• il y a 2 mois
À 8h20, Patrick Martin, président du MEDEF, est l'invité du Grand Entretien, alors que la situation politique semble bloquée dans le pays suite aux législatives anticipées pourtant convoquées en urgence par Emmanuel Macron fin juin. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-26-aout-2024-8527004

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00:00France Inter, Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10.
00:07Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le président du MEDEF, le MEDEF qui fait
00:12aujourd'hui sa rentrée avec la rencontre des entrepreneurs de France à Longchamp.
00:18Vos questions, vos réactions, amis auditeurs, amies auditrices au 01 45 24 7000 et sur l'application
00:25France Inter.
00:26Patrick Martin, bonjour.
00:27Bonjour.
00:28Et merci d'être à notre micro, on va venir dans un instant à la situation politique
00:33inédite du pays, toujours sans Premier Ministre et à la manière dont les patrons traversent
00:41ce moment.
00:42Mais d'abord un mot sur la situation économique de la France en cette rentrée, après un
00:48été marqué par les Jeux Olympiques et bientôt Paralympiques.
00:51Les chefs d'entreprise sont-ils encore dans la parenthèse olympique enchantée ou ont-ils
00:58maintenant de sérieuses inquiétudes sur les mois à venir ?
01:01Je vais commencer par vous dire que comme tout un chacun, les chefs d'entreprise ont été
01:05impressionnés, sont très fiers du déroulement des Jeux Olympiques auxquels ils ont contribué
01:11à ce déroulement, convaincus que ça aura des effets positifs sur la croissance plus
01:16tôt dans les métiers de service.
01:18Mais oui, on est rattrapé je dirais par les réalités et par ailleurs il y a une activité
01:24économique qui est très molle en ce moment et il y a un certain nombre de décisions
01:27qui depuis la dissolution en définitive sont à l'arrêt.
01:30Je veux parler de décision d'investissement, je veux parler de décision d'embauche.
01:33Vous dites que la France a perdu un trimestre de croissance depuis le 9 juin.
01:38Un trimestre de croissance depuis le 9 juin ? Le 9 juin c'était le moment où Emmanuel
01:44Macron a décidé de dissoudre l'Assemblée Nationale ?
01:46Oui alors qu'on était plutôt sur une bonne tendance en termes de création d'emplois,
01:49en termes de croissance.
01:50Les chiffres du deuxième trimestre qui enjamblent le 9 juin, mais enfin c'était à la fin du
01:55deuxième trimestre, étaient positifs et corroboraient les prévisions de croissance
02:00du gouvernement.
02:01Mais depuis lors, parce qu'il y a une offre politique qui est très illisible et qui sur
02:08certains pans de cette offre sont très inquiétantes pour les chefs d'entreprise, très normalement,
02:13très normalement je suis chef d'entreprise avant d'être président du MEDEF et donc
02:16je fais comme les autres, je me dis oh là là là là, attendons de voir à quelle sauce
02:19on va être mangé.
02:20Donc il y a un lien direct entre la situation politique et les décisions politiques et
02:25la chute de la croissance, vous l'avez constaté immédiatement dans les chiffres ?
02:29Bien sûr, bien sûr.
02:30Et puis après d'un secteur d'activité à l'autre, il y avait des trajectoires qui
02:33étaient plus ou moins positives, typiquement dans le bâtiment qui est sinistré il faut
02:36dire les choses.
02:37Vous parlez de massacre dans une interview au Figaro ?
02:40Absolument, il y a 10 000 suppressions d'emplois par mois dorénavant, les permis de construire
02:44sont à l'arrêt, enfin ça prend des proportions dramatiques et ça ce n'est pas du fait de
02:48la dissolution mais ça a accentué encore.
02:50Dans les transactions immobilières qui étaient déjà à un niveau assez faible, c'est à
02:54l'arrêt actuellement.
02:55Et c'est normal parce que les ménages comme les entreprises se disent mais quels seront
02:59nos impôts demain ? Quelle sera la dynamique d'activité ? Est-ce que mon emploi va être
03:02menacé ? Tout ça est logique.
03:04Vous dites cela et malgré tout les chiffres sur le moral des chefs d'entreprise et des
03:08patrons est en hausse.
03:09Alors il y a des indices un peu plus positifs sur le mois d'août, tant mieux, effet J.O.
03:15de mon point de vue.
03:16Ça n'enlève rien au fait que par exemple dans l'intérim l'activité baisse depuis
03:19six trimestres, dans l'industrie l'activité baisse depuis huit mois dorénavant, ça c'est
03:24factuel.
03:25Et je donne un autre chiffre, on a battu en juillet le record historique de dépôt de
03:30bilan.
03:31Ça c'est des chiffres.
03:32On n'avait jamais vu ça dans l'histoire, un peu moins de 6000, c'est ça, 5800.
03:38Alors il ne s'agit pas de pleurnicher, de dire que c'est la fin du monde, non pas du
03:42tout.
03:43Mais on a besoin de visibilité, on a besoin de stabilité et puis surtout qu'on ne vienne
03:47pas nous matraquer par des mesures législatives totalement inappropriées au regard de cette
03:52situation économique.
03:53Alors ça on va y venir, mais encore un mot Patrick Martin sur le bilan économique des
03:58Jeux Olympiques et Paralympiques, les résultats ont été bons pour les médailles, pour l'image
04:03de la France.
04:04Mais est-ce qu'il y a eu des retombées bénéfiques ou est-ce que c'est plus mitigé ? Est-ce
04:11qu'il y a eu un boost, si j'ose dire, pour l'économie française ou pas vraiment ?
04:16Alors, d'abord les Jeux Olympiques n'ont pas commencé à la cérémonie d'ouverture.
04:20Donc ça a eu déjà un effet positif, depuis des années d'ailleurs, avec la construction
04:24du village olympique, il y a beaucoup d'entreprises, nous on s'est appliqué à ce qui est beaucoup
04:28de PME en particulier, qui ont été impliqués dans la préparation des Jeux Olympiques.
04:32Ensuite du côté plutôt des prestataires de services, de l'hôtellerie, de la restauration,
04:36ça a eu des retombées positives.
04:37Ici ou là il y a eu quelques déçus, mais globalement c'est très positif, on estime,
04:41on partage ça avec la Banque de France, que ce sera un effet sur la croissance du troisième
04:45trimestre de 0,2 à 0,3 points.
04:47Et puis il y a la tendance longue, je pense que pour l'image de la France, ces Jeux Olympiques
04:52et Paralympiques sont dingues.
04:53Moi je parlais de fierté tout à l'heure, j'ai beaucoup d'amis étrangers qui disent
04:57« mais vous êtes un pays fabuleux, ils vont venir ! »
05:00Les décépions c'est surtout dans l'hôtellerie et la restauration ?
05:02Oui mais sans en faire une généralité, à vrai dire c'est plutôt avant les Jeux Olympiques
05:06avec toutes les mesures de sécurité à Paris, qu'il y a eu une grosse baisse d'activité
05:11depuis lors dans l'hôtellerie et la restauration, mais c'est vrai par exemple des grandes surfaces
05:15alimentaires en Ile-de-France, il y a des chiffres incroyablement positifs.
05:18Alors Patrick Martin, l'an dernier, lors des journées d'été du Medef, vous receviez
05:22la première ministre de l'époque, Elisabeth Borne, accompagnée de 8 ministres de son
05:26gouvernement.
05:27Cette année, zéro.
05:28Mieux que ça, on avait accueilli 18 ministres l'année dernière, tous n'avaient pas pris
05:32la parole.
05:33Mais cette année, zéro, zéro ministre convié, et pour cause, ils sont tous démissionnaires.
05:38Comme patron du Medef, comment voyez-vous ces fauteuils vides ? Et plus largement, les
05:43chefs d'entreprise sont-ils inquiets du flou politique du moment ?
05:46Oui, alors c'est un commun accord, que les ministres ne viennent pas.
05:50Il n'empêche que nous aurons Gérard Larcher et Elbronne Pivet, c'est pas indifférent
05:53parce qu'on est tous conscients que le pouvoir s'est déplacé pour partie vers le Parlement,
05:58vers l'Assemblée Nationale, donc on est très impatients de les entendre, ce ne sont
06:02pas des gens indifférents, je dirais, dans le panorama politique.
06:05Mais traditionnellement, il y avait toujours des ministres, parce que c'est un moment
06:09de lobbying des patrons avec les ministres, pas cette année.
06:12Alors il y a Bruno Le Maire qui viendra, mais qui ne prendra pas la parole.
06:15Mais les faire venir pour qu'ils ne parlent pas, ça n'a pas grand sens, c'est pas un
06:20numéro de claquette, notre rencontre des entrepreneurs de France.
06:23Ils sont inquiets, les patrons ?
06:24Oui, ils sont inquiets.
06:25Ils sont inquiets parce que d'abord, la situation du monde est un peu préoccupante, un peu
06:31préoccupante, mais enfin, quand on voit la dureté de la concurrence internationale,
06:34les Chinois qui nous submergent de panneaux photovoltaïques, de voitures électriques,
06:38d'acier, les Américains qui montent en puissance et puis il y a les élections américaines
06:42qui vont arriver.
06:43Et puis en France même, voilà, on est dans l'indécision et l'économie d'une manière
06:49générale, je le redis, c'est vrai pour les particuliers comme pour les entreprises,
06:52l'économie n'aime pas l'indécision, elle aime encore moins les menaces.
06:55Donc les chefs d'entreprise sont inquiets, il ne faudrait pas les rendre fébriles avec
07:00un flou politique qui dure trop longtemps et puis surtout une offre politique, des
07:04décisions politiques inappropriées au regard de nos intérêts économiques.
07:08Donc Patrick Martin, comme patron du Medef, votre message ce matin c'est qu'il y a
07:14urgence à sortir des consultations organisées par Emmanuel Macron et à nommer un Premier
07:20Ministre.
07:21Alors urgence, oui, il ne faut pas que ça tarde trop, mais il faut surtout un bon programme
07:27et puis la bonne personne pour le mettre en œuvre.
07:29Je me permets de dire que si on peut avoir un gouvernement qui dans sa tête et dans
07:33ses actes enjambe la présidentielle de 2027, c'est-à-dire inscrire le pays dans une trajectoire
07:39longue, ça sera encore mieux.
07:40Alors un bon programme et une bonne personne pour le défendre, dites-vous, vous le savez
07:45le nouveau Front Populaire arrivé en tête estime que c'est à lui d'exercer le pouvoir
07:48et pousse la candidature de Lucie Castex et son programme qui a été défendu pendant
07:53la législative.
07:54Si cette option devait être retenue, comment réagiriez-vous alors que vous disiez que
07:58clairement, pendant la législative, que le programme du nouveau Front Populaire comme
08:02celui du Rassemblement National était, je vous cite, dangereux et insupportable au
08:06sens propre du terme ?
08:08Alors qu'on se comprenne bien, la réaction des chefs d'entreprise, la réaction du
08:11MEDEF, ce ne seront pas des réactions politiques, ce sont des réactions économiques.
08:15S'il y a plus d'impôts, si on charge la barque en annulant la réforme des retraites,
08:20en augmentant le SMIC à la seule charge des entreprises, etc., immanquablement ça va
08:25impacter les décisions des entreprises, il y aura moins d'argent dans les entreprises
08:28pour embaucher, il y aura moins d'argent pour investir et il y aura moins d'argent
08:31pour augmenter les salaires.
08:32Je parlais tout à l'heure du nombre record de dépôts de bilan, écoutez, je suis désolé,
08:37ça va précipiter des dépôts de bilan, avec l'augmentation du SMIC, je peux vous
08:40dire que dans la restauration collective, la sécurité, la propreté, mais aussi le
08:44bâtiment, la grande distribution, ça ne sera pas économiquement supportable.
08:50On ne s'en réjouit évidemment pas, tout ce dont on rêve et tout ce qu'on veut faire,
08:54c'est de réussir.
08:55Mais le SMIC à 1600 euros, c'est une proposition qui est soutenue par certains patrons et par
09:01des personnalités de droite, comme Gérald Darmanin, qui dit qu'on aurait tort de l'écarter
09:05d'un revers de main, d'écarter l'augmentation du SMIC d'un revers de main, qu'est-ce que
09:10ça vous inspire ?
09:11Mais je suis d'accord pour que le SMIC soit porté à 1600 euros puis que d'une manière
09:15générale tous les salaires augmentent, mais il y a des réalités économiques, il y a
09:18une concurrence, on a des comptes d'exploitation, on voit bien qui est en perte, qui est en
09:21bénéfice.
09:22Donc il y a d'autres solutions pour revaloriser les salaires et la première de ces solutions
09:26c'est de remettre à plat le financement de la protection sociale en France au niveau
09:30du SMIC.
09:31Chaque mois, un salarié paye encore 368 euros de charges.
09:36Moi je pense que d'abord on pourrait réduire la dépense sociale, il y a des poches économiques,
09:41ensuite la France devrait arrêter de se singulariser aux yeux du monde entier en étant le pays
09:46où la protection sociale est le plus financée par le travail.
09:49Donc il y a des solutions, oui, on peut augmenter le SMIC.
09:52Mais vous le savez, le pouvoir d'achat c'est la préoccupation numéro un des Français,
09:55ne pensez-vous pas que les chefs d'entreprise doivent faire un geste aussi ? Doivent faire
10:00un geste pour augmenter ce pouvoir d'achat et ça passe par l'augmentation des salaires ?
10:03Et peut-être par l'augmentation du SMIC ?
10:05Alors est-ce que les chefs d'entreprise n'ont pas augmenté les salaires ? Les entreprises.
10:09Tous les chiffres le confirment, cette année il y aura en moyenne des entreprises des
10:14augmentations de salaires de l'ordre de 3,2-3,3% en fonction de ce que peuvent faire
10:19les entreprises.
10:20D'accord, mais ça vient après deux ans d'inflation qui ont touché, qui étaient
10:23supérieurs aux 3% dont vous parlez, bien supérieurs et qui ont touché notamment les
10:26personnes qui gagnent le moins d'argent.
10:28Alors le SMIC a été mécaniquement revalorisé.
10:30En réalité, les salariés qui ont pu souffrir ce sont plutôt les salaires intermédiaires
10:37ou supérieurs.
10:38En 2023, on avait été au rendez-vous aussi.
10:42J'ajoute un point qui n'a pas été suffisamment souligné.
10:45On a signé avec les syndicats un accord sur le partage de la valeur.
10:49Donc on est bien conscients, on l'a signé cet accord, le MEDEF l'a signé, on est
10:53bien conscients que quand c'est possible, on peut mieux partager les bénéfices et
10:58on est prêt à le faire.
10:59Donc voilà, je ne suis pas du tout en train de dire qu'il n'y a pas de problème de
11:03pouvoir d'achat pour les salariés modestes.
11:05Je dis simplement que ça n'est pas tout noir ou tout blanc et que les entreprises
11:09quand même font face à leurs responsabilités.
11:10Autre point, Patrick Martin, que pousse le Nouveau Front Populaire ? Ils ont même annoncé
11:16que ce serait leur première mesure.
11:18Les syndicats sont également sur cette ligne, c'est l'abrogation de la réforme des
11:22retraites.
11:23Il pourrait sur ce coup y avoir une majorité à l'Assemblée avec les voix du RN pour
11:29abroger cette réforme des retraites ou la suspendre ? Que dites-vous de cette possibilité
11:34ce matin ?
11:35Je vais citer les bons auteurs.
11:37Dominique Seux, il y a quelques minutes sur votre antenne, qui rappelait une chose qui
11:41a été savamment occultée par le Nouveau Front Populaire lui-même, c'est l'abrogation
11:45de la réforme des retraites, augmentation des cotisations, qu'on se comprenne bien,
11:49y compris des cotisations salariales.
11:50C'est ça la vérité à la fin, c'est que si on creuse le déficit des retraites de
11:5517 milliards d'euros par an à partir de 2030, à un moment ou à un autre, au niveau
11:59d'endettement où est la France, qui est insupportable, il faudra bien que quelqu'un
12:03paye.
12:04On baissera les salariés des entreprises et ou les retraités dont on baissera les
12:08retraites.
12:09Tout ça c'est de l'arithmétique, il n'y a pas besoin d'être prix Nobel pour le
12:11comprendre.
12:12Mais en fait, à vous écouter ce matin, vous dites comme patron du MEDEF, il ne faut surtout
12:17pas faire le SMIC à 1600 euros, il ne faut surtout pas abroger la réforme des retraites,
12:22j'imagine que vous allez dire aussi qu'il ne faut surtout pas revenir à l'ISF, donc
12:28du coup on fait comme s'il n'y a pas eu les élections législatives, comme s'il
12:32n'y avait pas eu, même Emmanuel Macron a reconnu que les législatives avaient envoyé
12:35un message d'alternance.
12:36Est-ce qu'il n'y a pas un message à entendre du vote des Français il y a deux mois qui
12:42ont dit peut-être que cette politique économique là, peut-être que cette politique de l'offre
12:46là, on en a assez ou il faut la changer ou au minimum l'améliorer ? Vous n'avez
12:54pas entendu ça dans le vote des Français ?
12:56D'abord, j'ai dit tout à l'heure que pour la revalorisation du SMIC, il y avait
12:59une solution qui ne pénaliserait pas l'économie, ensuite je ne me suis pas exprimé sur des
13:03sujets parce que je ne pense pas être légitime à le faire, typiquement l'ordre public,
13:07et ensuite, est-ce que ces élections ont sanctionné la politique économique du gouvernement ?
13:12Pendant les débats électoraux, vous avez entendu parler d'innovation ? Vous avez
13:16entendu parler de formation ? On n'a même pas entendu parler d'emploi, donc nous ce
13:20qu'on considère c'est que ce n'est pas la politique économique qui a été sanctionnée.
13:23Que je sache, les deux millions de nos concitoyens qui ont trouvé un emploi depuis 2017, grâce
13:29à la politique de l'offre, ont des revenus maintenant supérieurs à ce qu'ils auraient
13:32s'ils étaient au chômage.
13:33Ils ont une dignité parce que le travail est un moyen d'inclusion absolument remarquable.
13:38Donc je crois qu'il ne faut pas se tromper de débat, nous ce qu'on veut c'est réimposer
13:42la rationalité économique, ce n'est pas les petits profits d'échelle d'entreprise,
13:46c'est simplement parce que c'est l'économie qui commande beaucoup de choses, l'emploi,
13:50le pouvoir d'achat, les déficits publics, les déficits commerciaux.
13:54Et de ça, les politiques, quels qu'ils soient, n'ont pas suffisamment parlé.
13:58Nous, on veut en parler, parce que c'est la pierre angulaire.
14:24Je me suis déjà exprimé là-dessus, ça a été rappelé tout à l'heure par Elia
14:38Salamé.
14:39Il y a une autre offre politique, nous tous qui de près ou de loin affaiblit l'économie
14:45du pays, par voie de conséquence le pouvoir d'achat, par voie de conséquence l'emploi,
14:48on le dénonce.
14:49On est quand même le pays au monde où on paye le plus d'impôts, on est le pays au
14:53monde où il y a le plus de dépenses publiques et en parallèle, on est le pays au monde
14:57où il y a le plus de déficits.
14:58Donc, à un moment donné, il faut se poser les bonnes questions.
15:00Nous, on ne fait pas de la politique à proprement parler.
15:03Sur la question et l'emploi du mot « insupportable » pour qualifier le programme du nouveau front
15:10populaire, Renato vous dit la chose suivante « insupportable, vraiment, réduire les
15:16inégalités sociales, aggraver par les politiques néolibérales, restaurer les services publics
15:22de santé, d'éducation, de justice, abandonner par ces politiques, demander une contribution
15:28équitable à tous les citoyens pour réaliser ce programme républicain, soucieux d'égalité,
15:33de liberté, de fraternité, est-ce vraiment insupportable ? »
15:37Non, insupportable, il faut se comprendre, c'est au sens premier du terme, ce n'est
15:40pas pour exprimer une irritation que j'ai employé ce terme-là, c'est tout simplement
15:46que physiquement on ne pourrait pas le supporter.
15:48Bon, ensuite, je ne vais pas reprendre tout ce que j'ai déjà dit, si le modèle français
15:53fonctionnait avec le niveau de dépense publique le plus élevé du monde, ça se saurait,
15:57on aurait des performances sur le système éducatif, sur la sécurité, sur un certain
16:02nombre d'autres indicateurs qui seraient les meilleurs du monde.
16:04Ce ne sont pas les meilleurs du monde.
16:05Donc, sans partie prise, ce n'est pas illogique qu'on s'interroge sur ce modèle, premier
16:09point.
16:10Deuxième point, est-ce que la politique qui a été menée ces dernières années a donné
16:13de mauvais résultats en termes de croissance, en termes de création d'emplois, en termes
16:17de génération de pouvoir d'achat ? Il y a quand même eu un événement majeur, le
16:19Covid, qui a touché le monde entier, donc la France.
16:22Est-ce que tout ça n'a pas été efficace ? Voilà, c'est tout.
16:25Retour au standard, Patrick à Montpellier, bonjour.
16:28Oui, bonjour à tous et bonjour à votre invité, M.
16:33Martin.
16:34Une question très simple, j'observe comme beaucoup de Français aujourd'hui qu'il
16:37n'y a pas de majorité politique qui se dégage, aucune majorité politique d'ailleurs,
16:40et j'en veux beaucoup notamment à certaines forces politiques, je pense à l'NFP par
16:47exemple, qui revendique la nomination d'un Premier ministre, puisqu'il n'y a pas de
16:49majorité politique, impossible, les Français se sont exprimés clairement là-dessus, malheureusement,
16:53un tiers, un tiers, un tiers, donc pas de possibilité politiquement de nommer un Premier ministre.
16:57Pourquoi le Président de la République ne nommerait-il pas un chef d'entreprise jusqu'aux
17:02prochaines élections présidentielles, puisqu'on sait très bien que les chefs d'entreprise
17:06ont au moins cette faculté de gérer, on va dire, le budget en fonction des rentrées
17:11et la perspective aussi, les possibilités de croissance, bref, les qualités d'un chef
17:16d'entreprise, évidemment, un homme d'État, quelqu'un qui a une vraie réputation, quelqu'un
17:21qui est ainsi, pourrait peut-être, d'ici la prochaine élection présidentielle, en
17:262027, créer quelque chose d'intéressant pour notre pays.
17:29Voilà ma proposition, M.
17:30Martin.
17:31Vous avez des idées ? Vous avez des noms ?
17:33Écoutez, il paraît que le Président de Renault est pressenti, on parle de lui, mais il n'y
17:38a pas que lui.
17:39Jean-Domique Sénat.
17:40Vous voyez, par exemple, j'ai eu, par exemple, il y a quelques années, l'ancien président
17:46de la SNCF, Louis Gallois, qui était un homme formidable, géré une mission d'État, une
17:52mission publique.
17:53Il y a, parmi les chefs d'entreprise des gens un peu âgés, on va dire aujourd'hui,
17:57qui ont une vraie expérience, des hommes d'État, entre guillemets, même si effectivement
18:01ils ne portent pas le nom, un patron et aussi quelqu'un qui a une véritable responsabilité
18:06et une grandeur aussi pour notre pays, et je pense que c'est une option à étudier.
18:10Merci Patrick pour cette intervention, Patrick Martin vous répond.
18:14Pourquoi pas, moi je ne suis pas dans la tête du Président de la République qui à la
18:18fin est quand même décisionnaire.
18:20Ce qui me paraît important, évidemment je partage ce que vous avez dit, les chefs d'entreprise
18:24dont l'immense majorité des cas savent compter.
18:26Bon, premier point et deuxième point, ils ont peut-être plus que d'autres le sens
18:31du temps long.
18:32Vous avez évoqué tout à l'heure la nécessité d'enjamber l'élection présidentielle de
18:362027.
18:37Il ne faut pas qu'on soit prisonnier de calculs individuels ou politiciens.
18:41Après il y a des chefs d'entreprise remarquables, femmes ou hommes, mais dans ce panorama il
18:48faut aussi quelqu'un de très expérimenté parce que ça va être très subtil de négocier
18:53avec le Parlement et de dégager au cas par cas ou plus systématiquement des majorités
18:58au moins relatives.
19:00Je ne sais pas répondre mais je partage en partie votre remarque.
19:03Mais pour vous le profil doit ressembler à quoi ? C'est-à-dire à un politique, à
19:08un techno ? Je sais que ce n'est pas à vous de choisir mais on vous entend très
19:15inquiets des programmes du NFP et du RN mais en l'occurrence c'est le NFP qui est sur
19:21la table à l'heure où nous parlons.
19:23Alors c'est quoi le profil idéal dans ce casse-tête ou dans cette équation très
19:27difficile à résoudre pour Emmanuel Macron ?
19:30Il faut quelqu'un qui connaisse le monde parce qu'on est très nombriliste.
19:33À nouveau dans tous ces débats on n'a pas parlé de la concurrence internationale,
19:36on n'a pas parlé de ce qui se passe dans les autres pays, de bien ou de mal d'ailleurs.
19:39L'Allemagne ne va pas très bien par exemple.
19:41Il faut quelqu'un qui comprenne les grands mécanismes économiques mais il faut aussi
19:45quelqu'un qui soit à l'aise autant qu'on puisse l'être dans le panorama politique
19:49actuel.
19:50Alors ce casting est difficile à satisfaire, j'en suis parfaitement conscient.
19:56En tout cas dans le casting, la personne qui sera nommée devra boucler le budget de 2025
20:03et ça ce n'est pas une mince affaire.
20:04On rappelle que Bruno Le Maire estime qu'il faut faire 25 milliards d'économies.
20:08Où vous les trouvez si vous dites qu'il ne faut pas d'augmentation d'impôts ?
20:11Eh bien écoutez, il y a l'éternel éléphant au milieu de la pièce.
20:15On dit que les entreprises sont aidées excessivement.
20:21Non, les entreprises françaises sont les plus taxées au monde.
20:24On parle net des aides dont elles bénéficient.
20:27Par contre on ne parle jamais des économies que l'Etat, la sphère publique plus généralement
20:34pourrait faire sur ses frais de fonctionnement.
20:35Tous les comparatifs internationaux en témoignent.
20:38On a beaucoup trop de frais d'administration dans notre pays.
20:42Je suis bien curieux de savoir quelle politique va s'attaquer à ce sujet.
20:46On touche à des intérêts particuliers, oui, mais quoi qu'il advienne on touche à des
20:51intérêts particuliers.
20:52Pourquoi pas cela ?
20:53Pensez-vous que la France puisse tenir son objectif de croissance à 1% ou c'est trop
20:58optimiste ?
20:59Je pense qu'elle peut le tenir, mais sous réserve à nouveau que rapidement on dégage
21:06le panorama économique, politique, législatif, social et qu'on apporte de l'apaisement.
21:12Les chefs d'entreprise ne demandent pas des triples saletoirières si vous me permettez
21:16au futur Premier ministre, ils demandent simplement de savoir où on va et si c'est dans la bonne
21:21direction.
21:22Et poursuivre la politique telle qu'elle est mise en place.
21:25Si je vous écoute bien ce matin, en gros vous dites continuons la politique menée
21:29par Emmanuel Macron depuis 7 ans.
21:32Politique économique.
21:33Elle marche et à nouveau, je ne crois pas que ce soit cette politique qui a été sanctionnée
21:37lors des élections.
21:38Ce sont d'autres sujets bien réels auxquels il faut répondre, mais avez-vous entendu
21:43parler d'économie dans la campagne ?
21:45Oui, il a été question de justice sociale, il a été question des salaires, du pouvoir
21:48d'achat, oui.
21:49Mais oui, de distribution du pouvoir d'achat.
21:52Et il le faut.
21:53Qui a parlé de création de richesse ?
21:54Comment peut-on continuer à distribuer de l'argent qu'on n'a pas alors qu'on a un
22:00niveau de dette publique abyssal ?
22:02Allez, on retourne au standard.
22:04Catherine, dernière question pour vous.
22:06Bonjour, bienvenue.
22:07Bonjour l'équipe France Inter, bonjour M. Martin, voici ma question.
22:12Quelles seraient les décisions politiques en matière d'embauche des seniors qui seraient
22:18bénéfiques pour les entreprises, pour l'économie et pour notre taux d'embauche des seniors
22:27qui est désastreux en Europe ?
22:29Merci pour des réponses concrètes.
22:32Merci à vous Catherine pour cette question précise.
22:36Patrick Martin vous répond.
22:37La première décision c'est de ne pas annuler la réforme des retraites.
22:41Le taux d'emploi des seniors de 50 à 60 ans en France est dorénavant supérieur à
22:47la moyenne européenne.
22:48Contrairement à ce que vous venez de dire.
22:50Le taux d'emploi des 64 ans qui est effectivement très inférieur à la moyenne européenne
22:56a déjà augmenté de 10 points ces dernières années.
22:59Ce que je veux dire par là, c'est qu'on sait tous, les recruteurs, les candidats,
23:04que si l'échéance de départ en retraite est reportée, on se dirige plus facilement
23:08vers l'embauche dans les entreprises.
23:11Ça c'est un premier élément de réponse.
23:12Deuxième élément de réponse, on est prêt, nous, et je vais le redire cet après-midi
23:16dans mon discours à la REF, on est prêt à rouvrir avec les salariés une négociation
23:21qui a échoué au printemps dernier sur l'emploi des seniors.
23:24Mais les conditions de la réussite sont là, on les connaît, et à nouveau le taux d'emploi
23:29des seniors est en train d'augmenter dès à présent.
23:32Le thème de vos journées d'été c'est le pouvoir et dans cette interview au Figaro
23:37vous dites, je vous cite, le Medef a décidé de lancer un front économique associant des
23:42chefs d'entreprise, des économistes et des think-tanks pour peser dans le débat et
23:48éviter que nos décideurs ne s'égarent.
23:51Nous nous mettons en ordre de bataille en vue des prochaines échéances électorales
23:57afin de défendre nos convictions et d'influencer la décision publique qui ne prend pas assez
24:02en compte l'état de l'économie ni l'état du monde.
24:06Vous estimez que vous êtes tenu trop à l'écart de la politique ? Vous voulez plus
24:12clairement influer, influencer la sphère politique ?
24:16Oui.
24:17La sphère politique et le débat public, à nouveau, à un moment donné, il y a un
24:21principe de rationalité, il faut être objectif quand on analyse les choses.
24:24Enfin, combien de nos concitoyens sont-ils conscients qu'à la naissance, un petit
24:30français ou un bébé né sur le territoire national supporte d'entrée de jeu 45 000
24:35euros de dettes liées à la dette publique ?
24:37Ça calme quand même et si à un moment donné on ne parle pas de ces choses-là qui ne sont
24:41peut-être pas très romantiques, qui ne sont peut-être pas très enthousiasmantes
24:45au contraire, eh bien on passe à côté de beaucoup de sujets et ensuite on parle pour
24:49ne rien dire ou on balance dans la nature des propositions qui peuvent être séduisantes
24:53mais qui à la fin nous mettent en difficulté.
24:55Donc aux prochaines échéances électorales, on va avoir un Medef qui va beaucoup plus
24:59prendre la parole dans la campagne, qui va se prononcer ?
25:02Oui.
25:03D'ailleurs, on l'a fait déjà dans le cadre des élections européennes et puis finalement
25:06ça a donné des résultats parce qu'on va avoir une nouvelle commission qui poursuivra
25:10et c'est très bien des objectifs environnementaux, sociétaux, etc. mais qui va un peu corriger
25:15le tir par rapport à la précédente où on n'a pas pris en compte la concurrence internationale,
25:19on n'a pas pris en compte les coûts de la révolution environnementale, on n'a pas pris
25:24en compte l'acceptabilité sociale d'un certain nombre de mesures.
25:27D'ailleurs, ça s'est traduit dans les urnes.

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