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Quelques jours seulement après le sommet du spatial à Séville, le financement d’Ariane 6 et les subventions collectives sont au cœur des conversations. Mais l’événement semble également confirmer une période cruciale pour le spatial européen. Est-ce le signal d’un système européen à bout de nerfs ? Faut-il abandonner les rêves de grandeur pour l’Europe spatiale pour se concentrer sur nos ambitions nationales ?

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00:00 Quelques jours seulement après le sommet du spatial à Séville, la compétition entre
00:09 les pays est au cœur des conversations, mais aussi les ambitions européennes, les subventions
00:13 collectives, bref, tout ce que l'Europe spatiale a de plus crucial a été remué.
00:19 Alors je vous propose aujourd'hui ensemble de prendre le sujet à bras le corps.
00:21 Faut-il abandonner les rêves de grandeur pour l'Europe et se tourner davantage sur
00:28 la compétition nationale ? Pour en parler en plateau avec nous, nous avons David Henry
00:33 à ma droite, cofondateur de la pépite française Exotrail qui met au point des moteurs pour
00:37 Petit Satellite, mais aussi le Space Van pour la livraison au dernier kilomètre, bienvenue
00:43 sur le plateau de Smart Space.
00:45 David Henry, en face de vous, on a André Le Zecruc, piétrin, président de JEDI, l'initiative
00:51 européenne pour l'innovation de rupture.
00:53 Bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:56 Alors vous étiez en plateau avec nous il y a quelques semaines aux côtés d'Eric
01:01 André Martin pour parler de l'Europe spatiale évidemment et nous avions conclu sur cette
01:06 question ouverte, faut-il renationaliser nos ambitions spatiales ? Vous n'aviez pas eu
01:11 l'occasion de répondre alors je me tourne vers vous en premier.
01:14 Est-ce qu'il faut se tourner vers nos ambitions nationales au détriment des ambitions européennes
01:19 ? Je crois que déjà il faut avoir de l'ambition.
01:22 Et on a quand même un tout petit peu de mal à avoir une vision très claire que ce soit
01:27 au niveau des nations ou que ce soit au niveau européen et surtout en termes d'exécution
01:32 parce que c'est très bien d'avoir des grands rêves, encore faut-il mettre en œuvre.
01:35 Ensuite s'il s'agit de détricoter la coopération européenne et c'est un petit peu quand même
01:40 ce qui s'est passé à Séville au profit on va dire d'intérêts tactiques court terme
01:46 des différents états, là on fait fross-route parce que comme dans beaucoup de sujets de
01:50 technologie l'échelle compte et l'échelle européenne, la puissance d'achat des gouvernements,
01:57 la créativité d'un écosystème de start-up qui est quand même considérable de Lisbonne
02:03 à Tallinn, de Dublin à Athènes, ça serait un petit peu dommage de se rétrécir sur
02:08 les intérêts nationaux.
02:09 Alors après il faut aussi constater et c'est ce qui s'est passé à Séville, c'est qu'on
02:12 n'est quand même pas d'accord sur un certain nombre de points entre les grandes nations
02:16 spatiales européennes.
02:17 David Henry, est-ce que votre regard est plutôt tourné vers les ambitions européennes
02:23 spatiales ou nationales ?
02:24 Alors déjà je pense que l'échelle comme le disait André, l'échelle raisonnablement
02:33 ne peut être que le continent pour affirmer une ambition.
02:37 On m'avait dit, alors je n'ai pas les chiffres exacts en tête, mais que globalement quand
02:43 on dérivait le budget de la NASA on obtenait le budget du CNES, donc qu'est-ce que ça
02:46 veut dire ça si on ne fait pas de maths ?
02:48 Ça veut dire que le budget de la NASA tous les ans c'est le budget de la NASA l'année
02:52 d'avant plus le budget du CNES.
02:54 Donc ça, ça donne un peu un ordre de grandeur, ça dépend quel est le niveau d'ambition,
02:58 mais si on a un niveau d'ambition qui est de lutter à armes égales contre les grandes
03:03 puissances alors le niveau devrait être le niveau européen.
03:08 Pas forcément de la façon dont c'est fait aujourd'hui, ça j'ai un avis assez tranché
03:11 sur la question cependant, mais je pense qu'il faut conserver, si on veut conserver un niveau
03:17 d'ambition, il faut se donner les moyens de nos ambitions et les moyens de nos ambitions
03:20 c'est probablement, pour moi en tout cas, à l'échelle européenne.
03:24 Et alors c'est quoi cet avis tranché sur la question ? On parle de l'économie, du
03:27 financement européen ?
03:28 Aujourd'hui je pense personnellement que la façon dont la France travaille avec ses
03:36 entreprises innovantes est meilleure qu'au niveau européen.
03:42 C'est perfectible, mais meilleure.
03:44 Pourquoi ? Il y a des éléments, on parle souvent de France 2030, c'est un élément
03:48 quand même assez exceptionnel.
03:50 Vous faites partie de France 2030 ?
03:51 On fait partie de France 2030, tout à fait.
03:53 Alors justement, c'est ça le point, on n'est pas subventionné par France 2030.
03:57 L'État nous a acheté une mission pour déplacer une charge utile d'un endroit à un autre
04:04 en orbite basse.
04:05 Et nous, on a répondu à un appel d'offres qu'on a remporté et on va déployer fin
04:10 d'année prochaine cette charge utile.
04:12 Mais on n'est pas subventionné, l'État français a besoin de démontrer ses capacités
04:20 là et donc elle nous a acheté ce vol de démonstration.
04:23 Par ailleurs, par le passé, c'est un autre aspect positif de la France aujourd'hui,
04:29 on a été subventionné pour développer, quand on était à un niveau de développement
04:33 on appelle de TRL bas, de subventionner pour accompagner ce développement là.
04:38 Et c'est à ça que pour moi France 2030 c'est un excellent exemple parce qu'on passe
04:42 à la phase opérationnelle, on va acheter des services.
04:46 Ça, ça fonctionne bien et objectivement ça, aujourd'hui, on n'a pas vraiment l'équivalent
04:51 à l'échelle européenne.
04:52 On n'a pas l'équivalent à l'échelle européenne et bon, je pense qu'on en parlera
04:58 par ailleurs, on pourra donner quelques exemples, mais ça, ça pose problème.
05:01 André Le Zucrug, Piétri, France 2030, meilleur que les dispositifs européens ?
05:06 Alors peut-être plus spécifiquement ce que David citait, c'est-à-dire le fait que l'État
05:12 arrête cette manie de subventionner ou pire encore ce qui se passe en ce moment au niveau
05:16 de, malheureusement, de la Commission européenne, c'est de considérer que la Commission doit
05:21 mettre de l'argent dans des start-up en capital.
05:24 Je ne suis pas sûr aujourd'hui que ce soit les fonctionnaires européens qui soient les
05:28 mieux placés pour savoir dans quoi il faut investir.
05:30 Par contre, être le premier acheteur, celui qui véritablement est celui qui va donner
05:35 les premiers contrats et grâce à ces contrats, crédibiliser ces sociétés qui ensuite auront
05:40 beaucoup moins de problèmes pour lever de l'argent, trouver d'autres clients, ça
05:44 c'est le vrai lourd de l'État et en fait c'est ça le succès de SpaceX.
05:46 SpaceX, oui, il y a sûrement eu des subventions par-ci par-là, mais ça a surtout été un
05:50 pari fait par l'État américain, l'État fédéral américain de dire on va confier
05:55 à un nouvel acteur le soin de développer des nouveaux lanceurs, en l'occurrence des
06:00 lanceurs réutilisables.
06:01 Le succès a été immense.
06:02 C'est vrai, mais alors ce qui est intéressant c'est qu'à ce moment-là, la NASA a décidé
06:06 de ne plus investir elle-même au niveau institutionnel.
06:09 Or aujourd'hui, on est un peu partagé entre demander à l'Agence spatiale européenne
06:14 de pousser ces actes-là individuellement et proposer une ambition ou mettre en œuvre
06:20 des projets qui pourraient être comparables à Artemis par exemple.
06:23 La NASA continue toujours à acheter beaucoup de vols à SpaceX.
06:27 Oui, bien sûr.
06:28 Elle a décidé de ne plus produire ses propres lunettes.
06:31 Oui, mais du coup parce qu'elle a décidé de les acheter et d'acheter vraiment du service.
06:37 Sauf qu'aujourd'hui, on a une difficulté en Europe, c'est quand on achète du service,
06:41 en fait le réflexe un peu naturel revient qui est ah oui, mais il faut en fait, vos
06:46 services, vous allez le faire comme ça, comme ça, comme ça, avec ça, avec ça, de telles
06:49 couleurs.
06:50 Et c'est vraiment en fait, ok, on a acheté un service, mais qu'on spécifie tellement,
06:53 qu'on contrôle tellement qu'on a les mêmes désavantages que d'acheter du développement
07:00 qui est le mode privilégié de notamment l'Agence spatiale européenne.
07:04 Donc, je pense que moi, je suis exactement d'accord avec ce que disait André.
07:08 Le rôle de l'Europe, ce n'est pas d'investir dans les sociétés.
07:12 On a dans notre conseiller, quelqu'un qui s'appelle Jean-Jacques Dordain, qui est conseiller
07:18 d'ailleurs de la plupart des boîtes européennes, qui était le patron de l'ESA jusqu'en 2014.
07:23 Et il disait, quel est le meilleur moyen d'avoir un euro d'argent privé ? Il disait que les
07:29 gouvernements demandaient ça.
07:30 Et il disait, mettez un euro d'argent public en achat.
07:32 Et ensuite, je pense que quand on met un euro public en achat, en commande, en achat de
07:38 service, on a en général, l'ordre de vendeur, c'est 10 euros d'argent privé, d'investissement
07:42 privé qui arrivent.
07:43 Donc le rôle de l'Europe n'est pas d'investir en capital.
07:48 C'est d'être potentiellement le premier client, pas que le premier d'ailleurs, d'être un
07:52 client récurrent, parce que dans le spatial, l'État avec un grand E, l'Europe avec aussi
07:58 un grand E, c'est un client parce qu'ils ont des besoins.
08:01 Et donc, c'est de continuer à acheter une réponse à ces besoins.
08:06 Et ensuite, en fait, l'argent privé, entre guillemets, suivra.
08:11 C'est ça le rôle de l'Europe pour moi.
08:14 Et il y a peut-être deux conséquences à ce que vient de dire David.
08:17 Je ne sais pas s'il y a beaucoup de fonctionnaires de la Commission européenne qui nous écoutent,
08:21 mais peut-être.
08:22 C'est qu'au contraire, ça veut dire qu'il faut, un, une capacité d'achat beaucoup plus
08:27 intelligente, avec des compétences beaucoup plus fortes.
08:29 Parce que le problème, quand vous ne savez pas finalement qu'est-ce qu'on vous propose,
08:33 il y a un vrai risque, c'est de retourner vers les acteurs existants.
08:36 Alors, ils ne sont pas forcément mauvais, les grands acteurs, les Airbus, les Thalès,
08:40 etc.
08:41 Mais c'est souvent la solution de sécurité.
08:43 Il n'y a plus de prise de risque dès que c'est de l'argent public.
08:47 Voilà, c'est la fameuse expression "on ne prend jamais de risque en choisissant IBM".
08:50 Alors désolé pour IBM, mais voilà.
08:51 Alors qu'au contraire, aujourd'hui, ceux qui vont être capables de pousser un petit
08:55 peu l'enveloppe, comme on dit dans l'aéronautique, ça va être quand même plutôt les sociétés
08:59 jeunes qui ont moins à perdre parce qu'elles sont sur un nouveau marché.
09:01 Et la deuxième chose, c'est une capacité de prospective.
09:03 C'est-à-dire qu'il ne faut surtout pas aujourd'hui que l'Europe fasse ce que les États-Unis
09:07 ont fait il y a 15 ans, c'est de se dire "on va faire nous-mêmes notre propre fusée réutilisable
09:11 parce qu'entre-temps, les générations auront évolué".
09:13 Donc cette capacité de viser le coup d'après, donc prospective et capacité d'achat, c'est
09:19 là-dessus.
09:20 C'est un peu un État ou une commission stratège.
09:21 Aujourd'hui, on est quand même assez loin de voir ça.
09:24 Alors à Séville, l'Allemagne a obtenu l'ouverture de la compétition au niveau des lanceurs,
09:30 en tout cas officiellement après la fin de service d'Ariane 6.
09:36 En réalité, cette compétition a déjà commencé.
09:39 Est-ce que c'est encore un sujet qu'on met sous la table ?
09:42 Alors de façon générale, je pense que le sujet est un peu tabou quand même.
09:46 C'est la concurrence, le mot compétition, puis c'est aussi les complexités perçues
09:52 que ça entraîne.
09:54 Je suis encore, alors le débat va être peut-être un peu ennuyeux, mais assez d'accord, très
09:58 très d'accord avec ce que tu dis André.
10:00 Un bon exemple, c'est Iris Square.
10:03 On a demandé à la base industrielle de bider, d'envoyer un appel d'offres pour une constellation.
10:09 Ils se sont tous mis ensemble pour faire un appel.
10:11 C'est une constellation de communication notamment gouvernementale.
10:13 Donc qui a sur plusieurs fonctions de communication et avec d'autres charges utiles.
10:18 On a mis un peu beaucoup de choses dans cet éditoire.
10:21 On a déjà eu le dégât de Thierry Breton sur le sujet.
10:22 Alors justement, Thierry Breton dit "ah mais l'offre arrive, évidemment elle est beaucoup
10:25 trop chère".
10:26 Donc Thierry Breton tape du poing sur la table en disant "je vais aussi demander à des startups
10:30 de proposer des projets de constellation".
10:34 Donc il y en a eu deux de ces projets.
10:36 Nous on a fait partie de l'un d'entre eux qui s'appelait New Symphony.
10:39 Et puis ensuite, rebelote, les mêmes acteurs se disent aussi, puis se rassemblent.
10:45 Puis à la fin, il y a toujours une seule offre qui a été mise sur la table.
10:48 Et donc c'est encore une fois trop cher.
10:50 Et en fait, quand on creuse un peu, nous ce qu'on recommandait, c'était de découper
10:55 ce très gros appel d'offres en plusieurs plus petits pour permettre d'avoir des choses
11:00 à "taille humaine" pour que certains de ces lots puissent être confiés à des startups
11:08 et d'autres peut-être à des grands groupes, confiés aux meilleurs.
11:12 Si le meilleur c'est une startup, confie-le à une startup.
11:13 Si le meilleur c'est un grand groupe, confie-le à un grand groupe.
11:15 Il faut les faire des techniques.
11:16 Il faut les faire des techniques.
11:17 Il y en a un sur les antennes, un sur les propulseurs, etc.
11:18 Et il faut les quitter en achat.
11:19 Et en fait, quand on creuse, la raison, c'était essentiellement la Commission européenne,
11:24 et pas forcément le leadership de la Commission européenne.
11:27 La Commission européenne avait de notre compréhension, se disait "oui, mais si on découpe en tranches,
11:32 on va avoir trois fois plus de travail et trois fois plus de choses à analyser et nous,
11:36 on n'a pas l'équipe ni la compétence pour faire ça".
11:39 Et là, on se dit "ok, c'est notre argent à nous, c'est plusieurs milliards de dollars,
11:45 la souveraineté, c'est notre souveraineté à nous et la raison pour ne pas faire, à
11:50 mon sens, ce qu'il faudrait, c'est-à-dire découper en morceaux plus petits et laisser
11:54 les gens être les meilleurs sur chacun de ces morceaux-là, elle apparaît un peu facilement
11:59 solvable.
12:00 Alors, ce qui paraît étonnant, c'est que cette expertise-là, on peut la retrouver
12:05 dans les agences nationales, dans ces appels d'offres qui vont être créés, par exemple,
12:09 au travers de dispositifs comme France 2030.
12:11 Donc en fait, on attend aussi que peut-être à l'échelle nationale, pour répondre
12:14 à cette grande problématique, vers qui doit-on nous tourner ? À l'échelle nationale,
12:19 on attend une valorisation de cette expertise technique que vous pouvez apporter, ExoTrail,
12:24 par exemple, et à l'échelle européenne, qu'est-ce qu'on attend ? Une direction ?
12:28 Une ambition ?
12:29 Là aussi, ça ne va pas forcément faire plaisir, mais je me rappelle quand même que,
12:33 enfin, je ne me rappelle pas parce que je n'étais pas né, mais ou quasiment pas, mais
12:36 quand l'ESA a été créé, l'Agence Spatiale Européenne, il y avait une volonté de ne
12:40 plus avoir d'agence nationale.
12:41 Alors, je sais que ça choque aujourd'hui, mais c'était quand même ça l'objectif
12:44 initial.
12:45 Aujourd'hui, on a exactement ce qui se passe dans notre pays avec le fameux millefeuille
12:48 territorial.
12:49 Alors, c'est pire même.
12:50 On a une Agence Spatiale Européenne, on a maintenant une agence qui s'appelle l'ESPA,
12:55 qui est l'Agence Spatiale de l'Union Européenne, parce que ce que peu de gens, en fait, savent
12:58 exactement, c'est que l'ESA, en fait, n'a rien à voir avec l'Union Européenne.
13:01 La plupart des membres sont les mêmes, mais pas complètement.
13:04 Certains disent même qu'il y a une ESPA à Prague où il y a le siège, et il y a
13:10 certains des fonctionnaires de l'Agence de l'Union Européenne qui n'ont pas envie
13:12 de quitter Bruxelles pour plein de raisons, parfois purement matérielles.
13:16 Et donc, en fait, il y a une troisième agence, puis il y a toutes les agences nationales.
13:20 C'est de la folie.
13:21 Et enfin, dernière chose, il y a ce sacro-saint principe qui va entraîner l'Europe vers
13:25 sa perte, qui est le retour géographique, qui est qu'aujourd'hui, on ne privilégie
13:30 ni la véritable redistribution, on voit bien les frustrations de quelques pays qui considèrent
13:34 qu'ils n'ont pas de juste retour, et on n'a certainement pas l'excellence parce
13:39 qu'on essaye d'optimiser non pas en celui qui donne le meilleur produit, mais en fonction
13:44 des contributions au budget.
13:45 Donc aujourd'hui, on a le pire de tous les systèmes.
13:48 Et alors, qu'est-ce qu'on fait de ce système-là qui aujourd'hui fait qu'il faut habiter
13:51 22 États membres ?
13:52 Il faut du courage politique, il faut une vraie vision qui dépasse la tactique.
13:55 Aujourd'hui, on n'est que dans la tactique.
13:57 Et ce qui s'est passé malheureusement à Séville, pour ça que j'ai été un peu
13:59 dur au début, c'est que la France a atteint le fait que le soldat Ariane 6 soit sauvé.
14:07 On va quand même mettre, essentiellement la France, puisqu'elle contribue à 55%,
14:11 340 millions ou 330 millions d'euros pendant trois ans.
14:15 Je rappelle quand même que les industriels, par an, pendant trois ans, donc c'est un
14:18 milliard.
14:19 Je rappelle quand même que les industriels qui s'étaient roulés par terre pour avoir
14:22 la maîtrise d'œuvre en 2014 d'Ariane 6 avaient promis que ça serait rentable.
14:26 On n'y est pas.
14:27 Donc là, il y a quand même un vrai échec industriel.
14:30 Alors, on peut dire qu'il y a l'inflation et tout ça, mais voilà.
14:33 Deuxième chose, les Allemands récupèrent la compétition sur les petits lanceurs où
14:37 ils sont plutôt très avancés, notamment avec des sociétés comme Isar Aerospace
14:42 ou Europecade Lab Factory, et les Italiens sortent carrément du programme Ariane en
14:48 développement.
14:49 Donc pour moi, c'est la fin de la coopération sur les lanceurs.
14:51 Il faut le dire comme c'est.
14:52 Alors là-dessus, moi, je suis d'accord sur le retour géographique.
14:56 Je suis moins d'accord.
14:58 Je pense que ce n'est pas forcément une solution que de supprimer les agences nationales.
15:03 Ce n'était pas mon souhait, mais c'était ce qui était prévu en fait.
15:06 Alors peut-être, mais par un certain pragmatisme, il n'y a qu'aujourd'hui, moi, dans toutes
15:09 les agences gouvernementales françaises, européennes, et que j'ai en face de moi,
15:14 aujourd'hui, et ce n'est pas pour leur faire plaisir, parce qu'aujourd'hui, celle qui
15:18 arrive le mieux à faire ça, pour moi, c'est le CNES, c'est-à-dire à travailler avec
15:23 des startups.
15:24 Aujourd'hui, avec le CNES, on a plusieurs contrats où je n'ai pas le sentiment que
15:28 j'ai gagné parce que je suis une startup, juste parce qu'ils ont un besoin, j'ai une
15:32 solution.
15:33 Aujourd'hui, maintenant, on y va.
15:34 Et qu'ils sont capables d'évaluer.
15:35 Ils sont capables de les évaluer.
15:36 La compétence technique au sein du CNES, elle est unanimement reconnue.
15:39 Il y a d'autres agences dans lesquelles on est très fort pour financer l'innovation.
15:49 C'est-à-dire qu'on a des contrats, des vrais contrats, pas de la subvention, mais
15:53 c'est des activités de développement dans lesquelles on va développer des solutions
15:56 opérationnelles qui répondent à des besoins opérationnels, des forces en l'occurrence.
16:00 Et ensuite, c'est le désert.
16:04 C'est-à-dire qu'ensuite, on nous dit les yeux dans les yeux, on sait qu'aujourd'hui,
16:07 on a un problème.
16:08 On parle plutôt en France.
16:10 On commence à être très bon pour financer l'innovation.
16:12 On a des start-up qui développent des produits à nos problèmes.
16:14 Et puis ensuite, on est incapable d'acheter ces solutions.
16:17 Pourquoi ? Parce qu'il y a une partie qui est un peu similaire au problème européen.
16:23 C'est-à-dire qu'on a une volonté, une envie d'avoir en face de nous, pour un gros
16:26 programme militaire, un groupement et pas de concurrence.
16:30 C'est d'ailleurs la raison principale.
16:33 C'est-à-dire qu'on se dit, je vais te demander d'abord gentiment, puis je vais
16:38 te demander avec un peu moins gentiment à mon groupement d'être compétitif et d'inclure
16:42 les start-up.
16:43 Et j'imagine que parce que je le demande, voire je le force, c'est ce qui va se passer.
16:47 Or, ça ne fonctionne pas.
16:48 Si vous êtes seul, on peut promettre, l'exemple d'Aren6, il est bon, on peut promettre tout
16:52 ce qu'on veut.
16:53 Cinq, six ans après, une fois qu'on dit si on débranche, il ne se passe rien, on est
16:57 pieds et poings liés.
16:58 Et s'il n'y a pas de concurrence, s'il n'y a pas de compétition, il n'y a pas de compétitivité.
17:02 C'est le même mot, ce n'est pas par hasard.
17:04 Donc c'est pour ça que sur les agences, je pense qu'aujourd'hui le CNES a réussi
17:08 vraiment à mettre en place des compétitions.
17:11 J'ai démarré ExoTrail en 2017, on est en 2023.
17:13 En six ans, ça a énormément changé.
17:15 Et donc je suis un peu… je pense qu'il ne faut pas forcément…
17:19 Donc les ambitions nationales comme moteur de ces compétitions.
17:23 Voilà.
17:24 Sur le retour géographique, moi, ça fait quelques années qu'il y a eu…
17:28 Aujourd'hui, le retour géographique, c'est si vous mettez un euro dans un programme, vous
17:31 êtes garanti que vous récupérez au moins 85 centimes, je crois, en contrat pour votre pays.
17:37 Moi, je pense que ce qu'il faudrait faire, et c'est une idée qui existe, c'est vous
17:41 payez un euro, et ça, ça vous donne le droit à concourir pour un euro.
17:47 Soit vous gagnez, dans ce cas-là, vous payez cet euro, soit vous perdez, dans ce cas-là,
17:51 vous récupérez tout ou tout moins les frais de fonctionnement de l'ESA, qui peuvent
17:55 être 15 centimes, par exemple.
17:57 Et en fait, en faisant ça, vous n'avez pas le problème numéro un du retour géographique,
18:03 qui sont que les gens sont choisis non pas parce qu'ils ont tel drapeau sur leur site
18:07 internet, mais parce qu'ils ont le meilleur produit.
18:09 Et donc, vous pouvez terminer avec un mode comme ça où l'Allemagne, la France ont
18:13 tout un programme, alors que l'Allemagne, la France et l'Italie ont donné chacun un don.
18:18 Je crois d'ailleurs que c'est une des propositions qui a été présentée aux assises du New Space
18:22 à la première édition.
18:26 Ce sera la prochaine question ouverte pour le prochain débat que nous aurons ensemble.
18:31 Comment reformuler cette question du retour géographique ?
18:33 Merci à tous les deux d'avoir pris le temps de venir sur le plateau de Smart Space aujourd'hui.
18:37 Merci à tous de nous avoir suivis à la production.
18:40 Lily Zalkind, à la semaine prochaine sur Bsmart.
18:43 [Musique]

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