Le commissaire européen au marché intérieur, en charge des questions de défense et du numérique, Thierry Breton, explique comment l'Union européenne lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-26-octobre-2023-9709865
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Cléa Salamé, nous recevons ce matin le commissaire européen au marché intérieur, chargé de
00:05 la politique industrielle, du numérique, de la défense et de l'espace.
00:09 J'attends vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:15 Thierry Breton, bonjour !
00:16 Bonjour !
00:17 Et bienvenue à ce micro, on va parler avec vous du différent qui vous oppose à Elon
00:21 Musk, le patron de Twitter ou X si vous préférez.
00:25 Mais d'abord, le sommet des 27 pendant deux jours à Bruxelles réunit notamment sur la
00:30 question du Proche-Orient afin de définir une position commune sur le droit d'Israël
00:34 à se défendre et l'aide humanitaire à apporter aux Palestiniens.
00:38 Est-ce que ce sommet va solder, Thierry Breton, la visite controversée en Israël de la présidente
00:44 de la commission Ursula von der Leyen qui a assuré à Israël le soutien inconditionnel
00:50 de l'Union Européenne en ne faisant aucune référence à la nécessité de respecter
00:56 aussi le droit international ?
00:58 En amourant en matière de politique étrangère, comme vous le savez, celle-ci appartient au
01:04 Conseil Européen, aux représentants et donc il faut écouter ce qu'ils ont déjà dit
01:10 à l'occasion d'un communiqué qui a été diffusé de façon très explicite le 15 octobre
01:14 en rappelant évidemment d'abord en condamnant de la façon la plus extrême, la plus ferme
01:20 ce drame atroce, cet acte terroriste absolument inqualifiable et ça a été fait et c'est
01:29 légitime et c'est du reste la raison pour laquelle beaucoup de chefs d'État sont allés
01:34 en Israël pour apporter leur soutien, voyage de compassion je dirais, après ce qui s'est
01:42 passé.
01:43 Les chefs d'État et de gouvernement, par la voix du président du Conseil Charles Michel,
01:49 ont indiqué évidemment qu'Israël avait un droit légitime à se défendre contre
01:54 cette attaque terroriste.
01:55 Je rappelle que le Hamas est une organisation terroriste, elle a été qualifiée comme
01:59 telle notamment par l'Union Européenne, mais évidemment ce faisant de le faire en
02:05 respectant le droit international et le droit humanitaire.
02:08 Et donc je n'ai aucun doute que ceci sera rappelé.
02:11 Voilà.
02:12 Pardon d'y revenir parce que c'est justement ce qu'on a reproché à Ursula von der Leyen,
02:17 c'est-à-dire que comme vous le dites les affaires étrangères ne sont pas du domaine
02:20 de la Commission mais du Conseil de l'Europe, c'est d'y être allée et d'y être allée
02:24 et d'avoir affiché un soutien inconditionnel à Israël, certes, mais sans même lui parler
02:30 de respecter le droit humanitaire international.
02:32 Est-ce que là elle a outrepassé son rôle ?
02:34 Léa Salamé, si vous voulez bien, on va remettre une seconde ce voyage dans le contexte dans
02:40 lequel il s'est déroulé, en fait ce n'était pas la présidente de la Commission qui était
02:44 invitée, c'était la présidente du Parlement européen, Mme Romerta Metzeler, notamment
02:49 par la CNESET, Parlement à Parlement.
02:52 Et lorsque ce voyage a été finalisé, Ursula von der Leyen s'est joint à ce voyage.
02:58 C'est dans ce contexte que s'est déroulé ce voyage et pour le reste j'ai dit ce que
03:03 j'avais à vous dire.
03:04 Bien.
03:05 On s'est un peu embarrassé par l'affaire.
03:07 Non, c'est très clair.
03:08 Est-ce que chaque pays de l'Union européenne est aujourd'hui aligné entre l'Autriche
03:12 et la Hongrie très pro-israélienne, l'Espagne et l'Irlande qui ont une sensibilité plus
03:16 grande pour la cause palestinienne ? Est-ce qu'il y a une ligne commune aujourd'hui
03:20 en Europe ? Parce qu'on a l'impression que c'est la cacophonie par exemple sur l'aide
03:23 aux Palestiniens.
03:24 Il y a le commissaire européen qui a tweeté tout de suite "on arrête l'aide aux Palestiniens"
03:27 avant de rétropédaler.
03:29 Est-ce que ce n'est pas un peu cacophonique au niveau de l'Union européenne ?
03:33 Non mais vous faites allusion à ce que nous sommes nous, Européens.
03:36 Nous sommes une grande démocratie.
03:38 Une grande démocratie de 450 millions de concitoyens européens, composée de 27 États.
03:45 Et on a tous nos histoires.
03:47 On vient tous de parcours différents.
03:52 Et dans un cas comme celui-ci, évidemment, chacun a son expression par rapport à ce
03:58 qu'il est, par rapport à son histoire, par rapport aussi à celle et ceux qui composent
04:03 ces pays.
04:04 C'est vrai qu'il y a des sensibilités différentes.
04:07 Et c'est donc bien la raison, et je le redis par rapport à votre première question,
04:11 qu'il est absolument indispensable de bien respecter la gouvernance et de faire en sorte
04:16 que les États s'expriment d'abord entre eux.
04:21 Et je vous invite à lire les communiqués, ils vont être très précis.
04:24 Je n'ai aucun doute qu'ils vont condamner très fermement cette attaque terroriste du
04:29 Hamas, qu'ils vont reconnaître à Israël le droit de se défendre, mais également qu'ils
04:34 vont appeler évidemment à ce que ce fasse dans le strict respect du droit international.
04:37 Et l'aide palestinienne, il faut la continuer ou pas ?
04:39 Mais bien entendu, bien entendu.
04:41 Et du reste, elle a été triplée par rapport à ce que l'Union européenne faisait.
04:44 Bien entendu qu'il faut la poursuivre.
04:46 Bien entendu qu'il faut ouvrir des corridors.
04:48 Bien entendu, et du reste, le président de la République, à l'occasion de son voyage
04:52 qui s'est achevé hier soir, a été très clair sur les trois piliers.
04:56 Il a défini le premier pilier, je crois qu'ils vont en parler ensemble tout à l'heure,
05:02 à partir de cet après-midi, c'est-à-dire évidemment cette organisation terroriste,
05:06 il faut la considérer comme telle et voir comment on peut évidemment tous s'unir pour
05:11 la combattre.
05:12 C'est aussi évidemment ouvrir des corridors, c'est-à-dire encore une fois aider ces populations.
05:18 Et puis c'est aussi le troisième pilier politique, ce qui du reste en faisait référence
05:23 tout à l'heure, c'est-à-dire il va bien falloir aussi discuter de l'affaire palestinienne
05:28 et le discuter à un niveau politique.
05:30 C'est vrai qu'on l'avait un peu trop oublié.
05:31 On rappelle Thierry Breton que vous êtes commissaire européen en charge des sujets
05:35 de défense.
05:36 Que pensez-vous de cette proposition d'Emmanuel Macron d'une coalition internationale contre
05:41 le Hamas, proposant même que la coalition internationale qui lutte contre Daech soit
05:46 aussi mobilisable pour lutter contre le Hamas ?
05:50 Le président de la République s'est réexprimé hier soir sur le tarmac, je crois, juste avant
05:56 son retour pour la France, c'était au Caire.
06:00 Et je crois que c'était très important, il a été très clair, il s'agit dans son
06:04 esprit, et sincèrement je crois que c'est très important, de considérer, je l'ai
06:09 redit, le Hamas pour ce qu'il est, une organisation terroriste et les organisations terroristes
06:14 doivent être combattues.
06:15 Et pour combattre une organisation terroriste, c'est vrai, et de cette ampleur avec ce qu'elle
06:20 a fait, enfin on voit quand même ce que c'est que cette organisation terroriste.
06:23 C'est quand même, pardon cette expression, mais c'est pas n'importe quoi faire ce
06:26 qu'elle a fait.
06:27 Donc il est absolument légitime que la communauté internationale de ceux qui veulent la combattre
06:33 s'unissent, et notamment pour échanger du renseignement, de la façon la plus large
06:37 possible, sur une base volontaire, encore une fois, il l'a rappelé.
06:41 Mais oui, je crois que c'est nécessaire, encore une fois, de combattre des organisations
06:44 de cette nature, c'est pas que je crois, c'est indispensable.
06:47 Il y a une autre partie qui entre dans le jeu, c'est le président turc, Recep Tayyip
06:52 Erdogan, qui a annoncé hier renoncer à tout projet de déplacement en Israël comme c'était
06:56 prévu.
06:57 "Le gouvernement nous a abusé", a-t-il déclaré avant de qualifier le Hamas de "groupe
07:00 de libérateurs qui protègent leur terre".
07:02 Comment recevez-vous les mots du président turc qui est une puissance incontournable
07:06 de la région, et qui a aussi des conséquences en Europe ?
07:11 Pour ce qu'ils sont, évidemment, vous imaginez bien que l'Union Européenne, et je dirais
07:18 moi-même en tant que commissaire, évidemment, là je parle en mon nom, mais on peut pas
07:22 évidemment les soutenir, c'est une évidence.
07:25 Ça vous inquiète que le président turc, qui a occupé un rapprochement avec Israël,
07:30 déclare aujourd'hui que le Hamas est une organisation de résistance ?
07:33 Mais vous savez, il y a quelques pays qui peuvent jouer un rôle d'intermédiation
07:41 dans la région, on le sait, la Turquie en fait partie.
07:45 Il faut peut-être lire aussi ce qu'il a dit, il ne faut pas du tout faire d'exerces
07:50 sur ce qu'il a dit, ni encore moins le soutenir.
07:53 Là on est loin de la médiation.
07:55 Oui, on est loin de la médiation, on est bien d'accord, et on ne peut y souscrire.
07:58 Je redis encore une fois que la Turquie fait partie des pays qui, peut-être à un moment
08:03 ou à un autre, pourront jouer un rôle.
08:04 En tout cas, ce n'est pas en prenant des positions aussi extrémistes qu'ils y arriveront,
08:08 c'est dommage parce que la Turquie peut jouer un rôle.
08:10 Encore une question sur ce sujet avant d'aller sur la guerre des images avec Ellen Musk.
08:13 Israël qui demande la démission du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, quand
08:16 il dit que les attaques du 7 octobre ne se sont pas produites dans un vide, mais dans
08:20 le contexte d'une occupation étouffante.
08:22 Demandez la démission du secrétaire général de l'ONU, vous comprenez la réaction d'Israël ?
08:27 Non mais ce n'est pas mon rôle de commenter ce qu'Israël dit sur cette question.
08:31 Je crois que l'éditorial de Pierresquit est très éclairant là-dessus.
08:36 L'ONU a montré évidemment son incapacité à régler le conflit.
08:41 Au fond, ce n'était pas non plus trop son rôle, mais en tout cas, on voit que ce n'est
08:44 pas le cas.
08:45 En revanche, l'ONU joue un rôle très important pour tout le soutien humanitaire et il faut
08:50 le préserver, c'est indispensable.
08:52 Je pense qu'il faut vraiment se focaliser, en tout cas dans cette période, sur ce rôle
08:57 important que joue l'ONU, y compris du reste à nos côtés, je tiens à le rappeler, pour
09:02 aider les populations.
09:03 Thierry Breton, cette guerre est aussi une guerre de l'information.
09:06 Première question, êtes-vous encore sur Twitter ?
09:09 Oui bien sûr, je suis sur Twitter, je suis sur Mastodon, je suis sur Blue Sky, je suis
09:15 sur Instagram, bien sûr, c'est normal.
09:16 Vous n'avez pas quitté la plateforme ?
09:17 Non, parce que c'est vrai que vous avez fait un tweet qui nous avait interrogés il y a
09:21 quelques jours où vous avez posté, un peu ironique, vous avez appelé les utilisateurs
09:26 de Twitter à rejoindre la nouvelle plateforme Blue Sky, où selon vous, l'herbe est plus
09:30 verte et le ciel plus bleu.
09:32 Grass is more green and sky is more blue.
09:35 Parce que vous avez écrit en anglais, c'est pour ça que je le dis en anglais.
09:38 Il y a des oiseaux qui sont migrateurs aussi, oui c'est vrai.
09:41 Bon voilà, je pense que ce qui est important, c'est qu'il y ait d'abord de la concurrence,
09:48 et il y a de la concurrence sur les réseaux, il va y en avoir de plus en plus du reste
09:52 grâce à l'organisation de l'espace informationnel, à la régulation que nous avons mis en Europe.
09:56 Voilà, il faut que nos auditeurs sachent qu'il n'y a pas que Twitter, mais il y a Wix,
10:01 puisque c'est désormais comme ça qu'on l'appelle.
10:03 Il y a des alternatives.
10:05 Bien sûr.
10:06 Dans le contexte du Proche-Orient, vous avez lancé des enquêtes contre X, contre Méta,
10:11 Facebook, Instagram, TikTok, pour la diffusion présumée de fausses informations, de discours
10:17 de haine.
10:18 Vous avez notamment interpellé directement Elon Musk avec une lettre de mise en garde
10:21 pour lui rappeler ses obligations.
10:23 Pouvez-vous nous dire exactement, Thierry Breton, en quoi a-t-il failli et qu'est-ce
10:27 que vous lui reprochez précisément ?
10:29 Merci de me poser la question parce qu'on est aujourd'hui, je faisais référence au
10:35 fait que nous sommes une très grande démocratie, 450 millions de concitoyens.
10:39 On est la première démocratie du monde libre à avoir mis en place une régulation de nos
10:46 réseaux.
10:47 Cette régulation, elle est mise en place depuis le 25 août, ça fait donc deux mois.
10:51 Et donc, il faut que l'ensemble des plateformes qui ont la chance, et je le dis, de venir
10:58 opérer en Europe, on leur offre cette possibilité.
11:01 C'est aussi une possibilité qui est offerte, bien entendu, à nos concitoyens de pouvoir
11:06 s'en servir.
11:07 Eh bien, il faut qu'ils respectent ces lois.
11:09 Il faut qu'ils respectent ces règles.
11:10 C'est compliqué, vous savez, une régulation sur l'espace informationnel, si on est les
11:14 premiers et les seuls à l'avoir fait, c'est que c'est pas facile, mais c'est absolument
11:17 indispensable et nécessaire.
11:18 Est-ce qu'ils ont contrevenu à ces règles ?
11:20 Oui, et donc, il faut qu'ils s'adaptent.
11:22 Il faut qu'ils s'adaptent et ils le font.
11:24 Et je tiens à le dire ici, tous le font, alors ils ont résisté, je ne vais pas me
11:28 cacher dans mon petit doigt, je peux vous dire que j'ai fait l'objet de campagne de
11:31 lobby que vous pouvez imaginer, mais c'est sans doute la règle du jeu.
11:35 C'est fait maintenant.
11:36 Et donc maintenant, ils ne résistent plus.
11:38 Maintenant, ils savent que c'est la loi.
11:40 Et donc, ils font tout pour l'appliquer.
11:42 Et je voudrais dire que, du reste, j'ai vu, on le voit avec mes équipes, j'ai maintenant
11:46 plus de 120 spécialistes qui sont maintenant, qui ont la charge de contrôler nuit et jour
11:51 ce qui se passe sur les réseaux.
11:52 Je peux vous dire qu'ils font tous les efforts et les progrès qui vont bien.
11:58 Certains plus que d'autres.
11:59 Si j'ai décidé d'écrire effectivement à certaines des plateformes, alors on parle
12:04 beaucoup de X, mais j'ai écrit aussi, vous l'avez rappelé, à Meta et à Zuckerberg,
12:09 à TikTok, mais aussi à Sander Pichai qui est le patron d'Alphabet et donc de YouTube.
12:14 Pourquoi je l'ai fait ? Je l'ai fait d'abord parce que, à la suite des événements dont
12:20 on vient de parler à l'instant, on a commencé à voir, on pouvait hélas s'y attendre,
12:25 une résurgence incroyable de propos qui sont tout à fait inacceptables, condamnables et
12:31 illégaux sur l'intégralité des plateformes qui opèrent en Europe.
12:35 C'est-à-dire l'explosion des insultes antisémites, anti-arabes, anti-musulmans.
12:39 Des appels au terrorisme et tout ce qui est interdit par nos lois.
12:42 Et donc, évidemment, j'ai tout de suite voulu prendre l'initiative de leur dire
12:46 "Attention, il se passe quelque chose de tragique.
12:50 Donc, surveillez encore plus ce qui se passe sur vos réseaux".
12:53 Ces lettres, c'était des lettres évidemment qui étaient des lettres qui engage, mais
12:58 c'est des lettres aussi qui rappelaient désormais la responsabilité.
13:01 C'est la première fois qu'on les désigne par rapport à leur responsabilité sur ce
13:05 qui se passe dans nos démocraties, sur ce qui se passe chez nous, sur ce qui se passe
13:09 pour nous.
13:10 Et c'est assez curieux parce qu'ils ont tous accepté et on leur avait donné 24 heures
13:15 pour répondre.
13:16 C'est vrai qu'au début, le seul qui a demandé "Mais quoi qu'est-ce ? Comment ? Mais que
13:19 me demande-t-on ?"
13:20 "On vous demande tout simplement de nous expliquer comment vous faites pour aujourd'hui
13:26 appliquer la loi à laquelle vous êtes soumise et comment vous faites pour anticiper ce qui
13:30 va se passer".
13:31 Eh bien tous nous ont dit "Voilà, c'est vrai, mes services".
13:34 Ils ont tout de suite rentré en contact après ça avec mes équipes et ils ont dit "Voilà,
13:38 vous voyez, on a donc augmenté tout de suite nos modérateurs, on a supprimé pour TikTok".
13:43 Je parle de TikTok parce que...
13:45 - TikTok a supprimé 4 millions de vidéos problématiques.
13:48 - D'abord ils nous ont dit le premier jour, après notre lettre, on en supprime tout de
13:50 suite 500 000.
13:51 Maintenant ils sont à 4 millions.
13:52 Ils ont maintenant 6 000 modérateurs qu'ils ont embauchés.
13:57 - Je vous le dis tout de suite, il y a beaucoup de questions sur l'appli sur TikTok de parents
14:02 qu'oralient "Quand allez-vous protéger nos enfants de face à TikTok ?"
14:06 - Eh bien voilà, on est en train de le faire de toute façon.
14:08 4 millions c'est pas rien de suppression.
14:10 C'est une modération qu'il n'y a jamais eue sur les réseaux.
14:14 700 uniquement pour la France.
14:16 Donc voilà, je dis pas que c'est parfait.
14:18 Mais en tout cas on a engagé pour les inciter à accélérer la mise en place de...
14:24 - Mais Thierry Breton, 3 semaines après les attaques en Israël, vous diriez que la désinformation
14:29 recule, est en baisse ? Vous diriez que les insultes antisémites ou anti-arabes sont
14:34 en baisse 3 semaines après ?
14:36 - Léa Salamé, l'espace informationnel, mon souhait, mon rôle, c'est qu'il soit désormais
14:43 autant protégé que l'espace physique.
14:45 Dans l'espace physique, Léa Salamé, on continue à voir des actes de cette nature.
14:50 Et il faut pas raconter l'histoire dans l'espace numérique, on continuera.
14:53 Mais on est là pour les contrôler.
14:55 Les zones de droit total, ça n'existe pas dans notre vie humaine, hélas.
15:00 - Vous avez raison Thierry Breton, mais si là, il y a quelqu'un, au standard, qui nous
15:04 envoie des insultes antisémites, on ne le prend pas, on le filtre.
15:07 Ce qui n'est pas le cas, il peut s'exprimer sur les réseaux sans problème.
15:11 - Oui, c'est de plus en plus le cas.
15:12 Et pour finir, je rappelle que nous sommes les actes que j'ai engagés, y compris les
15:18 enquêtes formelles pour trois des plateformes dont X, j'ai engagé des enquêtes formelles.
15:23 Elles vont nous permettre précisément de voir la façon dont ils prennent ce problème
15:28 en main et, le cas échéant, de les sanctionner, voire, vous savez, le juge peut, s'il le
15:32 décide, éventuellement les interdire momentanément si ça ne va pas.
15:35 Donc on est rentré dans cette procédure.
15:36 - Allez, on va au standard.
15:37 Jean-François nous appelle de Toulouse.
15:39 Bonjour, vous avez une question sur Elon Musk.
15:41 Et c'est ce sujet de l'information au sens large.
15:46 - Oui, tout à fait.
15:47 Donc malheureusement, on entend dire que les propos haineux sur le réseau social d'Elon
15:52 Musk continuent à être diffusés.
15:53 Donc ma question à Thierry Breton est la suivante.
15:56 Est-ce qu'il est prêt à prendre des sanctions financières dans le cas où justement ces
16:03 messages haineux continuent à être diffusés sur sa plateforme ? Puisqu'il a dit une
16:07 fois que c'était forte, ce qui est illégal en ligne et illégal sur ligne.
16:11 - Merci Jean-François pour cette question.
16:13 Thierry Breton vous répond.
16:15 - La réponse c'est oui.
16:16 Je voudrais juste le rappeler peut-être pour que nos auditeurs voient bien.
16:18 Évidemment, je le dis, cette loi, elle vient d'être mise en place.
16:21 Et nos co-législateurs, donc ceux qui l'ont votée, c'est-à-dire le Parlement européen
16:26 et le Conseil, ont décidé que pour que les États, mais aussi les plateformes, puissent
16:31 s'adapter, les sanctions ne pourront être prononcées que six mois après la mise en
16:35 place.
16:36 C'est le 17 février.
16:37 Donc on instruit les cas.
16:38 Mais je réponds effectivement à notre auditeur, oui, si jamais effectivement nous constatons
16:44 qu'il y a des faux, les sanctions seront prononcées.
16:46 Ce sera à partir du 17 février 2024.
16:48 - Dans une tribune du Monde, trois spécialistes des réseaux sociaux, Tristan Mendès, Franck
16:53 Julien, Pain, Rudy Reichstadt, appellent un "No Twitter Day".
16:57 Ce sera demain, c'est-à-dire la date du premier anniversaire du rachat de Twitter par Elon
17:03 Musk, grève du réseau social pour dénoncer la propagation des fake news, des contenus
17:08 haineux sur la planète.
17:09 Est-ce que vous allez tweeter ce jour-là ou vous vous associer au mouvement ?
17:13 - Non, non, je comprends.
17:14 D'abord, je respecte parfaitement ça.
17:16 D'autant que j'ai vu qu'il y a des signataires que vous connaissez bien et qu'on aime bien,
17:20 comme Etienne Klein, Soufiane Aram, etc.
17:23 Donc j'ai vu qu'ils sont effectivement déjà impliqués.
17:25 Mais moi, non, je suis évidemment le régulateur.
17:28 - Donc vous allez tweeter demain ?
17:30 - Oui, je voudrais juste dire que, vous savez, on a entendu dans ces discussions le fait
17:35 que, mais si c'est ça, on va se retirer de l'Europe.
17:38 Et puis après ça, il y a eu un rétro-pédalage.
17:40 Pas du tout.
17:41 C'est la moitié des utilisateurs aujourd'hui actifs qui sont en Europe.
17:43 Donc personne, il n'y a pas une plateforme qui peut aujourd'hui négliger ces utilisateurs
17:47 en Europe.
17:48 - La moitié des utilisateurs des plateformes sont en Europe actifs ?
17:50 - Non, non, non, je ne vais pas les retweeter sur Twitter.
17:51 Donc c'est un très gros marché.
17:52 C'est un très gros marché pour les plateformes.
17:54 Donc il faut aussi que les plateformes entendent ce qui se passe pour leur activité.
18:00 Pour leurs clients et leurs usagers.
18:01 - Vous l'avez rencontré, Elon Musk.
18:02 Il vous fascine ou il vous fait peur ?
18:05 - Non, ni l'un ni l'autre.
18:06 Et du reste, je ne suis pas du tout dans ce contexte.
18:09 - Mais il est quoi ? Il est une icône de la liberté d'expression ou il est un danger
18:13 pour la démocratie ?
18:14 - Non, ni l'un ni l'autre.
18:15 Elon Musk est Elon Musk.
18:17 Twitter est une entreprise.
18:18 Et je fais la différence entre l'entreprise et l'actionnaire ou les actionnaires.
18:23 Twitter, en tant qu'entreprise, a à répondre désormais à la loi.
18:27 Et du reste, c'est très intéressant parce que lorsque j'ai écrit à l'ensemble des
18:34 quatre plateformes et à leurs responsables, il y a la différence entre le président
18:40 du conseil d'administration et la direction générale.
18:43 La directrice générale de Twitter est tout de suite rentrée en contact avec nos équipes
18:45 et la coopération a été active.
18:49 Elle n'est pas suffisante encore puisque nous avons ouvert une enquête formelle, mais
18:52 elle a été active.
18:53 - L'avis n'est pas simple, Thierry Breton, parce qu'il y a plusieurs Elon Musk et des
18:56 aussi patrons de SpaceX.
18:58 Avec le retrait des Soyouz russes, le retard d'Ariane 6, l'agence spatiale européenne
19:04 n'a pas eu d'autre possibilité que de choisir SpaceX pour lancer les quatre prochains satellites
19:09 du système européen Galileo.
19:11 La commission doit valider.
19:13 Vous avez donné le feu vert ?
19:15 - Alors, sur l'espace, la politique de lanceur n'est pas à la main de la commission.
19:22 On peut le regretter parce que peut-être que ça se passerait un peu différemment parce
19:26 que c'est vrai que c'est à la main de l'ESA.
19:27 L'ESA a fait des choses formidables, notamment on envoie des sondes, beaucoup d'activités
19:32 scientifiques.
19:33 On ne peut pas dire que l'ESA a totalement réussi sa mission en ce qui concerne les
19:36 lanceurs.
19:37 C'est le moins de le dire.
19:38 Deux choses.
19:39 D'abord, évidemment, il y a eu...
19:40 Du reste, je l'aurai dit assez clairement parce que je suis le plus grand utilisateur
19:45 institutionnel des satellites et des lanceurs.
19:49 Donc, est-ce que je suis satisfait de ça ? La réponse est non.
19:52 Qu'est-ce qui s'est passé ?
19:54 Il y a eu Ariane 5, Ariane 5 a été arrêtée et on pensait donner le temps à Ariane 6
20:00 que nous soutenons, je le redis.
20:01 Ariane 6 sera une formidable fusée, un formidable lanceur.
20:04 On a voulu donner le temps aux équipes de développer Ariane 6 et entre-temps en faisant
20:09 appel à Soyouz.
20:10 Donc, à partir du moment où on a arrêté Ariane 5, on avait perdu, je veux dire un
20:14 peu momentanément cet accès à l'espace.
20:17 Il s'est passé, personnellement, c'est peut-être pas ce que j'aurais fait, mais c'est ce qui
20:22 s'est passé.
20:23 Il s'est passé qu'évidemment, il y a eu la guerre en Ukraine et donc on a coupé,
20:27 heureusement et fort heureusement, tout contact avec la Russie, en particulier sur Soyouz
20:32 et qu'entre-temps, Ariane 6 a pris du retard.
20:35 Donc, oui, à votre question, donc oui, j'ai demandé en tant que moi responsable du fonctionnement
20:43 de nos constellations et en particulier de la constellation Galiléo.
20:46 Pour nos éditeurs, c'est la constellation qui fait le positionnement par satellite.
20:49 Nous avons 2 milliards de clients.
20:50 Elle est beaucoup plus puissant et performant que le GPS.
20:53 Tout ce que vous faites aujourd'hui en positionnement en Europe, c'est sur Galiléo, la constellation
20:57 européenne.
20:58 Pour que celle-ci fonctionne, il faut que nous lancions, il faut que je lance impérativement
21:01 2 satellites l'année prochaine.
21:03 Et donc, dans la mesure où il y a du retard, momentanément et pour finir, momentanément
21:08 effectivement, l'ESA nous a proposé de faire appel à SpaceX.
21:12 J'ai donc donné mon accord sous réserve, que nous ayons, c'est très important, que
21:17 nous ayons finalisé les accords de confidentialité et de sécurité sur la base de lancement
21:23 parce que les satellites Galiléo sont extrêmement sécurisés.
21:25 Il faut donc que les États-Unis nous autorisent à accompagner et à faire en sorte que nous
21:30 soyons certains que personne n'approche ces satellites avant qu'ils soient lancés.
21:34 On est en train de finaliser et si on finalise ça, oui, il y aura donc ces 2 lancements.
21:39 Sauf si, ce que nous espérons toujours, Ariane 6 peut le faire avant.
21:44 Mais donc, on est obligé de sécuriser.
21:46 - Thierry Breton, beaucoup de questions d'auditeurs sur l'appli d'Inter et des questions passionnantes.
21:50 Ils sont passionnés par vos domaines, les domaines que vous traitez.
21:53 Donc, réponse rapide, Evan de Grenoble.
21:55 "Monsieur Thierry Breton, où en sommes-nous sur l'herbuce de l'énergie ? Comptons-nous
21:58 un jour réagir ou se résigne-t-on à importer panneaux solaires et véhicules électriques
22:01 chinois pour le prochain siècle ?
22:03 - Non, on ne se résigne pas du tout et je me résigne, vous me connaissez, je ne me
22:06 résigne pas du tout et c'est la raison pour laquelle nous avons mis sur pied cet nouvel
22:11 acte législatif qui nous permet désormais de financer, comme le font les Chinois, comme
22:17 le font les Américains, donc les industries qui sont les industries dites de la "cleantech"
22:21 qui sont indispensables.
22:22 C'est vrai qu'on a perdu cette maîtrise sur les panneaux solaires, on est en train
22:25 de la retrouver, on le fait aussi sur les éoliennes, on le fait aussi sur tous les
22:29 composants clés, notamment en matière d'hydrolyseurs.
22:31 Non.
22:32 - Est-ce qu'on se résigne, Karim, question de Lyon, qu'en est-il des projets d'intelligence
22:36 artificielle d'IA européens ? Je rappelle ce chiffre quand même, sur les 100 personnes
22:39 clés de l'intelligence artificielle dans le monde, 9 sont nées dans un pays membre
22:44 de l'Union, seulement 2 travaillent dans l'Union européenne.
22:47 - Oui, alors je ne sais pas comment on calcule les 100 personnes clés.
22:49 - C'est une étude du Média, le grand continent.
22:52 - Oui, très bien, c'est bien, je ne peux pas les contester, mais ce que je veux dire
22:55 c'est que là aussi, l'intelligence artificielle, et notamment pour le développement, c'est
22:59 d'abord des règles, on est en train de les finaliser.
23:01 L'année dernière, nous avons eu le troisième trilogue, donc c'est notre discussion entre
23:06 le Parlement et le Conseil pour finaliser notre acte législatif pour, je dirais, mettre
23:12 des garde-fous sur l'intelligence artificielle.
23:14 Je pense qu'on aura conclu d'ici la fin de l'année.
23:17 C'est aussi, et je le dis parce que c'est très important, l'intelligence artificielle,
23:20 c'est évidemment les algorithmes, et c'est donc toute l'expertise, notamment de nos
23:24 jeunes qui, aujourd'hui européens, qui sont parmi les plus performants au monde, mais
23:29 c'est surtout de la puissance de calcul.
23:31 Et voyez-vous, pour permettre à l'Europe d'être l'un des leaders en matière d'intelligence
23:36 artificielle, nous sommes le premier continent à offrir la plus grande puissance de calcul
23:39 avec 16 supercalculateurs qui sont mis à disposition dans le cadre d'EuroHPC pour
23:44 les start-up, gratuitement, pour développer leurs applications.
23:46 Alors si on demandait à Chad Jipiti pour la dernière question, Thierry Breton, tête
23:49 de liste renaissance aux élections européennes, mythe ou réalité, il nous répondrait quoi ?
23:53 Je vais interroger Chad Jipiti.
23:56 C'est une option ? Vous en avez envie ?
23:58 Dans mes fonctions, je dirais qu'on n'en a envie de rien.
24:05 J'ai accepté avec vraiment beaucoup d'enthousiasme celle d'être commissaire européen.
24:09 Je le ferai jusqu'au bout.
24:11 Pour le reste, évidemment, je soutiendrai ma famille politique, bien évidemment, y
24:16 compris dans le cadre des élections européennes, et je n'ai que cet objectif.
24:20 Et puis pour le reste, je pense que la liste renaissance va faire un très bon score.
24:28 Beaucoup mieux que ce que les gens le pensent.