Avec Didier Testot, fondateur de la Bourse et la Vie TV.
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00:00Sud Radio, le grand matin week-end, l'info éco plus, Didier Teston.
00:06Bonjour Didier, fondateur de la Bourse et la Vie TV.
00:09Cette semaine Didier, votre attention a été retenue par des interventions de banquiers centraux sur l'état de nos économies.
00:16Deux banquiers centraux qui prennent la parole, l'un qui s'inquiète et l'autre qui tente de rassurer.
00:20Voilà, la première c'est l'intervention celle de Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne.
00:25C'était un discours au FMI Washington, Fonds Monétaire International.
00:30L'économie mondiale est confrontée à des tensions comparables aux pressions qui ont conduit au nationalisme économique
00:36et à l'effondrement du commerce mondial dans les années 1920 et finalement à la Grande Dépression.
00:40C'est ce qu'elle dit. Pour elle, nous avons fait face à la pire pandémie depuis les années 1920,
00:44au pire conflit en Europe depuis les années 1940 et au pire choc énergétique depuis les années 1970.
00:50Elle ajoute que ces perturbations, combinées à des facteurs tels que les problèmes de chaînes d'approvisionnement,
00:56on a eu l'occasion de parler des sujets de logistique, avaient modifié de manière durable l'activité économique mondiale.
01:01Elle a adressé plusieurs parallèles entre les années 1920 et 2020.
01:06Alors que la politique monétaire des années 1920 avait plutôt aggravé la situation,
01:11avec l'adhésion à l'étalon or qui a poussé des économies vers la déflation et les crises bancaires,
01:17nous sommes aujourd'hui mieux placés que nos prédécesseurs pour faire face à ces changements structurels.
01:21C'est en tout cas ce qu'elle a souligné.
01:23Les outils dont disposent les banques centrales pour préserver la stabilité des prix se sont révélés efficaces.
01:28C'est son discours.
01:30Certains pourront lui rétorquer tout de même que cette politique monétaire
01:34a aussi créé une bulle de dettes publiques et privées inédites dans l'histoire économique.
01:39Justement, au sujet de la dette, Didier, le gouverneur de la Banque de France,
01:42Christian Villeroy de Gallo, membre de la Banque Centrale Européenne,
01:46a essayé d'être un peu plus rassurant, on va dire ça comme ça.
01:49Voilà, oui, il faut rassurer les Français de la part de la Banque de France.
01:52C'est assez classique, c'est presque une vocation.
01:54C'est dans le journal La Montagne qu'il a choisi, de Claire Bourferon,
01:58de donner des indications et de constater que notre dette ne peut continuer à croître de la sorte.
02:03Avec la remontée des taux d'intérêt, elle nous coûte et nous coûtera de plus en plus cher.
02:07Passer de près de 6% de déficit public à 3,
02:10niveau qui permettrait de stabiliser le poids de la dette par rapport au PIB, c'est ce qu'il dit,
02:14nécessitera environ 100 milliards d'euros d'efforts.
02:17Et il n'est pas crédible ni sage d'y revenir d'ici 2027.
02:20Alors il faut fixer un cap ambitieux, tenable sur 5 ans, un effort de 20 milliards par an.
02:25Pour lui, la priorité doit être l'action sur les dépenses publiques.
02:28Pour trois quarts de l'effort, c'est à peu près 15 milliards selon son estimation.
02:31Notre modèle social coûte aujourd'hui plus cher que nos voisins pour des résultats comparables.
02:35Et pour le quart restant, nous pouvons travailler avec certaines hausses d'impôts
02:38ciblées jusqu'à ce qu'ils ne devraient toucher ni les classes moyennes ni les TPE-PME,
02:42puisque cela risquerait de nourrir la défiance d'un certain attentisme économique.
02:46Il parle aussi de réduire certaines niches fiscales qui profitent aux plus favorisés.
02:52La France a de nombreux atouts, c'est sa conclusion.
02:54Nous avons des entreprises performantes, 30 millions de nos concitoyens sont au travail,
02:58ce qui fait de notre pays la 7e économie mondiale.
03:01Gardons confiance, c'est ce mot qu'on pourrait croire en programme politique.
03:05Puisqu'on parle de train de vie de l'Etat, on va entendre Pierre Moscovici,
03:09le président de la Cour des comptes, qui lui aussi a pris la parole.
03:12Tout le monde s'y met en ce moment.
03:13Oui, le président de la Cour des comptes a lui aussi mis sa pierre à l'édifice, on peut dire.
03:16Invité de Caroline Roux dans « C'est dans l'air » sur France 5.
03:19A la question « Est-ce que vous pensez que cette fois-ci,
03:21le rendez-vous du redressement des finances publiques ne peut pas être reporté ? »
03:24Il a répondu clairement non, il ne peut pas être reporté.
03:26On est devant un mur de dettes, 3200 milliards d'euros,
03:2950 milliards d'euros de charges de la dette dans trois ans.
03:31Si on continue, on sera à 80 milliards.
03:33Notre dette est une dette de bonne qualité, a-t-il précisé ?
03:36Le problème, c'est qu'elle coûte de plus en plus cher.
03:38On finira toujours par rembourser la dette française.
03:40Ce n'est pas le sujet, mais il y a une alerte rouge.
03:42Il est vraiment temps de réagir.
03:44On a un concert de grands responsables à ce sujet.
03:46Qu'est-ce qu'on retient de tout ça ?
03:48Conclusion, Didier ?
03:49Côté banquier centraux, même si le satisfait-ci de la Banque centrale européenne
03:52est sans doute exagéré, évoquer la crise des années 20 reste inquiétant.
03:56Quant au gouverneur de la Banque de France, lui, il est dans son rôle de rassuré.
03:59Mais quand il explique qu'on ne peut pas faire de politique d'austérité,
04:03quand il traduit son message, il oublie que deux ans, par exemple,
04:06après l'arrivée de la gauche en 1981, il avait fallu payer l'addition en 1983.
04:10Le mot « rigueur » était même tabou.
04:12Pierre Mouroua, le Premier ministre, obligé d'en passer par là.
04:14Pierre Moscovici, il sait bien que les recommandations de la Cour des comptes
04:17restent lettes mortes.
04:18Pourtant, beaucoup de choses ont été explicitées dans ses rapports.
04:21Bonne dette, mauvaise dette, la question, c'est qui paiera l'addition ?
04:24Quand j'entends des jeunes me dire « de toute façon, on n'aura pas de retraite,
04:27donc on doit la construire », nous-mêmes, c'est plutôt bien vu.
04:31Effectivement. Et justement, puisqu'on parle de la dette,
04:33vous avez suivi ce qui s'est passé du côté des taux d'intérêt, Didier.
04:37Et oui, ça a bougé. Un peu d'impatience, je dirais, des investisseurs.
04:40Il faut souligner que la France se retrouve au-delà de l'écart avec l'Allemagne,
04:44qu'on l'ensuite prête, moins bien placée que le Portugal,
04:47pour la première fois depuis 2007.
04:49Le rendement des obligations gouvernementales françaises à 10 ans,
04:52c'est ce qu'on suit, 2,95 %, dépasse celui des obligations espagnoles et du Portugal.
04:56C'est un signe clair que les marchés, pour l'instant,
04:59doutent de la capacité du gouvernement français à réduire son déficit.
05:02La France n'arrive pas à convaincre sur sa capacité à tenir un budget.
05:06Le discours de Michel Barnier devant le Parlement le 1er octobre
05:09sera suivi de près, mais pas seulement en France.
05:11Il y a même eu un moment dans la semaine où on a payé plus cher les intérêts
05:14que les Grecs, c'était dire. C'est historique.
05:16Merci beaucoup, Didier Testo. On vous retrouve dimanche prochain sur Sud Radio.
05:19Avec plaisir.