Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure rappelle, mardi, sur France Inter, que son parti va déposer une motion de censure après l'adoption du budget. Il promet "un débat qui sera débarrassé de la question budgétaire". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-04-fevrier-2025-7551585
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons le premier secrétaire du Parti Socialiste, député de Seine-et-Marne.
00:06Vos questions, 0145 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:12Olivier Faure, bonjour !
00:13Bonjour !
00:14Et bienvenue sur Inter ! Après moultes tergiversations et hésitations, vous, les socialistes, avez
00:22donc décidé hier, en bureau politique, de ne pas voter la motion de censure déposée
00:26par vos alliés du Nouveau Front Populaire.
00:28La motion de censure qui est une réponse à l'utilisation du 49.3 par François Bayrou
00:35sur le budget.
00:36Vous avez donc décidé de sauver le Premier Ministre, de sauver François Bayrou ?
00:41Évidemment non ! La question n'est pas là.
00:45Nous avons, comme vous l'avez dit, beaucoup parlé, beaucoup hésité, parce qu'il n'y
00:52a aucune bienveillance vis-à-vis de ce gouvernement.
00:54Mais il y a un attachement à l'intérêt général, celui du pays, doter la France
01:00d'un budget, lui permettre de continuer à travailler.
01:03Nous avons été sollicités au cours de ces dernières semaines par une multitude d'acteurs,
01:09les collectivités locales, associations, entreprises, celles et ceux qui dépendent
01:14de la commande publique, PME, TPE, qui ont besoin d'avoir un budget et qui donc ne peuvent
01:21pas attendre davantage.
01:23Nous avons choisi non pas de soutenir le gouvernement, mais de ne pas pratiquer la politique du pire,
01:29parce que la politique du pire, elle peut conduire à la pire des politiques, celle
01:33de l'extrême droite.
01:34Alors, on va voir ce que vous appelez la politique du pire et qui joue selon vous la politique
01:37du pire.
01:38Mais vous dites qu'on a été saisi par des associations, des collectivités qui
01:41nous ont dit « attention, on ne va pas être payé s'il n'y a pas de budget ».
01:44Des associations et des collectivités qui voient aussi leur budget baisser, leur dotation
01:49baisser clairement dans ce budget.
01:51Il y a des coupes de plusieurs centaines de millions d'euros dans le budget Bayrou,
01:55sur l'aide publique au développement, sur l'écologie, sur la culture, l'agriculture,
01:59sur la recherche et l'enseignement supérieur, sur les collectivités locales.
02:02C'est ça aussi que vous validez en ne votant pas la censure.
02:05C'est ces baisses drastiques sur plein de points.
02:07Qui vous a dit que nous validions ? Nous avons voté contre ce budget au Sénat et en commission
02:13mixte paritaire.
02:14Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement est obligé de passer par
02:17un 49-3 pour faire adopter son budget.
02:20Nous avons voté contre.
02:21Mais vous ne le censurez pas.
02:22Mais nous ne le censurons pas parce que le mal serait pire.
02:24Pourquoi ? Parce que quel serait le jour d'après ?
02:27C'est facile de dire qu'on censure.
02:31On a effectivement l'avantage d'une forme de pureté.
02:34Mais qu'est-ce qui se passe ? Pour avoir un Premier ministre plus à droite, qui négocie
02:40sa propre survie avec l'extrême droite, c'est déjà arrivé, ça peut redevenir
02:44le cas.
02:45Pour avoir une démission du chef de l'État et donc une élection au terme de la Constitution
02:50dans 35 jours.
02:52Dans 35 jours, est-ce que quelqu'un pense sérieusement que la gauche pourrait l'emporter
02:56et mettre un terme à la fois au macronisme et éviter le piège à l'extrême droite ?
03:00Oui, il y a quelqu'un qui pense que la gauche peut l'emporter, ça peut être Jean-Luc Mélenchon.
03:06Peut-être, mais c'est un désaccord que j'ai avec lui.
03:09Parce qu'effectivement, je ne veux pas la boussole que nous nous sommes donnée, c'est
03:13quand même de lutter contre l'extrême droite.
03:15Dans un moment comme celui que nous vivons.
03:16Pierraski vient de parler.
03:17Mais c'est ça la boussole du PS uniquement ? C'est lutter contre l'extrême droite ?
03:22Pas seulement.
03:23Mais admettons quand même qu'il y a aujourd'hui une offensive qui n'est pas simplement nationale,
03:27qui est européenne, qui est mondiale et qui fait peser une menace incroyable sur l'ensemble
03:33du monde.
03:34Et donc, est-ce que nous voulons que le seul pôle d'équilibre qui subsiste aujourd'hui,
03:38c'est-à-dire l'Europe, finisse par basculer parce que la France basculerait son tour à
03:42l'extrême droite ? Moi, je ne m'y résous pas.
03:44Et donc, je ne souhaite pas que ça puisse être le cas.
03:46Jean-Luc Mélenchon, puisqu'on le cite, il a réagi.
03:48Le vote de non-censure par le PS consomme son ralliement au gouvernement Bayrou.
03:52Le NFP est donc réduit d'un parti.
03:55Non mais, je ne sais pas, peut-être que pour vous, Jean-Luc Mélenchon est celui qui fixe
04:01les règles et qui dit qui est quoi, etc.
04:04Ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui dit qui est de gauche, qui est de droite, etc.
04:07Et encore moins celui qui dit qui appartient au nouveau Front Populaire.
04:11J'observe que nos partenaires écologistes et communistes n'ont pas eu le même regard
04:17sur ce que nous faisons.
04:18Ils considèrent que ce n'est pas leur chemin, ce n'est pas leur voie.
04:21Mais en même temps, je ne les ai pas entendus pratiquer l'excommunication.
04:26Et d'ailleurs, pour détailler que nous sommes, je crois que ce n'est pas le cas.
04:29Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir été suivi par les écologistes ? Les écologistes
04:33qui finalement décident de voter la censure, comme les insoumis, ils auraient pu choisir
04:38de faire comme vous, ce que vous appelez une décision de responsabilité.
04:43Ils sont quoi, trop liés aux insoumis ?
04:47Non, je ne dirais pas ça.
04:49Je dirais, je comprends aussi leur décision.
04:50Je vous l'ai dit, nous avons nous-mêmes hésité.
04:52Parce que ce que vous avez rappelé sur les coupes claires dans un certain nombre de budgets
04:57qui auront un impact sur le pays, évidemment, ça nous a nous-mêmes heurtés.
05:00Et pour les écologistes, la baisse des crédits, notamment dans l'environnement, était un
05:06crève-cœur.
05:07Et quand ils sont venus négocier avec nous et qu'ils ont cherché à obtenir, ils n'ont
05:11pas obtenu.
05:12Et donc, ils ont considéré qu'il n'y avait pas matière là pour eux à laisser passer,
05:17en tout cas, à ne pas censurer le gouvernement.
05:20Mais vous êtes toujours dans l'opposition ce matin ?
05:22Toujours, toujours.
05:25Et j'allais dire, en réalité, autant hier que demain.
05:30Parce que nous n'avons jamais, même quand nous avons fait le choix, pris le risque de
05:34la négociation.
05:35Nous avons toujours dit que nous restons dans l'opposition.
05:37Nous n'avons jamais demandé à appartenir à la majorité, à entrer au gouvernement,
05:41à demander quelques privilèges que ce soit.
05:43Nous avons toujours dit ce que nous faisons, nous le faisons exclusivement dans l'idée
05:46de préserver les Français d'un certain nombre de souffrances supplémentaires qui
05:50étaient malheureusement inscrites dans le budget.
05:52C'est la raison pour laquelle nous avons cherché à obtenir un certain nombre de sujets.
05:55Et donc, sur l'éducation, sur un certain nombre de budgets, même s'ils sont malgré
06:01tout amputés, nous avons cherché la moindre baisse pour nos universités, pour la recherche.
06:06Nous avons cherché aussi sur tout ce qui a trait à l'accès aux soins, à empêcher
06:11le déremboursement des médicaments, des consultations médicales, augmenter d'un
06:15milliard les crédits pour l'hôpital, multiplier par trois le fonds d'urgence pour les EHPAD.
06:20Voilà ce que nous avons obtenu.
06:21Est-ce que c'est suffisant ? Non, bien sûr que non.
06:23NICOLAS ROCHEFORT-CHAMPAGNE Voici-vous à des électeurs du NFP qui seraient
06:26étonnés de vous voir soutenir le gouvernement de François Bayrou, de Bruno Retailleau,
06:30de Gérald Darmanin, qui vous accuseraient donc de trahison.
06:33Eux, les électeurs !
06:35NICOLAS ROCHEFORT-CHAMPAGNE Ce qu'ils doivent comprendre, c'est que
06:37nous avons effectivement fait le choix de donner un budget à la France, mais que nous
06:42déposerons nous-mêmes une motion de censure dans les jours qui suivront l'adoption du
06:46budget pour permettre là un nouveau débat, et un débat qui sera débarrassé de la question
06:51budgétaire.
06:52Les Français, les agriculteurs, les chefs d'entreprise, les associations, tout le monde
06:56aura la possibilité d'être rassuré sur le fait qu'il y a désormais un cadre budgétaire
07:01qui permet à l'État d'être piloté, mais en même temps, ça ne veut pas dire
07:04soutien au gouvernement, et c'est donc la raison pour laquelle nous reviendrons sur
07:08ce que vous avez commencé à décrire, et qui est une forme de trumpisation du débat
07:12public aujourd'hui, sous l'influence notamment de Bruno Retailleau.
07:15NICOLAS ROCHEFORT-CHAMPAGNE La trumpisation, c'est quoi ? C'est la
07:17trumpisation de François Bayrou sous l'influence de Bruno Retailleau ? C'est ce que vous
07:21essayez de nous dire ?
07:22NICOLAS ROCHEFORT-CHAMPAGNE Oui, c'est tout simplement ce que j'observe
07:24aujourd'hui, c'est qu'au Parlement européen, les Français eux-mêmes ne défendent plus
07:28le Green Deal, qu'ils ne défendent plus le devoir de vigilance des multinationales.
07:32Je vois que quand il s'agit de défendre l'État de droit, on a un ministre de l'Intérieur
07:37qui lui-même considère que ce n'est pas une question, et que tout ça ne peut bouger.
07:40Que le Premier ministre, alors qu'il est Premier ministre, il n'est pas au café
07:44du commerce, se met à parler lui-même de sentiments de submersion migratoire.
07:49Je vois qu'il y a quand même une forme d'évolution, de dérive qui n'est pas acceptable.
07:54Pourtant, vous ne censurez pas.
07:57Vous dites cela.
07:58Pourtant, nous censurerons la semaine prochaine, cette semaine, nous voulons un budget pour
08:03la France.
08:04On a du mal à comprendre votre stratégie, c'est pas un peu baroque ? C'est-à-dire,
08:08on ne censure pas cette semaine, mais on censure la semaine prochaine.
08:11A la fin, vous voulez faire tomber le gouvernement ? Une motion de censure, c'est pour faire
08:14tomber un gouvernement.
08:15Vous voulez faire tomber le gouvernement Bayrou ou vous voulez le garder ?
08:17Moi, ce que je souhaite, c'est d'abord, premier temps de la manœuvre, qu'il y ait
08:22un budget pour la France, que les Français sachent qu'ils sont gouvernables et ensuite
08:28dire qu'il est tout à fait possible de changer de gouvernement et moi, je souhaite
08:32un gouvernement de gauche et donc, si le gouvernement tombe et que le président de la République
08:36arrive enfin à comprendre qu'il faut un gouvernement de gauche, nous irons au gouvernement
08:40et à ce moment-là, nous pourrons y compris faire en sorte qu'il y ait une loi de finances
08:44rectificative et donc venir corriger un certain nombre d'aspects qui sont aujourd'hui des
08:48aspects délétères de ce budget.
08:51Au Standard Inter, Laurence nous attend.
08:54Bonjour et bienvenue.
08:55Bonjour.
08:56On vous écoute.
08:57Bonjour à tous.
08:59Moi, je voulais apporter mon témoignage d'ancienne socialiste encartée, comme on dit, ancienne
09:09socialiste de peau du temps de Martine Linière-Cassou, qui au fil du temps n'a plus voté socialiste,
09:16comme toute sa famille d'ailleurs aussi, socialiste jusqu'au bout des angles, qui
09:23n'a voté socialiste que lors d'alliances, parce que la gauche pour nous, c'est notre
09:30boussole.
09:31Et qui aujourd'hui…
09:32Et vous avez l'air mélancolique ce matin.
09:34Ah oui, oui, oui, parce que c'est mon histoire.
09:37Pourquoi mélancolique ?
09:38C'est l'histoire de ma famille et là, aujourd'hui, même si une alliance se recrée,
09:47plus jamais je ne mettrai un bulletin socialiste dans une urne.
09:49Mais pourquoi ?
09:50Parce que le Parti Socialiste, pour moi, n'est plus de gauche.
09:55C'est fini.
09:56Et que je voulais dire à Olivier Faure aussi, lui demander, parce qu'Olivier Faure, c'est
10:01quelqu'un qui nous redonnait espoir et pour qui, moi, j'avais du respect.
10:06Alors demandez-lui, posez-lui votre question.
10:08Je voudrais savoir, pour quel plat de lentilles Olivier Faure a jeté ses idéaux de gauche
10:16au ruisseau ? Pour quel mot susurré par François Hollande, il a décidé d'abandonner la raison
10:22pour la folie ?
10:23Merci Laurence pour ces questions que nous transmettons à Olivier Faure.
10:29Plat de lentilles !
10:30Bon, d'abord, je comprends qu'il y ait des interrogations et moi-même, je me suis
10:35interrogé sur ce qu'il fallait faire.
10:37Ça n'a pas été une décision facile et chaque vote doit être pesé avec gravité.
10:41Mais il n'y a pas de plat de lentilles.
10:45Nous n'avons rien obtenu pour nous-mêmes.
10:47Nous n'avons rien cherché pour nous-mêmes.
10:49Nous avons simplement cherché à faire en sorte de préserver les Français autant qu'il
10:55était possible et voter contre ce budget.
10:57Maintenant, la question qui est posée, c'est qu'est-ce qui se passe si demain, il n'y
11:03a pas de budget ?
11:04Quel est l'avantage pour les Français ?
11:07Est-ce que c'est être de gauche que de privé les agriculteurs, les salariés, les
11:12collectivités locales, les associations, d'un budget dont elles ont besoin ?
11:16La loi spéciale qui a été votée en décembre, elle pouvait gérer la transition mais elle
11:21ne peut pas être la loi pour l'éternité.
11:23Et donc, il faut bien un moment qu'il y ait quelque chose qui se passe.
11:26Si j'avais l'assurance qu'en faisant tomber le gouvernement demain, il y ait après
11:31demain un Premier ministre de gauche, je n'en ai aucune certitude, ce sera peut-être
11:35un Premier ministre qui sera encore plus à droite et qui ira négocier sa propre
11:38survie avec l'extrême droite.
11:40Qu'aurons-nous gagné, nous, femmes et hommes de gauche ?
11:42Olivier Faure, notre auditrice vous demandait si vous en aviez marre que François Hollande
11:48vous chuchote à l'oreille.
11:49Je crois que c'est un vieux entente qui ne me chuchote plus grand-chose à l'oreille.
11:52C'est fini, vous ne parlez plus.
11:54Mais ce n'est pas qu'on ne se parle plus, je parle aux uns et aux autres.
11:58Simplement, je ne prends pas mes ordres chez les uns ou chez les autres.
12:02Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, je pense aujourd'hui qu'il y a deux personnalités
12:07importantes de la gauche que sont à la fois Jean-Luc Mélenchon et François Hollande
12:12qui nous conduisent à une incapacité à se parler et à rendre les gauches irréconciliables
12:17et à nous empêcher d'avancer.
12:18Il y a une forme de symétrie entre l'un et l'autre, il y a une forme de Heckel et
12:22Jekyll qui sont là pour, en réalité, asphyxier la gauche.
12:27Et moi je souhaite au contraire que nous puissions la fédérer.
12:29Mais la fédérer sur des bases, qui soient des bases claires, qui permettent à ce pays
12:32d'être gouverné, à ce pays de pouvoir avancer.
12:35Et ce n'est pas simplement en ayant toujours le sentiment d'être dans une forme de pureté
12:41idéologique qui, en réalité, ne mène nulle part que nous avancerons.
12:45Et donc je souhaite...
12:46Vous espérez encore avoir un candidat unique en 2027 ?
12:49Je ne sais pas si nous aurons un candidat unique.
12:51J'ai bien compris que Jean-Luc Mélenchon avait déjà expliqué qu'il fallait son
12:54projet et que le candidat de la gauche, pour lui, c'était celui qui défendait le mieux
12:57son projet.
12:59Donc il y aura peut-être deux candidats, peut-être trois, peut-être quatre, peut-être
13:06cinq.
13:07Mais s'il y en a trois, quatre ou cinq, il n'y en aura aucun au second tour.
13:10Et donc je souhaite que, puisque Jean-Luc Mélenchon a décidé d'être candidat, qu'il
13:14y ait un candidat pour le reste de la gauche qui permette d'avoir ce candidat commun,
13:19qui puisse affronter le second tour et qui puisse l'emporter au second tour.
13:22Parce que je ne me résous pas, encore une fois, la boussole qui est la mienne, c'est
13:26à la fois de permettre demain, de mettre en œuvre un projet, un projet qui permette
13:31la vie digne pour tous, qui permette la vie en harmonie avec la nature et qui permette
13:36aussi d'avoir, et bien, non pas juste l'ordre, mais l'ordre juste.
13:41Ce sera vous, ce serez vous aussi, Olivier Faure, n'excluez pas de l'être.
13:46Il ne faut rien exclure pour personne, il faut simplement se poser la question de savoir
13:51comment nous parvenons, enfin, à sortir de divisions qui sont parfois des divisions
13:55tactiques, parfois artificielles, mais qui doivent permettre d'être dépassées pour
14:02permettre justement une victoire.
14:04Parce que nous ne pouvons pas accepter ni la poursuite du macronisme pour cinq ans de plus.
14:08Mais vous vous préparez pour 2027 ou pas ?
14:12Je prépare le Parti Socialiste à être prêt, pour les élections législatives, si elles
14:18le veulent, évacuément, pour les élections présidentielles.
14:20Je ne tortille pas, je ne veux pas à chaque fois, mais vous voyez bien qu'on est toujours
14:25à chercher l'incarnation, l'incarnation, elle viendra, mais ce n'est pas le moment.
14:32Pour l'instant, la question, c'est de savoir comment est-ce que nous faisons en
14:35sorte, tous ensemble, non pas de poser des préalables en disant c'est moi, c'est
14:39moi, c'est moi, mais de faire en sorte qu'il y ait la possibilité de faire converger
14:44des forces pour permettre demain la victoire.
14:46Vous, pardonnez-moi de citer François Hollande, mais il a clairement dit qu'il fallait,
14:50je le cite, « une nouvelle figure pour diriger le Parti Socialiste, pour permettre le rassemblement
14:55et l'ouverture ». Vous lui dites quoi ?
14:56Je lui dis que c'est son point de vue, et je comprends qu'il y ait des gens qui
15:00me contestent.
15:01Il y a des gens qui ne veulent pas le rassemblement de la gauche et des écologistes.
15:05Et puis il y a des gens qui le souhaitent, moi je le souhaite, je souhaite que nous puissions
15:08avancer parce que je souhaite, et surtout je vois, je vois bien que quand la gauche
15:13est divisée, elle ouvre des boulevards à la droite et à l'extrême droite, ce
15:17qui n'est pas mon cas.
15:18Il y aura donc une surtaxe sur les entreprises qui font plus d'un milliard d'euros de
15:22chiffre d'affaires dans ce budget, ce qui ulcère une partie des patrons, à commencer
15:26par Bernard Arnault qui rentrant des Etats-Unis a dénoncé cette surtaxe made in France
15:30qui pousse à la délocalisation.
15:31Il n'est pas le seul, le patron de Total, le patron de Michelin dans une audition qui
15:37est devenue virale au Sénat a critiqué, ils ont critiqué les écarts de compétitivité,
15:41la bureaucratie, la suradministration, le coût du travail élevé.
15:44Vous entendez ces grands patrons qui disent « ras-le-bol, si ça continue on part ? »
15:49Je les entends parce que je suis obligé de les entendre.
15:52François Ruffin dit qu'ils sont indécents, est-ce que vous trouvez que c'est de l'indécence ?
15:55Mais oui, je partage le point de vue de François Ruffin, ils sont indécents.
15:58Vous vous rendez compte que les 500 familles françaises les plus riches ont en 7 années
16:04doublé leur patrimoine, passant de 600 milliards d'euros à 1200 milliards d'euros.
16:09Et ces gens, quand on vient leur demander de leur prendre 2 petits milliards, ils jurent
16:14là la mort.
16:15Mais moi je ne comprends même pas, le civisme, le patriotisme, ça n'est pas…
16:19Mais c'est-à-dire que le problème c'est la comparaison avec d'autres.
16:21Quand vous voyez que Donald Trump arrive, qu'il libéralise tout, qu'il baisse les
16:24impôts sur les sociétés, vous êtes Bernard Arnault, vous hésitez non ?
16:26Mais moi je crois qu'il y a une spécificité française, nous avons un modèle social qui
16:32est différent et que je défends.
16:33On nous dit sur les retraites par exemple que « oh là là, on dépense 14 points de
16:38PIB », donc qu'on fait 14% de la richesse produite chaque année, pour financer nos
16:43retraites.
16:44Oui, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand nous créons 100 euros de richesse,
16:49on met 14 euros pour nos aînés, pour nos parents, pour nos grands-parents, pour des
16:54gens qui ont travaillé avant nous, qui nous ont permis d'être ce que nous sommes aujourd'hui,
16:57eh bien ça ne me choque pas.
16:58Je suis heureux de mettre 14% de points d'indice de PIB chaque année pour ceux qui…
17:06Vous n'avez pas peur que la France décroche ?
17:08Mais la France ne décroche pas ! La France est un grand pays, qui a des atouts incroyables,
17:16il faut arrêter d'être toujours dans cette espèce de pessimisme.
17:18Moi je crois qu'il y a aujourd'hui des gens qui utilisent tout ce qu'ils peuvent
17:24pour continuer à s'en mettre plein les poches.
17:27Eh bien je ne partage pas leur point de vue et je pense au contraire que l'une des grandes
17:31difficultés que nous avons, on parle du déficit, on parle aujourd'hui de cette crise budgétaire,
17:37mais elle est liée à quoi cette crise budgétaire ? Si ce n'est à la politique conduite depuis
17:40sept ans qui a multiplié les cadeaux.
17:43Aujourd'hui on nous dit « il manque de l'argent dans les caisses », mais c'est
17:4580 milliards par an qui ont été donnés à ces entreprises, à ces grandes fortunes.
17:49Et donc c'est l'évidence qu'à un moment, cet argent manque, et donc quand il manque,
17:54ce sont tous les autres qui payent.
17:55Et moi je ne suis pas favorable à l'idée que tout le monde doive payer pour que quelques-uns
17:59soient plus riches chaque jour.
18:01Un mot sur le président algérien, Abdelmajid Tebboune, qui dénonce le climat délétère
18:08des relations entre l'Algérie et la France, il fustige Bruno Retailleau dans une longue
18:14interview publiée hier dans le quotidien L'Opinion, il estime qu'avec Emmanuel Macron,
18:19on perd notre temps, est-ce que vous dites sur ce dossier « halte au feu » ou est-ce
18:24que vous estimez que c'est inacceptable de se faire parler sur ce ton ?
18:29Il y a deux façons de lire cette interview de L'Opinion, dans l'opinion du président
18:33algérien, il y a une première façon qui est celle que vous venez d'indiquer avec
18:37des mots qui sont des mots forts et qui sont des mots peu amènes vis-à-vis de la France.
18:44Et puis il y a une autre façon d'interpréter, c'est qu'à la fois pour sa propre opinion
18:49publique, il hausse le ton et en même temps il donne quelques signaux d'ouverture et
18:54d'une volonté de renouer un lien diplomatique avec la France.
18:58Je préfère cette deuxième version parce que l'Algérie est un grand pays avec lequel
19:02nous sommes évidemment intimement liés par notre histoire commune et le mieux ce serait
19:07de faire redescendre la pression.
19:09Deux questions très rapides, François Bayrou veut réformer le mode de scrutin des villes
19:12de Paris, Lyon, Marseille, il veut aller très vite pour que la réforme soit appliquée
19:17aux prochaines municipales de 2026, vous en pensez quoi ?
19:21Je veux voir la copie, il n'y a pas d'obstacle de principe mais ça suppose que les règles
19:27fixées soient des règles justes et que ce ne soit pas une entourloupe supplémentaire.
19:31Scindé en deux, le projet de loi fin de vie, comme le souhaite François Bayrou, vous le
19:34regrettez là ?
19:35Oui, je le regrette parce que là je crains que ce soit l'opinion de François Bayrou
19:41qui domine sa décision et je vois bien sa réticence sur la fin de vie liée à ses
19:49opinions personnelles mais moi je souhaite au contraire que nous puissions avancer très
19:53vite sur ce sujet, qui est un sujet sur lequel on remet toujours au lendemain alors même
19:59qu'il y a des situations qui sont d'une douleur exceptionnelle et qu'il faut arriver
20:07à soulager.
20:08Dernière question, quelle est votre lecture des résultats électoraux à Villeneuve-Saint-Georges
20:14où le candidat insoumis Louis Boyard a perdu face à une droite qui était pourtant divisée.
20:20Résultats qui viennent après les résultats dans l'ISER, qu'est-ce que ça vous inspire
20:25?
20:26Ça m'inspire que quand on a un candidat insoumis qui considère qu'il peut gagner
20:32seul et au premier tour puis ensuite qu'il se rend compte qu'il ne gagne pas au premier
20:36tour et donc qu'il doit faire alliance avec le reste de la gauche et qu'il s'y refuse
20:42en refusant notamment d'accepter la proportionnelle, d'accepter aussi de remettre en question
20:50la composition de sa propre liste quand il y a des gens qui sont peu fréquentables.
20:56C'est sa faute à lui s'il a perdu Louis Boyard parce que lui il dit c'est à cause
20:58de vous, c'est à cause du reste de la gauche qu'il n'a pas soutenu.
21:01C'est trop facile, on voit bien d'ailleurs que dans les argumentaires qu'il a développés
21:05il a cherché à faire partir la responsabilité sur les autres.
21:08Quand on perd, on doit d'abord chercher la responsabilité en soi et non pas chez les autres.
21:14Olivier Faure, si demain il y a une nouvelle dissolution, cet été, il y aura 577 candidats
21:19NFP ?
21:20Le nouveau Front Populaire il est né comme le Front Populaire de 36 d'une volonté,
21:27celle de faire battre l'extrême droite.
21:30Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, ça peut se reproduire comme ça ne
21:35peut pas se reproduire.
21:36Je ne sais pas ce qu'il se passera, mais ça n'est pas clair parce que je ne suis
21:39pas, à moi seul, le nouveau Front Populaire.
21:43Moi ce que je souhaite c'est qu'à chaque fois que la menace de l'extrême droite
21:47est là, quand elle existe, quand on prend le risque de l'avoir gouvernée, et bien
21:52il faut que comme par fidélité à sa propre histoire et à sa propre vocation, la gauche
21:59sache se rassembler.
22:00Merci Olivier Faure, Premier Secrétaire du Parti Socialiste, merci d'avoir été au
22:05micro-dinter.