Le garde des Sceaux est l'invité du Grand entretien, pour revenir sur la mort du jeune Nahel et les émeutes urbaines qui l'ont suivie. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-03-juillet-2023-8096817
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le ministre de la Justice dans le grand entretien du 7-9-30.
00:05 Question-réaction au standard d'Inter, 0145 24 7000.
00:10 Et sur notre application, Eric Dupond-Moretti, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Bienvenue à ce micro, nous allons évoquer avec vous le projet de loi justice adopté par le Sénat il y a 15 jours
00:22 qui arrive aujourd'hui à l'Assemblée Nationale, mais commencerons évidemment par l'actualité de ces huit derniers jours.
00:27 En France, après la mort de Naël, tué par un policier à Nanterre mardi dernier,
00:32 le pays a connu six nuits d'émeutes urbaines, de tensions, de pillages.
00:36 La nuit dernière, comme la précédente, a été plus calme, avec le maintien d'un dispositif policier de grande ampleur.
00:43 Diriez-vous, Eric Dupond-Moretti, que nous assistons à une décrue et à un début de retour à la normale ?
00:51 Oui, mais il faut naturellement rester très prudent, il faut que nous soyons concentrés,
00:56 que le gouvernement soit sur le pont et il l'est, que le régalien réponde présent,
01:03 que les forces de l'ordre, les magistrats, les greffiers, soient au rendez-vous des obligations qui sont maintenant les nôtres.
01:11 Mais vous dites, il y a une décrue. C'est le début de la fin de cette poussée de fièvre, vous diriez ça ?
01:17 En tous les cas, je l'espère fortement.
01:20 Dans la nuit de samedi à dimanche, il y a eu cette attaque d'une exceptionnelle gravité qui a visé le domicile du maire de la LRO,
01:25 Oswain Jean-Brin. Son épouse et l'un de ses deux jeunes enfants ont été blessés.
01:29 Une enquête pour tentative d'assassinat a été ouverte. C'est de ça qu'il s'agit, tenter d'assassiner un élu et sa famille ?
01:36 Ah, c'est en tous les cas la qualification qui, pour le moment, a été retenue par le procureur de Créteil.
01:42 Il s'en est d'ailleurs expliqué, il a fait une conférence de presse, un point de presse extrêmement clair.
01:48 Oui, je pense que pénétrer de cette façon dans un domicile, et puis toutes les conséquences qui s'en sont suivies, démontrent à l'évidence,
01:58 en tous les cas on peut le penser, et c'est ce que pense le procureur, qu'il y avait une volonté d'attenter à la vie.
02:03 Le dispositif policier, je le disais d'un mot, est considérable depuis quelques jours.
02:09 La droite demande l'état d'urgence, Marine Le Pen découvre feu sectoriel.
02:13 Faut-il maintenir le même niveau de dispositif policier cette semaine, en dépit de la légère décrue que nous mentionnions ?
02:21 Oui, je pense que nous avons souhaité, sans écarter aucune possibilité, nous avons souhaité une gradation.
02:30 Donc, forte mobilisation des forces de l'ordre, et rendez-vous de la justice, et notamment j'ai pris une circulaire.
02:40 Alors justement, cette circulaire parue vendredi, vous avez demandé une réponse judiciaire rapide, ferme et systématique à l'encontre des auteurs des violences,
02:47 y compris à l'égard des mineurs et de leurs parents. Rapide, ferme, systématique, ça veut dire quoi ? C'est une justice d'exception pour ce cas-là ?
02:53 Non, mais vous savez que la comparution immédiate, qui au fond est la justice du flagrant délit, est une justice toujours rapide.
03:03 On n'a pas inventé une procédure. Mais j'ai demandé des déferments systématiques, j'ai demandé effectivement que les procureurs requièrent des mesures de sûreté de l'emprisonnement, pour être clair.
03:15 Et ça a été le cas ce week-end ?
03:16 Chaque fois qu'on s'en prend aux personnes, bien sûr, je rappelle qu'il y a beaucoup de blessés parmi les forces de l'ordre, parmi les élus.
03:22 Je rappelle qu'un vigile a failli brûler vif au tribunal de proximité d'Anières, où je me suis rendu, que des agents pénitentiaires ont été victimes de tir et qu'ils ne doivent leur vie et leur salut qu'à l'épaisseur d'une vitre.
03:38 Donc tout cela, ce sont des crimes et qui peuvent être qualifiés de cette façon. J'ai demandé une réponse ferme et également une réponse ferme pour les atteintes aux biens les plus graves.
03:50 C'est ça, c'est-à-dire qu'on l'a vu ce week-end, il y a même eu de la prison ferme pour certains jeunes qui n'ont pas de casier judiciaire et qui ont volé deux paires de baskets.
03:59 Et c'est ça que vous demandez aujourd'hui ?
04:00 C'est ça que je demande, mais nous ne nous assayons pas sur les grands principes qui sont les nôtres, car vous savez que le juge du siège entend naturellement les réquisitions et qu'il a ensuite la possibilité, bien sûr, de personnaliser et de prononcer une peine au vu du parcours des gens.
04:19 Et de manière générale, le garde des Sceaux dit "je veux de la fermeté" ?
04:23 Oui, le garde des Sceaux dit très clairement "je veux de la fermeté, je veux également attirer l'attention des parents" de deux façons d'abord.
04:32 Un discours qui est un discours de morale publique, "mesdames, messieurs, faites attention à vos enfants".
04:39 Et un discours qui est un discours beaucoup plus dur qui consiste à rappeler que quand les parents sont d'une désinvolture telle qu'ils mettent en cause et en péril l'éducation des enfants, leur santé, leur sécurité, c'est une infraction qui est punie de deux ans d'emprisonnement, de 30 000 euros d'amende.
04:57 Mais cet appel aux parents, ça a pu choquer certains qui disent "pourquoi vous pointez du doigt les parents, c'est souvent dans ces quartiers-là des familles monoparentales, c'est des mères seules,
05:07 nul n'est exemplaire, même les gens ici autour de la table, parfois ils peuvent faillir avec leurs enfants".
05:14 Oui, mais ceux qui poussent des cris de refrais n'ont pas entendu ce que j'ai dit, Madame Salamé.
05:22 Car j'ai dit bien sûr qu'il n'était pas question de rajouter de la misère à la misère. La maman qui travaille la nuit pour nourrir sa famille, il n'est pas question d'aller l'ennuyer.
05:30 Mais ceux qui ont responsabilité peuvent, et c'est cela que j'ai dit, assurer l'autorité parentale, et qui ne le font pas, soit par désinvolture, soit, et c'est pire, par intérêt,
05:42 je pense qu'il faut quand même qu'on leur rappelle un certain nombre de choses. Et puis voyez, il y a autre chose qu'il convient de rappeler, c'est que les parents, là, ça c'est de la responsabilité civile classique.
05:51 Ils paient chaque fois que les enfants sont condamnés à indemniser. Ce ne sont pas les enfants qui paient, c'est les parents. Donc il faut aussi qu'ils le sachent.
05:59 Et puis on peut aussi attirer l'attention des parents sur le fait que la dégradation des services publics, ou d'ailleurs des magasins, etc., etc., qui en sont les premières victimes, si ce n'est les parents.
06:10 Donc tout ça, il faut remettre, me semble-t-il, la pendule à l'heure.
06:15 On était à plus de 3000 interpellations dimanche matin, on s'approche du bilan des émeutes de 2005, il y avait eu 3200 interpellations en flagrant délit en trois semaines d'émeute.
06:27 Trois semaines ! Si toutes les interpellations n'aboutissent pas à des poursuites, la justice risque-t-elle l'embolie, là ?
06:35 On a pour le moment, mais c'est évolutif, évidemment, 570 déferments en trois jours.
06:42 Mais vous savez, pour les chiffres, il y a toujours un décalage entre les interpellations, bien sûr, et les déferments, décalage d'environ 48 heures.
06:49 Le président de la République, qui, vous l'imaginez, suit les choses avec beaucoup d'attention, m'a demandé de lui donner les chiffres très précisément, ce que demain, je serai vraisemblablement en mesure de faire.
07:01 Pour le reste, la justice, elle est là, elle est présente, elle est sur le pont. Je veux redire merci aux magistrats, aux greffiers, aux agents administratifs, aux avocats aussi, qui sont organisés pour les comparutions immédiates.
07:17 - Vous mettez des moyens supplémentaires, notamment en Ile-de-France, où les tribunaux sont déjà totalement engorgés, la justice est à bout, on va y venir de toutes les manières.
07:27 Aujourd'hui, quand on y traite 150 gardes à vue pour la seule nuit de jeudi à vendredi en Seine-Saint-Denis, 200 pour celle de vendredi à samedi, ça veut dire beaucoup, beaucoup de dossiers sur la table des magistrats.
07:35 Vous mettez une note particulière ou non ?
07:37 - Oui, on permet les déplacements des juges placés, ce que d'ailleurs j'évoque dans ma circulaire. C'est un des aspects de la circulaire que nous n'avons pas évoqué.
07:45 Puisque vous me parlez des moyens, je voudrais dire, mais on en parlera dans un instant, que le projet de loi que je porte, il a pour but de renforcer les moyens de la justice, en personnel notamment, parce que la justice en a besoin.
07:57 - Cette colère, vous le savez, a surgi à la mort de Nahel, 17 ans, lors d'un contrôle routier, une mort qualifiée par Emmanuel Macron lui-même d'inexplicable et d'inexcusable.
08:07 Est-ce que vous comprenez cette colère, Éric Dupond-Moretti, et est-ce qu'il aurait pu en être autrement après la mort du jeune Nahel ?
08:15 - D'abord, personne n'est insensible à la mort d'un gamin de 17 ans. Un gamin de 17 ans, percevoir une balle dans le thorax et mourir, enfin...
08:25 Donc, naturellement, ça suscite beaucoup d'émotions et dans cette émotion, il y a aussi de la colère. Mais c'est pour moi l'occasion de dire que piller un magasin, ça n'a rien à voir avec cette émotion.
08:39 Et c'est devenu, comme l'a dit d'ailleurs la grand-mère de ce jeune garçon, un prétexte. Et ça, c'est insupportable.
08:46 - Un prétexte à quoi, à votre avis ?
08:48 - Un prétexte à piller, à dégrader des mairies, à dégrader le tribunal de proximité d'Agnères, de jeter un cocktail Molotov dans le tribunal de Nanterre, d'aller dégrader une maison du droit à Rouen, de dégrader des commissariats, d'agresser des élus, etc.
09:06 - Est-ce que ces violences sont à vos yeux la preuve du processus de décivilisation qui est en oeuvre en France ?
09:12 C'est en tout cas le mot qu'avait employé Emmanuel Macron. Est-ce que vous l'employez, vous aussi ? Est-ce qu'on vit un moment de décivilisation ?
09:17 - Il est certain que le moment qu'on vit, ce n'est pas un moment de pacification civilisationnelle. Pardon ? Oui, ça s'inscrit, c'est une des illustrations, à l'évidence, bien sûr.
09:34 Mais le président de la République a dit qu'après tout cela, parce qu'on ne peut pas traiter les choses dans l'urgence, d'abord rétablir l'ordre républicain, et ensuite, de façon minutieuse, aller voir de plus près ce qui se passe.
09:47 Il y a des tas de choses qui se mélangent, et bien malin est celui qui peut dire "c'est à cause de ça" ou "c'est à cause de ça". Vous voyez, les yakafos conflerissent, mais attention, prudence, ça mérite un examen attentif, minutieux, pour que l'on puisse ultérieurement en tirer les conséquences.
10:05 Comme notre président de la République n'a pas les deux pieds dans le même sabot, moi j'ai la certitude que ce travail sera fait.
10:10 Si vous me le permettez, autre chose que je voudrais faire passer comme message, il paraît très important, les gamins ils communiquent par Snapchat, et ils ont la certitude qu'ils ne se font jamais prendre.
10:20 Ah ben là c'est fini, puisque vous avez dit "on va aller les chercher derrière le téléphone portable".
10:25 Voilà, depuis 2021 il est possible d'aller chercher les adresses IP et donc les titulaires, et on peut naturellement les poursuivre. Et je veux le redire ici, parce que je veux que l'on entende que l'utilisation du téléphone portable, ça n'est pas l'impunité et ça ne permet pas de tout cacher.
10:41 La mort de Nahel a rouvert la question de l'usage des armes à feu par les policiers. Beaucoup demandent l'abrogation de la loi 2017 et qu'on parle la situation en Allemagne et en France, en où ils disent "en Allemagne il y a eu un seul tir mortel en 10 ans pour un refus d'obtempérer,
10:53 contre 16 en France depuis un an et demi". Qu'en pensez-vous ? Pensez-vous, Camille Bornepivet, qu'il faut réexaminer cette loi ?
11:00 Je pense, madame, qu'il est toujours très mauvais de légiférer sous le coup de l'émotion, c'est ce que je viens de tenter de dire. Il y a un instant, la loi de 2017, qu'on appelle la loi Casesneuve, certains la critiquent.
11:11 Moi, je ne suis contre rien, je suis un ministre qui consulte beaucoup. On peut envisager, pourquoi pas, de la modifier, mais je pense que le temps n'est pas venu. La priorité, là, maintenant, je le redis pour le troisième point, c'est le rétablissement de l'ordre républicain.
11:27 Et ensuite, nous aurons une analyse totale, introspective s'il le faut, et nous en tirerons un certain nombre de conséquences.
11:36 Question sur l'application de France Inter de Baptiste. Que pensez-vous de la cagnotte atteignant presque le million d'euros en faveur du policier ? Je cite cette question mot pour mot qui a assassiné le jeune Nahel.
11:50 Ne pensez-vous pas qu'elle nattise encore plus la situation là où nous avons besoin d'apaisement ? Éric Dupond-Moretti.
11:57 D'abord, il y a un grand principe, c'est que chacun peut exprimer ses sentiments et chacun peut participer à une cagnotte. Mais je pense, pour le coup, que ça ne va pas dans le sens de l'apaisement.
12:10 Et puis, j'ai une question en filigrane, c'est que l'initiative de cette cagnotte, c'est M. Messiaen. Et, pardon, je me demande s'il n'y a pas derrière tout ça de l'instrumentalisation.
12:22 Oui, la cagnotte ouverte en 2019, vous vous en souviez ? Contre Détinger, Christophe Détinger, l'ex-boxeur gilet jaune, avait été annulé par la justice, qui avait jugé que l'objet de cette collecte était contraire à l'ordre public et avait restitué les fonds aux donateurs.
12:36 Ça pourrait être le cas pour cette cagnotte-là ?
12:38 Madame, la justice, vous le savez, est indépendante. C'est le tribunal judiciaire de Paris qui avait pris cette décision, considérant qu'il n'était pas légal, au fond, que cette cagnotte permette aux futurs condamnés, et je ne dis pas cela pour le policier, de régler les dommages et intérêts. Ce processus-là avait été critiqué et sanctionné par la justice.
13:02 Puisqu'on est sur la police, les syndicats Alliance et Unsa Police ont publié vendredi, vous le savez, un communiqué qui a ciblé, je le cite, "C'est hors de sauvage, les policiers sont au combat car nous sommes en guerre contre ces nuisibles, demain nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience". Comment avez-vous reçu ces mots des deux syndicats majoritaires dans la police ?
13:23 Alors non plus, je trouve que ça ne va pas dans le sens de l'apaisement. Moi, je me bats, mais vraiment je me bats pour qu'on arrête de critiquer la police de façon systématique, avec les formules qu'utilisent certains "la police tue", "la police est raciste". D'ailleurs, je veux faire remarquer tranquillement que la mise en examen, aujourd'hui, concerne un policier et pas la police.
13:45 Et de la même façon, je ne veux pas qu'on critique la justice. Et de la même façon, là, tout ce qui met de l'huile sur le feu, en ce moment, est inutile. Inopportun.
13:54 Pour vous, ça met de l'huile sur le feu de parler de "hors de sauvage", de "nuisibles", c'est ce que vous dites. Je vous pose la question parce que les policiers eux-mêmes se sont sentis oubliés ou méprisés quand Emmanuel Macron, avant même le début, avant même la mise en examen du policier, a dit que les faits étaient inexcusables et injustifiables.
14:13 Ils ont eu le sentiment que la présomption d'innocence n'avait pas été respectée par le chef de l'État.
14:18 Non, mais le président a exprimé, et il est à sa place, l'émotion ressentie par toute la nation.
14:24 Ensuite, est-ce qu'on est obligé de stigmatiser une partie de la population en parlant de "nuisibles" ? J'en suis pas convaincu.
14:31 Est-ce que l'on peut critiquer la justice en permanence ? Je n'en suis pas convaincu.
14:36 Est-ce qu'on peut critiquer la police ? Pas davantage. Ce sont deux grandes institutions, mais à force de dire qu'elles ne valent rien, à force de les critiquer, vous avez des gamins qui ne croient plus en rien.
14:47 Or, croire en la République, c'est croire en la police et c'est croire en la justice.
14:51 Alors on y vient, à cette réforme de la justice. Projet de loi examiné à partir d'aujourd'hui à l'Assemblée Nationale. Projet de loi qui intervient après six mois d'état généraux de la justice, qui avait conclu un état d'élabrement de l'institution judiciaire.
15:06 L'objectif est de rendre la justice plus rapide, plus efficace. Pour cela, augmentation massive du budget du ministère qui va passer de 9,6 milliards d'euros en 2023 à près de 11 milliards d'euros d'ici quatre ans.
15:20 Ce qui va permettre l'embauche de 10 000 personnes, dont 1 500 magistrats d'ici à 2027.
15:25 Je vais poser la question de manière très simple, Éric Dupond-Moretti.
15:29 À quel moment verra-t-on les effets de votre loi ? À quel moment les tribunaux seront désengorgés et les délais de traitement ne dureront plus deux ans ? À quel moment la justice sera-t-elle rendue rapidement ?
15:40 Vous avez oublié une partie importante du texte. 1 500 magistrats, oui, mais également 1 500 greffiers. On a besoin de nos greffiers.
15:49 Oui, on a besoin de nos greffiers, mais les greffiers sont en grève aujourd'hui. Vous leur dites quoi ? Ils sont en grève parce qu'ils demandent des revalorisations de salaire.
15:54 Je leur dis que j'avais annoncé un calendrier dédié à l'automne, que nous travaillons pour améliorer la situation des greffiers, que les budgets que je porte depuis trois ans permettent et permettront d'améliorer la situation.
16:08 Quand ?
16:09 Attendez, madame, que les discussions ne sont pas terminées et qu'il y a des échanges qui sont envisagés en interministériel, mais également avec les syndicats. Les greffiers ne seront pas oubliés.
16:23 1 500 magistrats, disais-je, 1 500 greffiers, des contractuels également et des agents pénitentiaires. Oui, parce que la justice a besoin de ces moyens et ce sont des moyens historiques.
16:35 Sachez que nous aurons un supplément de 7,5 milliards d'euros et que le budget de la justice aura, sur les deux quinquennats, augmenté de 60%.
16:44 Alors quand, me direz-vous ?
16:45 D'abord, il faut que le texte soit voté. Et d'ailleurs, à ce propos, je voudrais vous indiquer que LFI souhaite déposer une motion de rejet préalable, c'est-à-dire qu'on dise non à ces moyens nouveaux sans même en discuter.
16:58 Je le redis pour les auditeurs, sans même en discuter. Ils ne veulent pas que la justice...
17:02 Et alors, vous leur dites quoi ?
17:03 Ah ben, je leur dis que c'est assez paradoxal. Eux qui réclament du débat parlementaire, là, ils n'en veulent pas et ils n'ont pas envie que la justice bouge et qu'elle soit améliorée.
17:12 Donc il y a ça. Ensuite, il faut le temps de recruter. Et d'ici 2027, nous aurons évidemment ces personnels supplémentaires.
17:20 J'ajoute qu'en matière civile, je mets en place l'amiable qui devrait nous permettre de réduire, et c'est mon objectif, les délais par deux.
17:29 J'ajoute encore qu'il y a un grand plan de transformation numérique que je porte avec force et énergie pour, là aussi, réduire les délais parce que les Français disent que leur justice est trop longue.
17:42 Donc on est en 2023, les Français, les greffiers, les magistrats et les avocats verront les effets de vos réformes, n'en qu'être en pas.
17:49 Non, madame, non.
17:50 Vous dites on va embaucher, on va...
17:53 Non, non.
17:54 Quand est-ce que les délais vont se raccourcir ?
17:55 La fin des embauches...
17:56 La moyenne c'est deux ans pour avoir une affaire traitée. Quand est-ce que ça va se réduire ?
17:59 On ne trouve pas 1500 magistrats sous le sabot d'un cheval. Il faut les former. J'indique que la promotion actuelle de l'École nationale de la magistrature est la plus importante de son histoire.
18:11 Et que la prochaine sera encore la plus importante de l'histoire de l'École nationale de la magistrature avec près de 500 magistrats.
18:20 Et d'ailleurs on est obligé de louer de nouveaux locaux pour les loger. Bien. Tout ça, ça prend un peu de temps.
18:26 Il y a le texte purement budgétaire et puis il y a le texte qui va nous permettre d'aller chercher des magistrats dans le vivier des autres professions du droit.
18:36 Mais par exemple, on a d'ores et déjà embauché 300 juristes assistants. Les écoles et les magistrats qui vont sortir des écoles sont plus nombreux que dans les promotions précédentes.
18:48 Tout ça, ça ne peut pas se faire en un claquement de doigts. Moi je récupère, pardon de le dire, 30 ans d'abandon budgétaire, politique et humain.
18:58 Donc ça ne se fait pas en un claquement de doigts, mais ça se fait.
19:02 On est au Standard avec Anne. Bonjour Anne. Vous êtes greffière je crois ?
19:07 Oui bonjour, tout à fait.
19:09 On vous écoute.
19:10 Monsieur le ministre, bonjour. Aujourd'hui, vous savez qu'il y a une mobilisation nationale des greffiers en France et dans les e-commerce.
19:19 Nous revendiquons la grille que vous proposez, mais au-delà de ça, de nos conditions de travail qui sont déplorables,
19:26 notamment comme vous l'avez souligné, dans un contexte de transformation numérique du ministère de la Justice.
19:31 Nous voulons des moyens, nous voulons être aujourd'hui, à juste titre, avoir un salaire qui correspond à nos missions, à nos responsabilités.
19:42 Nous souhaitons le dialogue avec vous et aujourd'hui, ce qui a mis le feu en poudre, c'est que nous, greffiers de France, nous avons l'impression que tout est décidé pour nous.
19:52 Pouvez-vous nous dire s'il y aurait des solutions ? Parce que nous devons travailler ensemble pour le but fiable.
19:58 Merci Anne pour cette question. Marine, sur l'application, les greffiers sont en souffrance et travaillent dans des conditions déplorables.
20:05 Aucune considération ni reconnaissance. Quand allez-vous enfin nous écouter, prendre en compte nos revendications ?
20:11 Eric Dupond-Moretti vous répond, Anne et Marine.
20:14 D'abord, les discussions sont en cours et rien n'est arrêté.
20:18 Un greffier de 6 ans d'ancienneté avait un salaire en 2016 de 1630 euros. Avec la réforme que j'envisage de porter mais qui n'est pas finalisée, on est à 1915 euros.
20:33 Les greffiers ont été augmentés de 12%. Déjà, mais ça n'est pas suffisant et je connais vos revendications et je sais les difficultés de travail qui sont les vôtres et cela m'engage.
20:43 Je souhaite évidemment que les concertations aillent de l'avant et que nous nous rencontrions avec notamment les syndicats qui vous représentent.
20:54 Rien n'est terminé, rien n'est arrêté et quant aux moyens, je pense que vous le savez, on a 8 budgets qui sont à plus 8% d'augmentation.
21:03 C'est du jamais vu, des efforts ont été faits et ils doivent continuer et ils doivent s'intensifier.
21:09 Eric Dupond-Moretti, une question, une réaction pour terminer. D'abord Gaëlle sur l'appli d'Inter, pourquoi vous n'obligez pas à fermer quelques jours TikTok et Snapchat ?
21:16 Ces réseaux n'existaient pas en 2005. Ils attisent, ce serait si simple de les fermer quelques jours. Est-ce que c'est si simple ?
21:23 Et qui hurlerait à la privation de liberté et qui dirait que nous sommes des gens qui s'assoient totalement sur les grands principes ?
21:35 Et que dirait-on parce que nous avons un certain nombre de textes et notamment de textes européens qui nous imposent de laisser...
21:44 C'est pas possible.
21:45 Alors, je ne dis pas que ce n'est pas possible, il y a un certain nombre de choses déjà qui ont été faites, notamment au niveau européen et notamment quand la France était à la tête du Conseil.
21:56 Mais, mais, mais, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Voyez, supprimer les réseaux sociaux c'est aussi envisager qu'il n'y ait plus de débat.
22:07 C'est aussi un vecteur de débat démocratique, mais c'est aussi une poubelle à ciel ouvert et il faut qu'on puisse intervenir.
22:14 Mais moi ce que je veux c'est que quand des infractions sont constatées, eh bien on puisse immédiatement à la fois retirer les contenus et également identifier les auteurs.
22:23 Une réaction pour finir puisque le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin vient d'annoncer à l'instant la mort d'un pompier en Seine-Saint-Denis.
22:29 Un pompier qui essayait d'éteindre le feu de plusieurs véhicules dans un parking souterrain en Seine-Saint-Denis, à Saint-Denis.
22:35 Un jeune caporal-chef de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris est décédé. Une réaction.
22:40 Je... Je viens d'apprendre ça. Il faut que tout ça, ça s'arrête. Et vite.
22:51 Merci Eric Dupond-Moretti d'avoir été au micro d'Inter ce matin.