• il y a 6 mois
Les armes nucléaires de la France devraient faire partie du débat sur la défense européenne, a déclaré Emmanuel Macron, suscitant les critiques des oppositions dans l'Hexagone à l'approche des élections européennes de juin. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-29-avril-2024-6619654

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00:00 - Et avec Yael Ghosn, nous recevons ce matin dans le Grand Entretien le commissaire européen au marché intérieur.
00:05 Questions, réactions, 0145 24 7000 et applications France Inter.
00:11 Thierry Breton, bonjour. - Bonjour.
00:13 - Et bienvenue dans ce studio. Beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:17 La régulation du numérique, les élections européennes, l'état de l'économie dans l'Union européenne par rapport aux États-Unis.
00:25 Mais commençons, si vous le voulez bien, par le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne.
00:30 Un Sorbonne 2 après le discours de 2017.
00:34 Discours marqué par l'alarmisme, je cite le chef de l'État.
00:39 "À l'horizon de la prochaine décennie, le risque est immense pour l'Europe d'être fragilisée, voire reléguée.
00:45 Notre Europe aujourd'hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix",
00:51 a affirmé le président de la République.
00:53 Partagez-vous cette inquiétude existentielle du chef de l'État sur l'avenir du continent européen ?
01:01 Fragilisation, relégation, mort ? Reprendriez-vous ces mots ce matin ?
01:08 - Nicolas Demorand, je les partage autant plus que j'allais presque vous dire qu'ils fondent mon quotidien.
01:15 Depuis que je suis maintenant 5 ans, que je suis commissaire européen, ces termes, les termes tels qu'il les a exprimés, fondent mon quotidien.
01:22 Bien sûr que le projet européen est un projet qui ne fonctionne qu'en dynamique.
01:27 Bien sûr que le projet européen est un projet qui, non seulement, j'allais dire, fait des jaloux,
01:32 mais aussi contre lequel s'opposent la plupart des grands acteurs mondiaux.
01:39 A commencer évidemment par la Russie. Enfin, je l'ai vécu de moi-même lorsque je me suis occupé des vaccins.
01:44 Où Poutine voulait en permanence nous empêcher de vacciner nos concitoyens européens
01:49 et nous imposer son fameux vaccin, on l'appelait Spoutnik, qui ne fonctionnait pas.
01:53 Je l'ai vécu et je le vis tous les jours avec ces vélités de déstabilisation de nos démocraties,
02:00 les cyberattaques, l'utilisation de migrants comme arme, pardon, hybride.
02:05 Donc bien sûr, je le vis évidemment avec les rapports de force avec les Etats-Unis.
02:09 - Il y a un risque de mort quand vous vous projetez Thierry Breton.
02:13 Vous dites qu'il y a un risque de mort de l'Europe si elle ne bouge pas ?
02:17 - Le véritable projet européen, c'est d'être ensemble pour lutter contre tous ces risques.
02:22 Et tant que nous sommes ensemble, on progresse, on avance et on protège.
02:26 Et c'est vrai qu'à partir du moment où on écouterait certains qui veulent nous déstabiliser,
02:32 le risque évidemment, c'est la fin du projet européen.
02:35 Et donc, bien entendu, ceux pour lesquels la souveraineté et l'autonomie sont des valeurs cardinales,
02:44 je parle évidemment des Etats-Unis, America First, mais ça a continué sous Biden.
02:49 Je pense évidemment à la Chine, dont on sait que le seul thème désormais, ce n'est plus l'économie,
02:54 mais c'est précisément les aspects de sécurité et de défense.
02:57 Pardon, mais je le vis tous les jours.
02:59 Si on n'est pas ensemble, on ne peut pas faire les rapports de force et évidemment, on se fait balayer.
03:03 Donc c'est parce que nous sommes ensemble que nous avons un projet qui fonctionne et puis qui s'impose.
03:07 - Alors justement, parlons défense, puisque la défense fait partie de votre portefeuille de commissaire européen Thierry Breton.
03:13 Emmanuel Macron invite les Européens à bâtir, je cite, "une initiative européenne de défense qui pourrait inclure un bouclier anti-missiles".
03:21 Qu'est-ce que c'est que ce bouclier ?
03:23 Est-ce que c'est sur le même modèle que ce qu'on a vu à l'œuvre en Israël, quand l'Iran a lancé son attaque de drones et de missiles récemment ?
03:28 - C'est très important et cette partie, d'abord le discours du président de la République est très important sur les trois volets.
03:34 Le volet protection et le volet évidemment défense.
03:37 - Le bouclier, qu'est-ce que c'est ? Expliquez.
03:39 - Le bouclier, ça concerne la capacité de se protéger dans ce qu'on appelle les espaces contestés.
03:44 Revenons, si vous voulez, une seconde à la boussole stratégique, c'est-à-dire le livre blanc que les 27 ont écrit ensemble,
03:51 sous la direction du haut représentant, Joseph Borrell, il y a maintenant deux ans.
03:56 Pour la première fois, nous avons enfin une doctrine ensemble de défense,
04:00 dans laquelle il est dit très explicitement que les Européens doivent protéger ensemble les quatre espaces contestés.
04:06 L'espace aérien, il faut un bouclier missile. L'espace tout court, il faut une constellation qui nous protège de l'espace à l'espace.
04:13 C'est ce qu'on a fait avec la constellation Iris Square. L'espace cyber et l'espace maritime.
04:19 Et donc pour ces quatre espaces, il n'y a pas d'autre choix que de travailler ensemble.
04:23 - Et avec quelles technologies dirait-on ? Américaines ? Étrangères ?
04:27 - Mais encore une fois, le sujet c'est de nous protéger ensemble.
04:30 Il se trouve que les technologies aujourd'hui dans les quatre espaces, elles existent,
04:35 parce que vous savez, en Europe, on peut tout faire en matière de défense.
04:38 On sait faire des boucliers anti-missiles, prenons évidemment des entreprises qui savent le faire,
04:43 et on sait que des entreprises françaises, des entreprises italiennes savent le faire.
04:47 On sait bâtir des constellations de protection de l'espace tout court.
04:51 On a tous les éléments pour protéger aussi, pour avoir un bouclier cyber au niveau européen.
04:56 Et on a commencé à le faire. Donc il faut bien vous dire que ces quatre espaces, désormais,
05:00 ils vont être à la main, exclusives, des 27 ensemble, et que c'est pour ça qu'il faut un fonds,
05:06 pour les financer, avec évidemment de la technologie européenne, parce qu'on la maîtrise.
05:11 - Thierry Breton, qui dit défense européenne, dit investissement colossaux.
05:15 Vous défendez un nouvel emprunt commun pour trouver l'argent.
05:18 Vous parlez de 100 milliards d'euros.
05:20 Qui aujourd'hui, dans les 27, soutient cette idée, et est prêt à mettre au pot sur une somme pareille ?
05:27 - Alors c'est évidemment une proposition qui avait été faite, vous vous en souvenez, par la première ministre estonienne, Kaya Kallas,
05:32 et qui rejoint nos propres calculs avec mes équipes, puisque nous sommes en charge des industries de défense,
05:37 au sein de la commission, avec deux piliers.
05:40 Un pilier pour protéger les espaces contestés dont nous venons de parler à l'instant.
05:44 Un autre pilier pour augmenter la capacité industrielle, car c'est de ça dont il s'agit.
05:48 Il faut impérativement augmenter très vite notre capacité à produire plus et mieux ensemble,
05:53 en européen, en termes d'industries de défense.
05:56 Alors on parle, évidemment, on a calculé ce montant, on va évidemment l'affiner.
06:00 Le Conseil européen nous a demandé, la commission, de revenir au Conseil de juin,
06:04 avec des propositions finalisées, y compris en matière de propositions de financement.
06:10 Moi ce que je dis, évidemment, et ça ne vous surprendra pas, parce que je l'avais déjà fait au moment de la crise du Covid,
06:16 ou précisément pour bâtir notre constellation d'orbite basse, par satellite Iris Square, dont j'ai parlé tout à l'heure,
06:22 il faut avoir des investissements communs en Europe et en européen, lorsque nos intérêts vitaux, ou existentiels, sont engagés.
06:30 Et donc oui, je pense que pour ceci, on a plusieurs formules, on va y revenir.
06:35 L'une d'entre elles, c'est des eurobondes.
06:36 L'autre, c'est évidemment d'avoir un endettement totalement en commun, comme on l'a fait pour répondre à la crise du Covid.
06:42 100 milliards, Nicolas Demorand, c'est beaucoup, mais 100 milliards par rapport aux près de 16 000 milliards d'euros du PIB européen,
06:54 si c'est existentiel, bien entendu qu'on saura le faire.
06:57 Vous avez beaucoup le mot "commun" à la bouche, et effectivement, hier Emmanuel Macron, dans une interview à la presse régionale,
07:03 a dit qu'il proposerait aussi de partager l'arme nucléaire française.
07:07 Il dit qu'il veut ouvrir ce débat, qui inclut la défense antimissile, les tirs d'armes de longue portée,
07:12 et l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont, ou qui en disposent sur leur sol en Europe.
07:16 Le Brexit fait que le Royaume-Uni nous a quittés, eux avaient l'arme nucléaire, il ne reste plus que nous.
07:20 Est-ce que vous comprenez les moix qui se la suscitent ce matin dans les oppositions, RN, LFI, LR,
07:27 qui ont l'impression que la doctrine gaulliste est complètement abandonnée, et qu'on brade la souveraineté française ?
07:32 - Michel Gauze, on va revenir une seconde à ce que Pierre Aschy vient de dire.
07:37 Il n'a jamais été question, et Pierre Aschy vient de nous le rappeler, de dire qu'il s'agit de partager l'arme nucléaire.
07:42 Il a même dit que c'était l'inverse. Mais il a dit, là vous avez raison, qu'à chaque fois que le président de la République,
07:47 c'est la troisième fois, puisqu'il l'avait déjà dit en 2020, il l'a dit en 2022, il le redit désormais en 2024,
07:53 et j'allais presque dire "rien de nouveau", au fond, sous le soleil, si vous permettez cette expression,
07:58 mais à chaque fois, il y a effectivement ces réactions, qui sont des réactions, évidemment, politiciennes.
08:04 Il ne s'agit pas de cela, encore une fois, ce n'est pas à moi de faire l'exerce de ce que dit le président de la République sur l'arme nucléaire,
08:13 il est le seul habilité à parler de ces questions. Il n'en demeure pas moins que qu'est-ce qu'il dit, et qu'il répète depuis maintenant plusieurs fois,
08:21 c'est qu'évidemment, l'engagement de l'arme nucléaire, c'est la doctrine de dissuasion,
08:25 ça se fait lorsque les intérêts vitaux de la France sont menacés, et il rajoute systématiquement que,
08:32 pour le grand France qui concerne les intérêts vitaux de la France, il y a évidemment une dimension européenne.
08:37 - Est-ce que les Européens vont choisir le parapluie français ou le parapluie américain ?
08:40 - Et c'est de cette dimension européenne que le président de la République a dit qu'il était prêt à parler avec ses homologues,
08:47 mais je pense qu'il ne faut pas s'attendre, alors je vais encore une fois, ce n'est pas à moi de commenter, surtout, ce type de propos,
08:54 - Vous le faites quand même, à Paul ? - Non, mais je rappelle que je ne fais que dire effectivement ce qu'il dit lui-même,
08:59 et ce qui est important, parce que la dimension européenne, elle est inhérente, encore une fois, à ses propos,
09:04 et depuis maintenant un certain nombre de fois, alors qu'il discute maintenant avec ses homologues,
09:08 c'est ce qu'il propose de faire, je pense que ça se fera certainement dans le contexte qu'a rappelé Pierre Aschy, à l'instant,
09:13 c'est-à-dire évidemment, certainement pas en partageant la décision, en partageant les coûts,
09:19 en partageant le fait que ça devienne des armes européennes, c'est absolument pas ce qu'il a dit,
09:24 mais laissons-le maintenant faire ce qu'il a à faire, et certainement sous les écrans à l'heure.
09:30 - Thierry Breton, on l'entendait dans le journal de 8h, les forces russes accélèrent leur progression sur le front ukrainien
09:36 pour tenter de prendre un avantage stratégique avant les prochaines livraisons d'armes américaines.
09:41 Sur les livraisons européennes, cette fois, où en sommes-nous ? Sur 100% de nos promesses faites à l'Ukraine,
09:50 combien ont été tenues et livrées ?
09:53 - Alors d'abord, sur les chiffres, je rappelle que l'Union Européenne a déjà livré pour 28 milliards d'équipements à l'Ukraine,
10:02 il y a encore 21 milliards qui sont prévus jusqu'à la fin de l'année, on est à peu près à 50 milliards,
10:07 c'est à peu près l'équivalent de ce qu'ont fait jusqu'à présent les Etats-Unis.
10:11 Donc les livraisons, elles sont là, elles arrivent.
10:15 Ce qui est très important, c'est qu'effectivement, il faut avoir plus de capacités de protection,
10:21 on parlait tout à l'heure de dômes de protection aérienne, et c'est une demande réitérée de la part de Volodymyr Zelensky.
10:28 La décision du Congrès, évidemment que nous saluons, va permettre de livrer très rapidement ces fameuses batteries de missiles,
10:34 sans doute Patriot, pour protéger les éléments les plus critiques en Ukraine, et c'est une nécessité de le faire assez vite.
10:41 J'ai cru comprendre qu'un certain nombre de ces équipes...
10:43 - Mais nous, Européens, sur 100% d'armes promises, on a livré combien ?
10:47 - En ce qui nous concerne, on a livré ce que nous avions dit que nous allions livrer,
10:50 on est maintenant en phase de livrer, comme vous le savez, des avions, il faut d'abord entraîner évidemment les pilotes,
10:55 et peut-être plus précis sur les munitions, car on sait que c'est un sujet absolument majeur sur la ligne de front.
11:02 Nous nous étions engagés à fournir, entre le mois de mars 2023 et le mois de mars 2024,
11:08 donc plus d'un million d'obus de gros calibre 155 à l'Ukraine, ils ont été fournis,
11:13 on a augmenté notre base industrielle, donc désormais on est à plus d'un million de capacités par an,
11:19 on va passer à deux millions de capacités par an en 2025, grâce au financement européen,
11:25 donc on est, je dirais, dans la dynamique que nous avions promis, est-ce que ça suffit ? Non.
11:31 On sait qu'il faut accélérer, on sait qu'il faut accélérer que l'Europe, comme je le dis,
11:35 2025 c'est une capacité de deux millions un peu plus de production par an,
11:39 donc sur ce segment, oui, on est passé en économie de guerre, mais il faut aller encore plus vite,
11:45 c'est un élément très important, et donc je tiens à dire que nous nous réjouissons,
11:49 et je me réjouis du fait que les Américains, qui ont mis beaucoup de temps, beaucoup de temps à se décider,
11:54 on voit que la démocratie américaine est lente, plus lente que la démocratie européenne, du reste,
11:58 et donc, on voit que les Américains vont revenir en soutien, je crois que c'est très nécessaire,
12:02 et je le rappelle existentiellement.
12:04 - Encore une question Yael avant de passer à l'économie.
12:06 - Voilà, autre sujet, le sujet de souveraineté française, celui-là, Bruno Le Maire a annoncé hier soir
12:10 que les actifs stratégiques du géant informatique français, Atos, que vous connaissez bien,
12:14 dans le militaire, dans le nucléaire, dans le renseignement, allaient être partiellement rachetés par l'État.
12:20 Est-ce que c'est une bonne solution que l'État intervienne pour sauver Atos,
12:24 qui a eu 10 ans, est-ce une forme de nationalisation ?
12:27 - Alors Yael Ghos, l'entreprise Atos, je la connais bien, puisque pendant 11 ans,
12:34 je me suis efforcé avec le conseil d'administration d'en faire une entreprise leader,
12:38 leader dans les domaines les plus critiques pour le traitement des données.
12:42 J'ai quitté cette entreprise il y a plus de 5 ans.
12:45 Elle était quoi, il y a plus de 5 ans ?
12:48 Après 11 ans, précisément, de travail patient, collectif, avec l'ensemble des parties prenantes.
12:53 Elle était devenue numéro 1 en matière de services de cybersécurité en Europe, et numéro 3 mondial.
12:59 Elle était devenue numéro 1 en matière de supercalculateurs,
13:02 notamment pour la modélisation de l'arme nucléaire française, et numéro 3 mondial.
13:07 Elle était devenue numéro 1 en matière de serveurs...
13:09 - Vous parlez au passé, mais aujourd'hui c'est une entreprise qui a perdu 3,4 milliards d'euros,
13:13 mais 80% de sa valeur boursière.
13:15 - C'est effectivement l'entreprise que j'ai bâtie, avec le conseil d'administration, avec les salariés,
13:20 et je vous dis simplement ce qu'elle était il y a 5 ans.
13:23 Elle était également numéro 1 en matière de traitement des données sécurisées,
13:29 et tout ça a été fait, et je le dis, parce que je lis quelques erreurs par moment,
13:34 c'est pas moi qui le lis, du reste c'est un an après, il suffit de regarder dans le rapport annuel de l'entreprise,
13:38 c'est les dirigeants d'après qui l'ont dit, c'est une entreprise qui avait zéro dette nette.
13:44 Tout ceci a été fait sans endettement net.
13:46 - La question d'aujourd'hui c'est, est-ce que l'État qui veut le secours, c'est bon, c'est pas bien ?
13:48 - Pourquoi est-ce que j'avais voulu faire ça ?
13:50 Parce que j'estimais, et que ces actifs étaient très importants,
13:54 pour avoir de la souveraineté dans le traitement de l'information en Europe.
13:58 Alors il se trouve que pendant 2 ans ensuite, l'entreprise a continué à être l'une de celles qui performait le mieux au niveau européen,
14:07 elle a traversé la crise du Covid en continuant à progresser.
14:10 Après, il y a eu des divergences stratégiques, des orientations totalement orthogonales,
14:17 le remplacement du directeur général, et je n'ai pas encore...
14:21 - L'intervention de l'État est-elle nécessaire ?
14:23 - Il y a eu 5 directeurs généraux qui se sont suivis, donc ce qui reste aujourd'hui...
14:27 - Et l'État arrive aujourd'hui, c'est bien ou pas Thierry Bontemps ?
14:29 - Ce qui reste aujourd'hui, c'est une entreprise effectivement dont les actifs sont très stratégiques,
14:33 et je n'ai pas d'autres commentaires à faire que ceux que je viens de faire.
14:38 C'est à reconnaissance que cette entreprise dispose d'actifs stratégiques pour l'Europe, c'est très important,
14:45 et des femmes et des hommes qui les font chez eux.
14:47 - C'est important que l'État les protège, ces actifs.
14:49 - C'est très important, comme moi, lorsque j'ai bâti cette entreprise, je ne voulais pas que certains de ces actifs
14:53 partent dans des mains qui n'étaient pas des mains européennes, c'est pour ça aussi que je les avais acquis,
14:58 donc je crois que c'est très important que ça reste en Europe.
15:00 - On va passer au Standard Inter où nous attend Marc, Marc Dupas de Calais.
15:06 - Oui, bonjour.
15:08 - Bonjour Marc, bienvenue.
15:10 - Bonjour messieurs, merci de m'avoir pris ma question.
15:12 Alors j'ai un constat, ça fait le mois prochain, ça fera 500 jours que monsieur Poutine a lancé son offensive sur l'Ukraine.
15:19 Alors question multiple, ne pensez-vous pas que l'Europe semble une sorte de forteresse assiégée ?
15:25 Je m'explique, une armée russe qui ne cesse de grignoter les positions ukrainiennes,
15:30 une Chine en embuscade via Huawei, TikTok et peut-être la route de la soie,
15:36 une défense commune à la ramasse, un soutien US qui a trop tardé, doublé d'une victoire de Trump qui nous lâcherait,
15:44 des pays d'Afrique qui un à un se détournent de nous,
15:47 et enfin un rassemblement national en tête de sondage aux élections du 9 juin avec des idées que l'on sait.
15:53 Bref, comment à ce jour être optimiste avec un marché intérieur qui risque de s'effondrer et nos belles valeurs démocratiques à l'avenant ?
16:01 Merci Marc, je rigole parce que effectivement comment aujourd'hui être optimiste vu le tableau que vous venez de faire ?
16:08 Je laisse la parole à Thierry Breton sur l'optimisme.
16:13 Ecoutez d'abord, c'est effectivement en partie, parce que le président de la République n'a pas repris tous les éléments que Marc vient de citer,
16:21 mais c'est en partie cette analyse qui a fondé le discours de la Sorbonne de la semaine dernière du président de la République, Emmanuel Macron,
16:28 parce qu'évidemment le paysage tel qu'il est décrit, et géopolitique en particulier, en ce qui concerne la Russie, en ce qui concerne les Etats-Unis,
16:36 en ce qui concerne la Chine, en ce qui concerne ce qu'on appelle d'une façon générale le Sud global,
16:40 c'est effectivement ce que le président de la République a dit en qualifiant cet environnement géopolitique qui évidemment n'est pas favorable à l'Europe.
16:52 Alors je nuancerai sur le fait de dire qu'une défense qui s'effondre, c'est l'inverse.
16:55 Alors je peux en porter témoignage, c'est vraiment l'inverse.
16:58 La défense européenne est vraiment en mouvement.
17:01 Nous avons aujourd'hui la capacité de tout faire en Europe.
17:04 Ce qu'il faut maintenant c'est le faire plus vite et ensemble, et je n'ai aucun doute qu'on va y arriver.
17:09 Alors est-ce que nous sommes une forteresse assiégée ?
17:11 On est dans des logiques, aujourd'hui Nicolas Demorand, de rapports de force globaux.
17:16 Et pour mener ces rapports de force, c'est certain qu'on ne peut plus le faire en étant un pays isolé.
17:21 Regardez ce qui se passe avec la Grande-Bretagne, c'est le contre-exemple absolu.
17:25 Et c'est parce que nous sommes ensemble, parce qu'on pèse 450 millions de concitoyens,
17:29 parce que nous sommes le premier marché intérieur au monde qui ne s'effondre pas, contrairement à ce qui vient d'être dit,
17:34 que nous pouvons peser, que nous devons peser dans le monde d'aujourd'hui, de demain.
17:38 C'est la seule issue que nous avons, mais on a cette chance d'avoir ce projet, ce projet commun,
17:45 qui fait que oui, on saura faire des rapports de force, comme je les ai fait par exemple avec les grandes plateformes,
17:49 pour leur imposer désormais nos lois, et non pas l'inverse.
17:54 - Pour peser, il faut être crédible économiquement. Retour en France, tiré Breton.
17:58 La France échappe à une dégradation de sa note par les agences de notation Moody's et Fitch.
18:02 Quel commentaire est-ce que ça vous inspire ?
18:04 Sachant qu'aucune des deux ne pense qu'on reviendra sous les 3% de déficit public du PIB d'ici à 2027.
18:10 - Les notations sont évidemment des éléments importants lorsqu'on est un acteur public qui travaille dans le secteur de l'économie, bien entendu.
18:17 J'ai cru comprendre du reste que ces deux agences avaient déjà dégradé la France lors de leur dernière notation.
18:24 Donc je pense que, je dirais, ça s'était déjà exprimé.
18:28 Maintenant, qu'est-ce qui est important pour la France ? C'est la trajectoire.
18:33 Pour la France et pour l'Europe du reste, parce que nous sommes tous engagés dans une dynamique commune,
18:39 notamment les partenaires de l'euro.
18:41 - Alors la trajectoire française ?
18:43 - La trajectoire française, elle indique, elle a été acceptée, elle a été proposée, notamment par la Commission,
18:48 que la France devait revenir en 2027 sous la barre des 3%.
18:53 Il n'y a aucune raison que cette trajectoire soit remise en cause, à charge maintenant évidemment,
18:58 pour la France, comme pour tous les États qui se sont engagés sur leur propre trajectoire, de le tenir.
19:03 - Est-ce qu'on peut échapper à une procédure pour déficit excessif ?
19:07 - La réponse est oui, puisqu'encore une fois, désormais, cette procédure s'inscrit dans ces trajectoires
19:11 et c'est la raison pour laquelle, à juste titre, le ministre de l'économie et des finances,
19:15 le président de la République, disent de façon claire que ce qui est très important,
19:18 c'est évidemment que la France tienne cette trajectoire.
19:21 Et c'est cette trajectoire qui a été présentée à la Commission et qui doit être tenue désormais.
19:27 - Avant, quelques questions politiques sur la campagne des élections européennes.
19:31 Un autre mot sur l'économie, il y a 10 jours, les échos faisaient leur une.
19:35 Croissance, l'Europe à la traîne du monde, prévision de croissance pour la zone euro à 0%,
19:40 à 0,8%, c'est 2,7% pour les Etats-Unis, l'écart est considérable.
19:46 Comment l'expliquez-vous, cet écart, Thierry Breton ? Et sommes-nous en train de décrocher ?
19:50 - Alors, d'abord, il faut toujours regarder les choses en économie, donc de façon très précise.
19:55 Lorsqu'on regarde, puisqu'on se mesure finalement à partir de...
19:59 J'ai vu qu'il y a un certain nombre d'analystes qui indiquent par rapport à 2000, effectivement.
20:03 Et je le dis, ce qui est important, c'est la croissance par habitant.
20:09 Quand on regarde la croissance par habitant et à taux de change constant,
20:12 parce que si on ne prend pas les taux de change constant, évidemment, on a cet écart.
20:15 Mais ce qui est important, c'est la création de richesses créées par habitant.
20:19 Elle est identique, donc, au niveau européen et au niveau américain depuis 20 ans.
20:24 La parité de pouvoir d'achat est la même, c'est très important parce que ce n'est pas assez dit,
20:29 entre les Etats-Unis et l'Europe depuis 20 ans.
20:31 - Mais pas la richesse par habitant ?
20:33 - Si, je parle encore une fois de la création.
20:35 Mais qu'est-ce qui se passe ?
20:36 Ce qui se passe, c'est qu'il y a effectivement une croissance.
20:39 Il faut parler à taux de change constant, c'est pour ça que je parle à taux de change constant,
20:42 et donc en parité de pouvoir d'achat.
20:44 Alors, qu'est-ce qui se passe ?
20:45 C'est que la démographie aux Etats-Unis a augmenté considérablement depuis 2000, +18%,
20:49 et de façon assez faible en Europe, 4%.
20:52 Ce qui explique, en partie, les éléments de croissance que l'on voit en valeur absolue sur les Etats-Unis.
20:58 Il n'en demeure pas moins qu'il faut faire plus, évidemment, en Europe.
21:01 La compétitivité est un problème, un enjeu majeur.
21:04 Et les propositions du rapport l'Etat, du reste, et en l'air de l'Etat qui vient de les remettre,
21:07 vont dans le sens qui me semble être le bon sens pour accroître notre compétitivité.
21:11 - Allez, on en vient à la campagne des Européennes.
21:13 Il y a J-42, des sondeurs ont tenté de mesurer s'il est 1h49 du discours du président de la République à la Sabonne avait eu un effet dans l'opinion.
21:22 Sans doute est-ce trop tôt, mais pour l'instant, pas du tout.
21:25 Et même certains instituts voient la liste Glucksmann se rapprocher de celle conduite par Valérie Ayé.
21:30 Qu'est-ce qui ne marche pas dans la campagne de votre camp, René Sancerre ?
21:33 - Alors d'abord sur le discours du président de la République, je crois qu'il l'a précisé, et c'est la réalité.
21:38 Ce discours, il avait vocation à s'exprimer auprès de l'ensemble des 27, parce qu'il va y avoir un conseil fin juin, très important, un conseil européen,
21:51 où précisément la stratégie pour les 5 ans qui viennent va être proposée et décidée à 27.
21:57 Et le président de la République a souhaité présenter sa stratégie pour les 27.
22:01 Et je peux vous dire que dans les capitales européennes, j'y passe évidemment ma vie, c'est mon travail,
22:06 le discours a été bien compris. Il n'y a pas que le chancelier des sols.
22:09 - Oui, mais ce sont les français qui votent le jour.
22:11 - Oui, mais je vous redis, parce que vous m'interrogez sur le discours, le discours c'est un cap qui va être discuté.
22:16 Il l'a partagé évidemment avec ses concitoyens, c'est normal.
22:20 C'est ce discours et son fondement qui va être discuté auprès de ses pairs au mois de juin.
22:26 - Mais à la campagne ?
22:27 - Alors maintenant, sur la campagne, vous voyez, vous êtes des experts et vous voyez comme moi aujourd'hui les chiffres.
22:34 Mais moi ce que je vois aussi, c'est qu'on n'est pas rentré encore dans le fond des propositions.
22:39 On n'est pas rentré encore dans ce qu'il faut pour que l'Europe de demain, celle qui puisse exercer des rapports de force,
22:45 cette Europe puissance, qui soit consciente de sa puissance ensemble,
22:49 qui puisse l'exprimer dans les rapports de force qui ne vont pas manquer,
22:52 avec une Amérique qui si elle devient l'Amérique d'un nouveau président Donald Trump,
22:58 on sait qu'il ne comprend que les rapports de force, mais que ça fonctionne,
23:01 lorsque l'on exerce ces rapports de force.
23:03 C'est pareil avec la Chine, c'est pareil avec le reste.
23:05 - Giorgia Meloni en Italie, chef du gouvernement, va elle-même endosser le rôle de tête de liste aux élections européennes,
23:11 pour son camp et comme chef du gouvernement.
23:13 Est-ce qu'on ne devrait pas en prendre de la graine en France aussi ?
23:15 Est-ce que Gabriel Attal, Premier ministre, devrait se mouiller un peu plus, pour le dire clairement ?
23:18 - Elle le fait tardivement. Giorgia Meloni a l'ambition de faire peser davantage le groupe européen auquel elle appartient,
23:26 qui s'appelle le CR. C'est sans doute la raison, je ne veux pas faire de commentaires politiques qui ne m'appartiennent pas,
23:31 mais on voit bien pourquoi elle le fait.
23:34 Ce que je peux dire, c'est que pour l'instant, je n'ai pas entendu une seule proposition,
23:39 de la part par exemple du Rassemblement National, sur l'Europe de demain,
23:43 sur comment il entend exercer, M. Bardella, les rapports de force nécessaires.
23:47 - Comment expliquez-vous qu'il soit à 30% dans les intentions de vote ?
23:51 - Je ne suis pas un expert politique, je vois bien ce qu'il y a derrière,
23:57 mais je vois aussi qu'on n'est pas encore rentré dans les propositions,
24:01 et que du reste, M. Bardella semble avoir du mal à y entrer,
24:05 et moi qui le côtoie quelque part, assez souvent au Parlement européen, ça ne me surprend pas.
24:11 - Merci Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, d'avoir été au micro d'Inter ce matin.

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