Les mobilisations des agriculteurs à travers toute l’Europe ont mis à nu les dérives de l’agriculture quand elle est laissée aux mains de l’agro-industrie qui condamne les agriculteurs à la pauvreté puis à la disparition, au sein d’un marché mondial sauvage qui aggrave encore la tendance, sans se soucier des conséquence sur l’environnement.
Une autre agriculture qui permette aux agriculteurs de vivre de leur travail en produisant une alimentation saine et respectueuse de l’environnement est pourtant possible.
Bilan réel des mobilisations, des « mesures » gouvernementales, de l’inertie de l’Union européenne, et perspectives, avec deux spécialistes de l’agriculture européenne :
-Sylvie COLAS, secrétaire nationale de la Confédération paysanne,
-et Claude GRUFFAT, député européen des Verts.
Une autre agriculture qui permette aux agriculteurs de vivre de leur travail en produisant une alimentation saine et respectueuse de l’environnement est pourtant possible.
Bilan réel des mobilisations, des « mesures » gouvernementales, de l’inertie de l’Union européenne, et perspectives, avec deux spécialistes de l’agriculture européenne :
-Sylvie COLAS, secrétaire nationale de la Confédération paysanne,
-et Claude GRUFFAT, député européen des Verts.
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00:00 Alors comme vous le voyez, on est ici devant le Parlement européen où se déroule une manifestation à l'appel de 13 organisations, ONG, syndicats, dont la Confédération Paysanne.
00:10 Ils manifestent contre la modification du règlement sur les OGM, bien sûr, mais ils manifestent aussi pour l'ensemble des questions qui se posent au monde agricole aujourd'hui en Europe.
00:22 Il y a là des agriculteurs français, mais il y a aussi des agriculteurs allemands qui sont présents et d'autres pays qui sont présents devant le département, devant le Parlement européen.
00:32 On y entre et on va parler avec un député, avec une secrétaire générale en réalité de la Confédération Paysanne. On va parler de ces questions à l'intérieur tout de suite.
00:42 Voilà, nous y sommes, à l'intérieur du Parlement européen. Donc merci à vous, Sylvie Collin.
00:47 Je rappelle que vous êtes la secrétaire nationale de la Confédération Paysanne. Merci d'être sur le plateau de l'humanité.
00:54 Et puis Claude Gruffa, merci d'être là, député européen des Verts. Claude Gruffa, spécialiste des questions agricoles.
01:00 Alors avec vous, nous allons faire le point sur deux choses. Peut-être tout de suite ce qui me lise à l'heure actuelle.
01:06 Les manifestants à l'extérieur du Parlement, on l'a vu, on va le revoir au cours de cette émission.
01:11 Les OGM, donc la question des OGM et du changement possible de réglementation concernant les OGM.
01:19 Et puis bien sûr, au-delà de ça, on va parler aussi, on va faire le point sur la situation des mouvements agricoles en France, bien sûr, et en Europe.
01:27 Et surtout, qu'est-ce qu'on a gagné ou pas gagné du tout ? Vous allez nous le dire, bien entendu. Merci à vous deux, en tout cas.
01:34 Nous commençons peut-être avec vous, Sylvie Coah, avec les OGM, puisque vous êtes l'un des groupes qui a mobilisé pour cette manifestation devant le Parlement européen.
01:42 Donc en gros, on va essayer de simplifier parce que c'est un petit peu technique quand même.
01:47 L'UE veut changer la réglementation actuelle des OGM. Il s'agit en fait d'alléger drastiquement les conditions de mise sur le marché des OGM.
01:57 Est-ce que vous pourriez nous expliquer en quoi exactement va consister, consisterait cette nouvelle réglementation par rapport à la situation actuelle ?
02:06 Et puis on parlera ensuite des conséquences.
02:09 Alors on nous parle d'ailleurs de nouveaux OGM, c'est-à-dire qu'en fait les anciens restent limités et interdits de culture en France.
02:16 Mais par contre, les nouveaux seraient autorisés et notamment parce que tout simplement, on ne les considère pas comme des OGM.
02:24 Ils appellent ça donc des nouveaux OGM. Mais en fait, c'est exactement la même chose que les précédents, c'est-à-dire qu'on n'a aucune évaluation du risque
02:32 sur leurs conséquences par rapport à l'environnement, par rapport à la biodiversité. On voit qu'en plus, ils ne seront pas tracés,
02:40 c'est-à-dire qu'il n'y aura plus d'héticultage par rapport aux consommateurs ni par rapport aux paysans qui font ses propres semences,
02:46 qui risquent d'être contaminés, notamment s'il est sur une filière biologique. Et puis surtout, le fait, c'est qu'il y a le brevetage de ces nouveaux OGM
02:55 qui va leur permettre de posséder l'intégralité du vivant des génomes de nos plantes. Et donc demain, nous demander des royalties sur nos propres graines
03:05 que nous semons depuis des générations, voire des millénaires, qui sont un bien commun. La semence, c'est un bien commun.
03:11 Et eux vont en faire leur propriété et nous soumettre donc à une taxation.
03:16 Voilà. Toutes les graines vont devenir une propriété industrielle avec un copyright, si on peut dire, sur ces graines-là, Claude Gruffard.
03:25 Et c'est ça qui est le problème. C'est que perdre notre souveraineté alimentaire en la livrant aux firmes, aux multinationales productrices de semences OGM
03:36 qui font plus qu'une propriété d'essence, ils font une propriété intellectuelle du monde du vivant, ce qui va encore plus loin.
03:44 Et ce qui peut s'interchanger en termes d'échanges financiers entre les continents, entre les pays, etc. Ce qui veut dire que les pays n'ont plus de frontières.
03:52 Les multinationales passent au-dessus, ça casse partout et privent les citoyennes et les citoyens d'où que ce soit sur la planète.
03:58 Mais là, on est en Europe. Donc ils sont les citoyens européens de leur vraie souveraineté alimentaire, c'est-à-dire de leur capacité à produire leur alimentation
04:06 comme ils l'entendent, comme disait madame ce qu'on fait depuis des millénaires et des millénaires. Donc on est dans une situation inédite.
04:15 Et ce que je voudrais rajouter aussi, c'est que ces nouveaux OGM, on en parle depuis 2018, même avant, la Cour de justice européenne les a reconnus comme des OGM.
04:26 – Il n'y a pas des différents types d'OGM. – Il n'y a pas des gentils OGM et puis des vilains OGM qu'on ne veut pas, qui sont déjà interdits.
04:33 C'est des OGM, mais évidemment l'industrie est en train d'essayer de contourner tous les trucs.
04:38 Bon là maintenant, on est à un moment où elle a trouvé l'appui des politiques de droite et d'extrême-droite pour soutenir ce truc-là.
04:45 Donc on met une bataille au niveau de ce Parlement pour au moins avoir un cadrage de ces OGM et si possible l'interdiction de la commercialisation de ces OGM.
04:56 – Ça va être débattu là, au cours de cette session, mais comme vous le dites, le résultat des courses, on le connaît pratiquement déjà.
05:03 – Le résultat des courses, c'est que le Parlement européen est à droite, et a une majorité de droite large.
05:10 Donc tant que ces groupes politiques ne reviendront pas sur cette lecture de l'avenir alimentaire de l'humanité,
05:18 et qu'on fait place aux profits et au business, parce que c'est ça qui est en train de se passer,
05:23 demain il y a des chances qu'on ne l'emporte pas comme on le souhaiterait.
05:29 – On passe peut-être, à moins que vous ayez un point à rajouter par rapport aux OGM, mobilisation.
05:34 Il y a une mobilisation qui est forte quand même sur cette question-là.
05:36 J'allais dire peut-être, peut-être ce qu'il faut rajouter, c'est qu'il y a une mobilisation bien sûr d'un certain nombre d'agriculteurs,
05:42 on le voit ici, et européens, on le voit ici devant le Parlement européen en ce moment,
05:46 avec des agriculteurs qui viennent d'Allemagne, qui viennent des Pays-Bas, de différents pays européens.
05:51 Il y a aussi la mobilisation peut-être des gens, des consommateurs,
05:55 parce que c'est une question qui est très sensible dans l'opinion, cette question-là.
05:59 – Tout à fait, et il ne faut pas oublier que si on a beaucoup mobilisé au moment des grands fauchages d'OGM,
06:06 et dans le Gers particulièrement, il y a eu les premiers essais d'OGM,
06:09 on arrivait à… – Votre région ?
06:11 – Dans ma région, dans le Gers, on arrivait à faire des débats avec 1000 personnes,
06:15 au plus profond de la campagne.
06:16 Maintenant, les Français se sentaient protégés, il n'y avait pas d'OGM en France, il n'y avait pas d'OGM.
06:21 Donc le débat est plus difficile à expliquer, et surtout avec cette sémantique de parler de nouveaux OGM,
06:27 et surtout ce leurre toujours de faire croire que grâce à ces nouveaux OGM,
06:31 on réglerait les problèmes liés au réchauffement climatique,
06:35 et qu'on aurait des variétés qui résisteraient mieux à la sécheresse,
06:38 et qui nous permettraient de continuer à produire beaucoup, facilement,
06:43 et de garantir la souveraineté alimentaire.
06:45 Donc l'argument est très populiste.
06:48 – Alors on passe peut-être à la situation globale des mouvements,
06:52 des agriculteurs qui agitent toute l'Europe depuis plusieurs semaines maintenant.
06:58 Où est-ce qu'on en est exactement à l'heure actuelle ?
07:01 Claude Gruffard, on peut peut-être faire un petit point là-dessus.
07:04 Quelle est la phase actuelle, après le départ d'un certain nombre
07:08 de grandes organisations patronales agricoles, on va les appeler comme ça,
07:11 du mouvement qui était un mouvement très large, dont sont partis des tas d'idées,
07:18 on a entendu débattre des tas de choses, je crois que c'était le côté un peu,
07:22 enfin pas un peu, très positif de ce mouvement dans tous les sens.
07:26 Où est-ce qu'on en est à l'heure actuelle ?
07:28 – Pour moi, on en est à une pause, simplement, parce que ce mouvement il est légitime.
07:35 Énormément d'agriculteurs ne gagnent plus leur vie,
07:37 et travaillent énormément pour gagner, au moins pour le tiers d'entre eux.
07:41 – Déjà la question centrale c'était le revenu.
07:43 – C'est ça, et la question du revenu n'a pas trouvé de solution
07:47 dans les propositions du gouvernement.
07:50 Donc qu'est-ce qui s'est passé concrètement ?
07:51 La FNSEA a gagné sur les questions environnementales,
07:54 ils ont fait reculer l'encadrement des pesticides,
07:57 on a fait reculer tous les textes qui cadraient un petit peu ces questions-là,
08:02 ils sont en train de remettre en question les 4% de jachères,
08:05 qui en fait mobilisent 4% de la surface agricole,
08:09 mais on parle de 0,4% de production là-dessus.
08:11 – Expliquons le lien, cette histoire de jachères,
08:12 parce qu'on a entendu ça partout, les jachères, ça y est,
08:15 on a gagné le bout de terrain qui va nous servir à gagner de l'argent.
08:19 – Les 4% de jachères sont en place depuis plus de 25 ans en Europe,
08:22 ce n'est pas un sujet nouveau.
08:23 Elles ont été suspendues au moment de la guerre en Ukraine,
08:26 justement parce que l'industrie productiviste agricole a sauté sur la table
08:30 pour trouver l'occasion de dire "Attention, on va avoir faim,
08:32 il faut remettre tout en culture", tout remettre en culture pour produire quoi ?
08:35 0,4% de production supplémentaire, c'est ridicule.
08:38 Donc c'est un faux sujet, c'est un faux nez qui satisfait la vindique populaire,
08:44 enfin la vindique de la FNSEA par rapport à ces questions-là.
08:47 Moi ce que je constate aujourd'hui, c'est que la FNSEA
08:49 et les industriels de l'agroalimentaire ont gagné,
08:51 parce qu'eux ils ont fait sauter toutes les lignes qui les dérangent.
08:54 Par contre les agriculteurs n'ont pas de revenus en plus,
08:56 donc pour moi le problème n'est pas résolu,
08:58 on est à un stand-by à une mi-temps qui va devoir à un moment retrouver.
09:03 La politique agricole commune, puisqu'on est au niveau européen,
09:06 c'est quand même là que les choses se jouent,
09:08 elle utilise quoi la politique agricole ?
09:10 Elle utilise le productivisme à tout crin, robotique, numérique, génétique,
09:16 c'était le slogan du président de la République française
09:18 pour qualifier l'agriculture de demain, ça fait rêver,
09:21 ça fait rêver de manger ça.
09:23 Et ça, ça veut dire quoi ?
09:24 Ça veut dire que ça utilise de plus en plus de pesticides,
09:27 ça utilise des OGM,
09:28 qui nous ont raconté une histoire il y a déjà 20 ans
09:31 en disant "ça utilisera moins de pesticides" ?
09:33 Faux, ça en utilisait plus, ça consomme aujourd'hui plus d'eau qu'avant,
09:37 tout ça pour avoir une agriculture qui ne gagne pas sa vie de port-partie,
09:41 qui gagne sa vie là-dedans ?
09:42 Les gros industriels, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA,
09:45 700 hectares, c'est le modèle,
09:47 c'est le modèle de la France agricole qu'on veut demain ça ?
09:49 Ça ne va pas faire la France des paysages,
09:51 ça ne va pas faire la France de la reterritorialisation de l'alimentation,
09:54 ça ne va pas faire la bio de proximité pour les cantines,
09:57 ça ne va pas faire tout ça.
09:58 Donc on est en train de partir,
09:59 de renforcer un système qui a montré depuis tant d'années
10:03 ses failles, ses faillites,
10:05 la biodiversité dans un état d'effondrement catastrophique,
10:08 60% des populations d'oiseaux ont disparu en une quinzaine d'années,
10:12 80% des insectes ont disparu,
10:14 la fertilité des sols est en baisse partout dans le monde,
10:17 mais aussi en Occident, chez nous, avec nos terres,
10:20 tout ça ce sont des éléments qui ne sont pas rassurants,
10:22 vous avez vu l'intensité de l'eau au robinet ?
10:24 Vous avez vu où on en est ?
10:25 4600 forages qui ont fermé dans la dernière décennie
10:27 parce que l'eau n'est plus potable au robinet,
10:29 avec l'athrazine qui pose un problème,
10:31 je rappelle que l'athrazine elle est interdite depuis 1994,
10:34 elle continue de polluer en augmentation les nappes,
10:37 mais oui parce que les pesticides qu'on a mis en surface
10:39 à un moment donné, le temps qu'ils descendent dans les sols,
10:41 ça prend du temps, 10 ans, 15 ans, 20 ans,
10:44 selon la nature des sols,
10:45 maintenant on est en train de monter le niveau d'athrazine
10:47 dans l'eau du robinet, on ferme les forêts.
10:50 Mais on va où ? C'est quoi l'avenir ?
10:53 - Effectivement, ça concerne aussi tout le monde,
10:55 nous tous consommateurs ou citoyens on va dire,
10:57 vous le disiez tout à l'heure,
10:59 sachant que c'est peut-être bon de le rappeler à l'occasion
11:01 puisque vous avez parlé de la PAC,
11:02 que la PAC c'est les impôts tout simplement des Européens
11:04 en dernière instance,
11:06 que donc les gens ont tout de même un petit peu un droit
11:08 de donner leur avis sur la manière dont l'agriculture
11:11 devrait être faite en Europe à l'heure actuelle.
11:13 À la Confédération Paysanne, Sylvie Collat,
11:15 où vous en êtes ?
11:17 À ce point maintenant, comment vous analysez la situation
11:20 et qu'est-ce que vous allez faire derrière ?
11:23 Prenons peut-être un peu la situation de la France aussi,
11:26 il y a eu des annonces qui ont été faites,
11:29 Claude Gruffaille faisait allusion tout à l'heure,
11:31 mais derrière ça, comment vous les analysez vous
11:33 ces "propositions" et qu'est-ce que vous allez faire derrière ?
11:37 - Nous justement, nous continuons de nous mobiliser,
11:40 il y a encore des barrages,
11:42 alors qu'ils sont un peu plus mobiles
11:43 puisque maintenant on est à l'amende,
11:45 dès qu'on bloque un tracteur un certain temps sur la route,
11:47 il est verbalisable.
11:49 Donc on est obligés de bouger,
11:51 et pour le coup, les tracteurs, ça sert à rouler.
11:53 Donc encore, dans le Grand Ouest,
11:55 il y a des manifestations ce soir, demain,
11:58 qui vont continuer à exprimer notre dé...
12:03 Alors, c'est même plus de la colère,
12:06 c'est vraiment du mépris de tout le travail
12:09 qu'ont fait beaucoup d'agriculteurs,
12:10 d'avancer vers plus d'écologie,
12:12 parce que tous les agriculteurs sont conscients
12:14 que le réchauffement climatique
12:16 ne leur permettra plus de produire dans des bonnes conditions
12:19 et que l'agriculture contribue en partie
12:21 à ce changement climatique.
12:23 Donc il est normal qu'elle évolue aussi,
12:26 comme tout un chacun,
12:28 quand les gens roulent avec des véhicules électriques,
12:30 ils essayent eux aussi de participer.
12:32 Et beaucoup d'agriculteurs,
12:34 80% des agriculteurs sont prêts à faire cet effort,
12:36 mais moyennant qu'il y ait une compensation,
12:38 puisque forcément, sur du court terme,
12:40 ils n'ont pas forcément le retour à l'investissement
12:43 de mesures agroécologiques sur leur terre,
12:45 mais dans le temps, on sait que ça payera.
12:48 Et ils en ont conscience,
12:49 puisqu'ils ne peuvent plus produire aujourd'hui
12:51 ce qu'ils produisaient il y a 5 ans, il y a 10 ans,
12:53 et encore plus, il y a 20 ans.
12:55 Donc nous, on reste mobilisés et scandalisés
12:58 par les propositions de M. Attal
13:01 de rabaisser les normes,
13:03 parce que franchement,
13:05 moi, je n'aurais jamais pensé vivre ça.
13:07 Moi, j'ai connu le moment où l'agriculture bio s'est développée.
13:10 - Avancé un peu.
13:12 - J'ai été présidente des agriculteurs bio en 1992.
13:16 On était 40 agriculteurs bio dans le Gers.
13:18 On est 2 000 agriculteurs bio dans le Gers.
13:20 25% des agriculteurs.
13:22 Et ces 25% d'agriculteurs,
13:24 qui représentent 20% de la surface du département du Gers,
13:28 qui est un des départements agricoles les plus importants,
13:31 étaient satisfaits, sauf qu'ils ne sont plus accompagnés.
13:34 Ils avaient une aide au maintien de l'Europe qui a été abandonnée.
13:37 Dernièrement, il y a eu des écoregimes.
13:40 On a ouvert les vannes pour que ce soit le moins-disant,
13:43 c'est-à-dire le HVE, haute valeur environnementale,
13:46 qui n'a aucune contrainte.
13:48 Et tout d'un coup, l'administration s'est aperçue
13:50 que 80% des agriculteurs avaient souscrit à HVE,
13:52 parce qu'il n'y avait aucune contrainte environnementale.
13:55 Mais pendant qu'on donnait pour le HVE,
13:57 du coup, on ne pouvait pas financer les autres écoregimes,
14:00 les MAEC.
14:02 Et là, on voit, je dirais, presque de l'amateurisme
14:04 des politiques agricoles qui n'ont pas calibré
14:07 l'attente des paysans d'aller vers plus, justement,
14:11 de normes environnementales, moyenne en dettes compensées,
14:14 et ils n'ont pas su donner l'argent en face,
14:17 et au contraire, ceux qui ont été les plus volontaires
14:20 ont été pénalisés, puisque les MAEC ne sont pas payés.
14:24 Les agriculteurs bretons, il y avait quand même
14:26 1 000 dossiers non honorés, alors que les agriculteurs
14:29 ont signé leur contrat, ont mis des prairies,
14:32 ils ont mis des prairies en plus.
14:34 Alors qu'aujourd'hui, on nous dit depuis 1 mai.
14:37 -Ce que vous dites là, c'est exactement le mot "pénalisé"
14:40 qui m'est venu également en tête quand vous en parliez,
14:42 tous les deux, ce que vous êtes en train de dire là,
14:44 c'est que ce mouvement-là, non seulement,
14:46 n'a pas fait avancer quoi que ce soit
14:48 sur le revenu des agriculteurs, mais qu'il pénalise
14:50 ceux qui essaient de faire quelque chose d'un peu mieux,
14:52 on va le dire comme ça.
14:54 C'est ça, le résultat des comptes ?
14:56 -Oui, et puis, on détourne l'attention sur des faux problèmes.
15:00 La paperasserie agricole, on la connaît,
15:03 elle existe dans tous les secteurs agricoles,
15:05 le curage du fossé, mais par contre,
15:07 ce qui nous inquiète beaucoup, c'est de voir que,
15:09 par exemple, l'ANSES n'aurait plus sa place
15:11 comme elle l'avait, l'Office français de la biodiversité,
15:15 donc là, on est vraiment sur des systèmes...
15:17 -Des organismes qui contrôlaient un peu tout de même.
15:21 -On est sur une radicalisation vraiment
15:23 de tous les mouvements agri-environnementaux,
15:27 écologistes autour de l'agriculture.
15:29 Nous, on travaille la terre, on travaille du vivant.
15:31 On ne peut pas arrêter notre production du jour au lendemain,
15:34 comme quand on construit un véhicule,
15:36 mais pour le coup, on voit bien qu'il n'y a pas de politique agricole
15:39 de long terme, et nous, on travaille sur un temps long, justement.
15:42 Donc, il y a une inadéquation,
15:44 et les paysans qui manifestent en ce moment,
15:46 quel que soit leur syndicat,
15:48 il y a un grand malaise, c'est de ne pas avoir de ligne.
15:50 C'est-à-dire qu'on ne peut pas tous les deux ans
15:52 nous dire de changer de modèle agricole.
15:54 Et là, on voit bien que l'ancien modèle,
15:56 qui me fait penser que finalement, M. Attal,
15:59 c'est la politique des vieux, je suis désolée de le dire.
16:02 C'est ce que faisait mon père il y a 40 ans, le productivisme.
16:05 Mais aujourd'hui, on sait très bien, quand on est paysan,
16:08 ce n'est pas le rendement qui fait notre revenu,
16:10 c'est le bon produit au bon moment,
16:12 qui n'a pas coûté trop cher,
16:14 qui ne nous a pas endettés au-dessus de nos moyens,
16:17 et qui nous permet de pérenniser notre avenir,
16:20 et non pas de l'assassiner du jour au lendemain
16:23 par un à-coup d'engrais, de produits phytosanitaires
16:27 qui détruisent tout, qui font qu'on a des sols
16:29 qui ne produisent plus rien.
16:31 - C'est ça. Et ce que vous êtes en train de dire
16:33 à propos de la France, des propositions,
16:36 en tous les cas, des résultats de ce qu'ont été
16:39 les propositions gouvernementales en France,
16:41 que l'on ne veut pas, c'est la même chose pour l'Europe.
16:44 Régression, on emploie aussi le mot régression,
16:47 par rapport à ce qui avait tout de même été un peu acquis,
16:50 on a l'impression qu'on est en train de le perdre, là.
16:52 Je pense à l'arrêt de l'éco-phyto, etc.
16:55 C'est-à-dire ces normes minimales,
16:58 qui faisaient aussi la réputation à un moment donné
17:00 des institutions européennes, du Parlement européen,
17:03 on disait "quand même, c'est les gens qui essaient
17:05 d'éviter qu'on mange trop de cochonneries, etc."
17:08 Et ça, ça valorisait dans la tête des gens
17:10 ce qu'étaient les institutions européennes
17:12 et ce que pouvait être le Parlement européen,
17:14 et on a l'impression que là, on est en train de perdre ça.
17:17 - On est en train de requer, ça valorisait aussi
17:19 la qualité des produits agricoles d'Europe,
17:21 à travers le monde.
17:23 - Oui, le traçage, etc.
17:25 - La traçabilité, etc.
17:27 Là, on a reculé.
17:29 Si on regarde avec tout ce qu'on a fait sauter
17:31 dans la réglementation en une demi-journée
17:33 avec M. Attal, on est revenu en 2007,
17:35 en termes de réglementation.
17:37 Donc, c'est tellement aberrant,
17:39 à un moment où toutes les questions de biodiversité,
17:41 de qualité de l'air, de qualité de l'eau,
17:43 60 000 morts prématurées à cause des pesticides en France,
17:48 380 000 en Europe,
17:50 et on passe à "c'est pas un problème,
17:52 moi je veux bien".
17:54 On fait un plat quand on a 3900 morts sur les routes en France,
17:57 là, il y en a 60 000, on passe au silence, on n'en parle pas.
18:00 C'est pas sérieux.
18:02 Et puis, on voit que dans les différents pays européens,
18:05 ça pète un peu de partout.
18:07 - C'est la question que j'allais vous poser,
18:09 comment ça se passe ailleurs en Europe à l'heure actuelle ?
18:11 - Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
18:13 C'est-à-dire que quand on a une politique agricole commune,
18:16 elle est européenne,
18:18 qui s'applique dans tous les États membres,
18:20 on va à la même catastrophe.
18:22 C'est-à-dire que c'est l'agriculture industrielle qui est soutenue,
18:25 et c'est pas l'agriculture plus petite qui est soutenue.
18:27 Je vais juste donner 3-4 chiffres au niveau de la PAC,
18:30 pour qu'on se rende compte des volumes.
18:32 Aujourd'hui, en France,
18:34 c'est probablement la même chose en Europe,
18:36 mais j'ai pas la certitude, mais en France,
18:38 un agriculteur sur 3 ne touche pas d'aide de la PAC.
18:40 Il n'est pas dans le cadre.
18:42 Trop de petites fermes, trop de petites surfaces,
18:44 pas les bonnes productions, etc.
18:46 - Oui, très peu.
18:48 - Ensuite, 1% des agriculteurs
18:50 siphonnent 30% du budget de la PAC.
18:54 Ceux-là, ils sont pas dans la rue.
18:56 Ensuite, la deuxième marche,
18:58 20% des agriculteurs siphonnent 80% du budget de la PAC.
19:02 Ça veut donc dire que 80% des agriculteurs
19:05 ne se partagent que 20% du budget.
19:07 Évidemment, ils s'y retrouvent pas à la sortie.
19:09 Mais ça génère quoi, ça ?
19:11 Ça génère le fait qu'on a toujours
19:13 une trop petite ferme pour y arriver.
19:15 Et ça a un engrenage qui fait qu'il faut toujours grossir.
19:19 La PAC, en Europe, aujourd'hui,
19:21 elle finance à l'hectare.
19:23 C'est-à-dire plus d'un hectare, plus t'as d'aide.
19:25 Donc les plus petits s'en sortent mal,
19:27 se font reprendre par les gros.
19:29 Il y a une espèce de cycle
19:33 qui s'est mis en route depuis 40 ans
19:35 où les gros mangent les petits,
19:37 qui ne s'arrêtent pas.
19:39 Alors les petits, quand ils souffrent, etc.,
19:41 évidemment, on les retrouve dans la rue,
19:43 mais ce conflit a lieu en France, en Allemagne, pareil,
19:45 en Hollande, pareil.
19:47 Les tracteurs en Italie roulent vers Rome aujourd'hui
19:49 pour la même raison.
19:51 C'est-à-dire qu'on est dans une situation
19:53 où on essaie d'instaurer en Europe
19:55 un modèle d'agriculture industrielle
19:57 qui ne s'applique pas à l'Europe.
19:59 On n'est pas au Canada, on n'est pas aux États-Unis,
20:01 on n'est pas en Nouvelle-Zélande,
20:03 on n'est pas en Australie avec des immenses surfaces, etc.
20:05 On n'est pas un continent d'agriculture industrielle.
20:07 Et on n'est pas un pays en France
20:09 d'agriculture industrielle du tout.
20:11 Nous, on râle quand il y a une ferme des 1000 vaches,
20:13 en Allemagne, il y a des fermes de 4000 vaches courantes,
20:15 en Hollande, il y en a, etc., etc.
20:17 C'est-à-dire qu'ils ont un ton plus loin.
20:19 Ben oui, mais quand on voit qu'en Europe,
20:21 on a les mêmes conflits qui naissent,
20:23 alors qu'ils s'installent plus loin dans l'industrialisation,
20:25 ça veut dire que c'est infini.
20:27 On n'en sortira pas avec ce modèle d'agriculture.
20:29 – Or, Plateau, tout à l'heure, on en a parlé
20:31 de la situation proche de nous, celle du Royaume-Uni
20:33 à l'heure actuelle, qui est déjà dans cette phase-là.
20:35 – Ah ben, le Royaume-Uni a fait en sorte
20:39 d'arriver à 50 000 agriculteurs, mais il y a déjà longtemps.
20:43 – C'est ça, une petite profession.
20:45 – Ce qui fait qu'aujourd'hui, sur l'échelon politique,
20:47 ils ne représentent plus rien.
20:49 Sur un plan vivre de leur métier,
20:51 ils dépendent des importations, plus, plus, plus,
20:53 ils ne sont pas en situation de souveraineté alimentaire
20:55 et ils ne sont pas prêts de le retrouver.
20:57 Et puis, ce n'est pas pour ça que les paysans anglais sont heureux,
20:59 parce qu'eux, ils sont dans la même situation de crise régulièrement.
21:01 Et quoi ? En France, on veut la ferme ?
21:03 La France et 50 000 paysans ?
21:05 En 1955, on était 2 300 000 agriculteurs,
21:09 en 1980, on était à 1 300 000 paysans,
21:13 et aujourd'hui, on est à 480 000.
21:17 Et quoi ? On veut continuer comme ça ?
21:19 Je sais que c'est le rêve de la FNSEA.
21:21 Moi, mon rêve, en tant que parlementaire européen
21:23 qui soutient un modèle d'agriculture diversifié partout sur le territoire,
21:25 mon rêve, c'est la France des 1 million de paysans.
21:27 Ce n'est pas la même chose.
21:29 – Vous avez fait allusion aux accords commerciaux,
21:33 en fait, on parle de cette question-là,
21:35 qui a été aussi une question qui a été beaucoup débattue
21:38 sur les barrages, les manifestations des agriculteurs, etc.
21:42 On entendait souvent, quand on allait discuter avec eux,
21:45 cette question des accords internationaux
21:47 qui ruinent aussi à l'heure actuelle une partie de l'économie agricole française.
21:54 Même chose à l'échelon européen, des accords commerciaux,
21:58 on va rappeler les derniers en vitesse,
22:01 et puis celui dont tout le monde parle en disant
22:03 "Ah non, non, non, c'est fini le mercosur", etc.
22:05 Il faudrait peut-être mettre les choses au point sur cette question-là,
22:07 parce que ça continue en réalité.
22:09 – Ah mais les accords internationaux, nous, les écologistes,
22:12 on a toujours été complètement opposés, pour exactement les mêmes raisons
22:15 qui sont évoquées par les paysans aujourd'hui dans la crise qui vient d'éclater.
22:19 C'est-à-dire qu'il y a une concurrence déloyale qui se joue à leur égard,
22:22 qui est absolument insoutenable.
22:24 Comment penser qu'on va importer des produits qui sont fabriqués, élevés,
22:30 produits avec des méthodes interdites en Europe,
22:33 et qu'on va faire rentrer ça, et que ça ne va pas faire une concurrence déloyale
22:36 pour les producteurs européens ?
22:37 Enfin, ce n'est pas sérieux.
22:38 Donc ça, ce n'est absolument pas possible de continuer sur ce système-là.
22:42 Après, on a un autre facteur qui reste toujours sous silence,
22:45 c'est bizarre parce que les trucs, les éléphants, on ne les voit jamais dans la pièce.
22:49 L'OMC, qui impose des règles de commerce internationaux
22:53 dont est victime l'agriculture européenne, est devenue insupportable.
22:56 L'OMC qui a été créée au début des années 90,
22:59 doit aujourd'hui être complètement revue,
23:01 on doit reposer les choses différemment pour permettre des échanges.
23:04 Parce que moi, quand je dis qu'on est contre les échanges bilatéraux
23:07 tels qui sont faits aujourd'hui, pourquoi on est contre ?
23:10 D'abord parce qu'ils sont écocidaires des deux bouts.
23:13 Alors, ils sont déloyales pour l'agriculture européenne,
23:15 ils sont écocidaires pour les pays de prévenance avec la déforestation,
23:19 avec le non-respect des règles européennes.
23:21 On utilise des pesticides interdits ici, on utilise des cultures industrielles,
23:25 des OGM, des trucs et des machins.
23:27 Et ici, ils ruinent l'agriculture locale.
23:30 Du coup, ils sont écocidaires aussi, parce qu'il y a une agriculture qui ne fonctionne pas,
23:33 ça veut dire des paysages en mauvais état,
23:35 ça veut dire tout un tas de choses qui ne collent plus non plus.
23:38 Donc, à ce titre-là, on ne peut pas poursuivre.
23:42 Et par contre, qu'on mette en place des vrais échanges multilatéraux,
23:47 on va prendre l'exemple de la Nouvelle-Zélande.
23:49 On vient de passer un accord commercial avec la Nouvelle-Zélande.
23:52 On achète de l'agneau là-bas, c'est leur grosse production en extensif,
23:55 ils en ont énormément.
23:57 En France, on a beaucoup de producteurs d'agneau,
23:59 tout ce qu'on achète, on n'en a pas besoin.
24:01 Qu'est-ce qu'on fait ? On achète l'agneau en Nouvelle-Zélande,
24:03 puis après, quand il est arrivé ici, on le revend en Chine.
24:05 Non mais les gars, on ne pourrait pas faire un accord multilatéral
24:07 qui pose les choses différemment.
24:09 Que les Néo-Zélandais aient besoin d'en exporter, soit.
24:12 Que d'autres parties du monde en aient besoin, soit.
24:15 Mais dans ce cas, on l'organise comme il faut.
24:17 On ne fait pas de l'importation en Europe, de volume dont on n'a pas besoin,
24:19 pour après le ré-exporter.
24:21 Mais ça, on voit ça à tous les étages.
24:23 Alors qu'on dit qu'il faut arrêter les émissions de CO2,
24:27 et on fait des containers qui traversent la planète dans tous les sens,
24:31 c'est une absurdité totale.
24:33 C'est ça qu'il faut remettre en question.
24:35 - Sylvie Collin, on le voyait tout à l'heure,
24:37 on le voit d'ailleurs encore maintenant à l'extérieur du Parlement européen
24:39 avec la manifestation, la mobilisation.
24:41 La solidarité entre les agriculteurs intéressants,
24:47 on va dire, européens, elle existe, on le voit ici.
24:51 Les agriculteurs qui viennent de différents pays,
24:53 c'est un point fort, ça à l'heure actuelle,
24:55 cette autre Europe, j'allais dire, entre guillemets,
24:57 qui n'est pas celle des institutions dont on est en train de parler là,
24:59 mais celle de la solidarité européenne,
25:01 des agriculteurs qui voudraient faire autre chose.
25:03 - Mais complètement.
25:05 Et nous, à la Confédération Paysanne,
25:07 on a toujours eu cette solidarité
25:09 avec tous les paysans et paysannes du monde,
25:11 avec la Via Campesina,
25:13 qui représente 200 millions de paysans.
25:15 Il ne faut pas oublier que 80% des paysans n'ont pas de tracteur.
25:19 Nous, on parle de notre agriculteur,
25:21 agriculture de l'Occident, mais il faut regarder.
25:23 Et en plus, dans tous ces échanges,
25:25 comme disait M. Gruffard, effectivement,
25:27 le problème, c'est que non seulement
25:29 on tire vers le bas tout le monde au sein de l'Europe,
25:31 mais aussi dans tous ces pays du monde
25:34 où on n'a même plus la souveraineté alimentaire,
25:36 c'est-à-dire, ils vont être capables de faire de la canne à sucre
25:38 pour des grands groupes industriels
25:40 qui nous vendent du soja et nous créent du diabète et de l'obésité.
25:44 Voilà.
25:45 Avec des travailleurs qui sont, toute la journée,
25:48 en train d'être aspergés de pesticides,
25:50 des paysans autour de ces plantations de canne à sucre
25:53 qui ne peuvent plus travailler leurs terres
25:55 parce qu'ils n'ont plus l'eau,
25:57 parce qu'on leur a pris l'eau, bien commun,
25:59 parce que parfois on leur a pollué leurs terres,
26:01 sans parler de toute l'industrie qu'on vient piller aussi
26:04 au niveau des minerais et autres.
26:06 Donc, il y a vraiment à repenser complètement nos relations au monde,
26:09 parce qu'on le voit bien, c'est en train de s'effriter.
26:11 Et nous, la solidarité, bien sûr, avec l'Europe,
26:14 on a l'ECVC, qui est notre structure,
26:16 qui est à Bruxelles, où effectivement,
26:18 on a des confédérations paysannes, en quelque sorte,
26:21 de chaque pays européen,
26:23 dont une partie était là aussi aujourd'hui,
26:26 qui était là la semaine dernière à Strasbourg,
26:28 quand on a manifesté.
26:29 - C'est ce que j'allais dire. On voit la force, là.
26:30 - Ah oui, là, c'était très impressionnant
26:32 de voir cette solidarité.
26:34 On était la première force devant le Parlement de Bruxelles,
26:39 via la Via Campestina et l'ECVC.
26:43 Donc, voilà, il faut se dire que les problèmes sont les mêmes
26:47 sur l'ensemble de la planète.
26:49 - Que tout le monde en est conscient.
26:51 - Que tout le monde en est conscient,
26:52 que tout le monde doit en avoir conscience,
26:53 qu'on est des êtres humains,
26:54 que l'humanité et la solidarité, c'est pas un vrai mot.
26:57 Et qu'à un moment, là où un paysan souffre,
26:59 ici, forcément, qu'il y en a un autre qui souffre
27:01 à l'autre bout du monde,
27:02 au même titre que tous les travailleurs,
27:04 parce qu'il faut parler aussi de tous les travailleurs de l'agriculture.
27:07 Et on a pourtant une déclaration reconnue par l'ONU,
27:11 qui s'appelle l'ONDROP,
27:13 qui est la déclaration des droits des paysans et des paysannes,
27:16 notamment par rapport à leurs semences,
27:18 le droit de produire et de multiplier leurs semences,
27:21 l'accès à l'eau, le travail, bien sûr, dans l'accès à la santé.
27:26 Et on reprend tous ces droits.
27:27 Et d'ailleurs, au niveau de l'ONDROP,
27:29 on a obtenu d'avoir trois experts nommés par l'ONU
27:32 pour faire la promotion et contrôler son application.
27:36 Alors, bien sûr, c'est pas contraignant, c'est l'ONU.
27:39 Mais c'est quand même une réflexion qui doit nous donner
27:42 cette dimension, cette élévation de l'humain,
27:45 aller vers quelque chose de positif pour tous.
27:47 - Un mot pour conclure, peut-être, Laurent Gruffin.
27:49 On nous avait dit au début de ce mandat,
27:52 la présidente de la Commission européenne avait parlé du Green Deal,
27:55 n'est-ce pas, qui était quand même le fagnon,
27:58 le fagnon de cette séquence politique dans l'Union européenne.
28:05 Le Green Deal ?
28:07 - Le Green Deal, il avait trouvé son origine
28:09 dans la campagne des européennes, qui était beaucoup plus porteuse
28:13 pour les verts et pour l'écologie et l'environnement à ce moment-là.
28:16 Ça avait mis quand même une sacrée pression sur la droite européenne
28:19 pour ne pas l'effacer et de l'écarter dans le revers de manche.
28:21 Donc, ça avait fait l'objet d'une stratégie pour la mandature.
28:27 Qu'est-ce qu'il en sort ?
28:29 Si on parle du volet agricole du Green Deal,
28:31 farm to fork, de la ferme à la fourchette,
28:34 le contenu, c'était quoi, les grands points ?
28:36 25 % des surfaces en bio en Europe.
28:38 On est à 9,5 % en moyenne aujourd'hui.
28:40 La France est à 8,5 %.
28:42 L'Autriche, qui est le plus haut, est à 26 %.
28:44 Et l'Irlande, qui est le plus bas, et la Pologne sont à 3 %.
28:47 Donc, on avait ce qui était déjà une belle étape.
28:50 Deuxième point, c'est 50 % de réduction des pesticides.
28:52 Troisième point, 50 % de réduction des antibiotiques dans l'alimentation animale.
28:57 Quatrième point, la réduction de 20 % des engrais chimiques, etc.
29:01 Donc, c'était une belle démarche, etc.
29:04 On arrive en fin de mandat. Qu'est-ce qui a été fait ?
29:07 50 % de réduction des pesticides,
29:09 dont le notre code, dans le règlement européen sûr,
29:13 a été jeté littéralement à la poubelle,
29:16 avec une claque considérable à la Commission.
29:19 La Commission a quand même dit,
29:21 toutes les directives qu'on a prises depuis 2009,
29:23 qui sont les plans éco-phytos en France,
29:25 mais il y a les mêmes en Europe.
29:26 D'ailleurs, je souligne au passage qu'il y a des pays
29:27 qui ont réduit leurs pesticides.
29:28 Eux, ils l'ont suivi, le plan.
29:30 Donc, il y a la fameuse surtransposition issue des directives.
29:34 La France n'a rien.
29:36 Ça a fait un bruit terrible dans la rue ces 15 derniers jours.
29:40 En réalité, il n'y en a pas de surtransposition.
29:43 Donc, réduction de 50 % des pesticides, il n'y en a pas.
29:46 On nous dit qu'il faut faire sauter les normes.
29:48 On n'a pas commencé.
29:49 Donc, tout ce qui était dans le plan,
29:52 il n'y a rien de commencé.
29:54 Et on dit dans la manif que c'est déjà trop.
29:57 On se moque un peu du public et du monde.
30:00 On crie avant d'avoir mal.
30:01 On n'a pas commencé.
30:02 On n'a pas essayé.
30:03 En clair, l'environnement, l'écologie,
30:07 les transitions agricoles nécessaires pour la génération qui vient,
30:11 les 1,5° en 2050, etc.,
30:14 on s'assoit dessus littéralement.
30:15 On ne veut pas en entendre parler.
30:17 C'est grave.
30:18 C'est grave pour l'habitabilité de la planète, comme on dit.
30:20 C'est grave pour la sécurité alimentaire sur la planète.
30:24 C'est tout un tas d'éléments qui posent quand même sacrément de questions.
30:28 Bientôt, l'élection européenne.
30:29 Bien sûr.
30:30 Le 9 juin prochain.
30:31 Il faut y repenser.
30:32 Voilà.
30:33 Je vous remercie énormément,
30:34 beaucoup, vous deux,
30:35 pour tout ce que vous nous avez expliqué,
30:37 ce point très, très complet que vous venez de faire.
30:39 Merci à vous.
30:40 Et merci à vous également qui nous avez suivis.
30:42 À très bientôt.
30:43 Au revoir.
30:44 Merci.
30:45 Merci.
30:46 Merci.
30:47 merci à bientôt !