• il y a 9 heures
À 8h20, Patrick Martin, président du Medef, est l'invité du Grand Entretien, alors que François Bayrou envisage de confier le dossier des retraites aux partenaires sociaux. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-16-janvier-2025-2810448

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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le Président du MEDEF, patron des patrons.
00:06Vos questions, vos réactions, chers auditeurs, au 01 45 24 7000 et sur l'application Radio France.
00:13Patrick Martin, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Bienvenue sur France Inter.
00:17Beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin, évidemment, après le discours de
00:21politique général de François Bayrou et avant la motion de censure qui sera donc votée
00:27ou non dans les heures qui viennent.
00:29Mais d'abord, revenons sur ce DPG, comme on dit, Patrick Martin, est-ce que vous avez
00:35compris sa vision, ses intentions, ses grands arbitrages pour le pays ? C'est un discours,
00:42celui qu'a prononcé le Premier ministre, qui vous a rassuré ou inquiété ?
00:45Qui nous a plutôt rassuré, en ce sens qu'il parle beaucoup d'économie, sans rentrer
00:51dans le détail, j'y reviendrai si vous me le proposez, mais il parle par exemple de
00:55puissance économique en soulignant que c'est le fondamental, c'est le préalable à l'influence
01:00de la France en toutes choses, diplomatique en particulier.
01:04C'est un discours pro-business que vous avez entendu il y a deux jours ?
01:06J'ai entendu un discours pro-business, après il est assorti d'un certain nombre de considérations
01:11qui nous interrogent.
01:12Justement, on va savoir, on va vous entendre, parce que vous êtes assez remonté, on va
01:17le dire, en arrivant dans le couloir jusqu'à ce studio, vous êtes assez remonté, et notamment
01:22sur la question des retraites, on va y venir, mais une question générale, vous avez présenté
01:26vos voeux, Patrick Martin, en début de semaine, en estimant nécessaire pour les patrons de
01:30davantage monter au créneau en 2025, pour défendre leurs convictions, leurs valeurs.
01:35Vous estimiez que le MEDEF devait être plus militant encore, ça veut dire quoi ? Qu'il
01:39ne le faisait pas assez, qu'il n'intervenait pas assez dans le débat public, à votre
01:42sens, le MEDEF ?
01:43Ne me faites pas dire que j'ai les yeux revolvers.
01:47Je ne me permettrais pas de dire ça.
01:49Si vous voulez, il y a un constat que j'établis, que le MEDEF établit depuis plusieurs mois,
01:55si ce n'est plusieurs années, c'est que dans le débat public et donc dans la décision
01:58politique, l'économie n'est pas suffisamment prise en compte, ou quand elle l'est, c'est
02:03d'une manière erronée ou tronquée.
02:04Je vous donne un exemple, on parle des retraites, on va parler des retraites.
02:08Enfin, il faut marteler le fait que ce sont les actifs, les entreprises et les salariés
02:12qui payent les retraites, elles sont par répartition, donc ce n'est pas un monde à part.
02:15Est-ce que vous avez eu cette idée de monter au créneau, comme vous le dites, en regardant
02:21la campagne américaine et ce qui se profile avec l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche,
02:25est-ce que les patrons français, les grands patrons, devraient s'engager, pour reprendre
02:29votre mot, comme les patrons américains, faire de la politique, de l'idéologie,
02:34comme Elon Musk, comme Mark Zuckerberg, comme tant d'autres ?
02:37Non, je ne pense pas.
02:39D'ailleurs, au regard de notre culture politique, les intrusions d'Elon Musk, y compris dans
02:47le champ politique allemand, quand ce n'est pas britannique, sont choquantes, chacun doit
02:51rester à sa place.
02:52Elles sont choquantes.
02:53Après, qu'il ait de bonnes idées, pourquoi pas, il y a certainement des choses à retenir,
02:58mais pas ce mode d'expression et pas ce mélange des genres.
03:01Il arrive au pouvoir dans quelques jours, il vous inquiète ? Elon Musk lui-même arrive
03:04au pouvoir, on ne parle pas de Donald Trump, parce qu'il va avoir un poste, il va avoir
03:09un ministère.
03:10De l'efficacité publique.
03:11Moi, ce qui m'inquiète, c'est la confusion qui règne en France et je ne mettrai pas
03:16ma main à couper que Donald Trump et Elon Musk resteront amis aussi longtemps que ça.
03:20Alors, vous l'avez appris mardi, vous l'avez appris avant, François Bayrou vous a prévenu
03:25qu'il comptait redonner, réouvrir, remettre en chantier la réforme des retraites et la
03:29confier aux partenaires sociaux ?
03:30Oui, il me l'avait annoncé, je crois savoir qu'il l'avait annoncé à tous les partenaires
03:35sociaux.
03:36J'ai fait l'entretien qu'on a eu ces derniers jours avec lui à Matignon et c'est très
03:39bien ainsi.
03:40Après, il faut s'entendre et s'accorder sur les modalités de cette négociation.
03:46Alors justement, il vous a confié, il vous réunit en conclave pour améliorer la réforme
03:52sans totem ni tabou, même les 64 ans sont négociables, a-t-il dit ? Est-ce que vous
03:57avez le sentiment qu'il vous donne la pâte à chaude ou que c'est une bonne idée ? Vous
04:01aviez dit avant Noël, vous aviez dit si j'étais lui, je confierais aux partenaires sociaux
04:06la discussion sur les retraites, elle serait beaucoup plus apaisée.
04:09Vous le dites toujours ou là vous commencez maintenant que vous avez la responsabilité
04:13sur les épaules de trouver un accord puisque c'est ça qui va se passer ?
04:15Je ne suis pas un expert en droit canon, mais je ne crois pas me tromper en disant qu'un
04:20conclave c'est à huit clous.
04:21Or, je comprends au fil des heures, parce que le mode opératoire de cette discussion
04:26en négociation évolue d'an en an, je crois comprendre qu'il y aurait des interférences
04:31politiques.
04:32Il n'y a personne par ailleurs qui participerait à cette négociation, des organisations ou
04:37en tout cas des personnes qui habituellement n'en font pas partie.
04:41Moi, je fais confiance aux partenaires sociaux, j'en fais partie.
04:43Qui ne doit pas être du conclave ?
04:46Si j'ai bien compris, parce qu'à nouveau ça évolue d'an en heure et c'est assez
04:52déstabilisant.
04:53On veut nous faire parler de tous les régimes de retraite, moi je n'ai pas de légitimité,
04:58ça nous intéresse évidemment les retraites du public puisque nous sommes des contribuables.
05:02Mais nous, on n'a pas à avoir dans nos négociations intéressants le secteur privé des organisations
05:07qui ne sont pas représentatives dans le secteur privé, c'est bien le moins.
05:10Est-ce que Patrick Martin, vous voyez cette occasion comme une divine opportunité pour
05:15rester dans le vocabulaire religieux, l'occasion de tout changer ? Est-ce que vous êtes prêt
05:19à tout négocier, y compris l'âge de départ ? Ou est-ce que vous allez tout faire
05:23pour sauver les 64 ans ?
05:25Écoutez, je pense qu'on est dans une situation à la fois politique mais surtout économique
05:29parce que moi ce qui m'intéresse c'est l'économie, suffisamment instable pour qu'on saisisse
05:36l'occasion, mais de bonne foi bien sûr, on saisisse l'occasion de ces négociations
05:40pour reposer fondamentalement le sujet du financement de la protection sociale.
05:44Nos régimes sociaux sont à bout de souffle, tout le monde le sait, beaucoup n'osent
05:49pas le dire.
05:50Et bien réfléchissons au niveau, au financement, à la gouvernance de tous ces régimes sociaux.
05:56C'est-à-dire que vous allez revenir en disant, dès le début, ouvrons la question
06:00de la retraite par capitalisation, pour parler clairement.
06:04Notamment, mais en étant très attentif à ce que, je ne vais pas dire surnoisement,
06:10mais de fait, on ne recrée pas des tuyauteries entre les régimes privés, je pense aux retraites
06:16complémentaires que les partenaires sociaux gèrent remarquablement bien, et des régimes
06:21qui eux sont chroniquement, structurellement déficitaires.
06:24Vous allez avoir face à vous des syndicats, la CFDT, la CGT, qui vont vous dire, nous,
06:29notre ligne rouge, notre volonté de changement, ça a été toujours les 64 ans.
06:33Est-ce que le MEDEF est prêt à se mettre d'accord sur les 64 ans, c'est-à-dire sur
06:38l'équilibre financier ? Est-ce que vous êtes prêt à ça, Patrick Martin, c'est la seule
06:45question.
06:46Il faut remettre les choses en perspective.
06:47Tout le monde déplore, enfin la plupart d'ailleurs, déplore le creusement de la dette française,
06:52qui a augmenté de 1 milliard d'euros sur les 5 dernières années, beaucoup ne disent
06:55pas que la moitié de ce déficit résulte du déficit des retraites.
06:59Les 64 ans, sur le plan technique, sur le plan du rendement, c'est un socle du rétablissement
07:06des régimes de retraite.
07:08Donc c'est pas négociable.
07:09Mais on sait que la dernière réforme ne suffit pas, donc moi je suis prêt à tout
07:14entendre, mais encore faut-il, et je n'ai pas de doute sur la sincérité et l'expertise
07:19de mes interlocuteurs.
07:20Encore faut-il qu'on nous propose des solutions alternatives qui ne pèsent pas sur le coût
07:24du travail.
07:25La France est en train de décrocher en matière de compétitivité.
07:28Les prochains budgets PLF, PLFSS ne comportent aucune disposition qui permettront à la France
07:34de rester économiquement dans le jeu, de garantir la croissance, de garantir l'emploi.
07:39Donc moi je vois la big picture.
07:41Par ailleurs, vous avez une proposition qui ne va pas forcément faire plaisir aux retraités.
07:46Ils sont d'ailleurs quelques-uns au standard et on va les entendre dans un instant vous
07:50estimer qu'ils sont trop bien traités qu'il faudrait revenir sur un certain nombre d'abattements
07:55sur leurs revenus, sur le taux de CSG par exemple.
07:58Là, au moins, on ne peut pas vous accuser d'être dans le camp démagogique.
08:03Vous trouvez vraiment que les retraités sont des privilégiés, Patrick Martin ?
08:05A aucun moment je n'ai dit qu'ils étaient privilégiés.
08:08J'ai dit en revanche qu'il y a beaucoup d'efforts qui devaient peser, si je comprends
08:13bien, sur les entreprises, sur la croissance, sur l'innovation, sur l'emploi et que si
08:17chacun devait y aller de sa contribution à l'effort de guerre, il ne serait pas illogique
08:22que les retraités eux-mêmes y participent, étant rappelé que ce sont les entreprises
08:26et les actifs qui payent les retraites.
08:28Si on affaiblit l'emploi, si on affaiblit les entreprises, eh bien on affaiblit les retraites.
08:34Pardon d'essayer de faire de l'exégèse de ce que vous dites ce matin, mais vous dites
08:38cette réforme des retraites, la réforme Born, elle n'était pas suffisante.
08:41Les 64 ans ce n'est pas suffisant, ça veut dire quoi ? Qu'il aurait fallu faire 65-66
08:46aux yeux du MEDEF ?
08:47Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le conseil d'orientation des retraites.
08:51Il dit beaucoup de choses le conseil d'orientation des retraites.
08:53Il a dit qu'il y aurait un déficit, sans même prendre en compte les déficits des
08:56retraites publiques de 14 milliards d'euros en 2030, en se fondant sur des hypothèses
09:02qui sont au minimum équilibrées et peut-être même optimistes sur la croissance et sur
09:07la productivité.
09:08Ce n'est pas moi, ce n'est pas Patrick Martin, ce n'est pas le MEDEF qui dit ça.
09:12Donc si d'un commun accord on ne trouve pas les voies et moyens de rétablir les retraites,
09:17mais pour les retraiter eux-mêmes, c'est ça finalement l'enjeu, sans altérer la
09:22compétitivité de l'économie française, eh bien on continuera à décrocher.
09:26Mais donc je ne vois pas comment vous pourriez vous mettre d'accord.
09:28Mais s'il y a un certain nombre de sujets sur lesquels on peut…
09:31Oui, sur la pénibilité, sur les femmes, etc, mais sur les 60 ans, eux ils vont dire
09:35l'usure au travail, ils vont dire 64 ans.
09:37Et vous, vous allez leur dire non, on ne va pas revenir à 62 quand nous on pense qu'il
09:41faut être à 66.
09:42Non mais je pense, je suis même assez affirmatif, avoir des interlocuteurs syndicaux qui sont
09:50parfaitement lucides quant à la situation de l'économie.
09:53Je rappelle que le 17 décembre dernier, nous avons, c'est sans précédent dans l'histoire,
09:57publié un communiqué commun, seul la CGT n'a pas signé, toutes les autres organisations
10:02syndicales l'ont fait, pour dire combien nous étions inquiets de la situation de l'économie
10:06et de l'emploi.
10:07Donc je n'ai pas en face de moi, et je ne suis pas moi-même, dogmatique.
10:11On va y venir justement à la question économique et à ces plans sociaux qui risquent de se
10:16multiplier dans le pays, mais on file au standard.
10:19Bonjour Ahmed.
10:20Bonjour.
10:21Et bienvenue sur France Inter, vous avez une question à poser à Patrick Martin.
10:25Oui, merci.
10:26Monsieur, est-ce que vous seriez prêt à accepter une hausse progressive et modérée
10:34des cotisations salariales et patronales, comme certains économistes sérieux le proposent,
10:40comme Michael Zemmour ? Ça permettrait de réduire le déficit, qui est moins important
10:46que ce qu'a dit M.
10:47Bayrou à l'Assemblée l'autre jour, puisqu'il a fait un petit tour de passe-passe en parlant
10:51de 40 à 50 milliards, ce qui est faux.
10:53Voilà.
10:54Merci, Ahmed, pour votre question-réponse, Patrick Martin.
10:57Là aussi, j'essaie d'être factuel, les retraites coûtent en France trois points
11:02de produits intérieurs bruts de plus que dans la moyenne des autres pays européens.
11:06Ça veut dire quoi ? 90 milliards d'euros de plus.
11:09Les entreprises françaises supportent des prélèvements obligatoires, même si on déduit
11:13ce qu'on appelle les aides que l'État rétrocède, les entreprises françaises sont les plus
11:18taxées de l'OCDE, on va dire du monde économique développé.
11:22Donc on peut tout imaginer, mais à la fin des fins, c'est quoi ? C'est la dynamique
11:28économique qui pourrait en souffrir.
11:30Voilà, c'est tout.
11:31Et donc si la dynamique économique, ce qui est le cas à cet instant, se dégrade, et
11:35bien à un moment donné, on ne peut plus payer nos régimes sociaux, dont les retraites.
11:39Alors augmenter les cotisations, c'est une fausse bonne solution.
11:42Je rappelle que les salariés payent 40%, 40% de ces cotisations, en déduction de leur net.
11:48Le ministre de l'économie, Eric Lombard, a apporté des précisions sur le discours
11:53de politique générale de François Bayrou, parce qu'il avait très peu parlé de fiscalité
11:56et notamment de la taxe sur les plus hauts revenus, de l'impôt sur les sociétés.
12:00Bon, le ministre de l'économie dit dans les échos, les entreprises seront mises à
12:04contribution, notamment via la surtaxe d'impôts sur les sociétés, qui sera bien appliquée
12:07en 2025, avec un gain espéré de 8 milliards d'euros.
12:10Vous aviez accepté cet effort sous Michel Barnier, vous l'acceptez toujours sous François Bayrou ?
12:16Non, non, j'avais accepté le principe d'un effort de la part des entreprises, mais sous
12:21réserve.
12:22Sous réserve de quoi ? Qu'il y ait un effort beaucoup plus important sur ce qui est le
12:25vrai sujet, baisser les dépenses publiques.
12:28On ne voit pas grand-chose de ce point de vue.
12:30Mais en tout cas, il ne faut pas toucher à la poule aux oeufs d'or, comme le disaient
12:34La Fontaine et le Premier ministre.
12:36Et je crois l'avoir dit avant lui.
12:37Oui.
12:38Parce qu'il faut tous qu'on cite les bons auteurs.
12:39La Fontaine.
12:41Oui, alors sur ce point-là, est-ce que vous acceptez ou pas un effort des entreprises
12:46qui pourra apporter jusqu'à 8 milliards d'euros ? Ou est-ce que vous allez essayer de négocier
12:50ce point-là ?
12:51Ce qui nous importe, c'est qu'il y ait une trajectoire qui apporte de la confiance.
12:55Est-ce qu'en l'état, ce qu'on entend apporte de la confiance ? Non.
13:00Pourquoi ?
13:01Parce que les grands patrons n'acceptent pas qu'il faut aussi contribuer à la solidarité nationale ?
13:06Mais ce n'est pas du tout mon propos.
13:07J'ai dit qu'on était d'accord pour contribuer à l'effort de guerre parce que les circonstances,
13:12l'état des finances publiques l'imposent.
13:14Mais...
13:15Dites-nous précisément, qu'est-ce qui vous inquiète dans ce que disent François Bayrou
13:18et Éric Lombard ?
13:19Parce que là, apparemment, la flat tax qui était sur la table, vous allez y échapper
13:22à l'augmentation de la flat tax, si j'ai bien compris.
13:25Moi, je ne suis pas sûr d'avoir très bien compris.
13:27Parce que parti comme c'est, on va avoir sur les dividendes, une taxation qui montera
13:31jusqu'à quasiment 40%.
13:33On va avoir sur des centaines d'entreprises, la mienne en fait partie.
13:36On va avoir ponctuellement, mais quand même, un impôt sur les sociétés qui va monter
13:41à 35,5%.
13:42Vous n'ignorez pas que les Etats-Unis vont baisser leur taux d'impôt sur les sociétés
13:46à 15%.
13:47Le Portugal vient d'annoncer qu'il allait baisser son taux d'impôt sur les sociétés
13:51à 15%, voire à 12,5%.
13:53Mais en France aussi, il a baissé, Patrick Martin.
13:55Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron il y a 8 ans, il a baissé le taux d'impôt et sensiblement
13:59sur les sociétés.
14:00Mais il est revenu à peine dans la moyenne européenne.
14:04Oui, mais il était beaucoup plus haut.
14:05Mais il était anormalement haut et ça pesait sur la dynamique économique, sur l'emploi,
14:09sur l'innovation, sur la compétitivité de la France.
14:12Donc, je finis là-dessus.
14:14Moi j'ai été très frappé la semaine dernière de voir que les trois grands partis
14:18politiquement en perspective des élections législatives proposaient tous des mesures
14:23offensives pour renforcer la compétitivité, renforcer l'attractivité de l'Allemagne,
14:28qui en a besoin.
14:29On fait exactement l'inverse.
14:30Vous avez l'impression que la France est en train de décrocher et de décrocher en
14:35Europe, mais de décrocher aussi par rapport aux Etats-Unis ?
14:37C'est pas une impression, c'est une réalité.
14:40C'est une réalité ?
14:41Bien sûr.
14:42Et alors ça a été souligné au niveau européen, notamment par Mario Draghi dans
14:44son excellent rapport.
14:45Mais moi ce que j'observe, c'est qu'au sein de l'Union Européenne, il y a des
14:48pays qui se portent bien.
14:49La Pologne se porte bien, l'Espagne, le Portugal, l'Italie d'une certaine manière.
14:54Il faut quand même que tous ensemble on en prenne conscience.
14:57Vous dites que je suis admiratif de ce qui se passe en Italie avec toi, Jean-Mélanie.
15:00Mais je ne suis pas d'une manière générale admiratif de ce qui se passe en Italie.
15:04C'est vrai que c'est intéressant.
15:05Qu'est-ce qu'elle fait qui vous inspire ?
15:07Regardons les chiffres.
15:09Moi je suis chef d'entreprise, je sais à peu près lire et comprendre les chiffres.
15:13Le déficit public de l'Italie, qui était le vilain petit canard de la couvée en 2023,
15:19je me vieillais encore plus, était à 7,2%.
15:25En 2024, il est à 3,8%.
15:28Et sur les derniers mois, il est inférieur à 3%.
15:31Tous ces pays que je viens d'évoquer ont fait un effort considérable pour réduire
15:35leurs dépenses publiques.
15:37Comment dans ces cas-là ne pas faire de la politique et essayer d'influer sur les arbitrages
15:43faits par le Premier ministre et le gouvernement ?
15:46Donald Trump sera investi dans quelques jours.
15:49Vous anticipez des remous dans l'économie mondiale à l'occasion du retour du milliardaire
15:54à la Maison-Blanche.
15:55La perspective d'une guerre commerciale, vous la prenez au sérieux ?
15:58Est-ce que la France et l'Europe sont suffisamment armées pour y résister ?
16:01En fait, Donald Trump va prolonger et accélérer ce que les Etats-Unis font depuis des années
16:08déjà, y compris sous Joe Biden, c'est-à-dire muscler considérablement leur économie,
16:15singulièrement les secteurs de la tech, et donc nous, on ne peut pas être indifférent
16:19à ça.
16:20Les débats franco-français, ça renvoie à votre première question, les débats franco-français
16:25sont assez nombrilistes, on est dans un monde ouvert et c'est très bien ainsi, il
16:29faut quand même qu'on en tienne compte dans nos décisions politiques, économiques
16:32et sociales.
16:33Qu'est-ce que vous dites aux patrons français qui seraient tentés de partir aux Etats-Unis
16:36avec l'arrivée de Trump qui promet de baisser sensiblement l'impôt sur les sociétés,
16:39de déréguler à tout crin, à tout va, de libéraliser absolument, et les patrons français
16:45qui se diraient bon ben on y va, vous leur dites allez-y, allez faire des bénéfices
16:49ailleurs ou vous dites soyez patriote ?
16:51Mais ça me désole, mais c'est déjà, c'est un état de fête, c'est pas qu'ils y réfléchissent,
16:56c'est un état de fête, mais c'est pas que les patrons.
17:00Regardez ce chiffre très impressionnant, et ça c'est les épargnants, c'est les citoyens.
17:04Il y avait 220 milliards d'euros d'épargne française qui étaient investis dans les
17:10bons du trésor, dans la dette américaine fin 2023, c'est 330 milliards fin 2024, ça
17:17a augmenté de près de 50%.
17:19Donc, les agents économiques, comme on dit, sont rationnels, ils se disent aux Etats-Unis,
17:26il y a de la croissance, il y a de la rentabilité, il y a une fiscalité qui est plus favorable,
17:29donc ça n'est pas que les grands patrons.
17:31Et nous, moi, je pense qu'il faut enrayer ça, ça passe par quoi ?
17:36Ça passe par des débats beaucoup plus intelligents, si vous me permettez, que ceux auxquels on
17:40se livre actuellement, c'est-à-dire comment renforce-t-on, ça renvoie au discours de
17:44politique générale du Premier ministre, la puissance économique de la France.
17:49Alors justement, la puissance économique de la France, elle passe notamment par la
17:52tech et l'intelligence artificielle dont a parlé François Bayrou, il y aura un sommet
17:56de l'IA en France en février.
17:59Est-ce qu'on a déjà totalement décroché par rapport aux Etats-Unis qui sont en pointe ?
18:04En France, on a de belles et vieilles boîtes totales, LVMH, L'Oréal, ce sont de belles
18:10entreprises mais elles sont toutes anciennes.
18:13Quelle entreprise française a été créée depuis Internet, c'est-à-dire depuis 25
18:18ans, Patrick Martin ?
18:19Ce ne sont pas des boîtes qui perturbent et qui transforment les vies des gens, pourquoi ?
18:25Alors, je voudrais vous dire que, parce qu'il y a des sujets positifs et le MEDEF s'emploie
18:30à ce qu'ils existent, on a nous-mêmes organisé un tour de France de l'intelligence artificielle
18:35avec 20 étapes.
18:36On a commencé d'ailleurs à l'île de la Réunion, à laquelle on est très attaché
18:39comme à tous nos territoires ultramarins et on aboutira donc au même moment où s'ouvrira
18:44ce sommet de l'intelligence artificielle.
18:46On a des pépites en France, on a des pépites des entreprises, j'en cite une, mais il y
18:51en a bien d'autres, d'assosystèmes.
18:52On a surtout des pépites, c'est-à-dire des gens remarquablement formés et intelligents.
18:56Eh bien, vous avez à peu près la moitié maintenant de nos ingénieurs de très haut
18:59niveau qui partent aux Etats-Unis.
19:02Voilà, et ce n'est pas uniquement pour des questions de salaire.
19:05C'est parce qu'il y a un système qui est dynamique, qui est ouvert.
19:09On ne se bride pas matin, midi et soir par des réglementations qui sont très stérilisantes.
19:14Il ne s'agit pas de dire que tout va bien en France et qu'il n'y a pas des problèmes
19:20pour investir ou pour grandir quand on est patron ou chef d'entreprise.
19:24Mais c'est vrai que ça fait huit ans qu'on a un président de la République qui est un
19:28président qui s'est toujours défini comme pro-business et qui a fait des choses.
19:31Vous ne pouvez pas dire le contraire, il a fait des choses.
19:34Il a fait la flat tax, l'ISF, la baisse de l'impôt sur les sociétés, il a fait un
19:38certain nombre de choses.
19:39Et au bout de sept ans, vous venez à ce micro nous expliquer que les gens partent malgré
19:44tout.
19:45Les montants distribués par les groupes du CAC ont atteint un nouveau record cette année
19:52pour ce qui est des dividendes.
19:53Ce que je veux dire, c'est qu'il y a beaucoup d'entreprises qui vont bien aussi en France.
19:57Il y a beaucoup d'entreprises qui ont pu investir davantage, même dans la tech, même
20:02partout en Ile-de-France.
20:03Et pourtant, vous dites qu'ils partent.
20:05Quelle est la solution si, au bout de sept ans d'un président pro-business, ils partent
20:09quand même ?
20:10Vous me faites dire des choses que je n'ai pas dites.
20:13J'ai, sans aucun état d'âme, salué la politique pro-business qui avait été initiée
20:17par le président Macron.
20:19Et je viens à l'instant de dire qu'il y avait en France des talents, des entreprises,
20:22des individus absolument remarquables et que le maire participait à ça.
20:25Le problème n'est pas là.
20:28Le problème, c'est qu'on est tous pris à la gorge par la dérive des finances publiques.
20:33Donc je le redis, il faut d'abord de la croissance, parce que sauf erreur de ma part, c'est bien
20:38la croissance qui génère des impôts et des cotisations sociales.
20:42Et puis par ailleurs, il faut réduire les dépenses publiques.
20:45D'autres pays l'ont fait.
20:46On est à 56% de dépenses publiques.
20:48Patrick Martin, il y a aussi la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
20:52Qu'avez-vous pensé de la nomination de Christophe Castaner, ancien ministre dans l'entreprise
20:57Shain, qui indigne les professionnels français de la mode, qui indigne également ceux qui
21:03se soucient des droits humains ? La Fédération du prêt-à-porter féminin ne comprend pas
21:09qu'il fasse aujourd'hui Christophe Castaner du lobbying pour un site de fast fashion chinois
21:15qui fait de la concurrence à l'industrie française et européenne.
21:18Qu'en pensez-vous ?
21:19Je ne distribue pas les bons et les mauvais points.
21:21En revanche, je suis inquiet effectivement de la marée montante très rapide.
21:25Je me rends de marée de ces sites qui sont très créatifs, très agressifs et qui bénéficient
21:30à certains égards de dispositions dérogatoires.
21:34Par exemple, en deçà d'un certain montant, ils ne payent pas de TVA, leurs clients non plus d'ailleurs.
21:40Ou ils bénéficient de tarifs postaux ancestraux que les Chinois avaient.
21:45Donc vous avez un avis ?
21:46Je pense qu'il faut rétablir des conditions d'équité concurrentielle.
21:49Et ce n'est pas Christophe Castaner à lui seul qui va régler ça, ni l'accentuer.
21:54Merci Patrick Martin, président du MEDEF, d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.

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