Gérard Larcher, sénateur LR des Yvelines, président du Sénat, est l'invité du Grand entretien. Il évoque notamment le mouvement de mobilisation contre la réforme des retraites. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-07-juin-2023-5928782
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le président du Sénat dans le grand entretien
00:04 du 7-9-30.
00:05 Question-réaction, amis auditeurs, amis auditrices au 01-45-24-7000 et sur l'application de
00:12 France Inter.
00:13 Monsieur le Président, Gérard Larcher, bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Et bienvenue sur Inter.
00:19 Hier, c'était la quatorzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:24 Elle a rassemblé en France 900 000 personnes selon la CGT, 280 000 selon le
00:29 ministère de l'Intérieur.
00:31 On est loin des précédentes mobilisations, mais 55% des Français continuent à soutenir
00:38 ce mouvement selon un sondage d'Aris Interactive d'hier.
00:41 Vous leur dites quoi, pardon, à ces Français ce matin ? Vous vous êtes mobilisés pendant
00:47 des mois, maintenant c'est fini, vous avez perdu ?
00:50 Non, je pense qu'il ne faut pas qu'il y ait de perdants et de gagnants.
00:54 Je pense que cette réforme des retraites était indispensable pour préserver le système
01:01 par répartition, je vous l'ai déjà dit à cette antenne, mais aujourd'hui s'ouvre
01:08 cette séquence qui va nécessiter que les partenaires sociaux puissent débattre, échanger,
01:16 négocier autour d'un sujet majeur, l'emploi des seniors.
01:20 Nous restons un pays avec un taux d'emploi des seniors extrêmement bas.
01:24 La question de l'usure professionnelle qui est un sujet très très important, mais aussi
01:30 la question des salaires.
01:32 Je continue, comme ancien ministre du Travail, à me questionner, 70% des grilles salariales
01:40 de départ restent en dessous du SMIC.
01:42 Certes, personne n'est payé en dessous du SMIC, mais vous voyez que, j'allais dire,
01:47 par rapport à la relation au travail, c'est quelque chose d'important.
01:49 Car l'archer reste une journée importante demain à l'Assemblée nationale avec la proposition
01:53 de loi déposée par le groupe Lyot pour abroger la réforme des retraites.
01:57 Vous le savez, la présidente de l'Assemblée nationale devrait retoquer le vote de l'abrogation
02:03 des 64 ans en invoquant l'article 40.
02:06 Déni de démocratie, répond l'opposition, dont certains dans vos rangs, Aurélien Pradié
02:10 de LR, voteraient cette proposition si elle était mise au voix.
02:14 Vous répondez quoi ? C'est un déni de démocratie ?
02:17 Est-ce que c'est finalement qu'un texte aussi important n'ait pas été voté par
02:23 l'Assemblée nationale et seulement par le Sénat, mais pas par l'Assemblée nationale ?
02:25 Est-ce que ça n'est pas un problème démocratique ?
02:27 D'abord, revenons sur le vote.
02:29 Je rappelle que le fait que la motion de censure n'ait pas été votée par l'Assemblée nationale
02:37 donne un texte adopté.
02:39 Et le Sénat l'a voté, donc le texte a été adopté, il a été promulgué.
02:46 Je crois qu'il y a un principe.
02:48 Revenir au lendemain, alors même que les décrets ne sont pas encore sortis,
02:54 revenir sur un texte pour l'abroger, c'est quelque part fragiliser la démocratie parlementaire.
03:00 Quant à l'utilisation de l'article 40 de la Constitution, les parlementaires le savent,
03:07 parfois le déplorent, on ne crée pas de nouvelles charges publiques par la loi, sans
03:14 qu'elles soient, pas simplement compensées, mais prévues.
03:18 Donc l'application de l'article 40, c'est tout simplement l'application de notre Constitution.
03:23 On comprend que vous validez ce que devrait faire demain.
03:27 C'est la Constitution !
03:29 Juste une question avant de passer aux autres questions, à l'immigration notamment,
03:32 parce qu'on voudrait en parler, et notamment des mots d'Edouard Philippe.
03:35 Quels sont les enseignements que vous tirez de ces six mois de crise politique et sociale en France ?
03:39 Je pense que ce qui a vraiment manqué dans cette période, c'est le dialogue, le dialogue préalable.
03:47 Au fond, c'est une marque depuis 2017.
03:51 Le dialogue social, les partenaires sociaux, les corps intermédiaires, l'exécutif ne s'est guère penché sur eux.
04:03 Et je crois que c'est un manque dans un pays qui a besoin, j'allais dire, de partager, de dialoguer, y compris quand on s'oppose.
04:12 C'est pour ça que je pense que le temps est venu de retrouver les principes du dialogue social.
04:19 C'est tout simplement l'article 1er du Code du Travail.
04:22 Il ne peut pas y avoir de projet qui modifie les conditions de travail sans qu'il y ait eu
04:28 une négociation préalable entre les partenaires sociaux et entre les partenaires sociaux.
04:34 Et l'exécutif est naturellement à la demande avec le Parlement.
04:39 C'est dans ce contexte, Dominique Seux en parlait tout à l'heure dans son édito,
04:43 qu'une étude de l'Institut des politiques publiques a été publiée hier.
04:47 Elle montre qu'une infime proportion de ménages ultra-riches bénéficient d'un taux d'imposition particulièrement faible
04:54 par rapport au reste de la population. Les 378 ménages les plus riches de France ne payent que 2% d'impôt sur le revenu.
05:02 En clair, plus votre fortune augmente, moins vous payez d'impôt en proportion.
05:07 Ça vous choque Gérard Larcher ?
05:09 En tous les cas, ça mérite qu'on approfondisse cette étude.
05:11 Je n'ai pas eu le temps de la regarder en profondeur.
05:14 Mais je dois dire que je souhaite que notre commission des finances se penche sur cette étude
05:19 parce que la question de l'égalité devant l'impôt, elle est un des principes, je le rappelle, de la Déclaration universelle de 1789.
05:28 Autant je pense que nous sommes un pays qui, aujourd'hui, a le niveau quasi maximal de prélèvement obligatoire,
05:36 que ceci pose un problème par rapport à notre dynamisme, à l'encouragement au travail et à l'investissement,
05:42 autant l'inéquité, je sais que nos concitoyens la vivent extrêmement mal.
05:46 Mais il y a une inéquité, vous la sentez cette inéquité ?
05:49 En tous les cas...
05:50 Quand vous voyez cette étude où les 370 plus riches des plus riches paieraient 2% sur leur impôt...
05:57 Ça mérite vraiment de le regarder et de se poser aussi d'autres questions que je m'étais posées dans un temps antérieur,
06:02 qui sont les délocalisations fiscales, y compris à l'intérieur de l'Union européenne,
06:08 qui n'est pas sans manquer de poser un principe de fonds.
06:12 Mais ça mérite de regarder tout ça sereinement.
06:16 On a le fonds.
06:17 Le gouvernement a dit non à l'idée d'un ISF vert mis sur la table dans le rapport Pisani-Maffouz
06:25 pour financer le coût colossal de la transition énergétique.
06:30 Vous y seriez favorable à un impôt de ce type qui pourrait ramener 5 milliards d'euros par an et de l'équité ?
06:37 C'est ça aussi l'idée que défendent les deux rapporteurs.
06:41 Écoutez, dans ce pays, quand on a un problème à régler, on crée une nouvelle taxe.
06:45 On crée un nouvel impôt.
06:46 C'est pour les ménages les plus aisés.
06:47 Non, mais je rappelle que nous sommes le pays le plus fiscalisé de l'Union européenne.
06:54 Que nous ayons un traité, les cas à la marge que vous venez d'évoquer, vous parliez de moins de 400 ménages.
07:00 Ça mérite qu'on s'y penche, mais attention à ce réflexe.
07:04 Il y a un problème, il y a un sujet, on le règle par une taxe.
07:07 Venons-en à l'immigration.
07:08 Et cette interview d'Edouard Philippe dans l'Express.
07:10 Il prône un durcissement de la politique migratoire, se prononce pour une immigration choisie et non subie,
07:14 appelle à redéfinir l'AME, l'Aide médicale d'État, et surtout à renégocier l'accord de 68 avec l'Algérie
07:20 qui organise l'entrée et le séjour des Algériens en France, selon des règles dérogatoires au droit commun.
07:24 Vous lui dites quoi ? On pense pareil désormais ? Edouard revient à la maison ?
07:28 Je pense que je n'ai pas entendu ces propos de la part d'Edouard Philippe en 2018,
07:33 alors qu'il proposait un texte pour réguler les flux migratoires.
07:39 Un texte qui n'a eu d'ailleurs aucun effet sur la régulation des flux migratoires.
07:45 Et je me dis pourquoi n'a-t-il pas répondu aux propositions que lui faisait la majorité sénatoriale
07:51 de réguler les flux migratoires par rapport à l'immigration du travail, par rapport au regroupement familial,
07:56 par rapport à l'exercice d'un droit fondamental, mais qui est du droit d'asile, dans quelles conditions...
08:01 Et remettre en cause ce traité de 68 avec l'Algérie, je crois que c'est très difficile juridiquement à faire.
08:08 Diplomatiquement on n'en parle pas, mais...
08:11 55 ans après, les conditions ont changé. Et je pense que ce traité, il faut le réexaminer.
08:18 Et le réexaminer d'une manière sereine, mais le réexaminer est essentiel.
08:24 En effet, il introduit une espèce de discrimination, y compris par rapport à d'autres pays,
08:31 notamment, vous le savez, les conditions dans lesquelles on a une autorisation de long séjour,
08:38 qui est beaucoup plus rapide dans l'Algérie, ou en matière de regroupement familial.
08:43 Je crois que ce traité doit être revisité. Je le dis d'autant plus que j'ai avec l'Algérie
08:50 et le Conseil de la Nation algérienne des relations positives.
08:53 Mais je crois que nos relations avec l'Algérie nécessitent aussi de se dire la vérité.
08:57 - Gérard Larcher, votre parti LR a déposé deux propositions de loi sur l'immigration.
09:02 Gérald Darmanin vous a dit en substance "Chiche, travaillons ensemble puisqu'on est d'accord sur l'essentiel".
09:07 Alors qu'est-ce que vous lui dites ce matin ? On y va, négocions, voyons ce sur quoi on peut se mettre d'accord,
09:13 ou le message c'est "nos propositions sont à prendre ou à laisser". C'est quoi la ligne du parti ?
09:19 - Nous nous voyons speedy donc... - Alors vous lui direz quoi ?
09:21 - Alors vous lui direz quoi Gérald Darmanin ? - Nous nous voyons speedy.
09:25 D'abord, nous avions le 15 mars élaboré un texte au niveau de la commission des lois du SÉDAC
09:34 qui partait des propositions du gouvernement et qui était enrichi d'un certain nombre d'amendements des sénateurs.
09:42 Le 15 mars, l'examen de ce texte a été suspendu. D'ailleurs je le souhaitais,
09:47 je pensais que l'état de tension dans le pays après l'examen du dossier retraite nécessitait que ce sujet soit...
09:54 - De faire une pause ? - Non mais soit examiné d'une manière apaisée.
09:58 Il y a la nécessité d'avoir une vraie politique migratoire. Cette vraie politique migratoire,
10:05 nous en avons besoin pour à la fois maîtriser les flux, les orienter, mais aussi faciliter les politiques d'intégration dans le pays.
10:16 Alors nous avons un certain nombre de sujets majeurs, notamment la question de l'immigration du travail.
10:25 Nous proposons les quotas par la discussion au Parlement. Nous ne sommes pas favorables à l'automaticité en quelque sorte pour les métiers en tension,
10:36 pour une raison très simple. Nous avons un peu plus de 2,8 millions de chômeurs en catégorie A, et parmi eux, 500 000 étrangers.
10:46 À un moment où on parle France Travail, mobilisons-nous d'ailleurs pour reconduire vers le travail ces chômeurs et notamment ces étrangers.
10:57 Ce sera un facteur d'intégration. - Oui mais Gérard Larcher, vous entendez les chefs d'entreprise,
11:00 vous entendez ce qu'ils disent dans la restauration, dans le BTP, dans le secteur agricole, qui c'est qui ramasse les fruits dans les champs aujourd'hui ?
11:07 Qui c'est qui fait tourner les hôtels-restaurants ? Ce n'est pas les Français, ils ne veulent pas le faire.
11:13 - Pas que les Français, tout le monde, et c'est le sens de France Travail. Ce matin au Conseil des ministres, on propose une réorganisation de la gestion
11:23 de la recherche d'emploi, de la préparation retour vers l'emploi. C'est l'occasion de se poser, y a-t-il une fatalité à avoir 5 millions d'hommes et de femmes
11:33 catégories A, B et C, qui sont totalement ou partiellement hors du travail ? Ça doit être notre première priorité.
11:41 - Donc c'est une ligne rouge pour vous ? Vous ne voterez pas un texte s'il y a la titularisation des métiers en tension ?
11:49 Préoccupons-nous de ceux qui sont hors du travail et préoccupons-nous aussi des étrangers en situation régulière qui sont aujourd'hui au chômage ?
11:57 - Du côté du gouvernement, il y a leur ligne rouge, c'est votre proposition constitutionnelle qu'ils jugent irrecevable.
12:05 Vous voulez inscrire dans la constitution la possibilité de déroger aux traités européens sur la question de l'immigration.
12:12 Et sur ça, c'est non, dit Gérald Darmanin, qui vous dit que ça s'appelle un « Frexit migratoire », on ne peut pas sortir des règles européennes.
12:20 Sur ce point, vous lui dites quoi ? Vous allez lui dire quoi tout à l'heure ?
12:24 - Méfions-nous des grands mots « Frexit », moi qui pense que l'Europe c'est important.
12:29 - Mais parfois les grands mots sont justes, donc vous le trouvez faux ou pas ?
12:34 - Je ne suis pas d'accord avec vous, ces mots-là ne sont pas justes. Si nous voyons qu'il existe un certain nombre de points sur lesquels
12:41 nous nous heurtons, je pense à l'extension du regroupement familial, je pense à la procédure d'asile, auquel je suis extrêmement attaché.
12:49 Mais pour que la demande d'asile soit, sauf cas exceptionnel, faite à l'extérieur des frontières,
12:54 eh bien s'il faut bouger la constitution, nous en verrons la nécessité, à la lumière d'ailleurs de la jurisprudence et des observations.
13:03 Voilà pourquoi il était logique que soit déposée en même temps une proposition de loi ordinaire,
13:09 et qu'il y ait en même temps une proposition de loi constitutionnelle.
13:13 On n'ignore pas les conditions dans lesquelles il faut les 3/5e ou un référendum, mais je pense qu'il faut poser les sujets.
13:20 Quels sont les limites ? Aujourd'hui posées par notre adhésion à un certain nombre d'accords, d'autres pays s'en sont exonérés.
13:27 On cite souvent le cas du Danemark, je rencontrais il y a peu son ambassadeur,
13:34 eh bien il faut poser le dossier courageusement et ne pas refaire ce qui a été fait en 2018,
13:41 et je reviens à notre questionnement, à force de ne pas poser les sujets, de ne pas proposer de les régler, on ne risque rien.
13:48 Sauf que la primauté des traités européens, c'est une règle du droit, l'Europe c'est pas à la carte, vous pouvez pas décider de ne pas...
13:55 Un certain nombre de pays ont négocié des dérogations assez importantes.
14:01 Est-ce que vous croyez que les Danois sont anti-européens ? Ce sont des sociodémocrates.
14:05 Non, mais ils ont considéré qu'ils devaient maîtriser leur souveraineté, et la question de la maîtrise de sa souveraineté, eh bien, on l'examinera constitutionnellement.
14:16 - Mais pour ça, il faudra changer la constitution. Ce qui est étonnant, Gérard Larcher, c'est que vous avez vous-même répété maintes et maintes fois, et notamment à ce micro...
14:24 - On ne touche que d'une main tremblante.
14:26 - Une main tremblante à la constitution. On tremble quand il s'agit de la réforme institutionnelle proposée par Emmanuel Macron, là, on ne touche pas à la constitution, ou pour l'IVG, ou pour l'environnement, là, il faut avoir la main tremblante.
14:37 En revanche, pour l'immigration, la main ne tremble plus.
14:39 - Non, la main ne doit pas trembler parce que cette question est aujourd'hui réellement posée au pays, et ma préoccupation aussi, c'est que ça ne soit pas les populistes qui récupèrent ce dossier qui est parfois difficile.
14:52 Allez voir ce qui se passe dans un certain nombre de départements avec les mineurs étrangers, voyez ce qui se passe dans les relocalisations.
15:02 Je pense, je ne crois pas du tout à l'immigration zéro, je crois que nous sommes un pays qui a une tradition d'accueil, mais je pense qu'il faut une politique migratoire, la réguler, avoir des règles, y compris pour réussir l'intégration.
15:15 - Depuis la présentation de vos deux propositions de loi, le Rassemblement national vous accuse de faire du copier-coller low-cost, ils disent que c'est la version "wish" de leur programme, vous savez ce que c'est que la version "wish" ?
15:26 - Oui, oui...
15:27 - Vous savez ce que c'est ?
15:28 - Non...
15:29 - C'est un site internet célèbre pour ses contrefaçons, donc ils vous accusent d'être "wish" ?
15:33 - Ecoutez, moi ce qui me préoccupe...
15:35 - Ils vous accusent aussi, ils parlent aussi de la grande zémorisation des LR.
15:39 - Moi ce que je vois c'est que l'absence de réponse politique, pas simplement sur ce sujet, en matière de sécurité et d'autres sujets, fait que le Rassemblement national il est à 43% dans mon pays.
15:50 - Et moi j'ai envie de le ramener à 2 ou 3%, comme dans d'autres pays, les choses ont été conduites, c'est mon objectif.
15:57 - On passe au Standard Inter où nous attend Christophe, bonjour et bienvenue !
16:01 - Oui, bonjour.
16:03 - On vous écoute !
16:04 - Voilà, pour beaucoup de gens, les LR et la mafia macronienne c'est blanc bonnet, bonnet blanc.
16:10 - Ne pensez-vous pas, monsieur Larcher, que cela finisse de détruire les LR, déjà en décomposition avancée, aux prochaines élections ?
16:18 - Merci Christophe, je vous laisse le terme de mafia, évidemment vous avez le choix des mots au Standard Inter, Gérard Larcher vous répond.
16:27 D'abord que le terme mafia je le récuse totalement, chacun sait que je suis pour une ligne d'autonomie des Républicains,
16:35 mais je ne considère pas les autres partenaires politiques dans une démocratie comme des mafias,
16:41 s'il y a des mafias il faut les dénoncer, il y a des voies de recours, je pense que la ligne de LR doit être une ligne autonome,
16:49 avec comme priorité l'intérêt national, voilà pourquoi sur un sujet, et nous venons d'en parler avec Léa Salamé et Nicolas Demorand,
16:59 la question des politiques migratoires doit être réglée, voilà pourquoi le dossier des retraites il nous paraît devoir être réglé,
17:07 voilà pourquoi sur un autre sujet nous devons conduire notre pays à un retour progressif, à un meilleur équilibre financier,
17:16 3000 milliards de dettes, la dépense publique la plus élevée de l'Union Européenne, ça ne peut pas continuer ainsi.
17:22 Mais quand il vous dit "bonnet blanc" et "blanc bonnet", quelle est votre différence ? Sur la réforme des retraites vous étiez pour,
17:26 la réforme des retraites présentée par Emmanuel Macron, sur l'immigration vous dites que vous êtes d'accord avec l'essentiel de ce que propose Gérald Darmanin,
17:31 quelle est votre différence ?
17:32 D'abord que la réforme des retraites c'est nous qui l'avons proposée, que le gouvernement...
17:35 Oui mais c'est eux qui l'ont fait.
17:36 Attendez, le gouvernement y est venu 4 ans après les propositions du Sénat d'une retraite paramétrique,
17:42 et pardonnez-moi, le Rassemblement National, puisque c'était le sujet aussi, lui était pour le retour plutôt de la retraite à 60 ans, je vous le rappelle.
17:50 Vous voyez que nous sommes différents, nous avons une ligne autonome.
17:52 Oui mais avec Emmanuel Macron, quelle est votre ligne autonome ? Sur des sujets aussi capitaux et aussi centraux aujourd'hui que la réforme des retraites ou que l'immigration, vous êtes quasiment d'accord ?
17:59 Par exemple, je viens de parler de la dépense publique, est-ce que vous croyez que nous sommes sur la même ligne qu'Emmanuel Macron,
18:06 et que nous avons une ligne totalement différente sur la programmation pluriannuelle des finances publiques ?
18:12 Nous voulons ramener en 2027 le déficit du pays en dessous de 2,5%.
18:17 Est-ce que nous avons une même vision, pardonnez-moi, sur le régalien, même sur la politique migratoire ?
18:23 On vient d'évoquer nos différences, est-ce que nous avons la même vision sur la décentralisation ?
18:29 Un des problèmes de France Travail ce matin, c'est qu'en fait on ne fait pas confiance aux régions,
18:33 on ne fait pas confiance au département et on continue à recentraliser la politique.
18:37 Mona est au Standard Inter, bonjour, vous nous appelez de Rennes.
18:41 Oui, bonjour.
18:42 On vous écoute.
18:43 Alors moi je viens, entre guillemets, crier ma colère, ma colère.
18:48 On n'arrête pas de dire que les manifestants, les Français ne sont absolument pas conscients de la situation à propos des retraites.
18:58 Hier, devant le Parlement, une des deux manifestations de Paris s'est arrêtée avec des soufflets qu'on entendait, paraît-il, des rues et des rues plus loin.
19:10 Quand est-ce que vous allez écouter la colère du peuple ?
19:14 Les LR, comme La République En Marche, il ferait temps un petit peu d'ouvrir les yeux et les oreilles.
19:21 Merci Mona pour cette question.
19:23 Quand allez-vous entendre la colère du peuple ?
19:26 Gérard Larcher vous demande, Mona, notre auditrice, réponse.
19:31 Ce n'est pas quand.
19:32 Nous entendons les angoisses, les interrogations et la colère qui s'exprime dans le pays.
19:39 Et en tous les cas, moi, j'y suis attentif.
19:42 Mais le rôle d'un politique, ce n'est pas simplement d'entendre, d'écouter, de suivre.
19:46 C'est aussi d'anticiper.
19:48 Et sauver le système de retraite par répartition, c'était pour moi une priorité.
19:54 En effet, il ne s'agit pas que d'équilibre financier.
19:57 Il s'agit aussi de prendre en compte l'espérance de vie, de donner au Seigneur une perspective après 55 ans.
20:04 Et tous ces sujets-là, je crois qu'il faut parfois, en politique, avoir le courage, y compris de défendre.
20:10 Dans le même ordre d'idées, Marie dit vous entendre défendre un projet dont on sait que les Français sont contre,
20:15 la réforme des retraites, et dire que c'est démocratique.
20:18 Ça n'est plus possible, ça l'a hérisse visiblement.
20:21 Votre réponse, Gérard Larcher ?
20:23 Je respecte tout simplement des procédures constitutionnelles.
20:26 Le président de la République a proposé avec le gouvernement une réforme.
20:32 Le Parlement l'a examinée.
20:34 Il n'y aura pas de séquelles dans le pays de cette séquence ?
20:37 Ce que je regrette, c'est que l'Assemblée nationale n'ait examiné que deux articles sur vingt, à la différence du Sénat.
20:42 Bien sûr qu'il va falloir tirer les conséquences.
20:45 Vous savez, je crois qu'on n'a pas totalement tiré les conséquences de la crise des Gilets jaunes.
20:51 Il va falloir savoir ce qui se passait dans ce pays.
20:54 Il va d'ailleurs falloir qu'on fasse très attention, y compris pour des bons motifs,
20:57 comme le climat, sur les zones à forte émission et leur réduction,
21:04 sur la question des logements qui, progressivement, F&G, vont être sortis du secteur locatif.
21:10 Il faut qu'on tire les conséquences de tout ça.
21:13 Et sur le Covid, nous n'avons pas tiré les conséquences.
21:16 Bien sûr, les retraites, nous devrons aussi analyser.
21:19 Comme je disais tout à l'heure, ce qui manquait dans ce pays, c'est un niveau de dialogue, qui me paraît insuffisant.
21:23 En Espagne, Pedro Sánchez, le Premier ministre socialiste, qui a perdu aux élections locales il y a un mois,
21:29 a décidé de dire "très bien, je dissous le Parlement, on convoque des élections législatives anticipées".
21:34 Est-ce qu'Emmanuel Macron ne devrait pas faire la même chose ?
21:36 Ça lui appartient, cette décision.
21:37 Et quel est votre avis ?
21:38 Ça lui appartient, cette décision. Il doit en mesurer les conséquences.
21:43 Et d'ailleurs, avant de prendre cette décision, il doit, c'est une obligation, consulter les présidents des deux champs.
21:51 Et vous lui diriez quoi si vous consultez ?
21:53 Je pense personnellement, aujourd'hui, qu'il y a un risque politique majeur à la dissolution.
21:59 Mais il y a un moment...
22:00 Quel est le risque politique ?
22:01 Il y a un moment où, sans aucun doute, si la situation continuait à être aussi difficile,
22:07 je ne vois pas d'autre retour possible dans une démocratie que le retour en direction du peuple.
22:14 Mais d'ici là, en nous donnant pour ligne notre autonomie, l'intérêt du pays, je crois qu'on peut continuer à avancer.
22:21 Nous avons des textes comme la loi de programmation militaire dans les semaines qui viennent.
22:25 Nous avons des textes comme l'industrie verte.
22:27 Tout ceci dans l'intérêt du pays. Il faut que nous les fassions avancer.
22:31 C'est à mon avis essentiel et la priorité.
22:34 Que pensez-vous du concept utilisé par Emmanuel Macron,
22:39 concept de décivilisation pour caractériser un certain état de la France ?
22:43 A-t-il eu raison de l'employer ?
22:45 Écoutez, il y a d'abord eu une polémique sur l'origine de ce mot.
22:48 Je crois que maintenant, tout le monde est un peu revenu à la raison.
22:52 Et que Jérôme Fourquet a rappelé que c'était un philosophe d'origine allemande
23:01 qui avait réfléchi à ce qui s'était passé au moment de la montée du nazisme.
23:07 Je vois en tous les cas que la perte du collectif, que la montée de la violence,
23:12 les replis communautaristes, tout ceci nous conduit à cette violence
23:19 et quelque part à la perte des repères collectifs que nous avions,
23:22 aux valeurs de la République, qui est fait aussi de fraternité.
23:26 Et la perte de civilisation, c'est la perte de la fraternité.
23:29 - Merci Gérard Larcher d'avoir été à notre micro ce matin.