• avant-hier
Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U, se prononce en faveur d'une "surtaxe ponctuelle" pour les grandes entreprises, ce lundi, dans le Grand entretien de Nicolas Demorand et Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-03-fevrier-2025-3557856

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin un grand patron à la tête de la coopérative
00:05des magasins U1800, magasin en France et dans le monde employant 75 000 personnes.
00:12Il publie dans une semaine « Le bonheur est dans l'action » aux éditions de l'Aube,
00:18vous pouvez dialoguer avec lui au 01 45 24 7000 et sur l'application Radio France.
00:24Dominique Schellcher, bonjour !
00:26Bonjour !
00:27Et bienvenue sur Inter, on a évidemment des questions à vous poser sur les prix,
00:31le recul de l'inflation, la consommation, les négociations que vous menez en ce moment
00:36avec les industriels de l'agroalimentaire, mais c'est aussi et d'abord le regard d'un
00:42grand patron qui nous intéresse ce matin, dans ce moment où vous, les grands chefs
00:47d'entreprises français, exprimez de la colère, c'est presque une fronde contre
00:53la surtaxe prévue dans le budget sur les entreprises qui font du profit, contre le
00:58coût du travail en France, contre la suradministration, il y a eu les mots du patron de Michelin,
01:04ceux du patron de Total et enfin ceux de Bernard Arnault.
01:08Partagez-vous, Dominique Schellcher, leur colère, leur inquiétude, voire pour certains
01:14leur tentation de quitter la France ?
01:17Oui, je partage cet état d'esprit de manière générale et je trouve très bien que les
01:23patrons s'expriment publiquement, enfin.
01:26Pourquoi ? Parce que ce qui se dit maintenant publiquement se dit depuis un certain temps
01:33dans les coulisses, quand on se rencontre, quand on en parle, la situation de la France
01:37est difficile depuis un certain temps.
01:39La séquence c'est quoi ? Le choc inflationniste a mis la France dans une certaine difficulté.
01:45L'immobilier est en panne, le non alimentaire, toutes les boutiques de textile, il y a des
01:50enseignes qui ont disparu, tout ça est en difficulté.
01:53La consommation ne se porte pas bien et donc c'était la première étape.
01:58La deuxième étape c'est la dissolution.
02:00La dissolution a plongé la France dans un certain attentisme qui n'est bon ni pour
02:05les entreprises ni pour les Français, on pourra en reparler.
02:07Et la dernière étape c'est quoi ? C'est l'arrivée, je dirais, du président Trump
02:12aux Etats-Unis avec un espèce de vent nouveau, on peut penser ce qu'on veut de sa politique
02:17mais il y a un état d'esprit, etc.
02:18Et dans la foulée de ce mouvement-là, maintenant il y a une prise de parole parce qu'on se
02:25sent sur un certain nombre de plans décalés par rapport à d'autres pays, par rapport
02:30à d'autres régions du monde, je l'écrivais hier dans un long post et c'est ça aujourd'hui
02:35que les gens disent.
02:36Au risque, si on ne bouge pas maintenant, d'être décalés et de décrocher.
02:41La France et l'Europe.
02:42Mais ce vent nouveau qui vient d'Amérique, qu'on a entendu aussi dans les mots de Bernard
02:46Arnault, qui disait « il se passe des choses, ça bouge là-bas ». Ça bouge, c'est un
02:50vent de libéralisme et en gros de baisse des impôts sur les sociétés.
02:53Vous le souhaitez, c'est ça que vous dites ? Vous dites « on va être décalés et déclassés
02:56si on ne fait pas la même chose » ? Et pourquoi nous on doit payer une cette surtaxe aujourd'hui ?
03:01Vous allez mettre un coup d'arrêt à la croissance, c'est ça que vous dites ?
03:05Nicolas Demorand vient de le dire, la France paye le niveau, les entreprises payent le
03:11niveau d'impôt le plus important d'Europe, le niveau de prélèvement obligatoire le
03:14plus important d'Europe.
03:15Le coût sur le travail est parmi les plus importants d'Europe et c'est ça que les
03:20gens disent.
03:21Et derrière, il y a surtout aussi un mouvement, et si vous voulez, celui-là.
03:24Le monde des PME que je représente, je rappelle, nos magasins, on est dans des communes de
03:28moins de 5000 habitants.
03:30On est confronté à un certain nombre de difficultés, je dirais, sur la suradministration, trop
03:36de contraintes.
03:37Pour sortir un magasin aujourd'hui, il faut dix ans pour aboutir un magasin.
03:43C'est trop long, ça pèse sur l'économie et c'est ça que disent les chefs d'entreprise
03:48quand ils voient aux Etats-Unis la mise en place d'un ministère à part entière pour
03:53simplifier les choses, pour apporter.
03:57Moi, le mot qui me semble important ce matin, c'est « apporter ». Il faut réapporter
04:01du bon sens, du bon sens.
04:03En France, ce n'est pas moi qui le dis, c'est Bercy qui le dit, notre ministère
04:08de l'économie.
04:0960 milliards d'euros sont perdus en France par la suradministration, la paperasserie,
04:15etc.
04:16Il y a un projet de loi de simplification qui est en cours de préparation, qui devrait
04:20sortir dans les mois qui viennent, qui est porté par Bercy.
04:23Il y a une proposition très forte qui est faite, qui vient de la CPME, le syndicat
04:28justement des PME, qui est de dire « à l'avenir, quand un texte sort, on va faire ce qu'on
04:33appelle un test PME ». C'est-à-dire qu'on va confronter le texte qui arrive à la vie
04:39des entreprises, est-ce que c'est possible ou pas, une sorte de test d'impact.
04:44Mais ça, c'est une bonne chose ! Et ce qu'il faut maintenant, au-delà des constats
04:48dont on parle ce matin, c'est aller vers des solutions et ça, ça me paraît une solution
04:51intéressante.
04:52La surtaxe qui doit rapporter 8 milliards d'euros et qui suscite la fronde notamment
04:56de Bernard Arnault, mais d'autres patrons, vous la comprenez ou elle est excessive ou
05:00elle est injuste ?
05:01Je la comprends, je précise tout de suite que comme nous sommes une coopérative, nous
05:07ne la paierions pas, voilà, je le dis.
05:09C'est-à-dire que oui, les magasins à eau, c'est 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
05:13donc théoriquement vous deviez la payer puisque c'est au-dessus d'un milliard, c'est tous
05:16ceux qui font un chiffre d'affaires au-dessus d'un milliard, sauf que comme vous êtes
05:19des coopératives, vous ne la payerez pas, vous n'êtes pas visé.
05:21Exactement.
05:22Par contre, si vous voulez, le message c'est quoi ? On paye déjà tellement d'impôts
05:26tous les uns et les autres qu'en rajouter, ça n'est pas possible.
05:30Alors il y avait à l'automne une discussion, c'était le président du MEDEF qui a dit
05:35à la limite, pourquoi pas, mais en contrepartie, d'économies significatives sur le budget
05:42de la France et donc réduire le déficit public.
05:45C'était ça, sauf qu'aujourd'hui, on ne voit pas trop quelles économies sont faites
05:51et donc là, effectivement, dans ce contexte-là, c'est plus difficile d'accepter une nouvelle
05:55taxe.
05:56Très chère la surtaxe dont on parle sur les entreprises a provoqué une passe d'arbre
06:01entre le PDG de LVMH Bernard Arnault et Michel-Édouard Leclerc, Bernard Arnault, Léa le rappelait,
06:10dénonce une taxe sur le « made in France » qui pousse à la délocalisation.
06:14Michel-Édouard Leclerc a répondu, ce n'est pas forcément positivement impactant d'avoir
06:19un des hommes les plus riches de France qui dit « si ça ne le fait pas, je quitte le
06:23pays » ajoutant qu'aucun patron des magasins Leclerc ne ferait un chantage comme ça.
06:29Qui a raison ?
06:30Les deux ont raison de s'exprimer et de dire les choses.
06:35C'est du chantage ce qu'a dit Bernard Arnault ?
06:40À un moment, il exprime, il revient des États-Unis, je crois qu'il y était il y a peu, il voit
06:46des choses, il voit la situation.
06:48C'est une des plus belles réussites internationales, sinon la plus belle actuellement au niveau
06:53international des entrepreneurs français.
06:55De l'autre côté, on a le distributeur alimentaire numéro 1 en France, le préféré des Français
07:02dans l'alimentaire.
07:03Voilà, il faut, laissons-les s'exprimer et trouvons maintenant des solutions.
07:08Moi je suis, la polémique ne m'intéresse pas, la polémique ne m'intéresse pas, trouvons
07:13maintenant des solutions, mais c'est bien que les deux s'expriment et disent des choses.
07:17Le grand patron que vous êtes est-il inquiet qu'il n'y ait pas de budget adopté dans
07:20les prochains jours, que le gouvernement Bayrou puisse tomber ?
07:23Cette instabilité politique, elle vous pèse ou pas vraiment en fait ?
07:26Elle pèse, il faut absolument un budget pour la France cette semaine, il faut un budget.
07:33Vivre sur le budget de 2024 n'est pas une solution et surtout, si vous voulez, derrière
07:38l'adoption du budget qui est absolument nécessaire cette semaine, il y a, on va pouvoir passer
07:43à autre chose, traiter les autres sujets et c'est ça qui manque.
07:46Aujourd'hui, la seule discussion politique, c'est le budget et donc ça empêche de traiter
07:51bien d'autres dossiers.
07:52Le Parlement est engorgé alors qu'il y a plein de sujets à traiter.
07:56Il y a le sujet chez nous des agriculteurs et je ne parle pas de la santé, etc.
08:01Alors, concernant maintenant, Dominique Schell, la guerre des nerfs et des prix qui recommence
08:06traditionnellement chaque année entre vous, la grande distribution d'une part et les
08:11industriels de l'agroalimentaire, on en est où ? Vous avez encore un mois pour vous
08:17mettre d'accord.
08:18Les industriels demandent des hausses de prix de 5 à 7% en moyenne, ils les justifient
08:25par la hausse des coûts des matières premières, vous vous dites que ça n'est pas possible,
08:30ils vous accusent de les étrangler, bon, c'est à chaque fois le même psychodrame, non ?
08:35Mais vous avez raison Nicolas Demorand, on prend les mêmes et on recommence.
08:39Et moi, si vous voulez, je relativise, je ne mets surtout pas tout le monde dans la
08:43même catégorie.
08:44Nous, ce qu'on essaie de faire chez eux, c'est la part des choses, de traiter les
08:48choses intelligemment, d'avoir des éléments qui nous permettent de dire, des éléments
08:52c'est quoi ? C'est l'évolution des cours des matières premières, il y en a qui
08:55augmentent, il y en a qui baissent et de traiter les situations au cas le cas et de ne pas
08:59généraliser.
09:00Donc, oui, il y a des matières qui baissent, le blé, les huiles, par exemple, baissent,
09:05mais il y en a d'autres qui peuvent augmenter, le cacao notamment et qui est un produit qui
09:09pose problème pour beaucoup de Français.
09:11Donc voilà, face à chaque industriel, on essaie raisonnablement d'avoir le dialogue
09:16le plus juste pour aboutir au prix le meilleur pour le consommateur et si possible, évidemment,
09:22en baisse.
09:23Mais donc voilà, c'est un travail de profondeur, il reste un mois.
09:26En ce moment, il y a un peu d'attentisme, un peu des situations de blocage et en même
09:30temps, on trouve des bons accords avec certains avec qui on arrive à discuter.
09:34La ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard, disait dans les échos, il y a une demande
09:38de déflation de la grande distribution.
09:40Les enseignes n'hésitent pas à déréférencer les produits.
09:43Elles laissent dire, c'est un peu vous les méchants dans l'affaire.
09:48Oui, mais écoutez, on a beau dos pendant cette période.
09:51Chez nous, il n'y a pas, encore une fois, de demande de déflation généralisée.
09:56Il y a des demandes spécifiques quant le sujet le mérite, quand ça fait deux, trois
10:01ans qu'on avait déjà augmenté un certain nombre de choses, maintenant, on peut passer
10:07à des baisses.
10:08C'est notre travail, c'est notre responsabilité pour les Français, pour les accompagner sur
10:14cette période inflationniste.
10:15Il y a eu un rapport sénatorial qui pointait du doigt une pratique de la grande distribution
10:18pour contourner la loi EGalim, c'est de négocier les prix à l'étranger via des centrales
10:22d'achat pour faire baisser les prix.
10:23Dans ce cas, ce sont évidemment les agriculteurs français qui sont perdants.
10:26Vous le faites chez eux ? Vous négociez à l'étranger ?
10:29Nous ne le faisons plus.
10:30Nous sommes le seul distributeur cette année qui a décidé de traiter ses négociations
10:37100% en France et de ne plus avoir de centrales européennes.
10:40On ne peut pas être la coopérative des PME avec un ADN très proche des producteurs
10:46depuis très longtemps et faire cette pratique-là.
10:49Vous êtes le seul à avoir arrêté ?
10:50On est le seul.
10:51Tous les autres qui négocient à l'étranger ?
10:53Tout à fait.
10:54On est le seul, on l'assume, on fait notre campagne de négociation en France, à notre
11:00siège à Rungis.
11:01Il n'y a plus de discussion ailleurs et on verra à l'issue des négociations et je suis
11:06persuadé parce que ça intéresse aussi les industriels justement d'avoir cette négociation
11:11franco-française.
11:12Il y a une voie différente, c'est celle qu'on va pratiquer et on aura pour autant
11:16d'excellents prix pour nos clients et le message que je passe aux auditeurs ce matin
11:20qui est très important parce qu'ils entendent de tout, c'est-à-dire comparer les prix
11:24plus que jamais et ils verront que U fait partie des acteurs compétitifs sur le terrain
11:30et ils le savent déjà puisqu'ils viennent en nombre nous voir.
11:32Dominique Schellcher à notre micro en octobre, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, dressez
11:37un tableau sombre de la situation de la grande distribution.
11:41Je cite ses propos « Les Français ont subi un choc d'hyperinflation fou, ils achètent
11:47moins de produits et ont renoncé à la qualité.
11:51Le bio, les fruits et légumes, la poissonnerie se sont effondrés ». Est-ce que vous percevez
11:58les mêmes tendances dans vos magasins ?
12:00On est toujours dans ces mêmes tendances et le point important, si vous voulez, qu'ont
12:04subi les Français ces derniers mois, presque ces deux dernières années, ils ont subi
12:09le choc inflationniste le plus important depuis 40 ans, ça faisait 40 ans que les prix n'avaient
12:14pas autant évolué, je rappelle dans l'alimentaire, c'est 22% de hausse sur deux ans et demi,
12:21c'est considérable.
12:22Et ce choc-là, il n'est toujours pas derrière eux et c'est normal, même si l'inflation
12:28est repassée sous les 2%, pour eux, elle reste toujours importante.
12:33Comment vous le voyez dans vos magasins ?
12:34Ils consomment moins, absolument, ils consomment moins, la consommation de ce qu'on appelle
12:39les produits de grande consommation est sensiblement en baisse l'année dernière sur le marché
12:44au global.
12:45Alors nous, on est un acteur qui se porte plutôt bien mais les gens arbitrent.
12:48Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire moins de non-alimentaires par exemple, moins de
12:53vêtements, moins de salons de jardin, moins de bricolage, tous ces secteurs-là sont en
12:59difficulté.
13:00Ensuite, moins de produits frais traditionnels.
13:02J'étais il y a quelques jours au ministère de l'Agriculture pour le suivi des négociations
13:07dont on vient de parler.
13:08La ministre a présenté les chiffres, on vend moins de produits frais traditionnels
13:12en France parce que c'est plus cher dans le panier et les gens arbitrent et en achètent
13:17moins.
13:18C'est d'ailleurs, à terme, un possible risque de santé publique, par exemple, quand
13:22les gens achètent moins de fruits et légumes.
13:23Il y a des vraies questions.
13:25Et derrière ce sujet, moi je pense qu'il y a une partie conjoncturelle de changement
13:30de comportement parce qu'on n'a pas le choix, parce que le pouvoir d'achat est plus difficile
13:34mais je pense que les Français sont en partie aussi en train de changer en profondeur de
13:38comportement et qu'il y a des choses qui resteront durablement.
13:42C'est-à-dire ?
13:43C'est-à-dire quand on a pris l'habitude de ne plus acheter, de ne plus renouveler
13:48sa garde-robe tous les ans.
13:49On se dit je le fais tous les deux ans.
13:51Ça, ça restera.
13:52Quand on a pris l'habitude d'acheter le produit U, la marque distributeur qui est
13:5720 à 30% moins cher et de très bonne qualité, souvent on me dit finalement c'est de très
14:02bonne qualité.
14:03Mais ça, il n'y a pas de raison que ça change et on boudera peut-être un peu plus
14:06les marques internationales et parfois devenues très chères.
14:09Le bilan des fêtes de Noël, vous avez vu une baisse de la consommation ou des produits
14:14chers ?
14:15Les Français se sont faits plaisir mais sont restés très raisonnables et très prudents.
14:19Et le mot d'ordre, c'était un Noël au plateau.
14:23Plateau, ça veut dire quoi ?
14:24C'est-à-dire plateau de raclette, plateau de pierrade.
14:28Dans le temps, ça c'est des choses que les gens faisaient à nouvel an, le moment convivial
14:33autour d'un plateau.
14:34Cette fois, ils l'ont fait à Noël parce que c'est moins cher, parce que c'est convivial.
14:38Donc c'était moins saumon fumé.
14:40Tout à fait, moins la grande volaille qui chauffe 4 heures dans le four et qui est plus
14:45chère aussi.
14:46Donc les gens…
14:47Ça a été la raclette.
14:48Tout à fait.
14:49Les gens qui ont fait la raclette à Noël, ils ont été beaucoup plus prudents, beaucoup
14:51plus…
14:52Et vous savez, on parlait de latentisme parce qu'il n'y a pas de budget.
14:55J'ai vu un de nos grands banquiers l'autre jour qui m'a dit « je vous confirme que
14:59les gens qui peuvent mettent aussi un peu d'argent de côté parce qu'ils ont peur
15:04de la suite ».
15:05La ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard, alertée dans les échos, je vais la citer
15:12« nous perdons des parts de marché dans de nombreux secteurs, la situation est particulièrement
15:18inquiétante dans celui des fruits pour lequel deux tiers de ce que nous consommons
15:23sont importés, dans ceux de la volaille et des légumes c'est plus de la moitié ».
15:27Est-ce que l'agriculture française est en train de vaciller, Dominique Schellcher ?
15:32Elle est en grand danger, mais c'est un message que je porte depuis longtemps et je
15:36dis encore une fois aux Français, ayez le réflexe « Origines France » quand vous
15:40achetez.
15:41Sur vos produits du quotidien, sur la plaquette de beurre, sur vos légumes, regardez s'ils
15:47sont d'origine France et privilégiez l'origine France, sinon effectivement dans 10 ans…
15:52Même si ça coûte plus cher ?
15:53On peut trouver un bon rapport qualité-prix par exemple sur la marque distributeur, la
16:00plaquette de beurre eue sera toujours française et sera moins chère que la grande marque
16:07par exemple.
16:08Donc on peut trouver des solutions et surtout, Léa Salamé, pour répondre à votre question,
16:13il faut cuisiner soi-même beaucoup.
16:15Ça coûte moins cher que d'acheter des produits transformés, par exemple transformés
16:19avec des ingrédients internationaux.
16:21Donc ayez le réflexe « Origines France » pour soutenir l'agriculture française plus
16:26que jamais.
16:27Donald Trump envisage, vous le savez, d'augmenter les droits de douane avec les produits européens.
16:31Sur les produits européens, il ne l'a pas encore fait, il l'a fait sur les produits
16:34canadiens et mexicains, mais ça va venir, il l'a dit clairement.
16:37Il faut qu'on fasse la même chose sur les produits américains, il faut soutenir le
16:43rapport de force avec les Américains ?
16:44Le Président Trump est vraiment dans le rapport de force et à un moment, je pense que, moi
16:50je trouve l'Europe un peu timorée face à tout ce qui se passe et je pense qu'il
16:55faut nous aussi nous exprimer, prendre des dispositions.
16:58Alors il se trouve que ce ne sont pas les produits alimentaires que je connais le mieux
17:01qui sont les plus touchés, ce sont souvent des grands produits industriels, mais je pense
17:05qu'il ne faut pas se laisser faire et il faut que l'Europe se mobilise.
17:08Ça dépense aussi la France.
17:10Le vin et le champagne sont visés ?
17:11Le vin et le champagne sont visés, donc c'est par ces biais-là qu'il pourrait y avoir
17:16des répercussions dans nos magasins, mais pour l'instant, je n'ai pas d'alerte particulière.
17:19Plusieurs questions d'auditeurs.
17:21Julien, le gouvernement réfléchit à supprimer l'agence Bio, est-ce que vous soutenez l'agence
17:28ou le gouvernement ?
17:31Le Bio est en difficulté, ce n'est peut-être pas le moment de supprimer cette agence-là
17:35pour continuer à poursuivre le soutien à une filière qui a beaucoup souffert pendant
17:41la crise inflationniste.
17:42Ce n'est pas le moment de prendre cette décision.
17:44Thomas, U assume en magasin que des bouteilles de certains jus de fruits soient passées
17:49de 1 litre à 750 ml, donc de la shrinkflation.
17:53Difficile de donner l'image d'une enseigne abordable à ses clients.
17:57C'est le seul produit chez U qui a baissé de grammage ces derniers temps.
18:03Cet auditeur est très bien informé.
18:05On l'a fait tout simplement, non pas pour de la shrinkflation ou réduflation en français,
18:11je préfère ce mot-là, mais on l'a fait simplement pour avoir les mêmes volumes que
18:15nos confrères et que nos concurrents.
18:17On avait un volume décalé, on l'a changé.
18:18Ce n'est pas une raison de réduflation.
18:21Peggy, la vie chère en Guadeloupe, qu'en dit votre invitée ? Il y a U aux Antilles ?
18:28U est présent aux Antilles, mais avec des partenaires locaux.
18:32C'est un vrai sujet sur lequel on a beaucoup travaillé, sur lequel nos commerçants sur
18:38place ont fait beaucoup d'efforts.
18:40Mais vous savez, la situation est beaucoup portée par les frais d'approche, la livraison
18:47là-bas qui a un certain prix et le fameux octroi de mer qui est une taxe locale qui
18:53est là.
18:54Donc on a apporté notre part, c'est un sujet complexe et global localement.
18:58Christophe Austandard, bonjour, bienvenue ! Vous êtes là, vous n'êtes pas là,
19:06vous n'êtes pas là.
19:07Du tout.
19:08En attendant, un mot sur votre livre, Dominique Schellcher, qui sort dans une semaine, « Le
19:12bonheur est dans l'action », aux éditions de l'Aube, c'est un abécédaire du management
19:15où vous confiez les recettes tirées de votre propre expérience d'entrepreneur.
19:19Vous dites que c'est une sorte de système D pour l'action à partir duquel chacun affinera
19:23ses propres pensées.
19:24Vous citez Baudelaire, Éluard, Montaigne, Marc-Aurel et vous citez Churchill à l'entrée,
19:30c'est un abécédaire chef d'entreprise, c'est chef d'entreprise, vous citez Churchill
19:35qui disait « On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre ou une vache à
19:38traire.
19:39Peu voit en lui le cheval qui tire le char.
19:43Cette sentence est tellement vraie en France où entreprendre et réussir ne sont culturellement
19:47pas bien vus.
19:48Vous avez vraiment le sentiment d'être mal aimé quand vous êtes chef d'entreprise
19:52en France notamment ? »
19:53Oui et non.
19:54Oui parce que la réussite en France est parfois mal vue et non parce que je discutais encore
20:00avec un sondeur l'autre jour qui me disait les deux figures qui sont « sauvées » par
20:06les Français, c'est l'élu local, donc souvent le maire et le chef d'entreprise.
20:10Donc voilà, c'est un peu des deux.
20:13Mais ce livre, oui c'est un partage d'expérience, c'est une sorte de boîte à outils pour
20:17les plus jeunes, beaucoup, pour tous ceux qui aiment entreprendre et puis pour tous
20:21ceux qui aiment l'action en fait.
20:23Juste beaucoup de réactions sur l'application de Radio France à vos déclarations du début
20:27de l'interview sur la fronte des patrons.
20:30Beaucoup de gens ne comprennent pas.
20:31Delphine, bonjour, le bon sens quand on fait des profits, même des super profits, n'est-il
20:35pas du bon sens de les taxer au moins une fois ? Merci.
20:39Anna, bonjour, si les charges sociales sont plus importantes que dans d'autres pays,
20:42c'est aussi pour avoir 70% de nos frais de santé couverts.
20:45Ça, ça n'a rien à voir, je me suis plantée.
20:48Margot, la fronte des grands patrons est une honte gersante.
20:51Bonjour, n'est-il pas choquant de voir des patrons qui ont largement profité des
20:54subventions de l'État de part et d'autre de l'Atlantique faire du chantage sur l'avenir
20:58des Français ? Ou encore, Félix, personne ne parle des aides d'État comme le CICE
21:03ou les aides touchées pendant le Covid, à un moment, ne faut-il pas rendre ?
21:06Mais tout à fait, moi, il n'y a aucune difficulté à avoir une surtaxe ponctuelle,
21:13ça a été dit, mais en contrepartie de baisses significatives dans les dépenses de la France.
21:20Voilà ce qui a été dit, tout simplement, parce qu'à un moment, il faut trouver une
21:24solution à cette situation.
21:27Et après, simplement sur le modèle social, bien sûr, on a la chance d'avoir un modèle
21:30social formidable, mais il ne faut pas oublier que tout part de la richesse créée dans
21:35les entreprises, du travail, et c'est ce travail, ces cotisations payées sur le travail,
21:41sur la croissance, sur la richesse qui permet de financer le modèle social.
21:45Nous n'inversons pas les choses, c'est bien la richesse créée qui permet de financer
21:49le modèle social.
21:50C'est tout ce qu'on rappelle.
21:51Nagui.
21:52Merci Dominique Schellcher d'avoir été à notre micro ce matin.
21:56Votre livre « Le bonheur est dans l'action » aux éditions de l'Aube sera en librairie
22:00dans une semaine.
22:01Merci encore.

Recommandations