Jeudi 8 juin 2023, SMART JOB reçoit Alban Saint-Joigny (Consultant, Backbone) , Jean-Christophe Sciberras (Président, NewBridges) et Pascale Joannin (Directrice Générale, Fondation Robert Schuman)
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00:12 Le cerclérage et les experts de Smart Job, trois sujets importants évidemment.
00:16 Les retraites, sujet à deux têtes parce que d'un côté les décrets d'application,
00:20 en tout cas une partie des décrets ont été publiés au journal officiel.
00:24 C'est le passage de 62 à 64 et trois mois.
00:27 Et puis j'allais dire simultanément il y a eu ce mouvement social,
00:30 en tout cas cette dernière manifestation, baroude d'honneur pour la CFDT.
00:34 Il faut continuer dit la CGT.
00:36 Déjà une petite fissure du mouvement syndical autour de cette question.
00:41 Puis on va parler de la politique familiale, ça c'est un sujet important et européen d'Elisabeth Borne.
00:46 On va augmenter le nombre de places de crèche,
00:48 alors que Pôle emploi indique que les métiers de la petite enfance
00:50 sont un des métiers les plus pénuriques.
00:52 Comment faire évidemment ?
00:54 Et puis on parlera de la réindustrialisation
00:56 parce que je sais que ça tient à cœur à mes invités qui sont sur le plateau.
00:59 Pascal Joannin, ravi de vous accueillir.
01:01 - Bonjour Arnaud.
01:01 - Directrice générale de la Fondation Robert Schumann.
01:03 Et vous avez virtuellement sous le bras le rapport Schumann 2023.
01:08 Il est virtuel.
01:09 - Non, vous l'avez.
01:10 - Je l'ai, mais bien sûr je l'ai.
01:11 Il est là, il est près de moi, il est toujours avec moi.
01:13 Merci d'être là.
01:14 Alban Saint-Jouanier, ravi de vous accueillir.
01:16 Consultant Backbone Consulting.
01:18 Alors évidemment vous venez toujours avec comme ça le thermomètre numérique
01:22 du rapport des Français à tous les sujets dont on va parler.
01:25 Merci d'être là.
01:26 Et Jean-Christophe Sibéras, bonjour Jean-Christophe.
01:28 - Bonjour.
01:29 - CEO et cofondateur de New Bridges.
01:31 Et puis vous avez été par ailleurs dans d'autres,
01:34 dans vos autres vies DRH d'entreprises privées et publiques.
01:39 Merci d'être avec nous.
01:40 Les décrets d'application sont sortis en partie.
01:43 Juste d'abord l'opinion sur les retraites.
01:45 Comme ça on va pouvoir faire un sujet global.
01:47 Pour eux c'est derrière, on prépare les vacances.
01:50 Ou pour eux c'est encore un sujet d'actualité ?
01:53 - Alors il faut savoir que les Français n'acceptent pas vraiment de tourner la page.
01:56 Même s'ils ne se mobilisent plus.
01:58 On l'a vu hier, c'était la journée avec la mobilisation la plus basse.
02:01 Mais 58% des Français continuent de soutenir le mouvement contre celle-ci.
02:06 Ça reste aussi toujours le sujet de conversation en ligne numéro un.
02:10 Il y a plus de 500 000 messages depuis une semaine.
02:12 Ce qui montre que la colère est toujours là.
02:15 Elle baisse.
02:16 - Pas dans la rue mais sur les réseaux.
02:17 - Légèrement.
02:18 - Il y a une foultitude de commentaires négatifs à charge contre le gouvernement.
02:23 Donc il y a une atténuation.
02:24 Mais le coeur de la retraite, ses 64 ans, n'en démarre pas.
02:28 - Et trois mois.
02:29 - Et trois mois.
02:30 - Et trois mois, je le dis parce que le décret de l'application le précise bien.
02:32 - Un détail qui a son importance.
02:33 - Pour ceux qui sont nés à partir de, sans dire de bêtises, septembre 1968.
02:37 61-68.
02:39 On est bien d'accord Jean-Christophe Subéras ?
02:41 - Oui puisque c'est quand même une application progressive.
02:43 - Progressive.
02:44 - Ça démarra au 61.
02:45 - Voilà, 62 ans et trois mois, 62 ans etc.
02:49 Jusqu'à ce que ça va mettre quand même quelques années avant d'arriver au terme de ça.
02:52 - Mais on sort comment Jean-Christophe de ce duel ?
02:55 Parce que ça a été un duel pendant cinq mois.
02:57 Gouvernement contre mouvement social et français en partie.
02:59 Puisque l'opinion est toujours défavorable.
03:01 Est-ce que le gouvernement dit là ce soir, bon ben ça va, voilà, on a passé l'étape des retraites.
03:07 Est-ce que le gouvernement peut se dire ça ?
03:09 Est-ce que le président de la République peut se dire ça ?
03:11 - Alors ce qui est vraiment, ils évitent de s'exprimer surtout de manière trop conflictuelle etc.
03:18 Parce qu'ils savent que les blessures sont encore à vif.
03:21 Finalement le pays est à vif.
03:23 Donc ils sont plutôt en train d'essayer de dérouler d'autres sujets.
03:28 D'installer dans le paysage, dans l'incarnation, dans tous ces déplacements, dans toutes ces visites, d'autres thématiques.
03:34 - Et on a eu d'idées, on s'est dit bon voilà on refocus.
03:37 - On a les mille ans du Mont-Saint-Michel, c'est-à-dire l'histoire de la France.
03:41 - L'éternel.
03:42 - Donc là c'est l'émotion.
03:43 Pour essayer effectivement de déplacer le terrain.
03:47 Ce qui est quand même, finalement ce qui me frappe le plus après, dans cette opposition,
03:52 c'est que même les gens qui étaient finalement pas si contre que ça, qu'il fallait faire quelque chose.
03:57 - Les modérés.
03:58 - Ils disent mais comment a-t-on pu se débrouiller si mal ?
04:02 Et arriver à s'attaquer, même sur le fond ils sont pas contre.
04:07 - Mais formellement ça passe pas.
04:09 - Ils se disent sur la forme c'est quoi ce bazar et ces dégâts ?
04:12 Et effectivement ils se disent qu'est-ce qui va maintenant se passer ?
04:15 Par exemple cet intersyndical qui dit nous on continue à travailler ensemble.
04:20 Il y a des gens qui se disent, y compris dans les boîtes, qu'est-ce qui va se passer ?
04:24 Y compris dans les entreprises, sur ces intersyndicales.
04:27 Donc ça soulève plein de questions sur ce qui va se passer ensuite.
04:29 - Pascal Joannin, vous avez des sujets qui vous sont chers, la politique familiale et la réindustrialisation.
04:33 Mais d'un petit mot, parce que l'Allemagne, qui est souvent citée en modèle,
04:36 dans un dialogue social très apaisé, dans des négociations structurées,
04:40 en France, l'unité syndicale a duré.
04:43 J'ai envie de dire qu'elle est terminée, le match pour les retraites est en train de se terminer, qu'on le veuille ou non.
04:48 Il ne faut pas mentir aux Français, dit Laurent Berger.
04:50 Puis de l'autre côté on a Sophie Binet pour la CGT qui dit,
04:54 c'est le gouvernement qui refuse de négocier sérieusement avec les organisations,
04:57 mais son agenda gouvernemental et patronal régressif, on n'en veut pas.
05:00 Donc elle continue d'une certaine manière le combat.
05:02 Ça vous inspire quoi ? Vous qui avez finalement un regard très européen sur tous ces sujets.
05:07 - En Europe, on est content que la réforme des retraites ait été votée,
05:11 parce que la France est attendue sur les réformes.
05:13 Alors la réforme des retraites n'est qu'une des réformes qu'on doit faire.
05:16 Et oui, parce qu'on a quand même des comptes qui ne sont pas à l'équilibre.
05:21 Et nos amis européens, notamment du Nord et allemands, se disent,
05:26 mais bon, on est ensemble dans le même bateau, on a la même monnaie,
05:29 on a les mêmes règles, puisque c'est un marché unique, etc.
05:32 Donc tous les pays ont fait des efforts.
05:34 Alors je rappelle que sur la retraite, on ne va pas se mentir,
05:37 la France était le dernier wagon où en effet tous les autres pays sont passés,
05:41 au niveau de l'âge, à une limite qui est bien supérieure aux 64 ans et 3 mois aujourd'hui.
05:47 Donc même ça, on n'a pas été capable d'être jusqu'aux 65 ans qui sont à peu près la norme.
05:52 - Jean-Christophe dit que c'est la méthode qui a pêché.
05:54 - Non, mais la méthode...
05:56 Mais en Europe, on ne juge pas la méthode, on juge le résultat.
06:01 - Le résultat.
06:02 - Donc le résultat, c'est que cette première réforme va passer.
06:06 - Vous nous rassurez, Pascale.
06:08 - Et donc, on va être attendu au tournant sur d'autres choses,
06:10 puisqu'on a la dette publique, on a un certain nombre de comptes publics à mettre en avant.
06:14 Donc ce petit passage que nous avons fait, cette première réforme,
06:17 n'est qu'une de celles qu'on attend au niveau européen.
06:20 - Un mot, parce qu'après vous n'aurez plus beaucoup de temps pour parler d'autres sujets.
06:23 Je sais qu'ils vous tiennent très à cœur.
06:25 Et sur les sujets européens et industriels, Pascale a des choses à nous dire.
06:28 Mais vous vouliez réagir sur quoi ? Sur la dette et sur tout ce qui vous attendait ?
06:31 - Exactement.
06:32 - Le plus dur reste à venir, quoi.
06:33 - Sur la dette publique et notamment avec la note de Sandarin Pouf,
06:35 puisqu'il n'a pas vu la dégradation attendue.
06:38 Mais il y a eu énormément de lobbying de la part du gouvernement
06:41 pour justement infléchir cette décision.
06:44 Mais justement, on a sorti un sondage la semaine dernière, Backbone, Odoxa,
06:48 sur ce que pensent et les craintes des Français sur la dette publique.
06:51 Et ils sont 52% à penser qu'il faut arrêter le déficit public
06:56 au risque de ralentir l'économie.
06:59 Donc avec des mesures fortes, comment est-ce qu'on fait pour réduire la dette publique ?
07:03 - On la voit venir à la réforme, quand même.
07:05 - Exactement. Mais ils sont 53% à vouloir diminuer, les Français, le nombre de fonctionnaires.
07:11 Et ils sont 60% à vouloir réduire les aides sociales.
07:14 C'est le fameux combat de Gabriel Attal pour la fraude sociale
07:17 qui a d'ailleurs très bien imprimé dans l'opinion.
07:19 - Ça, c'est aussi un nouveau marqueur. Ce que vous évoquiez tout à l'heure,
07:22 c'est un des sujets marqueurs en disant "attendez, fraude sociale, on va régler tout cela".
07:27 Un dernier mot, parce que ça c'est un sujet fondamental.
07:29 Pascal nous dit "bon, les retraites c'est à peu près fait, en tout cas vu des Européens,
07:33 puis il reste encore plein de choses, les grandes réformes qu'on évoque,
07:36 réduire le nombre de fonctionnaires, ça fait exploser 5 républiques ça".
07:40 - On est un des pays où le poids de la fonction publique,
07:43 enfin des fonctions publiques, les collectivités locales, les hôpitaux,
07:47 est très élevé, enfin la proportion, un peu plus de 5 millions
07:51 par rapport à 23 ou 24 millions d'actifs dans le privé.
07:55 Donc le poids de la fonction publique est très important.
07:57 Effectivement, ce qui caractérise le statut des fonctionnaires,
07:59 je l'ai été d'ailleurs, c'est effectivement le statut est extrêmement rigide.
08:03 Pour le coup, quand on veut faire des réformes dans le public,
08:06 il y a une rigidité institutionnelle.
08:09 Effectivement, objectivement, ça c'est une des choses sur lesquelles Emmanuel Macron,
08:13 qui pourtant est plutôt remarquable dans le genre "je dis que je vais faire quelque chose, je le fais".
08:18 - Le réformateur.
08:19 - Il y a un domaine où effectivement on peut dire qu'il n'a rien fait, mais rien.
08:24 - La fonction publique.
08:25 - La fonction publique.
08:26 - Avec une égo sur les salaires.
08:27 - Avec des objectifs d'évolution dès 2017.
08:29 Et effectivement, c'est assez troublant et c'est probablement une...
08:34 Et là, on se dit même lui, il n'y arrive pas, donc qui pourrait faire quelque chose ?
08:40 - C'était encore au 20e siècle, début 21e, Nicolas Sarkozy sur la réduction du millefeuille.
08:45 Rappelez-vous, ça a provoqué un millefeuille en plus, une étape en plus avec les métropoles.
08:49 Il voulait supprimer les départements, on a gagné les métropoles,
08:51 donc on n'a pas réussi notre coup.
08:53 Tournons la page des retraites.
08:55 Je sais qu'on va en reparler puisque les décrets sortent peu à peu
08:58 et que peut-être la bataille se fera sur les réseaux sociaux et dans les urnes,
09:02 puisque les Français évidemment vont devoir voter aux européennes, il faut le préciser.
09:07 Un mot sur Elisabeth Borne, à Angers, qui lance un très grand programme,
09:11 là aussi c'est un marqueur intéressant, la politique familiale française.
09:14 200 000 places d'ici 2030.
09:17 Tiens, je donne la parole à Pascale, parce qu'on cite cette fois-ci en contre-modèle
09:20 le modèle familial allemand, qui accompagne très peu les femmes,
09:24 beaucoup de femmes restent à la maison pour garder leurs enfants.
09:27 On a une politique familiale en France qui est un modèle.
09:30 - Oui, alors c'est très important, cette annonce sur la petite enfance,
09:34 parce qu'on en a vu, on voit la corrélation entre la démographie
09:40 et ce qui aide les femmes quand elles ont des enfants.
09:43 En France, on a un système que toutes les européennes envient,
09:46 c'est-à-dire que vous avez en effet des systèmes de garde d'enfants,
09:49 pas forcément privés, publics, et donc vous pouvez avoir une famille
09:54 et retourner au travail pour les femmes.
09:56 - C'est l'objectif.
09:57 - Alors qu'en Allemagne, dès que vous êtes, ou dans d'autres pays,
09:59 mais en Allemagne notamment, le taux de démographie est beaucoup plus faible,
10:02 on est quasiment à 1,3, alors que nous sommes à 1,8.
10:06 Je rappelle que le renouvellement c'est 2,1.
10:09 - On est tous les deux en dessous.
10:10 - On est tous en dessous, mais on est quand même mieux.
10:12 Et donc tout ça, ça contribue à, en effet, en Allemagne,
10:16 donc il n'y a pas d'aide, donc en effet les femmes qui se retrouvent...
10:19 - Financent, soit en finance, soit elles restent à la maison.
10:21 - Soit en finance, soit elles restent à la maison,
10:23 elles abandonnent leur travail, etc.
10:24 Donc en effet, il y a des projets européens pour justement
10:27 développer ces systèmes de garde à partir de 3 ans ou 6 ans
10:30 dans tous les pays européens qui n'en sont pas dotés.
10:32 On voit donc que ça fait un peu tâche d'huile,
10:34 justement pour essayer que cette démographie européenne
10:37 reparte un peu à la hausse, parce que nous sommes un continent
10:39 qui vieillit et qui ne se renouvelle pas.
10:41 - Côté backbone, c'est un sujet là vraiment important,
10:44 au-delà de la prégnance des retraites et de tout ce que vous avez lu,
10:47 la politique de la petite enfance, 100 000 places d'accueil
10:50 supplémentaires pour les jeunes enfants d'ici à 2027,
10:52 avec l'objectif d'aboutir à 200 000 places en 2030.
10:56 Ça réagit comment ? Parce que la réalité des Français aujourd'hui,
10:59 c'est que souvent ils ne trouvent pas de place en crèche,
11:01 mais que la réalité c'est que les crèches ne trouvent pas
11:03 de salariés non plus pour travailler dedans.
11:05 C'est ça l'enjeu. - Exactement.
11:07 Il faut savoir que c'est un sujet qui est très sensible,
11:09 dans l'opinion de la petite enfance, c'est un secteur qui est en crise,
11:11 globalement. D'ailleurs, on voit que, il suffit de regarder
11:15 les vidéos de témoignages des parents sur les réseaux sociaux,
11:19 et notamment sur Facebook, qui expriment tout leur désarroi
11:23 face à ces maltraitances, leurs enfants malmenés.
11:26 Il suffit de regarder le réseau de crèches People and Baby,
11:29 regardez, il y a une crise par mois.
11:31 A chaque fois, des enfants molestés, maltraités.
11:33 Avec des drames qui vont jusqu'à la mort, il faut quand même préciser
11:35 qu'un enfant est mort. - Absolument, et ce qui rend
11:37 l'émotion très vive, quand on touche aux enfants,
11:39 c'est toucher presque au sacré. - Bien sûr.
11:41 C'est la qualité du service. - Tout à fait.
11:43 Et pour continuer là-dessus, il y a aussi même l'image du métier,
11:47 qui est totalement dévalorisée, sous-considérée.
11:51 Il faut redonner ses lettres de noblesse.
11:54 J'ai un ami qui a ouvert une crèche dans le 20e arrondissement,
11:56 il me dit "Impossible de trouver du personnel qualifié".
11:58 - Jean-Christophe, là je m'adresse à l'ancien DRH,
12:01 qui a quand même un regard précis.
12:03 C'est quand même un grand écart, là aussi, c'est un marqueur
12:05 de communication. On parle d'un sujet en annonçant 200 000 places
12:07 pour dire aux parents "Regardez, on s'occupe de ce sujet".
12:10 Mais la Première Ministre sait très bien que dans le top 10
12:12 des emplois les plus pénuriques, il y a en 3e position
12:16 les métiers de la petite enfance.
12:18 C'est injouable. - Oui, juste pour dire quand même
12:20 que 1, c'est un domaine où la France est très bonne.
12:23 - C'est vrai. - Et depuis longtemps.
12:25 Et grâce à ça, il s'est passé deux choses en France.
12:28 Le doublement du taux d'emploi féminin en 40 ans.
12:31 - C'est vrai. - Donc l'égalité homme-femme,
12:33 c'est aussi de permettre aux femmes de travailler
12:35 et d'être autonomes. Et la deuxième chose,
12:38 vous l'avez très bien dit, c'est que les femmes font plus d'enfants
12:41 qu'ailleurs, même si ça a un peu baissé depuis 3-4 ans.
12:44 Donc au fond, il y a une politique familiale dynamique.
12:46 - Il y avait un ministre du Travail qui avait dit à Michèle Sapin
12:48 qu'il la rencontrait, il dit "Oh la France, vous êtes un pays formidable".
12:51 Alors quand un ministre français arrive à Berlin,
12:53 on lui dit "un pays formidable".
12:55 - Il y a plus de gens de ce régime que d'ailleurs.
12:57 - C'est rare. - Alors là, il s'est dit "qu'est-ce qui se passe ?"
12:59 et il dit "en France, les femmes travaillent et font des enfants,
13:03 les deux, en même temps". - Quel bonheur.
13:05 - Parfois, on oppose la mentalité et le travail.
13:08 Donc vous cochez parfaitement les cases.
13:11 Et c'est vrai que c'est plutôt une réussite française.
13:13 Là, effectivement, il se trouve que j'ai un petit mandat d'élu local,
13:16 je m'occupe en particulier des RH dans ma commune,
13:18 on a 8 crèches, et effectivement, les pénuries de recrutement,
13:24 les assistantes maternelles... - Mais il faut les payer plus,
13:27 Jean-Christophe Sibéras. - Les pays agricultrices.
13:29 Alors, revenons à la fonction publique.
13:31 Nous avons 8 crèches fonction publique territoriales.
13:34 Bon, et bien, je ne peux pas les payer plus que la grille salariale
13:40 de la fonction publique.
13:42 Et comme dans ma petite commune, nous sommes près de Paris,
13:44 et Paris a un statut spécial,
13:46 et c'est mieux payé parce qu'ils ont un statut spécial,
13:49 mais la petite commune qui est en concurrence,
13:51 donc on a un masque de chère. - Elle est moins payée.
13:53 - Alors, qu'est-ce qu'on a fait ? - C'est très juste.
13:54 - On a fait plusieurs choses. D'abord, on a recruté des jeunes apprentis,
13:56 parce que l'apprentissage des jeunes, dans ce métier comme d'autres,
14:00 c'est quand même le sourcing par l'apprentissage.
14:02 Deuxièmement, on essaye de donner aussi quelques avantages
14:05 non gris, indiciaires... - En prime ?
14:08 - Non, par exemple, on nous a un peu grondés,
14:11 d'ailleurs je suis comme dommage, par exemple, on s'est dit
14:13 "on peut vous donner une voiture de fonction",
14:15 puisque c'est pas la grille. Après, la Chambre régionale des comptes
14:18 nous dit "une directrice de crèche, elle a pas besoin de voiture".
14:21 Je dis "ben oui, mais..." - Si, pour mieux au travail.
14:23 - Voilà, mais bon, et donc, il faut quand même...
14:26 On parlait de la réforme de la fonction publique,
14:27 si on veut aussi que le secteur public s'améliore,
14:31 et le secteur public est très présent dans ce domaine,
14:33 eh bien il faut aussi assouplir un certain nombre de règles,
14:35 si on veut, une tirer des jeunes.
14:37 - Une minute chacun, parce que sinon notre dernier invité
14:40 n'aura plus le temps pour s'exprimer, il faut partager ce temps.
14:43 - On a investi dans la société microélectronics 2,9 milliards d'euros
14:47 dans une usine à Kroll, on a beaucoup parlé de l'usine des batteries
14:50 qui est sortie, et dont les salariés vont rentrer prochainement
14:53 après formation, là c'est les fameux semi-conducteurs
14:56 dont on nous a beaucoup parlé pendant la crise Covid,
14:59 puis la crise ukrainienne, c'est un projet européen,
15:03 enfin, c'est la société microélectronique, c'est en France,
15:05 mais c'est une dynamique européenne, ça.
15:07 - Mais c'est une dynamique européenne parce que l'Europe a décidé
15:09 de réduire ses dépendances. - Ben oui.
15:11 - On l'avait vu avec la crise du Covid, on le voit maintenant avec l'Ukraine,
15:14 donc c'est une indépendance énergétique, une indépendance industrielle.
15:18 Et on a trop désindustrialisé partout en Europe, et principalement en France,
15:22 plus qu'en Allemagne et qu'en Italie, et donc on voit bien que
15:25 tous les pays sont en concurrence, et on est en concurrence avec qui ?
15:29 Avec les Chinois, ou avec les Américains.
15:32 Quand on regarde ce que font les Américains, ils aident leurs entreprises
15:34 à investir, etc. - Quel paradoxe d'ailleurs.
15:36 - Il n'y a aucune raison que l'Europe et la France en Europe
15:39 ne fassent pas la même chose pour attirer des champions,
15:42 pour permettre en effet de créer des emplois dans des secteurs d'avenir,
15:46 et qui réduiront en effet les dépendances vis-à-vis de nos compétiteurs internationaux.
15:51 - Les Etats membres élus le 18 avril dernier ont revu les règles
15:56 de subvention publique aux secteurs. - Oui, les aides d'Etat,
15:59 ce qu'on appelle les aides d'Etat. - Exactement.
16:01 - C'est-à-dire, on avait des règles, on les a assouplies
16:03 pour justement permettre à l'économie européenne
16:06 de pouvoir se... - D'attribuer tout ce qui est européen.
16:09 - De pouvoir relever les défis qui sont du monde international.
16:12 - Patriot Act européen en quelque sorte, parce que c'est de ça
16:15 dont il est question. Qu'est-ce que disent, est-ce que les Français sont sensibles,
16:18 enfin du cas, l'opinion est sensible à ces sujets,
16:20 ou est-ce qu'elle est très micro vie quotidienne,
16:24 ou est-ce que ce sujet de la réindustrialisation les interpelle ?
16:27 - Oui, c'est sûr que ça les interpelle, puisqu'on parle là
16:30 de la souveraineté économique française, la souveraineté industrielle,
16:33 on parle de la création d'emplois. Ce qui est intéressant, c'est que
16:36 même si l'annonce est passée de manière un peu inaperçue,
16:39 puisque l'œil médiatique était plutôt focalisé sur les retraites hier,
16:43 j'ai relevé quand même plusieurs commentaires négatifs,
16:46 à la marge certes, mais du type "quel pillage, l'Etat lâche 2,9 milliards
16:53 pour implanter une usine de semi-conducteurs, cadeau offert à ST Microelectronics,
16:57 soit plus qu'un quart du fameux déficit des retraités de 11 milliards",
17:00 ce qui vient illustrer aussi l'esprit de contradiction français,
17:03 c'est à la fois de critiquer, de dire "là, ils ont de l'argent".
17:06 - On veut des emplois chez nous.
17:07 - Ça rejoint un peu l'idée de la dette publique, c'est la fin de l'argent magique.
17:11 En fait, les Français ne veulent plus de cet argent magique.
17:13 - En même temps, on a été un peu dupés pendant le Covid,
17:15 puisque l'argent magique a quand même coulé à flot pendant le Covid.
17:18 - Ils disent ça, mais si en effet l'investisseur va de l'autre côté du Rhin,
17:21 ou d'un autre côté, ils vont se dire "ah mais pourquoi on ne l'a pas fait nous ?"
17:23 - Exactement, c'est l'esprit de contradiction français.
17:25 - Ils se disophrénient en disant "on ne veut pas ça",
17:27 mais ils sont bien contents de les avoir chez nous plutôt que chez le voisin.
17:30 - Merci à vous trois. Merci à vous Pascal Joannin.
17:32 - Diversification et sécurité des improvisionnements.
17:34 - C'est vous qui aurez eu le dernier mot, Pascal Joannin,
17:36 directrice générale de la Fondation Robert Schuman,
17:38 avec le rapport Schuman 2023.
17:40 - Aux éditions Maribé.
17:41 - Aux éditions Maribé, qu'on n'oublie pas, qui est un document essentiel.
17:44 Albin, Albin Saint-Jouanny, consultant Backbone Consulting,
17:47 avec tout ce travail pour observer l'opinion.
17:50 Merci d'être venu Jean-Christophe Sibéras,
17:52 merci à vous, élu local, parce que vous nous l'avez dit,
17:55 ben oui, SEO de New Bridges.
17:57 Merci à vous. On termine avec Fenêtre sur l'emploi,
17:59 avec la chronique de Laurent Pietraszewski,
18:02 justement sur la qualité de vie au travail.
18:04 Comment ça se passe exactement ? On en parle avec lui.