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Léa Salamé a reçu la chanteuse Vitaa jeudi 5 octobre sur France Inter. Son sixième album en solo "Charlotte" sort le 6 octobre, en tournée dans toute la France.

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Transcription
00:00 - Et vous, ma chère Léa, ce matin vous recevez une chanteuse.
00:02 - Bonjour Vita ! - Bonjour !
00:04 - Merci d'être avec nous ce matin. - Merci de m'inviter.
00:06 - Si vous étiez un monument et un défaut, vous seriez quoi ?
00:09 - Un monument, sans hésiter, je dirais l'Arc de Triomphe, parce que moi je suis de province
00:12 et quand je suis arrivée de Lyon, de ma petite campagne lyonnaise,
00:15 la première fois que je suis arrivée à l'Arc de Triomphe avec ma voiture,
00:17 j'étais fascinée, perdue, terrorisée et ça m'a marquée, c'est le monument que je préfère à Paris.
00:23 - Et un défaut ?
00:24 - Un défaut, ce serait l'inverse de la ponctualité, donc le retard tout le temps.
00:28 - C'est qui Charlotte ?
00:30 - Charlotte, c'est une petite nana qui est partie de rien, qui doute en permanence,
00:36 qui est remplie de failles, de fragilités et qui s'est construite une carapace derrière Vita.
00:40 Et puis j'avais envie de faire tomber toutes ces barrières dans le dernier album
00:44 et j'ai appelé l'album Charlotte pour ça.
00:45 - Votre album s'appelle, le nouvel album qui sort demain s'appelle Charlotte.
00:49 Sur la pochette, il n'y a même pas votre nom, c'est juste Charlotte, il n'y a même pas Vita.
00:55 Pourquoi vous présentez publiquement avec votre vrai prénom, pas avec votre nom de scène,
01:00 un prénom que vous n'aimez pas en plus ?
01:02 - Un prénom que j'ai détesté toute ma vie.
01:06 Et je pense que il y a encore 6 mois, c'était inconcevable pour moi d'appeler mon album Charlotte.
01:10 Je crois que j'arrive à un stade de ma vie de femme et de ma carrière tout simplement
01:14 où je commence à m'accepter, à être à l'aise vraiment dans mes baskets.
01:18 Je ne me suis jamais sentie aussi bien et aussi forte que maintenant.
01:21 Et puis une volonté vraiment d'aller dans une démarche de vérité dans cet album.
01:25 De faire part à toutes celles qui me suivent depuis le début, de mes failles, de mes angoisses
01:30 en tant que femme, de mes doutes.
01:32 Et du coup, au bout d'un moment, je me dis comment je peux appeler autrement cet album
01:36 puisqu'il me ressemble tellement et que je vais tellement loin dans ce que je raconte.
01:39 Donc pour moi, au final, c'était une évidence de l'appel Charlotte.
01:42 - Dans la vie, on vous appelle Charlotte, pas Vita, vos amis, vos parents ?
01:45 - Mais dans le cadre professionnel, personne ne m'appelle Charlotte.
01:47 Mes proches, bien sûr, ma famille m'appelle Cha.
01:50 Mais c'est vraiment un prénom dont je me cachais, je ne voulais pas.
01:54 C'était aussi ma façon de me protéger et d'avoir cette espèce d'intimité.
01:58 - Alors cet album, vous le dites, c'est une mise à nu, une sorte de confession intime.
02:02 Vous parlez de vos doutes, de vos fragilités, de la violence du milieu de la musique avec
02:05 les femmes, de votre couple, de la difficulté de voir grandir et s'éloigner ses enfants.
02:10 Bref, je m'étais jurée de ne jamais, mais alors jamais, employer l'expression qui m'horripile.
02:14 Mais dans votre cas, vraiment, elle s'applique à 40 ans, Vita.
02:17 C'est l'album de la maturité.
02:19 - C'est vrai qu'elle est clichée cette expression.
02:23 Mais à la fois, elle est appropriée parce que c'est mon huitième album solo.
02:27 Et je pense que dans cet album-là, d'ailleurs, dans l'intro qui s'appelle Charlotte, c'est
02:32 un peu une mise au point, encore plus qu'une mise à nu, où j'avais envie de raconter
02:36 des choses que je n'ai jamais osé avouer.
02:38 Toutes ces épreuves que j'ai dû traverser aussi, parce qu'il est difficile en tant
02:41 que femme de s'installer, de s'imposer dans ce métier-là.
02:45 Encore plus quand on est auteur et qu'on a des choses à dire.
02:48 Et moi, à l'époque, quand on fait le tour de toutes les maisons de disques et que personne
02:51 ne veut entendre parler de moi, ou que tout le monde veut me mettre dans une casque qui
02:54 n'est pas du tout la mienne, j'ai compris que ça allait être cinq fois plus dur et
02:57 qu'il allait falloir bosser pour leur montrer que j'avais des choses à dire.
03:01 - Oui, c'est un album clairement règlement de compte.
03:03 Vous êtes chanteuse, compositrice, vous avez vendu plus de 3 millions d'albums dans votre
03:07 carrière, ce qui est colossal de nos jours dans une industrie en crise.
03:11 Vous avez député il y a 15 ans avec l'énorme tube de votre duo avec Diam's, Confession
03:15 Nocturne, qui a marqué toute une génération.
03:17 Et puis il y a trois ans, nouveau gros carton avec le chanteur Slimane, un album qui a des
03:21 passé le million d'exemplaires pour lequel vous avez gagné la victoire de la meilleure
03:24 chanson, ça donnait ça.
03:25 Tu le sais, dans la vie on s'est tous plantés.
03:29 C'est vrai, combien de fois on a dû se relever.
03:34 Personne n'est parfait, on est tous sortis du chemin.
03:38 Tu sais dans la vie, ça va, ça vient.
03:43 Ça va, ça vient.
03:45 Ça va, ça vient.
03:47 C'est dur de revenir en solo après un énorme succès comme celui-ci, comme cet album avec
03:53 Slimane.
03:54 Vous avez la pression ? C'est dur de sortir d'un gros succès, tout
03:57 simplement.
03:58 Moi je l'avais vécu après mon premier album.
03:59 C'est beaucoup plus dur de sortir d'un énorme succès que d'arriver.
04:02 Et à la fois, cette parenthèse enchantée versus ce qu'on a créé avec Slimane, elle
04:06 était prévue, elle avait une fin, elle avait un début, elle avait une fin.
04:09 Donc voilà, je travaillais sur mon album solo lui aussi.
04:12 Bien évidemment qu'on a une pression supplémentaire parce qu'on sait que c'est plus dur.
04:15 Mais voilà, c'est pour ça que j'ai pris le temps aussi de faire cet album parce que
04:19 je voulais revenir avec un propos fort et avec des choses sincères.
04:22 L'industrie musicale est en crise.
04:24 Aujourd'hui, la pression est encore plus grande sur les artistes.
04:27 Et parfois les artistes craquent.
04:28 C'est le cas de quelqu'un avec qui vous avez travaillé, il s'appelle Stromae.
04:31 Il ne cache pas ses phases au public, ses phases de dépression, ses burn-out, ses idées
04:36 suicidaires.
04:37 Vous comprenez ce qu'il traverse ? Et vous comprenez qu'il le dise aussi simplement ?
04:42 Pour l'avoir rencontré, avoir eu la chance de travailler avec lui et de le côtoyer,
04:48 c'est quelqu'un qui est passionné.
04:49 Comme je suis passionné, comme Slimane est passionné.
04:51 Je pense que c'est encore plus dur pour les artistes extrêmement passionnés qui
04:55 travaillent comme ça un peu dans l'extrême.
04:57 C'est un métier qui peut rendre fou.
04:59 Je sais combien ce métier peut rendre fou.
05:01 Je pense aussi à Mélanie, à Diam's mon amie.
05:03 Oui, on va en parler de Diam's.
05:04 Bien sûr, je pense que c'est un métier où si on n'a pas un équilibre de base,
05:09 on ne se fixe pas un cadre et des limites et des barrières, on peut bien sûr péter
05:13 les plombs.
05:14 Moi, vraiment, j'ai eu besoin, et c'est pour ça que j'ai fait cette espèce de
05:16 séparation entre Vita et Charlotte, de mettre tout de suite cette barrière de protection.
05:21 Vous parlez de Diam's.
05:22 Diam's, elle s'était confiée.
05:25 Elle a arrêté la musique depuis plus de dix ans maintenant, depuis sa conversion à
05:29 l'islam.
05:30 Elle a donné une interview, je crois, brute à Augustin Trappenard et elle dit combien
05:33 elle se sentait vide quand elle faisait le métier.
05:36 J'étais à ses côtés.
05:37 On l'écoute et vous réagissez.
05:39 Je me suis dit c'est fou parce qu'avant, la salle, elle était pleine et moi, je me
05:44 sentais vide.
05:45 Et là, je suis rentrée, la salle était vide, mais moi, je n'étais pas vide.
05:51 J'étais bien, j'étais hyper apaisée.
05:53 J'étais bien.
05:55 J'ai même aimé ce que ça a procuré en moi, c'est que je suis vraiment passée
06:01 à autre chose.
06:02 Je regardais ça avec beaucoup de recul, vachement de recul.
06:08 Vous comprenez qu'elle est arrêtée aussi brutalement ? Vous ne trouvez pas qu'elle
06:13 manque à la scène musicale ?
06:14 Bien sûr qu'elle manque, elle manquera toujours.
06:15 Son œuvre, elle appartient aux gens et elle est là et les gens continuent de l'écouter.
06:19 Les gens me parlent d'elle tous les jours quand je les croise.
06:22 Et à la fois, je la comprends parce que c'est mon amie et quand on aime quelqu'un,
06:25 on veut son bien.
06:26 Et elle n'était plus heureuse.
06:28 C'est un métier qui vous prend et qui vous retourne.
06:31 Mélanie ne savait pas faire de séparation entre sa vie privée et sa vie publique.
06:35 Quand elle descendait de scène et qu'elle sortait de tournée, elle n'avait plus de
06:38 vie.
06:39 Je vivais à ses côtés et je l'ai vue dans ce vide, ce néant, ce qu'elle raconte.
06:42 Il y a des gens qui sont hyper sensibles et qui n'arrivent pas à reprendre le dessus.
06:47 Je pense que c'est un métier qui est merveilleux et à la fois tellement puissant.
06:51 Il faut savoir bien s'entourer, mettre des limites.
06:55 Vous continuez à la voir ? Elle va bien ?
06:56 Bien sûr, on est très amis, on s'écrit tous les jours.
06:58 Elle va très bien.
06:59 Je pense qu'elle n'a jamais été aussi épanouie qu'aujourd'hui et on partage d'autres
07:03 choses de femmes.
07:05 Et alors pour ceux qui n'ont pas en tête cette chanson, qui vous a collé à la peau
07:10 ?
07:11 Ils ne sont pas très nombreux.
07:12 Il y en a un ou deux qui ne connaissent pas "Confession nocturne".
07:17 Mais tu sais, ton mec t'aime, ton mec m'a dit tu sais, Mélanie, vie c'est une reine,
07:34 et je pourrais crever pour elle.
07:35 Faut pas que tu paniques, je te jure.
07:37 Ton mec assure, ton mec assume, vie ouais.
07:39 Ton mec est pur, il te trompe pas, j'en suis sûr.
07:41 Non mais tu sais pas, toi, ça fait deux mois que je sens son odeur.
07:45 Quels sont ses messages tous les jours ?
07:47 Tous les quarts d'heure.
07:48 C'est un filtre et son répondeur.
07:49 Mon mec se tape une autre femme ouais.
07:50 Tu sais, votre mec, je la connais par cœur.
07:59 Bah oui, c'était évidemment ma génération.
08:02 Vous en aviez marre de passer l'image de cette chanson, vous passez pour la coquille
08:06 de service, vous en pouvez plus.
08:08 C'est vrai que cette chanson, ça a été un peu le déclencheur.
08:11 Moi, ça a été ma porte ouverte sur le grand public.
08:14 Et à la fois, mes premières années de carrière m'ont enfermée dans cette image.
08:18 Et puis mon premier album qui s'appelait "La fleur de toi" où je racontais mes
08:20 histoires de femmes torturées.
08:22 Et une période au début de ma carrière où à un moment donné, c'était dur parce
08:27 qu'on me mettait que dans cette image.
08:28 Vous n'êtes pas coquille.
08:30 Je l'étais, bien sûr.
08:33 Mais à la fois, cette chanson, c'est devenu un classique pour les gens.
08:36 C'est-à-dire que moi, les gens me la chantent tous les jours.
08:38 Et c'est ma plus grande fierté parce que ça a touché tellement de femmes qui ont
08:42 vécu plein de choses.
08:43 On vous demande encore comment vous avez trouvé le code pour rentrer dans le téléphone
08:47 de votre mec.
08:48 Bon, allez, venons-en à votre actualité aujourd'hui.
08:52 Vous dites "mon premier album" ou "mes premiers albums quand j'étais tourmentée".
08:55 Bon, le nouveau Charlotte, je rassure vos fans, vous êtes toujours tourmentée.
08:59 Parce que, pardon, mais il y a une chanson où vous filmez dans le clip votre propre
09:04 enterrement.
09:05 On vous voit vous enterrer vous-même.
09:06 Une où vous racontez combien c'est dur d'être une femme dans un milieu d'obsédés.
09:10 La même.
09:11 Une qui s'appelle "Je me déteste".
09:15 J'ai envie de vous demander comment ça va vite après ça.
09:17 Non, ça va beaucoup mieux, rassurez-vous.
09:19 Mais c'est vrai que c'est important pour moi.
09:21 La première chanson qui est Charlotte où c'est une espèce de mise au point, c'est
09:24 l'intro de l'album.
09:25 Où moi, j'avais envie un peu de régler mes comptes avec tous les gens de ce métier
09:31 qui m'ont permis de devenir plus forte.
09:34 Mais qui ne m'ont pas facilité la tâche et qui m'ont mis des bâtons dans les roues
09:37 pendant des années avant qu'on réussisse à s'y rendre.
09:39 On m'a dit que tu chantes bien mais c'est sur ton corps qu'il faut miser.
09:42 Parce que je pense que c'est une ère et encore plus à l'époque où finalement
09:46 d'être une femme avec un physique pulpeuse, grande, ça ne m'a pas aidée.
09:51 Au contraire, ça aurait dû être un atout.
09:52 Et puis finalement, parce que j'avais des choses à dire, que j'étais auteur et
09:55 que je n'étais pas une bimbo, ça ne m'a pas aidée.
09:59 J'ai compris très vite qu'il allait falloir faire mes preuves.
10:01 Donc j'ai eu droit à toutes sortes de réflexions.
10:04 Comme quoi ?
10:05 Comme t'es mignonne, tu devrais sortir avec un rappeur d'abord pour te faire un nom.
10:10 Ça peut t'aider à faire un buzz.
10:12 Alors que je viens des marchés des maisons de disques avec un album qui est mon album.
10:15 - Et donc on te dit "va taper un rappeur, comme ça peut-être ça marchera".
10:17 - On m'a quand même dit ça en rendez-vous dans une maison de disques.
10:19 Donc à l'époque pour moi c'était assez déconcertant.
10:22 - On vous a dit aussi "les femmes à la radio ça marche pas".
10:25 - On m'a dit pendant des années, il y a eu une ère entre 2013 et 2017-18 où vraiment
10:32 on nous disait "les chanteuses ça ne marche plus en radio".
10:34 On ne voulait même plus écouter nos albums.
10:36 Et une ère très compliquée pour les femmes.
10:38 Et on revient à une ère beaucoup plus féminine.
10:40 - Mais c'est ce que j'allais vous dire.
10:41 Est-ce que tout ça n'est pas passé aujourd'hui ?
10:42 - Moi j'ai le sentiment que là on est passé à autre chose.
10:43 - Parce que là on n'écoute pas en radio Juliette Armanet, Angele, Ayana Kamoura.
10:46 - Bien sûr, beaucoup.
10:47 Mais dans une ère très féminine.
10:48 Mais il y a eu quelques années qui étaient beaucoup plus compliquées.
10:50 Et aujourd'hui je suis heureuse de voir que la scène française est remplie, occupée
10:54 par les femmes.
10:55 - Pourquoi vous écrivez une chanson où vous dites "je me déteste" ?
10:57 - C'est vrai que le rapport est plus compliqué que ça.
11:02 Mais je parle beaucoup des relations toxiques dans cet album.
11:05 Parce que moi en tant que femme, ça m'est beaucoup arrivé.
11:07 J'avais envie encore d'ouvrir ce chapitre-là.
11:10 Parce que j'ai un public qui me ressemble et qui grandit avec moi.
11:13 Il y a une autre génération aussi qui me suit.
11:15 Et vraiment, j'avais envie de partager avec ces femmes-là le fait que souvent on se retrouve
11:19 dans ce genre de relation, à blâmer l'autre.
11:21 Et moi il m'a fallu un temps pour comprendre que c'était moi le problème.
11:25 Que c'était les choix que je faisais.
11:26 J'avais envie de parler de ce sujet-là parce que je trouve que c'est important de s'analyser
11:30 et de se dire peut-être qu'à un moment donné, en grandissant, c'est moi qui fais les mauvais
11:33 choix.
11:34 C'est de ça que parle cette chanson.
11:35 Je me déteste d'avoir fait ce choix-là.
11:37 - D'avoir été avec des hommes qui vous ont rabaissé.
11:40 - Exactement.
11:41 - Et vous dites "le problème c'était à la fin pas eux, c'était moi".
11:43 - Exactement.
11:44 C'est ça que je trouvais important d'aborder encore une fois parce que moi j'ai mis quasiment
11:48 15 ans à le comprendre.
11:49 - Bon on écoute pour la première fois sur Inter, c'est une exclue, votre nouveau single.
11:53 C'est la première fois qu'il est diffusé.
11:54 Ça s'appelle "Un dimanche avec toi".
11:56 Ça sort demain l'album.
11:57 - Exactement.
11:58 - Parlez avec les gens, parlez à vous puisez, c'est important.
12:05 On voudrait tout donner, a-t-on le temps ? Mettre la tour envers nous.
12:12 On ne peut crier plus fort, bravo.
12:15 Et le tonnerre grandit plus fort, bravo.
12:19 Je n'ai rien à craindre dans tes bras, tu vois.
12:23 Un dimanche avec toi, un dimanche avec toi.
12:27 Je n'ai plus peur de rien, c'est toi.
12:30 Plus peur d'hier ni de demain, c'est toi.
12:34 Toi qui m'as fait changer d'avis, c'est toi.
12:38 Un dimanche avec toi, un dimanche avec toi.
12:41 - Et c'est vrai qu'on vous disait aussi qu'il y a un problème avec toi, tu es blanche alors
12:44 que tu as une voix de noire.
12:45 - Oui parce que quand j'arrive à l'époque, au début des années 2000, c'est très compliqué
12:50 moi de me classer parce que j'ai écouté que de la soul, c'est la musique qui m'a donné
12:54 envie de chanter.
12:55 J'ai des intonations R'n'B à l'époque, soul, et à la fois la chanson française,
13:00 c'est mon berceau aussi.
13:01 Donc c'est un mélange de toutes ces influences.
13:02 Et on est en France, il faut qu'on vous mette dans une case.
13:04 On ne sait pas où me mettre.
13:06 Donc ça a été encore plus compliqué.
13:07 - Et au moment où vous avez reçu votre victoire de la musique en 2020 avec Slimane,
13:10 vous avez dit "je dédie cette victoire à tous ceux qui font de la musique populaire
13:13 pour les gens parce qu'on aime les gens et on fait de la musique pour ça".
13:16 C'est mal vu de faire de la musique populaire.
13:19 Vous vous êtes sentie parfois un peu méprisée.
13:21 "Ah c'est commercial, c'est populaire, ça marche donc voilà".
13:24 - Je trouve qu'il y a une espèce de microcosme en France, en tout cas dans le métier, où
13:29 on vous respecte un peu quand ça ne marche pas trop.
13:31 Quand on fait de la musique, oui, pas forcément populaire.
13:36 Nous avec Slimane, quand on rentre en studio pour l'album "Versus", on veut faire des
13:39 chansons qui touchent le cœur des gens.
13:40 Moi en tant qu'auteur, depuis petite, quand j'écris, depuis que je suis gamine, j'aime
13:44 écrire des choses qui me touchent, qui sont ma vie.
13:46 Et quand je vois que ça touche les gens, j'ai l'impression d'avoir réussi ce que
13:48 je voulais faire.
13:49 Et quand ça devient énorme, j'ai le sentiment qu'on est boudé par une élite, qu'on est
13:54 boudé par, oui, aux victeurs de la musique.
13:57 Pour nous c'est symbolique de raconter ça, parce que pour nous, de prendre une victoire
14:00 de la musique avec "Versus" qui vend un million d'albums, c'est une vraie victoire.
14:04 Et on a envie de la dédier à des artistes qui vendent énormément de disques et qui
14:08 ne sont jamais nommés, contrairement à d'autres.
14:11 Donc c'est ça qu'on voulait faire passer.
14:12 - Et vous voyez, vous êtes sur France Inter.
14:13 - Je suis tellement contente.
14:15 - Il n'y avait que des snobs.
14:16 Question de fin, vous répondez spontanément sans trop réfléchir, ça s'appelle "Les
14:20 impromptus".
14:21 Est-ce que vous diriez, Vita, que vous avez réussi ?
14:22 - Oui, bien sûr.
14:24 Moi, je ne suis pas du tout une ambitieuse.
14:26 Pour moi, j'ai gagné déjà.
14:27 - Est-ce que vous faites une analyse ou vous avez déjà fait une analyse ?
14:30 - Je le fais moi-même, sans aller voir quelqu'un.
14:32 - Dans vos disques ?
14:33 - Dans mes prières aussi.
14:34 - Qu'est-ce que vous avez de Sicilien en vous ?
14:36 - Ma maman, l'éducation, la nourriture.
14:38 - Si vous arrêtez la chanson, vous pourriez faire quel autre métier ?
14:41 - La décoration.
14:43 - L'architecture.
14:44 - Moto ou vélo ?
14:45 - Moto, beaucoup.
14:46 - C'est votre père qui vous a appris la moto ?
14:48 - Oui, je fais de la moto, j'adore ça.
14:49 - Vous avez cédé à la Barbie mania ou surtout pas ?
14:51 - Pas du tout.
14:52 Je ne jouais pas aux Barbies quand j'étais petite, moi.
14:55 - Beyoncé ou Rihanna ?
14:56 - Beyoncé.
14:57 - Véronique Sanson ou Aya Nakamura ?
14:59 - Véronique Sanson.
15:00 - Juliette Armanet ou Michel Sardou ?
15:02 - Juliette Armanet.
15:03 - Dajou ou Gims ? Vous avez changé avec les deux, ils sont frères.
15:06 - C'est dur.
15:07 - C'est dur de faire des problèmes.
15:08 Les Djounas, la famille, toute la famille.
15:11 - Vous êtes amie de Carla Brunier.
15:13 Elle a annoncé hier qu'elle avait eu, il y a quelques années, un cancer du sein.
15:16 Elle dit qu'elle le révèle au public uniquement pour pousser les femmes à aller se faire
15:19 des mammographies, à se faire dépister.
15:21 Vous avez trouvé ça courageux qu'elle le dise ?
15:22 - Hyper courageux.
15:23 Je crois que c'est un peu le fléau de notre génération, les cancers du sein pour les
15:26 femmes.
15:27 Mais je suis très amie avec Carla et je trouve ça très fort que quelqu'un comme elle le
15:31 fasse et le dise.
15:32 C'est beau.
15:33 - Vous aimez quoi chez Carla Brunier ?
15:35 - J'adore son intelligence.
15:37 C'est une femme extrêmement cultivée, extrêmement subtile et raffinée, qui est tellement belle
15:42 et à la fois tellement touchante.
15:44 Je l'adore.
15:45 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
15:47 - Liberté.
15:48 Qu'est-ce qui vous indigne ?
15:50 - Qu'est-ce qui m'indigne ? Le racisme.
15:54 - Quel est votre plus grand vice ?
15:56 - Oh là là, mon plus grand vice…
15:59 - Vous avez quand même quelque chose.
16:01 - Oui, j'en ai plein ! La gourmandise.
16:05 - Non, c'est nul comme vice.
16:06 - Ah ouais ? C'est pas assez méchant ? Attendez, je vous en donne un autre.
16:10 - Je sais pas moi… Je beuge au cœur.
16:15 - Et Dieu dans tout ça ?
16:17 - Ah Dieu, moi c'est mon pilier.
16:19 La foi c'est mon pilier.
16:20 - C'est votre pilier ? C'est ce qui vous empêche de péter les plombs ?
16:22 - Complètement, c'est ce qui m'équilibre depuis le début.
16:25 - Le nouveau disque s'appelle tout simplement "Charlotte".
16:27 Il sort demain avant une tournée des Zénith de France en 2024.
16:31 Vous serez notamment à l'Accor Arena de Paris le 4 décembre 2024.
16:34 Merci Vita.
16:35 - Merci beaucoup.
16:36 - Belle journée à vous.

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