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L'écrivain Frédéric Beigbeder est l'invité du 9h20 de Léa Salamé. Il publie son "Dictionnaire amoureux des écrivains français d'aujourd'hui" (Plon). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-06-novembre-2023-2821200

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Transcription
00:00 Léa, ce matin vous recevez un écrivain et critique littéraire !
00:03 Bonjour Frédéric Bigbeder !
00:05 Bonjour Léa et Nicolas !
00:06 Merci d'être avec nous, le retour à dans la matinale !
00:09 Un peu plus tard qu'avant !
00:11 Un peu plus tard qu'avant, voyez on est…
00:13 C'est mieux ! On préfère !
00:15 On pardonne ! Frédéric, si vous étiez un personnage historique et un émoji ou une émoticonne en bon français, vous seriez quoi ?
00:22 On va dire que je me prends pour Dieu, mais après tout c'est le rôle des romanciers, j'aime bien Jésus-Christ.
00:30 Ah, comme Amélie Nothomb !
00:32 Ah oui ?
00:33 Et le ciel se prend pour Jésus.
00:34 Oui, notamment en ce moment, je pense au serment sur la montagne où il dit "si vous me frappez sur une joue, je tendrai l'autre joue".
00:42 C'est un moyen de calmer la violence.
00:45 Et une émoticonne ?
00:47 L'émoticonne… Dans mon livre il y en a plein !
00:49 C'est pour ça que je vous pose la question !
00:51 J'aime bien celui avec le nez qui s'allonge de Pinocchio, parce que je trouve que les écrivains sont tous des menteurs.
00:59 Surtout Emmanuel Carrère, écrivain ! Toute sa littérature repose sur le mentionné.
01:04 Bien sûr, mais c'est assumé !
01:06 "Je ne m'intéresse plus, je préfère m'intéresser aux autres désormais, vous ne vous intéressez plus." Vous êtes malade ?
01:12 Oui, c'est complètement… ça c'est typiquement la première phrase qui est une antiphrase,
01:17 puisque après pendant 600 pages, je parle beaucoup de moi en parlant des autres.
01:21 C'est ce que vous écrivez au début de votre dictionnaire amoureux des écrivains français d'aujourd'hui,
01:25 qui paraît aux éditions Plon. 600 pages, vous avez bossé, près de 300 auteurs,
01:30 et deux conditions, qu'ils écrivent en français et qu'ils soient vivants à l'heure où le texte est parti à l'imprimerie.
01:36 Ce qui fait que vous avez dû écarter à la dernière minute Philippe Solers,
01:40 avec beaucoup de chagrin,
01:42 Kundera Solers, Linda Ley, c'était des notices qui étaient déjà écrites,
01:48 Jean Tellet aussi, bien sûr, mais c'était le projet, c'était un projet assez original,
01:56 parce que ça n'existait pas.
01:57 Voilà, c'est ça qu'on apprend, il n'y a pas d'anthologie des écrivains vivants.
02:01 Non, alors qu'il y en a pour l'art contemporain, pour la musique, pour le cinéma,
02:05 mais pour les livres, curieusement, on prend plus au sérieux les morts.
02:09 Les morts sont dans le carré VIP, les bibliothèques, les écoles...
02:13 Alors qu'il faut que nous nous aimions vivants.
02:17 Oui, ah oui !
02:19 Et ça va partir... Ah non, ça va partir...
02:22 * Extrait de "Le Monde Vivant" de Jean Tellet *
02:37 Mais oui, mais bon...
02:39 Vous voulez appeler mon maître François Valéry sur France Inter ?
02:42 Il est en exergue de mon dictionnaire.
02:44 Oui, j'aime bien cette phrase, "N'attendons pas que la mort nous donne du talent,
02:47 et oui, rendons justice aux confrères et aux consoeurs qui travaillent, qui sont vivants,
02:52 et on a la chance en France vraiment d'avoir une immense diversité
02:57 et richesse de la littérature contemporaine."
03:00 On y lit vos admirations, vos déceptions, il y a des coups de griffe, des "peu mieux faire",
03:04 et vous revenez à cet exercice de la critique littéraire que vous pratiquez depuis 30 ans, Frédéric Bigbeder.
03:09 Moi, je me souviens vous avoir regardé quand j'étais jeune, et vous aussi.
03:12 J'avais 20 ans sur cette émission qui était géniale, "Rive droite, rive gauche" avec Thierry Ardisson,
03:17 où toutes les semaines vous chroniquiez les livres que vous aimiez,
03:20 et vous défonciez ceux que vous n'aimiez plus.
03:23 Et je me disais que la critique a un peu disparu aujourd'hui.
03:26 L'époque n'aime plus les descentes en flamme, les débats entre deux journaux, sur un livre, sur un film.
03:32 On a l'impression que ça s'est aseptisé.
03:34 D'ailleurs, il y a un paradoxe, c'est qu'on se fait défoncer parfois sur les réseaux sociaux,
03:38 mais que le genre noble de la critique a un peu disparu.
03:41 Évidemment, il reste "Le masque et la plume" et tout ça, mais rappelez-vous, il y a 20 ans,
03:45 on s'enthousiasmait, on détestait un livre, et c'est fini.
03:48 Oui, alors moi, je continue quand même, humblement, je fais des articles positifs et négatifs.
03:55 Je crois que l'utilité, c'est que quand on est négatif, on est un peu plus écouté lorsqu'on est positif.
04:01 Et si on est toujours positif, c'est, comme vous le dites, complètement édulcoré.
04:05 Mais c'est vrai que ça me fait du souci, j'ai des polémiques régulières,
04:11 il y a des gens qui ne comprennent même pas l'utilité de dire "j'aime pas".
04:17 Or, c'est la subjectivité de la critique qui m'intéresse, et c'est ce que j'ai voulu faire dans ce dictionnaire.
04:23 Alors, ceux qui sont là, les 281 auteurs que vous avez choisis,
04:27 qui commencent par la lettre A d'Eliott Abiekacis et qui se terminent par la lettre Z d'Alice Zeniter,
04:32 c'est des choix subjectifs.
04:35 En fait, c'est compliqué, parce qu'il y en a qui n'y sont pas.
04:40 Il y a les absents, qui sont souvent d'ailleurs ceux qui sont le plus achetés par les Français,
04:44 dans les auteurs vivants, il n'y a pas Guillaume Musso, Virginie Grémaldi, Marc Lévy, Joël Dicker,
04:49 tout ça n'est pas dans ce livre-là.
04:51 Je pense que ce sont des raconteurs d'histoire, des storytellers,
04:54 mais pas des écrivains, parce qu'ils n'ont pas, pour moi, assez de style.
04:58 Je défends vraiment l'écriture, la forme.
05:01 - Vous revendiquez un choix un peu snob ?
05:04 - Oui, si vous voulez, oui.
05:06 Mais il y a quand même des auteurs très populaires dans mon dico.
05:09 Il y a Emmanuel Carrère, Michel Houellebecq, Pierre Lemaitre, bien sûr, il y en a plein.
05:13 - Et alors, vous les classez en catégories.
05:15 Il y a les érotomanes lyriques, les réacronchons, les flous artistiques, les glauquistes apocalyptiques.
05:21 - Oui, oui. - Et ça, c'est très amusant.
05:25 Et puis, il y a un classement, quand même.
05:27 Il y a celui que vous appelez le plus grand écrivain français.
05:30 Et là, il y en a plusieurs. - Oui, il y en a plusieurs.
05:33 Il y a Yasmina Reza, il y a Jean Eschnoz.
05:36 - Modiano. - Patrick Modiano, bien sûr.
05:39 - Pierre Michon. - Pierre Michon, qui est considéré par Marie-Hélène Lafon
05:42 comme le saint patron des lettres françaises.
05:45 Oui, qui est d'ailleurs malade, qui est un grand, grand styliste, pour le coup, de notre langue.
05:50 Donc, j'essaye de faire un catalogue, un panorama.
05:54 Alors, il y a des gens que j'aime plus ou moins, mais je crois qu'ils y sont tous,
05:57 enfin, tous les gens qui réellement ont un projet littéraire.
06:02 C'est-à-dire pas seulement de raconter une histoire, mais aussi de transformer la littérature.
06:06 - Et pour vous, il y a le meilleur d'entre eux, le meilleur d'entre vous.
06:10 C'est Michel Houellebecq. Il est, pour vous, le plus grand écrivain français vivant.
06:14 Il est le seul écrivain véritablement punk dans ce cloaque de positive attitude
06:18 qui est devenu notre littérature agonisante, frileuse et moralisatrice.
06:22 Cet écrivain placide nous console, nous sert de soupape et de lanceur d'alerte,
06:27 nous défoule et, en nous montrant ce qui ne va pas dans notre société, il nous sauve.
06:32 - Oui, je suis assez d'accord avec ce que j'ai écrit.
06:36 Je pense que ce n'est pas que moi qui dis ça.
06:39 C'est un des écrivains français les plus célébrés dans le monde, les plus traduits.
06:44 Il a su revenir au roman balsacien tout en inventant ce ton complètement laconique et désespéré
06:54 qui aujourd'hui influence beaucoup de collègues.
06:58 - Pas de bémol sur Houellebecq, ses dernières déclarations,
07:00 ses dernières prises de position sur l'islam, sur la fin de vie. Vous achetez tout.
07:04 - Non, je n'achète pas tout. Vous parlez de choses qui sont extra-littéraires.
07:09 Moi, je m'intéresse à l'œuvre.
07:11 Depuis "Extension du domaine de la lutte", qui est le premier grand roman comique sur la vie au bureau,
07:17 qui est quand même l'enfer, le cauchemar climatisé qu'on a tous connu,
07:22 jusqu'à "Sérotonine".
07:24 Moi, je trouve que "Sérotonine", sur la dépression nerveuse, c'est un chef-d'œuvre.
07:27 C'est à la fois hilarant et ça donne envie de se jeter par la fenêtre.
07:30 - Des mots élogieux aussi pour celle que vous appelez la "mamie punk", Virginie Despentes,
07:33 pour raconter le choc que fut la sortie de "Baisse-moi".
07:36 Aucune femme n'avait osé mettre des mots porno, sexuels, violents sur la condition féminine.
07:40 Vous dites que Virginie Despentes vous a réveillé et qu'elle nous a réveillé.
07:44 - Bien sûr ! Il faut se souvenir, quand "Baisse-moi" est sorti,
07:47 puis "Les chiennes savantes", "Les jolies choses" aussi, qui avaient eu le prix de flore.
07:51 C'est une langue, c'est un vocabulaire qui était assez absent dans la littérature féminine.
07:59 Et puis, elle a une violence, une énergie...
08:03 - Qui est loin de vous d'ailleurs, mais qui vous plaît.
08:05 - Oui, j'ai une gratitude pour ce qu'elle a fait,
08:10 parce qu'au fond, elle a remis la littérature au centre du débat.
08:16 Elle fait partie de ces auteurs dont on avait besoin.
08:19 Parce que sinon, si la littérature doit être cantonnée à parler que de sujets inactuels...
08:23 Donc franchement, c'est important que...
08:26 Grâce à elle, beaucoup de femmes se sont mises à lui emboîter le pas.
08:29 - Oui, il y a beaucoup de femmes que vous retenez aussi.
08:32 Des très beaux mots sur Marianne Diaille, dont vous dites qu'elle était une immense écrivain.
08:36 Ont aussi vos préférences Catherine Cussey, Maria Pourcher ou encore Leïla Slimani, dont vous dites
08:41 "Quand la Slimani officielle s'exprime, elle se contrôle.
08:44 Quand je la croise by night, elle se lâche."
08:46 Leïla Slimani est double.
08:48 - Oui, mais elle est double aussi dans ses romans.
08:51 Le premier roman, "Dans le jardin de l'ogre", est extrêmement provocateur.
08:56 Et puis ensuite, c'est un peu assagi avec son roman familial.
09:01 - C'est trop assagi à vos yeux ?
09:03 - Je ne me permets pas dans mon livre de donner des conseils, mais enfin...
09:07 - Il vous en donne les conseils, c'est pas vrai, vous mentez.
09:09 Par exemple, vous avez donné des conseils sur...
09:11 Vous êtes dur, il y a les coups de griffe.
09:13 David Funkino, soit Naga Valda, dont vous avez aimé les premiers livres, dont vous dites
09:17 "Malheureusement pour eux, le succès les a asséchés. Ils ne prennent plus de risques. Ils sont paresseux."
09:22 - Je pense que c'est un gros danger le succès, parce qu'après on se retrouve avec de gros impôts à payer.
09:27 Et donc on est obligé de rester dans les meilleures ventes.
09:31 Et du coup on peut moins prendre de risques, c'est vrai.
09:33 Mais c'est un problème que j'ai aussi.
09:35 - Autre coup de griffe, Eric Rennard, c'est "Wellbeck sans humour", dites-vous.
09:39 Miley Cyrus de Carangale, vous êtes dur. Delphine de Vigan aussi.
09:43 Et puis peut-être l'une des plus dures, c'est Karine Thuil.
09:46 Vous avez cette formule lapidaire, très documentée, bien construite, mais rédigée comme Chadzi Pitti.
09:52 - Après je pense que c'est un problème, c'est une question intéressante quand on parle de littérature.
09:57 C'est la dictature du sujet d'actualité.
09:59 Il y a beaucoup d'écrivains qui, pour être invités dans les talk-shows, vont sortir des romans sur un grand sujet d'actualité.
10:06 Mais pour moi, on ne doit pas encore une fois oublier la forme.
10:09 Et souvent, ils sont tellement entraînés par la description de leur époque, qu'ils négligent ce qui est le plus important dans un roman.
10:18 - Ceux que vous aimez en vrac aussi. François Bégaudot, ça m'a étonné de vous.
10:22 Vous dites "il sait tout faire avec un certain brio et toute la mauvaise fonte indispensable".
10:26 Nicolas Mathieu, enfin un romancier gauchiste non donneur de leçons, écrivez-vous.
10:31 Gail Fay, Le Stroma et des Lettres. Moi j'ai pris un grand plaisir à lire ce livre hier.
10:35 Je trouve que ça nous a sortis et ça m'a donné envie de relire plein de livres.
10:38 Très belle phrase aussi sur Le Lambeau de Philippe Lanson.
10:41 C'est un chef-d'oeuvre indiscutable, absolu.
10:43 Un monument de sincérité traumatisée et d'intelligence sanguinolente qui vous laisse en miettes comme lui.
10:48 Et puis alors même les écrivains que vous admirez, vous les malmenez un peu comme les Nobels.
10:52 Le Clésiot ou Modiano, Patrick Modiano, dont vous dites qu'il écrit à chaque fois le même livre.
10:56 - Oui mais en même temps il l'assume.
10:59 Je crois que c'est intéressant d'explorer toujours un peu la même féerie des années 40 à 60
11:06 et d'être bloqué dans cette zone qui pour lui est celle où le monde était plus beau.
11:13 C'est un mélange de nostalgie, de mélancolie.
11:16 Le dernier livre de Modiano est un petit bijou, vraiment. C'est une merveille.
11:20 - Yasmina Reza, c'est Annie Ernaud sans la plainte.
11:23 Annie Ernaud donc, elle vous l'a malmenée.
11:26 Il semble que la célébration de Mme Ernaud soit devenue obligatoire et pas seulement en France
11:30 depuis l'attribution du prix Nobel de littérature.
11:32 Il est permis de se méfier d'une telle sanctification collective.
11:36 A force d'être statufiée, Annie Ernaud tourne en rond.
11:39 Elle annihile son talent en le noyant sous sa propre exégèse fascinée.
11:43 - C'est vrai que dans certains de ses livres, elle s'auto-analyse et se regarde un peu écrire
11:50 et commente sa propre prose.
11:52 Mais il y a les livres, je cite aussi les livres importants, La Place, Passion simple, Les années,
11:59 qui est un très beau livre.
12:02 - Il y a des choses que vous aimez ? C'est ça qui est intéressant.
12:05 Si vous la mettez dans le dictionnaire, c'est que d'une certaine manière,
12:08 votre subjectivité fait qu'elle mérite d'y être.
12:11 Avec des livres que vous trouverez forts.
12:13 - Ne serait-ce que par son influence. Elle a tellement influencé d'auteurs.
12:16 Regardez si vous avez Nech Sinault qui va peut-être avoir le prix Femina aujourd'hui
12:21 ou le concours demain.
12:23 Nech Sinault sans Annie Ernaud n'aurait peut-être pas eu le courage de cette confession intime.
12:27 Pour ça, elle a une importance et une influence considérable.
12:31 - Édouard Louis, le fils d'Annie Ernaud, prochaire également.
12:35 La littérature actuelle vit sous le joug d'une dictature du gémissement.
12:38 Édouard Louis a la douleur récurrente. Édouard Louis a la souffrance prévisible.
12:43 - Écoutez, j'aimerais bien qu'il me surprenne la prochaine fois.
12:48 Parce que je trouve que oui, c'est toujours un peu doloriste.
12:52 Alors évidemment qu'on écrit avec son malheur et son enfance, c'est très sain.
12:57 Mais j'aimerais bien qu'il passe un jour à autre chose.
13:00 - Et puis il y a, Frédéric Beigbeder, une notice sur les "cancelés".
13:03 Il y a une notice sur Renaud Camus, Marc-Edouard Nabe et Gabriel Matzneff.
13:08 Vous dites "j'ai hésité à mettre Matzneff et finalement je l'ai mis".
13:11 C'est quoi ? C'est de la provoque ?
13:13 - Non, je pense que la culture de l'effacement est quelque chose d'absurde en réalité.
13:18 Il faut regarder en face ces auteurs qui existent, qui sont vivants,
13:21 qui ont compté pour ma génération.
13:23 Et je trouve que dire qu'on est éveillés,
13:27 les éveillés qui se ferment les yeux et se bouchent les oreilles comme des enfants,
13:30 "Ah là là là là, ça n'existe pas, ça n'existe pas".
13:32 Non, ce n'est pas la bonne méthode pour moi.
13:34 Il faut regarder et ça m'a permis de faire une mise au point en plus.
13:38 - On a un point commun, vous et moi, Frédéric Beigbeder.
13:41 On a la même chanson la plus belle du monde et c'est celle-là.
13:45 * Extrait de "Bridge Over Troubled Water" de Simon & Garfunkel *
14:00 - Bridge Over Troubled Water, qui est la plus belle chanson du monde.
14:03 Vous l'avez dit une fois et je suis d'accord avec vous.
14:05 - Simon & Garfunkel, bien sûr.
14:07 - Un mot aussi sur une autre actualité, vous serez à partir de jeudi au théâtre Édouard VII
14:11 pour un spectacle intitulé "L'amour dure 1h15".
14:15 Ce ne sont plus trois ans.
14:17 - Non, ça rétrécit. Un spectacle qui durerait trois ans, ça serait impénible.
14:21 Je lis des déclarations d'amour, des rencontres amoureuses
14:27 et puis ça va jusqu'à une lettre de rupture de François Sagan.
14:30 Et à ce moment-là, je me mets à pleurer en public.
14:32 C'est assez pathétique.
14:34 Mais si vous voulez me voir, il y a un musicien avec moi, un pianiste,
14:37 qui fait ses débuts sur scène, qui s'appelle Émile Fournier.
14:40 Et je voulais dire, c'est une idée de Yann Herrera, qui est le producteur fou
14:43 qui avait réuni Joey Starr et Béatrice Dalle pour "Elephant Man".
14:47 Et donc c'est lui qui a eu cette idée de dingue.
14:49 - De vous faire lire une lecture sentimentale qui va de Shakespeare à Baudelaire,
14:53 de Rimbaud à Sagan, en passant par Bec Bédé. Cherchez l'erreur.
14:57 - Oui, c'est vrai que c'est complètement délirant.
15:00 Mais après tout, je me suis dit...
15:02 - Vous ne vous êtes pas mis dans votre dictionnaire, mais vous vous êtes mis dans votre spectacle.
15:04 - Oui, dans mon spectacle.
15:05 - Dites-vous comme Aragon, Frédéric Bec Bédé, qu'il n'y a pas d'amour heureux.
15:08 - Oui, je le pense. Mais ce n'est pas grave.
15:12 On confond amour et bonheur.
15:15 C'est une souffrance qu'on doit rechercher.
15:18 Et puis, il y a des moments de bonheur et des moments d'angoisse.
15:22 - Quel écrivain conseille en cas de chagrin d'amour ?
15:25 - Peut-être Belle du Seigneur.
15:29 Parce que ce n'est pas, contrairement à ce qu'on pense, un roman d'amour,
15:32 mais un pamphlet de l'antipassion.
15:34 - Quel est l'écrivain qui a le mieux compris les femmes ?
15:37 - Simone de Beauvoir.
15:39 Mais peut-être encore plus dans mémoire d'une jeune fille rangée.
15:42 - L'écrivain à offrir à un jeune qui n'aime pas lire ?
15:45 - Moi, ce qui a marché, c'est Charles Bukowski.
15:48 Franchement, Bukowski, ça dédramatise la lecture.
15:53 Et donc, on a un tel plaisir, on s'amuse tellement que je le conseille.
15:58 - Passée la cinquantaine, la vie est un interminable lendemain de cuite.
16:01 Vous avez écrit ça dans votre précédent livre, vous le pensez toujours ?
16:05 - C'était à l'époque où je travaillais, à la matinale, que j'ai écrit ça.
16:09 C'est pour ça. Maintenant, non, ça va, je me réveille plus tard.
16:12 - La coque, c'est fini ? Vous l'aviez dit il y a un an, vous aviez dit "j'ai arrêté".
16:15 - Oui, à moins que vous ayez une surprise pour moi !
16:19 - Lire ou écrire, Frédéric Beigbeder ?
16:23 - Lire ou écrire, c'est pareil, c'est la même chose.
16:26 Parce que quand on lit, on écrit dans sa tête, avec l'auteur.
16:28 - La télé ou la radio ?
16:30 - La radio, définitivement.
16:32 - Instagram ou Twitter ?
16:34 - Je ne suis pas sur les réseaux sociaux.
16:36 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
16:38 - Fraternité, sans hésiter.
16:40 - Qu'est-ce qui vous indigne ?
16:42 - La violence.
16:45 - Vous êtes toujours communiste ? Vous avez fait la campagne de Robert Rue ?
16:49 - Je suis pour que les riches partagent leur argent avec les pauvres.
16:54 Donc peut-être encore un peu Romain Desbois.
16:56 - Vous avez voté Jadot au premier tour en 2022. Et quoi au deuxième ?
16:59 - Emmanuel Macron.
17:01 - A qui vous auriez décerné le prix Nobel de littérature ?
17:04 - A Michel Houellebecq, bien sûr.
17:06 - La cabanie... A Michel Houellebecq ? Vous avez répondu à Salman Rushdie.
17:11 - Ah c'est vrai ?
17:12 - Oui, à Salman Rushdie aussi.
17:14 - La cabanie française, toujours candidat ?
17:16 - Non, ils m'ont jeté.
17:19 - Et Dieu dans tout ça ?
17:21 - Et Dieu... J'aimerais qu'il me recontacte sur LinkedIn.
17:25 - Voilà, le dictionnaire amoureux des écrivains français d'aujourd'hui.
17:29 Un dictionnaire subjectif, érudit et délicieux, écrit par un amoureux des livres
17:33 et qui nous donne envie de lire et de relire des auteurs qu'on avait oubliés.
17:37 Merci Frédéric Beigbeder et belle journée à vous !

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