• il y a 2 ans
La pianiste aixoise exilée en Amérique, Hélène Grimaud, est l'invitée de Léa Salamé. Elle publie "Renaître" (Albin Michel). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-26-octobre-2023-2929526

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Transcription
00:00 Et à ce matin, vous recevez une pianiste.
00:02 Bonjour Hélène Grimaud.
00:03 Bonjour Léa.
00:04 Merci d'être avec nous ce matin.
00:05 Si vous étiez un objet et un défaut, vous seriez quoi ?
00:09 Un objet, en élargissant la définition de l'objet, je dirais un temple.
00:16 J'aimerais bien habiter, être habité aussi par la foi des autres.
00:20 Et si ça ne peut pas être architectural, alors un minutier, parce que j'aime bien
00:25 garder le temps.
00:26 Je pensais que vous alliez me dire un piano, mais c'est pas mal le temple.
00:29 C'est trop évident le piano.
00:31 Et si vous étiez un défaut ?
00:32 Un défaut, je l'ai, le défaut, ce n'est pas si j'en étais.
00:36 L'entêtement.
00:37 L'entêtement.
00:38 Hélène Grimaud, ça sert à quoi la musique ?
00:40 Il faut quand même du temps pour y répondre et surtout il faut en faire l'expérience,
00:45 il faut tout simplement l'écouter.
00:46 Et bien si je vous pose la question, c'est pour répondre à cette question que vous
00:50 avez fait ce livre.
00:51 C'est une question que vous a posée une petite fille à la sortie d'un concert.
00:53 À quoi ça sert la musique, Hélène Grimaud ?
00:55 Exactement.
00:56 Et vous avez écrit ce livre pour lui répondre.
00:57 Ce livre s'appelle Renaitre.
00:58 C'est un livre d'entretien riche, sincère, réalisé avec le journaliste Stéphane Barsac.
01:03 On rappelle, pour ceux qui ne le savent pas, tout le monde le sait, que vous êtes l'une
01:07 de nos plus grandes pianistes, pianiste de renommée internationale.
01:10 Vous êtes surnommée aussi la pianiste aux loups pour votre passion pour les loups.
01:13 Et on retrouve dans ce livre vos passions et vos obsessions, la musique évidemment,
01:17 les animaux, l'écriture et l'écologie.
01:19 Même si vous évoquez aussi dans ce livre, peut-être pour la première fois, la femme
01:23 que vous êtes, vos choix, vos engagements, votre vie privée, le couple, l'amour, vous
01:27 aviez envie de vous livrer son phare, de casser un peu le mystère qui vous entoure, Hélène
01:33 Grimaud ?
01:34 Non, je ne sais pas.
01:35 J'ai toujours aimé cette phrase de Simone de Beauvoir qui dit que finalement les mots
01:42 sont peut-être une façon plus habile de se taire que le silence.
01:46 Donc les mots, si bien choisis qu'ils le soient, ils restent quand même, je ne veux
01:52 pas dire faux, mais une protection en fait.
01:55 Donc j'ai toujours pensé que la musique étant l'art peut-être le plus primitif,
02:01 le plus essentiel qu'il soit, c'est quand même là où on se livre le plus.
02:05 Mais en même temps, la musique comme la parole, même si la musique, c'est le langage universel,
02:13 mais ça reste, ce sont deux choses qui nous mettent en rapport à autrui.
02:20 Donc c'est cette idée de continuer le dialogue, de partager autrement, à un autre niveau.
02:28 Et puis surtout aussi, « last but not least », comme ils disent, c'est de pouvoir
02:33 dialoguer avec un ami cher de longue date.
02:36 Déjà, effectivement, Stéphane Barsak, comme vous l'avez dit, mais cette fois-ci
02:38 par écrit, vraiment en travaillant cet échange.
02:40 Effectivement, et vous vous livrez quand même, plus qu'ailleurs.
02:43 Le livre s'intitule « Renaitre ». Pourquoi ce titre ? Vous écrivez, ce n'est pas
02:46 encore assez d'être né, il importe de se remettre au monde et de l'aimer.
02:51 Difficile de l'aimer le monde aujourd'hui.
02:54 Oui, encore que… D'abord, il ne faut jamais désespérer les êtres.
03:01 Je les trouve toujours infiniment touchants, surtout au niveau individuel, en congrégation
03:05 peut-être moins, encore que… Et comme j'aime mal penser, on est quand même toujours
03:10 capable aussi du meilleur.
03:13 Donc il faut y croire, mais je crois que ce qui est important, c'est effectivement
03:18 cette idée de se réinventer, de renaître à soi-même, aux autres et effectivement
03:23 au monde.
03:24 Finalement, c'est ça qui compte.
03:25 Le monde dont vous dites quand même, de cette terre où l'homme pratique chaque jour
03:28 le grand génocide de la vie.
03:30 Les mots sont forts.
03:32 Mais c'est vrai, regardez, depuis 1970, je crois, 69% de drops de réduction malheureusement
03:43 d'espèces animales et végétales…
03:44 On disparaît, vous dites chaque jour, il y a des milliers d'espèces animales et
03:47 végétales qui disparaissent.
03:49 Et vous appelez ça le grand génocide de la vie.
03:51 Votre réponse au tourment du monde, c'est que la musique sauve.
03:55 Alors vous, elle vous a sauvé, Elen Grimaud, mais nous, comment elle peut nous sauver,
03:59 nous, la musique ? Nous, les néophytes ?
04:02 Non, mais en fait, ce n'est pas une question de connaissance, c'est une question d'apprivoisement.
04:06 En fait, il faut l'approcher, il faut y être exposé, il faut la laisser entrer
04:12 dans vos vies.
04:13 Et vous savez, trois notes de musique résonnent et vous êtes déjà ailleurs, ça vous transporte
04:19 dans un autre monde.
04:20 Et la musique a cette capacité, d'abord la beauté en général, mais c'est quand
04:24 même ce qui inspire le… ce dont on est capable de meilleur.
04:29 Et avec cette musique, qu'elle soit triste, qu'elle soit joyeuse, en fait, on arrive
04:34 à sentir non pas seulement telle que les choses sont, mais telle qu'elle pourrait
04:40 être.
04:41 En fait, c'est la meilleure motivation qui soit pour s'élever, pour…
04:44 Oui, vous dites tant de choses.
04:45 Et vous dites que le musicien est un consolateur, c'est le grand consolateur.
04:49 « Tout art est parfaitement inutile », disait Oscar Wilde.
04:51 C'est ce que dit aussi un philosophe que vous aimez beaucoup, vous le citez dans le
04:54 livre Vladimir Yankelevich, qui parle de la musique, cet art inutile mais précieux.
04:59 On l'écoute.
05:00 Pour moi, la musique est une source d'exemples, ce sont des points d'appui.
05:04 Quand je fais de la philosophie, je cite les musiciens.
05:08 Et puis d'autre part, la musique est aussi la source d'expériences en quelque sorte
05:13 phénoménologiques, c'est un art du temps, qui se développe dans le temps, et qui a
05:17 en commun avec la métaphysique, la philosophie, de porter sur des riens, d'être inconsistante,
05:25 impalpable, comme une bulle de savon, de n'exister presque pas.
05:29 Car la musique, c'est quelque chose qui n'existe presque pas.
05:32 Vladimir Yankelevich, dans Radioscopiste en 1969, la musique c'est quelque chose qui
05:36 n'existe pas ou presque.
05:37 Vous racontez votre éblouissement quand enfant, à 7 ans, agité, dispersé, tourmenté,
05:43 on dirait hyperactif, vous entendez pour la première fois la musique dans un cours d'éveil
05:47 musical.
05:48 Et là, vous dites, c'était un éblouissement, ce fut un choc, et il y a eu un avant et un
05:53 après.
05:54 C'est vrai, un éblouissement, un émerveillement.
05:56 J'étais absolument fascinée, j'ai senti, je pense que c'était une discipline qui
06:01 allait pouvoir capter ce trop plein d'énergie et le canaliser, et en faire quelque chose
06:09 de fécond.
06:10 Et surtout, ça me prendrait une vie pour en venir à bout.
06:14 Et oui, c'est pas terminé.
06:16 Votre professeur de musique à l'école, le pianiste Pierre Barbizé, vous a donné
06:19 ce conseil, "Ne cherche pas à être la meilleure, cherche à être unique".
06:22 C'est ça la clé ?
06:24 Oui, c'est ça.
06:25 Ce n'est pas être la meilleure, c'est être différente, unique.
06:27 C'est ça, pour autant qu'on puisse être inspiré par l'autre, et que la présence,
06:34 l'accomplissement de l'autre puisse aussi vous révéler à vous-même.
06:37 La place est déjà prise, donc il faut rester soi-même en fait.
06:41 Ce n'est pas toujours facile.
06:42 Il y a la musique, mais il y a aussi évidemment avec vous la nature, les animaux, les loups,
06:47 mais aussi les chevaux, les mustangs, les chiens.
06:48 Vous racontez aussi cet avant-après dans votre vie, il y a eu le choc d'entendre
06:53 la musique à 7 ans, et puis il y a un autre choc, vous avez 21 ans, je crois que vous
06:56 êtes en Floride, et là vous croisez le regard d'Alaoua.
06:59 C'est qui Alaoua ?
07:00 Qu'est-ce qui se passe ?
07:01 Alaoua, c'était une… je ne peux pas dire vraiment une loup, c'était une hybride
07:07 à haut pourcentage loup, mais elle était quand même suffisamment louve pour être
07:12 différente de tous les chiens que j'avais pu rencontrer dans ma vie jusqu'à ce moment-là.
07:17 Donc d'une intensité, d'une sensibilité, d'une puissance de captation comme ça,
07:23 c'est elle, c'est par cette rencontre que j'ai été motivée de protéger les
07:29 loups, pour la sauvegarde des loups.
07:30 Vous dites "observer les chiens, les loups, les chevaux vous permet de comprendre la nature
07:35 humaine plus qu'aucune autre étude ou aucun autre livre".
07:38 Qu'est-ce que vous avez compris sur la nature humaine, sur nous, sur les hommes,
07:41 en regardant les animaux ?
07:42 C'est cette idée de liberté, cette capacité à vivre dans l'instant, avec toute leur
07:47 énergie, de toute leur force.
07:49 Il n'y a rien avant, rien après.
07:51 Et d'être comme ça, de plein pied, avec l'essentiel dans ce flux primitif de l'existence.
07:59 Et d'être entier, d'être plus dans la vérité en fait.
08:03 Vous dites "les loups et les femmes partagent certaines caractéristiques psychiques, sens
08:10 aiguisé, esprit ludique et aptitudes extrêmes au dévouement".
08:13 Oui, parce que la société du loup c'est une société de famille.
08:18 Ils sont très aimants, très "caring", "nurturing" avec leur meute.
08:25 Et pour regarder les femmes, ce sont des fées, des sorcières, des saintes, des mères.
08:32 D'ailleurs vous dites, si j'avais une épitaphe, je voudrais que sur mon épitaphe
08:36 il y ait écrit "ni sorcière ni fée mais les deux à part entière".
08:40 Vous vous sentez sorcière et fée ?
08:42 Dans le meilleur des cas oui.
08:44 Et puis moi j'ai souvent dit, dans "Variations sauvages", je choisis tout.
08:48 Vous prenez tout.
08:49 Vous dites, vous parlez de votre rapport à la féminité, au féminisme aussi.
08:54 Vous dites "féministes" et vous parlez des cultures amérindiennes, de leur rapport
08:59 aux femmes dans la culture amérindienne.
09:00 Vous êtes assez fascinée par ça.
09:01 Qu'est-ce qu'il y a de spécial ?
09:02 Je crois que c'est, vous parliez justement de dévouement, mais de "dedication",
09:09 de dévouement à la vie, à l'existence, à cette part de magie, de magie noire, de
09:14 magie blanche, et d'être à l'écoute de cette planète, de votre environnement.
09:19 Et cette intuition aussi qui est incroyablement forte et qui leur fait prendre la plupart
09:26 de leurs décisions.
09:27 Et vous parlez aussi de l'écoféminisme.
09:30 Vous êtes assez touchée par ce courant de pensée, l'écoféminisme.
09:34 Oui, parce que comme je l'ai souvent dit, je crois qu'il n'y a pas de véritable
09:38 amour du prochain sans écologie.
09:39 Donc les deux sont liés.
09:41 En fait, c'est le même combat.
09:42 Hélène Grimaud, vous avez fait votre vie hors de la France.
09:45 Vous êtes partie vivre aux Etats-Unis quand vous aviez 19 ans.
09:47 Vous vivez aujourd'hui sur la côte ouest des Etats-Unis.
09:49 Vous écrivez "J'ai mis longtemps à comprendre ce qui m'avait poussé à partir de la France.
09:53 Je n'ai rien fui, je suis juste allée ailleurs chercher ce que je ne trouvais pas en Europe,
09:58 peut-être la liberté."
09:59 Peut-être, en tout cas, une certaine imagination de la liberté.
10:03 Mais c'est une quête, je crois qu'en tant que musicienne, en tant qu'artiste,
10:06 on est toujours à la recherche d'autre chose.
10:08 Et peut-être qu'on a besoin de ce parallèle géographique également.
10:12 En tout cas, ça n'a été en aucun cas un rejet.
10:15 Non, pas un rejet.
10:16 Mais quand même, vous écrivez "J'aime la France aujourd'hui bien davantage que
10:20 par le passé, peut-être parce que j'y suis devenue une étrangère."
10:24 Vous vous sentez une étrangère quand vous vous baladez dans Paris aujourd'hui ?
10:27 Oui, c'est complexe comme fait.
10:31 C'est-à-dire qu'une fois qu'on part, on n'est jamais plus le même.
10:34 Et en même temps, on ressent quand même ses racines, il n'y a aucun doute là-dessus.
10:40 Et puis j'ai toujours aimé ce côté comme ça, rebelle, irrévérent des Français.
10:45 Ça me correspond bien.
10:47 Et puis on voit même avec ce qui se passe dans le monde, c'est quand même beau de
10:51 voir qu'il y a une vraie solidarité, une belle cohésion.
10:54 Mais quand même, ça donne espoir.
10:58 Mais quand même, vous vous sentez une étrangère.
11:00 On l'entend parce que vous avez ce petit accent américain maintenant quand vous parlez
11:03 français.
11:04 Vous êtes vendable vous.
11:05 Vous ne savez pas ce que c'est de me regarder avec Jean-Claude Van Damme.
11:10 C'est quelqu'un qui a "catché" l'accent américain et quand il revient en France,
11:14 il parle avec un tout petit accent et il dit des phrases en anglais.
11:17 Vous savez, j'ai 53 ans, je suis sur le point d'en avoir 54 et j'ai quand même
11:21 passé la majorité de ma vie à parler une autre langue que le français.
11:24 Donc c'est peut-être normal.
11:25 Je pense qu'à force de parler l'anglais et l'allemand, ça peut être les muscles
11:29 du pharynx.
11:30 Voilà, vous vous êtes repositionnée.
11:33 Quel regard vous portez sur la France et les français aujourd'hui ? Est-ce que vous
11:36 vous trouvez tourmentée, divisée, pessimiste ? Il y avait cette phrase de Sylvain Tesson
11:40 "La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer".
11:43 Vous êtes d'accord avec lui ?
11:44 C'est mignon.
11:45 Il y a un peu de vrai.
11:50 En même temps, c'est un moteur aussi.
11:51 Je ne veux pas dire l'insatisfaction, le mot est trop fort.
11:57 C'est le fait qu'on se plaint tout le temps.
11:59 C'est ce qui pousse de l'avant.
12:00 Oui, c'est ce qui pousse de l'avant.
12:01 Vous êtes positive.
12:02 Vous parlez aussi de l'amour en général et du couple dans ce livre, de la difficulté
12:07 de vivre ensemble quand on n'a pas comme vous un métier mais une passion qui écrase
12:11 tout.
12:12 Vous parlez du troisième personnage qui s'insère dans votre vie de couple, à savoir le public,
12:16 qui comme un amant, instaure une double vie.
12:18 Carrément, pour vous, le public, c'est votre amant ?
12:21 Oui, il y a aussi le piano.
12:25 Vous avez beaucoup d'amis.
12:26 En fait, il y en a beaucoup, effectivement.
12:28 C'est une chance, c'est un privilège.
12:30 Mais c'est une relation très forte parce qu'on est dans cette communion, quand on
12:35 partage avec le public, dans cette liberté partagée.
12:37 Et c'est finalement dans l'essentiel de cet art que l'on se retrouve le mieux.
12:43 Il n'y a rien de mieux que ça, finalement.
12:47 Parce que c'est tellement mieux que la vie courante.
12:49 C'est tellement mieux.
12:51 Le journaliste vous pose la question sur le fait de ne pas avoir vu d'enfant.
12:54 Et vous répondez, voilà le prototype d'une question qu'on ne pose jamais à un homme.
12:58 Mais je peux vous répondre.
12:59 J'ai longtemps estimé que la terre était surpeuplée, ce qui, pour être une vérité,
13:03 était aussi une manière de me défendre contre la pression sociale qui oblige les
13:07 femmes à avoir des enfants.
13:09 C'est la dernière pression sociale, c'est le dernier tabou, ça ?
13:13 Oui, Stéphane savait ce qu'il faisait.
13:15 Il est le plus intelligent de tous.
13:16 Il savait aussi ce qu'il voulait me faire dire.
13:19 C'est-à-dire que oui, on peut être génitrice, c'est au niveau biologique.
13:22 Mais mère, il y a toutes sortes de façons d'engendrer.
13:25 Donc, moi, j'étais absolument certaine que ce serait autrement.
13:29 Mais les enfants sont présents dans le jeu.
13:33 Ils sont présents, ils sont déjà présents par le centre.
13:35 C'est surtout comme ça que ça a commencé.
13:36 Par le centre qui préserve les loups dans l'état de New York.
13:43 Et puis les enfants, c'est la promesse de l'amour renouvelé, c'est la promesse
13:47 d'un meilleur monde.
13:48 Donc, moi, j'y crois encore.
13:49 Le temps qui passe, ça vous angoisse ?
13:51 Non, au contraire.
13:52 Il faut, il faut toujours continuer, il faut toujours aller de l'avant.
13:56 Et finalement, c'est mieux comme ça aussi parce que d'abord, ça laisse la place
14:00 aux autres.
14:01 Et puis nous, c'est là qu'on a la chance de pouvoir devenir nous-mêmes réellement.
14:05 Mais les signes de vieillesse, les signes de la vieillesse, c'est quelque chose qui
14:08 ne vous angoisse pas du tout ?
14:09 Non, c'est un processus naturel de la vie.
14:11 Il y a un "Role Reversal".
14:12 Après, il y a une sorte d'inversement.
14:15 Une inversion qui se met en place et ça fait revenir finalement plus cet esprit ludique
14:21 de l'existence, ce qu'on perd à l'âge adulte, ce qu'on perd de l'enfance.
14:25 Ça revient plus tard, en fait.
14:26 Ils vous interrogent aussi sur votre beauté, Stéphane Barsac, dans le livre qui a impressionné
14:31 beaucoup de gens, dont Ingmar Bergman qui voulait vous mettre dans un film.
14:35 Ici, Louise Brooks qui disait "J'ai toujours pensé que ma beauté était une calamité.
14:40 C'est seulement aujourd'hui que j'ai fini par comprendre que ma beauté était une bénédiction."
14:43 Alors, pour vous, c'était quoi votre beauté ? Calamité ou bénédiction ?
14:46 La beauté en général, non, ni l'un ni l'autre.
14:48 Je crois que comme Khalil Gibran le disait, la beauté ce n'est pas un visage, c'est
14:53 une lumière dans le cœur.
14:54 Et puis finalement, le visage, le corps, c'est là où on vit.
14:59 C'est ce qui devrait être le moins intéressant à notre sujet, en fait.
15:03 La beauté est une lumière à l'intérieur, mais c'est aussi un beau visage comme le
15:07 vôtre.
15:08 On termine avec les questions de fin, les impromptus.
15:11 Vous répondez sans trop réfléchir.
15:13 Hélène Grimaud, la liberté ou la puissance ?
15:16 La liberté.
15:17 La liberté.
15:18 Vos ennemis, vous l'écrivez, je vous cite, vos ennemis, plus ils ont raté leur vie,
15:22 moins ils vous rateront.
15:23 Vous en avez beaucoup des ennemis ? Non, je ne crois pas.
15:26 Brahms ou Schubert ? Brahms.
15:30 Rimbaud ou Baudelaire ? Rimbaud.
15:32 Beyoncé ou Barbara ? Barbara.
15:35 Dostoevsky ou Balzac ? Dostoevsky.
15:38 New York ou Paris ? New York.
15:40 Brune ou blonde ? Oh, ni l'une ni l'autre.
15:43 Vous avez pris les deux, c'est pour ça que je répète la question.
15:46 La chanson est-elle un art mineur, comme disait Gainsbourg ?
15:49 Oui, la chanson, comme vous l'avez dit, c'est la consolation de l'âme aussi.
15:56 Mais en mineur, c'est toujours mieux, je trouve.
15:58 Qu'écoutez-vous quand vous êtes triste ? Bach, c'est le compositeur pour les désespérés.
16:04 Quand vous êtes amoureuse, vous écoutez quoi ? Schumann ou Brahms.
16:09 Et quand vous avez envie de danser ? Je reviens à Bach aussi, finalement.
16:13 Vous dansez sur du Bach, vous ? Partita, les suites.
16:16 Vous allez me dire BNC, justement.
16:19 Elle danse sur Bach, ça c'est merveilleux.
16:22 One track mind.
16:23 Et Dieu dans tout ça, pour terminer, Hélène Grimaud ?
16:26 Dieu, il est présent.
16:29 Je ne sais pas si je le nommerais ainsi, mais en tout cas, il y a une foi certaine.
16:35 Mais si Dieu a créé l'homme à son image, mais l'homme a fait la même chose.
16:38 Donc nous en avons plusieurs.
16:40 C'est pour ça qu'il vaut mieux rester avec la nature.
16:42 Et puis comme Spinoza disait, finalement, Dieu n'a pas créé le monde, il est le monde.
16:48 Donc nous sommes dedans.
16:49 Renaitre chez Albin Michel, vos entretiens avec Stéphane Barsac.
16:53 Merci beaucoup Hélène Grimaud.
16:54 Et j'ajoute que vous êtes l'invité d'une journée spéciale ce vendredi chez nos amis
16:58 de France Musique.
16:59 On vous salue et belle journée à vous.

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