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Jeudi 24 octobre 2024, SMART JOB reçoit Bénédicte Galtier (adjointe au chef du département politiques sociales, France Stratégie) , Stéphane Pimbert (directeur général, INRS) et Valérie Brusseau (présidente, Elles Bougent)

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00:00Générique
00:08Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job.
00:10Votre rendez-vous emploi RH Management.
00:12Débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles évidemment.
00:16Bien dans son job, quelle carrière pour les enfants placée à l'aide sociale à l'enfance ?
00:20C'est une étude qui est passionnante.
00:22Elle est portée par France Stratégie et on en parlera dans quelques instants avec Bénédicte Galetier,
00:27adjointe au chef du département politique social justement chez France Stratégie.
00:31Le cercle RH est un grand entretien, la mission, les missions de l'INRS.
00:37Elle est chargée de sculpter, d'analyser, de conseiller sur tous les sujets liés au travail.
00:42Évidemment accident du travail, mais pas seulement.
00:45L'IA, les pollutions, on fera le point avec le directeur général de l'INRS
00:50qui est une institution essentielle lorsqu'on parle du travail.
00:54Et dans Fenêtre sur l'emploi, on terminera avec cette relation aux carrières scientifiques.
00:59Toujours trop genré, trop de garçons en sciences et pas assez de filles.
01:04On en parlera avec Valérie Brussaux, elle est présidente de Elle Bouge
01:08et elle promeut évidemment les carrières scientifiques pour les femmes.
01:12Voilà le programme, tout de suite c'est bien dans son job.
01:25Bien dans son job pour parler d'un sujet qui à ma connaissance n'a vraiment jamais été adressé d'un point de vue médiatique.
01:32La situation de ces jeunes placés à l'aide sociale à l'enfance
01:36qui sont d'ailleurs pilotés par les départements français.
01:39Que deviennent-ils ? Comment font-ils leurs études ?
01:42Font-ils des études longues et supérieures ?
01:44Et on le découvre dans cette étude, ce n'est pas le cas.
01:47On en parle avec vous Bénédicte Galtier, adjointe au chef du département politique social chez France Stratégie.
01:52Je rappelle que vous êtes l'une des coautrices de politique publique en faveur de la mobilité sociale des jeunes.
01:57C'est important de le préciser.
01:59Et cette étude, qui nous dit quoi en résumé ?
02:02Elle nous dit que le parcours chaotique de ces enfants,
02:05qui deviennent ensuite des adolescents pour devenir des adultes après 18 ans,
02:10ils n'ont pas des parcours scolaires qui les amènent à avoir une vie professionnelle épanouie.
02:16Est-ce que je résume bien les choses ?
02:18Oui, vous résumez bien les choses.
02:20Je crois que le principal message à retenir est que les jeunes placés à l'aide sociale à l'enfance
02:25accèdent très peu à l'enseignement supérieur.
02:27Je voudrais juste vous donner deux chiffres.
02:29En 2015, une enquête a été réalisée auprès des jeunes placés à l'aide sociale à l'enfance, l'ASE.
02:34Ils avaient en moyenne 20 ans.
02:36Seuls 12 % avaient un baccalauréat général ou un diplôme de l'enseignement supérieur.
02:42La même année, au même âge, la proportion était de 40 % pour l'ensemble des jeunes.
02:47Autrement dit, les jeunes placés à l'aide sociale à l'enfance
02:50étaient trois fois moins nombreux que les jeunes de leur génération
02:53à avoir un baccalauréat général ou un diplôme de l'enseignement supérieur.
02:57La difficulté principale de ces jeunes, c'est l'origine même de leur placement,
03:01difficulté familiale, enfants maltraités, enfants battus, agressés sexuellement ou parents déficients
03:08qui décident de ne plus s'occuper de leurs enfants et donc de les confier à l'aide sociale à l'enfance,
03:14qui fait un départ très chaotique et même un rapport compliqué à la notion d'études et de réussite.
03:20C'est très sociologique.
03:22Oui, je crois qu'on peut évoquer trois facteurs qui expliquent ces parcours scolaires heurtés.
03:27Le premier, comme vous l'avez évoqué, le contexte familial qui a conduit au placement.
03:31Les jeunes ont pu être victimes de négligences parentales ou de maltraitances, de violences
03:36qui provoquent de nombreux troubles, des troubles cognitifs, des troubles psychiques, comportementaux, émotionnels.
03:42Et naturellement, tous ces facteurs entravent la réussite scolaire.
03:46Alors, un mot quand même, parce qu'il faut rendre hommage aux ministres quand ils font des lois intéressantes.
03:50Le ministre Taquet, Adrien Taquet, qui s'occupait justement des jeunes et qui avait fait cette loi qui,
03:57il faut le dire, le coût prêt pour un jeune placé à l'ASE, c'est 18 ans.
04:00L'institution, l'État l'accompagne jusqu'à 18 ans, puis ensuite, il est livré à lui-même.
04:05Et la loi Taquet permettait justement de poursuivre cet accompagnement.
04:09Où en sommes-nous quand on lit votre rapport ? On se dit peut-être qu'on n'a pas encore les effets de la loi, mais ça ne fonctionne pas bien.
04:15Alors, l'étude que nous avons réalisée porte sur des données qui sont antérieures à la loi dite Taquet,
04:21qui date de février 2022 et qui maintient deux droits pour les jeunes placés, un accompagnement jusqu'à 21 ans,
04:31dès lors qu'ils n'ont pas les ressources et les liens familiaux suffisants.
04:34Pour le moment, cette loi est encore récente. Il va falloir encore attendre un petit peu pour en voir les effets
04:39et pour voir notamment si cette loi améliore l'accès à l'enseignement supérieur des jeunes placés.
04:45Je ne l'ai pas précisé, mais France Stratégie, c'est une institution importante parce qu'elle est reliée directement au Premier ministre.
04:50C'est-à-dire que cette étude, ce travail, le digest, sera sur le bureau de Michel Barnier et de ses conseillers.
04:56Une fois qu'on a fait le diagnostic, et vous le portez à travers cette étude qui est vraiment riche, qu'est-ce qu'on fait ?
05:03Il y a déjà la loi Taquet qui est de nature à améliorer la situation.
05:07Ce qu'on peut faire, ça serait faire de la réussite scolaire un objectif explicite du placement.
05:12Pour le moment, ce n'est pas le cas. L'objectif du placement, et c'est normal, est de fournir un cadre sécurisé à l'enfant.
05:18Faire de la réussite scolaire un objectif, ça serait important.
05:22Vous dites que ce n'est pas le cas, ce n'est pas dans les piliers ?
05:25Ce n'est pas dans les objectifs actuellement.
05:28L'objectif, c'est de fournir un cadre sécurisé pour l'enfant qu'il n'a pas au sein de sa famille.
05:33La deuxième chose que l'on pourrait faire, c'est de renforcer les collaborations entre les services de l'aide sociale à l'enfance et l'éducation nationale.
05:40Il y a des choses qui commencent à se faire.
05:42Par exemple, l'Académie de Lille a mis en place un projet pédagogique 2022-2025 dont le titre est « Encourager la réussite scolaire des jeunes confiés à l'ASE ».
05:52Sortir de ce chiffre, on va le découvrir, 60% en 2015, c'est les derniers chiffres sur lesquels on peut s'appuyer, c'est une source France Stratégie.
06:0360% de ces jeunes placés étaient sur le marché du travail à un âge moyen de 20 ans.
06:07Ça veut dire que les études qu'ils font, on le voit dans votre étude, ce sont des formations professionnelles courtes, CAP, BEP, bac pro pour les plus motivés.
06:16L'idée, c'est de les faire passer dans les cycles supérieurs.
06:19Créer des passerelles, les accompagner, leur donner confiance parce qu'il y a aussi un enjeu de confiance qui est très fort chez ces jeunes.
06:25Alors, si les jeunes font des études professionnelles courtes, il y a deux grandes raisons.
06:30La première raison, c'est, on l'a dit, ils ont des parcours scolaires heurtés.
06:34Du coup, face aux difficultés scolaires, ils sont…
06:36Redoublement très jeunes.
06:38Voilà, redoublement, des périodes de déscolarisation, des scolarités aussi dans l'enseignement spécialisé qui concerne les jeunes en situation de handicap et des jeunes ayant de grandes difficultés.
06:47On ne l'a pas dit.
06:48Ils ont des difficultés scolaires indéniables et c'est pour ça qu'on va les orienter dans des études professionnelles courtes menant à un CAP ou à un BEP.
06:55Mais il n'y a pas que ça.
06:56Il y a aussi le fait que le système de l'aide sociale à l'enfance, vous l'avez dit, est orienté vers l'objectif d'autonomie financière précoce des jeunes puisque, à 18 ans, ils ne seront plus pris en charge.
07:07Du coup, les professionnels de l'aide sociale à l'enfance, conscients que ces jeunes ne pourront pas compter sur la solidarité familiale et qu'ils devront subvenir eux-mêmes à leurs besoins,
07:16les dissuadent de faire des études longues et les encouragent à suivre...
07:20L'indépendance financière.
07:21Absolument.
07:22Et pourtant, quasiment 80% des jeunes qui ont été interrogés, qui avaient 17 ans et qui étaient encore scolarisés, souhaitaient poursuivre leurs études.
07:29Évidemment, mais prisonniers d'un manque d'argent, donc obligés d'aller rapidement sur le marché du travail.
07:34Absolument.
07:35Donc, du coup, ce que l'on peut dire, c'est que leurs aspirations sont bridées par le système de protection de l'enfance.
07:41Et pas l'inverse. Ils ne désirent pas forcément interrompre leurs études, mais par la force des choses, sont obligés de le faire.
07:47Absolument. Et du coup, parfois, ils sont amenés à suivre des études qui ne correspondent pas à leurs aspirations.
07:52À leurs aspirations, évidemment.
07:53Et nous avons auditionné à la fois des jeunes placés et des responsables d'associations d'anciens placés, et tous nous ont dit que les jeunes placés ont besoin de temps.
08:04Ils ont besoin de temps pour expérimenter un métier.
08:07Ils ont besoin de temps pour éventuellement changer d'orientation scolaire. Et actuellement, le système ne leur permet pas.
08:12Et qu'on leur fasse confiance, à ces jeunes.
08:14Merci, Bénédicte Galtier, d'être venue nous éclairer sur un sujet important, sur lequel on espère que la loi Taqueb apportera ses fruits pour l'accompagnement,
08:22après 18 ans, jusqu'à 21 ans, lorsque les familles sont toujours déficientes.
08:26Merci de nous avoir rendu visite. Vous êtes adjointe au chef du département politique social chez France Stratégie, avec une étude complète à découvrir sur le site, évidemment, de France Stratégie.
08:36Merci. C'était un vrai plaisir.
08:38On tourne une page, on s'intéresse à une institution dans le cerclérage, ce sera un grand entretien, l'INRS.
08:43Alors, c'est un acronyme un peu barbare, mais qui traite de tous les sujets du travail, dans l'expertise, l'accompagnement et le conseil aux entreprises.
08:51Et on en parle tout de suite, c'est le cerclérage.
09:06Le cerclérage est un grand entretien aujourd'hui pour mettre en lumière une institution, l'INRS. Est-ce que vous en avez entendu parler ?
09:15On va en parler avec son directeur général, Stéphane Pimbert. Bonjour Stéphane.
09:19Bonjour.
09:20On est très heureux de vous accueillir. Alors, est-ce que vous, le directeur, vous pouvez nous détailler l'acronyme INRS ?
09:25Et puis, je donnerai quelques éléments de contexte chronologique.
09:28Alors, INRS veut dire Institut National de Recherche et de Sécurité, mais au sens de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
09:40Ça, c'est l'histoire. C'est créé en 1947 sous l'égide de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie. Elle a des règles déontologiques d'impartialité, c'est important.
09:50C'est un organisme paritaire, syndicats patronaux et salariaux ainsi que les ministères de référence.
09:56Et l'objectif, c'est la gestion des branches accidents du travail et de maladies professionnelles, puisqu'il y a quand même des enjeux de branches.
10:04A l'origine, et on va en parler, l'institution s'occupe quand même de tout ce qui est accidents du travail et risques physiques, à l'origine.
10:13Oui, à l'origine. A l'origine, les fondateurs, vous l'avez dit, ce sont les partenaires sociaux, c'est-à-dire syndicats de salariés et syndicats patronaux.
10:22Au sortir de la guerre.
10:23Au sortir de la guerre, après la création de la Sécu, qui a été créée en 1945. Là, c'est en 1947 pour l'INRS.
10:29Et la mission qui a été donnée à l'INRS, c'est la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
10:38Avec un périmètre qui est celui de la Sécurité sociale de l'époque. Et maintenant, c'est environ 20 millions de salariés, donc la majorité des salariés.
10:45On exclut quand même les fonctions publiques et le régime agricole, mais c'est l'ensemble des salariés, j'allais dire, du secteur privé, schématiquement.
10:54Donc, c'est 20 millions de salariés. Et l'objectif, c'est vraiment d'être un centre de ressources pour essayer de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles.
11:06Les accidents du travail en 1947, c'est principalement des bras coupés, des mains coupées dans les machines.
11:13Plus de protection sur les cibles.
11:15Voilà, c'est ça. Des mines qui s'écroulent, etc. Ce sont vraiment des accidents très, très physiques.
11:21On peut voir après que les accidents ont évolué avec la société.
11:25Ils évoluent avec la société. Ils évoluent aussi avec l'arrivée du plastique, de la chimie, des pollutions, avec les sites Seveso.
11:34Et là aussi, l'INRS intervient.
11:37Oui. Alors, ils évoluent avec, j'allais dire, l'évolution de la société et de l'économie.
11:41L'économie est devenue en partie autour des substances chimiques.
11:45Donc, ça, c'est une grande partie de notre activité, la prévention des risques chimiques.
11:50C'est à peu près 30% de l'activité.
11:52Mais il y a aussi une évolution vers le tertiaire.
11:54L'économie française, elle s'est tertiarisée.
11:57Elle est venue de plus en plus vers les banques, les assurances.
12:00C'est une volonté politique. Il y avait une volonté de passer du col bleu au col blanc.
12:04Alors, je ne sais pas s'il y avait une volonté politique.
12:06Mais, en tout cas, je ne connais peut-être pas assez bien l'histoire économique.
12:09Mais, en tout cas, il y a une évolution concrète des entreprises en France et de l'économie française vers la tertiarisation.
12:16Même s'il reste encore des activités complètement industrielles.
12:19On a du temps, évidemment, pour essayer de comprendre l'INRS.
12:22Puisque c'est aussi une manière pour vous de mettre en lumière l'institution.
12:25Je trouve que c'est une très belle institution qu'il faut valoriser.
12:29Un mot sur votre événement du 14 novembre.
12:32Parce que c'est aussi la volonté pour vous, et votre présence le prouve, de mettre en lumière l'institution.
12:37De dire, on existe, on est au service des entreprises, on peut vous accompagner.
12:41Est-ce que c'est ça le message ?
12:42Oui, le message, c'est vraiment que l'INRS est là pour aider les entreprises.
12:47Alors, quand on dit les entreprises, c'est à la fois les employeurs et les salariés.
12:50Entreprises avec les deux éléments, les deux ensembles.
12:55Et on est là à titre gratuit pour les entreprises.
12:59Toute notre documentation, tous nos travaux, tout notre site internet, toutes nos brochures,
13:05toutes nos vidéos sont là pour aider les entreprises, employeurs et salariés, et à titre gratuit.
13:11Et ça, c'est notre mission, qui est une mission d'intérêt général.
13:14On reçoit pour ça un financement qui vient schématiquement du Fonds National des Actions du Travail, via la Sécurité Sociale.
13:21Pour la prévention.
13:22Pour la prévention, et donc, on a ce rôle d'intérêt général pour les entreprises et pour les salariés.
13:28On reçoit beaucoup, alors on a bien vu qu'il y avait les enjeux d'accidentologie physique,
13:31mais il y a aussi aujourd'hui, et vous le découvrez et vous l'adressez,
13:34dans ces organisations tertiaires, les burn-out, les dépressions,
13:38les organisations qui impactent le psychisme et la santé mentale des collaborateurs.
13:43Ça aussi, vous l'adressez.
13:44Oui, j'ai évoqué un petit peu l'aspect historique et l'évolution de la société.
13:49Nous, on est là pour aider les entreprises, aider les salariés, donc on suit l'évolution de la société.
13:54J'ai parlé en 1947-1950 des aspects des machines, des risques liés aux machines, aux mines, etc.
14:01Mais évidemment, il y a tout un aspect qui a évolué vers le risque chimique, on l'a dit,
14:06mais aussi vers tout ce qui est lié à ce qu'on appelle les risques psychosociaux, les burn-out et autres.
14:13Et ça, c'est une évolution forte, pas simplement depuis quelques années, mais depuis au moins une dizaine d'années.
14:19Ça, vous le sentez à l'INRS ?
14:20Oui, on le ressent. On le ressent dans les entreprises.
14:23On le ressent dans les entreprises, c'est très, très net.
14:25Et c'est une évolution dans la société aussi, mais qui se voit dans les entreprises.
14:29Et donc, dans notre activité, c'est l'activité la plus récente qu'on ait largement développée
14:35et que l'on veut encore développer.
14:37On a un conseil d'administration qui souhaite que l'on soit très présent pour aider les entreprises sur ces sujets-là.
14:43Et c'est important parce que les entreprises sont presque plus démunies sur les aspects liés aux risques psychosociaux
14:49que sur les aspects d'accidentologie et équipement de protection individuel ou collectif.
14:57De vous à moi, ce qui est plutôt bon signe, d'ailleurs, ça veut dire que l'INRS a fait aussi un sacré boulot
15:01de prévention, d'explication, que les règles de sécurité sont globalement respectées.
15:06Oui, je veux dire, les systèmes d'arrêt d'urgence sur les machines, il y en a partout maintenant.
15:12D'abord, les machines sont conçues comme ça.
15:16Et puis, si vraiment, il y avait besoin de concevoir autre chose après, c'est rajouté.
15:21Donc, il y a vraiment tous ces systèmes physiques de système d'arrêt d'urgence
15:25ou de détection des personnes autour des machines, autour des engins dans le BTPO.
15:30Ça, c'est fait.
15:31Ça existe et ça marche bien.
15:33Ça marche bien.
15:34Pour les machines, ça marche bien.
15:35Le chemin qui reste à faire, c'est les sujets dont vous évoquez depuis une dizaine d'années,
15:38sur lesquels, comment on adresse ?
15:40Parce que l'entreprise revient vers l'INRS en disant, on est démuni.
15:44On ne sait plus quoi faire.
15:45On a des salariés désengagés.
15:46On a des salariés qui sont en dépression.
15:49Qu'est-ce que l'INRS peut faire ?
15:50Alors, nous, on essaie d'intervenir avant que l'entreprise nous dise, on a des salariés en dépression.
15:54C'est-à-dire qu'on essaie de lui donner des conseils pour, justement, identifier les signaux faibles
16:00de ces salariés par des taux d'absentéisme, par des attitudes, etc.,
16:04qui vont donner ces éléments d'attention à l'entreprise avant même qu'elle ait trop d'absentéisme
16:11et trop de problèmes liés au burn-out, voire plus grave parfois avec la santé des salariés.
16:17Deux sujets, les polluants, on l'évoquait, les polluants éternels et le climat et les enjeux environnementaux.
16:22Puisqu'on parle du mental, mais notre mental, il est aussi très impacté par les enjeux climatiques.
16:27Sur le climat, qu'est-ce que, là aussi, vous faites de la prévention, les bonnes pratiques ?
16:31Comment on fait l'INRS sur ce sujet ?
16:33Alors, on fait des bonnes pratiques. Alors, on est toujours dans le cadre de l'entreprise,
16:37on n'est pas dans le cadre du citoyen.
16:40C'est compliqué, là.
16:41Mais par exemple, des problèmes très concrets, c'est comment est-ce que des voitures électriques sont réparées par des garagistes ?
16:49C'est vrai.
16:50Qui, eux, avaient l'habitude de réparer des voitures.
16:55On a traité le sujet il y a quelques jours.
16:57Donc, on leur donne les conseils.
16:59Comment est-ce que des parkings gèrent les voitures électriques ?
17:02Comment est-ce qu'on gère l'entretien des éoliennes ?
17:05Sans prendre de risque.
17:06C'est un moteur qui est à 100 mètres de haut.
17:08C'était innovateur quand ça a commencé à arriver.
17:10Maintenant, on sait faire.
17:12Maintenant, il y a l'ascenseur, etc.
17:15Mais quand même, il y a peu de place.
17:17Au début, il n'y avait pas d'ascenseur.
17:18Au début, il n'y avait pas d'ascenseur et il y avait des problèmes cardiaques.
17:21Notre rôle, c'est justement d'essayer d'amener ces éléments de prévention
17:26par rapport aux nouvelles technologies qui arrivent.
17:29Dans les nouvelles technologies, il y a des nouvelles technologies
17:31qui sont liées au climat, qui amènent des risques professionnels liés au climat.
17:35Il y a des nouvelles technologies comme les soudures aux champs électromagnétiques,
17:38par exemple, qui sont très puissantes, sur lesquelles on intervient
17:41en expliquant comment il faut travailler dans ces cas-là.
17:44Qu'on entende bien, il y a 600 salariés à l'INRS.
17:48Vous apportez du conseil et de l'accompagnement.
17:54On est bien d'accord, puisque vous n'êtes pas là pour sanctionner.
17:58Ce n'est pas vous qui dites, attendez, vous n'avez pas mis votre harnais, ça ne marche pas.
18:01Ce n'est pas votre boulot.
18:03Il y a des institutions qui font ce travail-là.
18:06Il peut y avoir l'inspection du travail, évidemment, qui a ce rôle-là.
18:10Il y a les caisses nationales de santé au travail, les CARSAT,
18:14qui ont ce rôle-là aussi, d'aller dans les entreprises, de conseiller les entreprises.
18:18Nous, on est plus le centre de ressources qui va informer, qui va donner des conseils.
18:22Alors, conseil, encore une fois, toujours à titre gratuit.
18:25On n'est pas un cabinet de conseil, mais dans un but d'intérêt général,
18:29expliquer aux entreprises ce qu'il faut faire pour essayer d'éviter ces maladies professionnelles
18:33et accidents du travail.
18:35L'événement du 14 novembre, pour vous, c'est quoi l'esprit ?
18:38C'est donner de la visibilité à l'institution ?
18:40L'événement du 14 novembre, c'est de réfléchir à ce que seront les accidents du travail
18:45ou la santé au travail dans 20 ans, 30 ans.
18:48C'est-à-dire, à quoi est-ce qu'on doit s'attendre dans 20 ans, 30 ans ?
18:53Et ça, on le fait avec 22 pays.
18:56Il y aura 22 nationalités qui seront représentées, et Américains, Anglais, etc.
19:01On réfléchit ensemble ?
19:02On réfléchit ensemble, et qu'est-ce qu'on voit venir sur la santé au travail dans les 20 prochaines années.
19:08Sans défleurer l'événement du 14, vous avez déjà une petite idée de ce qu'on voit venir.
19:12On parle du climat, on évoque l'IA qui va être un élément très central dans la vie des collaborateurs.
19:18Est-ce qu'on a déjà un peu de prospectif sur les enjeux, sur les impacts sur les collaborateurs ?
19:22Oui, sur les collaborateurs, et surtout sur la prévention.
19:26On commence à voir l'apport de l'IA sur la prévention.
19:30Tout ce qui est élément de données de prévention, sur les maladies, sur les accidents, comme outil.
19:35C'est surtout cet élément-là qu'on commence déjà à voir très concrètement.
19:39Pour avoir une analyse encore plus fine grâce à l'IA, à la data ?
19:43Surtout plus performante. Plus fine, mais surtout beaucoup plus performante, puisque les données seront apportées par la data.
19:50Un dernier mot sur ces fameux polluants éternels.
19:53Là, on a une photographie sur ces polluants éternels qui inquiètent de plus en plus le grand public.
20:00On ne peut pas interdire à une entreprise de ne pas utiliser ce produit, parce qu'elle vous explique que si elle n'utilise pas, elle met la clé sous la porte.
20:06Globalement, c'est un peu ça l'idée. Je ne vous vois pas sourire là.
20:11Ce n'est pas tout à fait qu'on ne peut pas interdire, parce qu'on peut quand même interdire certaines substances.
20:17Enfin, pas nous INRS, mais les Etats peuvent interdire certaines substances.
20:22On peut indiquer à l'Etat qu'on a fait des études sur tel ou tel produit utilisé dans telle entreprise, dans telle industrie, et indiquer qu'il est dangereux pour la santé des salariés.
20:34On peut également indiquer à l'entreprise comment protéger, soit collectivement, soit individuellement, ses salariés.
20:41Soit par des systèmes collectifs, soit par des systèmes individuels.
20:46Donc ça, on peut aider l'entreprise par rapport à ça.
20:50Ce n'est pas nous qui interdisons, mais on peut donner les conseils pour éviter les maladies professionnelles qui vont arriver,
20:57et qui, dans ces cas-là, seront très souvent des cancers avec un décalage, souvent, pour les salariés.
21:03Vous ne m'avez pas répondu. Le 14 novembre, vous allez vous connecter avec 22 autres pays.
21:07Ils seront présents en grande partie.
21:09En grande partie. Quand je dis se connecter, c'est connecter les cerveaux pour penser demain.
21:13Ce n'était pas de la visio, même si on a fini par s'y faire.
21:17C'est quoi les grands sujets sur lesquels d'autres pays développés, comme le nôtre,
21:21commencent à réfléchir comme risque potentiel ou futurs sujets essentiels ?
21:26Futurs sujets, il y a l'IA pour tout le monde.
21:29Il y a le climat.
21:31Comme outil, pas comme danger.
21:33Oui, comme outil.
21:34C'est important de le préciser.
21:35Le danger, on commence à se poser des questions par rapport à l'attitude des salariés, etc.
21:39Mais pour l'instant, c'est quand même comme outil.
21:42Mais il y a tout ce qui est des règlements climatiques.
21:44Ça, c'est un vrai problème.
21:46On commence à s'en apercevoir dans la société.
21:48Mais on l'aura aussi par rapport aux entreprises.
21:52Et puis, d'autres produits chimiques qui vont arriver.
21:55Qu'est-ce qui va arriver comme produit chimique ?
21:57On s'est posé la question il y a quelques années des nanoparticules, par exemple.
22:01C'est quelque chose qui arrivait.
22:03C'était tout petit.
22:04On pensait que c'était forcément dangereux.
22:06Ce n'est pas forcément dangereux parce que c'est tout petit.
22:09Mais il a fallu les étudier pour le savoir.
22:11Et les étudier au travail pour le savoir.
22:13On va se poser exactement la même question pour ces substances chimiques.
22:17– Merci Stéphane Pimbert de nous avoir éclairé sur cette belle institution.
22:20Vous l'aurez compris, le conseil est gratuit.
22:23Ce que vous recevez en formation, en documents, en apports.
22:26– Un site internet.
22:27– Un site internet qui est vraiment un outil essentiel
22:30lorsque vous voulez en savoir plus.
22:32Et vous vous posez des questions.
22:33Parce qu'on se pose souvent des questions sur la sécurité.
22:35Et l'INRS est à votre service.
22:37Merci Stéphane Pimbert.
22:38– Merci.
22:39– Directeur général de l'INRS pour ce grand entretien.
22:42On tourne une page.
22:43On s'intéresse aux carrières scientifiques chez les femmes.
22:46Carrière souvent trop genrée, trop d'hommes.
22:48Pas assez de jeunes étudiantes.
22:50On en parle tout de suite avec notre invité.
23:05Fenêtre sur l'emploi.
23:06On termine sur la place des femmes ou des jeunes femmes
23:10dans les écoles d'ingénieurs et dans les carrières scientifiques.
23:12Trop genrée, trop d'hommes.
23:14Et il faut évidemment pousser à ce que ces jeunes filles
23:17commencent la carrière scientifique.
23:19Et on en parle avec vous Valérie Brussaux.
23:21Ravi de vous accueillir.
23:22Vous êtes présidente de Elle Bouge.
23:24Je précise par ailleurs que c'est une activité complémentaire.
23:28Vous êtes ingénieur, ingénieur arts et métiers.
23:31Responsable R&D chez un équipementier automobile.
23:34Vous êtes en première ligne évidemment sur tous ces sujets.
23:37Qu'est-ce qui se passe ?
23:38Même si, et j'ai le sentiment que les choses ont un peu bougé,
23:41il reste trop peu de femmes encore dans les filières scientifiques.
23:44Comment vous l'expliquez d'abord ?
23:46Alors aujourd'hui il reste effectivement trop peu de femmes
23:49dans les carrières scientifiques.
23:50Et c'est ce que met en évidence la dernière enquête
23:53que nous venons de mener avec Elle Bouge et Opinion Way.
23:57Enquête où il y a eu 6000 répondantes.
24:00Près de 4000 femmes en poste dans les secteurs scientifiques en entreprise.
24:05Et 2000 étudiantes.
24:0730% de ces femmes connaissant Elle Bouge.
24:10Donc en fait on est sur une vraie enquête qui montre l'état de la société.
24:14Et aujourd'hui qu'est-ce qui se passe ?
24:16Il se passe que 82% des femmes aujourd'hui disent avoir été confrontées
24:22à des stéréotypes de genre durant leurs études.
24:26Mais ça veut dire qu'on démarre bien avant l'entrée en école d'ingénieur ?
24:28On démarre bien avant.
24:29C'est dès le collège ?
24:30C'est ça, c'est dès le collège, voire plus tôt.
24:32Dès l'école primaire.
24:34Donc qu'est-ce qu'on fait avec Elle Bouge ?
24:36Elle Bouge c'est une association qui a été créée il y a une vingtaine d'années.
24:40Et qui vise à faire découvrir aux filles les métiers de la tech, de la techno.
24:45De manière à susciter des vocations.
24:47Et faire en sorte qu'elles embrassent ces carrières d'ingénieurs ou de techniciennes.
24:53Et elles rejoignent l'industrie où actuellement il n'y a que 30% de femmes.
24:57Stéréotypes de genre.
24:5844% selon le sondage Opinion Way ont entendu qu'elles étaient les femmes.
25:03Plus compétentes que les garçons en mathématiques.
25:05Il faut faire tomber les clichés.
25:07Les filles sont très brillantes en maths aussi.
25:09Les filles sont tout à fait brillantes en maths.
25:11Voire plus brillantes qu'en maths.
25:13Par contre, elles doivent faire face à un syndrome.
25:17Qui est le syndrome de l'imposteur.
25:20Ce syndrome de l'imposteur c'est quoi ?
25:22C'est un phénomène psychologique qui fait que des personnes, bien que compétentes,
25:27doutent d'elles-mêmes et n'osent pas.
25:29Et doutent de leur capacité et de leur succès.
25:32Ce syndrome de l'imposteur, pour les filles en sciences,
25:35il est augmenté par deux facteurs.
25:38Le premier facteur, c'est un manque de représentation de rôle féminin.
25:43Il y a 24% par exemple de femmes dans les écoles d'ingénieurs.
25:48Mais c'est aussi le modèle que renvoie la société et des stéréotypes de genre
25:53qui perdurent dès le plus jeune âge, dès les prescripteurs d'orientation.
25:57Vous l'avez connu ce phénomène ?
26:00Oui, j'ai connu ce phénomène.
26:05Je suis d'une génération où il y avait de l'ordre de 5% de filles dans les écoles d'ingénieurs.
26:11Aujourd'hui, elles sont 24%.
26:14Et effectivement, ces stéréotypes de genre, les prescripteurs d'orientation,
26:18que sont les parents, les amis, mais aussi les enseignants.
26:23Il ne faut pas oublier le personnel enseignant.
26:25Aujourd'hui, il est démontré que, sans le vouloir évidemment,
26:30les professeurs ne vont pas enseigner la physique ou les maths de la même manière aux petites filles et aux petits garçons.
26:37C'est pour ça qu'Avec Elle Bouge, nous intervenons dès la primaire,
26:40dès le CE2, où on vient parler dans la classe, on vient déconstruire ces stéréotypes.
26:46On apprend à la classe qu'il n'y a pas de métier de fille, il n'y a pas de métier de garçon.
26:51Il y a des métiers tout courts, de manière à encourager les petites filles à aller chercher le potentiel en maths et en physique.
26:57Vous nous dites qu'on n'enseigne pas de la même manière, c'est-à-dire qu'il y a une sorte de biais inconscient.
27:02Il y a un biais inconscient, stéréotype de genre.
27:05Et c'est pour cela, d'ailleurs, que, fort des résultats de cette enquête,
27:10Elle Bouge fait quatre recommandations.
27:13La première recommandation, pour le personnel enseignant,
27:17de manière à mettre une formation dès le cursus élémentaire ou une formation au cours de la vie des enseignants,
27:23de manière à les sensibiliser à ces stéréotypes de genre et faire en sorte qu'ils aient une éducation beaucoup plus inclusive.
27:30La deuxième mesure s'adresse au gouvernement,
27:33faire une journée nationale autour des stéréotypes,
27:36de manière à sensibiliser tous les prescripteurs d'orientation.
27:39La troisième, c'est pour les écoles d'ingénieurs,
27:42de manière à favoriser le nombre de filles et de garçons qui entrent dans les écoles d'ingénieurs.
27:47Un numerus clausus ?
27:48Un numerus clausus, à l'instar de ce qui se fait sur la loi.
27:51Pour ne pas dire quota ?
27:52Pour ne pas dire quota.
27:54Et le dernier, à l'attention des entreprises.
27:57On parle de formation obligatoire à la sécurité.
28:00Nous demandons une formation obligatoire au genre,
28:03à la responsabilité sociale d'entreprise, à tous les niveaux de l'entreprise,
28:07de manière à ce que celle-ci soit plus inclusive.
28:09Et d'ailleurs, pour l'entreprise, il y a un vrai enjeu d'efficacité collective,
28:14puisqu'il y a des études autour du management inclusif
28:18qui disent que dès lors qu'il y a un minimum de 20% de femmes,
28:21l'efficacité collective du groupe en est augmentée de 40%.
28:25Et on ne parle pas de l'informatique, on n'a plus le temps,
28:27mais la manière dont on va construire un algorithme
28:29ne se construit pas pareil quand on travaille avec un homme et une femme
28:32ou qu'avec que des hommes pour faire un algo.
28:34Merci Valérie Brussaux.
28:36Merci de nous avoir partagé votre passion,
28:38parce qu'il y a une vraie passion, un engagement fort de votre part
28:41et de toute l'équipe de Elle Bouge,
28:43avec ce sondage qui est sorti il y a quelques jours, en septembre dernier,
28:46à découvrir évidemment sur le site Elle Bouge.
28:49Et puis allez-y, engagez-vous, poussez vos enfants
28:51à s'engager dans les carrières scientifiques.
28:53Merci à vous Valérie Brussaux,
28:55et vous êtes vous-même responsable R&D de l'équipementier automobile.
28:59Merci à vous, merci à vous et de votre fidélité,
29:01merci à toute l'équipe, merci à Xavier La Réalisation,
29:04merci à Thibault Ausson,
29:06et merci à Nicolas Juchat qui me brûle l'oreille.
29:08Nous sommes très en retard.
29:10Je vous dis à très bientôt. Bye bye.

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