5 ans après l’effondrement rue d’Aubagne, les riverains laissés pour compte

  • l’année dernière
Avec Frédéric Tchalian, membre du collectif de riverains “rue d’Aubagne”.

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00:00 Marseille maintenant.
00:01 Retour donc sur une émotion.
00:11 C'était le 5 novembre 2018, à 9h du matin, deux immeubles s'effondrent, rue Daubagne,
00:17 dans le quartier de Noailles à Marseille.
00:19 Le drame fait huit morts et chaque année il y a une commémoration.
00:24 Nous y sommes, c'est aujourd'hui.
00:26 Et pour en parler, Frédéric Chalian est en lien téléphonique.
00:31 Bonjour Frédéric.
00:32 Oui bonjour.
00:33 Vous êtes membre du collectif de riverains rue Daubagne.
00:37 Vous allez, vous, à titre personnel Frédéric, assister à ces commémorations.
00:43 Ce qui n'était pas le cas les années d'avant, c'est ça ? Vous ne vouliez pas ?
00:47 Alors c'est plutôt le contraire, je suis toujours allé à ces commémorations et ce
00:52 sera la première année que je n'irai pas aujourd'hui.
00:54 Alors expliquez-nous pourquoi ?
00:56 Alors j'ai été un peu choqué, moi et mes voisins, par la surreprésentation politique
01:02 et militante, notamment l'année dernière.
01:04 Et il y a des élus qui viennent ce matin-là et qu'on ne voit jamais le reste de l'année,
01:10 ce qui est problématique pour nous, au vu des innombrables problèmes qu'on rencontre
01:14 encore cinq ans après.
01:15 D'une certaine manière, vous dites, on ne se reconnaît pas dans ce barnum, c'est ça ?
01:19 Oui, on ne se reconnaît pas et on se sent dépossédé, la ville, en cinq ans, quelle
01:24 que soit la majorité, ne nous a jamais contacté pour connaître nos attentes, alors que ces
01:28 commémorations se passent au pied de nos immeubles, en face de chez nous, et que nous
01:32 sommes aussi impactés par ce jour-là qui a marqué un tournant dans nos vies.
01:37 D'ailleurs, lorsque vous l'expliquez, Frédéric, vous dites, en plus vous étiez en train de
01:43 dormir, vous avez ressenti comme un mini tremblement de terre, vous dites "j'ouvre ma fenêtre,
01:48 une montagne de gravins, un film d'horreur".
01:50 Des films d'horreur, souvent ça répond à un scénario, vous le scénario, vous l'avez
01:56 vu venir, à savoir que rien n'avait été fait, et là où vous allez plus loin, c'est
02:01 que rien n'est toujours pas fait comme il devrait l'être, c'est ça votre message ?
02:06 Oui, c'est ça, moi je trouve que cinq ans après, la rue d'Aubagne est toujours sinistrée,
02:11 le haut de la rue d'Aubagne.
02:13 Alors certes, les barrières de l'ex-périmètre de sécurité ont été retirées, les immeubles
02:17 ont été sécurisés, mais à part ça, qu'est-ce que je peux vous dire d'autre ? Nous sommes
02:21 toujours dans des difficultés et à devoir subir les conséquences sur tous les plans
02:26 des effondrements du 5.
02:28 Vos parents et vous-même avez quitté l'appartement dont vous étiez en face, rappelons-le, vous
02:36 êtes dans un autre quartier maintenant, c'est ça ?
02:38 Oui, moi je me définis un peu comme un habitant stand-by, c'est-à-dire que mes parents sont
02:44 toujours propriétaires, mais ils ont pris une location, j'en ai pris une de mon côté,
02:48 parce que psychologiquement, c'est trop compliqué pour nous, comme vous l'avez dit, notre cuisine,
02:53 notre salle à manger donne sur cette zone des effondrements, donc c'est trop difficile
02:58 pour nous, encore même cinq ans après.
03:00 Avec tout ce que ça entraîne finalement comme conséquences financières en étant propriétaire,
03:04 etc. etc.
03:05 On comprend bien la problématique.
03:07 Votre seul interlocuteur, c'est la mairie, c'est ça ?
03:09 Oui, on a des rencontres annuelles, une rencontre annuelle avec la mairie de secteur, effectivement.
03:16 Comment ça se passe ? Parce que souvent les élus sont critiqués, en fait ils ont signé
03:22 pour ça aussi, c'est le principe d'une élection, mais là vous êtes plutôt vent
03:28 debout parce que côté mairie, pour vous, ça n'est pas efficace ?
03:32 Ça ne va pas assez vite, on est quand même cinq ans après, alors je comprends bien
03:37 qu'il y a des choses qui se mettent en place et c'est positif, mais on n'est pas deux,
03:41 trois ans après.
03:42 Là on est cinq ans après, on nous annonce un projet seulement provisoire en 2025, c'est-à-dire
03:48 sept ans après.
03:49 Est-ce que les habitants de la rue d'Aubagne ne méritent pas enfin un projet ambitieux
03:53 pour le quartier et pour améliorer notre classe de vie au quotidien ?
03:57 Que vous répondent les élus de la mairie justement quand vous évoquez cela ?
04:01 Ils nous disent que tout ça prend du temps parce qu'il faut que métropole, ville, Etat
04:07 se mettent d'accord.
04:08 Donc voilà, il y a une société d'aménagement qui s'est mise en place, ses équipes sont
04:13 en place, donc on aurait pu se dire "ah ben super, tout est opérationnel, donc on va
04:17 pouvoir enfin se lancer dans un projet" et on nous annonce aujourd'hui seulement du
04:21 provisoire.
04:22 La fameuse lourdeur administrative parce qu'il y a plein d'intervenants, plein d'interlocuteurs
04:28 et ça effectivement c'est Kafkaïen selon la formule consacrée.
04:33 Vous êtes engagé dans des poursuites judiciaires, on le rappelle, on vous souhaite beaucoup
04:36 de courage et puis ne serait-ce que pour cette journée, donc vous n'assistez pas à titre
04:41 personnel à ces commémorations.
04:43 Frédéric Tchalion, on pense bien sûr à tous vos amis, aux membres du collectif de
04:48 Riverain, rue d'Aubagne, on avait une pensée pour vous ce dimanche.
04:51 Merci à vous !

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