Rupture de stock du vaccin anti-grippe en pharmacie : écoutez Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 17 janvier 2025.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 17 janvier 2025.
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00:00Il est 6h15, vous l'avez peut-être expérimenté vous-même directement en pharmacie ces derniers jours.
00:09On manque de vaccins contre la grippe. Alors le Ministère de la Santé se veut rassurant ce matin,
00:14mais c'est un paradoxe, en pleine épidémie, alors que les hôpitaux ont déclenché le plan blanc,
00:18que les autorités appellent tout le monde à se faire vacciner.
00:21Bonjour Philippe Bessé.
00:23Bonjour.
00:24Vous êtes le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
00:27À l'heure où l'on parle, est-ce qu'on est en pénurie ou est-ce que le mot est un peu fort ?
00:32Le mot est très fort, parce qu'en réalité on a vacciné déjà depuis le mois d'octobre.
00:38La campagne de vaccination grippe débute à 1 octobre et normalement on se vaccine en fin octobre,
00:45novembre et tardivement en décembre, et très très rarement en janvier.
00:50On a vacciné, à date, un peu plus de 10,5 millions de personnes,
00:56et en fait, on a vacciné plus que l'an dernier.
00:58Et c'est ça qui cause des pénuries dans de nombreuses pharmacies, mais pas toutes.
01:04On a vacciné plus que l'an dernier, mais on n'arrête pas de nous dire que les Français ne sont pas assez vaccinés.
01:08L'année dernière, c'était 1% le taux de vaccination.
01:10Non, un peu plus, parce que dans les personnes fragiles, on atteint à peu près 42-43%, ce qui est très faible.
01:20Mais tous les ans, on vaccine à peu près 10 millions de Français.
01:24L'an dernier, on avait vacciné 10,2 millions de Français.
01:27Donc c'était très très faible, effectivement, je partage cet avis.
01:31En tout cas, nous, pharmaciens, nous devons commander les stocks au mois de février
01:37pour la campagne de l'année d'après, et on ne peut plus en recommander.
01:42Donc il faut imaginer au mois de février, quelle sera la campagne l'année suivante.
01:46Et c'est le processus de fabrication du vaccin qui fait qu'on ne peut pas en recommander, en fait.
01:52L'Organisation mondiale de la santé nous explique aux fabricants
01:57quels sont, donne l'ordre plutôt aux fabricants, de fabriquer tel type de vaccin en fonction de la circulation virale.
02:03Et c'est ce vaccin qu'ils fabriquent, ils ne peuvent plus en refaire un deuxième lot.
02:10Donc les pharmacies commandent des doses une fois par an, en février,
02:13en se fondant sur le taux de vaccination de l'année précédente.
02:16C'est exactement ça. On en commande toujours un peu plus.
02:19Donc l'an dernier, il y avait eu 10,2 millions de personnes vaccinées.
02:25Donc on a commandé, les pharmaciens ont commandé à peu près 11 millions de doses pour cette campagne.
02:31Cette année, on a vacciné plus.
02:34Donc on est à date à 10,6, à peu près, parce que je n'ai pas les derniers chiffres, millions de Français vaccinés.
02:42Donc il reste en gros 300-1000 doses dans le circuit.
02:45Il en reste aussi à l'hôpital.
02:47Mais pourtant, on a tous été en reportage, il y a des pharmacies qui manquent de doses.
02:52Il y a des pharmacies qui ne sont plus achalandées.
02:54C'est indéniable. Il y a 35% des pharmacies qui n'en ont plus du tout.
02:58Donc une pharmacie sur trois n'en a plus du tout.
03:01Et puis, on a donc deux pharmacies sur trois qui en restent.
03:05On partage les doses maintenant.
03:09C'est-à-dire qu'en fait, les pouvoirs publics, les agences régionales de santé nous ont autorisé à dépanner, si vous voyez, nos confrères.
03:18Vous savez que le vaccin, c'est quelque chose de très suivi.
03:22Il y a un process de traçabilité très strict.
03:25Normalement, on n'a pas le droit de donner des médicaments à d'autres pharmacies.
03:29On doit tracer les médicaments d'où ils viennent et où ils vont.
03:33Donc là, exceptionnellement, on a le droit de dépanner nos confrères.
03:37Moi, je dirais qu'on va terminer la campagne.
03:39Mais néanmoins, il faut réagir pour l'année prochaine.
03:42Parce que si on veut l'an prochain, par exemple, vacciner 15 millions de personnes,
03:47il faut qu'on commande 15 millions de doses.
03:49Sinon, ça ne va pas marcher.
03:50Et ça, vous pouvez le dire ? Vous pouvez le faire ?
03:53On peut commander ce qu'on veut.
03:55La question, c'est de savoir si, véritablement,
03:58l'engouement qu'on trouve aujourd'hui, on l'aura l'an prochain.
04:02Oui, parce qu'il ne faut pas vous retrouver avec des vaccins sur les bras.
04:04C'est-à-dire que c'est du gâchis.
04:07On va détruire des doses.
04:11En fait, chaque année, on va se retrouver,
04:14je vais me retrouver sur RMC, pour discuter du même sujet.
04:17C'est quasiment impossible de tomber juste.
04:20Soit, je vais vous dire, c'est du gâchis, on jette 5 millions de doses.
04:24Soit, je vais vous dire, il en manque.
04:26Comptez à l'avance combien de personnes vont vouloir se faire vacciner.
04:30C'est une gageur.
04:31Donc, une pharmacie sur trois, aujourd'hui, en rupture.
04:33Dernière question, Philippe Bessé, ça sert encore à quelque chose
04:36de se faire vacciner aujourd'hui ?
04:38Vraiment, c'est les dernières minutes.
04:41Il faut comprendre qu'il y a 10 jours, à peu près,
04:45pour que le vaccin soit efficace.
04:47On va atteindre le pic épidémique, maintenant.
04:51Donc, ça va continuer.
04:53L'épidémie de grippe ne va pas s'arrêter d'un coup.
04:56Donc, oui, il faut se faire vacciner, mais le plus tôt possible.
04:59Parce qu'il faut compter sur ces 10 jours, pour qu'il soit efficace.
05:04Merci beaucoup, Philippe Bessé.
05:05Vous étiez bien sur RTL, ce matin.
05:07Président de la Fédération, c'est pas grave, on les aime bien aussi.
05:10Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
05:12Merci d'avoir été avec nous.