Commission européenne : "Personne n’a eu ma peau, c’est moi qui ai démissionné", lance Thierry Breton
"Personne n’a eu ma peau, c’est moi qui ai démissionné, parce que j’ai estimé que je devais le faire", a assuré Thierry Breton, ex-commissaire européen au Marché intérieur, invité de Questions politiques dimanche sur France Inter.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-22-septembre-2024-4884016
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00:00Bonjour, ravie de vous retrouver dans Question politique, l'émission politique du dimanche
00:14sur France Inter, diffusée sur France Info, la télé et en partenariat avec le journal
00:18Le Monde.
00:19Cette fois, on y est, la France a un Premier Ministre et depuis hier, une équipe gouvernementale.
00:25Jamais la composition d'un nouveau gouvernement sous la Vème République n'aura été aussi
00:29compliquée.
00:30Les tractations ont été laborieuses et rien ne dit que l'équilibre d'aujourd'hui,
00:35qui penche à droite, tienne véritablement longtemps.
00:37Voilà pour l'exécutif français et puis, il y a l'exécutif européen, là aussi,
00:42ça se chamaille et c'est tendu, le commissaire européen français Thierry Breton a décidé
00:46cette semaine de démissionner à quelques heures de la présentation de la nouvelle
00:51commission.
00:52Démission fracassante et inattendue, que s'est-il passé au plus haut niveau européen
00:57et avec quelles conséquences pour la France ? On en parle avec le principal intéressé,
01:02Thierry Breton, qui a accepté notre invitation sur France Inter, France Info, Le Monde,
01:07dans Question Politique, ce dimanche, en direct et jusqu'à 13h.
01:10Questions politiques.
01:11Karine Bécard sur France Inter.
01:17Bonjour Thierry Breton.
01:19Bonjour.
01:20Merci d'avoir choisi Question Politique.
01:21Merci de m'accueillir.
01:22Pour venir s'exprimer sur tout ce que je viens de dire avec moi pour vous interviewer, Nathalie
01:26Saint-Cricq de France Télévisions et Françoise Fressoz du journal Le Monde.
01:29Bonjour à toutes les deux.
01:30Bonjour à toutes et tous.
01:32On va commencer avec nos images de la semaine.
01:36Comme chaque dimanche, vous allez nous raconter ce qui vous a marqué, en particulier dans
01:39l'actualité.
01:40Thierry Breton, qu'est-ce que vous avez repéré ? Quelle est l'image que vous avez sélectionnée
01:44?
01:45Eh bien, j'ai sélectionné une image qui vient des Etats-Unis, de la Pennsylvanie,
01:51Semal Island.
01:52On s'en souvient, en tout cas, tous ceux qui suivent l'actualité du nucléaire s'en
01:57souviennent, évidemment.
01:58C'était en 1979, le premier incident grave dans une centrale nucléaire, très grave.
02:05J'étais moi-même du reste aux Etats-Unis à l'époque et je m'en souviens presque
02:07comme si c'était hier, avec des répercussions évidemment très fortes sur le fait que pendant
02:12dix ans, on n'a plus construit une centrale nucléaire aux Etats-Unis.
02:14Et puis après, on s'en souvient, on a eu Tchernobyl en 86.
02:16Et puis on s'en souvient qu'on a eu ensuite Fukushima en 2011.
02:20Et qu'est-ce qui se passe aujourd'hui en Pennsylvanie, à Semal Island ?
02:25Eh bien, non seulement on a redémarré le réacteur nucléaire, mais on utilise une
02:31tranche complète, c'est-à-dire un réacteur complet pour Microsoft, avec un contrat que
02:36vient de signer Microsoft pour les 20 prochaines années, pour pouvoir avoir besoin de pouvoir
02:41utiliser l'électricité décarbonée pour ces data centers, pour ces besoins de stockage
02:48de données et d'intelligence artificielle.
02:50Et ça dit tout, me semble-t-il, ou beaucoup en tout cas, du monde dans lequel nous entrons,
02:55c'est-à-dire un monde où il va falloir avoir beaucoup plus d'énergie électrique.
02:59Par parenthèse, en 2030, 10% de notre consommation en Europe sera une consommation qui sera
03:07absorbée par l'exploitation de ces data centers pour stocker nos données, pour entraîner
03:12nos modèles d'intelligence artificielle.
03:15Alors, on n'est pas prêt, mais il est temps d'y préparer.
03:18Françoise, image beaucoup plus politique pour Françoise Ressos.
03:21Alors, j'ai choisi, évidemment, ce qui est arrivé hier soir, c'est-à-dire ce qu'on
03:25n'attendait plus, c'est le nouveau gouvernement, le gouvernement de Michel Barnier.
03:3139 membres, un gouvernement pléthorique et en même temps déséquilibré puisqu'il penche
03:36à droite. Il scelle l'alliance des macronistes avec LR et au fond, aussi, ferme la porte
03:41ou peut-être pas ferme la porte, mais en tout cas, ne comporte qu'un divers gauche qui
03:45est Didier Migaud.
03:47Alors, c'est un attelage extrêmement fragile parce que c'est un gouvernement qui reste
03:50minoritaire à l'Assemblée nationale.
03:53Sa légitimité démocratique est mise en cause à la fois par le Rassemblement national,
03:57qui estime avoir remporté le premier tour des législatives, par la gauche qui estime
04:01avoir remporté le deuxième tour des législatives.
04:03Son principal mérite, c'est au fond d'avoir été constitué parce que la France pouvait
04:08difficilement rester dans l'état d'apesanteur politique dans lequel il était.
04:13Onze semaines de quasi paralysie.
04:15Son principal défi sera essayer d'apporter un début de réponse à la crise des finances
04:20publiques, de durer suffisamment longtemps le temps d'adapter un budget qui prend l'eau
04:27partout. Et ça, ça vous résume quand même l'ampleur de la crise, à la fois budgétaire
04:31et politique, dans lequel on est tous collectivement placés.
04:34Alors, le budget, on aura l'occasion d'en parler, mais ce gouvernement, votre réaction,
04:37Thierry Breton ?
04:38Oui, je crois que vous venez de le dire, c'est un gouvernement qui est clairement de
04:42centre droit, mais par parenthèse.
04:44Voir qu'il penche sérieusement à droite.
04:46Oui, alors, on avait avant un gouvernement qui était un gouvernement avec une majorité
04:49relative, certes, à l'Assemblée nationale, qui était ensemble macronienne, macroniste
04:55et sous, du reste, le contrôle quelque part des Républicains.
04:59On a maintenant une coalition, enfin, j'allais dire, entre précisément Renew,
05:05Renaissance et les Républicains.
05:08Évidemment, on s'en vient un peu sous le contrôle, quand même, de l'extrême droite
05:13et de Marine Le Pen.
05:14Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
05:15Qu'est-ce que ça nous dit ?
05:17Comment ça nous parle, tout ça ?
05:19Eh bien, ça nous dit tout simplement qu'en France, comme en Europe, il va y avoir des
05:23élections aujourd'hui très importantes dans le Brandenburg, en Allemagne.
05:25L'Europe est en train de passer massivement, significativement à droite.
05:30Ne nous y trompons pas.
05:31Quinze Etats sur les 27 qui constituent l'Union européenne sont à droite, certains plus
05:37que d'autres. On peut penser à la Suède, on peut penser aux Pays-Bas, on peut penser,
05:41évidemment, à l'Italie.
05:43C'est ça, l'Europe dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
05:46Donc, effectivement, moi, d'abord, je voudrais dire que 15 jours pour avoir constitué un
05:52gouvernement comme ça, c'est presque un exploit au regard de ce qui se passe pour
05:56bâtir des coalitions dans les autres pays européens.
05:59Mais la coalition, elle est bancale, quand même, il n'y a pas vraiment d'accord très,
06:02très, très.
06:03C'est une coalition à la française.
06:04Mais regardez d'où on vient.
06:05Mais ça veut dire quoi, une coalition à la française, ça n'existe pas les coalitions en France.
06:08Eh bien, ça veut dire qu'effectivement, d'abord, on voit que dans tous les pays européens
06:11aujourd'hui, je dis bien tous sans exception, on bâtit des coalitions.
06:15Pourquoi ? Parce que notre classe politique, elle est maintenant fragmentée partout en
06:19Europe. Les réseaux sociaux jouent beaucoup du reste pour cela.
06:23Et donc, aujourd'hui, il n'y a plus un seul pays où on peut avoir une majorité absolue
06:27avec un seul parti. Donc, il faut que nous aussi en France, on apprenne à vivre ensemble,
06:32faire des campagnes, être dur avec les campagnes pendant les campagnes.
06:35On a parlé tout à l'heure de la Commission européenne, on a fait campagne, on a fait campagne,
06:38on est peut-être dur les uns les autres pendant les campagnes.
06:41Dire à Mme von der Leyen, si elle n'est pas de votre parti, qu'on n'est pas de son parti.
06:45Mais après, se remettre ensemble pour travailler ensemble.
06:47C'est ça, la culture de coalition.
06:50Et il faut l'avoir partout.
06:51En France, on ne l'avait pas encore.
06:53Alors, on avance.
06:55Certes, on peut regretter qu'il n'y ait peut-être pas assez de centre-gauche qui
07:02rejoint ce gouvernement.
07:04Mais est-ce qu'il n'y a pas eu la faute originelle quand même de ne pas appeler en premier un gouvernement
07:08issu du Nouveau Front populaire, quitte à ce qu'il se laisse battre ?
07:10Mais il y a maintenant, au sein de la gauche, cette accusation qu'au fond, c'est un déni de démocratie
07:15et qu'Emmanuel Macron n'en fait qu'à sa tête.
07:19Et d'ailleurs, pardonnez-moi, je prolonge, c'est est-ce qu'effectivement, ce gouvernement
07:22correspond finalement aux résultats des élections législatives ?
07:24Puisque vous me posez la question, sincèrement, je pense que le président de la République a eu raison.
07:30Pourquoi ?
07:31Parce qu'au fond, on parle de coalition.
07:33L'NFP, c'est une coalition, ce n'est pas un parti.
07:36Qu'est-ce qu'a dit le président de la République ?
07:38Il a dit, venez me voir ceux qui peuvent bâtir des coalitions
07:41et dites-moi combien vous avez de députés qui vous soutiennent.
07:44193, on dit le NFP, et pas beaucoup plus.
07:47On se souvient du reste, comment Mélenchon avait fermé la porte
07:50en disant que c'était tout son programme, rien que son programme, fermant la porte à d'autres.
07:55Il a dit, est-ce que d'autres sont prêts ?
07:58Oui, ils sont prêts, puisqu'aujourd'hui, ils viennent avec 230.
08:01Donc oui, mais pardon, c'est quand même une petite différence, certes.
08:05On n'est pas à 289, une fois la majorité absolue.
08:07Mais on n'était pas non plus dans l'assemblée précédente.
08:13Donc oui, le président de la République, il a appelé des coalitions.
08:16Aujourd'hui, celle-ci, force est de constater qu'elle est plus solide que l'autre.
08:20Et bien voilà, nous avons un gouvernement issu de cette coalition.
08:23Rien ne dit que Bernard Cazeneuve serait fait, comment dire, censuré.
08:27Parce que quand on entend François Hollande, vous me direz, un peu tard,
08:29qui aurait pu le dire avant.
08:31En ce moment, en politique, les uchronies volent bas.
08:36Vous reviendrez quand il y aura une autre chronique.
08:38Une dernière question que je ne peux pas m'empêcher de vous poser.
08:40Vous y seriez allé ou pas, si on vous l'avait demandé ?
08:42Non, ce n'était vraiment pas programmé pour moi.
08:45D'abord, c'est toujours difficile de répondre à cette question.
08:47Mais on vous l'a demandé ou pas ?
08:48Non, d'abord, on ne me l'a pas demandé.
08:49C'est toujours difficile, parce que quand on est...
08:51C'est ma vie.
08:53Très motivé, mobilisé sur l'intérêt général.
08:56C'est difficile de dire non, d'abord, comme ça.
08:58Sans connaître le contexte.
08:59Donc, j'entends les gens qui disent non, etc.
09:01Moi, ma vie a été faite ainsi.
09:05Je n'ai jamais demandé quoi que ce soit.
09:07On est toujours venu me chercher.
09:09Quelquefois, du reste, sans tant que je n'avais plus les moyens,
09:12j'ai décidé de partir moi-même.
09:13On va peut-être en reparler.
09:14On termine les images de la semaine avec vous, Nathalie.
09:17Et ce procès qui percute tout entièrement notre société.
09:20Ce n'est pas une émission politique, même si tout est politique,
09:22de façon générale, puisque ça touche à la vie de la cité.
09:24C'est le procès dont tout le monde a vu des images de Gisèle Pellicot.
09:27Enfin, d'eux.
09:28C'est elle qui est la victime, bien sûr, de son mari Dominique Pellicot.
09:31Tout a été dit, ou presque, sur ce sujet.
09:34Tout son passe de l'effroi au dégoût, à l'envie de savoir,
09:38puis l'envie de ne pas savoir, parce que les détails sont scabreux.
09:41C'est quelque chose qui mobilise la France entière.
09:44Je voulais juste attirer l'attention des auditeurs sur trois choses.
09:47D'abord, que c'est grâce à un vigile de supermarché
09:52et aux policiers, aux gendarmes, qui n'ont pas dit à ce monsieur, son mari,
09:56qui filmait sous les jupes des femmes,
09:58« Arrêtez, si vous recommencez la prochaine fois, ça va être un problème,
10:01mais circulez, il n'y a rien à voir. »
10:03Parce qu'il aurait très bien pu continuer.
10:05Et c'est grâce à cette vigilance de tout moment,
10:07en disant que c'est inqualifiable de faire des choses pareilles,
10:10que la police, que les gendarmes ont été mis sur l'affaire,
10:12qu'on a remonté toute la file.
10:14Donc, bravo à ceux qui ne considèrent pas que dans le quotidien,
10:17il y a des choses qu'on peut passer sans pour autant devenir hystériques.
10:20Courage et bravo aussi, attention au refus du huis clos.
10:23Le huis clos, ça peut donner des choses épouvantables,
10:25notamment à propos des vidéos et des images,
10:27mais au moins, elle ne s'est pas planquée.
10:29Elle aurait pu dire, « Mon but, c'est d'avoir la paix, que j'justise pas. »
10:32Oui, la fronte.
10:34Souvent, il y a pas mal de gens pour lesquels avoir la paix
10:36est la quintessence de l'objectif dans la vie.
10:39Et puis, dernier point pour noter que les monstres,
10:41c'est des gens qu'on croise tous les jours,
10:43et qu'il ne faut pas s'imaginer que ce sont des gens
10:45qui ont des grands cheveux, des grandes têtes, des formes.
10:48On peut être monstrueux dans la vie quotidienne,
10:50on peut être monstrueux qu'on soit riche ou pauvre,
10:52et quels que soient les aspects, je ne dis pas ça en disant
10:54qu'il faut faire attention à tout le monde,
10:56mais qu'il ne faut pas fantasmer sur le fait que ça se verrait,
10:58surtout dans les domaines de la sexualité.
11:07Alors, y a-t-il eu démission ou éviction ?
11:10Tout cela s'est passé lundi dernier.
11:12D'un côté, la présidente de la Commission européenne,
11:14Ursula von der Leyen, a fait savoir
11:16qu'elle ne pouvait plus travailler avec vous, Thierry Breton,
11:19et de votre côté, vous avez publié un tweet plutôt amusant.
11:23Vous annonciez très tôt, lundi matin,
11:25votre nouveau profil de commissaire européen,
11:28une œuvre d'art, un carré blanc,
11:30qu'on est en train de découvrir derrière vous,
11:33sur le plateau de questions politiques,
11:35manière de dire que vous alliez devenir, je ne sais pas, transparent.
11:38Thierry Breton, qu'est-ce qui s'est passé lundi dernier ?
11:40Racontez-nous, vous avez été commissaire européen,
11:42je le rappelle, ces cinq dernières années,
11:44avec un énorme portefeuille,
11:46le marché intérieur, l'industrie, la défense, le numérique.
11:49Vous avez joué un rôle de premier plan
11:51pendant la crise du Covid.
11:53Idem, depuis le début de la guerre en Ukraine,
11:56vous avez été un commissaire imposant, influent.
12:00Pourquoi est-ce que vous avez claqué la porte
12:02de la Commission européenne cette semaine ?
12:05Dans les moments, je vois que le tableau...
12:08Je suis maintenant de nouveau au centre du tableau, là,
12:11sur l'image.
12:13Voilà. Dans les moments difficiles,
12:15c'est des moments difficiles, c'est des moments importants.
12:17Quand on prend ce type de décision, Karine Bécard,
12:19on ne le prend pas à la légère.
12:21On peut aussi avoir un petit trait d'humour.
12:23Ce n'est pas interdit.
12:25C'est un peu ce que j'ai fait,
12:27parce que j'ai commencé par cette image.
12:31Je crois qu'un certain nombre ont été surpris.
12:33Peut-être vous également.
12:35On s'attendait, oui.
12:36Eh bien, moi aussi, figurez-vous.
12:38En ce qui concerne, précisément,
12:40l'évolution que j'ai vue arriver
12:43sur la nouvelle Commission.
12:45Expliquez-nous.
12:47En deux mots,
12:49je ne vais pas faire toutes les missions là-dessus,
12:51si vous le permettez.
12:52Je vous suis, évidemment.
12:54Mais en deux mots,
12:56le président de la République,
12:58Emmanuel Macron,
13:00avait indiqué en juin
13:02que je serais le candidat de la France.
13:04En juillet, alors que la présidente écrit,
13:06c'est son devoir institutionnel,
13:08à l'ensemble des 27 chefs d'État et de gouvernement,
13:12de désigner qui sera celui ou celle
13:14qui sera le prochain commissaire européen.
13:17Emmanuel Macron, on est le 24 juillet.
13:19Le 25, dès le 25, il indique que je serai.
13:21Il me fait cette honneur.
13:23Donc, ce sera moi.
13:25Et puis, ça continue comme ça.
13:27Et puis, quelques jours avant,
13:29alors qu'on discutait des portefeuilles,
13:31j'ai compris qu'il y avait cette espèce de discussion.
13:35Au plus haut sommet de l'État et de la Commission.
13:39Donc, entre Oursula van der Leyen et M. Macron.
13:41De dire, effectivement,
13:43si c'est Thierry Breton.
13:45Là, on est quand même à quelques jours de l'impact.
13:47Donc, on peut s'étonner.
13:48Pourquoi il n'y a pas eu ces discussions avant ?
13:50Ça, c'est quand même la vie politique.
13:52On n'est pas des naïfs.
13:53On n'est pas des perdreaux de l'année.
13:55Donc, on le respecte, encore une fois,
13:57y compris quand on accepte ses fonctions.
13:59Voilà.
14:01Il y a eu, effectivement,
14:03cette discussion.
14:04Ou bien, c'est Thierry Breton,
14:06mais il aura un plus petit portefeuille pour la France.
14:08Ou bien, c'est un autre,
14:10et il aura un plus grand portefeuille.
14:12Alors, moi, j'ai eu quand même une explication.
14:14D'abord, pardon.
14:16Mais donc, lorsque j'ai vu qu'on en était là,
14:18et que la décision finale n'était pas encore prise,
14:20j'ai estimé, Karine Bécard,
14:22que dans ce contexte,
14:24puisque je voyais, effectivement,
14:25la décision qui était en train d'être prise,
14:27et je ne la conteste pas.
14:28Encore une fois...
14:29Vous ne la contestez pas.
14:30M. Macron vous a lâché, là, quand même.
14:32Je ne la conteste pas.
14:33C'est le Président de la République qui décide.
14:35C'est lui qui décide.
14:37C'est lui qui décide, effectivement,
14:39qui sera le prochain candidat
14:41comme commissaire européen.
14:44J'ai compris qu'il y avait, effectivement,
14:46cet enjeu, soit un plus grand portefeuille
14:48avec quelqu'un d'autre, soit un plus petit.
14:50Son choix a été son choix.
14:52Je le respecte.
14:53Mais lorsque j'ai compris que tel allait être son choix,
14:55j'ai estimé que, dans ces conditions,
14:57eh bien, je n'avais plus ma place
15:00au sein de ce collège,
15:01et j'en ai tiré les conséquences.
15:03Je vous le dis, vous me voyez aujourd'hui.
15:05Sans acrimonie aucune.
15:07Parce que lorsque l'on accepte
15:10de faire de la politique à ce niveau,
15:13eh bien, on doit prendre ses responsabilités.
15:16On doit travailler aussi nuit et jour.
15:18Vous savez, le temps qui vous est donné est court.
15:20Donc, c'est ce que j'ai essayé de faire.
15:21Cinq ans, c'est à la fois beaucoup, mais c'est court.
15:23Et puis, si vous estimez que vous n'avez plus les conditions,
15:25vous en tirez les conséquences.
15:27Est-ce que vous vous sentez lâché par le président de la République ?
15:30Non, pas du tout.
15:31Car, encore une fois, ce sont des discussions
15:33sur les cinq prochaines années.
15:35Mais c'est du chantage, en fait.
15:36C'est du chantage de la part d'Ursula von der Leyen.
15:38Ecoutez, j'ai donc écrit dans ma lettre,
15:40parce qu'à la suite du petit tableau blanc,
15:43il y avait ma courte lettre de démission.
15:46Elle était, je crois, très explicite.
15:48Très dense, oui.
15:49Très explicite.
15:50Et donc, j'ai indiqué, effectivement, qu'il y avait aussi...
15:52Vous l'avez rappelé tout à l'heure dans votre présentation,
15:55un ou deux moments où je me suis interrogé
15:57sur des problèmes de gouvernance.
15:59Gouvernance douteuse.
16:00De gouvernance.
16:01Donc, la gouvernance, c'est important.
16:03C'est important.
16:04Si j'estime...
16:05Encore une fois, je ne critique personne.
16:07Si j'estime que je ne suis pas à l'aise avec cette gouvernance,
16:11eh bien, j'en tire les conséquences.
16:13Et ça a été fait.
16:14Est-ce qu'il y a des précédents
16:16où des États n'ont pas calé,
16:19en disant, vous ne l'aimez peut-être pas,
16:21mais c'est comme ça, c'est notre choix,
16:22et que ça a marché quand même ?
16:24Mais, vous savez, l'Atelier Saint-Cricq...
16:26Non, mais il y a des jours d'expérience de démission à la maison.
16:28Non, mais la question que vous posez à l'Atelier Saint-Cricq,
16:30c'est qu'effectivement, il y a eu des discussions
16:32sur des problèmes de parité, vous savez...
16:34Mais le parité, vous n'étiez pas concerné,
16:35puisque vous n'étiez pas renouvelé.
16:36En renouvellement, la parité ne concernait pas
16:38ce qui était renouvelé.
16:39Mais du reste, lorsque l'on regarde...
16:41Je voudrais juste aller...
16:42C'est très intéressant, parce que le lendemain,
16:44le lendemain, Mme von der Leyen
16:46a présenté au Parlement européen
16:48son nouveau collège, sa nouvelle structure.
16:50C'est intéressant de s'attarder une seconde,
16:52parce que vous avez beaucoup de réponses
16:54aux questions que vous vous posez, légitimement,
16:56et que je me suis posé moi-même aussi, légitimement,
16:58je tiens à vous le dire, comme beaucoup d'entre vous.
17:00Eh bien, lorsque vous voyez la nouvelle organisation,
17:02et je ne la critique pas, c'est son choix,
17:04elle a la responsabilité de le faire.
17:06On avait trois exécutifs vice-présidents
17:08dans la dernière commission,
17:10il y en a six aujourd'hui.
17:12Donc c'est mieux ou pas ?
17:14Il n'y a plus que trois commissaires
17:16qui restent.
17:18Les autres sont partis
17:20ou on a incité à ce qu'ils partent.
17:22Donc il y a un peu moins d'expérience.
17:24Je ne dis pas du tout que les nouveaux
17:26ne veulent pas en manquer.
17:28Mais en tout état de cause,
17:30il n'y en a plus que trois.
17:32Ce qui est quand même assez inédit dans l'histoire
17:34d'une institution. D'habitude, il y a beaucoup plus,
17:36je dirais, de superposition
17:38d'un collège à l'autre.
17:40Et puis derrière, sur les six exécutifs vice-présidents,
17:42qui sont un peu les primus inter pares,
17:44on va dire, au sein de la commission,
17:46tous sont nouveaux.
17:48Dans la commission précédente,
17:50il y avait parmi les trois exécutifs vice-présidents,
17:52deux, le Slovaque,
17:54Maroš Šefković,
17:56le Letton, Valdis Dombrovskis,
17:58étaient exécutifs vice-présidents.
18:00Ils ont été rétrogradés commissaires simples.
18:02Mais c'est elle, ça ?
18:04C'est son choix.
18:06C'est son autoritarisme ?
18:08C'est son choix. Elle estime que c'est comme ça qu'elle veut.
18:10Mais je ne fais que lire
18:12pour avoir peut-être des éléments de réponse.
18:14Des premiers éléments de réponse à vos questions.
18:16Ça veut donc dire qu'aujourd'hui, vous avez six exécutifs vice-présidents
18:18qui sont tous nouveaux.
18:20Il vous en reste deux d'anciens exécutifs vice-présidents
18:22qui ont été dégradés au rôle de simples commissaires.
18:24Et vous avez ensuite,
18:26évidemment, une organisation
18:28qui est peut-être un peu plus verticalisée.
18:30Mais vous savez...
18:32Mais c'est tout ce qui vous choque dans cette architecture européenne ?
18:34Mais non, mais moi, encore une fois,
18:36rien ne me choque.
18:38Je tire les conséquences que je dois tirer
18:40au moment où je dois les tirer.
18:42Vous savez, on dit
18:44qu'à la Commission européenne, on a un collège.
18:46C'est important, les mots. Qu'est-ce que ça veut dire, un collège ?
18:48Un collège, ça veut dire que c'est le traité.
18:50C'est le traité européen.
18:52Un collège, c'est que tous les commissaires sont égaux.
18:54Ils sont envoyés par l'un des 27.
18:56C'est la force du reste de notre modèle européen.
18:58Que vous soyez envoyé par Malte,
19:00ou par l'Allemagne, ou par la France, vous avez le même poids.
19:02Donc il faut veiller à ce que ce poids,
19:04effectivement, soit maintenu
19:06au sein du collège et que les discussions soient
19:08horizontales et non verticales.
19:10Est-ce que c'est mauvais pour la France ?
19:12Est-ce que c'est la puissance ?
19:14Est-ce que la France a perdu son influence ?
19:16Est-ce que c'est mauvais ou est-ce que c'est bon ?
19:18Et qu'est-ce qu'elle veut ?
19:20Pourquoi elle veut dominer tout le monde ?
19:22Je ne peux répondre à cette question.
19:24Je peux simplement vous dire
19:26que, en ce qui me concerne,
19:28j'ai été très attentif
19:30à une chose.
19:32C'est que, évidemment,
19:34le couple franco-allemand,
19:36il est un moteur essentiel
19:38de la construction européenne.
19:40Même si, il ne faut pas se mentir,
19:42et vous le savez comme moi,
19:44il a été un peu branc-ballant au cours des dernières années.
19:46On avait une présidente,
19:48on a une présidente de la Commission qui est allemande.
19:50Et c'est très bien.
19:52Les chefs d'État et de gouvernement
19:54ont décidé, après beaucoup de discussions,
19:56ce n'était pas gagné, vous l'avez suivi cette campagne,
19:58de finalement redonner un deuxième mandat
20:00à Mme von der Leyen.
20:02C'est-à-dire,
20:04d'accepter que pendant 10 ans,
20:06ce soit, quelque part,
20:08l'Allemagne,
20:10par son représentant au sein de la Commission,
20:12qui dirige l'Europe.
20:14C'est un enjeu important
20:16pour les années à venir.
20:18J'estimais, moi, que S-Qualité,
20:20bien entendu, sans jamais sortir de ma condition
20:22de commissaire...
20:24Vous voulez rééquilibrer un peu le duo.
20:26Non, mais il faut aussi que les voix puissent s'exprimer.
20:28Et quand elles s'expriment, effectivement,
20:30elles s'expriment,
20:32bien entendu, lorsqu'on est commissaire, on oublie,
20:34on nous demande de le faire devant
20:36la cour de Luxembourg, le pays d'où on vient,
20:38mais on ne peut pas complètement l'oublier.
20:40Il faut, évidemment, que l'ensemble
20:42du poids géographique,
20:44mais aussi économique,
20:46et également démographique, quelque part,
20:48soit restitué, respecté.
20:50C'est aussi ce que j'ai essayé de faire
20:52à mon niveau
20:54au cours des 5 dernières années.
20:56Et c'est ce que j'ai pensé qu'il était nécessaire, aussi,
20:58de pouvoir marquer pour les 5 années
21:00suivantes, dans la mesure où elle estimait
21:02qu'elle préférait me voir
21:04avec un petit portefeuille.
21:06Le président de la République a tiré les conséquences,
21:08s'il voulait en tirer.
21:10Est-ce que vous payez ce que vous avez essayé de faire sur la régulation
21:12du numérique, sur les relations
21:14avec les grandes plateformes numériques américaines ?
21:16Est-ce qu'au fond, vous avez été victime
21:18des initiatives que vous avez
21:20très fortes, que vous avez prises ces derniers mois ?
21:22Alors, attendez, je prolonge, parce que c'est très intéressant ce que dit Françoise.
21:24On se demande si cette démission
21:26qui n'a visiblement pas échappé
21:28à Elon Musk, est-ce qu'effectivement,
21:30c'est lui qui a gagné, là ?
21:32Est-ce qu'il a eu votre peau, tout simplement ?
21:34C'est Ursula von der Leyen ou c'est Elon Musk qui a eu votre peau ?
21:36Mais c'est personne qui a eu ma peau, c'est moi
21:38qui ai démissionné. Voilà, parce que
21:40j'ai estimé que j'allais le faire.
21:42Bon, alors le contexte, il a été rappelé
21:44et je ne suis dupe de rien.
21:46Il vous dit bon voyage, quand même, il y a eu un échange de tweets.
21:48Avec un petit peu d'humour, je lui ai dit
21:50mais dans ce cas-là, est-ce qu'il tiendrait sa ticket sur Mars ? Parce que je vais peut-être
21:52pouvoir les réguler sur Mars. L'humour n'est pas
21:54interdit, surtout quand on utilise les réseaux sociaux.
22:00Il a 30 millions de followers.
22:02Pour vous donner de grandeur, le président de la République, Emmanuel Macron, il en a 10 millions.
22:04Le président Biden, il en a 30 millions.
22:06Il a 195 millions
22:08de followers, monsieur Musk.
22:10Donc, il faut aussi savoir s'exprimer
22:12sur ces réseaux, dans la modernité
22:14du monde tel qu'il est. Mais il faut aussi,
22:16madame Fressoz, savoir le réguler.
22:18Et c'est ce que j'ai fait.
22:20Mais vous pensez que vous payez ça ou pas ?
22:22Mais là encore, je ne suis dupe de rien.
22:24J'ai été la victime,
22:26pendant 5 ans, de pression,
22:28de lobby intense
22:30venant des plateformes, dans tous les domaines.
22:32Mais on l'a fait.
22:34Et on l'a fait, c'est pas moi qui l'ai fait.
22:36J'ai proposé, bien sûr, ces régulations.
22:38Non, non, je vais y revenir. Je ne crois pas du tout.
22:40On l'a fait,
22:42et le Parlement l'a voté,
22:44le Conseil l'a voté, c'est maintenant la loi du Parlement
22:46et c'est la loi du Conseil européen.
22:48C'est pas la loi de Thierry Breton,
22:50ni même du collège
22:52de la Commission européenne.
22:54C'est la loi de nos co-législateurs.
22:56Elle dit que désormais,
22:58c'est plus le Far West sur ces réseaux.
23:00Effectivement,
23:02j'écris à tout le monde,
23:04je suis en charge, j'étais en charge,
23:06de la régulation. J'avais des équipes pour ça.
23:08Lorsque Elon Musk,
23:10pour revenir sur un point précis,
23:12qui n'est pas inintéressant peut-être pour nos auditeurs,
23:14décide, annonce
23:16Urbi à Torbi, que cet été,
23:18il va faire un débat
23:20sur X
23:22avec Donald Trump.
23:24Une conversation avec Donald Trump.
23:26Vous avez raison de me reprendre Mme Bécart,
23:28c'est exactement le terme qu'il a engagé.
23:30Il dit que ça va être l'événement mondial.
23:32Compte tenu de ses followers,
23:34comme on dit, il n'a peut-être pas tort.
23:36Je viens de rappeler le chiffre.
23:38Mon rôle à moi,
23:40qui est obtenu ce rôle des co-législateurs,
23:42c'est donc d'être en charge de la régulation.
23:44Lorsque je vois qu'il utilise
23:46toute la journée, il le dit, pour vérifier
23:48que les réseaux techniques vont supporter
23:50le nombre de personnes qui vont se connecter,
23:52c'est de lui rappeler qu'il doit aussi
23:54veiller à ce que la régulation
23:56et la modération, qui est maintenant
23:58la loi européenne, mais qui s'applique aussi
24:00à lui, soient respectées. Pourquoi elle s'applique
24:02à lui ? Parce que c'est intéressant, c'est pour la première fois que nous avons
24:04quelque part une sorte d'extra-territorialité.
24:06Parce qu'on ne contrôle pas
24:08la parole. La parole
24:10est libre. Elle est libre aux Etats-Unis,
24:12elle est libre aussi, évidemment, c'est très précieux
24:14en Europe. En revanche, ce qu'on a fait
24:16qui est beaucoup plus puissant, c'est qu'on a
24:18voulu réglementer, contrôler
24:20l'effet d'accélération
24:22des réseaux sociaux.
24:24En d'autres termes, vous pouvez dire quelque chose
24:26qui est bien ou qui n'est pas bien,
24:28vous n'avez pas le droit de dire quelque chose qui est déjà
24:30puni par la loi. On n'a pas le droit de proférer des propos
24:32antisémites, actes intentatoires
24:34au terrorisme, etc. Ça, c'est puni par la loi
24:36que ce soit dans l'espace physique ou dans l'espace numérique.
24:38En revanche, ce que nous avons régulé,
24:40c'est l'effet d'amplification. Quand vous dites quelque chose,
24:42vous avez des centaines,
24:44des milliers, des centaines de milliers, des millions
24:46de personnes qui peuvent amplifier
24:48et créer à ce moment-là un effet de boule de neige.
24:50C'est ça qu'on régule. Et je lui ai rappelé tout simplement...
24:52— Et vous avez confiance dans celle qui va vous subséder ?
24:54— Bien entendu, parce que ce sont les équipes
24:56maintenant qui le font. Et qu'est-ce que je lui ai rappelé
24:58à ce moment-là ? Je lui ai rappelé
25:00un point très important.
25:02Vous avez veillé à ce que
25:04les réseaux techniques supportent l'événement
25:06que vous annoncez comme un événement exceptionnel.
25:08Et je n'ai pas du tout, moi-même,
25:10à porter des propos
25:12de quelque nature que ce soit sur cet événement.
25:14Ça aurait pu être un match de cricket, un match de baseball.
25:16Il se trouve que c'est une conversation.
25:18Mais veillez également
25:20à ce que la régulation
25:22que vous êtes obligés de mettre en place
25:24parce que vous faites
25:26à peu près la moitié de votre chiffre d'affaires, un petit peu moins,
25:28en Europe, et que vous touchez
25:30120 millions, 120 millions
25:32de nos concitoyens européens, c'est-à-dire pratiquement
25:341 sur 3 de ceux qui ont accès.
25:36Vous les touchez.
25:38Désormais, la régulation s'applique, évidemment,
25:40sur les plateformes, y compris
25:42au lieu d'émissions
25:44des propos qui vont générer, ensuite,
25:46des réactions de la viralité.
25:48Que ceux-ci soient émis au Groenland,
25:50dans l'Arkansas,
25:52à Tahiti,
25:54ou à Montréal.
25:56Thierry Breton, qui a démissionné, donc,
25:58cette semaine de la Commission européenne, est notre invité
26:00jusqu'à 13h dans Questions politiques.
26:02Tous ces remous au sein
26:04de l'Union européenne interviennent au moment
26:06où Mario Draghi,
26:08l'ancien patron de la BCE, la Banque
26:10centrale européenne, Super Mario,
26:12qui a su éviter
26:14à la zone euro de faire naufrage,
26:16vient de publier un rapport et lance
26:18un cri d'alarme sur l'état
26:20de l'Union européenne. On écoute
26:22Mario Draghi.
26:24L'Europe est un continent
26:26dont les valeurs sont la prospérité,
26:28l'équité, la liberté, la paix
26:30et la démocratie.
26:32Ces valeurs sont intimement liées
26:34à nos capacités d'investissement.
26:36C'est pourquoi l'investissement devient maintenant,
26:38pour nous, un défi existentiel.
26:42Voilà, il a remis à la Commission européenne
26:44un rapport de 400 pages. Il y fait
26:46170 propositions pour éviter
26:48notre décrochage
26:50par rapport aux Etats-Unis et pour nous permettre
26:52de nous affranchir de notre dépendance
26:54vis-à-vis de la Chine. Voilà ce qu'il a expliqué.
26:56Est-ce que la situation va si mal, Thierry Breton ?
26:58Est-ce que, si on ne suit
27:00pas ses préconisations, l'Europe se dirige,
27:02comme il le dit, vers une lente agonie ?
27:04Deux rapports ont été remis.
27:06L'un
27:08à la Commission, le rapport de Mario Draghi
27:10et l'autre au Conseil européen,
27:12le rapport d'Enrico Letta.
27:14Ils sont tous les deux extrêmement intéressants et complémentaires.
27:16Vous m'interrogez sur le rapport
27:18de Mario Draghi. Un travail remarquable
27:20qui a été conduit au cours des 5-6
27:22derniers mois. Et effectivement,
27:24je vais le résumer.
27:26Parce que qu'est-ce qu'il dit ?
27:28Il dit que pour faire face,
27:30et on en a parlé quelque part au tout début
27:32de notre entretien, à la transition
27:34numérique, à la transition
27:36verte, à la transition
27:38décarbonée, à la nécessité
27:40de produire de l'électricité. Je rappelle
27:42qu'il faut qu'on double notre production d'électricité
27:44jusqu'à 2050 décarbonée.
27:46Pour faire face également
27:48aux menaces qui sont les nôtres.
27:50Et donc, de poursuivre ce que
27:52nous avons engagé déjà sur la
27:54réindustrialisation, à la fois
27:56verte, à la fois numérique, mais aussi
27:58en matière de défense, il fallait
28:00maintenant des investissements considérables.
28:02Non mais ce n'est pas des investissements considérables, c'est
28:04800 milliards d'euros par an.
28:06C'est énorme.
28:08Ça c'est pour la transition industrielle et verte, mais il y rajoute
28:10également entre 100 et 200 milliards pour la défense.
28:12Et donc, il dit des choses
28:14très importantes.
28:16Quand il dit ça, ce n'est pas que de l'argent public.
28:18Évidemment, il faut drainer l'épargne.
28:20Il sait de quoi il parle, il a été le président
28:22de la BCE, avant que d'être
28:24Premier ministre italien. Premier ministre
28:26technique.
28:28Mais approuvé avec un vote
28:30au Parlement italien.
28:32Et qu'est-ce qu'il dit ? Il dit que précisément
28:34pour faire face à ces besoins
28:36absolument, je dirais, existentiels
28:38pour l'Europe. À un moment où les Etats-Unis
28:40déversent des centaines
28:42de milliards de dollars.
28:44On l'a vu avec
28:46l'Ira, l'Irae.
28:48À l'heure où les Chinois
28:50investissent et dépensent
28:52des milliards de milliards
28:54de dollars également
28:56pour accélérer la réindustrialisation
28:58verte en particulier
29:00de leur industrie, en particulier automobile,
29:02mais pas que, qu'est-ce qu'il dit ?
29:04Il dit que l'Europe doit faire pareil.
29:06Sinon, c'est l'agonie. Vous êtes d'accord avec ce terme-là ?
29:08Vous savez, c'est ce que j'ai plaidé.
29:10Vous le savez bien.
29:12Quand vous regardez l'évolution politique de l'Europe,
29:14à la fois le poids des conservateurs,
29:16du PPE et puis aussi le poids de l'extrême droite,
29:18est-ce que vous pensez
29:20que ces rapports sont en adéquation
29:22avec la situation politique ? Écoutez ce que dit
29:24l'Allemagne, il ne faut pas dépenser trop,
29:26il faut faire attention, pacte de stabilité et tout.
29:28Comment vous voyez se dénouer
29:30le drame dans le nouveau contexte ?
29:32C'est la question essentielle et on en revient
29:34précisément à la création de la commission
29:36pour donner à la présidente
29:38les moyens d'exercer ces rapports de force
29:40parce que ce sont des rapports de force
29:42qu'il va falloir exercer, massif.
29:44Mais vous trouvez qu'on est en bonne situation ?
29:46Bien sûr que non, on n'est jamais en bonne situation
29:48sur ces questions. Pourquoi ?
29:50C'est une question, je ne suis pas sûr
29:52à 100% qu'elle soit convaincue
29:54d'aller suivre la piste
29:56qui a été évoquée, mais il faudra lui demander.
29:58Je ne suis pas habilité à répondre à cette question.
30:00On peut écouter
30:02la conférence de presse
30:04conjointe qu'elle a tenue avec
30:06Mario Draghi, où lorsque Mario Draghi a
30:08présenté ça et il a dit pour répondre
30:10à la question qui était extrêmement essentielle,
30:12existentielle, il va falloir de
30:14l'investissement en commun comme on l'a fait pour
30:16Next Generation EU, vous vous souvenez ?
30:18Ce grand plan de 750 milliards d'investissement
30:20en commun que nous avons
30:22porté, notamment Paolo Gentiloni,
30:24mon collègue, ex-collègue
30:26à l'économie moi-même, pour pouvoir faire en sorte
30:28qu'on emprunte en commun, le moment
30:30Hamilton, soi-disant, de l'Europe,
30:32il va falloir faire la même chose
30:34et pour l'industrie verte,
30:36la cleantech, et pour la défense.
30:38Madame von der Leyen dit, je crois à ce moment-là,
30:40non, les investissements, les dettes en commun...
30:42Mais on en a les moyens ou pas ?
30:44Parce que les moyens européens et les moyens français...
30:46Je vais y revenir.
30:48De l'endettement commun, bien sûr
30:50qu'on en a les moyens. On l'a fait une fois,
30:52il faut le refaire, et Mario Draghi
30:54nous dit, il faut absolument le faire,
30:56et je le suis à 100%.
30:58Mais oui, mais il faut pour ça, évidemment...
31:00La volonté existe-t-elle ?
31:02Et puis, on verra bien, il faut avoir
31:04la capacité politique de convaincre
31:06l'ensemble des 27 de le faire,
31:08et c'est ça,
31:10c'est là où, effectivement,
31:12on va voir ce qui va se passer.
31:14Mais il y a un autre rendez-vous qui est très important
31:16qu'il faut avoir en tête et qui pourra peut-être répondre
31:18aux préoccupations légitimes
31:20de Mario Draghi. Et je le redis encore une fois,
31:22peut-être un peu trop, mais c'est essentiel,
31:24existentiel pour nous, face à ce qui se passe
31:26et aux Etats-Unis et en Chine.
31:28Eh bien, et aussi de la guerre en Ukraine,
31:30évidemment, puisque c'est la défense.
31:32Eh bien, c'est le rendez-vous avec le prochain budget.
31:34Le prochain budget européen,
31:36il va se négocier, se discuter
31:38en 2026.
31:40Je rappelle qu'il se déroule sur
31:427 années. Aujourd'hui, le budget européen
31:44c'est 1%, 1 petit pour cent
31:46du PIB européen.
31:48C'est à la fois beaucoup et très peu.
31:50Le PIB européen c'est 16 000 milliards.
31:521% c'est très peu.
31:54C'est notre budget pour faire fonctionner
31:56l'Europe pendant 7 ans.
31:58Donc c'est un autre rendez-vous.
32:00Si jamais on ne fait pas
32:02d'endettement en commun, il faudra
32:04augmenter le budget européen.
32:06Avec des recettes propres. Mais bien sûr, il faudra le faire.
32:08Donc on va voir maintenant
32:10si la nouvelle commission telle qu'elle est
32:12maintenant organisée autour de Mme von der Leyen
32:14est suffisamment forte
32:16pour pouvoir faire pression auprès des états membres
32:18parce que vous savez, les états membres, c'est pas compliqué.
32:20Mais c'est fictionnel quand même tout ça, parce que ça n'existe pas.
32:22Aujourd'hui, l'Europe ne lève pas l'impôt.
32:24Il faut le rappeler aux auditeurs.
32:26Vous savez, derrière, les états membres,
32:28tout ce dont on parle,
32:30les rapports de force,
32:32on est là.
32:34Après, c'est de la philosophie par rapport à quoi ?
32:36Par rapport à qui paye ?
32:38Et qui paye ? Les états membres.
32:40Est-ce que s'ils estiment que la commission a trop d'importance,
32:42devient un peu trop impérialiste,
32:44est-ce qu'ils vont aussi donner,
32:46vouloir donner de l'argent en plus
32:48pour accroître cette puissance ? On verra.
32:50On verra, mais je le dis de façon très claire.
32:52Le point de rendez-vous,
32:54désormais pour nous en Europe,
32:56c'est la constitution du budget.
32:58Et si on le rate, vous aurez hélas...
33:00Et deux conseils à Stéphane Séjourné.
33:02Pas plus, un ou deux.
33:04Deux conseils à Stéphane Séjourné qui a remplacé...
33:06Donc il y a le nouveau commissaire présenté par Emmanuel Macron.
33:08J'ai rencontré Stéphane Séjourné très longuement cette semaine
33:10parce que mon objectif,
33:12vous l'avez compris,
33:14c'est qu'il réussisse.
33:16Il réussira, j'en suis convaincu.
33:18Vous allez l'aider.
33:20Mais de tout ce que je peux, je vais l'aider, Mme Bécard.
33:22Parce que mon portefeuille,
33:24il a été éclaté en cinq commissaires.
33:26La défense, c'est parti chez M. Kubilius,
33:28le luthérien.
33:30Le numérique, c'est parti chez la Finlandaise.
33:32Les voitures, c'est parti
33:34chez le Néerlandais.
33:36Donc c'est la puissance avec toi qui fait ça.
33:38Donc je vais tous, s'ils viennent me voir, bien sûr,
33:40je ne veux surtout pas gêner quiconque.
33:42C'est M. Séjourné qui va avoir effectivement le marché intérieur,
33:44qui est très important.
33:46On a passé beaucoup de temps.
33:48J'ai essayé de lui donner les grands dossiers qui sont devant nous.
33:50L'automobile n'est pas le dernier.
33:52Mais aussi le nucléaire,
33:54évidemment, qui est parti aussi ailleurs.
33:56Et donc il faut là-dessus,
33:58vraiment,
34:00qu'on puisse continuer à se faire entendre.
34:02J'ai aucun doute qu'il...
34:04Vous savez, Stéphane Séjourné...
34:06Mais il doit s'autonomiser du président de la République,
34:08dont il est très proche,
34:10je suis commissaire européen, représentant des intérêts européens.
34:12Ou est-ce que...
34:14Comment vous lui conseillez là-dessus ?
34:16Il suffit de lire l'article 17 des traités,
34:18du traité européen.
34:20Lorsqu'on est commissaire européen,
34:22on va d'abord jurer, lorsqu'ils seront tous
34:24confirmés par le Parlement.
34:26Parce que je rappelle que le Parlement a un droit de vie et de mort
34:28ensuite sur les commissaires.
34:30Il va y avoir ce qu'on appelle dans notre jargon les hearings,
34:32c'est-à-dire les auditions.
34:34Et donc à partir du moment où le nouveau collège est confirmé
34:36et qu'il est revoté,
34:38c'est-à-dire qu'il est accepté par le Parlement.
34:40Chaque commissaire va à la cour européenne de justice
34:42à Luxembourg, et nous
34:44jurons, alors nous c'est pas sur la Bible,
34:46nous on jure sur le traité
34:48qu'on oublie notre pays d'origine.
34:50Donc évidemment, un commissaire
34:52doit être totalement indépendant
34:54et autonome de ceux qui l'ont proposé.
34:56Il doit avoir un gros tempérament quand même pour lutter.
34:58Oui mais voilà...
35:00Non mais c'est encore une fois les traités,
35:02donc bien sûr, et on le respecte tous.
35:04Ça veut pas dire pour autant que bien sûr on discute
35:06et que bien souvent,
35:08on est en phase avec un certain nombre d'États membres.
35:10En ce qui me concerne, j'étais très en phase
35:12avec la pensée du Président de la République et en particulier
35:14avec l'agenda de Versailles.
35:16Thierry Breton, vous parliez tout à l'heure du budget européen.
35:18Vous avez aussi été le ministre de l'Économie de la France.
35:20Parlons du budget français avec une question
35:22de Françoise Frissos.
35:24Le budget en France.
35:26Le gros sujet qui se pose en France
35:28aujourd'hui, c'est est-ce qu'on va arriver
35:30à redresser les finances publiques ?
35:32Juste un petit rappel, on devait être à 5%
35:34du PIB de déficit cette année.
35:36On va frôler les 6%.
35:38D'abord, sur l'État
35:40vu de Bruxelles, c'est quoi
35:42le jugement sur la situation budgétaire française ?
35:44Est-ce qu'on est au bord du drame ?
35:46Est-ce qu'on risque une rupture ?
35:48Une hausse des taux ? Le FMI ?
35:50Comment vous analysez-vous
35:52la situation française ?
35:54Le Premier ministre a dit « situation très grave ».
35:56Oui, il a raison. Le Premier ministre Michel Barnier
35:58a raison, la situation est très grave.
36:00D'abord,
36:02on est en 2024.
36:04On démarre avec un budget qui était prévu
36:06à 4,1. On monte à 4,5.
36:08Ensuite, 5,1. Maintenant, on nous dit
36:10que ça va être 5,6.
36:125,6 de déficit par rapport au PIB.
36:14Madame Frissos a raison de le dire.
36:16Quand on regarde vraiment les choses,
36:18si jamais on ne prend pas des mesures correctrices
36:20très rapidement, on finira plutôt...
36:22On peut, j'espère que non.
36:245,6, c'est aujourd'hui estimé.
36:26Peut-être plutôt à 5,9.
36:28Peut-être à 5,9.
36:30Quand on ne dépassera pas les 6.
36:32Mais bien entendu, ça va dépendre évidemment,
36:34il ne faut pas anticiper des mesures.
36:36Et je suis convaincu que ces mesures vont être prises
36:38maintenant que le gouvernement est en place.
36:40Mais c'est ça la trajectoire.
36:42Alors, ceci se traduit par quoi ?
36:44Ça se traduit par le fait que, désormais,
36:467 Etats membres vont être placés
36:48sous le regard de l'Etat.
36:50Dont la France, évidemment.
36:52Avec d'autres pays, comme Malte par exemple,
36:54l'Italie et autres.
36:56On va donc ouvrir une procédure de déficit excessif.
36:58C'est grave ça ?
37:00D'abord, la bonne nouvelle, j'allais dire, entre guillemets,
37:02c'est que, grâce aux élections européennes,
37:04on sait désormais que
37:06l'intégralité, que tous les partis
37:08qui siègent aujourd'hui à l'Assemblée nationale
37:10sont tous et pro-européens
37:12et pro-euro.
37:14Ça veut donc dire que s'ils sont pro-européens,
37:16ils sont évidemment pro-critère de Maastricht.
37:18Puisque c'est l'architecture, et pro-euro,
37:20c'est l'architecture même qui fait que notre monnaie fonctionne.
37:22Donc on ne peut pas à la fois dire
37:24je suis pour l'euro,
37:26mais dès que j'arrive, je vais renégocier les critères
37:28qui, par parenthèse, viennent être négociés
37:30avec le dénommé Valdis Dombrovskis,
37:32vous savez, celui dont je parlais, l'exécutif vice-président
37:34Léton, qui maintenant a été dégradé.
37:36Eh bien, c'est lui qui les a négociés.
37:38Donc maintenant, on sait que ça a été fait.
37:40C'est élaborieux.
37:42Donc personne ne va ré-ouvrir.
37:44Je fais cette petite incise politique,
37:46parce qu'elle ne sera peut-être pas inutile
37:48pour le prochain gouvernement,
37:50et pour les débats qui auront lieu,
37:52j'en suis certain, à l'Assemblée nationale.
37:54C'est acté, cette procédure ne bougera plus.
37:56Bien sûr que c'est une situation
37:58qui est extrêmement alarmante.
38:00Pour nos auditeurs, qu'est-ce que ça veut dire 6% de déficit ?
38:02On a l'impression, oui,
38:046%, 3%, c'est rien.
38:06Qu'est-ce que c'est que ces 6% de déficit ?
38:08C'est-à-dire par rapport au produit intérieur brune
38:10de la France. C'est 2 800 milliards d'euros,
38:12le produit intérieur brune de la France.
38:146%, ça fait combien ?
38:16On est à peu près à 3 000 milliards.
38:186% de 3 000 milliards, ça fait 180.
38:20Entre 150 et 180 milliards
38:22de trous.
38:24Entre 150 et 180 milliards de trous.
38:26Le budget de la France,
38:28c'est 480 milliards, ça veut dire qu'on a
38:30aujourd'hui 35%.
38:3235% qui est en trous.
38:34C'est comme si vous aviez un ménage,
38:36et vous dites, je gagne
38:38350 et je dépense 480.
38:40Ça ne tient pas.
38:42C'est énorme.
38:44C'est énorme.
38:46Ce qu'on n'arrive pas à comprendre, c'est comment on en arrive
38:48à cette situation, alors qu'on prétend
38:50jouer un rôle en Europe,
38:52on prétend soutenir effectivement Draghi
38:54qui dit qu'il faut encore de l'endettement et tout.
38:56Comment vous voulez convaincre vos partenaires
38:58quand on arrive à cette situation-là ?
39:00Qui est responsable de ça ? C'est Bruno Le Maire ?
39:02C'est le président de la République ? C'est le collectif ?
39:04Ce n'est pas le jeu des responsabilités.
39:06Moi, j'étais immersif, vous l'avez rappelé.
39:08Après, qu'est-ce qu'il reste des ministres ?
39:10C'est sûr que c'est les trajectoires.
39:12C'est les chiffres. Est-ce que vous êtes revenus en...
39:14Est-ce que vous avez baissé la dette ?
39:16Est-ce que vous l'avez montée ? Est-ce que vous avez
39:18les déficits ou pas ? Lorsque j'étais à Bercy,
39:20avec Jean-François Copé, non seulement on a
39:22baissé la dette de la France, c'est la première fois,
39:242005-2007, mais on est revenus pour la première fois
39:26en excédent primaire. Donc oui,
39:28on voit effectivement, la trace, évidemment,
39:30elle est là. Maintenant, après ça, il y a des excuses.
39:32Il y a effectivement des raisons.
39:34On sait que notamment la crise de Covid a nécessité
39:36un investissement majeur.
39:38Mais les excuses, aujourd'hui, les Français s'en fichent un peu.
39:40Ce qu'ils veulent savoir, c'est si leurs impôts vont augmenter ou pas.
39:42Est-ce qu'il faut passer par là ?
39:44Pour revenir à la question, effectivement, il va falloir
39:46des solutions. Et donc baisser, évidemment,
39:48de beaucoup le train de vie de l'État, c'est une évidence.
39:50On voit bien la différentielle.
39:52Les dépenses, mais on sait que ça ne vient pas tout de suite.
39:54Mais vous savez, lorsque je...
39:56Vous faites la gentillesse de rappeler la période
39:58où j'étais moi-même à Bercy.
40:00De 2005 à 2007. On a lancé 1000 chantiers
40:02avec mes collaborateurs. Il n'y a pas une solution,
40:04madame Pressos. Il y a 1000 chantiers.
40:06C'est les 1000 chantiers de l'avenir, comme disait Jacques Le Sourne.
40:08En fait, il faut négocier du temps s'il y a 1000 chantiers.
40:10Et donc, ce qui est très important,
40:12c'est qu'effectivement, la refonte
40:14du pacte de stabilité de 300
40:16peut redonner du temps de 3 à 7 ans.
40:18Mais pour ça, tous ceux qui imaginent,
40:20je le dis, de là où j'étais,
40:22qu'on va pouvoir renégocier
40:24la réforme des retraites, se trompent.
40:26Parce que la réforme des retraites a déjà été intégrée
40:28pour avoir les 3 années pour revenir.
40:30Donc, peut-être qu'on pourra discuter
40:32à la marge, etc.
40:34Alors les impôts, c'est une très bonne question.
40:36Vous avez effectivement les recettes.
40:38Vous avez effectivement les recettes
40:40et vous avez les dépenses.
40:42On va d'abord, évidemment, commencer à travailler massivement
40:44sur les dépenses. Il y a beaucoup à faire, croyez-moi.
40:46Mais derrière, effectivement, sur les recettes.
40:48Sur les recettes, il se trouve que la France,
40:50on quitte
40:52cette période formidable,
40:54exceptionnelle, magique
40:56des Jeux Olympiques où on regardait les médailles d'or.
40:58La France est médaille d'or,
41:00médaille olympique européenne
41:02des prélèvements obligatoires. On est numéro 1 sur le podium.
41:04Mais on est aussi numéro 1 des pays de l'OCDE.
41:06Donc, si jamais
41:08augmenter les prélèvements obligatoires
41:10ça permettait
41:12à un pays d'être compétitif
41:14et d'être mieux que les autres, ça se saurait.
41:16Donc ça ne marche pas comme ça.
41:18On est aujourd'hui le pays
41:20en Europe qui a le plus
41:22haut taux de prélèvements obligatoires
41:24de tous.
41:26Il faut évidemment regarder
41:28dans toute l'enveloppe des dépenses. C'est obligatoire.
41:30On ne peut pas vivre au-dessus
41:32de nos moyens.
41:34Vous êtes
41:36beaucoup plus experte que moi en matière
41:38d'indice politique, n'est-ce pas madame Saint-Cricq ?
41:40Bon, ça n'échappe à personne.
41:42Et vous avez entendu les lignes rouges
41:44qui ont été à la fois rappelées
41:46Pardon, je vais aller au bout de mon raisonnement.
41:48Des républicains
41:50qui ont dit jamais d'augmentation d'impôts
41:52et des
41:54macronistes qui ont dit jamais d'augmentation
41:56d'impôts. Ces lignes rouges ont été données.
41:58Oui, mais le nouveau ministre de l'économie a déjà
42:00parlé pour dire que finalement il ne fallait pas exclure.
42:02Je rappelle aussi que
42:04on l'a dit tout à l'heure, il y a aussi quelqu'un
42:06qui regarde ce qui se passe tapis dans l'ombre
42:08avec ses 130 députés qui regardent ce qui se passe.
42:10Donc il va falloir gérer cette complexité.
42:12Moi je dis uniquement d'un point de vue économique.
42:14Mais est-ce que ça vous choquerait un prélèvement exceptionnel ?
42:16Rien ne me choque.
42:18Rien ne me choque.
42:20Je dis simplement
42:22qu'aujourd'hui la France
42:24a réussi quelque chose d'exceptionnel
42:26grâce au président de la République, Emmanuel Macron,
42:28c'est de redevenir un pays
42:30qui est le plus attractif d'Europe.
42:32C'est quand même pas rien d'avoir fait ça en 7 ans.
42:34Et donc effectivement pourquoi
42:36on vient investir en Europe ? Parce qu'en France
42:38parce qu'on a de la lisibilité.
42:40Donc avant de
42:42casser ça, il faut y réfléchir à deux fois.
42:44Même François Hollande qui a commencé avec la politique de l'offre
42:46dit, bon on l'a fait
42:48maintenant il y a des trucs qu'on peut peut-être supprimer un peu
42:50au lieu d'aider les entreprises. Vous,
42:52vous considérez qu'il ne faut toucher à rien.
42:54Alors si François Hollande le dit.
42:56Une dernière question sur l'automobile.
42:58Vous l'avez esquissé
43:00à un moment donné pendant l'émission. C'est important. Certains constructeurs
43:02c'est le cas de Renault par exemple,
43:04c'est le cas de Volkswagen aussi, ne vont pas réussir
43:06à réduire dans le temps qui leur est imparti
43:08c'est-à-dire d'ici à l'année prochaine, je crois en 2025
43:10de réduire la quantité
43:12de CO2 rejeté par
43:14leur voiture à moteur thermique.
43:16Ils se sont fait entendre jeudi,
43:18ils demandent un moratoire, ils disent on va pas y arriver,
43:20il faut les entendre sur ça, il faut leur accorder
43:22ce moratoire, il faut les aider ou pas ?
43:24Il faut vraiment entendre l'industrie automobile
43:26dans son ensemble sur sa transition absolument majeure.
43:28Non, il faut donner du temps.
43:30Donc moi je le dis simplement,
43:32c'est un des chantiers que j'ai initié évidemment,
43:34vous vous souvenez donc sur l'objectif
43:36qui était de 2035...
43:38Oui mais vous savez que c'était plutôt pour 2040
43:40mais après ça, voilà, c'était la décision
43:42du collège et encore une fois
43:44je l'ai respecté et c'est bien normal,
43:46ça a été la décision de nos co-législateurs,
43:48j'ai uniquement dit il faut vraiment continuer
43:50à maintenir la fabrication de moteurs thermiques
43:52en Europe ou de moteurs hybrides parce que
43:54cette transition, on va en avoir besoin mais aussi
43:56parce qu'on va continuer à exporter des véhicules thermiques
43:58en dehors de ceux qui n'ont pas les mêmes régulations que nous
44:00et entre temps, on a mis en place
44:02un système, une clause de revoyure
44:04à laquelle je tenais beaucoup, j'en ai parlé ici
44:06de cette émission il y a quelques mois.
44:08En 2026, décidément 2026 c'est une date
44:10à retenir, le budget européen
44:12mais aussi la clause de revoyure pour les véhicules.
44:14Je souhaite qu'on maintienne
44:16le cap de 2035 parce qu'il faut donner
44:18de la lisibilité aux industriels
44:20mais en 2026, on va faire
44:22le point, le bilan de ce qui se passe
44:24pour voir évidemment...
44:26ce qui se passe et entre temps
44:28il faut le plus possible aider
44:30cette industrie qui est tellement importante, c'est quand même
44:3214 millions d'emplois en Europe
44:34et bien entendu c'est aussi des sujets
44:36dont j'ai discuté avec Stéphane
44:38ces journées et dont je parlerai avec
44:40tous ceux qui voudront venir me voir
44:42mes successeurs.
44:44Merci Thierry Breton, vous restez bien sûr avec nous
44:46il est temps d'accueillir notre second invité
44:48pour le livre de la semaine.
44:50France Inter
44:53Questions politiques
44:57Karine Bécard
44:59Bonjour Guillaume Durand. Bonjour Karine.
45:01Merci beaucoup de nous avoir
45:03rejoint sur le plateau de questions politiques.
45:05Il y a de très très jolies phrases
45:07dans votre dernier livre qui vient
45:09tout juste de sortir, de très jolies phrases notamment
45:11sur la politique et sur
45:13les politiques dont vous dressez
45:15de savoureux portraits. Alors il n'y a pas que
45:17des portraits politiques, c'est vrai, même s'il y en a
45:19tout de même au moins une vingtaine.
45:21Ce sont des portraits tendres,
45:23ce sont des portraits vrais,
45:25comme dans ce premier chapitre où vous nous racontez
45:27votre dernière entrevue, votre dernier déjeuner
45:29c'était en septembre 2011
45:31avec le président Chirac qui à ce moment-là
45:33ne pouvait déjà plus répondre
45:35aux questions que se posait un journaliste politique.
45:37Dans ce premier chapitre,
45:39Guillaume Durand, vous écrivez
45:41« J'aime, pour les avoir croisés
45:43souvent, ces monstres de notre
45:45histoire, plus que la vérité
45:47immédiate qui les concerne. »
45:49J'adore cette phrase, expliquez-nous ce que vous vouliez dire.
45:51Écoutez, le chapitre s'appelle Ascenseur,
45:53d'abord bonjour à tous, s'appelle Ascenseur
45:55pour l'échafaud. J'ai toujours eu le sentiment
45:57quand j'ai rencontré des dirigeants
45:59politiques de ce niveau, François Mitterrand
46:01au bout de sa vie en 1995
46:03et Jacques Chirac dont vous parlez
46:05que, et c'est dans le droit fil de la conversation
46:07que vous avez depuis le début de cette émission,
46:09il y a une sorte de tragédie
46:11en France, c'est qu'on hésite entre
46:13le rôle historique que le général
46:15de Gaulle a donné au pays et
46:17au fond, cette société du compromis,
46:19dont parlait Thierry Breton tout à l'heure, qui est une société
46:21qui à la fois nous ressemble et ne nous ressemble pas.
46:23Et souvent, j'ai eu le sentiment
46:25que les dirigeants politiques
46:27arrivaient dans une
46:29situation où le deuxième mandat
46:31était un deuxième mandat
46:33qui était plus proche de la malédiction que
46:35de la réussite. Il suffit de le
46:37voir, d'ailleurs Nicolas Sarkozy
46:39n'en a pas fait.
46:41François Hollande n'en a pas fait.
46:43Emmanuel Macron, ça se passe plutôt mal.
46:45Vous savez que pour François Mitterrand
46:47et pour Jacques Chirac, ça a été terrible.
46:49Donc c'est le second mandat. Et même
46:51Mme de Gaulle disait à son époux à l'époque
46:53surtout ne te représente pas.
46:55Et on sait comment ça s'est terminé.
46:57Donc on y est en plein, si vous voulez. Vous avez à la fois
46:59les propositions qui sont extrêmement
47:01positives et de bonne humeur
47:03de Thierry Breton, mais en même temps une tragédie
47:05que
47:07je vis d'une manière
47:09très littéraire pour des raisons qui sont
47:11très personnelles. D'abord parce que
47:13je trouve que ça n'a pas grand importance que j'étais très
47:15malade. Et deuxièmement parce que j'ai toujours eu
47:17un goût forcené comme
47:19un pollinaire de l'admiration.
47:21C'est-à-dire que je ne fais pas
47:23partie des gens...
47:25Je préfère Claude Lévi-Strauss
47:27sa tarte molle.
47:29Et je pense que c'est pas un défaut.
47:31Et je pense que de temps en temps il faut le dire.
47:33Et c'est vrai pour Bowie, c'est vrai
47:35pour Le Clésio, c'est vrai pour
47:37Modiano, c'est vrai pour beaucoup de gens
47:39qui sont dans ce livre.
47:41C'est marrant, vous parlez des artistes
47:43chez les politiques. Quels sont ceux que vous admirez
47:45le plus humainement ?
47:47Quand vous pensez par exemple que quelqu'un comme Roland Dumas
47:49a vu son père en fusillé
47:51et a été résistant à 17 ans
47:53et a exécuté les Allemands.
47:55Quand vous pensez que le père de
47:57Baroin était commissaire de police au départ
47:59et il est mort dans des conditions mystérieuses
48:01et son boulot au départ
48:03avant d'être très proche de Jacques Chirac et d'être
48:05donc un franc-maçon célèbre
48:07c'est quand même de chasser les gens de l'OAS.
48:09Il y a toujours eu ce sens de la tragédie
48:11dans la politique française.
48:13Vous allez vous embêter là ?
48:15Guillaume, on se connait depuis 200 ans, mais vous allez vous embêter ?
48:17Ou alors je me projette ?
48:19Je pense que c'est justement un des tourments
48:21d'Emmanuel Macron, c'est-à-dire qu'il est dans une
48:23situation aujourd'hui, et j'en parle
48:25quand il est d'une manière bizarre
48:27sur la plage d'Omaha
48:29où l'histoire est convoquée, c'est la fin du livre.
48:31Il s'appelle Omaha Beach.
48:33On rend hommage justement au D-Day.
48:35Je dois dire que j'y étais, c'était bouleversant.
48:37Il y avait tous ces centenaires, etc.
48:39Ça commence par la cérémonie anglaise
48:41qui est d'une beauté extrême
48:43avec Tom Jones qui chante a cappella
48:45Ritchie Sunak parle,
48:47arrive donc
48:49le roi Charles III
48:51cancéreux.
48:53Pas de Macron.
48:55Donc si vous voulez, c'est quand même assez bizarre.
48:57C'est-à-dire qu'on convoque le monde entier
48:59pour célébrer l'événement qui a quand même
49:01délivré le monde libre.
49:03Où est-il ?
49:05Pour l'instant, au début, par là.
49:07Donc c'est une situation qui, je pense,
49:09dans sa tête,
49:11au moment où il a fallu, ce jour-là,
49:13beaucoup plus songer
49:15à la dissolution qui avait lieu trois jours plus tard
49:17qu'à ce qui se passait au Omaha Beach,
49:19il y a quand même, je ne dis pas une confusion,
49:21parce que l'homme est extrêmement intelligent.
49:23Mais quelque chose, j'allais dire,
49:25qui est...
49:27qui justement
49:29est éloigné de ce sens du tragique...
49:31C'est-à-dire qu'au fond...
49:33Mais vous faites un peu une impasse sur lui.
49:35Moi, je m'attendais à un vrai chapitre sur Emmanuel Macron.
49:37Vous savez, à un moment, je le croise.
49:39Parce qu'on arrive au Omaha pour le voir.
49:41Je le croise.
49:43Je trouve que je le connais comme tous les journalistes politiques.
49:45Il n'y a absolument pas de quoi s'en vanter.
49:47Et je lui dis est-ce qu'on pourrait parler un peu,
49:49justement, c'était pas vraiment le moment.
49:51Il me dit non plus tard.
49:53J'ai compris que ce non plus tard
49:55cachait quand même quelque chose de particulier ce jour-là.
49:57Puisque tous les conseillers
49:59dont vous avez parlé, par exemple,
50:01ceux qui sont les plus proches du président,
50:03ils n'osaient pas tellement s'approcher de la table
50:05où il était avec son épouse et l'écrivain Douglas Kennedy.
50:07Donc on sentait bien qu'il se passait quelque chose.
50:09Que le sujet
50:11était à la fois cette commémoration
50:13mais que c'était quand même
50:15cette grenade
50:17dégoupillée qu'il était en train de lancer
50:19dans les pattes de ses concurrents
50:21à l'intérieur. C'est-à-dire qu'au fond,
50:23c'était contre Édouard Philippe,
50:25c'était contre Attal,
50:27dont l'ambition commençait à venir.
50:29C'est contre Marie-Hélène Brome-Pivet,
50:31c'est contre tout ceux dans son camp
50:33qui au fond ne lui proposaient que l'agonie
50:35comme suite pour la fin de son quinquennat.
50:37Et puis si possible, puisque les Français
50:39avaient voté massivement pour le Rennes,
50:41peut-être donner le pouvoir au Rennes
50:43pour le décrédibiliser le plus rapidement possible.
50:45Donc vous avez trouvé que c'était bien cette démission ?
50:47C'est une bonne idée ?
50:49Cette dissolution ?
50:51Alors pas du tout.
50:53Parce que je pense
50:55que ça a créé dans le pays
50:57un désordre terrible
50:59et plutôt une angoisse considérable
51:01qui ne fait que rajouter justement
51:03à ce que Thierry Breton expliquait tout à l'heure
51:05sur les nécessités du moment
51:07qui sont des nécessités colossales.
51:09Quand vous pensez, alors je n'aurai pas la prétention,
51:11mais dans le budget qui arrive,
51:13qui va être rattaché à Barnier,
51:15le poids de la dette, c'est 64 milliards.
51:1764 milliards !
51:19Avant même que ça commence.
51:21C'est-à-dire que notre dette, c'est 64 milliards.
51:23Donc l'énormité
51:25du sujet qu'elle a traité,
51:27à mon avis, pouvait se passer d'une dissolution
51:29et de ce désordre.
51:31Thierry Breton, je reviens vers vous.
51:33J'aime bien quand même ce parallélisme
51:35qui est fait en permanence entre la politique
51:37et l'histoire. Vous partagez ça au moment
51:39où vous le vivez ? Vous avez l'impression de faire
51:41des choix historiques ?
51:43A ce point-là, vous le vivez comme ça ?
51:45Pas faire des choix historiques, mais je partage à 100%
51:47l'analyse, le ressenti,
51:49l'émotion humaine aussi
51:51qu'on vient d'entendre
51:53avec les propos de Guillaume Durand,
51:55son expérience aussi, son expérience humaine
51:57très forte. J'ai vécu moi-même,
51:59vous savez,
52:01je dirais la dernière partie du quinquennat
52:03de Jacques Chirac, j'étais son ministre
52:05de l'économie et des finances, vous vous en souvenez,
52:07Guillaume ? Donc j'ai vécu
52:09ces moments. Et ces moments, vous savez,
52:11ou pour un homme, parce qu'au fond derrière, qu'est-ce que vient de nous dire
52:13Guillaume Durand ? C'est que
52:15dans cette
52:17tragédie du pouvoir, c'est évidemment
52:19des femmes et des hommes.
52:21Ça nous dépasse bien sûr, mais ce sont des femmes et des hommes.
52:23Et donc il faut toujours
52:25s'attacher à comprendre
52:27qui sont ces femmes et ces hommes.
52:29Pourquoi la malédiction d'un deuxième quinquennat ?
52:31Tout simplement parce que lorsque l'on a
52:33le pouvoir absolu,
52:35il faut bien dire les choses comme elles sont en Vème République,
52:37et qu'on a encore un deuxième quinquennat,
52:39on a le pouvoir d'agir.
52:41Mais lorsqu'on sait que vous avez été
52:43réélu et que l'horloge tourne à l'envers,
52:45eh bien évidemment,
52:47votre pouvoir est beaucoup
52:49plus difficile à incarner
52:51et à exercer.
52:53D'où cette tragédie du pouvoir,
52:55et d'où ce que je crois être une erreur,
52:57avoir été une erreur fondamentale,
52:59c'est d'avoir limité
53:01deux quinquennats
53:03pour le Président de la République, parce qu'il faut avoir
53:05cette magie en permanence pour pouvoir
53:07tout simplement continuer à être un homme et à agir.
53:09Mais ça renvoie aussi peut-être
53:11à la difficulté typiquement française,
53:13que les décisions difficiles
53:15se prennent toujours dans des situations
53:17de tension extrême.
53:19Au fond, il faut être arrivé au bord du gouffre
53:21pour peut-être s'attaquer.
53:23L'histoire des dépenses
53:25publiques, en fait, on était depuis
53:27trois ans sur
53:29guichet ouvert, tous les partis
53:31demandant toujours plus,
53:33et là, il y a peut-être un moment de vérité
53:35qui avait très difficile à surmonter,
53:37et ça me rappelle 2005 aussi.
53:39C'est tellement vrai ce que vous dites,
53:41que c'est ce que j'ai vécu en Europe en permanence.
53:43Comment on a fait pour l'endettement commun ?
53:45C'était à cause du Covid.
53:47Comment on a fait pour la défense ? A cause de la guerre en Ukraine.
53:49Comment on a fait sur l'énergie nucléaire ?
53:51A cause des conséquences.
53:53Ce que je veux dire, c'est que c'est uniquement
53:55dans ces actions, dans ces réactions
53:57majeures que l'on peut se réunir
53:59autour d'un objectif commun.
54:01Merci beaucoup. Merci Guillaume Durand.
54:03Le titre de votre livre, Bande à part, parce que je ne l'avais pas encore dit,
54:05paru aux éditions Plans, c'est génial.
54:07C'est absolument savoureux à lire.
54:09Merci Thierry Breton.
54:11C'est un hommage à Jean-Luc Godard.
54:13J'espère qu'il ne sera pas fâché dans votre livre.
54:15Je vous souhaite une belle fin de semaine à tous
54:17et je vous dis à la semaine prochaine.
54:19Merci beaucoup.