2024, ou de 5%, il faut de toute façon le réduire.
09:07Il faut de toute façon le réduire.
09:09Ce que je dis, c'est un discours de responsabilité.
09:11Après des années de dépenses publiques nécessaires pour protéger notre pays,
09:15est-ce qu'on peut tous se mettre autour de la table en responsabilité pour dire que maintenant,
09:18l'heure est au redressement des comptes ?
09:20De la même façon que cela avait été fait après la crise des subprimes,
09:22où il y avait une augmentation massive de notre endettement, puis une période de redressement de nos comptes.
09:27Nous en sommes là. Nous sommes à la fin de l'année 2024.
09:30L'inflation est derrière nous. La crise Covid est terminée.
09:33Nous avons besoin désormais de tout mettre en œuvre pour prioritairement baisser le déficit public de notre pays.
09:38Et la seule chose que je peux vous confirmer, c'est que sans budget...
09:41L'objectif, c'est toujours 5% ?
09:42Oui, l'objectif, c'est toujours 5%.
09:44Avec toutes les concessions faites en chemin sur le budget, le projet de budget ?
09:48Beaucoup de parlementaires, vous savez, proposent aussi des économies supplémentaires.
09:52C'est un seul de 5% de déficit public.
09:55Mais vous maintenez ce chiffre-là ?
09:57Le Premier ministre a dit qu'il fallait que ce soit autour de 5%.
10:00La question est de savoir, est-ce qu'on redresse franchement la barre ?
10:03Beaucoup plus qu'aucun gouvernement ne l'a jamais fait.
10:07Je rappelle une chose, ça représente 60 milliards d'euros d'efforts.
10:10Alors, peut-être que pour l'ensemble de nos concitoyens, 60 milliards d'euros, c'est un peu flou dans la vie réelle.
10:1560 milliards d'euros, c'est justement le coût du remboursement des taux d'intérêt de notre dette.
10:20Et donc, vous voyez bien la sensibilité de ce dont on parle.
10:24Si on venait à avoir une augmentation de notre charge de notre dette par une crise politique,
10:28tout simplement ce serait d'autres priorités politiques qu'on ne pourrait pas financer.
10:32Laurent Saint-Martin, le principe de réalité est le suivant, vous le connaissez mieux que nous.
10:35L'ensemble de la gauche a déjà clairement indiqué qu'elle voterait la censure en cas de 49.3 sur le budget.
10:40La survie du gouvernement est donc suspendue au Rassemblement National.
10:43Il y a 142 députés et alliés qui se font engueuler, vous le savez, sur les marchés par leurs électeurs,
10:49qui leur reprochent leur mollesse et leur stratégie de notabilisation.
10:53Ils sont tentés de censurer.
10:55La question qui se pose à vous, c'est quel est le cadeau que vous faites à Marine Le Pen pour éviter la censure ?
11:01Quel est le cadeau dans le budget où vous pouvez lui dire qu'elle aille voir ses électeurs en disant
11:05« j'ai obtenu ça, c'est pour ça que je ne vais pas censurer ».
11:07Parce que c'est ça, à la fin, non, la question ?
11:10Moi, je ne comprends pas, depuis le début de ce gouvernement, pourquoi vous faites un raccourci systématique
11:16sur la possibilité que ce soit le Rassemblement National qui ait la main sur la censure de ce gouvernement.
11:23Est-ce que c'est arithmétique ?
11:24Pourquoi vous ne posez pas la question aux responsables du groupe du Parti Socialiste à l'Assemblée Nationale ?
11:28Il n'y a pas les voix... Pardon Madame Lea Salamé, moi aussi je compte juste les voix une à une.
11:33Il n'y a pas les voix du Parti Socialiste, il n'y a pas de motion de censure avec l'union des autres groupes de gauche et le Rassemblement National, point.
11:41Je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui, de façon automatique, le Parti Socialiste, qui je crois est un parti de gouvernement,
11:48qui avait jusqu'à il n'y a pas encore si longtemps les clés du pouvoir dans ce pays,
11:53qui a eu d'ailleurs, et je le salue, entre 2012 et 2017, une capacité à redresser nos comptes publics.
11:59Le Parti Socialiste, par la voix de Boris Vallaud à ce micro, vous l'avez entendu sans doute dimanche,
12:04dit que le budget tel que vous l'avez proposé est invotable en l'état et que si vous utilisez le 49-3 ils vont censurer.
12:10Je crois qu'il ne faut pas confondre l'opposition à un budget qui, somme toute, dans une démocratie parlementaire,
12:15est tout à fait normale quand vous êtes un groupe d'opposition.
12:18C'est même inhérent à une position politique. Vous êtes contre un budget parce que vous êtes dans l'opposition.
12:23Pas du tout la même chose de censurer un gouvernement et d'ajouter à la crise politique une crise financière.
12:28Moi je crois à l'esprit de responsabilité du groupe socialiste là-dessus.
12:31Il n'y a pas de bouger à faire pour permettre à Marine Le Pen de dire à ses électeurs « je ne vais pas voter la censure ».
12:36À ce stade, sur la taxe sur l'électricité, tout ce qu'elle vous a demandé, ces lignes rouges, il n'y a rien à faire pour obtenir…
12:42Mais ce texte évolue sans qu'il n'y ait besoin d'abord ni de parler de cadeau, je crois que ce n'est pas du tout le terme approprié,
12:47à qui que ce soit, ni de faire du marchandage. Ce texte évolue tout simplement parce que le Parlement en débat et que le Parlement délibère.
12:54Hier soir, tard, le Sénat, par exemple, a lui-même fait évoluer la disposition de la hausse de la taxe sur l'électricité.
13:01C'est le choix du Sénat. Ce n'était pas le choix du gouvernement, c'est le choix du Sénat.
13:05Nous verrons si députés et sénateurs trouvent un compromis entre eux et nous verrons quelle sera la position du gouvernement à la fin.
13:11Justement sur la taxe sur l'électricité, parce que ça intéresse tous les Français, donc on rappelle juste la position.
13:15Vous, vous voulez relever le niveau de cette taxe. Au-delà de son niveau d'avant crise énergétique,
13:20les sénateurs sont contre et disent qu'il faut le relever uniquement au niveau d'avant crise, pas au-delà.
13:26Donc là, ils ont changé cette nuit. Vous êtes prêts à faire un pas de ce point de vue-là ?
13:30Moi, je dis aux sénateurs et je dis d'ailleurs à l'ensemble des parlementaires, de tous les groupes d'ailleurs,
13:34s'il y a un compromis pour que la hausse de la fiscalité de l'électricité soit différente de la proposition du gouvernement,
13:41cela doit se faire avec des économies en face. Moi, je n'ai qu'un cap.
13:45Vous savez, je suis venu dans ce gouvernement dans un moment très difficile avec un cap et je m'y tiendrai.
13:49C'est celui du redressement des comptes, c'est-à-dire celui d'arriver à 5% de déficit public de notre pays l'an prochain.
13:56Si le parlement, et je sais qu'il y a des propositions qui sont faites notamment par les sénateurs, mais pas que.
14:01Si le parlement propose à due concurrence, comme on dit en termes budgétaires, des économies,
14:07parce que cela doit passer d'abord par la baisse de la dépense publique, c'est ça le courage politique.
14:11S'il y a des économies complémentaires permettant d'avoir une copie différente de celle du gouvernement,
14:15depuis le début, avec Michel Barnier, nous disons que ce budget est perfectible.
14:18Encore une fois, on ne peut pas vouloir une démocratie parlementaire, faire vivre les débats, faire vivre tout ça dans les chambres.
14:24Et on a vu d'ailleurs l'image que parfois ça pouvait donner quand on voyait le nombre d'impôts en plus
14:29que le Nouveau Front Populaire avec la complicité du Rassemblement National mettait à l'Assemblée Nationale.
14:33Ça, je crois que personne n'en veut. Donc, on ne peut pas dire d'un côté, on a besoin de débats dans notre pays,
14:38le parlement s'est fait pour ça, et ne pas l'écouter quand il y a des contre-propositions qui sont faites.
14:42On va passer au Standard où nous attend François. Bonjour, bienvenue sur Inter.
14:47Bonjour Monsieur, Messieurs et Madame. Je pose la question suivante.
14:53Pourquoi ne pas taxer réellement les patrimoines des plus riches, par exemple à 2% comme le propose Gabriel Zucman à l'OCDE ?
15:06Pourquoi ne pas les taxer réellement, ce qui permettrait de faire accepter par d'autres de nos concitoyens d'éventuels sacrifices ?
15:17Parce que quand l'inégalité dans les demandes de contribution est à ce point, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait un refus massif.
15:26Et s'il vous plaît, qu'on ne nous reserve pas la concurrence fiscale entre les pays, parce que ça, c'est un argument mafieux.
15:34Moi, quand je vais en vacances et que je vois les yachts carrés dans le port de Nice ou le port de Saint-Tropez,
15:41on me reserve l'argument sur les profits qui font des investissements. Moi, je vois des profits qui font des yachts,
15:49ou des profits qui font Monsieur Bolloré qui rachète la presse et qui fait monter l'extrême droite.
15:56Bien compris François, merci pour votre intervention, faire payer vraiment les plus gros patrimoines.
16:04Pour prolonger la question de François, celle d'Alexandra sur l'appli Radio France,
16:08ne faut-il pas s'interroger sur le moins de rentrée fiscale au cours des deux dernières années dont parle votre invité Laurent Saint-Martin ?
16:16Réponse à nos auditeurs.
16:18Oui, je crois que la question qui est posée, et merci à François pour cela, c'est la question de plus de justice fiscale.
16:23D'abord, nous sommes le pays le plus redistributif. Prenez l'impôt sur le revenu par exemple,
16:28je rappelle que 75% de l'impôt sur le revenu est payé par 10% des Français.
16:33Donc, ne laissons pas dire qu'il n'y a pas déjà de redistributivité dans notre pays, elle est très importante.
16:37En revanche, nous avons proposé, dans ce projet de loi de finances, qu'il y ait une mesure exceptionnelle de contribution des plus hauts revenus.
16:45Nous l'avons fait, ça s'appelle la contribution différentielle sur les hauts revenus.
16:49C'est une vraie mesure de justice fiscale.
16:51Ça permet que des très hauts revenus, c'est par exemple un couple qui gagne plus de 500 000 euros par an,
16:58ne puissent pas payer moins de 20% d'impôt. C'est un seuil, c'est un filet fiscal si vous voulez.
17:03Ça, ça n'existe pas aujourd'hui. Nous le proposons dans ce texte pour nous assurer que cet effort budgétaire
17:08de redressement des comptes ne passe pas uniquement par la baisse de la dépense publique qui doit être une priorité,
17:13c'est-à-dire de la contribution avec de la justice fiscale.
17:15Et le Premier ministre l'a dit d'ailleurs dans les toutes premières interventions qui furent les siennes quand il a été nommé.
17:21Nous avons besoin, c'est vrai, aussi de mesures de justice fiscale.
17:24Et nous le proposons sur les très grandes entreprises et sur les plus hauts revenus.
17:28Il y a le budget, on en a parlé, mais il y a aussi le budget de la sécurité sociale qui entre aujourd'hui en commission mixte par EITR.
17:35Elisabeth Borne a indiqué en réunion des députés Ensemble pour la République
17:40n'être d'accord sur rien, ni sur le fond du texte, ni sur la méthode du gouvernement.
17:46Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
17:48Moi je dis que nous avons besoin dans notre pays d'avoir des comptes qui s'équilibrent enfin.
17:53Ça fait depuis 1974 que nous n'avons pas un seul budget à l'équilibre.
17:57On peut considérer que c'est jamais un problème.
17:59Moi je pense qu'un jour, cela nous coûtera très cher au sens premier du terme.
18:03Parce que nous ne serons plus en capacité de rembourser les frais de notre dette.
18:06Et donc nous avons besoin d'avoir ce moment de courage et de vérité qui dit que cela prendra plusieurs années
18:12mais nous devons commencer dès 2025 à freiner la dépense dans notre pays.
18:16Le budget de la sécurité sociale c'est un déficit de 18 milliards d'euros en 2024.
18:20Nous proposons de le ramener en 2025 à 16 milliards d'euros.
18:23C'est un effort de 2 milliards d'euros.
18:25Nous le faisons dans le temps justement pour pas que le freinage soit trop brutal, pour qu'il soit proportionné.
18:30Si on veut protéger notre système de protection sociale dans notre pays,
18:33si on veut le conserver, je crois qu'on y tient tous,
18:35tout simplement il faut le financer.
18:37Nous avons un système de protection sociale qui est unique au monde,
18:40qui est basé essentiellement par le travail.
18:42S'il n'y a pas justement assez de recettes pour pouvoir financer cette protection sociale,
18:46alors nous avons besoin aussi de freiner cette dépense.
18:48Laurent Saint-Martin, ce n'est pas Nicolas Demorand qu'il faut convaincre.
18:50En l'occurrence, ce sont vos troupes.
18:52Oui, mais ce sont vos troupes.
18:54Il rappelle ce que dit Elisabeth Borne et notamment Gabriel Attal.
18:57Puisque ce PLFSS, ce projet de loi de finance de la sécurité sociale, va rentrer en CMP,
19:01pardon pour les acronymes, en commission mixte paritaire cet après-midi.
19:05Gabriel Attal, ce n'est pas moi qui vais vous le dire, il n'est pas content.
19:08C'est le chef du groupe et il n'est pas content, notamment sur les cotisations patronales, etc.
19:12Est-ce que vous êtes sûr ? Parce qu'il n'y a pas que l'opposition à aller convaincre.
19:16Il y a aussi vos troupes.
19:18Est-ce que vous êtes sûr, ce matin, vous pouvez nous dire,
19:20du soutien de Gabriel Attal sur vos projets de budget et de PLFSS ?
19:27Il y a, en soutien de ce gouvernement, un socle commun, c'est l'expression consacrée désormais,
19:32dont le groupe Ensemble pour la République, qui est ma famille politique,
19:36et qui a dit depuis le tout début de ce texte, et à juste titre,
19:40attention à l'emploi, attention aux coûts du travail,
19:43attention tout en résorbant le déficit public, ce qu'il faut faire.
19:47Ils sont les premiers à le dire et ils ont raison.
19:49Attention à ne pas gréver la dynamique d'emploi, de politique de l'offre, d'attractivité de notre pays,
19:54qui a bien marché ces dernières années, qui est un bilan très positif.
19:57Ils ont raison.
19:58Moi, je marche sur deux jambes.
19:59Je marche sur la jambe emploi, mais aussi sur la jambe déficit public,
20:02que je veux absolument résorber, vous l'aurez bien compris.
20:05Vous êtes sûr d'avoir leur soutien ou pas ?
20:06Donc, nous trouvons effectivement des compromis, nous discutons depuis plusieurs semaines.
20:10Moi, j'ai confiance dans le groupe Ensemble pour la République,
20:12pour que cette commission mixte paritaire, aujourd'hui, soit conclusive.
20:16Je crois que, vous savez, faire des compromis, ce n'est pas un gros mot.
20:21Moi, je crois que c'est noble, dans une démocratie comme la nôtre.
20:24Et je crois que, dans un moment grave, sérieux, mais aussi de responsabilité,
20:29qui est celui de redresser nos comptes, pour que demain, on puisse être à nouveau en capacité
20:33de soutenir nos entreprises, nos emplois, notre pays, notre population.
20:37Je crois que faire des compromis ensemble, pour qu'on y arrive,
20:40ce serait aussi une très belle démonstration d'unité politique.
20:43C'est beau, mais vous êtes confiant, donc, ce matin, sur la CMP et sur l'attitude.
20:48Vous avez confiance dans votre famille politique, pour pouvoir faire en sorte
20:52que cette commission mixte paritaire soit conclusive.
20:54Je l'ai dit, on n'est qu'au milieu d'une semaine politique dense.
20:57Demain, dans l'hémicycle, la suppression de la France insoumise
21:01présentera, dans sa niche parlementaire, la suppression de la réforme des retraites.
21:08Départ à la retraite à 64 ans, pour empêcher ce vote,
21:12qui pourrait abroger la réforme Borne.
21:16Renaissance, LR, Le Modem, Horizons ont déposé des milliers d'amendements.
21:21La gauche dénonce une attitude scandaleuse, antidémocratique.
21:25Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
21:27Vous assumez de faire ce que vous reprochiez naguère aux insoumis
21:31pendant l'examen de la réforme des retraites, c'est-à-dire de l'obstruction totale ?
21:36Vous employez finalement les mêmes méthodes qu'eux ?
21:40Vous voyez ce qui abîme profondément, je crois, la confiance entre les Français
21:44et leurs représentants politiques, c'est d'avoir déposé 19 000 amendements en 2023
21:50lors de la loi de réforme des retraites,
21:53et aujourd'hui de s'offusquer qu'il puisse y avoir du débat
21:55quand eux-mêmes proposent de l'abroger.
21:58Je trouve ça d'une hypocrisie insupportable.
22:00Donc vous reconnaissez que c'est un hommage à ce qu'ils ont fait
22:03de reprendre la même technique politique en déposant des amendements
22:06pour empêcher l'abrogation, le vote ?
22:08D'abord, le droit d'amendement, c'est simplement permettre le débat,
22:11et on n'est pas du tout dans les mêmes ordres de grandeur.
22:13Donc d'un côté, pour adopter la loi, il faut 19 000 amendements et trois semaines de débat,
22:18mais pour l'abroger, il faudrait que ça se passe en trois quarts d'heure.
22:20L'occurrence, c'est en quelques heures.
22:22Vous allez déposer plus d'un millier d'amendements pour quelques heures uniquement.
22:25Mais c'est déjà trop court pour reparler de ce débat-là.
22:27Mais c'est le principe effectivement des niches parlementaires qui ne durent qu'une journée.
22:30Donc vous assumez sur la forme.
22:32D'abord, moi je ne suis pas parlementaire,
22:34mais je trouve d'une hypocrisie insupportable,
22:37ceux notamment à la France Insoumise, qui nous racontent qu'il y aurait de l'obstruction,
22:40alors qu'eux ont déposé 19 000 amendements et ont fait durer trois semaines les débats,
22:44pour une réforme des retraites qui a été adoptée.
22:47Comme si aujourd'hui, l'abroger, à un moment où on a quand même besoin,
22:50pardon, je crois que je l'ai assez dit à ce micro,
22:52de redresser nos comptes publics,
22:54je crois que la première irresponsabilité serait de revenir sur les réformes structurelles
22:57qui ont été faites ces dernières années, à commencer par celle de retraite.
23:00Mais au-delà de mon désaccord de fond, je trouve sur la forme que cela est une hypocrisie insupportable.
23:05Allez, un mot de politique-fiction.
23:07Une dernière question, Laurent Saint-Martin.
23:09Si votre gouvernement, si Michel Barnier, devait tomber l'hypothèse d'une équipe technique,
23:14vous semble-t-elle bonne ?
23:16Moi, vous savez, j'ai accepté cette mission d'un budget probablement le plus difficile de la Vème République.
23:22Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.
23:25Le meilleur moyen que tout cela ne reste que de la fiction,
23:28et qu'il n'y ait pas de problème pour pouvoir financer nos priorités de demain
23:31et résorber notre déficit, c'est qu'il y ait un budget en 2025.
23:33Permettez-moi de n'être concentré que là-dessus tous les matins quand je me lève.
23:36Eh bien, merci d'avoir été à notre micro, monsieur le ministre du budget des comptes publics, Laurent Saint-Martin.