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Le climatologue Jean Jouzel et le député européen Renew Europe Pascal Canfin étaient les invités du Grand Entretien ce lundi à l'occasion de la présentation de la planification écologique par Emmanuel Macron. "J'espère que cette fois sera la bonne", souligne Jean Jouzel. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-25-septembre-2023-8493410

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00:00 Deux invités dans le grand entretien du 7-10, ce matin le premier est climatologue, ancien
00:05 vice-président du GIEC, le second, eurodéputé Rignou, président de la commission Environnement,
00:11 Santé Publique, Sécurité Alimentaire au Parlement Européen.
00:14 J'attends avec léa vos questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de
00:21 France Inter.
00:22 Jean, Jouzel, Pascal Canfin, bonjour !
00:25 Bonjour !
00:26 Et merci d'être à ce micro au lendemain de l'interview télévisée d'Emmanuel Macron
00:31 et alors que le président de la République doit annoncer aujourd'hui le grand plan de
00:35 transition écologique.
00:36 Hier soir, Emmanuel Macron a fixé en quelque sorte les paramètres du sujet, la philosophie
00:42 générale.
00:43 Nous avons un chemin qui est celui de l'écologie à la française, une écologie de progrès
00:48 qui n'est ni le déni, ni la cure qui consiste à dire « ça va être un massacre ». Comment
00:55 avez-vous reçu ces mots du président Jean Jouzel ?
00:58 Sont-ils les bons ?
00:59 Sont-ils à la hauteur du moment et de la crise climatique ?
01:03 Alors la crise climatique, bonjour à tous et à toutes.
01:06 La crise climatique, eh bien là je crois qu'il faut rappeler que ce dont on a parlé
01:11 hier, eh bien c'est d'une urgence qui s'appuie sur un constat de notre communauté scientifique.
01:16 On a deux fois trop d'émissions à l'horizon 2030 à l'échelle planétaire.
01:20 Si on veut tout simplement que les jeunes d'aujourd'hui puissent s'adapter aux conditions
01:25 climatiques qu'ils connaîtront dans la deuxième partie de ce siècle, limitées
01:28 à moins de 2 degrés, 1 degré 5.
01:30 Donc ça s'appuie quand même sur un constat de notre communauté.
01:34 Comment j'ai perçu les annonces d'Emmanuel Macron ?
01:37 Eh bien voilà, j'espère toujours à chaque fois que cette fois ce sera la bonne.
01:44 Mais j'espère ne pas être déçu pour la troisième fois.
01:47 Pourquoi ? Vous avez été déçu deux fois déjà ?
01:49 Oui quand même, le Grenelle de l'environnement.
01:51 J'étais en charge avec Nicolas Stern des aspects climat-énergie.
01:55 Nous avions sous notre responsabilité bâtiment urbanisme, mobilité et énergie.
02:00 Donc c'était l'ensemble des facteurs qui contribuent aux émissions de gaz à effet
02:05 de serre.
02:06 C'était très bien parti.
02:07 C'était vraiment assez formidable cette dynamique du Grenelle de l'environnement.
02:10 Et puis Nicolas Sarkozy l'a abandonné en race campagne.
02:14 On a parlé par exemple du frais de ferroviaire.
02:17 Il y avait un espoir sur le frais de ferroviaire.
02:18 Il y en a moins maintenant qu'il y a 15 ans.
02:21 Ensuite, la Convention citoyenne sur le climat.
02:26 Moi j'y suis plongé en tant que membre du comité de gouvernance.
02:29 Donc voilà, je l'ai vécu de l'intérieur.
02:31 C'était vraiment très pertinent, très ambitieux.
02:37 Mais à la fin, seuls 20% de ces recommandations ont été prises en compte.
02:43 - Pascal Canfin, on attend les détails du grand plan de planification écologique ce
02:49 soir d'Emmanuel Macron.
02:50 Est-ce qu'il va décevoir une troisième fois Jean Jouzel ?
02:52 - D'abord le premier qui l'a déçu c'est Nicolas Sarkozy, ce n'est pas Emmanuel Macron.
02:58 - Oui, vous avez raison.
02:59 - Je vous laisse faire l'équation.
03:02 - Le dernier en date était Emmanuel Macron.
03:04 - Absolument.
03:05 La planification écologique, qu'est-ce que c'est d'abord ?
03:08 C'est l'organisation collective de la transition pour aller vers une France, une Europe, zéro
03:14 carbone, neutre en carbone.
03:16 C'est l'équation qu'on s'est fixée, on se l'est fixée sur la base des analyses
03:21 des climatologues et des scientifiques.
03:22 Et ensuite on le décline secteur par secteur.
03:25 La bonne nouvelle, c'est que maintenant on a toutes les technologies, tous les savoir-faire
03:31 pour y arriver.
03:32 On sait faire de la sobriété, on sait faire de l'efficacité, on sait faire de l'énergie
03:36 décarbonée au nucléaire ou renouvelable.
03:37 On sait faire des maisons à énergie positive, on sait faire de l'hydrogène bas carbone,
03:42 etc.
03:43 On sait marcher, on sait faire des vélos, etc.
03:44 Tout ça, on sait le faire.
03:46 Et donc l'enjeu, ce n'est pas des ruptures technologiques dans 10 ans ou 15 ans, c'est
03:51 de planifier, d'organiser la transformation que ça représente à grande échelle, à
03:56 la fois pour nos entreprises et pour les Français.
03:59 Et on est aujourd'hui complètement dans cette bataille, à la fois en France et en
04:03 Europe, puisque évidemment les leviers sont parfois nationaux, parfois européens.
04:07 Ça c'est pour le contexte.
04:08 Maintenant, est-ce que sur ce qui va être annoncé ce soir, vous avez raison de le dire,
04:13 c'est la première fois qu'on a une vraie planification écologique ?
04:16 On est les seuls en Europe à avoir une première ministre en charge de la planification écologique.
04:20 L'exercice qui a été fait par le secrétariat général à la planification écologique,
04:24 là aussi on est les seuls en Europe à l'avoir, est totalement inédit.
04:27 Et le financement, parce que c'est le nerf de la guerre, les 7 milliards supplémentaires
04:32 qui fait que maintenant on arrive à un seuil de 40 milliards par an pour la transition
04:35 écologique.
04:36 Vous le savez, vous avez lu le rapport Pisani-Maflouz, il faudrait 66 milliards par an.
04:42 On est à 40 milliards sur le budget.
04:43 Je ne veux pas faire trop de rin-technique, mais puisque vous l'avez lu aussi, j'imagine,
04:48 très bien, vous savez que le rapport de Jean-Pizani-Ferri dit 66 milliards publics et privés.
04:54 Publics et privés.
04:56 Ce que je vous dis là, c'est uniquement le budget de l'État.
04:59 D'accord ? Donc heureusement que pour nos impôts, que l'ensemble des investissements
05:04 dans la transition écologique, ce n'est pas uniquement le budget de l'État.
05:07 Donc au contraire, au contraire, avec ces 7 milliards de plus annoncés par Elisabeth
05:11 Borne avant l'été, on est enfin, et pour la première fois, et Jean a raison, pour
05:16 la première fois, on est au bon niveau de financement.
05:19 Alors, Jean-Joseph, vous entendez, vous ne serez pas déçu ce soir.
05:22 Si on n'écoute pas Pascal Canfin.
05:23 Oui d'abord, j'ai salué la mise en place du secrétariat général à la planification
05:29 écologique.
05:30 Voilà, mais je suis très en phase avec les objectifs, mais il faut une planification
05:35 des objectifs, mais il faut aussi une planification des moyens.
05:37 Il n'y a pas de planification, enfin disons pluriannuelle, de ces moyens de soutien.
05:43 Ça c'est d'abord un premier point.
05:44 Le deuxième point, je comprends la présentation qui est faite par rapport au rapport Pisaniferi.
05:49 C'est vrai qu'il y a publics privés, mais surtout, moi, ce qui m'a un peu interrogé,
05:54 c'est qu'il y a l'État, enfin tel que je l'ai compris d'après une présentation
05:58 du ministre Roland Lescure, compte beaucoup sur les collectivités, sur les régions.
06:02 Les deux tiers de l'argent public vient de ces collectivités.
06:05 Et là, le problème qui se pose par exemple, il va y avoir une charge assez lourde.
06:10 Quand on parle d'adaptation, on n'en parle pas beaucoup, même si le plan d'adaptation
06:13 va sortir, le troisième plan va sortir rapidement.
06:15 Comment les régions, comment les collectivités vont-elles assumer cette part qu'on leur
06:19 demande d'assumer dans le financement public et puis aussi dans la lutte contre le réchauffement
06:25 climatique et cette part de l'adaptation qui peut être lourde dans certaines régions.
06:30 Et ça, c'est la question que je me pose, surtout le manque de visibilité.
06:33 De moyens pour les collectivités, de visibilité pour les collectivités locales.
06:36 Alors, Pascal Canfin, je peux répondre là-dessus.
06:38 D'abord, actons le fait que pour la première fois, le budget de l'État sera au niveau
06:45 de ce qui est nécessaire pour tenir nos engagements climatiques.
06:49 C'est inédit, c'est historique et on est très peu en Europe à le faire.
06:53 Et je pense que ça lui oncle la...
06:55 - Jean-Joseph n'est pas d'accord avec vous.
06:56 - Si, si, si, non, je me souviens simplement d'une chose parce que je souhaite le dire
07:00 sublime.
07:01 Les 7 milliards, c'est ce que réclame Monique Alloylo qui n'a jamais eu.
07:04 - Ok, on est d'accord.
07:06 - Aucun problème, on va refaire l'histoire.
07:08 Ça veut dire que ça y est, c'est fait.
07:10 Bon, actons-le et soulignons cela.
07:13 Parce que si on ne le souligne pas, on passe à côté d'un élément essentiel.
07:17 7 milliards, c'est pas rien.
07:18 Deuxièmement, ce qu'on veut c'est mobiliser d'abord les entreprises, les investissements
07:24 des entreprises.
07:25 C'est pour ça qu'on change toutes les règles du jeu par les voitures.
07:30 Le président en a reparlé hier.
07:32 Massivement on accélère dans l'électrification et le zéro émission, ce qui n'avait jamais
07:37 été fait avant.
07:38 Autre exemple.
07:39 - J'adore la bagnole.
07:40 Ça vous a plu d'entendre ça, Pascal Canfin ? Il a fait un plaidoyer pour la voiture,
07:44 pour la bagnole.
07:45 Il a dit la bagnole.
07:46 - Pourquoi ?
07:47 - Parce qu'il est un putain de zut.
07:48 - Vous avez raison.
07:49 Parce qu'aujourd'hui, on a le risque d'avoir deux France.
07:51 La France qui trouve que ça ne va jamais assez vite, et c'est en gros la France qui
07:56 écoute France Inter.
07:57 Et puis la France qui…
07:58 - Bon, ça je vous mets à l'aise.
07:59 Il y a des gens qui adorent la bagnole et qui écoutent France Inter.
08:03 Et même qui roule en diesel.
08:05 - Je savais que ça vous ferait réagir.
08:08 Et la France qui trouve que ça va déjà un peu trop vite.
08:13 Un peu trop vite sur le fait que demain matin, on n'a plus le droit de louer un appartement
08:18 qui n'a pas été rénové et qui est en étiquette F&G.
08:20 Je rappelle que c'était un engagement de la Convention citoyenne qu'on est les
08:24 seuls en Europe à le faire.
08:25 Et la France qui trouve que l'électromobilité, la voiture électrique, ce n'est pas trop
08:29 pour eux, etc.
08:30 Donc nous, en tant que responsables politiques, on doit piloter la transition écologique
08:36 avec ces deux France.
08:37 La France qui trouve que ça va trop vite, et la France qui trouve que ça ne va pas
08:41 assez vite.
08:42 Et si on fracture, et je sais que l'extrême droite va chercher à appuyer, appuyer, appuyer
08:48 sur cette fracture.
08:49 Si on fracture la société sur ce sujet, on a tout perdu.
08:51 - Jean Josel, sur ce point ?
08:53 - Oui, sur ce point de la voiture, deux recommandations des citoyens par rapport à la voiture.
08:58 Cette limitation à 110 km/h sur autoroute qui a été mise de côté par le président
09:04 Macron.
09:05 Je reconnais que c'était à la sortie du mouvement des gilets jaunes, mais j'aurais
09:08 aimé qu'il soit rappelé de temps en temps que cette mesure serait saine.
09:12 Pas une contrainte, mais simplement une incitation à limiter la vitesse.
09:16 Ensuite, le poids des véhicules.
09:18 La proposition de surtaxation des citoyens, c'était au-delà d'une tonne 8, c'est au-delà
09:23 d'une tonne 2.
09:24 Alors je pense qu'on va passer au-delà d'une tonne 6, mais il faut absolument quand même
09:28 que nos concitoyens comprennent que plus la voiture est lourde, plus elle émet, plus
09:32 elle utilise d'énergie, qu'elle soit thermique ou électrique.
09:36 Il y a quand même au cœur de la voiture, disons, parler de la voiture de la façon
09:40 dont le président en a parlé, de façon je dirais magnifique, ça pose quand même des
09:45 questions par rapport à ce dont nous parlons aujourd'hui.
09:48 Comment va-t-on atteindre la neutralité carbone dans le transport ? Ce n'est pas facile.
09:52 Le gouvernement refuse de parler d'une écologie de contrainte, mais préfère l'écologie
09:57 du contrat.
09:58 Il parle d'efforts justes et pas d'écologie punitive.
10:02 Les mots sont très bien choisis.
10:03 Mais peut-on encore, Jean Jouzel, changer les choses sans contrainte ?
10:08 Alors sans contrainte, oui, on voit bien que ça va être difficile.
10:15 C'est aussi ce que dit le rapport Fusani-Ferry-Mafouz, c'est-à-dire que la transition elle-même
10:20 va être difficile, ça demande des contraintes.
10:22 C'est quand même écrit, ça demande des efforts.
10:24 Une organisation, ça demande effectivement de la sobriété, et la sobriété on en parle,
10:29 mais pas si facile à mettre en place.
10:31 Ce qui m'interroge actuellement, c'est qu'on a fait beaucoup, on a fait pas mal sur la
10:35 mobilité, sur les transports en commun, sur l'isolation des bâtiments.
10:39 Et ce que dit Patrick Pouyanné quand je le rends compte, c'est que les émissions sont
10:44 en train d'augmenter en France.
10:45 C'est-à-dire que même si on fait beaucoup, même si on a fait beaucoup, les émissions
10:50 continuent.
10:51 Notre utilisation des fossiles l'an dernier a continué à augmenter.
10:54 Et ça c'est quand même une question.
10:56 C'est-à-dire qu'il ne faut pas simplement faire des choses, il faut aussi regarder le
11:00 mode de fonctionnement de société, se poser des questions sur ce que l'on fait.
11:04 Et c'est peut-être ce qui a manqué quand même au discours d'Emmanuel Macron hier.
11:08 Donc c'est ce que je veux dire.
11:09 Mais ça c'est la faute du gouvernement, d'Emmanuel Macron, c'est la faute des Français
11:13 tout simplement si les émissions augmentent.
11:15 Non, bien sûr, mais alors ça oui, on est tous concernés, y compris moi-même, je le
11:21 dis bien sûr.
11:22 Mais comment entraîne-t-on un pays vers cette neutralité carbone ? Ça va pas être si
11:26 simple, il faut un récit.
11:27 Comment les entraîne-t-on ? Comment fait-on adhérer ? Comment le président peut-il faire
11:31 adhérer en disant en début d'année, eh bien, je ne sais pas ce qu'il pouvait prévoir
11:38 que ce réchauffement climatique et des choses comme ça.
11:41 Alors que dans son livre Révolution, il dit, il y a aussi tant qu'il croyait.
11:45 Non mais c'est tout ça quand même.
11:46 Il faut un récit, une adhésion.
11:48 Comment fait-on adhésion ?
11:49 Vous entendez la critique sur le fond Jean-Joselle, c'est qu'il n'y a pas de cap, pas de vision,
11:52 pas de récit.
11:53 Qu'en porte une population.
11:54 Et que le plaidoyer pour la bagnole hier n'est pas dans le bon sens.
11:57 Léa Salamé, je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais il y a des millions de français
12:01 qui ne peuvent pas se passer de leur voiture.
12:03 Mais on est tous d'accord.
12:04 Mais alors où est le problème ? En quoi le fait de dire que aimer la voiture, comme
12:09 par ailleurs on fait des RER métropolitains, qu'on par ailleurs on investit 100 milliards
12:13 dans le train, qu'on par ailleurs on a un plan vélo qu'aucun gouvernement précédent
12:16 n'avait fait à des niveaux de financement inégalés.
12:18 En quoi le fait de dire, la voiture c'est aussi un moyen de se déplacer qui est noble
12:25 et il n'y a pas de mépris vis-à-vis des gens qui sont dépendants de leur voiture
12:30 et au contraire ce qu'on veut faire aujourd'hui c'est leur laisser la possibilité de passer
12:33 au zéro émission et de ne plus être dépendant de la variation des prix du carburant décidés
12:38 par l'Arabie Saoudite ou les Etats-Unis.
12:40 C'est ça la souveraineté.
12:42 Et s'il y a un mot, si on doit définir l'écologie du gouvernement avec deux mots clés, deux
12:47 adjectifs clés.
12:48 Le premier c'est souveraineté.
12:49 C'est une écologie souveraine.
12:51 Si on ne produit pas chez nous les énergies renouvelables, le nucléaire, l'hydrogène
12:57 décarboné, les voitures, les batteries.
12:58 Si on ne produit pas chez nous, on sortira de l'histoire.
13:01 Et ce seront les Américains et les Chinois qui le feront.
13:04 Et quand je dis chez nous c'est en France et en Europe.
13:05 Et le deuxième mot c'est accessible.
13:07 Si on crée des contraintes mais que les solutions ne sont pas là, on perd la société.
13:11 Et c'est ça le logiciel que l'on défend et qu'on met en place.
13:14 - Jean Jouzel, oui.
13:15 - Oui, bien sûr qu'il faut.
13:17 Là je suis complètement en phase avec Pascal Canfin.
13:19 Il faut produire chez nous.
13:20 Cette souveraineté, en particulier en termes d'énergie, est extrêmement importante.
13:26 C'est clair.
13:27 Donc là nous partageons, je crois.
13:28 Mais rappelez que 110 km/h et puis des voitures légères, ce ne serait pas si mal.
13:35 Ça aurait quand même été peut-être très utile.
13:37 - On passe au standard.
13:38 On nous attend Christian.
13:39 Bonjour Christian, vous nous appelez d'Auvergne.
13:42 - Oui, bonjour.
13:43 Écoutez, moi j'aurais voulu simplement dire qu'il me semble que tout ne peut pas être
13:48 décidé par l'État et surtout par un président qui cache en même temps l'incapacité à
13:52 choisir.
13:53 Et donc je pense qu'il faudrait arrêter d'assécher les finances locales pour leur
13:59 laisser des moyens d'initiative.
14:00 Toutes les situations sont très différentes.
14:02 Et je me dis que, par exemple, puisqu'on parle de bagnole, avoir des voitures effectivement
14:06 dans une région rurale comme la mienne, c'est indispensable.
14:08 Mais encore faut-il qu'il y ait les moyens peut-être d'aider à fournir son électricité
14:14 par soi-même.
14:15 Que les régions puissent avoir les moyens d'aider les gens localement.
14:18 - Donc laisser la main au terrain, c'est ça ce que vous dites ?
14:20 - Un petit peu plus, je pense.
14:21 Il faut arrêter de vouloir tout gouverner.
14:23 - Merci, "Gouverner par le sommet".
14:25 Merci Christian.
14:26 Pascal Canford.
14:27 - C'est pour ça que l'on va faire des COP territoriales, régionales, pour trouver
14:34 les meilleurs leviers territoriaux.
14:37 Parce que vous avez raison, les Hauts-de-France, c'est pas l'Auvergne.
14:40 Donc il y a des solutions qui sont locales, qui doivent émerger du terrain.
14:44 L'organisation collective, ça passe par la négociation.
14:48 C'est pour ça qu'on territorialise.
14:50 Et c'est pour ça que Christophe Béchut est en charge de la territorialisation de
14:54 la planification écologique.
14:56 Donc quand l'État ne fait pas, on lui reproche de ne pas le faire.
14:59 Et quand l'État fait, on dit "ah mais en fait c'est pas l'État, c'est les collectivités
15:02 locales".
15:03 Non, en fait la réalité c'est qu'il faut faire les deux.
15:04 Donc l'État a pris ses responsabilités.
15:07 L'exercice de planification est absolument inédit et assez exceptionnel, je dois dire
15:11 dans sa granularité, dans son détail.
15:12 Il est financé, je le rappelle, parce que plus personne ne nous pose la question des
15:17 moyens.
15:18 Si nous n'avions pas annoncé les 7 milliards de plus, vous seriez les premiers et vous
15:20 auriez raison à nous dire "oui tout ça c'est bien beau, mais où est l'argent ?"
15:23 L'argent il est là.
15:24 Et c'est la première fois qu'il est là.
15:26 Et Jean Jouzel rappelait la nécessité de se projeter dans le temps, d'avoir une loi
15:30 de programmation climat.
15:31 Moi je pense que c'est nécessaire et j'espère que ça fait partie des annonces que le président
15:35 de la République s'en va faire aujourd'hui.
15:36 Oui, je pense qu'il faudrait donner des ressources alimentaires aux régions justement.
15:42 J'avais émis l'idée d'une taxe carbone qui soit utilisée au niveau des régions
15:46 pour des initiatives, des investissements extrêmement marqués en termes de bâtiments,
15:56 urbanisme, mobilité.
15:57 Je crois que ça motiverait un peu, effectivement, ça rendrait plus dynamique cette mise en
16:03 œuvre.
16:04 Si les régions étaient directement concernées aussi par un petit peu, disons, les ressources,
16:09 cette transition serait peut-être facilitée si elle était vraiment conduite au niveau
16:13 régional, au niveau des grandes régions.
16:15 Didier nous appelle d'Angers et veut, je crois, un complément d'information.
16:18 Bonjour Didier.
16:19 Oui bonjour, écoutez, j'en ai une couche à propos de la vitesse sur l'autoroute à
16:23 ramener à 110 km/h et sur les nationales à 80 km/h.
16:27 Le résultat est simple, c'est 110, ça fait presque 20% de consommation en moins.
16:33 Donc au niveau des émissions de CO2, au niveau du coût pour l'usager, la vitesse sur les
16:40 routes départementales c'est pareil, ça permettrait peut-être de redonner à vraiment
16:45 les personnes qui en ont besoin.
16:46 Et pourquoi on ne l'a pas fait ? C'était la question que vous vouliez…
16:49 Pourquoi on ne peut pas avoir le courage de le faire et de se mettre le monde à dos comme
16:53 l'a dit Yael Ghos dans sa chronique.
16:56 Merci Didier.
16:57 Juste une dernière chose.
16:58 Oui, dites-moi.
16:59 Le remplacement de la voiture thermique par la voiture électrique n'est autre chose
17:03 que le remplacement d'un excès par un autre excès.
17:05 Le premier, on n'a jamais su évaluer ce qui nous est arrivé avec cet excès.
17:10 Et le deuxième, c'est la même chose.
17:12 Merci Didier pour cette intervention.
17:14 Pascal Canfin, pourquoi on n'a pas fait le 110 km/h ?
17:17 Tout simplement parce que les responsables politiques pensent que c'est une mesure
17:21 très impopulaire.
17:22 Moi, je propose de trancher la question simplement par un référendum de manière collective,
17:30 c'est-à-dire pas une seule question, mais plusieurs questions le même jour.
17:33 Ce qu'on appelle des référendums à questions multiples.
17:35 Le président de la République tourne autour de cette idée depuis maintenant plusieurs
17:39 années en disant « comment je peux redonner la parole au peuple pour trancher ce type
17:43 de question sans transformer le référendum en plébiscite en disant à la fin je ne vote
17:49 plus pour les 110 ou pas les 110, je vote pour Macron ou contre Macron ». Il faut
17:52 poser plusieurs questions.
17:53 Comme ça on peut être à la fois contre les 110 mais pour l'autre proposition du
17:57 gouvernement etc.
17:58 Ça fait 3-4 questions.
17:59 Je pense que c'est le moment sur l'écologie.
18:01 Jean Jouzel, tranchez ça par référendum.
18:02 Oui, enfin pour moi, disons, l'imposer aurait été difficile, je le comprends, l'encourager
18:08 serait souhaitable.
18:09 C'est très clair pour moi.
18:10 Une question sur la petite musique européenne qu'on entend ces derniers temps.
18:14 Vous avez entendu Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
18:16 qui semble dire, elle a défendu le Green Deal mais à Mezzo-Voce, on a l'écologie
18:23 honteuse un tout petit peu en ce moment en Europe.
18:25 Et Emmanuel Macron qui a dit également il y a quelques semaines, il faut faire une pause
18:29 dans les normes environnementales.
18:31 Comment vous avez reçu ça Jean Jouzel ?
18:33 De façon un peu négative.
18:34 C'est-à-dire que moi je pense que c'est une chance pour l'Europe, pour le dynamisme
18:37 de l'Europe que de prendre le leadership de cette transition écologique.
18:42 Parce qu'il faut bien comprendre que cette transition elle se fera.
18:44 La neutralité carbone il faudra bien l'atteindre un jour.
18:47 Parce que sans ça c'est accepter implicitement que le réchauffement se poursuive indéfiniment.
18:52 Donc c'est quand même assez inacceptable.
18:54 Je crois que ce sont les secteurs d'activité, le continent, la force qui y va, le premier
19:04 qui gagnera économiquement.
19:05 Alors c'est difficile dans le court terme, c'est vrai.
19:07 Mais à moyen et long terme c'est vraiment une chance pour l'Europe et pour nos entreprises
19:11 également, pour nos jeunes.
19:12 Voilà, c'est ça le dynamisme de l'Europe que je souhaite mettre en avant.
19:15 Une question sur l'application.
19:17 Frédéric, n'est-il pas paradoxal de voir que les dirigeants font l'inverse de ce qu'il
19:21 faut faire pour la transition écologique, notamment pour l'essence ?
19:24 Ils font tout pour qu'on en consomme plus.
19:26 Emmanuel Macron a annoncé hier un chèque carburant de 100 euros pour les Français qui
19:30 gagnent le moins mais doivent rouler pour travailler.
19:34 L'essence également a pris coûtant.
19:36 C'est un arbitrage qui a été fait.
19:38 Pascal Canfin, que répondez-vous à notre auditeur ?
19:40 Justement, regardons la séquence.
19:43 Quand on a contrevenu la crise vraiment massive sur le prix des carburants avec l'invasion
19:49 de l'Ukraine par la Russie, tous les pays européens, sans exception, quelle que soit
19:54 la couleur politique du gouvernement, ont adopté des mesures qui consistaient à créer
19:58 un coussin budgétaire pour faire en sorte que les Français puissent supporter tout
20:04 d'un coup le choc sur l'énergie.
20:05 Les carburants, l'électricité, le gaz, etc.
20:07 On l'a fait comme les autres, plutôt même plus que les autres.
20:10 Mais on arrête exactement pour des raisons écologiques.
20:14 C'est-à-dire que cette politique, elle ne peut avoir qu'un temps.
20:17 Et il faut que les Français l'entendent.
20:18 Elle ne peut avoir qu'un temps, à la fois pour des raisons écologiques et budgétaires.
20:21 Et donc ce qu'on fait, c'est ce qui a été rappelé par le président de la République
20:25 hier, c'est quelque chose de très ciblé.
20:26 Ciblé sur les ménages qui ont les revenus les plus faibles et les dépenses de carburant
20:32 contraintes les plus élevées, à savoir le temps domicile-travail le plus élevé.
20:35 Voilà, ça c'est la bonne façon de faire.
20:38 On n'arrose pas tout le monde, ce qui est insoutenable sur le plan climatique et financier,
20:42 mais on aide et on accompagne les Français qui en ont vraiment besoin.
20:44 Dernière question à vous Jean-Jouzel.
20:46 Vous avez marqué la rentrée économique il y a quelques semaines en étant au MEDEF,
20:50 en intervenant dans un débat notamment avec Patrick Pouyanné, le patron de Total.
20:53 Et vous avez ensuite, vous vous êtes laissé aller à un lamento dans les échos en disant
20:58 "j'ai décrit les choses telles qu'elles sont" face à un parteur de chef d'entreprise.
21:02 Et j'ai reçu un accueil glacial et vous avez terminé en disant "à la fin j'en
21:05 ai marre".
21:06 Vous en avez vraiment marre ? Parce que si vous, vous en avez marre, c'est foutu quoi !
21:09 Non mais ce qui m'a marqué, ce n'est pas tellement la réaction de Patrick Pouyanné
21:13 qui est tout à fait dans son histoire forcément, mais c'est effectivement le fait que les
21:20 chefs d'entreprise ou ces entrepreneurs qui étaient là ont applaudi de façon très
21:24 claire cette idée qu'il fallait aller lentement.
21:27 Et ça aller lentement, c'est implicitement accepter qu'on ira vers 4 degrés en France
21:31 et ce sera très difficile.
21:32 C'est justement contre ça qu'il faut lutter, c'est ce dynamisme.
21:36 Mais vous n'en avez pas marre, rassurez-nous.
21:39 Non, je suis ici avec grand plaisir et je vais continuer à essayer de se plaidoyer.
21:45 Je crois qu'on est en phase avec quelqu'un comme Pascal Canfin depuis assez longtemps
21:48 sur cette idée que la transition est extrêmement importante et j'espère ne pas être déçu
21:51 cette fois, tout simplement.
21:53 Merci à tous les deux, Pascal Canfin et Jean Jouzel d'avoir été au micro d'Inter

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