• l’année dernière
Taïwan, souveraineté européenne, réforme des retraites... Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, eurodéputé, président du groupe Renew au Parlement européen, est l'invité du Grand entretien.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Avec Léa Salamé, nous recevons aujourd'hui dans le Grand Entretien le secrétaire général
00:04 du parti Renaissance, président du groupe Renew Europe au Parlement Européen.
00:08 Questions, réactions, 01 45 24 7000 et application de France Inter.
00:15 Stéphane Séjournet, bonjour.
00:16 - Bonjour à vous deux.
00:17 - Et bienvenue à ce micro, on va évidemment évoquer la situation en France à trois jours
00:22 de la décision du Conseil Constitutionnel sur la réforme des retraites, mais commençons
00:27 par l'international et les déclarations d'Emmanuel Macron à l'issue de son voyage en Chine,
00:32 des propos qui ont fait bondir aux Etats-Unis et dans l'Union Européenne.
00:37 Emmanuel Macron a déclaré, je le cite, « la pire des choses serait de penser que nous,
00:42 Européens, devrions être suivistes sur la question de Taïwan et nous adapter au rythme
00:48 américain et à une surréaction chinoise ». Les Chinois aussi sont préoccupés par
00:53 leur unité et Taïwan, de leur point de vue, en est une composante.
00:58 Il est important de comprendre comment ils raisonnent.
01:01 Fin de citation.
01:02 Le timing de ces déclarations interroge.
01:05 Elles ont été faites à la veille d'importantes manœuvres militaires chinoises autour de
01:09 Taïwan.
01:10 La Chine s'est entraînée hier à un bouclage de l'île en simulant des bombardements ciblés.
01:15 Alors, question directe, pouvez-vous nous expliquer ce matin quelle est désormais la
01:20 ligne de la France sur Taïwan et sur la Chine ?
01:23 D'abord, il ne faut pas caricaturer les propos du président de la République.
01:27 Qu'est-ce qu'il nous dit ? Il nous dit que dans le cadre des tensions et de l'escalade
01:31 aujourd'hui entre deux puissances, il faut que l'Europe, et notamment la France, puissent
01:36 jouer un rôle particulier, un rôle de désescalade.
01:38 Et dans ce cadre-là, évidemment, nos alliés sont les Américains et il n'y a pas d'écuidistance
01:43 entre la Chine et les Etats-Unis.
01:45 Il y a d'un côté une démocratie, la plus grande démocratie du monde, nos alliés,
01:50 et de l'autre côté un régime autoritaire qui est d'ailleurs un régime concurrent au
01:54 nôtre.
01:55 Par contre, dans ce cadre-là, et dans la construction d'une autonomie stratégique
01:59 européenne, dans le cadre de la troisième voie aussi qu'on essaye de construire, évidemment,
02:04 il faut que l'Europe, il faut que la France, puissent jouer un rôle dans la diplomatie
02:08 mondiale.
02:09 Alors, évidemment, j'entends depuis hier dans les commentateurs, notamment aux Etats-Unis,
02:17 évidemment, quelques critiques, mais je pense qu'il n'y a pas de stratégie nouvelle.
02:23 Depuis maintenant plusieurs années, le président de la République intègre la question de
02:28 l'autonomie stratégique dans la dimension européenne pour avoir plus d'autonomie,
02:33 plus d'indépendance sur l'industrie, sur la défense, sur l'international.
02:37 Et donc tout ça est très cohérent en réalité.
02:40 Je suis assez étonné ce matin de voir une levée de bouclier alors que la stratégie
02:47 française a toujours été la même sur le point de vue militaire, international et
02:51 diplomatique.
02:52 Pardon, mais si on reprend exactement les mots du président, sans les caricaturer,
02:55 juste en les citant, en disant cette phrase sur Taïwan, nous ne devons pas suivre le
02:58 rythme américain ni la surréaction chinoise.
03:01 Pardon, si on traduit, ça voudrait dire que le problème de Taïwan, que les tensions
03:05 de Taïwan, ce sont les Américains qui la créent, qui les créent, et que les Chinois
03:10 ne font que surréagir à ce que font les Américains.
03:12 C'est ça que ça veut dire cette phrase, c'est ça que les gens ont compris, et c'est
03:15 ça que les Européens ont compris notamment.
03:17 Aujourd'hui, il y a une escalade des tensions avec des réactions et des surréactions.
03:24 Mais qui surréagit ?
03:25 Je ne vous fais pas un dessin, mais si ces deux puissances mondiales décident d'en
03:31 arriver à un conflit armé, c'est probablement la troisième guerre mondiale.
03:33 Donc le président de la République réitère le fait que l'Europe, la France, a une
03:39 voie singulière pour jouer la désescalade.
03:42 Et donc il faut que cette diplomatie puisse se jouer aussi en indépendance de ces deux
03:48 blocs et joue aussi une puissance d'équilibre.
03:51 Ça a été la stratégie, en tout cas depuis maintenant cinq ans, du président de réguiller
03:57 la France sur une voie de puissance d'équilibre au niveau international et au niveau européen.
04:03 Et aujourd'hui, cette configuration…
04:06 Aujourd'hui, qui veut contrôler Taïwan ? C'est les Chinois ou les Américains ?
04:09 Je pense que là, on voit bien qu'il y a ce qu'il a dit dans son édito très très
04:14 justement.
04:15 Il y a des élections à Taïwan.
04:17 Et à chaque fois qu'il y a des élections à Taïwan, il y a du côté des Chinois
04:23 des manœuvres militaires pour justement peser sur ces élections.
04:25 Et il y a la volonté des États-Unis d'affirmer dans la région une présence et une autorité
04:32 aussi sur Taïwan.
04:33 Il ne faut pas que l'Europe joue un rôle là-dedans d'escalade et de suivisme des
04:38 États-Unis, mais plutôt de désescalade.
04:40 C'est un peu le rôle qu'a demandé le président de réguiller, de jouer aussi au
04:45 niveau européen et au niveau français.
04:47 On est à équidistance aujourd'hui, l'Europe, sur la question de Taïwan.
04:49 C'est-à-dire que ni Chinois ni Américains ne sont pas plus proches de la démocratie
04:55 qu'est Taïwan aujourd'hui.
04:56 Évidemment que non.
04:57 Je l'ai dit, d'un côté, il y a la plus grande démocratie du monde, nos alliés.
05:02 Mais des fois, on n'est pas alignés.
05:04 On n'est pas alignés sur nos intérêts économiques, sur nos intérêts diplomatiques.
05:08 Je vous rappelle que la France a aussi des intérêts dans la région.
05:10 Et la France a des positions, notamment dans la région, avec des territoires qu'il
05:17 faut aussi protéger, et les Français qui habitent là-bas.
05:19 Et puis, de l'autre côté, il y a un régime autoritaire qui est le régime chinois et
05:23 qui est un régime concurrent du nôtre, de nos démocraties.
05:26 Et il faut en tenir compte.
05:27 Maintenant, dans le cadre de l'augmentation des tensions, moi, je pense que c'est important
05:31 que l'Europe joue un rôle d'apaisement.
05:33 Aux Etats-Unis, le sénateur de Floride, Marco Rubio, demande aux Européens si Emmanuel
05:39 Macron parlait en leur nom, tout en dénonçant une visite complaisante d'Emmanuel Macron
05:44 en Chine.
05:45 Rubio dit que si Emmanuel Macron parle au nom de l'Europe, alors les Etats-Unis devraient
05:50 en tirer les leçons et se concentrer sur Taïwan et laisser les Européens gérer l'Ukraine.
05:55 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
05:57 D'abord, il y a eu la volonté, évidemment, d'associer la Commission Européenne.
06:00 Ça ne vous aura pas empêché de voir que la présidente de la Commission Européenne
06:05 était présente.
06:06 Je pense que, par ailleurs, dans le dialogue avec les Chinois, parler à 27, c'est une
06:11 bonne chose.
06:12 La Chine a eu toujours une stratégie de division de l'Europe.
06:15 Et donc de parler avec 27 capitales qui permettaient, à la fois sur le point de vue commercial,
06:22 sur le point de vue diplomatique, de diviser les Européens.
06:24 Et donc il y a une volonté française de faire de l'Europe une Europe puissante et
06:29 de justement parler à 27.
06:31 Sur la question ukrainienne, on est dans un schéma complètement différent.
06:35 Il y a un conflit à nos portes européennes.
06:36 Et là, les Américains sont nos alliés, sont les alliés de l'Ukraine.
06:41 Et nous avons ensemble déployé des moyens très importants pour aider militairement
06:47 et financièrement l'Ukraine.
06:48 Parce qu'on y a un intérêt commun.
06:50 On y a un intérêt commun que, justement, la Russie ne déploie pas son régime sur
06:57 d'autres territoires et puis d'apaiser la région.
07:00 Donc il n'y a pas d'incompatibilité en ayant une démocratie, en tout cas une Union
07:06 européenne, qui est en capacité d'avoir sa propre voix, une France qui joue une position
07:10 singulière sur la scène internationale de désescalade et en même temps une alliance
07:14 sur la question ukrainienne.
07:16 Vous entendez ce que dit Marco Rubio, qui est un leader conservateur américain.
07:20 C'est-à-dire en gros, si vous tous, les Européens, vous êtes d'accord avec Emmanuel
07:23 Macron, ce qui n'est pas le cas puisque la levée de bouclier a été partout.
07:26 Vous êtes député européen, vous savez que partout et notamment dans les pays de
07:28 l'Est, mais aussi en Allemagne.
07:29 Les mots d'Emmanuel Macron sur Taïwan ont été vivement critiqués.
07:32 Mais il dit en gros, démerdez-vous, débrouillez-vous sur l'Ukraine, si c'est comme ça.
07:37 Si ce que vous dites et ce que craignent les pays de l'Est, c'est de dire, oh là là,
07:40 si les Américains sentent qu'on n'est pas alliés.
07:43 Aujourd'hui, l'Ukraine n'est pas russe grâce au soutien militaire américain, surtout,
07:48 non ?
07:49 La question de l'alliance, en tout cas de l'Europe et des États-Unis sur l'Ukraine
07:53 n'est pas en danger avec ces déclarations.
07:55 On a un intérêt commun entre nos démocraties avec les Américains pour aider l'Ukraine
08:01 et je pense que ça continuera.
08:02 C'est dans ce contexte qu'Emmanuel Macron effectue aujourd'hui une visite d'État
08:07 aux Pays-Bas où il devrait prononcer cet après-midi à l'AE un discours sur la souveraineté
08:12 économique et industrielle de l'UE.
08:14 Six ans après son discours de la Sorbonne sur l'Europe déjà.
08:18 Que faut-il attendre, Stéphane Séjourné, de ce discours de l'AE aujourd'hui ?
08:23 Jusqu'à maintenant, la souveraineté européenne s'est faite à marche forcée, j'ai envie
08:28 de dire.
08:29 Avec les crises, la crise du Covid, la crise ukrainienne, on en parlait à l'instant.
08:34 Et donc avec le Covid, on a réussi à bâtir une Europe de la relance.
08:39 750 milliards d'euros qui ont été investis, qui ont été directement prélevés et engagés
08:46 par la Commission européenne.
08:47 Et puis avec la guerre en Ukraine, on a fait, on a engagé la voie de la défense européenne,
08:52 on a avancé.
08:53 Maintenant, il va falloir que la souveraineté européenne soit notamment indépendante,
08:58 j'ai envie de dire, des crises et qu'on puisse aussi la construire en dehors des crises
09:03 et à marche forcée, comme on a pu le faire pendant tout un temps.
09:06 Et donc on a un intérêt aujourd'hui, c'est de remettre sur la scène européenne la question
09:13 de l'autonomie stratégique.
09:15 Je pense que ce sera une partie du discours du président de la République à l'AE.
09:19 Ça veut dire quoi concrètement ? Qu'est-ce qu'on attend ? Quels vont être les mots
09:21 forts du discours cet après-midi ?
09:23 Concrètement, sur le volet industriel, sur le volet de défense, sur le volet international
09:27 dont on a parlé, il faut que l'Europe construise son indépendance et construise la question
09:35 de sa force et donc ce qu'on appelle l'Europe puissance.
09:37 Je vous donne un exemple par exemple, on a décidé pour nous-mêmes d'interdire la
09:41 vente de voitures thermiques en 2035, typiquement.
09:45 Mais aujourd'hui, il nous manque notre autonomie stratégique sur les questions industrielles.
09:50 Il va falloir qu'on produise nos propres batteries sur le sol européen.
09:53 Il faudra qu'on produise notre énergie sur le sol européen, décarbonée.
09:58 Et donc tous ces sujets-là nécessitent justement de construire cette autonomie stratégique.
10:05 Et donc de mettre de l'argent, Emmanuel Macron le répète, on aura notre IRA européen.
10:09 IRA c'est le nom de ce gros plan d'investissement décidé par Joe Biden pour aider les industries
10:15 et les entreprises américaines, qu'Emmanuel Macron avait jugé déloyal vis-à-vis des
10:19 européens quand il était à Washington il y a quelques mois.
10:23 On aura notre IRA.
10:25 Pour l'instant, l'IRA a du mal à se mettre en place notre plan, nous, d'investissement
10:31 pour privilégier les entreprises européennes en gros.
10:34 C'est ça l'idée.
10:35 Les Allemands freinent un peu.
10:38 On dessine un futur IRA européen mais on ne met pas l'argent.
10:42 Très concrètement, la Commission européenne va envoyer trois textes au Parlement européen
10:47 et au Conseil pour un vote probablement avant l'été pour ce qui concerne le Parlement
10:52 européen et une adoption je pense en septembre, en tout cas j'espère, qui correspond à
10:56 notre réponse à l'IRA américaine.
10:58 C'est quoi les enjeux d'abord ? Les enjeux c'est de garder nos emplois et nos industries
11:02 vertes alors que les Etats-Unis jouent sur notre compétitivité.
11:06 On a un prix de l'énergie qui est très très fort en Europe et donc il y a une compétitivité
11:10 qui est en notre défaveur par rapport aux Etats-Unis.
11:13 Et les Américains décident d'augmenter leur compétitivité en rajoutant de la fiscalité
11:20 pour attirer les industries du futur.
11:22 Donc il faut qu'on soit encore compétitif en Europe.
11:25 On va jouer ce rôle-là.
11:27 Ça va être le rôle de la Commission européenne.
11:29 Probablement le plan européen ressemblera en termes de quantité d'argent au plan américain.
11:37 C'est à peu près 2% du PIB.
11:38 On va aller rechercher dans beaucoup de programmes spécifiques où on n'a pas exécuté l'argent.
11:45 Plan de relance etc.
11:46 Ça n'a pas encore été dépensé pour le réaiguiller sur les industries vertes.
11:50 Donc il y a une réponse qui se crée et là-dessus on a réussi à convaincre nos amis allemands.
11:55 Donc je suis plutôt positif et confiant sur le fait qu'en septembre, et je remarque
12:01 juste qu'au moment où on se pose la question de la réactivité européenne, où dans le
12:09 passé il nous a quand même donné des sueurs froides sur notre capacité à réagir, je
12:14 pense notamment aux industries métallurgiques qui sont beaucoup tombées, faute de réaction
12:23 notamment européenne au moment où les Etats-Unis et la Chine mettaient de, sursubventionnaient
12:28 en tout cas l'acier en Europe.
12:30 Et bien là, pour une fois, on a vraiment un plan qui va arriver rapidement, qui va
12:36 être bien dimensionné et donc ça il faut qu'on arrive quand même à s'en féliciter.
12:40 - C'était fin de ces journées, et sur la défense, chaque pays augmente ses dépenses
12:43 militaires de son côté, notamment l'Allemagne de manière sensible.
12:47 Mais pas de défense commune, pas d'armée commune, la France a du mal à entraîner
12:51 les autres avec elle sur ces sujets.
12:53 Pourquoi ?
12:54 - Je pense que d'abord parce que c'est une compétence de souveraineté nationale et
12:59 qu'il y a une bataille presque culturelle et politique à mener sur la question de la
13:05 défense européenne, sur la question de l'Europe puissance.
13:07 On voit bien qu'on avance très fortement avec l'Ukraine, on a créé un fonds européen
13:13 de défense.
13:14 Pour la première fois, on a presque 2 milliards d'euros qui vont être utilisés pour acheter
13:18 des armes en commun au niveau des 27 pour donner des armes à l'Ukraine.
13:23 Alors on avance petit à petit, on travaille sur l'interopérabilité en tout cas du matériel
13:29 européen pour justement pouvoir avoir cette complémentarité européenne.
13:34 Mais petit à petit et aussi à marche forcée avec les crises, c'est pour ça qu'il faudra
13:40 probablement dans les élections européennes qui vont arriver dans un an maintenant, peut-être
13:45 donner un cap supplémentaire, ce sera l'occasion d'un débat je pense.
13:48 - Vous serez candidat ?
13:49 - Je ne sais pas si je serai candidat, je reviendrai vous le dire en septembre.
13:53 - Stéphane Séjourné, on va en venir à la politique intérieure et aux retraites.
13:58 Trois mois de contestation de la réforme des retraites, on est à trois jours de la
14:02 décision du Conseil constitutionnel.
14:04 Dans le Figaro ce matin, le directeur général opinion de l'IFOP, Frédéric Dhabi, dit la
14:09 chose suivante "On est aujourd'hui dans une ambiance qui rappelle une fin de règne".
14:14 Vous répondez quoi à ça ?
14:15 - Il nous reste quatre ans.
14:17 Quatre ans et moi je veux être positif, on n'est pas là pour administrer le pays, on
14:22 est là aussi avec un programme politique.
14:25 On est dans un contexte particulier avec au Parlement une majorité relative, mais une
14:30 majorité relative doit nous permettre aussi de construire des textes et ne pas handicaper
14:36 en tout cas la France et de rester dans une situation de statu quo après les retraites.
14:40 Donc tout l'engagement en tout cas de la première ministre et sur demande du président de la
14:47 République, ça a été de retrouver des priorités maintenant dans les prochaines semaines avec
14:51 les syndicats, avec les partenaires sociaux qui doivent nous permettre justement de réengager
14:56 sur le travail et mieux, sur certains nombres de sujets qu'on a entendus dans les manifestations
15:02 entre ceux qui s'épanouissent au travail, ceux qui ne s'épanouissent pas au travail,
15:06 les gens qui sont en première ligne qui sont des travailleurs qui sont nécessaires pour
15:12 notre économie.
15:13 - Avec qui vous allez penser cela ? Avec les syndicats ? Vous dites, vous pensez que les
15:20 syndicats sont prêts aujourd'hui à venir discuter, dialoguer après ce qui s'est passé ?
15:25 - Je pense qu'on n'a pas le choix de réengager avec les syndicats, de réengager avec les
15:30 Français, mais surtout de faire de ces quatre ans aussi utiles.
15:34 - Les propos sont vifs entre Emmanuel Macron par exemple et Laurent Berger depuis la Chine.
15:39 Emmanuel Macron s'en est vivement pris au leader de la CFDT qui disait que nous vivions
15:45 une grave crise démocratique.
15:47 Réponse du président pour la première fois de son histoire contemporaine, la CFDT n'a
15:52 proposé aucun autre projet, ni l'accélération, ni l'augmentation de la durée de cotisation.
15:57 La seule option c'était rien.
15:58 Pourquoi en veut-il tellement, Laurent Berger ? N'est-ce pas une manière de mettre de l'huile
16:04 sur le feu dans le climat actuel que décrit Frédéric Dhabi avec ses mots ?
16:09 - Moi les relations interpersonnelles ne m'intéressent peu et ne m'intéressent pas.
16:14 Le seul sujet qui m'intéresse c'est de savoir si sur le rythme horaire, sur la réglementation
16:19 du télétravail, sur les contrats de travail, le bilan de compétences après 40 ans, est-ce
16:26 que la CFDT souhaite ou part réengager avec nous ? Et donc il faut qu'on sorte de cette
16:32 question interpersonnelle.
16:33 Le président de la République s'exprime en tant que président de la République.
16:37 - Et le président de la République vise directement...
16:41 - C'est pas une question personnelle.
16:43 C'est une question...
16:44 - C'est quoi ? - Il y a un débat politique sur les retraites.
16:45 On a été en désaccord avec les organisations syndicales.
16:48 J'entends qu'on aurait maltraité les syndicats dans un premier temps.
16:54 Le président de la République à sa réélection a invité l'ensemble des organisations syndicales
16:58 à réfléchir...
16:59 - Il ne faut pas que les syndicats sortent humiliés de cette séquence.
17:01 Il y a bien une question sur le sujet.
17:04 - Je suis d'accord.
17:05 C'est pour ça que la main tendue qui a été donnée il y a maintenant une semaine avec
17:10 les premières concertations sur les partenaires sociaux mais aussi avec les forces politiques
17:15 doit nous conduire à peut-être revoir la méthode, deux les priorités, mais en tout
17:19 cas faire que ces quatre ans sont quatre ans utiles.
17:22 - Vous dites "j'entends qu'on aurait maltraité les syndicats".
17:25 C'est pas que la gauche qui le dit, c'est pas que les syndicats qui le disent.
17:29 La droite également vous le dit.
17:30 Gérard Larcher il y a quelques jours disait "le dialogue social est l'une des grandes
17:33 faiblesses du président de la République depuis maintenant six ans".
17:36 Il y a eu un déficit grave de dialogue social.
17:39 Si j'ai un reproche à faire au président de la République c'est ce déficit-là.
17:42 Le Medef aussi, Geoffroy Hautebégeon a ce micro la semaine dernière qui disait "il
17:45 y a eu un vrai problème de méthode sur la réforme des retraites et pas de concertation
17:49 et pas de considération".
17:51 - C'est faux.
17:52 C'est faux.
17:53 A sa réélection le président de la République a convié l'ensemble des partenaires sociaux
17:58 à discuter de l'agenda politique.
18:00 Je me rappelle très bien que d'ailleurs la CGT à l'époque il n'y avait pas de réforme
18:03 des retraites sur la table n'est pas venue.
18:05 Puis après il y a eu le CNR où on a essayé de réengager les syndicats dans des discussions
18:10 qui permettent d'aboutir à un agenda politique et social.
18:13 Évidemment il y a eu des discussions mais il n'y a pas eu de concertation parce qu'il
18:18 n'y a pas eu de présence des syndicats.
18:21 Donc il faut maintenant retrouver évidemment une méthode.
18:23 Moi je suis assez confiant sur la suite.
18:26 De toute façon, je vous le dis, l'Assemblée nationale restera en l'état.
18:30 On est dans une majorité relative, il va falloir faire avec.
18:32 C'est une nouvelle méthode qu'on doit trouver.
18:35 La Première Ministre a évoqué un certain nombre de pistes sur la méthode.
18:38 Des textes plus courts, des textes plus concertés en amont.
18:41 Une période de convalescence aussi elle a dit, vous êtes d'accord avec ça ?
18:43 Je pense qu'il faudra du temps.
18:44 Il faut une période de convalescence ?
18:46 Il faudra du temps y compris pour regagner la confiance, l'engagement des Français.
18:51 Et on va commencer aussi à travailler à ça.
18:54 Allez on passe au Standard d'Inter où nous attend Christophe.
18:58 Bonjour Christophe, bienvenue.
19:00 Oui bonjour, merci pour la qualité de vos émissions.
19:02 Je suis un peu sidéré de ce que j'entends, retrouver la confiance des Français.
19:06 Je sais pas si vous vous rendez compte du fossé que vous avez créé.
19:09 Moi je voulais intervenir parce que j'ai voté pour Emmanuel Macron au second tour
19:13 pour faire barrager à l'extrême droite.
19:15 Ça a été l'objet de discussions assez âpres.
19:18 J'ai une amie qui a été votée en pleurant parce qu'elle nous a dit qu'on allait se faire trahir.
19:23 Et le Front républicain pour nous devait être une évidence.
19:27 Malheureusement là aujourd'hui, ça va être impossible.
19:29 Vous avez abîmé la démocratie d'une force énorme,
19:32 au point où aux prochaines élections on ne pourra pas expliquer que lutter contre l'extrême droite,
19:36 ça se fera avec un bulletin d'un banquant républicain, c'est fini.
19:41 Vous avez brisé ça.
19:42 Et je sais pas si vous vous rendez compte de la violence que vous avez exprimée
19:46 envers les syndicats et envers tous les citoyens qui se sont exprimés pacifiquement dans la rue.
19:50 Et voilà, moi je suis un peu sidéré d'entendre parler d'une querelle d'hommes
19:57 qu'il y a entre le président de la République et le syndicat réformiste.
20:01 On touche plus tard, là, on parle du président de la République et du syndicat le plus modéré qui soit,
20:07 et on parle d'une querelle d'hommes.
20:09 Mais il faudrait descendre maintenant.
20:10 Il faut revenir à la raison de ces erreurs-là.
20:13 Merci Christophe pour votre intervention.
20:16 Stéphane Séjourné vous répond.
20:17 Oui Christophe.
20:18 Bon, d'abord, il y a eu des bougées sur le programme présidentiel.
20:23 On est parti de 65 ans, on a maintenant 64.
20:26 Une partie de la réforme, un tiers de la réforme est utilisée,
20:30 notamment en termes de bénéfices pour permettre justement plus de justice sociale dans le cadre des réformes.
20:36 On était...
20:38 La remise en cause en tout cas de la légitimité du gouvernement a proposé une réforme,
20:42 et pour moi pas valable.
20:43 C'est-à-dire qu'on a proposé cette réforme parce que...
20:45 C'est pas ce qu'il vous reproche, il ne met pas en cause la légitimité.
20:48 Bien sûr, mais on voit bien que la question de la légitimité se pose aujourd'hui à tous les niveaux.
20:54 Et donc je redis que cette réforme a été concertée, y compris avec les groupes politiques.
21:00 J'entendais Bruno Rotailleo nous dire que ce texte n'était plus le texte du gouvernement
21:05 et qu'il était soumis à l'Assemblée nationale.
21:08 Et puis je redis que le contexte politique fait qu'à l'Assemblée nationale,
21:12 nous n'avions pas de majorité parce que le groupe DLR s'est divisé.
21:16 Et donc le contexte fait qu'on arrive à cette situation et que notre responsabilité,
21:21 c'est de réengager évidemment avec les partenaires sociaux.
21:24 Et donc soyons confiants aussi pour la suite parce qu'on a encore un certain nombre de sujets à évoquer.
21:30 - François-Xavier, depuis la belle ville de Vanne, pardon.
21:35 Bonjour François-Xavier, bonjour.
21:38 - Je suis bouleversé par la déclaration d'Emmanuel Macron sur Taiwan.
21:42 Abandonner Taïwan, c'est lui promettre le sort de Hong Kong,
21:46 c'est-à-dire l'écrasement d'une partie démocratique de la Chine
21:49 par un régime qui n'est pas seulement autoritaire, qui est totalitaire, n'est-ce pas ?
21:53 Et c'est tout à fait honteux.
21:55 Taïwan est la preuve que des Chinois peuvent être démocrates.
21:58 Et notre intérêt à nous, démocratie mondiale, c'est de soutenir cette expérience-là,
22:02 cette possibilité pour la Chine de devenir démocratique.
22:05 Je suis à bouleverser.
22:07 Il n'y a pas de mots, n'est-ce pas ?
22:11 C'est une défaite de la démocratie mondiale que de laisser Taïwan être envahie par la Chine.
22:16 - Merci François-Xavier pour cette intervention. Stéphane Séjourne.
22:20 - Oui, il n'y a pas de volonté de laisser Taïwan être envahie par la Chine.
22:24 Au contraire, il y a l'idée de faire redescendre les tensions,
22:27 d'avoir une voix particulière dans les explications,
22:31 et notamment dans la diplomatie mondiale aujourd'hui.
22:34 Et encore une fois, je vous le dis,
22:36 moi je fais une vraie différence entre la Chine et les États-Unis.
22:40 On a d'un côté la plus grande démocratie du monde,
22:42 et de l'autre côté un régime autoritaire.
22:45 Au Parlement européen, on a un certain nombre de collègues
22:47 qui aujourd'hui sont interdits de territoire en Chine.
22:50 Il ne peut pas y avoir de rétablissement d'ailleurs,
22:53 de lien diplomatique entre le Parlement européen et nous,
22:58 tant que cette question n'est pas réglée.
23:00 Et donc la différence est là.
23:01 Je pense que de toute façon, la France, en tout cas, gérera et s'arrête gérer le statu quo,
23:06 la baisse des tensions, mais en aucun cas se mettra du côté d'un régime autoritaire.
23:11 Deux petites questions rapides, si vous le voulez bien, sur la politique interne encore.
23:15 Au patron d'abord de Renaissance, du parti du Président,
23:18 Jean-Louis Debré s'est montré dur envers votre parti.
23:21 La République En Marche Renaissance ne s'est pas implantée dans les territoires.
23:25 Ce parti n'existe pas.
23:26 Ceux qui sont là n'ont aucun contact avec l'opinion publique, avec le peuple.
23:29 Ils ont été élus sur une vague et dans un profond sentiment de supériorité.
23:33 Vous lui répondez quoi ?
23:35 Je lui dis que la question de l'enricinement, en tout cas territorial, ne se décrète pas, elle se construit.
23:43 Et c'est tout mon rôle aujourd'hui en tant que patron du parti.
23:47 On a des milliers d'élus locaux.
23:50 J'ai renouvelé le bureau exécutif et notamment dans les départements.
23:55 Une grande partie aujourd'hui des patrons de départements de mon parti sont des élus locaux
24:01 qui s'enracinent aussi sur le terrain.
24:03 Mais ça prend du temps évidemment et c'est une construction.
24:06 Moi je suis pour l'engagement et je crois que la démocratie doit aussi permettre de faire naître des partis politiques,
24:15 de leur permettre d'arriver à maturité.
24:17 C'est ce qu'on essaye de faire avec Renaissance.
24:19 Pensez-vous aussi, comme Gérald Darmanin, qu'il y a aujourd'hui un terrorisme intellectuel de la gauche ?
24:24 Je pense qu'on a un problème avec une partie de la gauche.
24:29 Je pense qu'on a un problème d'identité, y compris sur la question du suffrage universel avec une partie de la gauche.
24:36 LFI est sur une dynamique où l'avant-garde éclairée est presque plus important que le suffrage universel.
24:45 Et le peuple vote souvent contre ses enterrés, c'est un peu leur philosophie.
24:50 Quand je regarde les tweets de M. Bonpart et Mme Mathilde Panot, notamment sur les dernières législatives partielles,
24:57 moi je suis atterré, je voulais juste les lire.
25:00 "L'alliance des voix de droite aura permis d'évincer une députée du peuple à l'Assemblée nationale."
25:07 Ça c'est Emmanuel Bonpart.
25:09 Une députée du peuple a été éliminée, Mathilde Panot.
25:12 C'est-à-dire qu'il y a des députés du peuple et il y en a qui ne sont pas députés du peuple.
25:16 Il y en a qui sont battus et il y en a qui sont éliminés ou évincés.
25:20 Donc il faut se réveiller.
25:22 Et donc c'est vrai que le projet politique derrière, qui est la crise de régime,
25:25 couplé à une remise en cause de la légitimité des élus en fonction de ce qu'ils incarnent,
25:31 est à mon avis problématique d'un point de vue démocratique.
25:34 - Stéphane, c'est journée, merci d'avoir été un autre micro ce matin.

Recommandations