Bientôt la fin du dolirhume et du rhinadvil en libre accès

Sud Radio

Avec Pierre-Olivier Variot, Président de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook :   / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .   ▪️ Instagram :   / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ . ▪️ Twitter :   / https://twitter.com/SudRadio .     ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ##C_EST_DANS_L_ACTU_6-2024-11-24##

Transcript

00:00Vous êtes peut-être enrhumé, si vous m'écoutez, c'est la saison, c'est normal, et vous avez sûrement un jour dans votre vie

00:06pris un de ces médicaments, l'Actifed, le Dolirum, l'Umex, le Nurofen, le Rinaldville.

00:12Bon, c'était des médicaments qui étaient en libre accès. En général, ça vous

00:16soignait les symptômes du rhume, ça vous débouchait le nez assez rapidement, et c'était plutôt pratique. Et bien figurez-vous qu'ils ne seront bientôt plus en libre accès.

00:23On en parle avec notre invité qu'on accueille avec plaisir sur Sud Radio, Pierre-Olivier Vario. Bonjour !

00:30Bonjour à vous !

00:30Bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.

00:35C'est l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament qui nous explique que la délivrance de ces médicaments sans prescription médicale, en gros,

00:43en dehors d'une ordonnance, n'apparaît plus aujourd'hui comme adaptée. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, concrètement,

00:48ces médicaments sont trop dangereux pour le faible confort qu'ils apportent, c'est ça ?

00:53C'est ça. Le rapport bénéfice-risque jugé par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament est jugé en défaveur du médicament.

01:01Alors le bénéfice, c'est quoi d'abord de ces médicaments ? Parce qu'on en a tous pris.

01:05Le bénéfice, c'est de, un, calmer les douleurs de l'hémotète par l'antalgique qu'il y avait dedans, et puis par la pseudo-effet de rhume,

01:14qui est un médicament qui était un décongestionnement nasal et qui permettait de mieux respirer.

01:17Donc c'était plutôt pratique, on était moins encombré, on avait le nez débouché, on avait moins mal à la tête.

01:24Pourtant, ces médicaments sont dangereux. Quels dangers ils apportent ?

01:27Alors il y a eu un ou deux cas, dans la littérature, de crises d'hypertension rapides, puissantes, qui ont potentiellement emmené le patient vers un décès.

01:40L'EMA, l'Agence Européenne du Médicament, a dit qu'il n'y avait pas forcément un lien entre la prise du médicament et le décès,

01:47mais au nom de la clause du principe de précaution, l'ANSM a décidé de mettre ce médicament-là sur ordonnance, maintenant on ne pourra plus l'acheter sans ordonnance.

02:00Alors je vais rassurer quand même tout le monde, vous le dites vous-même, il y a eu un ou deux cas, a priori, et encore c'est pas sûr,

02:06sur des millions et des millions de patients qui en ont pris un jour, j'en fais partie, je pense que vous en faites partie aussi,

02:11donc c'est pas si dangereux que ça, c'est juste que ça vaut pas le coup de courir un risque aussi minime soit-il,

02:16juste pour se déboucher le nez et calmer un mal de tête qu'on peut calmer autrement.

02:21C'est ça, c'est exactement la position de l'ANSM.

02:23D'accord, donc ça veut dire que si moi demain j'attrape un rhume, concrètement, vous me conseillerez quoi ?

02:29Alors on va vous conseiller de prendre du paracétamol ou de l'ibuprofène pour calmer les maux de tête et les douleurs,

02:36et puis après d'utiliser d'autres produits, comme des produits en lavage de nez ou des produits qui vont être à base de spray à base de cortisone

02:44pour dégager le nez, mais au lieu d'avoir un produit vous en aurez deux, et voilà.

02:48Mais si vous voulez, la grosse problématique de l'ANSM, c'est surtout qu'elle ne donne pas aux pharmaciens la possibilité d'avoir des médicaments

02:56pour soigner les bobos du quotidien.

02:59Par rapport aux autres pays, on a 97 médicaments qui nous manquent dans notre arsenal thérapeutique en capacité qu'on a de conseiller ces médicaments.

03:07Alors, outre les économies que ça pourrait faire à l'assurance maladie de plusieurs centaines de millions d'euros,

03:12ce qui n'est pas négligeable dans un budget qui est tendu,

03:14outre ça, on ne peut pas prendre en charge les patients comme on aimerait le faire

03:19parce que l'ANSM n'a pas fait son travail de délister certains médicaments et de nous donner accès à certains médicaments.

03:24Alors, quels sont les médicaments auxquels vous voudriez avoir accès, vous, pharmacien Pierre-Olivier Vario ?

03:30Il y en a plusieurs types. Il peut y avoir des anthalgiques, un peu plus puissants que le paracétamol.

03:36Anthalgique, c'est pour calmer la douleur, on le rappelle.

03:38Oui, exactement, pour calmer la douleur.

03:40Quand vous avez des douleurs dentaires, par exemple, on n'a quasiment aucun médicament à part le paracétamol que l'on peut donner.

03:46Et pourquoi ils ne sont pas au libre accès, ceux-là ?

03:49Ça, il faut vous poser la question à l'ANSM. Moi, je ne comprends pas pourquoi ils ne le sont pas.

03:53D'accord, tout simplement. Alors qu'ils ne sont pas dangereux pour vous ?

03:56Alors, ils peuvent l'être, mais vous savez, tout médicament est potentiellement dangereux.

03:59Le médicament n'est pas un bien de consommation, c'est un bien de santé.

04:04Donc, dès lors qu'on a affaire à un médicament, il peut y avoir des effets secondaires,

04:07mais c'est le rôle du professionnel de santé de s'assurer que ces effets secondaires ne sont pas dangereux

04:14et que l'état de santé du patient peut lui permettre de prendre ce médicament.

04:17Donc, si je vous comprends bien, vous soutenez l'annonce, en tout cas la décision prochaine de l'ANSM,

04:23en gros de retirer le libre accès aux dolirums et à tous ces rhinoconstricteurs.

04:27En revanche, vous appelez l'ANSM à vous donner accès à d'autres médicaments.

04:35Oui, alors, je le comprends par principe de précaution, parce que je vous dis,

04:38même l'EMA, l'Agence Européenne, ne va pas dans ce sens.

04:41Mais l'ANSM est souveraine et il faut qu'on accompagne l'ANSM.

04:46Mais par contre, il faut qu'elle soit honnête intellectuellement

04:48et qu'elle nous libère des médicaments pour qu'on prenne en charge des patients.

04:51Effectivement, on y reviendra avec vous.

04:53Merci beaucoup, Pierre-Olivier Vario, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.

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