• il y a 6 mois
Après une première mobilisation lors du week-end de Pentecôte, les pharmaciens sont de nouveau en grève jeudi afin de dénoncer les pénuries de médicaments et de réclamer des revalorisations de salaires. Béatrice Clairaz, présidente du syndicat des pharmaciens des Hauts-de-Seine, est l'invitée de Jérôme Florin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 30 mai 2024

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Transcription
00:00Il n'y a pas beaucoup de croix vertes qui seront allumées aujourd'hui.
00:07Entre 90 et 95% des pharmacies seront en grève ce jeudi, selon les syndicats.
00:12Une mobilisation inédite par son ampleur depuis dix ans.
00:15Bonjour Béatrice Clérasse, vous êtes la présidente du syndicat des pharmaciens des Hauts-de-Seine.
00:21Merci d'être avec nous ce matin.
00:22D'abord, pardonnez-moi, mais a priori, on peut se dire que vous n'êtes pas forcément une profession dans le besoin.
00:28Les revenus sont plutôt confortables.
00:32Pourquoi cette grève générale d'abord ?
00:34D'abord, pour répondre à votre premier point des revenus confortables,
00:39c'est un peu l'image d'épinal du pharmacien parce que nous sommes en 2024
00:43et les choses ont beaucoup changé.
00:45Mais c'est un autre sujet.
00:46Pourquoi les pharmaciens sont dans la rue aujourd'hui ?
00:49Parce qu'il y a des menaces réelles qui pèsent sur la pharmacie d'officine
00:53avec comme enjeu majeur la fermeture des pharmacies
00:57et par votre conséquence une dégradation majeure de l'accès aux soins pour les patients.
01:02Pourquoi ? Parce qu'il y a un rapport qui est le rapport Ferracci
01:05qui est une volonté de déréguler certaines professions réglementées.
01:09Ça, ça a été annoncé par votre presse.
01:11Ça a été annoncé par M. Attal lors de son discours de politique générale
01:15et quand on parle de profession réglementée, les pharmaciens sont dans la boucle.
01:19Alors que dit ce rapport ?
01:20Il veut déréguler la pharmacie d'officine en ouvrant la vente de médicaments sur des plateformes sur Internet
01:26Sur Amazon par exemple ?
01:28Alors, dans un premier temps, ça n'est pas dit
01:31mais évidemment nous avons tous dans notre tête Amazon
01:35et quand on dit vente de médicaments sur Internet
01:38on a un vrai souci de sécurisation du circuit du médicament.
01:42Aujourd'hui en France, nous sommes relativement protégés contre la contrefaçon
01:46puisque ça passe par les pharmaciens.
01:48Il y a une sécurisation du circuit du médicament.
01:51Quand ce sera sur Internet, ça ne sera plus le cas.
01:55C'est un véritable problème de santé publique pour les patients.
01:58Vous pensez vraiment qu'on ira jusque là ?
02:01Eh bien, si on est dans la rue aujourd'hui ce matin
02:04c'est pour justement se battre contre ça et demander l'abandon du projet, de ce projet-là.
02:09Et d'ailleurs, j'ai entendu que vous avez Gabriel Attal comme invité ce matin
02:13j'espère que vous l'interpellerez sur ce sujet.
02:15En tout cas, on le fera par votre intermédiaire
02:18parce que vous avez clairement formulé les choses.
02:20L'autre point de crispation, Béatrice Clara, c'est la pénurie de médicaments.
02:23On en parlait dans le journal.
02:25Toujours pas d'amélioration de ce côté-là ?
02:27Alors, c'est effectivement un point de crispation
02:30puisque les ruptures d'approvisionnement se poursuivent.
02:33En 2023, encore 5000 signalements de pénurie ou de tension d'approvisionnement
02:37contre 3700 en 2022.
02:40Et vous comprenez bien là aussi que c'est un impact péjoratif, négatif
02:44sur le soin pour les patients.
02:47Des patients sont en risque puisqu'il y a des risques d'interruption de traitement.
02:51Et quand on parle de rupture de médicaments, ça concerne quels médicaments ?
02:55Les antibiotiques, les antidiabétiques, les antiépileptiques,
02:58certains anticancéreux.
03:00Ce ne sont pas des médicaments qui sont anodins.
03:02Et nous, au quotidien, ça représente à peu près 8 à 12 heures
03:06par semaine pour trouver des solutions pour les patients.
03:098 à 12 heures par semaine de travail en plus ?
03:12Effectivement.
03:13Pour gérer cette pénurie. Pourquoi ?
03:15Parce qu'on ne peut pas laisser des patients sans traitement.
03:18Donc il faut qu'on passe du temps à trouver des solutions.
03:21Appeler des confrères, les grossistes, les labos, les médecins
03:25si jamais on n'a pas de solution.
03:27Et je ne vous parle pas du parcours du combattant des patients
03:30qui font parfois 40 kilomètres pour trouver le traitement.
03:33Question pratique pour finir, on pourra quand même trouver des médicaments aujourd'hui ?
03:37Aujourd'hui, vous avez des pharmacies qui vont être réquisitionnées
03:41dans toutes les régions pour pouvoir répondre aux demandes urgentes des patients.
03:46Malgré ce mouvement, on ne laisse pas les patients en difficulté
03:50et seront affichées sur toutes les pharmacies fermées
03:54la liste des pharmacies réquisitionnées pour répondre à leurs besoins urgents.
03:57Donc dans toutes les villes, pas trop loin de chez soi, on pourra avoir une pharmacie ouverte ?
04:01Exactement, c'est tout à fait ça.
04:03Merci beaucoup Béatrice Cléras, présidente du syndicat des pharmaciens des Hauts-de-Seine.
04:07Merci d'avoir été avec nous en direct sur RTL.
04:10Merci.

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