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Jeudi 12 décembre 2024, SMART JOB reçoit Catherine Cornibert (DG, Association SPS) , Corinne Hardy (présidente, AME) , Marie-Pierre Rixain (députée de l'Essonne) et Amandine Reitz (DRH, iCIMS Europe)

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00:00Bonjour à tous, vous regardez Smart Job, votre rendez-vous emploi RH et management
00:12sur BeSmart for Change. Aujourd'hui, dans son job, on s'intéresse au secteur de la
00:16santé, plus particulièrement aux étudiants et aux intérimaires du secteur qui sont
00:21particulièrement à risque en termes psychosociaux. L'association SPS Santé pour les professionnels
00:27de santé se penche sur la question, essaie d'apporter un suivi et de la prévention
00:32pour ces professionnels parfois en détresse. Catherine Cornibert, sa directrice générale
00:36sera en plateau avec moi en tout début d'émission. Dans le cercle RH, on s'intéresse à la
00:40parité et la parité dans les plus hautes instances des grandes entreprises, notamment
00:45du CAC 40. Pour répondre à la question de où on en est en 2024, j'accueille Corinne
00:50Hardy qui est la présidente de l'Alliance pour la mixité en entreprise et Marie-Pierre
00:55Rixain qui est députée de la 4e circonscription de l'Essonne, qui est aussi l'auteur de
01:00la loi Rixain, la loi pour l'accélération de l'égalité économique et professionnelle.
01:05Ce sera un débat de 15 minutes en milieu d'émission et on terminera le programme
01:09avec Amandine Reitz qui est DRH de l'entreprise ICMIS qui nous a publié, qui nous offre
01:16une étude sur les techniques de recherche d'emploi des jeunes diplômés. Vous allez
01:20voir, c'est assez intéressant. On va parler IA, on va parler flexibilité du travail,
01:25on va même parler un peu de congé sabbatique. Ce sera donc en toute fin d'émission. Tout
01:30de suite, on se met bien dans son job.
01:31Bien dans son job, on s'intéresse au secteur de la santé sur lequel on a beaucoup parlé,
01:49beaucoup débattu depuis 2020 et la crise sanitaire. On a eu tendance à les oublier
01:53un petit peu, ces professionnels souvent en grande difficulté. Un public en particulier
01:58est assez sensible à ces difficultés, ce sont les jeunes étudiants et les intérimaires
02:04qui sont parfois sous les radars en termes de risques psychosociaux. On va parler du
02:08sujet avec Catherine Cornibert. Vous êtes directrice générale de l'association SPS.
02:14Est-ce que déjà vous pourriez en quelques secondes me présenter cette organisation
02:19qui est née en 2015 ?
02:20C'est ça. L'association SPS, Soins Professionnels de la Santé, est une association loi 1901
02:26but non lucratif, reconnue d'intérêt général fin 2019 avec deux grandes missions. L'accompagnement
02:31de tous les professionnels de la santé et des étudiants avec une plateforme d'écoute,
02:36un réseau national du risque psychosocial et des unités dédiées pour accueillir spécifiquement
02:40cette population et des actions de prévention pour leur mieux-être, de sensibilisation
02:46pour qu'ils essaient d'être mieux dans leur peau et mieux dans leur corps.
02:49Vous vous intéressez à l'ensemble du secteur, à l'ensemble des salariés, mais depuis
02:55septembre, il y a eu un partenariat signé avec Vitalis Médical pour se focaliser plus
03:00précisément sur les étudiants et les intérimaires. Pourquoi ces deux publics-là sont particulièrement
03:06à risque ?
03:07Effectivement, l'association s'occupe de tous les professionnels de la santé, que
03:11ce soit les soignants, les paramédicaux, les administratifs, mais aussi les personnes
03:14dans le médico-social et les étudiants, y compris les intérimaires. Pourquoi ? Parce
03:18qu'on sait que dans certaines structures de santé, il y a 20 à 25% de taux d'absentéisme.
03:22Donc pour nous, il était essentiel de bien s'occuper, de soutenir ces intérimaires
03:28et ces étudiants pour plusieurs raisons. La première, c'est en termes de conditions
03:33de travail. Effectivement, ça peut être compliqué quelquefois, même si les personnes
03:38peuvent se sentir plus libres par rapport à l'isolement. Le deuxième soutien, c'est
03:44par rapport à l'accès aux soins. Souvent, ces intérimaires n'ont pas, comme les autres
03:48salariés, accès aux soins facilement dans ce cadre-là. La troisième raison, c'est
03:53plutôt le stress. Une certaine liberté, certes, mais aussi un certain isolement par
03:58rapport à d'autres salariés dans des structures. Donc de ce fait, ils ont besoin d'être
04:03accompagnés, soutenus, parler à quelqu'un, c'est ce qu'offre la plateforme, pour pouvoir
04:07être bien accompagnés. Quand on parle des intérimaires, justement, les derniers articles
04:11de presse qu'on a pu voir parlaient surtout des rémunérations qui étaient plus élevées
04:14que les salariés à plein temps, à taux journalier. Mais en fait, l'envers du décor,
04:20c'est que ces gens-là ne sont pas suivis. S'il y a un problème, qui peut le détecter ?
04:24Comme tout intérimaire, il y a une partie, effectivement, et quand même c'est bien
04:27encadré sur la rémunération d'un intérimaire qui peut paraître plus important, mais le
04:32problème n'est pas toujours régulier. Et les perspectives aussi d'évolution de carrière
04:37ne sont pas toujours bien connues. Donc il est essentiel aussi que ces rémunérations
04:42soient un peu plus fortes quand les personnes sont au travail. Parallèlement, quand elles
04:47ne sont pas au travail, effectivement, il n'y a pas de rémunération. Donc c'est quelque
04:51chose qui est quand même encadré et normal. Et c'est ce que les personnes recherchent.
04:54A l'instant, vous parliez notamment de problèmes d'absentéisme. Il y a visiblement beaucoup
04:58plus grave dans les chiffres que vous évoquiez avant l'interview. Il y a des problèmes
05:02de dépression, des problèmes de burn-out et même des problèmes de pensée suicidaire,
05:07j'ai lu, pour quasiment, par exemple, un quart des étudiants infirmiers.
05:11C'est exactement ça. Les derniers chiffres du rapport ministériel sur la santé des
05:15soignants de 2023 montrent que 20 à 25% des professionnels de la santé se jugent en mauvais
05:21état de santé, voire très mauvais état de santé. Deux tiers des infirmiers et des
05:26médecins ont déjà été confrontés au burn-out. Je parlerai aussi d'autres éléments comme
05:32la fatigue. Deux tiers se sentent fatigués, les trois quarts manquent de sommeil et tous
05:37les éléments fondamentaux comme l'activité physique, le sommeil et l'alimentation sont
05:41très dégradés. Donc de ce fait, ça fait effectivement des soignants en plus ou moins
05:47mauvais état de santé. Ce sont des chiffres très alarmants qui ont été aussi complétés
05:51par des chiffres récents que nous avons réalisés avec Réussi ton IFSI, un retour
05:57de 6000 questionnaires qui montraient effectivement 27% d'idées suicidaires chez les étudiants
06:03infirmiers. Donc c'est un chiffre qui est vraiment énorme. Et avec déjà trois quarts
06:10qui avaient pensé à abandonner leur métier. Donc on parle d'attractivité des métiers
06:13du soin. Effectivement, c'est un chiffre qui est énorme.
06:16Pour finir, vous concrètement, SPS, comment vous les aidez ? Déjà, je pense qu'il y
06:21a de la prévention, de l'accompagnement. Peut-être qu'aussi, à un moment, il faut
06:24renvoyer les dossiers sur des structures compétentes pour aider.
06:29Oui, l'association est une solution avec une plateforme qui accompagne jour et nuit
06:33avec 100% des crochets par des psychologues qui sont formés, qui réorientent vers une
06:38structure médicalisée. Mais c'est aussi des ateliers de prévention, c'est de la formation
06:42autour des risques psychosociaux, c'est des fiches repères, c'est des autotests, c'est
06:47des groupes de parole, mais c'est aussi la gestion de crise. Les chiffres sur la plateforme
06:52montrent que 15% sont alarmants. Alors nous, au niveau de l'association, on est partie
06:57prenant dans le rapport ministériel sur la santé des soignants. On attend, comme beaucoup
07:02d'autres actions en ce moment, une feuille de route pour que ce sujet, sur la santé
07:08des soignants, soit un sujet majoritaire. Parce que si les soignants ne sont plus là,
07:12qui nous soignera demain ? Avant de parler de l'organisation du soin en France, il faut
07:16parler de la santé des soignants, qui est très alarmante et sur laquelle on peut apporter
07:21plusieurs solutions individuelles ou collectives.
07:24Catherine Kornhuber, merci beaucoup. Je rappelle, vous êtes directrice générale de l'association
07:29SPS. Le mot de la fin, ce sera peut-être « prenons soin de nos soignants ».
07:32Voilà.
07:33Smart Job, ça continue tout de suite, c'est l'heure du débat. On va parler parité
07:36dans les plus hautes sphères des entreprises. J'accueille mes invités.
07:46Le cerclérage dans Smart Job, on va parler de la parité. Et la parité jusqu'au sommet
07:56des entreprises, c'est encore mieux que la parité, on va dire, dans son sens le plus
08:00large. On va parler du sujet avec deux femmes spécialistes. Marie-Pierre Exsyn, bonjour.
08:05Bonjour.
08:06Députée, je vais essayer de ne rien oublier, députée de la 4e circonscription de l'Essonne
08:10depuis 2017, auteure de la loi pour l'égalité, enfin de l'accélération de l'égalité
08:16économique et professionnelle qui était proclamée, enfin promulguée le 26 décembre
08:202021.
08:2124 décembre.
08:2224 décembre, pardon. Et Corinne Hardy, bonjour.
08:26Bonjour.
08:27Présidente de l'Alliance pour la mixité en entreprise. Plein d'autres fonctions également,
08:31je ne vais pas toutes les citer, je préfère garder le temps pour le débat. Je sais que
08:34vous organisiez le 28 novembre la soirée événement évidence pour l'association,
08:39l'Alliance pour la mixité en entreprise. Il y avait deux sujets dont notamment la parité
08:44dans les entreprises, notamment la parité dans la gouvernance. Où en est-on ? Donc
08:48la première question, c'est ça. Quelle a été la réponse le 28 novembre à cette
08:52question essentielle ?
08:53Alors le 28 novembre, c'était déjà l'occasion de réaffirmer pourquoi c'est un enjeu, pourquoi
08:58c'est important et donc pourquoi c'est une question centrale par rapport à l'égalité
09:04professionnelle. Ensuite, ça a été l'opportunité, grâce en particulier à Mme Marie-Pierre
09:09Rixin, de faire un bilan de la loi et d'identifier en fait quels sont les angles morts et ce
09:14qu'il nous reste à faire et puis ensuite de voir comment nous pouvons accompagner les
09:18entreprises pour qu'elles puissent atteindre ces objectifs.
09:21D'ailleurs, c'est à vous que je vais adresser la deuxième question. La dynamique actuelle,
09:26comment vous la percevez et notamment grâce à votre loi, si j'ose dire, comment vous
09:31sentez le mouvement actuel ?
09:33Alors, il y a deux dynamiques. La première, c'est qu'il y a eu un phénomène d'anticipation
09:38de la part des entreprises qui, avant même la promulgation de la loi, avaient anticipé
09:43le fait que ce sujet allait être à l'agenda politique et donc on a eu un phénomène d'accélération.
09:49C'est comme ça qu'en l'espace de 8 ans, nous avons dépassé les objectifs, en tout cas
09:59initiaux, et en l'espace de 4 ans, nous sommes passés de 18% à 27,3% de femmes dans les
10:05comex et les codires, avec également probablement un changement également à l'intérieur de
10:11ces comex et des codires. On voit, en effet, un certain nombre, par exemple, de codires
10:15et des comex qui s'élargissent, qui intègrent des postes qui sont davantage, il faut bien
10:20le dire, occupés par des femmes, mais cela en vue également de professionnaliser davantage
10:26ces comex et des codires, de les rendre plus performants et d'intégrer des postes qui
10:31jusqu'à présent n'étaient pas intégrés dans ces instances de décision et permettre
10:37du coup à des femmes d'acquérir davantage de visibilité et également de postes stratégiques
10:44et politiques à l'intérieur des entreprises afin de leur permettre ensuite d'occuper
10:48des postes, notamment de direction générale.
10:51Et justement, vous me tendez la perche, on a 3 femmes directrices générales d'une entreprise
10:55du CAC 40, on va regarder la liste qui est relativement courte, on ne va pas se le cacher,
11:00sur 40 positions de tête d'affiche d'entreprises du CAC 40. Donc on a Catherine McGregor chez
11:06Angie, Christelle Eidemann chez Orange et Estelle Brachialoff chez Veolia. J'ai envie
11:11de vous demander Corinne Hardy, est-ce que quand on regarde les têtes d'affiche, est-ce
11:15qu'on ne se trompe pas de combat peut-être ? Est-ce qu'il n'y a pas un côté, ça fait
11:20un peu un écran de fumée et ce n'est peut-être pas l'essentiel de regarder les premiers
11:24noms ? Alors, ce n'est peut-être pas l'essentiel,
11:27mais c'est important également d'avoir des rôles modèles et d'envoyer des signaux positifs
11:31sur le fait qu'il y a une évolution. Mais effectivement, cela ne suffit pas, c'est
11:36un véritable travail de fond, travail de fond sur la gouvernance des entreprises, travail
11:41de fond sur une réelle égalité des instances dirigeantes et réelle égalité, ça veut
11:45dire en termes de type de fonction, ça veut dire également une réelle égalité en termes
11:50de salaire puisque les différences de salaire s'accroissent au fur et à mesure qu'on monte
11:55dans la hiérarchie. Et puis, c'est un véritable changement culturel, il faut créer des viviers,
12:02il faut vraiment revoir la gouvernance de l'entreprise, pas seulement au plus haut
12:06niveau. Donc oui, ça ne suffit pas, mais ça y contribue parce qu'aussi ça montre que
12:12c'est possible et donc c'est ce qu'on appelle les rôles modèles.
12:16C'est l'effet rôle modèle et justement quand vous parliez des viviers, j'ai lu qu'un groupe
12:19comme Airbus par exemple, disait nous on voudrait bien avoir plus de femmes, sauf que dans nos
12:24viviers de recrutement, c'est très masculin. Comment on peut faire en sorte que les viviers
12:29se féminisent, c'est-à-dire travailler plus la source en amont en fait ?
12:34L'enjeu il est véritablement là, c'est-à-dire que pour avoir des femmes directrices générales,
12:39il faut aussi qu'il y ait davantage d'instances de direction qui se féminisent et il faut
12:43également que les postes N-1, N-2 se féminisent. Et ça signifie également qu'il faut qu'il
12:50y ait des compétences, peut-être d'abord qu'ils s'élargissent. A-t-on besoin de cocher
12:55l'ensemble des cases comme c'était le cas jusqu'à présent pour occuper des postes
13:00notamment managériaux ? Ce n'est pas forcément nécessaire, les entreprises le reconnaissent.
13:05Et puis d'autre part, il y a un enjeu évidemment au niveau des carrières scientifiques des
13:10femmes et pour cela il y a aussi un certain nombre de signaux, c'est-à-dire que si dans
13:15des entreprises comme Airbus ou dans des entreprises industrielles, il y a davantage de femmes
13:19qui occupent des postes managériaux, c'est d'autant plus un signal envoyé aux jeunes
13:24filles pour leur dire qu'elles ont la place dans ces entreprises et donc qu'elles ont
13:29leur place également dans les formations scientifiques. Donc c'est un cercle vertueux.
13:33Je sens que Corinne, vous voulez réagir ? Oui, je voulais juste rajouter. Effectivement,
13:37c'est très important de donner envie aux jeunes filles, de leur montrer des possibles.
13:41Il y a aussi quelque chose qui me semble un peu un angle mort dans ces discussions. Il
13:46y a un phénomène qu'on a baptisé « opting out » qui est le fait que beaucoup de femmes
13:52plutôt seniors quittent le monde de l'entreprise parce qu'elles sont un peu épuisées, parce
13:59qu'elles doivent en faire plus. Et là, il y a un levier de talons qui correspond quand
14:04même beaucoup à des compétences qui pourraient être utilisées dans les postes de direction
14:10et je pense que c'est également un réservoir que l'on ne travaille peut-être pas suffisamment.
14:15On se compare beaucoup avec les autres pays occidentaux, l'Union Européenne, la France,
14:20on se situe où dans le classement, est-ce qu'on est de bons élèves ? Clairement, depuis
14:25l'adoption de la loi, nous sommes passés dans les 5 pays européens les plus en avance
14:32notamment sur la féminisation des comex et des codières. Nous avons supplanté les Etats-Unis
14:36depuis l'année dernière d'un point et on voit notamment que dans les pays anglo-saxons,
14:41en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, autant au niveau des bords, la tendance reste la
14:46même. En revanche, sur la féminisation des instances de direction et des fonctions
14:50managériales, il y a clairement une rétrogradation depuis 2023, ce qui ne s'était pas produit
14:57depuis une dizaine d'années. Donc on voit également à quel point une loi permet également
15:02à la France de se prémunir contre parfois ces tendances de rétractation et de maintenir
15:09ce point qui, rappelons-le, au-delà des enjeux éthiques d'égalité entre les femmes et
15:15les hommes, c'est également un sujet de performance des entreprises. Cela leur permet
15:20d'élargir leur vivier de recrutement et d'avoir les meilleurs talents, qu'il s'agisse
15:25de femmes ou d'hommes, au sein de leurs équipes.
15:28Alors justement, pour ces risques de reflux, j'avais lu que Mercedes Serra, la fondatrice
15:33de BETC, avait mis en garde, avait dit « attention, on peut très bien avoir des retours en arrière
15:37». J'ai lu également que dans certains comex, il y avait des remarques qui sont très
15:43clairement sexistes, du genre « c'est bon, on a fait rentrer des femmes, on a les quotas,
15:46maintenant focalisons-nous pour retrouver des talents ». Ce type de situation qui j'imagine
15:52provoque aussi, enfin encourage le syndrome de l'imposteur chez beaucoup de femmes, comment
15:56on peut justement le combattre ? Est-ce que c'est insidieux ?
16:00Alors je pense qu'il y a différents leviers. Ces problématiques sont complexes et en fait
16:05elles sont multifactorielles et il faut actionner différents leviers. Le premier, et c'est
16:09très important et vos propos le soulignent, c'est l'accompagnement. L'accompagnement,
16:14c'est du « change management ». Ça prend du temps, il faut changer non seulement la
16:19culture, il faut changer les stéréotypes, il faut changer la gouvernance.
16:22Quand vous dites accompagnement, c'est l'entreprise, pas forcément les femmes qui peuvent monter
16:26en compétences.
16:27Accompagnement des entreprises. Montrer quels sont les bénéfices pour tous et pas seulement
16:30pour les femmes. Donc beaucoup accompagner, beaucoup accompagner. Le deuxième, c'est
16:34effectivement travailler ce qu'on peut appeler les amants, travailler justement les viviers,
16:39faire en sorte que tous les talents puissent se déployer.
16:41Mais ce que vous disiez avant sur le fait que les petites filles obtiennent le message
16:45que tel type de métier ne leur est pas interdit sous prétexte qu'elles sont des filles et
16:49pas des garçons.
16:50Oui, pour qu'il y ait plus de femmes.
16:51Ça, ça s'améliore quand même ?
16:52Pas assez vite.
16:53Pas assez vite. Le pourcentage de femmes dans les écoles d'ingénieurs, par exemple,
16:58stagne.
16:59Ce qu'on avait dit il n'y a pas longtemps dans l'émission. Je voyais que vous vouliez
17:02réagir là, je sentais une…
17:04Oui, c'est-à-dire que le sujet du soupçon d'incompétence pèse, vous l'aurez remarqué,
17:09toujours sur les femmes. Vous imaginez bien que lorsqu'une femme intègre un poste de
17:13direction à l'intérieur d'une grande entreprise, cela amène à la fois un certain nombre de
17:20compétences mais également d'expérience à des postes de direction qu'elle aura
17:24occupés pendant un certain nombre d'années. Et donc on ne peut pas imaginer que ces femmes
17:29puissent être incompétentes aux postes qu'elles occupent.
17:32Le sujet du quota, c'est avant tout un chemin, c'est un instrument qui permet aux entreprises
17:38de féminiser leurs équipes et en aucun cas un phénomène de stigmatisation des équipes
17:46masculines sur leurs propres compétences. Nous ne sommes pas en train de dire que les
17:50hommes n'ont pas leur place évidemment dans les postes qu'ils occupent mais qu'en
17:54effet, il faut que les postes de direction, manageriaux, deviennent plus mixtes afin qu'il
18:00y ait davantage de diversité et j'ai envie de vous dire aussi, vous savez, ce soupçon
18:04d'incompétence quant au quota, on le connaît dans d'autres secteurs et en particulier
18:08la politique et pour autant, notre pays fonctionne et les entreprises qui ont féminisé leurs
18:15bordes aujourd'hui ne se sont pas écroulées et au contraire fleurissent.
18:19Pas mal de pays dirigés par des femmes comme la Nouvelle-Zélande, pour ne citer que ce
18:22pays-là, n'a jamais été en déficit ou en problématique à cause d'une première
18:27ministre femme. Pour continuer sur le sujet, qu'est-ce que vous pensez, toutes les deux,
18:32des baromètres ou des, je ne vais pas dire des effets d'annonce mais par exemple l'ONG
18:36Active de Marlène Schiappa qui vient de lister 40 femmes potentiellement, c'est un signaux
18:43d'entreprise du CAC 40. On a aussi le baromètre, l'importante Arba qui a fait une liste des
18:4940 entreprises du CAC 40, on peut d'ailleurs voir la liste pour voir quelles entreprises
18:54intègrent le mieux des femmes dans leurs équipes et notamment de direction. Est-ce
18:59que ce type de communication pour vous ça a un impact et quel impact ?
19:03Alors c'est absolument d'abord essentiel en effet de donner davantage de visibilité à
19:08des femmes qui occupent des postes absolument stratégiques à l'intérieur de certaines
19:13entreprises et qui ne sont absolument pas médiatisés à l'inverse d'autres hommes
19:18qui le sont. Donc ça, ça me paraît absolument essentiel. La visibilité fait partie j'ai
19:23envie de dire de la démarche pour intégrer ensuite et occuper des postes de direction.
19:29Je noterai d'ailleurs que parmi les femmes qui ont été identifiées par l'ONG Active
19:33il y a des femmes aujourd'hui qui occupent des postes déjà de direction générale.
19:37Je pense à Cécile Béliot par exemple qui dirige l'entreprise BEL. Nous avons également
19:44la nécessité de, j'ai envie de dire, de regarder dans le détail là où le bas blesse
19:50et le bas blesse bien en amont en fait de la nomination de ces femmes à des postes
19:56de direction, aux postes d'entreprise du CAC 40, mais notamment sur les postes Mana
20:01Dirio, les N-1 et les N-2 dont je vous parlais tout à l'heure, parce que c'est précisément
20:06là où les femmes sont, j'ai envie de dire, sous-évaluées quant à leurs propres compétences.
20:12Il y a un certain nombre de biais, tout cela a été extrêmement renseigné de biais
20:15dégenrés notamment quant aux compétences prétendues ou à la sous-compétence des
20:20femmes et c'est là précisément que le bas blesse et c'est là que nous devons agir.
20:25Quant à ces initiatives, je crois qu'elles sont heureuses pour enfin répondre à la
20:30fameuse question que tout le monde se pose, nous voulons bien recruter des femmes, nous
20:34voulons bien des femmes et nous n'en trouvons pas. Là la réponse est clairement de dire
20:37il y en a et nous vous les présentons.
20:40D'ailleurs vous parliez de créer des rôles modèles et créer des rôles modèles c'est
20:44aussi créer un storytelling autour de certaines personnalités, cela contribue peut-être
20:48à cela même indirectement, c'est créer des histoires, des personnalités qui vont
20:53être visibles et donc auxquelles on pourrait penser pour des postes importants.
20:57Tout à fait, mais je voulais juste rajouter également par rapport à la mesure de l'égalité,
21:03c'est un point crucial, c'est un point clé. Effectivement il y a différents baromètres,
21:07il y a différents moyens de mesurer, on ne peut travailler que ce qu'on connaît bien.
21:11Donc la question d'avoir véritablement un tableau de bord qui soit non seulement bien
21:16sûr pour montrer que l'on respecte les obligations légales, pour montrer qu'on peut y arriver
21:22et qu'il y a des exemples, mais également un véritable tableau de bord qui soit un
21:26outil de prise de décision dans l'entreprise pour identifier là où il faut encore accélérer.
21:31C'est un sujet crucial, c'est d'ailleurs le sujet principal de l'âme en 2025.
21:36Sous réserve, qu'on ne contourne pas comme vous me disiez en amont de cette émission,
21:40notamment les shadow comex qui avant étaient plutôt un concept positif et là qui sont
21:44en train de devenir un concept plutôt pour détourner les règles et les quotas à respecter.
21:50Raison pour laquelle, je tiens à le dire, je le dis à chaque fois mais ça me semble
21:53important, que la loi du 24 décembre 2021 définit précisément dans la loi, à travers
22:00un nouvel article du code du commerce, ce que sont les instances d'érection et véritablement
22:05ces instances qui accompagnent la direction générale dans sa prise de décision.
22:09Donc les shadow comex codir continueront peut-être d'exister sur par exemple des
22:15terrains de golf, mais pour autant, la loi définit précisément ces instances de direction.
22:21Donc si d'aventure ces instances de direction devaient s'appeler instances codir ou comité
22:29de développement, ce sont précisément ces instances-là qui seront concernées par la loi.
22:34Et je crois que c'est important que les entreprises l'aient en tête.
22:38On ne pourra pas les empêcher d'exister, ces centres d'influence un peu non officiels,
22:44mais on peut limiter justement leur impact.
22:46C'est un peu ça le message.
22:47Oui, il faut dire aussi aux femmes d'intégrer ces instances-là.
22:50D'aller sur les parcours de golf et ne pas hésiter à prendre une carte dans un club
22:56de golf, à se mettre au tennis, à prendre une loge dans un club de foot et intégrer
23:04ces cercles de pouvoir et à elles-mêmes avoir la pratique du pouvoir.
23:08Parce que nous, ici même, nous parlons finalement de quoi ? Nous parlons de l'exercice et du
23:13partage du pouvoir économique.
23:15Il faut effectivement que les femmes, et elles savent très bien le faire, contrairement
23:20à ce que l'on imagine, intégrent ces cercles de pouvoir.
23:24Ce que l'on dit juste là, c'est que les femmes savent le faire, aux entreprises, de
23:28leur ouvrir la porte.
23:29Merci beaucoup Corine Hardy, je le rappelle, présidente de l'Alliance pour la mixité
23:33en entreprise et Marie-Pierre Rixin, députée de l'Essonne depuis 2017, auteur de la loi
23:40Loire-Rixin.
23:41C'est classe quand même d'avoir une loi à son nom.
23:43Je vous réinviterai, je pense, parce qu'en 15 minutes, on a à peine survolé le sujet.
23:47Smart Jobs, c'est bientôt fini.
23:49Avec Fenêtre sur l'emploi, on va s'intéresser aux techniques de recherche d'emploi des jeunes
23:53diplômés.
23:54Vous allez le voir, on va parler IA, on va parler flexibilité, on va même parler de
23:58congés sabbatiques.
23:59On termine cette émission de Smart Jobs avec Fenêtre sur l'emploi et on s'intéresse
24:15à la manière dont les jeunes générations cherchent un emploi en 2024.
24:19Pour le faire, j'accueille Amandine Heitz.
24:21J'ai bien prononcé, bonjour.
24:23Exactement, parfait.
24:24Par contre, je vais vous laisser prononcer le nom de votre entreprise parce que sur le
24:26sommaire, j'ai senti que j'étais dans le dur.
24:28Vous n'êtes pas le premier.
24:29Donc, quel est le nom de votre entreprise ?
24:31Comme vous le disiez, je m'appelle Amandine Heitz et je suis la DRH Europe de l'entreprise
24:35iSims.
24:36ISims, c'est un éditeur de logiciels en recrutement.
24:39Concrètement, on aide à travers le monde des entreprises dans leur stratégie de recrutement.
24:43Ça a trouvé le mouton à cinq pattes avec des logiciels plus ou moins spécifiques.
24:47Exactement, et à les intégrer dans l'entreprise.
24:48Et là, vous venez avec une étude qui a été publiée en septembre sur les manières qu'utilisent
24:54les jeunes diplômés pour trouver du travail.
24:56Ce que j'ai regardé, le premier chiffre qui m'a interloqué, c'est que 85% de ces
25:02jeunes utilisent l'intelligence artificielle dans leur processus de candidature.
25:07J'ai envie de vous dire, ce n'est pas si surprenant que ça.
25:10La vraie question, c'est par rapport aux recruteurs, est-ce qu'on est sur les mêmes
25:14niveaux ?
25:15En effet, je vous rejoins, ça ne me surprend pas beaucoup que 85% des jeunes diplômés
25:18utilisent l'intelligence artificielle.
25:20Ils ont grandi avec des technologies.
25:22Le chat j'ai pété sur toutes les lèvres depuis deux ans.
25:24Il n'y a rien de très étonnant au fait que des jeunes diplômés l'utilisent.
25:26Si on le met en miroir, en effet, il y a plus de 99% des recruteurs qui déclarent avoir
25:33utilisé l'intelligence artificielle dans le cadre de recrutement et 60% d'entre eux
25:37disent vouloir l'utiliser plus dans les processus de recrutement.
25:39Donc la question, ce n'est pas vraiment est-ce que l'intelligence artificielle va apparaître
25:42dans le recrutement, parce que c'est déjà là.
25:43C'est qu'est-ce qu'on en fait ?
25:44Comment on le fait bien, surtout parce qu'il y a un effet de mode qui fait que tout le
25:50monde veut l'utiliser.
25:51On peut en faire quelque chose de bien et être plus efficace.
25:54Et puis parfois, on peut l'utiliser à mauvaise escient.
25:55Alors, j'ai regardé dans l'étude aussi, on pourrait se dire les jeunes ne pensent
25:59qu'à l'argent.
26:00Mais on va voir que ce n'est pas si simple que ça.
26:01On a d'autres chiffres, donc la liste des priorités de ces jeunes quand ils postulent.
26:0640% veulent la flexibilité et du travail hybride, un peu comme des cadres, des cadres
26:12avec enfants.
26:1323,5% acceptent un petit job en attendant le poste idéal.
26:1711% préfèrent attendre un an pour la bonne opportunité.
26:21J'ai envie de vous demander par rapport à ça, c'est depuis quand les jeunes ont autant
26:26de cran pour temporiser sur un premier job ?
26:28Bonne question, j'aurais du mal à y répondre.
26:32L'étude dit que 83% malgré tout s'inquiètent de trouver ce premier emploi.
26:37Comment vous voulez expliquer ce chiffre de jeunes qui sont prêts à attendre ?
26:42Alors, sur ceux qui sont prêts à attendre, il y a quelques nuances à apporter puisqu'ils
26:47sont prêts à attendre pour trouver la bonne offre.
26:49Mais on voit aussi dans notre étude qu'une grande partie d'entre eux sont prêts à prendre
26:52des petits jobs pour trouver la bonne opportunité.
26:54Ce qui est la situation intermédiaire, on va dire.
26:56Exactement.
26:57Donc en fait, ils préfèrent attendre pour trouver la bonne offre avec les bonnes conditions
27:00tout en étant pragmatiques et en ayant des petits jobs quels qu'ils soient, quitte à
27:04continuer leur job étudiant.
27:05Maintenant, ce que vous me dites est vrai, donc il y a 40% des étudiants qui déclarent
27:10que la flexibilité, le fait de pouvoir travailler en mode hybride est le premier critère dans
27:16leur recherche.
27:17Moi, ça me semble un peu fou.
27:18En tout cas, à l'époque, je n'aurais pas eu l'idée de demander à faire du télétravail
27:20puisque personne n'en faisait.
27:21Mais à force de constater que depuis 4 ans, ça s'est généralisé, même si ces derniers
27:25temps, on voit beaucoup d'entreprises qui essayent de faire revenir leurs effectifs
27:29au bureau de plus en plus souvent.
27:30Les jeunes diplômés ont fait leurs études aussi à distance.
27:32Là, si on se projette, on peut imaginer quel type de salarié par an ils vont devenir.
27:36En termes de flexibilité, ils vont être ultra exigeants.
27:38J'imagine.
27:39En tout cas, ils le sont déjà un petit peu.
27:42Selon ce que vous avez vu, selon les chiffres de votre étude, c'est quoi le job idéal
27:46pour un jeune en 2024 ?
27:48Je ne sais pas si c'est le job parce que ça, ça dépendra de la personne.
27:51Mais en tout cas, l'environnement qu'ils recherchent, c'est un environnement dans
27:53lequel on leur laisse de la liberté, dans lequel ils peuvent progresser et s'épanouir.
27:58Donc, finalement, ça ressemble d'une certaine façon à ce qu'on recherchait il y a 10
28:03et 15 ans aussi en dehors…
28:05Avec les outils d'aujourd'hui.
28:06Exactement.
28:07Très bien.
28:08Merci beaucoup, Amandine.
28:09Peut-être qu'on reviendra, enfin, vous reviendrez avec d'autres études puisque
28:13j'imagine que vous en publiez une chaque année.
28:16On en publie 7 ou 8 par année.
28:18Beaucoup plus souvent.
28:19Écoutez, peut-être qu'on vous retrouvera très rapidement sur ce plateau.
28:22Smart Job, c'est terminé pour aujourd'hui.
28:24Le taulier Arnaud Ardoin sera de retour la semaine prochaine.
28:28D'ici là, je vous encourage à regarder beaucoup de programmes Smart Job, de regarder
28:32les replays, de commenter sur les réseaux sociaux.
28:34J'en profite également pour remercier Angèle à la réalisation, Héloïse Ausson,
28:39Lili et Juliette à la préparation de cette émission.
28:42Portez-vous bien, à très bientôt.
28:46Sous-titrage Société Radio-Canada