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François Ruffin, député LFI-NUPES de la Somme, est l'invité du 8h20 pour évoquer notamment l'opposition à la réforme des retraites. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-08-juin-2023-8425700

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00:00 - Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le député LFI NUP de la Somme.
00:12 Question, réaction au standard d'Inter, 0145 24 7000 et sur notre application mobile.
00:19 François Ruffin, bonjour.
00:20 - Bonjour.
00:21 - Et bienvenue à ce micro.
00:22 Beaucoup de sujets à aborder avec vous.
00:23 Commençons par la réforme des retraites.
00:25 Comme prévu, Yael Brown-Pivet, président de l'Assemblée Nationale, va brandir l'article
00:31 40 de la Constitution pour déclarer irrecevable la proposition de loi Lyot visant à abroger
00:38 la réforme des retraites qui va donc s'appliquer dès septembre.
00:41 Reconnaissez-vous, François Ruffin, ce matin que c'est aujourd'hui l'épilogue de la contestation
00:46 sur cette réforme des retraites, que la partie est terminée, que la page est tournée ?
00:50 - Moi, je viens dire aux gens ce matin, nous sommes forts.
00:53 Nous sommes forts.
00:55 Quand un ministre vient dire « nous ferons tout pour que le débat n'ait pas lieu », c'est
00:58 un aveu de faiblesse de leur part.
01:00 Quand Yael Brown-Pivet vient dire « nous ferons barrage », barrage au quoi ? Barrage
01:04 au vote, quand ils ont peur du vote, c'est un aveu de faiblesse de leur part.
01:07 Quand il recourt à l'article 49.3, à l'article 47.1, à l'article 40, c'est-à-dire à tous
01:12 les artifices juridiques, pour que ce débat ne se déroule pas, ça veut dire qu'ils
01:17 savent que c'est nous qui sommes forts et eux qui sont faibles.
01:19 Et je veux dire aux gens qu'ils sont forts, ils sont forts dehors.
01:22 Quand les syndicats ont été unis du premier jour jusqu'à aujourd'hui, tous, quand il
01:27 y a eu des millions de personnes dans la rue, une, deux, trois, quatre, cinq fois, quand
01:30 on a quatre salariés sur cinq qui se sont opposés à cette réforme du début jusqu'à
01:35 aujourd'hui, quand on a les deux tiers des français qui restent opposés à cette réforme,
01:40 aujourd'hui, il faut que les gens prennent conscience qu'ils sont forts.
01:43 - Vous dites « on est forts », mais peut-être, mais ils ont gagné, puisque les 64 ans vont
01:48 s'appliquer à partir du 1er septembre prochain.
01:50 - Nous avons aujourd'hui un colosse aux pieds d'argile, un tigre de papier.
01:54 - Un tigre de papier qui arrive à faire passer sa réforme malgré une opposition de 70%
01:58 des gens.
01:59 - Avec ses petites ficelles.
02:00 Vous savez, quand la démocratie, qui signifie normalement le pouvoir du peuple, par le
02:05 peuple, pour le peuple, devient le pouvoir sans le peuple et contre le peuple, ça ne
02:08 tient pas longtemps.
02:09 Moi, ce que je veux qu'on signale aujourd'hui, c'est à quel point cette loi sur les retraites,
02:14 cette opposition qui demeure aujourd'hui, et on passe par-dessus, non seulement ce que
02:18 pensent les gens dehors, ce que pensent les Français, mais aussi quand on passe par-dessus
02:21 l'Assemblée, quand Charles de Courson devient un symbole de la rébellion, c'est qu'il
02:25 y a quelque chose qui se passe dans le pays.
02:27 Pour moi, il s'agit de bien comprendre qu'on est aujourd'hui à un point d'achèvement.
02:31 Le point d'achèvement de quoi ? Ça fait 40 ans, ça fait au moins depuis le 29 mai
02:35 2005, qu'on a des dirigeants qui dirigent contre les gens, sans les gens, et qui prennent
02:40 une direction que ne souhaite pas le pays.
02:42 - Attendez, attendez, attendez, contre les gens, sans les gens, etc.
02:44 Depuis 2005, il y a eu des élections présidentielles, législatives, ils ont la légitimité des
02:52 urnes, non ? - C'est pas à quittus pour faire tout et
02:54 n'importe quoi.
02:55 - C'est pas contre les gens ? - Si, c'est contre les gens, c'est contre
02:57 les gens, très profondément.
02:58 - On est en dictature ? - Non, mais on est dans une démocratie qui
03:02 devient quand même très particulière, ok ? Mais c'est bel et bien contre les gens
03:07 aujourd'hui.
03:08 C'est contre les gens sur plein de points.
03:09 Mais sur quoi ? Vous regardez ce qui se décide sur les questions
03:13 de libre-échange.
03:14 Est-ce que les Français veulent des accords avec les Nouvelles-Zélandes ? Est-ce que
03:17 les Français veulent des accords avec les pays d'amélioration ?
03:19 - Mais alors pourquoi ils vous élisent pas ? Pardon de vous dire, pourquoi est-ce qu'Emmanuel
03:22 Macron a gagné il y a un an ? - D'abord, il gagne, je regarde la société
03:27 française et je considère qu'elle est objectivement aujourd'hui divisée en trois blocs.
03:30 Donc il n'a pas un bloc majoritaire.
03:32 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand on est élu dans ces conditions-là, et je
03:35 le dis pour la gauche de main, si on est élu dans ces conditions-là, avec un bloc
03:39 d'extrême droite, avec un bloc de gauche et avec un bloc central libéral qui s'effrite
03:43 dans la durée, qui va continuer de s'effriter, eh bien il faut chercher à réparer ces fractures-là
03:48 et non pas à diviser encore davantage.
03:49 Moi je suis triste pour mon pays aujourd'hui.
03:51 Je suis triste pour mon pays aujourd'hui parce que là où un président de la République
03:55 doit être garant de l'unité de la nation, on a au contraire un porteur de division.
03:59 Aujourd'hui je suis triste pour mon pays parce qu'on répond pas aux questions qui
04:04 sont les plus urgentes pour nous.
04:05 Prenez ce qui concerne les Français, ce qui est fait par exemple sur les prix aujourd'hui
04:11 de l'agroalimentaire.
04:12 Les prix dont on sait que d'après vous…
04:14 Le panier anti-inflation.
04:15 Non, c'est de la rigolade.
04:17 On a Bruno Le Maire qui tous les matins vient dire "Voilà, attention, les industriels
04:21 de l'agroalimentaire, s'ils continuent comme ça, je vais me fâcher, je vais faire
04:25 une loi et tout ça".
04:26 A la fin on a quoi ? On a 70% des prix qui augmentent à cause des profits et on a une
04:30 non-réaction du gouvernement.
04:31 Alors qu'il y a un désir des Français d'aller vers une régulation des prix.
04:34 Mais regardez ce qui se passe sur le logement.
04:36 Parce que la question du pouvoir d'achat aujourd'hui c'est centralement la question
04:39 du logement.
04:40 Emmanuel Macron met en place un Conseil National de la Refondation qui vient dire "Il faut
04:46 réguler les loyers, il faut réguler le foncier".
04:48 Et derrière il décide de ne rien faire.
04:50 Regardez quand vous avez Jean-Pyzani-Ferry, économiste-macroniste, qui vient dire "Il
04:56 faut un impôt de solidarité sur la fortune".
04:57 Ce qu'avait dit le FMI, ce qu'avait dit Pierre Moscovici et vous avez Macron tout
05:01 seul dans son bureau qui dit "Ce débat sur la fiscalité des riches, c'est un débat
05:05 à la con et qui botte en touche".
05:06 C'est dire leur isolement aujourd'hui.
05:08 Nous sommes forts, nous sommes nombreux dans le pays.
05:11 Quand on prend l'indexation des salaires sur l'inflation, quand on prend l'instauration
05:14 de l'impôt de solidarité sur la fortune, c'est 80% des Français qui sont d'accord
05:18 avec ça.
05:19 Mais en tout cas…
05:20 Mais en France c'est pas un meeting.
05:21 Oui, et au terme de cette séquence entre guillemets sur les retraites, nous avions
05:24 Brice Tinturier ici à ce micro, mardi, qui nous disait que c'est le Rassemblement National
05:30 et Marine Le Pen qui avait le plus capitalisé politiquement sur ce moment-là.
05:35 Il n'y a pas de progression, de dynamique en faveur de la gauche, ce n'est pas du
05:38 tout la France insoumise qui a capitalisé, au contraire, elle s'est affaissée dans
05:43 l'opinion.
05:44 Voilà ses propos.
05:45 Ça ne vous désespère pas, François Ruffin ? À aucun moment vous ne vous dites que vous
05:49 auriez pu ou dû faire les choses autrement ces derniers mois ?
05:53 Moi je considère qu'il y a un match.
05:54 Vous savez, après la crise de 1929, ça a donné le nazisme en Allemagne, le New Deal
06:00 aux Etats-Unis et le Front Populaire en France.
06:02 Donc il n'y a pas de fatalité dans cette histoire-là.
06:03 L'histoire, elle est ce que les hommes et les femmes en font.
06:07 Et je viens dire aujourd'hui, surtout, il ne doit pas y avoir de découragement.
06:11 Je lisais un bouquin sur la montée du nazisme en Allemagne, le journal d'un Allemand,
06:14 et qui expliquait que le nazisme s'est installé parce qu'il y en avait quelques-uns qui
06:18 étaient convaincus de l'antisémitisme.
06:19 Et il y a la masse des gens qui ont baissé les bras, qui ont laissé faire.
06:23 Eh bien, je viens encourager les gens pour dire pourquoi.
06:26 Parce que nous avons les meilleures réponses aux crises que le pays traverse aujourd'hui.
06:30 C'est quoi ? La crise que le pays traverse, c'est qu'au fond, on a un marché qui
06:33 ne marche pas.
06:34 On voit ça sur les prix de l'électricité quand ils bondissent, quand ils font du yo-yo.
06:37 Qu'est-ce qu'il faut à ça ? Il faut de la régulation.
06:39 On voit ça sur les prix du logement.
06:40 On voit ça sur les prix de l'agroalimentaire.
06:43 On a aujourd'hui un marché qui ne marche pas et on a un ordre libéral qu'il a installé
06:47 depuis 40 ans et qui pense que c'est par le marché, le marché, le marché qu'on
06:50 va s'en sortir.
06:51 - Saskia de Ville : d'accord, sauf que ça fait 5 mois.
06:53 Pardon, je préfère de la théorie, mais excusez-moi François Ruffin, ça fait 5 mois
06:58 que vous protestez, que vous manifestez et à la fin, puisqu'on est à la fin, comme
07:04 l'a dit lui-même Laurent Berger, on est à la fin du match, à la fin, la réforme
07:08 des retraites va passer et à la fin, pardonnez-moi de vous dire, selon tous les sondages, parce
07:12 que vous soutenez les sondages quand ils vous arrangent sur 7 français sur 10, ils sont
07:14 contre cette réforme des retraites, eh bien à la fin c'est Marine Le Pen qui est en
07:17 grange et pas vous.
07:19 Vous disiez même vous-même à ce micro, en octobre, vous-même, je n'ai plus envie
07:23 de hurler sur les bancs de l'Assemblée Nationale, je l'ai dit au groupe, ça ne sert à rien,
07:26 ça renforce le rassemblement national.
07:27 Vous le disiez en octobre, manifestement ils ne vous ont pas écouté le groupe et donc
07:32 moi je voudrais savoir, on a posé la question à Olivier Dussopt tout à l'heure de savoir
07:35 s'il a des regrets, est-ce que vous, vous avez des regrets, est-ce qu'il y a des choses
07:37 qui ont dysfonctionné quand vous avez vu la stratégie de bruit et de fureur que vous
07:41 avez installée dans votre groupe, est-ce que vous le regrettez ?
07:44 - Olivier Dussopt On peut toujours avoir des regrets, on peut
07:46 toujours se tourner vers le passé et dire voilà il y a ceci, ceci…
07:49 - Nathalie Benoy - Il faut un moment, non ?
07:50 - Olivier Dussopt Oui, il y a un bilan critique à opérer.
07:52 Maintenant, moi, je me tourne vers l'avenir.
07:54 Je sais que les…
07:55 - Nathalie Benoy Avant de tourner sur l'avenir, pardonnez-moi
07:58 de vous dire, est-ce que vous avez des regrets sur ces cinq mois, ça fait cinq mois qu'on
08:01 vit tous les jours au rythme de cette réforme des retraites ? Je vous pose la question,
08:04 est-ce qu'il y a des choses qui ont dysfonctionné ? Est-ce que traiter un ministre d'assassin
08:07 ou jouer au foot avec lui, est-ce que hurler quand la première ministre parle, est-ce
08:11 que vous êtes d'accord avec cette stratégie ?
08:12 - Olivier Dussopt Je l'ai dit, Madame Salamé, je l'ai écrit
08:13 sur mon blog, je pense que nous n'avons pas de problème de fond, mais nous avons un problème
08:18 d'expression.
08:19 Donc il y a des choses à corriger sur notre expression.
08:21 Bon, voilà.
08:22 Maintenant, sur le fond, je viens pour dire que nous répondons aux demandes des Français.
08:27 C'est quoi ? Vous regardez sur le partage des richesses, avec le gavage des gens aujourd'hui,
08:33 on a des propositions sur la redistribution des richesses dans le pays.
08:37 Vous regardez le programme du Rassemblement national, il n'y a pas le mot partage, il
08:39 n'y a pas le mot dividende, il n'y a pas le mot actionnaire, il n'y a même pas le
08:43 mot égalité.
08:44 La question qui a surgi, que j'avais déjà posée moi il y a un an dans mon petit livre
08:49 que je vous ai écrit, la question du mal-être au travail, de mal faire son travail, les
08:55 inaptitudes en série, ça a bondi pendant… c'était un révélateur sur les retraites.
09:01 Que dit le Rassemblement national sur la question du travail ? Rien.
09:04 Il n'y a rien sur les temps partiels, il n'y a rien sur les CDD, il n'y a rien
09:07 sur les inaptitudes, il n'y a rien sur l'intérim, il n'y a rien sur tout ça.
09:11 Et pourtant c'est elle qui attire de plus en plus.
09:15 Nous sommes en cours de match.
09:16 Là-dessus au moins, vous pouvez dire que sur les retraites, peut-être qu'on va
09:20 jouer les prolongations, mais là, le match avec le Rassemblement national, il n'est
09:25 pas terminé.
09:26 L'enjeu aujourd'hui, comprenez bien ce qui se passe, c'est que le Bloc libéral
09:30 central, il s'effrite dans la durée.
09:32 Il s'est effrité après le 29 mai 2005, il s'est effrité après les Gilets jaunes,
09:36 là il s'effrite à l'occasion du conflit sur les retraites.
09:38 La grande question, c'est vers quoi vont être attirés les particules qui décrochent
09:43 de ce Bloc central ? Et là, la bataille, elle est là.
09:45 Et est-ce que ces particules vont aller vers la gauche ? Parce que vous écriviez dans
09:49 ce livre que de partie des salariés, nous voilà dans l'esprit commun, le parti des
09:54 assistés, et à ce micro, vous disiez que vous étiez là pour que la valeur travail
09:59 revienne à gauche.
10:00 Quand j'entends des gens me dire qu'ils ne peuvent pas être pour la gauche parce
10:03 qu'ils sont pour le travail, je considère qu'on a un souci majeur, c'était vos propos.
10:07 La gauche est-elle en train de le régler ce souci ou garde-t-elle un problème avec
10:12 la question du travail ?
10:13 Je pense qu'on doit placer au cœur de notre programme le « Travailler mieux ». Je
10:18 participais à un colloque où c'était « Travailler moins, travailler mieux, travailler
10:21 tous ». Aujourd'hui, le gros souci, c'est le mal-être, le mal-faire au travail.
10:25 Et ça, c'est une question qu'on doit affronter.
10:27 Comment on fait pour que les gens se sentent mieux au sein de leur entreprise ? C'est
10:31 pas une question qu'on doit juger comme étant périphérique.
10:33 Et même, je le dis aujourd'hui, l'ordre libéral, ceux qui tiennent le volant depuis
10:41 maintenant 40 ans, ils ne sont pas à même de régler les grands problèmes de notre
10:44 temps.
10:45 Et à commencer par la question climatique.
10:46 Vous savez que j'organise un colloque samedi matin au Collège des Bernardins sur l'économie
10:50 de guerre climatique.
10:51 C'est quoi l'idée ? L'idée c'est de dire que fait Roosevelt en 1942 quand il
10:56 entre en guerre ? Eh bien, il décide de canaliser, alors qu'il lui manque de bombardiers,
11:00 qu'il lui manque de temps, qu'il lui manque de porte-avions, il décide de canaliser
11:02 toute l'énergie du pays, toutes les savoir-faire, toute la main-d'œuvre du pays en une direction
11:06 qui est l'économie de guerre.
11:07 Eh bien, de la même manière, aujourd'hui, nous devrions faire la même chose et canaliser
11:10 toutes les énergies du pays, tous les capitaux, toute la main-d'œuvre en une direction
11:13 qui est l'économie de guerre climatique.
11:14 Ça c'est pour le climat.
11:15 Vous faites beaucoup d'associations d'idées ce matin, c'est intéressant.
11:17 C'est pas pour le climat, c'est pour le travail.
11:19 Le travail.
11:20 7% de chômage.
11:21 Jamais le chômage n'a été aussi bas.
11:24 Encore ce matin, l'INSEE annonce 86.887.000 emplois en plus au premier trimestre.
11:32 Ce qui me fait vous poser la question de Gilles sur Lapidinter.
11:34 Vous êtes fan absolu du RC Lens.
11:36 La politique d'Emmanuel Macron a permis à 87.000 personnes de trouver un emploi au
11:40 premier trimestre en trois mois.
11:42 C'est beaucoup plus que la capacité du Stade Bollard qui n'accueille que 38.000 spectateurs.
11:46 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
11:47 Comprenez ce que c'est la grande transformation du marché du travail sous Emmanuel Macron.
11:52 C'est de transformer des métiers en des bouts de boulot.
11:55 La grande question aujourd'hui c'est est-ce que les gens peuvent vivre de leur travail ?
11:59 Moi je viens poser que les Français doivent vivre de leur travail.
12:01 C'est-à-dire qu'il y a un devoir moral de travailler, de participer.
12:04 Vous ne répondez pas sur la baisse du chômage, sur le fait que 87.000 créations nettes d'emplois
12:09 au premier trimestre.
12:10 Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?
12:11 Il y a 2.100.000 créations de micro-entreprises.
12:14 Avec, on le sait, en moyenne, on est à 547 euros.
12:18 Sur le statut d'auto-entrepreneur, il y a une volonté du gouvernement de faire que
12:22 ces gens n'aient pas le droit à la sécurité maladie, qu'ils n'aient pas le droit aux
12:29 accidents du travail, qu'ils n'aient pas le droit au congé payé, et ainsi de suite.
12:32 Donc la question aujourd'hui c'est comment on fait pour qu'à l'hôpital, il y ait des
12:36 emplois qui servent ?
12:37 Comment ça se fait que l'école Piliers de la République, on récrute des enseignants
12:42 en job dating ?
12:43 Comment ça se fait qu'on a un rail qui déraille ?
12:45 Comment ça se fait ?
12:46 Vous regardez, ma mère, elle devait se faire opérer cette semaine.
12:48 On lui a demandé de venir avec son médicament.
12:51 Elle a fait le tour de toutes les pharmacies de Picardie, elle a appelé des gens dans
12:56 le Nord pour trouver son médicament, elle ne l'a pas trouvé.
12:58 Ça veut dire quoi ?
12:59 Comprenez ça, c'est qu'aujourd'hui, on a un marché qui ne marche pas.
13:03 On a un Emmanuel Macron qui est sorti dans la crise Covid, il avait dit "on va répatrier
13:07 les médicaments".
13:08 On en est très loin.
13:09 Il s'agit que sur tous ces sujets-là, on reconstruise la nation ensemble.
13:15 Et aujourd'hui, ce n'est pas fait du tout.
13:16 On va passer au standard où nous avons un certain nombre de questions politiques.
13:24 Laurent nous attend.
13:26 Bonjour, bienvenue.
13:27 Oui, bonjour Nicolas, bonjour Léa et bonjour François.
13:30 Bonjour.
13:31 Oui, alors moi, c'est assez… ça me décolle parce que 2027, on va faire comment avec Jean-Luc
13:38 Mélenchon ?
13:39 Je ne sais pas.
13:40 Jean-Luc Mélenchon fait peur aux gens et les gens me le disent.
13:43 Ce n'est pas la peine, on ne votera pas pour lui, il est taré.
13:46 Quand on voit tous les gens qu'il a pu écarter, que ce soit Raquel Guérido, que
13:49 ce soit Alexis Corbière, le soutien à Adrien Quettenin, ce n'est pas possible.
13:55 Qu'est-ce que tu fais encore dans le parti François ?
13:57 Merci Laurent pour cette question.
14:00 François, comme vous l'appelez, vous répond.
14:02 François Ruffin à la parole.
14:03 Dire que sans Jean-Luc Mélenchon, la gauche dans notre pays, elle serait sans doute morte.
14:08 Quand la gauche a été François Hollande avec comme fils Emmanuel Macron, je veux
14:13 dire, pour les gens de mon coin, pour les ouvriers et les employés, ça ne fait pas
14:16 du tout envie.
14:17 Et moi, je me suis reconnu dans la démarche de long terme, je me reconnais dans la démarche
14:21 de Jean-Luc Mélenchon qui, depuis le traité constitutionnel européen de 2005, en gros,
14:24 à travers le front de gauche, est venu relever une gauche, la mettre sur ses deux jambes,
14:28 sa jambe rouge et sa jambe verte, sa jambe à la fois sociale et sa jambe écologique.
14:33 Donc voilà ce qu'a permis Jean-Luc Mélenchon à la dernière élection, c'est quand même
14:37 qu'on est une gauche à 22%.
14:39 Alors, elle ne passe pas le cadre du premier tour, mais elle est quand même là, elle
14:41 est quand même debout à 22% et elle retrouve des pans des classes populaires dans les quartiers,
14:47 elle retrouve des classes populaires en Outre-mer, elle retrouve les jeunes des centraux…
14:53 Et 2027, s'il repart, vous le soutenez ?
14:56 2027, vous savez pourquoi je suis là ? J'ai passé 4 jours, dans ma circonscription, à
15:04 faire mon début tour, des centaines de personnes qui ont pris mon oreille pour un cahier de
15:07 doléances.
15:08 J'ai dans l'oreille, Jackie, qui est chariste en logistique.
15:13 Oui, ça ne vous plaît peut-être pas.
15:14 Non, ça me plaît, mais vous ne me répondez pas aux questions, vous faites votre show,
15:21 on connaît le show.
15:22 Là, je vous pose la question pour 2027, s'il y va, vous le soutenez ou pas ?
15:26 On verra comment ça se présente, je veux dire, il y a 4 années d'ici là.
15:30 Donc, il faudra qu'il y ait un candidat, et un candidat unique de la gauche, il faudra
15:33 qu'on ait un bloc qui soit rassemblé pour pouvoir faire front au Rassemblement National
15:38 et faire front au Bloc libéral avec les successeurs d'Emmanuel Macron.
15:41 Donc, à ce moment-là, on verra pour se mettre en ordre de bataille.
15:44 Il y a 4 ans d'ici là, quand même, je vous dis, dans mon coin, les gens, ils ne me parlent
15:48 pas de ça, ils me parlent de comment ça se fait qu'il passe sous la ligne de flottaison.
15:51 Je vous parlais de ce chariste, quoi, qui se lève à 4h du matin, qui va bosser, et
15:56 là, il a moins 50 euros, alors que d'habitude, il se serre toujours la ceinture et il arrive
16:00 à rester au-dessus.
16:01 Il va faire son fils pendant un mois, en août, qu'est-ce qu'il va faire avec lui ? Il ne
16:04 va pas partir en vacances, mais est-ce qu'il va pouvoir aller à la mer ? Est-ce qu'il
16:07 va pouvoir prendre quelques glaces ? Est-ce qu'il va pouvoir avoir le droit à des extras ?
16:10 Est-ce que dans la semaine où il travaille, il va pouvoir le mettre au centre d'activité ?
16:13 Non mais…
16:14 Vous craignez pas parfois d'être le rocard de Mélenchon ? A la fin, c'est Mitterrand
16:17 qui gagne.
16:18 Non mais, moi, ce que je crains, c'est que Jacqui, il ne soit pas représenté dans
16:21 le pays.
16:22 Que les auxiliaires de vie que j'ai rencontrés à Audruyck, encore, hier, vous savez, les
16:25 auxiliaires de vie sociale à qui Emmanuel Macron avait promis reconnaissance et rémunération.
16:30 C'est que derrière, il n'y a rien pour elles.
16:32 Voilà pourquoi je me bats.
16:33 Je sais pourquoi je suis ici.
16:34 Je sais pourquoi je suis à l'Assemblée.
16:35 Ce n'est pas pour les guéguerres d'égo.
16:37 Ce n'est pas du tout pour ça.
16:38 Non, il faut se grandir.
16:40 Il faut se grandir pour notre pays.
16:42 Moi, vous tous, on doit se grandir pour notre pays.
16:45 On doit se demander comment on remet sur pied une école de la République qui fonctionne
16:48 pour tous les enfants du pays.
16:49 Comment on remet sur pied l'hôpital pilier de l'État social.
16:53 Plusieurs questions sur l'application d'Inter, réponse rapide.
16:56 Stéphane, ce que vous appelez des artifices juridiques sont les articles de notre Constitution.
17:01 C'est grave d'attaquer les fondements de notre démocratie.
17:04 François Ruffin.
17:05 Là, on voit qu'on a très bien des bouts de ficelle qui sont racolés les uns derrière
17:08 les autres et que, comme disait Montesquieu, l'esprit des lois n'est pas respecté.
17:12 L'esprit des lois qui fait que, normalement, l'Assemblée nationale, elle devrait pouvoir
17:16 avoir… Vous savez, d'ailleurs, il y a la statue de Montesquieu dans les jardins de
17:19 l'Assemblée.
17:20 Mais bon sang, il doit se retourner dans sa statue, ça doit faire tout pis, tous les
17:23 jours, tellement il doit tourner vite à l'intérieur.
17:26 Parce qu'on a aujourd'hui une chaîne qui est entre l'Assemblée et l'Elysée.
17:29 Et c'est cette chaîne qui est à rompre pour qu'on ait un véritable pouvoir législatif
17:33 qui soit aujourd'hui indépendant du pouvoir lycéen.
17:35 On ne peut pas laisser toutes les décisions entre les mains d'un seul homme.
17:37 Il faut restaurer de la démocratie dans le pays.
17:39 Ça passe par exemple par l'instauration du référendum d'initiative citoyenne.
17:43 Question de Rémi, souhaitez-vous sortir de l'UE ?
17:45 Vous savez, Jean-Pierre Gevainement disait « j'étais pas pour monter dans l'avion
17:50 et maintenant que je suis dedans, je ne suis pas pour sauter sans parachute ».
17:52 Et donc aujourd'hui, d'autant plus dans une Union européenne où en fait on a un
17:58 Emmanuel Macron qui est plus libéral que l'Union européenne elle-même.
18:01 Je parlais tout à l'heure des auto-entrepreneurs.
18:03 La Commission européenne, tout comme le Parlement européen, ont décidé qu'il fallait avoir
18:07 une présomption de salariat, c'est-à-dire qu'il devait y avoir des droits pour les
18:09 travailleurs des plateformes, de Uber et compagnie, des droits au chômage, des droits au congé
18:13 payé, des droits à la retraite.
18:15 Et qui s'y opposait ?
18:16 Borne, pardon, Elisabeth Borne et Emmanuel Macron.
18:20 Donc on a une France qui fait opposition dans ces lieux qu'il faut progresser.
18:23 Il ne faut pas sortir de l'Union européenne, on vous entend, faut-il désobéir ?
18:26 Oui, il y a certains points, vous savez, je vais prendre des points très bêtes.
18:30 J'étais en commission des affaires économiques sur les états généraux de l'alimentation
18:35 et on voulait qu'il y ait la possibilité pour les cantines de s'approvisionner à
18:39 5, 10, 20 kilomètres de l'école.
18:42 Eh bien, on nous a répondu non, ce n'est pas possible parce qu'il y a le droit de
18:45 concurrence européen qui fait que le paysan espagnol, il doit pouvoir produire pour ses
18:49 cantines.
18:50 Ah non, voilà, c'est une question de bon sens et il y a des points sur lesquels il
18:53 faut désobéir.
18:54 Si on veut avoir des médicaments dans notre pays, sans doute qu'il faudra désobéir.
18:58 À quoi ? Ce qui doit diriger notre pays, ce n'est pas le marché, ce n'est pas la concurrence.
19:03 On doit diriger ce qu'on veut.
19:05 Oui, et pour les européennes, est-ce que vous pensez, les élections européennes,
19:09 est-ce que vous pensez, comme Jean-Luc Mélenchon, que s'il n'y a pas de liste commune nupe
19:14 à ces élections, ce sera la fin, précisément, de la nupe ?
19:17 Je souhaite qu'il y ait une liste commune aux élections européennes.
19:21 Pourquoi ? Parce que c'est la seule manière d'aller affronter le Rassemblement National,
19:27 d'aller affronter le Bloc libéral.
19:28 Donc je souhaite une liste unique.
19:29 S'il n'y en a pas, puisque les verts vous disent non, etc.
19:32 S'il n'y en a pas, est-ce que c'est la fin de la nupe ?
19:33 Non, moi je souhaite, vous savez, dans un couple, je vous l'ai déjà dit, dans un
19:37 couple, et en particulier dans un couple à cinq, une infidélité ne doit pas conduire
19:41 au divorce.
19:42 Donc il faudra que…
19:44 Donc même s'il y a infidélité, il ne faut pas divorcer.
19:47 C'est une petite séparation, un break.
19:49 Et donc, y compris dans les élections européennes, il faudra qu'il y ait un "gentleman agreement",
19:55 qu'on continue de se parler, qu'on échange.
19:57 Aujourd'hui, ce qui nous manque, au sein de la gauche, c'est un lieu de débat où
20:01 on vienne poser qu'est-ce qui nous sépare et qu'est-ce qui nous rassemble.
20:04 - Sur l'immigration, vous en parlez très rarement, François Ruffin.
20:06 Olivier Véran disait d'ailleurs à ce micro qu'il préférait une droite LR qui faisait
20:09 des propositions quitte à ne pas être d'accord avec elle qu'une gauche silencieuse et qui
20:12 se planquait sur le sujet.
20:14 Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous pensez qu'il y a trop d'immigration, qu'il faut
20:17 la réguler, qu'il faut durcir ?
20:18 - D'abord, il faut penser à mieux accueillir les gens qui sont sur notre territoire.
20:24 C'est-à-dire quoi ? Mieux accueillir, ça veut dire pour moi, deux impératifs.
20:28 La langue.
20:29 Aujourd'hui, il n'y a pas d'apprentissage de la langue pour les gens qui arrivent sur
20:32 le territoire français, comment on se débrouille ? Ça n'est pas du tout organisé.
20:34 Je fais une proposition, vous commencez déjà à lever le doigt pour moi.
20:37 - Je ne me lève pas le doigt parce qu'à chaque fois que je vous pose une question,
20:39 on peut répondre à côté.
20:40 Est-ce qu'il y a trop d'immigrés ? Est-ce qu'il faut mieux réguler les flux ?
20:43 - Je vais vous répondre.
20:44 La deuxième question, c'est sur le travail.
20:45 Pour moi, il doit y avoir un devoir de travail pour tous les gens qui sont présents sur
20:49 le territoire français et donc aussi pour les personnes qui sont immigrées.
20:53 Maintenant, moi, je ne suis pas sans frontières.
20:56 Je suis partisan qu'on puisse choisir, qu'on puisse décider ensemble de ce qu'on fait
21:03 sur le terrain de l'immigration.
21:04 Mais pour moi, la priorité aujourd'hui, elle est celle du mieux accueillir.
21:07 - Vous avez appelé il y a un mois à la gratuité des péages sur les autoroutes l'été pour
21:12 permettre à tous les Français de partir en vacances.
21:15 Clément Beaune, ministre des Transports, vous a répondu sur RTL.
21:19 Démagogie.
21:20 Et il demande plutôt aux sociétés autoroutières une ristourne de 10% sur les péages.
21:26 10% de ristourne, ça vous va ?
21:28 - Non, pas du tout.
21:29 C'est de la rigolade.
21:31 Quelle est la situation aujourd'hui ? On a des autoroutes qui ont donc été confiées
21:36 à la SANEF, à Vinci et compagnie, qui ont fait l'an dernier 4,5 milliards d'euros de
21:41 profit.
21:42 C'est une rente.
21:43 Et là-dessus, ils ont redistribué 4 milliards d'euros aux actionnaires.
21:45 C'est-à-dire plus de 80%.
21:46 C'est gigantesque.
21:47 Et quand il y a ce magot-là qui est prélevé tous les jours sur les automobilistes français,
21:53 quand on sait qu'il y en a plein qui vont avoir des difficultés pour partir en vacances
21:56 et je rappelle que dans le dépense de vacances, le premier poste, ce sont les déplacements.
22:01 Donc évidemment, pour appartenir pleinement à la nation, je souhaiterais que Vinci, la
22:07 SANEF, dise "bon ben voilà, je lève les barrières de péage pendant l'été".
22:11 Et on voit très bien le raisonnement du gouvernement.
22:15 Michel-Edouard Leclerc, il va entrer au gouvernement.
22:18 Parce que là, c'est quoi ? C'est des bonds d'achat, des ristournes, des primes tous
22:23 azimuts.
22:24 Bon, ça va pas.
22:25 C'est pas ça.
22:26 On demande à un gouvernement d'avoir un projet pour le pays.
22:27 Qu'est-ce qu'ils vont faire pour faciliter les départs en vacances des Français ? Parce
22:30 que ça produit un sentiment de déclassement.
22:32 Moi, j'ai des gens dans mon coin qui travaillent, qui travaillent dur et ils disent "mes parents,
22:39 il n'y avait qu'un seul salaire, il n'y avait que mon père qui était ouvrier et
22:41 on partait, on allait au camping, on voyait la Bretagne, on voyait l'Auvergne et ainsi
22:45 de suite.
22:46 Là, nous, avec nos enfants, on peut plus partir en vacances.
22:48 Et ça, ça produit un sentiment de déclassement.
22:50 Vous avez fait un appel aux dons ? Vous en êtes à combien ?
22:52 Je sais pas.
22:53 Je regarde pas au jour le jour.
22:55 Ce que je sais, c'est que vous savez, là vous êtes pas tout seul.
23:00 Non, on est pas tout seul.
23:01 On a des techniciens qui sont derrière, vous les saluez.
23:03 Pour moi, c'est pareil.
23:04 Rémi et Élise.
23:05 Pour moi, c'est pareil.
23:06 Je veux dire, la politique, c'est pas un homme tout seul, c'est une équipe.
23:09 C'est une équipe.
23:10 Si jamais on a un colloque samedi matin au Bernardin sur l'économie de l'hiver climatique,
23:14 parce que je pense que c'est un saut qu'il nous faut faire, si on veut mener les batailles
23:17 idéologiques dans le pays, si on veut les gagner, si on veut sortir du tout-marché,
23:20 si on veut conquérir le pouvoir en 2027, et voir avant…
23:24 Jean-Luc Mélenchon, il a fait son chèque ou pas ? Il a dit qu'il allait vous aider.
23:26 Je sais pas.
23:27 Comme je vous dis que je contrôle pas combien j'ai reçu, je peux pas vous dire que je
23:31 contrôle si elle a donné.
23:34 Je sais pas si vous avez donné, Madame Salamé.
23:36 Moi, je donne pas aux partis politiques, vous savez.
23:38 Nicolas Demorand : François Ruffin, merci d'avoir été au micro d'Inter.

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