• il y a 4 mois
- Grand témoin : Pierre-Stéphane Fort, journaliste d'investigation et auteur de « Le grand remplaçant » (Studio Fact éditions)

GRAND DÉBAT / Nouveau Front Populaire : une alliance contre-nature ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Après d'intenses discussions, le Nouveau Front Populaire, l'alliance des partis de gauche qui s'est formée en vue des législatives fin juin, a publié son programme. Bien que l'aide à l'Ukraine ou le conflit israélo-palestinien aient provoqué des clivages au sein de l'alliance, les différents partis sont finalement parvenus à trouver un accord. Ce programme contient des mesures phares sur le plan social, telles que l'indexation des salaires sur l'inflation, l'augmentation du smic mensuel à 1600EUR net ou encore le blocage des prix des biens de première nécessité dans l'alimentation, l'énergie et les carburants. Le Nouveau Front populaire promet aussi l'abrogation immédiate de la réforme des retraites et des réformes Macron de l'assurance-chômage. Les réactions n'ont pas tardé à fuser du côté de la Macronie, Bruno Le Maire fustigeant un programme qui serait « l'assurance de la sortie de l'Union européenne » du fait de ses excès budgétaires. Gérald Darmanin a lui évoqué un « drame économique qui va ruiner la France ». Ainsi, ce programme est-il vraiment fiable économiquement ?

Invités :
- Marc Ferracci, député Renaissance sortant des Français établis hors de France
- Aurore Lalucq, eurodéputée « Place publique »
« Campagne express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP

GRAND ENTRETIEN / Pierre-Stéphane Fort : qui se cache derrière le phénomène Jordan Bardella ?

La liste menée par Jordan Bardella aux élections européennes a réuni plus de 31% des suffrages. Après la dissolution de l'Assemblée nationale voulue par Emmanuel Macron, l'actuel Président du Rassemblement National est pressenti pour devenir Premier ministre. Le journaliste Pierre-Stéphane Fort a mené une enquête sur son ascension fulgurante et le « story-telling » autour de sa personne. À la fois « gendre idéal » et initialement très proche des Gudards, Jordan Bardella est plus mystérieux qu'il n'y paraît. Le double visage du bras droit de Marine Le Pen masque-t-il un double jeu politique ?

- Grand témoin : Pierre-Stéphane Fort, journaliste d'investigation et auteur de « Le grand remplaçant » (Studio Fact éditions)

LES AFFRANCHIS
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Bertrand Périer, avocat

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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News
Transcription
00:00:00Générique
00:00:05Bonsoir et bienvenue. Très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir qui est vraiment Jordan Bardella.
00:00:13Bonsoir Pierre-Stéphane Faure. Bonsoir.
00:00:15Merci d'être notre grand témoin ce soir. Journaliste d'investigation, vous publiez le grand remplaçant aux éditions Studio Fact.
00:00:22C'est la prolongation de votre complément d'enquête diffusé sur France 2 Bardella.
00:00:26Un Janus en politique, côté pile, gendre idéal, côté face, toujours fidèle à son passé d'ultra droite radicale.
00:00:34On va en parler. Vous l'avez suivi pendant un an. Est-il prêt à gouverner ? Vous allez nous le dire dans cette émission.
00:00:40Dans notre grand débat ce soir, le programme du commun de la gauche est-il crédible ?
00:00:46Le parti Nouveau Front Populaire. Les Insoumis, les socialistes, les écologistes et les communistes l'ont présenté aujourd'hui.
00:00:54Un programme économique délirant selon Bruno Le Maire, le ministre de l'économie.
00:00:59Face à face sur ce plateau dans un instant entre l'eurodéputé Place Publique Aurore Laluc et le député Renaissance sortant Marc Ferracci.
00:01:07Enfin, nos affranchis ce soir.
00:01:10Poker, c'est le mot de la semaine de notre sémiologue Mariette Darrigrand.
00:01:14Que peut-on attendre des recours devant le Conseil constitutionnel sur les législatives ?
00:01:18On verra cela avec l'avocat Bertrand Perrier.
00:01:21Et puis votre nouveau rendez-vous Campagne Express J-15 avant le premier tour.
00:01:26Voilà, ça vous regarde, vous avez le programme. On y va ? Top générique !
00:01:41S'allier, oui, mais à quel prix ?
00:01:44Au-delà des sourires et de la photo de famille, on va donc s'arrêter ce soir sur le programme précis
00:01:48de cette nouvelle alliance de gauche baptisée le Nouveau Front Populaire.
00:01:52Les valeurs, la politique internationale, mais aussi le programme économique, pouvoir d'achat, retraite, fiscalité.
00:01:57Il aura fallu des nuits de négociations pour parvenir à un accord qui commence sérieusement à inquiéter la majorité présidentielle sortante.
00:02:06Face à face ce soir entre Aurore Laluc, bonsoir, eurodéputé Place Publique réélu dimanche soir.
00:02:11C'est vous qui n'avez pas beaucoup dormi parce que vous êtes la négociatrice pour Place Publique pour Raphaël Glucksmann de cette nouvelle alliance et de ce nouveau programme.
00:02:22Marc Ferracci, bonsoir.
00:02:23Bonsoir.
00:02:24Député renaissance sortant des Français établis en Suisse, ancien conseiller économique de Jean Castex à Matignon.
00:02:30Alors, qu'est-ce qu'il y a dans cet accord de gouvernement et quelles sont les premières réactions ?
00:02:35Tout de suite, le récap de Bruno Donnet.
00:02:42Bonsoir, mon cher Bruno.
00:02:47Bonsoir, Myriam. Bonsoir à tous.
00:02:48Dans votre récap ce soir, la gauche s'unit.
00:02:51Oui, c'est officiel depuis hier soir, Myriam.
00:02:54Il y a un nouveau parti qui s'appelle le Nouveau Front Populaire.
00:02:59Il rassemble l'ensemble du spectre de la gauche, des gauches, devrais-je vous dire, puisqu'il a été salué depuis le NPA de Philippe Poutou jusqu'à l'ancien président socialiste François Hollande.
00:03:11Il y a un accord ce soir, je n'en connais pas le détail, mais pour moi ce qui est essentiel, c'est que l'union ait pu se faire.
00:03:18Voilà, alors si hier soir on n'en connaissait pas encore le détail, depuis ce midi, on sait très précisément quels programmes ce Nouveau Front Populaire souhaite mettre en place.
00:03:28Les toutes premières mesures seraient économiques.
00:03:30Indexation des salaires et des retraites sur l'inflation.
00:03:34Rétablissement de l'impôt sur la fortune.
00:03:36Réforme de l'impôt sur les successions.
00:03:38Et revalorisation immédiate du salaire minimum.
00:03:42Nous porterons le SMIC à 1600 euros net, 2000 euros brut.
00:03:48Mais ce n'est pas tout. L'union des gauches souhaite aussi faire table rase des principales réformes d'Emmanuel Macron.
00:03:55Elle prévoit donc le retour de la retraite à 60 ans, l'abrogation de la loi immigration et la fin de la réforme chômage.
00:04:04L'une des premières mesures que nous prendrons, c'est d'annuler cette nouvelle réforme de l'assurance chômage qui va jeter à la misère des milliers de jeunes et aussi d'aînés.
00:04:18Mais nombre de propositions sont aussi de vieilles aspirations des insoumis.
00:04:22La création d'une sixième république, l'adoption d'une assemblée constituante, l'abrogation du 49-3 ou encore la création d'un revenu étudiant.
00:04:31Et sur le front étranger, la gauche souhaite soutenir l'Ukraine, appelle à un cessez-le-feu à Gaza et s'accorde désormais sur un terme, celui de massacre terroriste du Hamas.
00:04:41Enfin, elle n'oublie pas non plus d'aller chipper l'une des propositions phares du Rassemblement national.
00:04:47Nous déciderons de mesures de blocage des prix sur l'alimentation et sur l'énergie pour redonner immédiatement du pouvoir d'achat aux Français.
00:04:58Voilà, la gauche est donc unie et elle a de nombreuses propositions à nous faire, Myriam.
00:05:02Donc tout va bien pour la gauche ?
00:05:04Non, madame, car la gauche a au moins deux problèmes. Le premier, c'est qu'elle n'a pas encore de leader. On ne sait pas qui pourrait être Premier ministre.
00:05:12Jean-Luc Mélenchon persiste à vouloir incarner la fonction.
00:05:15Alors je commence par vous dire, je m'en sens capable, mais...
00:05:19Mais Raphaël Glucksmann l'a martelé ce matin. Pour lui, Mélenchon est un épouvantail.
00:05:25Il y a différentes incarnations. Et la vérité, c'est qu'à la fin, ce ne sera pas Jean-Luc Mélenchon.
00:05:32Voilà. Et puis l'autre problème, c'est que l'union de la gauche, c'est pas tout à fait neuf.
00:05:36Je suis plongé ce midi dans ma grande réserve d'archives politiques. Et je vous en ai extrait un document.
00:05:43Il date de 1972. Et à l'époque, l'union portait un joli petit nom.
00:05:50C'est le programme commun. Rien que le programme commun, mais tout le programme commun.
00:05:56Le programme commun. Et un certain François Mitterrand s'était félicité de la rapidité avec laquelle il avait été mis en oeuvre.
00:06:05Si l'on pouvait régler tous les programmes aussi rapidement, on pourrait estimer que la vie politique n'aurait pas à se plaindre.
00:06:10Voilà le hic. C'est qu'en dépit de ce fameux programme commun, François Mitterrand aura dû patienter
00:06:16neuf ans, neuf longues années avant de conquérir le pouvoir, où l'on comprend, Myriam, qu'en politique, même à gauche, l'union ne fait pas tout.
00:06:23Merci. Merci, Bruno Donnet. Alors je voudrais qu'on commence face à face par la question des valeurs,
00:06:28et notamment sur le terrain international. Et puis on parlera de l'économie.
00:06:32On a déjà pas mal de mesures avec Bruno, là, tout de suite, dans un deuxième temps.
00:06:36Aurore Laluc, après tout ce que Raphaël Glucksmann a pris dans la figure, les insultes, la façon dont il a été sorti,
00:06:43à Saint-Étienne, on s'en souvient tous, par les insoumis, il y a même eu des croix gammées sur ses affiches,
00:06:48il y a eu des étoiles de David, Mélenchon qui explique que l'antisémitisme est résiduel dans le pays.
00:06:53On se dit ce soir que vous pardonnez très vite.
00:06:56Non. C'est pas ça, l'enjeu. Il faut sortir de sa petite personne. Les enjeux aujourd'hui sont politiques.
00:07:02C'est pas simple, pour nous, de nous retrouver dans cette salle à négocier.
00:07:07Mais ce qui n'est pas simple, c'est que dimanche soir, un président de la République, au lieu d'agir comme un président de la République,
00:07:14parce qu'il n'a pas supporté un score, parce qu'il n'a pas d'ailleurs supporté le score des sociodémocrates,
00:07:19parce qu'il n'a pas supporté le score de Raphaël Glucksmann, à vrai dire,
00:07:22il a décidé de casser son jouet, de casser le pays, et de le jeter entre les mains du Rassemblement national.
00:07:29C'est ça, la réalité. Et nous, aujourd'hui...
00:07:31Ça a été dur dans l'impression, ces négociations, pour vous, qui représentaient place publique. C'est des hapres ?
00:07:37C'est pas ça, mais il faut se rendre compte de la séquence qu'on a vécue.
00:07:40On a fait une campagne fondamentalement pro-européenne, excessivement claire,
00:07:45et le dimanche soir, on est tous sonnés, mais le pays est sonné.
00:07:49Le pays a peur, en fait, parce qu'un président de la République n'a pas supporté un score aux européennes,
00:07:56et donc il prend une décision irrationnelle, inadmissible, dangereuse...
00:08:00Vous allez réagir, mais est-ce que vous n'avez pas l'impression que vous vous êtes fait avoir avec cet accord ?
00:08:04Pardon, mais on fait quoi ? On fait quoi ?
00:08:07On fait un accord avec le Rassemblement national ?
00:08:09On fait un accord avec Renaissance qui donne...
00:08:11Moi, j'ai jamais hésité, jamais hésité une seule seconde, pas une seule seconde,
00:08:18à voter à chaque fois au second tour Emmanuel Macron pour faire barrage au Rassemblement national.
00:08:22Et qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qu'il fait ?
00:08:24Il nous jette comme ça, entre les mains du Rassemblement national ?
00:08:27Quelles sont les alternatives ?
00:08:29Faire alliance avec des gens qui sont capables,
00:08:32parce qu'un score ne leur plaît pas un soir d'élection,
00:08:34de nous mettre entre les mains du Rassemblement national ?
00:08:36Mais non ! Et donc, oui, cette alliance, elle n'est pas simple,
00:08:39et je vais vous dire, elle n'est simple pour personne.
00:08:41Mais maintenant, on doit agir en responsabilité politique.
00:08:45Alors moi, je vais vous dire, les leçons de morale du côté de Renaissance, etc.,
00:08:49c'est même pas la peine d'y penser une seule seconde.
00:08:51Marc Ferracci, vous n'avez pas supporté, finalement, la belle victoire,
00:08:56le bon score de Raphaël Glucksmann.
00:08:58Vous faites des leçons de morale, au fond, ils se rassemblent.
00:09:01Je ne suis pas certain que ce soit le score de Raphaël Glucksmann
00:09:04qui ait déclenché la dissolution.
00:09:05D'abord, je me permets de dire que, visiblement,
00:09:08même si moi je n'étais pas du tout dans la confidence,
00:09:10cette dissolution, elle se préparait depuis des mois et des mois,
00:09:12avant même que les élections européennes interviennent.
00:09:14Donc se dire que cette réaction épidermique...
00:09:17Alors que le Premier ministre lui-même n'était pas dans la continuance, manifestement.
00:09:20Néanmoins, la réflexion existait.
00:09:22Néanmoins, la réflexion existait.
00:09:24Donc, ça n'est pas une réaction épidermique.
00:09:26C'était quelque chose qui tient compte, au fond,
00:09:28d'une situation que nous vivons depuis deux ans.
00:09:30Une situation de majorité relative qui rend le pays
00:09:33beaucoup plus difficile à gouverner.
00:09:35On l'a vu l'année dernière avec la réforme des retraites.
00:09:37Et, effectivement, ça s'est concrétisé.
00:09:39Stupéfaction, sidération, y compris dans les rangs de la majorité.
00:09:42Il faut être très clair.
00:09:44Mais maintenant, il faut aussi constater
00:09:47qu'une forme de clarification est en train de se faire
00:09:50dans le spectre politique.
00:09:52Plusieurs clarifications, d'ailleurs.
00:09:54Une partie de la droite est en train de rejoindre le RN,
00:09:57ou de tenter de le rejoindre.
00:09:59Une partie de la gauche, au fond,
00:10:01reste campée sur ce qu'était la NUPES,
00:10:03parce que, moi, je ne vois pas beaucoup de différences,
00:10:06en réalité, entre le Nouveau Front Populaire et la NUPES.
00:10:08C'est la version 2 de la NUPES ?
00:10:10Non, on se doutait que ça allait être l'élément de langage.
00:10:12Ce sont les mêmes acteurs.
00:10:14C'est contre-nature, franchement, cette alliance ?
00:10:17Effectivement, ce n'est pas tout à fait la même chose,
00:10:19parce que le programme de la NUPES n'était pas aussi délirant
00:10:22que celui du Nouveau Front Populaire.
00:10:25On va y rentrer dans le détail.
00:10:27Mais pour vous, c'est le dindon de la farce,
00:10:29Raphaël Glucksmann, dans cette affaire ?
00:10:31Ce que je veux vous dire, c'est qu'on n'a pas réagi
00:10:33au score de Raphaël Glucksmann.
00:10:35On a réagi au fait que l'extrême droite,
00:10:37et si on y ajoute l'extrême gauche,
00:10:39que représente la France insoumise,
00:10:41les extrêmes atteignent 50 % dans notre pays.
00:10:4350 %, ça vous oblige à réagir.
00:10:45Alors moi, je ne sais pas s'il y avait d'autres moyens
00:10:47de réagir que la dissolution,
00:10:49ce n'est pas moi qui y réfléchis,
00:10:51mais en tout état de cause...
00:10:53Est-ce que ça déshonore la social-démocratie,
00:10:55à vos yeux ?
00:10:57Je termine simplement,
00:10:59parce qu'on m'a posé une question.
00:11:01Je pense que ce qui est profondément perturbant
00:11:03quand vous êtes un observateur extérieur
00:11:05qui n'appartient pas
00:11:07au bloc de gauche,
00:11:09c'est de constater qu'à un mois d'écart,
00:11:11quelqu'un comme Olivier Faure
00:11:13considère que Mélenchon est infréquentable
00:11:15et signe avec lui.
00:11:17À deux semaines ou trois semaines d'écart,
00:11:19Raphaël Duxman se fait violenter,
00:11:21agresser par des militants de la France insoumise,
00:11:23avec lesquels on signe ensuite un accord.
00:11:25Constatez que,
00:11:27sur le sujet de l'antisémitisme,
00:11:29alors même que l'accord vient d'être signé
00:11:31il y a quelques heures,
00:11:33aujourd'hui, sur les plateaux,
00:11:35quelqu'un comme Clémentine Autain
00:11:37vous dit que le Hamas est
00:11:39un mouvement qui incarne
00:11:41la résistance des Palestiniens.
00:11:43Donc cet accord, en réalité,
00:11:45il n'existe déjà plus sur le plan des valeurs
00:11:47puisque des gens s'assoient dessus
00:11:49aujourd'hui, quelques heures après sa signature.
00:11:51Voilà ce qui est en train de se passer.
00:11:53Cette expression peut interroger.
00:11:55Vous êtes parvenue à écrire noir sur blanc
00:11:57dans cet accord que le 7 octobre
00:11:59était le fruit de massacres
00:12:01terroristes du Hamas,
00:12:03et non pas que le Hamas
00:12:05était une organisation terroriste.
00:12:07Oui, mais est-ce que c'était, au fond,
00:12:09l'ultime compromis ?
00:12:11On ne peut pas considérer
00:12:13dans cette alliance que tout le monde pense
00:12:15que le Hamas est une organisation terroriste ?
00:12:17Le Hamas est une organisation terroriste,
00:12:19il n'y a strictement aucun doute là-dessus.
00:12:21Après, je vais juste répondre quelque chose.
00:12:23Vous savez, moi je vois
00:12:25toutes les leçons de morale qu'on est en train de nous faire aujourd'hui.
00:12:29Qui a demandé la dissolution
00:12:31de l'Assemblée nationale ?
00:12:33C'est le Rassemblement national.
00:12:35Moi, je n'ai jamais demandé.
00:12:37Le Parti socialiste n'a jamais demandé.
00:12:39C'est le Rassemblement national qui a demandé ça.
00:12:41Et quelle fut la réponse
00:12:43d'Emmanuel Macron,
00:12:45le soir des élections ?
00:12:47C'est d'accorder une deuxième victoire au Rassemblement national.
00:12:49Non seulement le soir des Européennes,
00:12:51le Rassemblement national
00:12:53arrive en tête,
00:12:55et la Renaissance n'est plus
00:12:57le barrage qu'il prétend être,
00:12:59mais en plus,
00:13:01il répond aux exigences
00:13:03du Rassemblement national.
00:13:05Je trouve qu'il est un peu facile,
00:13:07après, de venir faire la morale
00:13:09à des gens qui essayent
00:13:11de réfléchir et de prendre des décisions
00:13:13qui ne sont pas toujours simples,
00:13:15mais en responsabilité politique.
00:13:17Il y a énormément de Français qui s'interrogent.
00:13:19Franchement,
00:13:21les trucs de politique politicienne
00:13:23aujourd'hui, on dit que c'était une décision
00:13:25précisée il y a longtemps, et c'était ceci.
00:13:27Non.
00:13:29L'histoire gauche, l'histoire droite,
00:13:31c'est passé dans les négociations.
00:13:33L'histoire de faire monter davantage
00:13:35au législatif le Rassemblement national.
00:13:37C'est vrai qu'il le souhaitait, il le demandait, Jordan Bardella.
00:13:39Il y a un fait politique.
00:13:41Après, on peut refaire l'histoire,
00:13:43mais il y a un fait politique.
00:13:45C'est 40 % de voix pour l'extrême droite,
00:13:47Rassemblement national et reconquête...
00:13:49Aux Européennes !
00:13:51Mais ce n'est pas un scrutin national !
00:13:53Ça ne m'a pas échappé.
00:13:55C'est un scrutin qui est sur tout le territoire national,
00:13:57en tout cas, et qui est une photographie
00:13:59de l'opinion.
00:14:01Pardonnez-moi, je ne vous ai pas interrompu.
00:14:03Si vous pensez que les gens votent aux Européennes
00:14:05exclusivement en fonction des enjeux européens,
00:14:07je pense que vous n'êtes pas lucide
00:14:09sur la manière dont l'opinion vote sur ce scrutin.
00:14:11L'opinion, c'est déterminé
00:14:13en fonction, également,
00:14:15de sujets nationaux,
00:14:17comme le pouvoir d'achat, la sécurité, l'insécurité,
00:14:19tout ce que vous voulez.
00:14:21Ignorez ce fait-là,
00:14:23que n'aurait-on pas dit
00:14:25si Emmanuel Macron avait fait business
00:14:27à Zuhal ? On continue comme avant.
00:14:29Alors, peut-être, je le disais tout à l'heure,
00:14:31peut-être que la dissolution
00:14:33n'était pas la bonne solution,
00:14:35ça, on le saura bientôt, on verra ce qui se passera
00:14:37les 30 juin et 7 juillet, mais en tout état de cause,
00:14:39il fallait agir, il fallait agir
00:14:41fortement.
00:14:43Dans un instant, on apprend que Jérôme Guedj,
00:14:45député socialiste sortant,
00:14:47il faisait partie de l'ANUP, version 1,
00:14:49et il décide de sortir de ce nouveau
00:14:51Front populaire d'aujourd'hui.
00:14:53Il n'y s'y reconnaît pas.
00:14:55C'est courageux.
00:14:57Comment vous réagissez tous les deux ?
00:14:59Nos téléspectateurs le connaissent bien,
00:15:01il est venu débattre régulièrement sur ce plateau.
00:15:03Est-ce que c'est le résultat
00:15:05de la main tendue d'Emmanuel Macron ?
00:15:07Je ne sais absolument pas si c'est le résultat
00:15:09de la main tendue d'Emmanuel Macron,
00:15:11je ne sais pas quelles sont les raisons de Jérôme,
00:15:13je lui demanderai.
00:15:15Je le sais, vous m'apprenez sur ce plateau
00:15:17à cette décision, à laquelle j'étais
00:15:19attentif, parce qu'il se trouve
00:15:21que j'ai travaillé avec Jérôme Guedj,
00:15:23on a beaucoup travaillé, on a beaucoup interagi,
00:15:25on n'est pas d'accord sur tout,
00:15:27mais je sais que c'est quelqu'un
00:15:29qui a des valeurs, je sais que c'est quelqu'un
00:15:31qui est profondément attaché aux valeurs républicaines
00:15:33et à l'universalisme républicain,
00:15:35je sais que c'est quelqu'un
00:15:37qui ne s'en laisse pas compter,
00:15:39et je constate que c'est un révélateur.
00:15:41C'est Jérôme Guedj, mais ce n'est pas que Jérôme Guedj.
00:15:43Quelqu'un comme Bernard Cazeneuve,
00:15:45qui a incarné quelque chose à gauche,
00:15:47dit que c'est scandaleux de faire alliance
00:15:49avec la France insoumise.
00:15:51Mais la réalité, c'est qu'il y a quand même
00:15:53un problème de valeur dans votre camp.
00:15:55Je vais venir sur les questions économiques,
00:15:57il y a pas mal d'infos qui circulent.
00:15:59Je voudrais vous en donner une deuxième.
00:16:01Juste un élément, Carole Delga soutient cet accord,
00:16:03Nicolas Maier-Rossignol soutient cet accord,
00:16:07François Hollande soutient cet accord,
00:16:09c'est aussi qu'il y a une raison.
00:16:11Je ne dis pas que c'est simple.
00:16:13Je n'ai jamais été dans l'insincérité en politique.
00:16:15C'est pour ça que c'est intéressant
00:16:17de vous entendre débattre ce soir
00:16:19et forcément faire une opposition macroniste insoumise.
00:16:21Juste une remarque.
00:16:23Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites
00:16:25que le scrutin européen
00:16:27est un scrutin uniquement national.
00:16:29Je n'ai pas dit ça.
00:16:31Les gens se sont déterminés aussi en fonction de leurs nations.
00:16:33Je pense que nous, justement,
00:16:35nous avions fait une campagne pro-européenne.
00:16:37Nous n'avions parlé uniquement d'Europe.
00:16:39Matin, midi et soir.
00:16:41Et c'est ce qui explique aussi,
00:16:43je pense, que nous ayons fait un beau score
00:16:45parce qu'on a pris cette élection au sérieux.
00:16:47C'est ce qui nous a conduit à une élection européenne
00:16:49par des réponses européennes.
00:16:51Et nationaliser le débat, d'ailleurs,
00:16:53comme il a été fait, est une erreur.
00:16:55Rappelez-nous, quand même,
00:16:57ces débats entre Attal et Bardella.
00:16:59Aurélien Rousseau, preuve que la technonique
00:17:01des plaques marche dans les deux sens.
00:17:03Ancien ministre de la Santé
00:17:05du gouvernement d'Emmanuel Macron.
00:17:07Le Premier ministre, c'était à l'époque
00:17:09Gabriel Attal ou Jean Castex, je ne sais plus.
00:17:11Toujours est-il que... Vous confirmez ça ?
00:17:13Il est investi par le nouveau front populaire ?
00:17:17Je n'ai pas les dernières nouvelles.
00:17:19C'est solide comme information ?
00:17:21C'est L'Express qui la donne ce soir.
00:17:23Je crois qu'il y a des...
00:17:25Des contacts ?
00:17:27Sincèrement, je vais vous dire les choses.
00:17:29Je sors d'une grotte de négociations sur des programmes.
00:17:31Je ne sais pas ce qu'il en est.
00:17:33On voit bien que, finalement...
00:17:35Il était ministre d'Elisabeth Borne.
00:17:37Ça peut aller dans les deux sens.
00:17:39On s'arrête sur le programme économique.
00:17:41Pouvoir d'achat, retraite, salaire,
00:17:43pour protéger les plus modestes, faire de la justice sociale.
00:17:45Eh bien, vous allez le voir,
00:17:47le carnet de chèques est largement ouvert.
00:17:49Revue de détails de ce programme économique
00:17:51de ce nouveau front populaire.
00:17:53Marco Pommier.
00:17:55L'urgence sociale, c'est l'ambition du front populaire.
00:17:57Avec d'abord
00:17:59une mesure phare,
00:18:01l'abrogation de la réforme des retraites.
00:18:03Retour à 62 ans
00:18:05et même à 60 ans,
00:18:07à plus long terme.
00:18:09L'abrogation de la réforme des retraites,
00:18:11que nous ferons dans les 15 jours,
00:18:13le 7 juillet prochain.
00:18:15J'en appelle à toutes celles et ceux qui n'étaient pas d'accord
00:18:17avec cette réforme, qui ont marché avec nous.
00:18:19On vous avait promis qu'on n'abandonnerait jamais.
00:18:21Eh bien, nous y sommes.
00:18:23Le front populaire Nouvelle Génération
00:18:25promet l'indexation des pensions de retraite
00:18:27et des salaires sur l'inflation,
00:18:29près de 5% en 2023.
00:18:31Le programme commun
00:18:33prévoit aussi le blocage des prix
00:18:35pour les biens de première nécessité,
00:18:37dans l'alimentation, l'énergie
00:18:39ou les carburants.
00:18:41Des mesures en faveur du pouvoir d'achat
00:18:43pour les retraités,
00:18:45l'augmentation du minimum vieillesse
00:18:47au niveau du seuil de pauvreté.
00:18:49Pour les fonctionnaires,
00:18:51la revalorisation du point d'indice de 10%.
00:18:53Pour les salariés du privé,
00:18:55l'augmentation du SMIC
00:18:57à 1 600 euros net
00:18:59contre 1 400 aujourd'hui.
00:19:01Un projet pour vous protéger
00:19:03d'abord.
00:19:05Un projet pour permettre, demain,
00:19:07de refaire société, de vivre ensemble.
00:19:09Un pacte pour le pouvoir d'achat.
00:19:11Dès ce matin, Bruno Le Maire a taclé
00:19:13le programme de l'Alliance des Gauches.
00:19:15Un délire total, selon lui.
00:19:17C'est 1981 puissance 10.
00:19:19Quand on oublie la réalité économique,
00:19:21elle se rappelle cruellement à vous.
00:19:23Après 1981
00:19:25et les folies de François Mitterrand,
00:19:27il y a eu 1983
00:19:29et le tournant de la rigueur.
00:19:31Attendez-vous au pire économiquement.
00:19:33Au total des mesures,
00:19:35286 milliards d'euros
00:19:37pour la majorité présidentielle,
00:19:39250 milliards pour la gauche.
00:19:41Alors comment financer ce programme
00:19:43très ambitieux ?
00:19:45D'abord une révolution fiscale
00:19:47qui permet de taxer davantage
00:19:49les ultra-riches qui sont de plus en plus riches
00:19:51et les multinationales.
00:19:53Aussi en supprimant un certain nombre
00:19:55de niches fiscales
00:19:57ou encore en rétablissant l'impôt sur la fortune
00:19:59et en supprimant ce qu'on appelle la flat tax.
00:20:01La gauche compte aussi sur la demande
00:20:03liée aux hausses de salaire.
00:20:05En clair, plus on gagne, plus on paye d'impôts.
00:20:07De quoi faire rentrer de l'argent
00:20:09dans les caisses de l'Etat.
00:20:11Laurent Laluc, vous qui êtes eurodéputé,
00:20:13le ministre des Finances
00:20:15explique que 250 milliards d'euros,
00:20:17ça nous fait sortir au fond
00:20:19des règles budgétaires de l'Union européenne,
00:20:21que votre programme ne nous permettrait pas,
00:20:23nous les Français, de rester dans l'UE.
00:20:25C'est quelqu'un qui ne respecte pas
00:20:27les règles budgétaires, qui est en train de nous expliquer
00:20:29que le programme ne rentre pas dans les règles budgétaires.
00:20:31250 milliards d'euros, c'est par an ?
00:20:33Je finis.
00:20:35C'est donc un ministre
00:20:37dont le Fonds monétaire international,
00:20:39d'ailleurs, a récemment encore dit
00:20:41que les objectifs ne seraient pas atteints,
00:20:43qui nous fait des leçons budgétaires.
00:20:45Pardon.
00:20:47En fait, je pense qu'il n'est pas tout à fait légitime
00:20:49à pouvoir nous faire des leçons
00:20:51de bonne tenue
00:20:53des comptes publics.
00:20:55Alors défendez-le, ce programme économique.
00:20:57Qui paye ? Les Français ? Tous les Français ?
00:20:59Les hausses d'impôts ?
00:21:01Il y a la nécessité,
00:21:03dans ce pays,
00:21:05avec l'inflation
00:21:07et l'invasion
00:21:09de l'Ukraine, on a eu une explosion
00:21:11d'une inflation
00:21:13tirée par les marges des entreprises.
00:21:15Fonds monétaire international, Banque centrale
00:21:17européenne, l'attestent.
00:21:19C'est une inflation qui a été tirée par l'offre.
00:21:21Donc en fait, il y a eu des surmarches
00:21:23côté entreprise, et les Français...
00:21:25Donc les entreprises en ont profité ?
00:21:27Bien sûr.
00:21:29Oui, totalement.
00:21:31Donc la nécessité d'avoir une taxation sur les superprofits,
00:21:33comme on l'a fait d'ailleurs
00:21:35au niveau européen, et ce qui fait qu'il y en a une
00:21:37très mal mise en place d'ailleurs au niveau français,
00:21:39c'est essentiel.
00:21:41Ensuite, la nécessité aussi
00:21:43d'avoir une taxation sur les milliardaires
00:21:45et les centimillionnaires
00:21:47qui échappent aujourd'hui
00:21:49à un impôt, c'est essentiel aussi.
00:21:51Et même chose ici, c'est quelque chose de très consensuel,
00:21:53c'est-à-dire qu'on ne se rend pas compte
00:21:55que sur les questions fiscales, on a dérivé
00:21:57totalement à droite
00:21:59à un moment. Et aujourd'hui, vous avez
00:22:01même chose, il y a un consensus des économistes
00:22:03et même des institutions internationales,
00:22:05l'OCDE, qui n'est pas une officine gauchiste,
00:22:07le Fonds monétaire international,
00:22:09le Financial Times,
00:22:11qui écrivait dans un édito il n'y a pas longtemps...
00:22:13Donc on trouve l'argent
00:22:15sur le capital et les hauts revenus,
00:22:17c'est très clair.
00:22:19Qui n'est plus taxé ?
00:22:21La question, c'est est-ce qu'on arrive même avec ça
00:22:23à avoir assez de recettes fiscales ?
00:22:25En vous écoutant, j'ai l'impression que vous n'avez pas lu le programme
00:22:27que vous avez contribué à écrire.
00:22:29Si, je n'ai pas lu le chiffre.
00:22:31Sur le sujet de l'Europe
00:22:33et de la sortie des traités, il ne s'agit pas
00:22:35de faire la leçon aux uns et aux autres,
00:22:37il s'agit de voir ce qui est écrit dans le programme.
00:22:39Il est écrit qu'on peut s'absoudre des règles budgétaires,
00:22:41c'est écrit noir sur blanc. On peut ne pas les respecter
00:22:43si elles sont contradictoires
00:22:45avec nos orientations. Ca, ça veut dire sortir
00:22:47des traités budgétaires, ça veut dire sortir
00:22:49du cadre européen. C'est écrit,
00:22:51je ne vais pas... Attendez, vous pouvez dire non,
00:22:53mais c'est écrit, lisez ce programme.
00:22:55Ensuite, on ne taxe pas que le capital
00:22:57dans votre programme. On taxe aussi
00:22:59le travail, puisqu'on prévoit
00:23:01pour financer les 250 ou 286...
00:23:03Allez, je vous fais grâce des 46 milliards
00:23:05ou des 36 milliards,
00:23:07250, c'est déjà pas mal.
00:23:09On taxe aussi le travail puisqu'on prévoit des augmentations
00:23:11de cotisations. On prévoit des augmentations
00:23:13de cotisations dont on sait, les économistes
00:23:15le savent, et toutes les institutions
00:23:17dont vous avez parlé le documentent
00:23:19très très bien, dont on sait les effets très délétères
00:23:21sur l'emploi. 1,2 million d'emplois,
00:23:23c'est ce qui a été chiffré comme impact.
00:23:25Moi, je dis que cet impact, parce que je me suis
00:23:27un petit peu intéressé au sujet, vous le savez,
00:23:29cet impact, il est très prudent
00:23:31et presque assez optimiste.
00:23:33Donc plus d'un million d'emplois supprimés, c'est ça
00:23:35que vous nous dites avec ce programme ?
00:23:37Votre programme va mettre,
00:23:39non pas dans la misère,
00:23:41mais va mettre complètement à la rue,
00:23:43c'est-à-dire au chômage, des centaines
00:23:45et des centaines de milliers de salariés.
00:23:47En réalité, ce programme ne s'appliquera pas,
00:23:49c'est un programme assez simple, parce que,
00:23:51de la même manière qu'en 1983, on est revenu
00:23:53sur les promesses, on est revenu avec le tournement
00:23:55de la rigueur sur le programme commun,
00:23:57eh bien, si d'aventure, le Front de Gauche,
00:23:59le Front Populaire, arrivait au pouvoir,
00:24:01eh bien, ils seraient très vite
00:24:03mis face à des contrats d'économie
00:24:05complètement intenables.
00:24:07Chômage de masse ?
00:24:09Non, je crois qu'on agite des peurs.
00:24:11La majeure
00:24:13n'était pas résidentielle,
00:24:15passe son temps à agiter à chaque fois
00:24:17des peurs profondes,
00:24:19des peurs profondes,
00:24:21pour pouvoir,
00:24:23soit faire barrage
00:24:25au Rassemblement national à juste titre,
00:24:27soit, maintenant que ce front leur pose
00:24:29un problème, faire peur de cette façon.
00:24:31Quand on a un plan, enfin, sur la question
00:24:33des cotisations sociales, les salariés,
00:24:35les patronales...
00:24:37Vous êtes d'accord qu'on augmente les cotisations ?
00:24:39Je vais vous dire quelque chose.
00:24:41Je vais vous expliquer quelque chose.
00:24:43Les cotisations, les impôts, ça n'a rien à voir.
00:24:45Vous avez sabré dans les cotisations,
00:24:47vous avez sabré dans les impôts
00:24:49de production, vous avez sabré
00:24:51dans toutes les recettes de l'État
00:24:53qui fait qu'aujourd'hui, on se retrouve en déséquilibre.
00:24:55Ensuite, dans le plan, qu'est-ce qu'il y a d'autre ?
00:24:57Il y a un plan de réindustrialisation.
00:24:59Il est essentiel aujourd'hui,
00:25:01dans ce pays et en Europe,
00:25:03d'avoir la possibilité
00:25:05de réindustrialiser notre continent.
00:25:07Et ça, ça passe par quoi ?
00:25:09Ça passe par un pilotage
00:25:11de la puissance publique.
00:25:13On ne fait pas de la politique industrielle
00:25:15sans flécher vers où on veut faire
00:25:17de la politique industrielle.
00:25:19Ça, vous vous rejoignez là-dessus.
00:25:21Ecologique, dans la question du numérique,
00:25:23dans la question de la santé.
00:25:25Il faut qu'on fasse exactement comme font les Américains,
00:25:27comme a fait Joe Biden.
00:25:29Un plan de relance beaucoup plus puissant.
00:25:31Mais surtout un plan de réorientation
00:25:33de notre économie et un plan
00:25:35de réindustrialisation pour qu'on soit
00:25:37à nouveau capables, sur ce continent et dans ce pays,
00:25:39de produire des médicaments,
00:25:41etc., jouer sur la commande publique.
00:25:43En fait, on a besoin,
00:25:45pour pouvoir structurer des filières de production
00:25:47et recréer de l'emploi,
00:25:49de faire ce que les Américains font,
00:25:51faire des droits de douane,
00:25:53pour ne pas laisser notre industrie
00:25:55se faire ratiboiser
00:25:57par le dumping
00:25:59de l'économie.
00:26:01Là, il y a des passerelles possibles.
00:26:03On a entendu quand même le président
00:26:05pendant la campagne.
00:26:07On peut toujours trouver des passerelles.
00:26:09Sur le plan de réindustrialisation,
00:26:11je pense au retour de l'emploi industriel
00:26:13dans notre pays depuis maintenant
00:26:15cinq ou six ans.
00:26:17Alors qu'on avait détruit de l'emploi industriel,
00:26:19on en recrée depuis un certain temps.
00:26:21Les usines rouvrent.
00:26:23400 usines ont rouvert en net depuis 2018.
00:26:25Il se passe des choses en termes
00:26:27de réindustrialisation et on investit beaucoup.
00:26:29On a investi 30 milliards d'euros sur l'industrie
00:26:31dans le cadre du plan France Relance.
00:26:33On a investi 54 milliards d'euros dans le cadre de France 2030
00:26:35pour créer des filières.
00:26:37Je pense que vous passez tout ça par pertes et profits.
00:26:39Mais plus fondamentalement,
00:26:41la philosophie qui est la vôtre,
00:26:43c'est la planification.
00:26:45À un moment ou à un autre,
00:26:47il faut se dire qu'on ne peut pas tout planifier
00:26:49et que les entreprises, les acteurs,
00:26:51publics ou privés, d'ailleurs,
00:26:53ont besoin qu'on leur laisse un peu la bride
00:26:55sur le coup pour agir.
00:26:57Ce que je vous dis, c'est que
00:26:59quand vous augmentez le coût du travail...
00:27:01Je discute avec des entreprises
00:27:03dans le cadre de mes activités de député.
00:27:05C'est quand même gaulliste.
00:27:07Vous savez pourquoi on a arrêté de planifier à la gaulliste ?
00:27:09Pourquoi le plan est devenu quelque chose
00:27:11de non plus prescriptif, mais consultatif ?
00:27:13Parce que ça n'était pas possible.
00:27:15Vous devriez reviser un petit peu l'histoire économique
00:27:17parce qu'au fur et à mesure,
00:27:19le commissariat au plan a d'ailleurs fini par ne plus s'appeler le commissariat au plan
00:27:21parce que ça ne correspondait plus
00:27:23aux attendues d'une économie moderne.
00:27:25Vous revenez, madame,
00:27:27on est 40 ou 50 ans en arrière.
00:27:29C'est votre choix.
00:27:31J'ai extrêmement concrètement deux mains.
00:27:33On ne va pas faire un débat sur la manière
00:27:35de l'échec ou de la réussite de la planification.
00:27:37Il y a des urgences immédiates.
00:27:39Je voudrais qu'on parle du pouvoir d'achat.
00:27:41Excusez-moi.
00:27:43Monsieur Bayrou, il n'était pas
00:27:45dédié au plan et à la planification ?
00:27:47Ce n'est pas vous qui avez reparlé de la planification ?
00:27:49Alors arrêtez vos clichés.
00:27:51Ensuite, le deuxième point, c'est quoi ?
00:27:53C'est que même aux Etats-Unis, il y a la planification.
00:27:55En fait, dans n'importe quelle économie
00:27:57qui décide
00:27:59de donner le là et de choisir
00:28:01quel secteur elle veut renforcer,
00:28:03on fait de la planification.
00:28:05Et la planification, ce n'est pas le gauche plan.
00:28:07Vous l'avez relancé comme idée.
00:28:09C'est au contraire de mettre autour de la table
00:28:11les acteurs économiques
00:28:13qui y sont en développement.
00:28:15On a un point de convergence
00:28:17parce que ça existe déjà sur la planification écologique.
00:28:19Nous sommes la première majorité
00:28:21à s'être dotée, pardonnez-moi,
00:28:23de la planification écologique
00:28:25directement auprès du Premier ministre.
00:28:27Vous voyez que ça va, le plan ?
00:28:29C'est que ça n'est absolument pas
00:28:31compatible avec ce que vous prévoyez
00:28:33en termes de contraintes pour les entreprises.
00:28:35C'est important de parler d'industrie,
00:28:37mais tout ça, ce sera pour après-demain,
00:28:39voire encore plus tard. Parlons pour tout de suite.
00:28:41Je voudrais qu'on parle de pouvoir d'achat.
00:28:43Vous avez des mesures très fortes,
00:28:45vous voulez augmenter le SMIC,
00:28:47indexer les salaires sur l'inflation.
00:28:49Et puis, à très très court terme,
00:28:51c'est l'urgence, bloquer les prix
00:28:53sur le carburant et l'alimentation de première nécessité.
00:28:55Bloquer les prix.
00:28:57Comment c'est possible ?
00:28:59Qui va payer ? L'Etat compense ?
00:29:01Qui paye ?
00:29:03Est-ce que c'est la grande distribution ?
00:29:05Un prix,
00:29:07il n'est pas fixé par l'Etat.
00:29:09Alors, en fait,
00:29:11en économie et dans l'histoire économique,
00:29:13même très récente encore,
00:29:15on va prendre le cas des Etats-Unis.
00:29:17Le cas des Etats-Unis,
00:29:19on peut penser à Hawaï,
00:29:21crise côté pétrole.
00:29:23On peut penser au Colorado,
00:29:25on peut penser à la Californie.
00:29:27A chaque fois qu'il y a une crise énergétique
00:29:29du type électrique, par exemple,
00:29:31ou du type pétrole,
00:29:33et qu'on a justement une inflation
00:29:35qui n'est incontrôlée,
00:29:37l'Etat peut intervenir
00:29:39pour pouvoir faire un blocage des prix.
00:29:41Quand il y a marqué dans ce programme
00:29:43le fait qu'on va bloquer les prix ?
00:29:45Il ne s'agit pas de dire bonjour,
00:29:47du jour au lendemain, nous allons bloquer
00:29:49tous les prix. Ce n'est pas ça.
00:29:51L'idée est de dire que
00:29:53en cas d'inflation importante,
00:29:55par exemple sur les prix de l'alimentation,
00:29:57sur les prix du carburant,
00:29:59comme ça s'est passé
00:30:01dans l'histoire économique,
00:30:03et par ailleurs, quand ça se passe
00:30:05à chaque fois en période de guerre,
00:30:07parce que notre continent peut le dire
00:30:09comme on veut, il est aujourd'hui en guerre,
00:30:11il arrive qu'on fasse du blocage
00:30:13des prix.
00:30:15C'est intéressant que vous parliez des périodes de guerre.
00:30:17Les périodes de guerre sont précisément
00:30:19des situations que l'on retrouve
00:30:21quand on bloque
00:30:23les prix durablement.
00:30:25C'est des situations de pénurie.
00:30:27Vous ne voulez pas simplement bloquer
00:30:29les prix de l'énergie,
00:30:31vous voulez aussi bloquer les prix de l'alimentation.
00:30:33On a passé des mois et des mois
00:30:35à discuter, parfois de manière très âpre,
00:30:37avec le monde agricole,
00:30:39pour faire en sorte que les agriculteurs
00:30:41puissent mieux vivre de leur travail.
00:30:43Vous voulez bloquer les prix de l'alimentation.
00:30:45Qu'est-ce qui va se passer ?
00:30:47Si vous bloquez les prix de l'alimentation,
00:30:49elles répercuteront ça
00:30:51sur les industriels de l'agroalimentaire,
00:30:53qui eux-mêmes répercuteront cela
00:30:55sur l'amont de la chaîne de valeur,
00:30:57c'est-à-dire les agriculteurs.
00:30:59Vous allez faire souffrir toute une filière
00:31:01et dégrader le niveau de vie
00:31:03d'une partie de la population,
00:31:05que sont les agriculteurs.
00:31:07Des recettes qui ont été utilisées
00:31:09dans des cas extrêmement spécifiques,
00:31:11vous me parlez d'Hawaï, du Colorado,
00:31:13on trouve toujours un exemple,
00:31:15ne sont pas des recettes
00:31:17d'une politique économique globale
00:31:19sur laquelle on gouverne un pays.
00:31:21On s'arrête là.
00:31:23Je suis entièrement d'accord.
00:31:25Les outils en économie,
00:31:27ce sont des outils, ce sont des moyens.
00:31:29Ce ne sont pas des généralités,
00:31:31ce ne sont pas des finalités.
00:31:33Et quand on le marque dans le programme,
00:31:35ce n'est pas du tout pour dire
00:31:37qu'on va faire ça partout tout le temps.
00:31:39C'est dire qu'on va pouvoir l'utiliser
00:31:41quand une inflation est faite par l'offre,
00:31:43qu'il y a des surmarches
00:31:45et qu'il n'y a pas d'inflation.
00:31:47On voit qu'il y a quelques passerelles.
00:31:49Je rappelle que vous êtes économistes,
00:31:51très peu, c'est vrai,
00:31:53mais tout de même,
00:31:55vous jouez le jeu de projet contre projet.
00:31:57C'est aussi ça, une campagne législative.
00:31:59Avant de conclure ce débat,
00:32:01je voudrais vous faire entendre
00:32:03vos électeurs.
00:32:05Mont-Louis-sur-Loire, en Touraine,
00:32:07est une commune moyenne,
00:32:09une terre historiquement de gauche.
00:32:11Elle a basculé dimanche dernier
00:32:13et les habitants se positionnent
00:32:15face à cette nouvelle alliance de gauche.
00:32:17Reportage Maïté Frémont, Yvanna Nalavion.
00:32:29Sur la place François Mitterrand
00:32:31de Mont-Louis-sur-Loire,
00:32:33Barbara, agricultrice bio,
00:32:35a toujours voté à gauche,
00:32:37mais cette fois-ci, elle pense au vote blanc.
00:32:39Parce que quand on lui parle
00:32:41d'un nouveau front populaire...
00:32:43Leur petite guerre interne,
00:32:45moi, ce que j'en pense,
00:32:47c'est que chacun veut tirer
00:32:49finalement la couverture à soi
00:32:51et ils oublient ceux qui votent.
00:32:53Ils nous oublient, nous.
00:32:55Ils oublient le peuple.
00:32:57Parmi ceux qui se sentent oubliés,
00:32:59Karine Soignante,
00:33:01Patrick, ouvrier retraité.
00:33:03Des électeurs de gauche,
00:33:05lui, vote communiste,
00:33:07mais pas question de donner sa voix
00:33:09pour eux.
00:33:11Mélenchon a une connotation très négative,
00:33:13donc s'affilier avec lui,
00:33:15ça peut pas être productif.
00:33:17A brandir des drapeaux
00:33:19contre Gaza ou la Palestine,
00:33:21je suis ni pour l'un ni pour l'autre.
00:33:23Mais voilà, moi, je trouve
00:33:25que ça a rien à foutre à l'Assemblée,
00:33:27déjà d'une.
00:33:29Il faut absolument qu'on change.
00:33:31Mais alors changer pour qui ?
00:33:33Pour se faire encore entuber ?
00:33:35Un changement radical,
00:33:37et même si ça dure
00:33:39que quelques années,
00:33:41voir de quoi ces gens sont capables,
00:33:43est-ce que ça sera positif ou non,
00:33:45on le saura
00:33:47si les gens retournent dans la rue.
00:33:49L'alliance des gauches
00:33:51pour vaincre le RN,
00:33:537 habitants y croient.
00:33:55C'est notre dernier espoir.
00:33:57Franchement, c'est notre dernier espoir.
00:33:59Sinon, on sait déjà qu'ils vont gagner.
00:34:01Parce qu'ils se cachent plus, maintenant.
00:34:03Votés pour le Rassemblement national,
00:34:05une première pour cette ville socialiste
00:34:07depuis 40 ans.
00:34:09Mont-Louis, c'est une ville à la campagne.
00:34:11Vincent Moret est maire depuis 10 ans.
00:34:13Il n'y a pas de problème de sécurité
00:34:15autre que les problèmes un petit peu habituels
00:34:17comme dans toutes les villes.
00:34:19Pour lui, ce vote RN,
00:34:21ce n'est pas une adhésion
00:34:23au programme du parti,
00:34:25mais bel et bien un vote sanction.
00:34:27Est-ce que les électeurs
00:34:29vont vouloir confirmer
00:34:31ce choix Rassemblement national
00:34:33en disant, comme je l'ai dit tout à l'heure,
00:34:35c'est les seuls qu'on n'a pas essayé ?
00:34:37Ou alors,
00:34:39est-ce qu'ils vont revenir sur une réflexion
00:34:41un petit peu différente en regardant
00:34:43les programmes des uns et des autres
00:34:45comme on doit tous faire ?
00:34:47Pour Vincent Moret, il n'y a qu'une solution,
00:34:49une unité solide à gauche.
00:34:51A Mont-Louis-sur-Loire,
00:34:53ces législatives suscitent déjà beaucoup d'intérêts.
00:34:55La mairie enregistre
00:34:57des dizaines de procurations chaque jour.
00:34:59Mais au profit de quel candidat ?
00:35:01Voilà, Aurore Laluc,
00:35:03on voit bien que ces électeurs de gauche
00:35:05qui ont choisi Marine Le Pen ont un problème,
00:35:07Mélenchon.
00:35:09Qui va l'incarner, ce front populaire ?
00:35:11Qui va l'incarner
00:35:13si vous gagnez les élections à Matignon ?
00:35:15Je crois que Raphaël Glucksmann a été très clair
00:35:17par rapport à Mélenchon, je crois qu'il n'est pas le seul.
00:35:19Exclus que ce soit Mélenchon.
00:35:21Et ensuite,
00:35:23moi, je...
00:35:25Comment dire ?
00:35:27J'entends plein de personnes
00:35:29en train de sortir partout, dans les médias,
00:35:31en train de dire, moi, je veux être Premier ministre,
00:35:33moi aussi, moi aussi.
00:35:35La question, elle n'est pas là.
00:35:37La question, elle était, comme François Hollande l'a dit,
00:35:39de s'unir et ensuite de reconstruire.
00:35:41François Ruffin qui dit que
00:35:43Mélenchon doit se mettre en retrait,
00:35:45vous êtes d'accord ?
00:35:47Totalement.
00:35:49Il faut aussi faire
00:35:51une campagne sans outrance.
00:35:53Sans outrance, ça fait partie
00:35:55des conditions de Raphaël Glucksmann.
00:35:57Il faut totaliser le débat politique.
00:35:59Marc Ferracci, il va y avoir des duels,
00:36:01en toute franchise,
00:36:03sans langue de bois,
00:36:05entre la gauche et l'ERN.
00:36:07Vous votez quoi ?
00:36:09Si je peux me permettre de rajouter
00:36:11un petit chouïa de réflexion sur l'incarnation.
00:36:13J'étais face
00:36:15à Nicolas Maillard-Rossignol,
00:36:17hier, sur un plateau, qui me disait
00:36:19que ça se fera dans le cadre d'un débat,
00:36:21ça se fera dans le cadre d'un vote,
00:36:23peut-être, au sein de ce front
00:36:25populaire, que de choisir notre Premier ministre.
00:36:27Moi, je disais,
00:36:29non, ce que disent déjà les gens
00:36:31de la France insoumise, c'est
00:36:33le groupe qui représente le plus de députés
00:36:35proposera son incarnation.
00:36:37Et ça a encore été dit par Manuel Bompard
00:36:39ce matin.
00:36:41Je pense que vous êtes assez naïfs
00:36:43vis-à-vis de la France insoumise. Cette formation politique
00:36:45a un mode de fonctionnement parfaitement hégémonique
00:36:47vis-à-vis de tous ses partenaires,
00:36:49de toute éternité, elle a eu un fonctionnement hégémonique.
00:36:51Je pense que Jean-Luc Mélenchon n'y est pas étranger.
00:36:53Et donc, on peut balayer
00:36:55sous le tapis ça, et balayer les inquiétudes
00:36:57des gens qui les ont formulées à la télé,
00:36:59en disant, on ne veut pas de Mélenchon,
00:37:01mais ne vous inquiétez pas, Mélenchon ne sera pas là.
00:37:03Je pense que Mélenchon sera là.
00:37:05Je crains que le rapport de force
00:37:07ne vous oblige à l'accepter.
00:37:09Entre la gauche et l'ERN, il va y avoir
00:37:11beaucoup de duels, c'est sûr,
00:37:13dans ce deuxième tour des législatives.
00:37:15Vous choisissez qui ?
00:37:17Moi, je suis candidat, donc je vais déjà choisir,
00:37:19j'espère pouvoir choisir.
00:37:21Le front républicain fonctionne aussi pour la gauche.
00:37:23Moi, je l'ai toujours dit,
00:37:25je ne mets pas un trait d'égalité
00:37:27entre le RN et la gauche, fut-elle extrême.
00:37:29Même si je suis une critique extrême.
00:37:31Donc vous appellerez à voter pour ce front populaire.
00:37:33Maintenant, je mets également une nuance,
00:37:35c'est qu'il faut voir qui incarne la gauche.
00:37:37Qui incarne la gauche ?
00:37:39C'est ce que nous avons fait.
00:37:41Concrètement, je vais vous donner un exemple.
00:37:43Si je dois me déterminer
00:37:45entre un candidat ERN
00:37:47et, par exemple, Thomas Porte,
00:37:49qui est la tête du ministre du Travail
00:37:51sur un ballon de foot pour marcher dessus,
00:37:53je peux vous dire que j'irai à la pêche.
00:37:55L'incarnation ne me convient pas.
00:37:57Et vous, si c'est Renaissance,
00:37:59Renaissance-ERN, cette fois-ci ?
00:38:01Je n'ai jamais aucun doute.
00:38:03Je sais choisir.
00:38:05Je sais où je crèche.
00:38:07Ce sera le cas aussi
00:38:09de vos partenaires insoumis ?
00:38:11Renaissance-ERN ?
00:38:13Je ne sais pas encore.
00:38:15Ce sera très clair.
00:38:17Ce n'est pas tout à fait comparable
00:38:19entre Renaissance-ERN et LFI-RN.
00:38:21Vous avez quand même donné les clés
00:38:23à Jordan Bardella, potentiellement.
00:38:25Merci beaucoup.
00:38:27Merci d'avoir joué projet contre projet.
00:38:29Place aux politiques, place à la campagne.
00:38:31On a besoin d'entendre vos propositions.
00:38:33C'est votre nouveau rendez-vous.
00:38:35Vous restez avec moi.
00:38:37On va parler des autres blocs dans cette campagne.
00:38:39C'est Campagne Express avec Elisabeth Montagafa.
00:38:47Bonsoir.
00:38:49Cette campagne express
00:38:51commence avec la décision d'un tribunal.
00:38:53Une décision très attendue, Myriam,
00:38:55qui devait déterminer
00:38:57qui peut parler
00:38:59au nom des Républicains.
00:39:01Est-ce Eric Ciotti, le président,
00:39:03en disgrâce depuis son annonce
00:39:05d'alliance avec l'ERN ?
00:39:07Ou est-ce la direction par intérim,
00:39:09Annie Gennevard, François-Xavier Bellamy ?
00:39:11Le point était donné à Eric Ciotti
00:39:13par la justice puisque son exclusion
00:39:15vient d'être, il y a quelques minutes à peine,
00:39:17invalidée par la justice.
00:39:19On a parlé d'Eric Ciotti.
00:39:21C'est donc la droite qui regarde vers la droite.
00:39:23Mais il y a une partie de la droite
00:39:25qui regarde plus vers la majorité.
00:39:27C'est le cas dans les Hauts-de-Seine.
00:39:29La Fédération des Républicains des Hauts-de-Seine
00:39:31a annoncé ce matin la création
00:39:33d'un arc républicain contre les extrêmes.
00:39:35À gauche comme à droite,
00:39:37une liste de candidats a été publiée.
00:39:39Pas de candidat LR face à la majorité
00:39:41et inversement.
00:39:43C'est un accord qu'il soutient.
00:39:45Vous avez au niveau local,
00:39:47dans un certain nombre de départements,
00:39:49des élus locaux qui se retrouvent.
00:39:51Je pense que c'est aussi ce qui se passe
00:39:53dans beaucoup de territoires
00:39:55au service de la République.
00:39:57Evidemment, ce n'est pas si simple
00:39:59puisque rien n'est simple en ce moment.
00:40:01Cet accord local n'est pas validé au niveau national.
00:40:03On le rappelle, le 1er tour, c'est le 30 juin prochain.
00:40:05Encore deux semaines de campagne.
00:40:07Mais on se pose déjà la question de l'entre-deux-tours.
00:40:09Vous l'avez posé à un de vos invités.
00:40:11Myriam, la question qu'on pose
00:40:13aux candidats de la majorité,
00:40:15c'est que feront-ils en cas de second tour
00:40:17RN, Front populaire ?
00:40:19Écoutez la réponse de Yaël Brune-Pivet,
00:40:21l'ancienne présidente de l'Assemblée.
00:40:23Moi, ce que je recommanderais,
00:40:25le cas échéant, c'est qu'on vote
00:40:27sans aucune difficulté pour des candidats
00:40:29écologistes, pour des candidats communistes,
00:40:31pour des candidats socialistes.
00:40:33Moi, je les ai vus dans l'hémicycle.
00:40:35Ils étaient auprès, avec nous,
00:40:37pour défendre les valeurs de la République.
00:40:39Le Front républicain anti-RN
00:40:41et anti-insoumise.
00:40:43Et puis, Elsa, vous nous parlez ce soir aussi
00:40:45du Rassemblement national. Jordan Bardella est en campagne.
00:40:47Évidemment, et celui qui s'imagine à Matignon
00:40:49a réagi aux mobilisations prévues
00:40:51ce week-end. Plus de 300 000 personnes
00:40:53attendues dans les rues contre l'extrême droite,
00:40:55150 actions dans la France.
00:40:57J'appelle sincèrement
00:40:59toutes les formations politiques,
00:41:01y compris les formations de gauche,
00:41:03à faire de même et à appeler tout le monde
00:41:05à l'apaisement. Il peut y avoir
00:41:07des mobilisations, des manifestations.
00:41:09Elles doivent être sans violence.
00:41:11Et tout cela doit se faire, évidemment,
00:41:13pacifiquement. Mais, encore une fois,
00:41:15il y a des élections et les Français doivent s'exprimer
00:41:17légitimement, normalement et sereinement
00:41:19dans le cadre des élections.
00:41:21En attendant, le RN continue d'investir
00:41:23des candidats. Il a voulu des visages
00:41:25plus ou moins connus du grand public.
00:41:27On peut penser à Pierre Gentillet, l'avocat
00:41:29pro-russe qui a son rond de serviette chez CNews,
00:41:31Jérôme Sainte-Marie, le sondeur
00:41:33qui conseille le Rassemblement national depuis longtemps
00:41:35et, encore, Marie-Caroline Le Pen,
00:41:37sœur de Marine Le Pen. Je vous le rappelle,
00:41:39Myriam, les dépôts de liste, c'est jusqu'à dimanche soir.
00:41:41D'ici 48 heures, on aura une photographie
00:41:43précise de qui part sur les lignes
00:41:45de départ des 537.
00:41:47Merci beaucoup, Zamondingava.
00:41:49Une petite réaction, déjà, Pierre-Stéphane Faure,
00:41:51sur Pierre Gentillet,
00:41:53pro-russe, qui est proche de Thierry Mariani.
00:41:55Absolument.
00:41:57Ça ne vous étonne pas du tout ? Non, ça ne m'étonne pas
00:41:59parce que Pierre Gentillet est un ami de longue date,
00:42:01de Jordan Bardella.
00:42:03Il y a 5-6 ans, il animait
00:42:05le Cercle Pouchkine sous le patronage
00:42:07d'Thierry Mariani.
00:42:11Le Cercle Pouchkine, c'est une sorte
00:42:13d'officine de lobbying pro-russe
00:42:15où venaient des intellectuels,
00:42:17des artistes et beaucoup de politiques
00:42:19russes, parlés à la jeunesse de droite
00:42:21française. Et M. Bardella
00:42:23était un membre, en tout cas, assez
00:42:25assidu aux réunions du Cercle Pouchkine.
00:42:27M. Gentillet est un proche de M. Bardella.
00:42:29Il commence à faire monter sa garde
00:42:31et se rapprocher manifestement, ça ne m'étonne pas.
00:42:33Allez, on va plonger à présent dans le Grand Remplaçant
00:42:35aux éditions The Studio Fact.
00:42:37Une année d'enquête aux côtés de Jordan Bardella,
00:42:39de ses réseaux, de son entourage.
00:42:41Regardez l'invitation d'Hélène Banduelle.
00:42:43Interview juste après.
00:42:49Si on vous invite, Pierre-Stéphane Faure,
00:42:51c'est pour nous éclairer sur
00:42:53la personnalité de Jordan Bardella,
00:42:55qui vient de porter l'extrême-droite
00:42:57à un pic électoral
00:42:59et historique dimanche dernier.
00:43:11Dans votre ouvrage,
00:43:13le Grand Remplaçant, vous dressez le portrait
00:43:15du président du Rassemblement National.
00:43:17Cinq ans à peine après sa première
00:43:19candidature aux européennes,
00:43:21à 28 ans, Jordan Bardella
00:43:23pourrait devenir Premier ministre.
00:43:25L'aboutissement d'une ambition précoce,
00:43:27d'un storytelling bien rodé,
00:43:29pour le fils d'immigré italien
00:43:31qui revendique son enfance en Seine-Saint-Denis.
00:43:37Il y a dix ans déjà,
00:43:39il se présentait aux élections régionales.
00:43:51Celui qui a rejoint le mouvement
00:43:53de Marine Le Pen à 16 ans
00:43:55est aujourd'hui le symbole
00:43:57d'une jeune génération décomplexée.
00:43:59Avec une cote de popularité
00:44:01qui s'envole sur les réseaux sociaux,
00:44:03plus d'un million et demi d'abonnés sur TikTok,
00:44:05le réseau social le plus prisé
00:44:07des 15-24 ans.
00:44:09Moi, c'est un réel enjeu d'avenir
00:44:11pour la France entière.
00:44:13Dès qu'on voit un TikTok de lui passer,
00:44:15on s'envoie un petit message
00:44:17et on identifie quelqu'un
00:44:19et on met Tonton B.
00:44:21Pourquoi Tonton B ?
00:44:23Pour se reconnaître,
00:44:25sans dire le mot exact Bardella.
00:44:27Donc on l'appelle Tonton B.
00:44:29Une stratégie de communication
00:44:31bien huilée ou presque.
00:44:33Dans votre livre et dans votre documentaire,
00:44:35vous écornez cette image
00:44:37de jeune homme lisse et sans aspérité.
00:44:41C'était une coquille vide.
00:44:43C'est-à-dire qu'en termes de fond,
00:44:45il était plutôt limite.
00:44:47Il ne lisait pas particulièrement.
00:44:49Pour ce dont je me souviens,
00:44:51il ne s'informait pas du tout
00:44:53parce qu'il ne reprenait que les éléments
00:44:55de langage de Marine Le Pen.
00:44:57Son aisance, sa décontraction,
00:44:59son enthousiasme
00:45:01qu'on peut ressentir aujourd'hui.
00:45:03Tout ça, il a fallu qu'on le travaille
00:45:05et ça a pris des mois et des mois.
00:45:07Alors nous avons une question pour vous,
00:45:09Pierre-Stéphane Faure.
00:45:11Aujourd'hui aux portes du pouvoir,
00:45:13Jordan Bardella
00:45:15est-il prêt à gouverner ?
00:45:17Est-ce qu'il est prêt ?
00:45:19Il y a un plan matignon.
00:45:21Vaste question. En tout cas,
00:45:23ils étaient prêts en cas de dissolution.
00:45:25Je l'ai vu lors d'un tournage
00:45:27d'un bureau exécutif au mois de mars 2023.
00:45:29Je suis invité au siège du RN
00:45:31pour filmer un bureau exécutif.
00:45:33Il y a Marine Le Pen, il y a Jordan Bardella,
00:45:35il y a les huiles du parti qui sont là.
00:45:37Il est question de la réforme des retraites
00:45:39et d'une possible motion de censure
00:45:41qui aurait entraîné une dissolution éventuelle.
00:45:43Ils discutent et ils se préparent.
00:45:45Ils parlent de la centaine de circonscriptions
00:45:47dans lesquelles ils sont arrivés 3e
00:45:49à quelques centaines de voix près.
00:45:51Je me souviens même de Marine Le Pen qui dit
00:45:53il faut qu'on mette le paquet sur ces circonscriptions
00:45:55parce qu'on peut être au second tour et on peut l'emporter ensuite.
00:45:57C'est ça le plan matignon ?
00:45:59C'est ça le plan matignon et à la fin de ce tournage,
00:46:01mon caméraman range ses affaires
00:46:03et puis il y a quelques feuilles qui traînent sur la table
00:46:05et évidemment je suis curieux, je jette un œil.
00:46:07En fait, c'était le plan matignon.
00:46:09J'ai trouvé une feuille A4 avec le plan matignon
00:46:11mis à jour qui indiquait que dès mars 2023,
00:46:1390% des circonscriptions
00:46:15étaient déjà pourvues de candidats.
00:46:17Donc je pense pouvoir dire
00:46:19que vraiment l'ERN attend
00:46:21cette séquence politique
00:46:23depuis presque un an et demi maintenant.
00:46:25On fait une chose d'avoir des candidats,
00:46:27c'en est une autre d'avoir des ressources humaines
00:46:29dans l'administration, des hauts fonctionnaires.
00:46:31Il y a un collectif qui s'appelle les ORAS
00:46:33qui apparemment essaye d'élargir
00:46:35à la haute fonction publique
00:46:37et de rallier au ERN un certain nombre de gens.
00:46:39Mais lui, lui, personnellement,
00:46:41vous l'avez suivi,
00:46:43il en a vraiment envie ou au fond
00:46:45il sait qu'à 28 ans,
00:46:47le peu d'expérience, ça peut tourner à l'échec ?
00:46:49Qu'il en ait envie, c'est une certitude.
00:46:51C'est-à-dire que c'est vraiment
00:46:53l'ambition un peu dévorante
00:46:55en politique qui a conduit tout son parcours
00:46:57depuis qu'il a 16 ans et qu'il a pris sa carte
00:46:59au Front national, monsieur Bardella.
00:47:01Qu'il en ait les épaules,
00:47:03les compétences, ça c'est quand même
00:47:05une autre question. Si on prend un tout petit peu
00:47:07de recul, parce que là on est tous emmenés
00:47:09dans l'ambiance médiatique de ces derniers jours,
00:47:11la vie politique, c'est Game of Thrones en ce moment,
00:47:13tous les jours il y a un nouvel épisode.
00:47:15Prenons un peu de recul. Jordan Bardella,
00:47:17il a 28 ans, il n'a jamais travaillé
00:47:19de sa vie en entreprise, si ce n'est un mois
00:47:21dans l'entreprise de son père, il avait 18 ans,
00:47:23il n'a pas fait d'études supérieures,
00:47:25il n'a pas montré beaucoup d'entrains,
00:47:27beaucoup d'implications dans ses mandats,
00:47:29tout ça est dans le livre, je me permets de le dire
00:47:31parce que je le détaille dans le livre.
00:47:33Jordan Bardella, c'est un très bon communicant,
00:47:35point barre, je veux dire,
00:47:37il est bon en débat, il est bon en com,
00:47:39est-ce qu'il a les épaules pour diriger un gouvernement,
00:47:41c'est quand même une autre histoire.
00:47:43C'est fascinant de voir à quel point Marine Le Pen
00:47:45a parié sur lui, en investissant même beaucoup d'argent,
00:47:47en media training, en formation,
00:47:49pour parvenir à plus d'un million d'abonnés
00:47:51sur TikTok, il y a toute une stratégie derrière.
00:47:53Bien sûr, il y a toute une stratégie.
00:47:55En fait, Marine Le Pen, quand elle repère
00:47:57Jordan Bardella, tout de suite elle comprend l'intérêt,
00:47:59très vite elle comprend l'intérêt qu'elle va pouvoir
00:48:01tirer de son histoire personnelle.
00:48:03D'abord il est jeune, et en fait
00:48:05c'est un peu le contraire de ce qu'elle est elle.
00:48:07Donc elle comprend l'intérêt électoral,
00:48:09elle comprend qu'avec M. Bardella,
00:48:11elle va pouvoir aller toucher des strates électorales
00:48:13qu'elle n'arrive pas à toucher, que sont les jeunes.
00:48:15On voyait dans votre reportage, les jeunes apprécient
00:48:17M. Bardella, ils ne connaissent pas forcément
00:48:19ses idées d'ailleurs, mais il y a un côté un peu pop star,
00:48:21on l'aime bien, et on serait prêts
00:48:23à voter pour lui. Les jeunes, les femmes,
00:48:25les habitants des grandes villes,
00:48:27et de banlieues parisiennes.
00:48:29Toutes les terres de mission, d'ailleurs,
00:48:31dont on voit qu'elles ne le sont plus aujourd'hui,
00:48:33la Bretagne, le Sud-Ouest,
00:48:35a basculé RN aux européennes.
00:48:37Ce qui est très intéressant, c'est le storytelling.
00:48:39Il y a une légende, Bardella,
00:48:41à Saint-Denis, dans une cité
00:48:43où c'est dur, il y a du trafic
00:48:45de drogue, il y a des femmes voilées
00:48:47à tous les étages, il y a une mer
00:48:49précaire. Tout ça, c'est un tout
00:48:51petit peu inventé,
00:48:53arrangé...
00:48:55C'est largement enjolivé, en fait.
00:48:57C'est-à-dire que j'ai eu la chance de rencontrer
00:48:59les professionnels de la communication, notamment Pascal Humeau,
00:49:01qu'on voyait dans le reportage, qui me raconte
00:49:03comment ils ont créé le storytelling de Jordan Bardella.
00:49:05Ils me disent que c'était un régal à faire.
00:49:07Pourquoi ? Parce qu'il y a une partie qui est vraie.
00:49:09Oui, Jordan Bardella a grandi en Seine-Saint-Denis,
00:49:11dans la cité Gabriel-Péry, une petite cité
00:49:13qui est vraiment en plein centre-ville,
00:49:15très bien connectée au transport, à la culture,
00:49:17donc ce n'est pas Chicago,
00:49:19ce n'est pas le Bronx.
00:49:21Et sa mère est modeste, c'est vrai.
00:49:23Elle est hadsem, elle a longtemps travaillé
00:49:25dans les écoles.
00:49:27Mais ce que la légende, le storytelling
00:49:29ommet complètement, c'est la place du papa
00:49:31de Jordan Bardella dans sa vie. Ses parents ont divorcé
00:49:33quand il était petit, mais son père était là quand même.
00:49:35Jordan Bardella, il a fait toute sa scolarité dans le privé,
00:49:37dans des établissements catholiques payants.
00:49:39Quand il est adolescent, son père l'emmène
00:49:41faire un grand voyage plusieurs semaines aux Etats-Unis.
00:49:43Quand il a 19 ans et qu'il obtient son permis
00:49:45de conduire, son père lui offre une Smart
00:49:47et puis ensuite, lui, il met à disposition
00:49:49gratuitement un appartement dans une commune...
00:49:51Tout le monde n'a pas cette chance. Une voiture à 18 ans...
00:49:53Mais ça, dans le storytelling de Bardella,
00:49:55on n'en parle jamais. En fait, ça a été délibérément
00:49:57mis de côté parce que ça ne colle pas
00:49:59à l'objectif électoral.
00:50:01Alors, il va militer très jeune.
00:50:03C'est le Front National, le Rassemblement National,
00:50:05aussi bien Marine Le Pen que Jean-Marie Le Pen
00:50:07qui l'attire. Et Marine, vous l'avez dit,
00:50:09va le repérer très très vite parce qu'il a
00:50:11accédé à son entourage amical.
00:50:13Expliquez-nous qui est Frédéric Châtillon.
00:50:15Et il sort avec la fille,
00:50:17il faut bien expliquer ça,
00:50:19de Frédéric Châtillon qui va lui permettre
00:50:21d'accéder très vite à la présidente du parti.
00:50:23Alors d'abord, Frédéric Châtillon,
00:50:25c'est l'une des figures les plus radicales
00:50:27de l'extrême-droite française, historiquement.
00:50:29Dans les années 90, il était le chef du GUD,
00:50:31un groupuscule qui existe toujours.
00:50:33C'est les cagoulés avec les croix celtiques
00:50:35qui défilent au mois de mai dans les rues de Paris
00:50:37qu'on voit chaque année. C'est eux, le GUD.
00:50:39C'est eux qui ont agressé
00:50:41une personne homosexuelle dimanche soir,
00:50:43au soir des résultats d'élection.
00:50:45On a entendu parler.
00:50:47Gabrielle Lustau.
00:50:49Qui a dit vivement, dans trois semaines,
00:50:51on va pouvoir casser du PD.
00:50:53Qui a révélé ça ?
00:50:55C'est eux, le GUD. Frédéric Châtillon en a été
00:50:57le chef historique. Il a jamais renié cet engagement.
00:50:59Et la fille, l'une des filles de Frédéric Châtillon,
00:51:01s'appelle Kérydouane Châtillon,
00:51:03une militante assez radicale qui a aussi participé
00:51:05à des manifestations du GUD,
00:51:07dans lesquelles on voyait des saluts nazis.
00:51:09Il y a des photos de tout ça.
00:51:11Jordan Barda est en couple avec elle
00:51:13à partir de 2017, pendant deux ans.
00:51:15Et selon les témoignages étayés
00:51:17que j'ai pu récolter, c'est ainsi
00:51:19que Marine Le Pen le rencontre.
00:51:21Châtillon, c'est un ami de 25 ans de Marine Le Pen.
00:51:23Les deux familles, Châtillon et Le Pen, sont très proches.
00:51:25En 2017, pour rappel, au moment
00:51:27de la campagne présidentielle, c'est Frédéric Châtillon
00:51:29qui gère toute la communication de Marine Le Pen
00:51:31pendant la présidentielle. C'est un homme important.
00:51:33Un ami et un collaborateur important.
00:51:35Qui a toujours des responsabilités, d'ailleurs,
00:51:37dans une société de communication qui lui permet
00:51:39de faire toutes ses vidéos. Donc, il y a une proximité
00:51:41très forte. D'ailleurs, l'influence
00:51:43de ce Châtillon et de ses proches
00:51:45est toujours là auprès de Barda.
00:51:47Parce que vous montrez aussi très bien,
00:51:49en remplaçant, que c'était du grand remplacement,
00:51:51c'était identitaire,
00:51:53c'était parfois violent de son assistant parlementaire,
00:51:55par exemple, qui a fondé un CDK étudiant,
00:51:57la cocarde, et que
00:51:59vous avez filmé au contact
00:52:01directement d'autres...
00:52:03Des archives que j'ai récupérées.
00:52:05D'autres jeunes étudiants dans les facs à Nanterre.
00:52:07Donc, c'est pas tout à fait
00:52:09la même ligne idéologique que Marine Le Pen.
00:52:11Il y a un côté, chez Jordan Bardella,
00:52:13un petit peu... C'est un peu
00:52:15le loup déguisé en agneau, quand même.
00:52:17Jordan Bardella, il vient plutôt
00:52:19de la droite du RN,
00:52:21plutôt de la droite de l'extrême droite.
00:52:23Toute sa vie, il a fréquenté des gens très radicaux.
00:52:25Je parlais de la famille Châtillon,
00:52:27vous parliez de Pierre Romain Thionnet.
00:52:29Pierre Romain Thionnet, c'est sa plume,
00:52:31c'est son conseiller politique.
00:52:33Il vient d'être élu député européen.
00:52:35Croyez bien que si Jordan Bardella
00:52:37devait aller à Matignon,
00:52:39Pierre Romain Thionnet le suivrait à Matignon.
00:52:41Ce serait un homme extrêmement influent.
00:52:43Pierre Romain Thionnet, pour rappel,
00:52:45c'est l'idéologie qui a quand même inspiré
00:52:47des passages à l'acte terroristes.
00:52:49On se souvient de Christchurch en Nouvelle-Zélande.
00:52:5150 musulmans abattus à la sortie d'une mosquée
00:52:53par quelqu'un qui se réclamait...
00:52:55Théorie que dénonce Marine Le Pen,
00:52:57mais pas vraiment Jordan Bardella.
00:52:59Oui, parce qu'il y a aussi une répartition
00:53:01des rôles politiques.
00:53:03Marine Le Pen est sur une ligne un peu plus sociale
00:53:05et Jordan Bardella est sur une ligne plus identitaire
00:53:07pour tenter de siphonner l'électorat d'Éric Zemmour
00:53:09et qui correspond aussi, sans doute,
00:53:11plus à ses aspirations politiques profondes.
00:53:13Dernière question. Le grand remplaçant,
00:53:15c'est un stratège,
00:53:17c'est un opportuniste.
00:53:19On le compare beaucoup à un jeune Rastignac.
00:53:21Il va, selon vous, finir par
00:53:23la remplacer, elle ?
00:53:25C'est possible, d'autant que Marine Le Pen,
00:53:27à l'automne prochain, a rendez-vous au tribunal
00:53:29pour l'affaire des détournements
00:53:31de fonds publics au Parlement européen.
00:53:33Elle encourt 10 ans d'inéligibilité
00:53:35si elle est condamnée.
00:53:37Ça pourrait l'empêcher de se présenter en 2027,
00:53:39auquel cas, évidemment, le plan B, c'est Bardella.
00:53:41Merci beaucoup.
00:53:43Pierre-Stéphane Faure, c'est passionnant,
00:53:45parce qu'il faut savoir exactement
00:53:47qui est le parcours, l'itinéraire,
00:53:49les choix idéologiques de celui qui pourrait
00:53:51devenir notre Premier ministre.
00:53:53Vous restez avec moi.
00:53:55On les accueille.
00:54:05Et bonsoir, Bertrand Perrier.
00:54:07On ne s'est pas vu depuis la dissolution.
00:54:09Que d'événements de fuites.
00:54:11On commence avec vous.
00:54:13Vous avez choisi, depuis la dissolution,
00:54:15de nous parler de ce mot,
00:54:17poker, qu'on retrouve sur toutes les lèvres.
00:54:19Oui, absolument. Il a été question
00:54:21de poker pour commenter
00:54:23abondamment l'annonce
00:54:25du président. C'était intéressant au tout début,
00:54:27parce que les observateurs se posaient
00:54:29vraiment des questions complexes.
00:54:31C'était une stratégie extrêmement alambiquée,
00:54:33alors que le poker, en gros,
00:54:35c'est surtout un jeu de bluff.
00:54:37On se souvient du film L'Arnaque.
00:54:39Évidemment. Il y a en anglais,
00:54:41d'ailleurs, une expression qui était
00:54:43tout à fait intéressante,
00:54:45faire une poker face, c'est-à-dire masquer
00:54:47son propre désir,
00:54:49mais communiquer avec son partenaire
00:54:51avant d'abattre ses cartes.
00:54:53Il y a tout un jeu.
00:54:55Je me suis dit qu'il fallait absolument
00:54:57ouvrir sur le jeu en général, à partir
00:54:59de ce poker. C'est vrai qu'on a entendu
00:55:01toutes ces expressions, le pari,
00:55:03le pari très risqué, le qui-tout-double,
00:55:05on met carte sur table,
00:55:07on est allé chercher, nous, les journalistes,
00:55:09ce vocabulaire.
00:55:11La métaphore a beaucoup été filée.
00:55:13On a quelque chose de remarquable dans notre culture,
00:55:15en France, c'est la grille
00:55:17des jeux de Roger Caillois.
00:55:19Il est très utilisé aujourd'hui,
00:55:21mais c'était un sociologue-anthropologue
00:55:23des années 50-60,
00:55:25et il a beaucoup analysé l'ensemble
00:55:27des jeux. Il dit qu'il y a quatre types.
00:55:29Le premier type, c'est ce qu'a fait notre président,
00:55:31le coup de dés. On lance quelque chose
00:55:33et on voit ce qui se passe. En latin,
00:55:35le dés, c'est aléa.
00:55:37Ça, c'est le hasard. On joue avec ça.
00:55:39C'est le premier type de jeu.
00:55:41Alors, bien sûr, vous allez me dire,
00:55:43il y a les aléas de la vie.
00:55:45On va voir le 7 juillet.
00:55:47C'est le premier type de jeu. Deuxième type de jeu,
00:55:49et ça, notre président, qui adore le théâtre,
00:55:51il l'a fait aussi. C'est-à-dire, c'est le jeu
00:55:53de rôle, le jeu de masque, et il a bien dit
00:55:55que c'est pour faire tomber les masques.
00:55:57Il y avait quelque chose de très théâtral
00:55:59et assez ludique sur le coup.
00:56:01Alors, ça, c'est le deuxième type de jeu.
00:56:03Caillois appelle ça le mimétisme,
00:56:05la mimiquerie. Troisième type,
00:56:07alors je sais pas, Myriam, si vous aimez aller
00:56:09sur la grand'roue, les fêtes foraines, etc.
00:56:11Moyen. Moyen.
00:56:13Peut-être Bertrand, mais voilà. Il y a plus.
00:56:15Alors, c'est... Le vertige.
00:56:17Le vertige. Il y a des gens qui adorent le Grand Frisson
00:56:19et aujourd'hui, ces parcs d'attractions
00:56:21pour adultes fonctionnent très bien.
00:56:23Alors, tout ça, c'est des plaisirs,
00:56:25disons, un peu innocents, je dirais.
00:56:27Mais il y a un quatrième type de jeu,
00:56:29appuyé pour finir, Myriam,
00:56:31qui est la lutte.
00:56:33Et Caillois dit la lutte,
00:56:35les gladiateurs, etc., c'est aussi ancestral,
00:56:37c'est dans le sport et c'est dans la politique aujourd'hui.
00:56:39En grec ancien, ça s'appelle
00:56:41agone. A-G-O-N, l'agone.
00:56:43Et dans ce qui se passe aujourd'hui,
00:56:45je crois que c'est ça qu'il faut craindre,
00:56:47parce que là, on n'est plus sur un tapis de jeu,
00:56:49on est dans le réel,
00:56:51dans la rue, et il y a un risque
00:56:53de violence au corps à corps, je dirais,
00:56:55dans notre contexte.
00:56:57Mais il y a un verbe qui vient pour terminer du mot agone.
00:56:59Et voilà, ce verbe en français qui vient
00:57:01d'agone, bien sûr, c'est agonir.
00:57:03Merci pour l'avertissement.
00:57:05L'itinéraire d'un mot, un signe de message
00:57:07politique. On termine avec vous,
00:57:09Bertrand, et rapidement, vous l'avez senti,
00:57:11on est en retard. Alors c'est le droit
00:57:13qui fait irruption dans cette folle
00:57:15campagne législative. Oui, c'est le signe de la tension
00:57:17qui se noue dans cette campagne, c'est-à-dire qu'elle ne se fait
00:57:19plus seulement devant les électeurs, mais effectivement
00:57:21devant les juges. Ça a commencé dès mardi,
00:57:23avec les premiers recours qui ont été adressés
00:57:25au Conseil constitutionnel, contre le décret
00:57:27d'appel des élections législatives.
00:57:29Aujourd'hui, il y a huit recours
00:57:31de LFI, d'associations,
00:57:33de particuliers, que le Conseil constitutionnel
00:57:35devra trancher dans les tout prochains jours.
00:57:37Alors quels sont les arguments exacts ?
00:57:39Grosso modo, il y a deux idées. La première idée, c'est que
00:57:41les élections seraient trop précipitées.
00:57:43Et c'est vrai que l'exécutif a un peu joué avec
00:57:45le feu, parce que la Constitution prévoit
00:57:47un délai minimal de 20 jours
00:57:49entre la dissolution et le
00:57:51premier tour. Or, la dissolution est du
00:57:539, elle a été publiée au journal officiel
00:57:55le 10, le premier tour est le 30,
00:57:57mais il est le 29 dans un certain
00:57:59nombre de territoires d'outre-mer.
00:58:01Et donc, la question est de savoir si le délai de 20 jours
00:58:03a été respecté ou non. La
00:58:05deuxième contestation, elle porte
00:58:07sur le gel des listes électorales.
00:58:09Grosso modo, indépendamment
00:58:11de ceux qui auront 18 ans et qui seront
00:58:13automatiquement inscrits, ceux qui n'étaient
00:58:15pas inscrits au jour des élections européennes
00:58:17ne pourront plus s'inscrire
00:58:19pour les élections législatives. Et donc, ces arguments,
00:58:21ils ont une chance de remettre en cause
00:58:23la date du scrutin ? Celui sur le délai n'est
00:58:25pas mauvais, le risque est quand même que
00:58:27on prenne comme point de départ le jour du prononcé
00:58:29par le Président de la République et non
00:58:31de la signature du décret dissolution,
00:58:33donc le 9, et qu'on peut considérer qu'on
00:58:35peut avoir 20 jours, c'est-à-dire que le 20e
00:58:37jour, on peut voter, donc le
00:58:3929. Sur les listes électorales,
00:58:41j'y crois moins, parce que
00:58:43il faut équilibrer entre d'un côté
00:58:45la nécessité, effectivement, d'accéder
00:58:47au scrutin, et de l'autre, les contraintes d'organisation
00:58:49qui sont quand même considérables pour refondre
00:58:51totalement les listes en quelques semaines.
00:58:53Un dernier mot, rapidement, sur Éric Ciotti,
00:58:55on l'a évoqué avec Elsa. Oui, c'est la deuxième
00:58:57juridictionalisation, puisque
00:58:59ce matin a eu lieu cette
00:59:01audience absolument surréaliste, puisque
00:59:03la question était de savoir d'abord qui pouvait
00:59:05plaider pour les Républicains, et il y avait dans la
00:59:07pièce l'avocat d'Éric Ciotti à titre personnel,
00:59:09l'avocat des Républicains mandaté
00:59:11par Éric Ciotti, et l'avocat des Républicains
00:59:13mandaté par Annie Gennevard et
00:59:15François-Xavier Bellamy. On a appelé le bâtonnier,
00:59:17personne ne voulait dire qui devait plaider
00:59:19le premier, il y avait un parti qui était dans
00:59:21les deux partis, et donc c'était extrêmement complexe.
00:59:23Finalement, c'est bien révélateur des
00:59:25difficultés que traverse
00:59:27le mouvement des Républicains.
00:59:29Éric Ciotti a gagné, c'est une suspension,
00:59:31c'est une suspension donc provisoire,
00:59:33c'est une mesure de référé, probablement
00:59:35liée à des questions procédurales de non-respect
00:59:37du statut du règlement intérieur
00:59:39des Républicains.
00:59:41Mais son exclusion n'est donc pas légale, comme il l'a dit.
00:59:43Son exclusion n'est effectivement pas légale
00:59:45en référé, c'est-à-dire en apparence,
00:59:47c'est une suspension, tout ça est quand même assez déplorable,
00:59:49on aurait quand même aimé
00:59:51que la campagne quitte les prétoires
00:59:53pour regagner les isoloires.
00:59:55Merci, reprenez votre souffle,
00:59:57on a tout compris. Merci les Affranchis
00:59:59et pardon pour cette demande de concision.
01:00:01LCP recommande le grand
01:00:03remplaçant, grosse enquête
01:00:05d'un an de Pierre-Stéphane Faure, journaliste
01:00:07d'investigation, c'est à lire
01:00:09aux éditions Studio Fact, merci
01:00:11à vous. C'est le week-end, soufflez un peu,
01:00:13pensez, réfléchissez,
01:00:15n'oubliez surtout pas d'aller voter, on reviendra
01:00:17bien sûr d'ici lundi sur tous les enjeux
01:00:19de ces législatives.
01:00:21Très belle soirée.

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