• il y a 10 mois
A près de trois mois des élections européennes qui se tiendront entre les 6 et le 9 juin prochains, le groupe de la majorité « Renaissance » n’a toujours pas déclaré sa tête de liste. Récemment, l’exécutif a fait savoir que le nom devrait être dévoilé avant le 9 mars, date du premier grand meeting qui se tiendra au Grand Palais de Lille et qui lancera officiellement la campagne européenne du camp présidentiel. Pour l’heure, la liste du Front National, portée par Jordan Bardella, caracole en tête des sondages. Il a récemment été rejoint par Fabrice Leggeri, ancien directeur de l’agence européenne Frontex. « Le patron de Frontex est parti car il y avait malversation. Toutes les enquêtes qui ont été menées depuis, montrent que c’était vrai », commente Pascal Canfin, député européen Renaissance, invité des 4 Vérités le vendredi 23 février, sur France 2. « Nous allons mener cette bataille contre le Rassemblement national. On est à la croisée des chemins : soit on construit une capacité à peser sur les affaires du monde, soit on se fragmente de l’intérieur. C’est ça le grand enjeu », précise l’élu. 


Le traditionnel Salon de l’agriculture s’ouvre samedi 24 février à Paris. Afin de faire retomber la colère du monde agricole, le président de la République, Emmanuel Macron organisera un grand débat avec l’ensemble des acteurs. De son côté, la FNSEA a menacé de ne pas y participer si le groupe Soulèvement de la terre était invité. « Les soulèvements de la Terre ne sont pas invités. En revanche, toutes les ONG environnementales, y compris celles qui sont très critiques vis-à-vis de la FNSEA le seront. On a besoin de mettre tout le monde autour de la table, de dépolariser et de sortir des postures pour réinventer le modèle agricole français », assure Pascal Canfin. Les agriculteurs sont particulièrement méfiants vis-à-vis des mesures prises dans le cadre du pacte vert, un pacte européen qui vise à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre. « Les agriculteurs savent très bien ce qu’ils doivent à l’Europe. Le premier budget de l’Europe, c’est la PAC. C’est colossal. Sans ce budget, ils iraient infiniment moins bien », estime le député. 




Ukraine, deux ans de guerre


Après deux ans de guerre en Ukraine, que peut faire l’Europe ? « Si nous n’avions pas réagi de manière unie et forte, y compris sur le plan militaire et financier, la situation serait encore bien pire qu’elle ne l’est aujourd’hui. (…) Il faut continuer à être solidaire avec les Ukrainiens, et continuer à bâtir une Europe Puissance. C’est ça l’enjeu des prochaines élections », souligne Pascal Canfin. Il l’assure : « On ne travaille pas avec les groupes politiques anti-européens. (…) On travaille avec une partie de la droite, le centre, et une partie de la gauche. C’est comme ça que l'on a toujours fait et c’est ça qui a donné des réponses historiques aux crises. Le Rassemblement national n’est pas un parti comme les autres. Il ne le sera jamais. Pour moi, il ne fait pas partie de l’arc républicain ».

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Transcription
00:00 Pascal Canfin, bonjour.
00:04 Bonjour.
00:05 Est-ce que vous êtes venu nous annoncer votre candidature comme tête de liste aux européennes
00:08 pour Renaissance ?
00:09 Pas du tout.
00:10 Ça ne sera pas vous.
00:11 Je suis venu parler de l'agriculture, de l'Ukraine, de l'actualité, des choses qui intéressent
00:14 les Français.
00:15 Je vous pose cette question parce que c'est à trois mois des élections européennes,
00:18 votre parti n'a toujours pas de tête de liste, ça va venir, ça commence à urger
00:21 quand même.
00:22 Vous le savez, la date a été annoncée au plus tard le 9 mars, trois mois jour pour
00:26 jour avant les élections européennes, il y aura une tête de liste et il y aura notre
00:29 premier grand meeting de campagne à Lille.
00:32 Ce ne sera pas vous, on l'a bien compris, c'est Emmanuel Macron la tête de liste du
00:36 parti.
00:37 Si vous voulez me faire dire que notre action au Parlement européen pour construire l'Europe
00:41 puissance serait déconnectée de l'action de la France et d'Emmanuel Macron pour faire
00:45 la même chose, je ne vais pas vous dire le contraire.
00:47 Bien évidemment, on travaille ensemble et bien évidemment c'est ce qui fait la force
00:51 de notre capacité à transformer l'Europe depuis 2017 pour Emmanuel Macron, depuis
00:57 2019 pour nous au Parlement européen, on a transformé l'Europe de manière totalement
01:02 inédite.
01:03 Deux exemples, le plan de relance qui a sauvé des milliers et des milliers d'emplois et
01:08 d'entreprises partout en Europe et en France, 750 milliards d'euros, c'est grâce au moment
01:14 du Covid, on l'a oublié parce que c'était il y a quatre ans et là les choses s'accélèrent,
01:19 mais il y a quatre ans on aurait pu simplement tomber dans un trou sans notre relance commune
01:24 européenne.
01:25 Deuxième exemple, la taxe carbone aux frontières, ça faisait 20 ans, 20 ans que Jacques Chirac,
01:31 puis Nicolas Sarkozy, puis François Hollande essayaient de le faire, nous on l'a gagné.
01:35 Ça veut dire que quand vous êtes salarié à ArcelorMittal, à Dunkerque ou à Fos-sur-Mer,
01:40 et bien vous êtes protégé du dumping des Chinois, des Turcs dans leur dumping climatique.
01:46 Ça c'est un exemple concret de la fin de l'Europe naïve et c'est nous qui l'avons fait.
01:49 Mais je vais vous demander ça pour la tête de liste parce que tous vos adversaires sont
01:54 en rang serré.
01:55 Vous prenez par exemple Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement National qui la
01:59 semaine dernière s'est affiché avec Fabrice Léguerie, l'ex-patron de Frontex.
02:04 C'était une prise de guerre ?
02:06 Chacun va mener sa campagne, nous la nôtre on la commence le 9 mars.
02:10 Si vous voulez me faire parler précisément du patron de Frontex, le patron de Frontex,
02:15 pourquoi il est parti de Frontex ? Pas parce qu'il était en désaccord, tout simplement
02:19 parce qu'il y avait malversation.
02:21 Et donc on va retourner cette prise de guerre pour montrer qu'en fait, c'est qu'il a pris
02:26 sur sa liste quelqu'un qui avait été accusé de malversation et toutes les enquêtes qui
02:32 ont été menées depuis démontrent que c'était vrai.
02:35 Avec ce qu'on appelle l'OLAF, c'est-à-dire des structures qui au niveau européen guettent
02:39 justement les problèmes de management des structures européennes.
02:41 Donc on va mener cette bataille, on va la mener y compris bien évidemment sur ce point précis
02:45 mais fondamentalement on va la mener contre le Rassemblement National, pourquoi ?
02:49 Parce qu'on est à la croisée des chemins et on va parler de l'Ukraine dans quelques instants.
02:54 On est à la croisée des chemins, on a le retour de la guerre en Europe.
02:57 On sait que soit on construit l'Europe puissance, soit on construit une capacité à peser sur
03:03 les affaires du monde, soit on se fragmente de l'intérieur.
03:06 C'est ça le grand enjeu, le grand enjeu des élections européennes.
03:10 Avant de revenir sur l'Ukraine, je voulais vous parler du salon de l'agriculture qui
03:13 s'ouvre demain, la grogne des agriculteurs ne retombe pas.
03:16 Vous le savez le Président de la République veut organiser un grand débat.
03:20 Il y a eu Tishpouns hier avec une invitation lancée au soulèvement de la terre.
03:26 La FNSEA a menacé de ne pas se déplacer demain au grand débat si les soulèvements
03:31 de la terre étaient présents. Est-ce qu'il fallait les inviter ?
03:34 Les soulèvements de la terre ne sont pas invités.
03:36 En revanche, toutes les ONG y compris celles qui sont très critiques vis-à-vis de la FNSEA
03:43 environnementales, par exemple Génération Futur, sont invitées.
03:48 Pourquoi ? Parce qu'on a besoin, et c'est je pense un très grand moment important
03:53 que le Président de la République va animer demain, ce grand débat au salon de l'agriculture,
03:57 on a besoin de mettre tout le monde autour de la table, de dépolariser et de sortir
04:03 des postures des uns et des autres pour réinventer ensemble le modèle agricole français
04:10 qui permet plus de revenus pour les agriculteurs, par exemple la loi EGalim,
04:15 aller au bout de cette loi qui permet aux agriculteurs d'avoir dans notre campagne
04:21 une proposition très claire, d'avoir une loi EGalim européenne pour au moins éviter
04:25 de contourner que certaines centrales d'achat, certains grands distributeurs
04:29 contournent la loi française en installant et en regroupant leurs centrales d'achat
04:34 dans d'autres pays, en Belgique ou aux Pays-Bas, ce qui fait que ça contourne la loi française.
04:38 Ça, évidemment, c'est une priorité pour nous dans la campagne de faire en sorte
04:42 qu'il y ait une loi EGalim européenne, ça c'est plus de revenus, plus de transition écologique
04:46 pour lutter par exemple contre le dérèglement climatique, on sait que les premières victimes
04:53 du dérèglement climatique aujourd'hui ce sont les agriculteurs, dans leurs revenus,
04:57 dans leur rendement et donc dans notre sécurité alimentaire.
05:00 Les agriculteurs au moment de la crise, fin d'année, début d'année, à un moment
05:05 ils vous ont regardé avec un peu de défiance par rapport notamment aux mesures
05:12 que vous avez prises sur le pacte vert. Est-ce que l'Europe n'est pas devenue le bouc émissaire ?
05:19 Les agriculteurs savent très bien ce qu'ils doivent à l'Europe.
05:22 Le premier budget de l'Europe c'est la politique agricole commune.
05:25 9 milliards pour la France.
05:27 C'est colossal. Les agriculteurs le savent très bien, que sans ce budget
05:31 ils iraient infiniment moins bien.
05:33 Deuxième élément, aucune des lois du pacte vert, aucune des règles environnementales
05:39 supplémentaires n'est encore entrée en vigueur.
05:41 Donc il n'est pas possible d'expliquer la situation actuelle avec des choses
05:44 qui ne sont pas encore entrées en vigueur.
05:46 Par ailleurs dans le pacte vert il y a des choses que les agriculteurs attendaient.
05:51 Je donne un exemple, les nouvelles techniques génomiques, c'est-à-dire des semences
05:55 que l'on va travailler d'un point de vue technologique pour accélérer par exemple
05:59 l'adaptation au changement climatique.
06:01 On voit bien qu'on est face à des événements inédits d'un point de vue climatique,
06:04 des inondations ou des sécheresses et qu'il faut adapter nos semences
06:09 pour les rendre plus résilientes.
06:10 On a changé la loi. C'est ça aussi le pacte vert.
06:12 C'était une attente très forte des agriculteurs. On est au rendez-vous.
06:16 Deux ans de guerre en Ukraine, que peut faire l'Europe de plus aujourd'hui ?
06:20 Déjà l'Europe, si nous n'avions pas réagi de manière unie, forte,
06:25 y compris sur le plan militaire et financier, je pense que la situation
06:30 serait bien pire aujourd'hui en Ukraine qu'elle ne l'est.
06:33 Elle est évidemment dramatique, mais je pense qu'on peut dire que si nous n'avions pas réagi
06:37 aux côtés des Américains comme nous l'avons fait, il est probable que la Russie
06:42 soit aujourd'hui à la frontière de l'Union européenne, en l'occurrence
06:46 et ait envahi l'Ukraine.
06:48 Si on veut éviter que ce scénario ne se produise, il faut continuer à être solidaire
06:53 avec les Ukrainiens et il faut continuer à construire une Europe puissance.
06:57 C'est ça l'enjeu, comme je le disais à l'instant, des élections européennes.
07:02 Soit on construit face aux Chinois dans certains domaines, face aux Russes dans d'autres,
07:06 face aux Américains dans certains, on construit une puissance européenne,
07:12 puissance industrielle, puissance géopolitique, puissance commerciale, puissance militaire,
07:18 soit on disparaîtra de la carte.
07:20 Mais comment convaincre les opinions publiques européennes du bien fondé de ce soutien ?
07:24 Vous avez vu le dernier sondage. Êtes-vous favorable à une armée européenne
07:28 capable d'agir en européen ? 80% des Français sont pour.
07:31 Je pense que les Français ont absolument compris.
07:34 Je parle des Européens aussi.
07:36 Oui, mais c'est pareil partout en Europe. Là, je vous parlais de l'opinion publique française
07:39 puisque nous allons devoir, nous, dans cette campagne, convaincre l'opinion publique française.
07:42 Mais c'est pareil partout en Europe. Parce que face à la menace russe,
07:46 qui peut penser une seconde que chacun chez soi, ça règle le problème ?
07:52 Personne. Tout le monde voit bien que nous sommes, soit nous nous désagrégeons de l'intérieur,
07:57 et c'est le projet des nationalistes d'extrême droite partout en Europe,
08:01 le Rassemblement National chez nous, l'AFD en Allemagne, la Lega en Italie,
08:06 Vox en Espagne, c'est leur projet de désagréger l'Union Européenne.
08:10 En cela, ils sont les meilleurs alliés de Poutine.
08:13 Vous êtes d'accord avec Ursula von der Leyen alors ?
08:15 Et demain, ils sont peut-être les meilleurs alliés de Trump, si Trump revient à la Maison Blanche.
08:19 C'est ça l'enjeu historique. Je n'insisterai jamais suffisamment là-dessus.
08:22 Vous êtes donc d'accord avec la présidente de la Commission, qui a annoncé sa candidature, une nouvelle fois,
08:27 qui refusera de travailler avec ce qu'elle appelle les partis amis du président russe, Vladimir Poutine ?
08:33 Évidemment. Évidemment. Nous, nous sommes pour un arc pro-européen de gestion, de construction de l'Europe,
08:39 qui va du centre-droit au centre-gauche, de façon à stabiliser notre démocratie européenne,
08:46 trouver les compromis, c'est ça la grande différence avec la vie politique française parfois,
08:51 c'est que l'Europe ne se construit que par des compromis et pas par des polarisations et de la conflictualité,
08:56 pour construire avec un objectif extrêmement clair, de construire cette Europe puissante.
09:01 Alors, il n'y a pas d'arc républicain au sein de l'hémicycle européen, comme on a pu l'entendre en France ?
09:06 On ne travaille pas avec les groupes politiques anti-européens.
09:09 Comment voulez-vous construire quelque chose avec un groupe politique qui veut le détruire ?
09:13 D'accord ? C'est juste du bon sens. Donc, on construit l'Europe avec une partie de la droite, le centre,
09:19 et une partie de la gauche, et c'est comme ça qu'on a toujours fait,
09:22 et c'est ça qui a donné des réponses historiques aux crises, celles que je venais de rappeler à l'instant.
09:26 En France, un arc républicain, il existe vraiment ?
09:29 Je pense que le Rassemblement national n'est pas un parti comme les autres.
09:32 Il ne sera jamais un parti comme les autres, et pour moi, il ne fait pas partie de l'arc républicain.
09:37 Merci beaucoup, Pascal Gampin. Bonne journée à tous.

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